Mission en Provence (novembre 1938)

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Mission en Provence (novembre 1938)
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Mission en Provence (novembre 1938)
Monsieur et Madame Mascle choisissent les plus beaux caparaçons
pour le Musée national des arts et traditions populaires (Ph.1939.1.211)
© MuCEM - Marcel Maget
En novembre 19381, Georges Henri Rivière, conservateur du Musée national des Arts et
Traditions populaires, accompagné de son équipe scientifique d’alors (Marcel Maget, Guy
Pison, André Varagnac2), conduit une mission de prospection dans le pays d’Arles. Le but est
d’organiser pour l’Exposition internationale de 1939 à New-York la section française
consacrée au tourisme et au régionalisme. La Provence y sera à l’honneur puisqu’il est décidé
de montrer un musée de terroir paysan en préfiguration, le musée de Barbentane3. L’ambition
est de tracer à la fois l’évolution économique et les traditions bien vivantes d’un village
français. La mission ethnographique se propose de sélectionner des objets du terroir
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Ce texte est extrait d’un « Document d’aide à la visite » conçu pour l’exposition « Les coursiers de la SaintEloi : une fête en Provence », présentée au MNATP du 22 novembre 2000 au 24 février 2001. Les notes
suivantes ne figuraient pas dans le texte initial.
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Marcel Maget (1909-1994) ; Guy Pison (1905-1986), André Varagnac (1894-1983).
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A propos de la mission à Barbentane, on pourra consulter : Fournier, Laurent Sébastien. La mission du musée
des Arts et Traditions populaires à Barbentane (Bouches-du-Rhône) en novembre 1938. In Du folklore à
l’ethnologie [colloque]. Paris : Maison des sciences de l’homme, 2009, p.127 à 136.
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représentatifs, d’étudier le contexte dans lequel ils sont utilisés, les techniques qu’ils mettent
en œuvre, les hommes et le milieu qui les ont produits. […]
Dès 1938 se dessine une répartition du travail : à Marcel Maget reviennent la technologie
artisanale du bourrelier, l’outillage agricole caractéristique, les figures de la farandole
provençale, le costume arlésien et sa mise en place ; à Guy Pison l’architecture rurale ; à
André Varagnac les archives et l’histoire locale ainsi que l’entretien avec le principal
informateur. Georges Henri Rivière, de son côté, se charge de l’organisation du réseau
indispensable à l’enquête, des contacts avec les notables et les représentants du futur musée de
Barbentane dont il s’agit alors de constituer les collections.
Lors de cette brève mission, le statut de l’objet ethnographique et ses modes d’entrée au
musée ainsi que la place donnée au dessin et à la photographie dans l’enquête ethnographique
sont précisés et affirmés en même temps que se met en place une méthode d’enquête.
Les premiers enquêteurs au travail
Journaux de route, photographies, carnets de croquis permettent de retracer le cheminement
de l’enquête, de distinguer les objets d’étude, les moyens utilisés par les jeunes ethnographes
en mission et de saisir les différentes formes de la collecte d’objets ethnographiques. Dans son
journal de route, Marcel Maget restitue la visite qu’il fait au bourrelier Eugène Mascle le 23
novembre 1938. Celui-ci le conduit jusqu’aux fameux harnais à la mode sarrazine. Ces
magnifiques parures font alors l’objet d’un reportage photographique […]. Des informations
techniques relatives à la fabrication des perles de laine, pompons et franges qui composent les
motifs de passementerie disposés sur les pièces du harnachement sont notées et dessinées. Les
éléments de la parure du cheval - du collier à la croupière - sont désignés par le mot
provençal.
Les chevaux dans la fête. Premières acquisitions.
Séduit par la beauté des harnachements de fête, Georges Henri Rivière décide d’en acquérir
un pour le musée national. Il passe donc commande au bourrelier de Maussane , Monsieur
Mascle, et lui demande d’ajouter une couverture à l’effigie de saint Eloi, un caparaçon et une
housse en peau de mouton teinte. Avec la bride ouvragée , le collier couronné de plumes, la
croupière et la sous-gorge à la surface desquelles sont enchâssés des miroirs « chasse-diable »
le musée disposera de l’ensemble de la garniture du cheval de saint Eloi.
Ces pièces qui témoignent à la fois des savoir-faire ancestraux et d’une incontestable exigence
esthétique doivent être considérées comme des oeuvres majeures de l’art populaire. Elles sont
heureusement revenues de leur périple outre-atlantique alors que d’autres pièces provençales
ont disparu dans le naufrage du Paris.
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Collier de Saint-Eloi. Monsieur Mascle à côté de son œuvre (Ph.1939.1.231)
© MuCEM
A la lecture du journal de route d’André Varagnac on apprend que la fête de la Saint-Eloi est
peinte chaque année par J. Viret, ancien cultivateur alors établi à Marseille, et que le tableau
est mis en loterie. Le pastel acquis par le Musée national des Arts et Traditions populaires lors
de la mission de 1938, d’une facture franche, œuvre apparentée à l’art naïf, donne à lire en
registres superposés selon la mode médiévale les phases successives de la fête de la Saint-Eloi
à Rognonas. Nombreux sont les tableaux de J. Viret conservés aujourd’hui dans les familles
de la région.
Jacqueline Christophe
Responsable du Service historique du MuCEM
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Outre les 580 photographies de Barbentane et les 153 photographies de Maussane-lesAlpilles, cette enquête comporte aussi des images prises à :
Aix-en-provence
Arles
Aubagne
Avignon
Cassis
Chateaubriand
Eyragues
Fontvieille
Graveson
Les Baux-de-Provence
Marseille
Rognonas
Tarascon
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