N. 141
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Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens N° 141 (2013/I) TABLE DES MATIERES INAUGURATION DU PONTIFICAT DU PAPE FRANÇOIS (19 mars 2013) .............................................. LE PAPE FRANÇOIS ET L’ŒCUMENISME ................................................................................................... VISITE A ROME DE SA SAINTETE TAWADROS II, PAPE D’ALEXANDRIE ET PATRIARCHE DU SIEGE DE SAINT-MARC (9-13 mai 2013) Rencontre avec le Pape François (10 mai 2013) ................................................................................. VISITE A ROME DE SA GRACE JUSTIN WELBY, ARCHEVEQUE DE CANTERBURY Rencontre avec le Pape François (14 juin 2013) ................................................................................ VISITE A ROME D’UNE DELEGATION DU PATRIARCAT ŒCUMENIQUE POUR LA SOLENNITE DES SAINTS PIERRE ET PAUL (28-30 juin 2013) ................................................................................. CELEBRATION DE LA SEMAINE DE PRIERE POUR L’UNITE DES CHRETIENS A ROME (18-25 janvier 2013) ................................................................................................................................ NOUVELLES ŒCUMENIQUES In memoriam : Frère Jeffrey Gros, FSC (1938-2013) ...................................................................... Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales (Rome, 23-27 janvier 2013) .............................................. Dialogue entre le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens et la Communauté des Églises évangéliques en Europe (GEKE) (Vienne, Autriche, 8-9 février 2013) ............................................................................................... Dialogue International réformé-catholique (South Bend, Indiana, États-Unis, 7-13 avril 2013) Commission internationale anglicane-catholique (ARCIC) (Rio de Janeiro, Brésil, 29 avril-7 mai 2013) ................................................................................. COMMISSION POUR LES RELATIONS RELIGIEUSES AVEC LE JUDAÏSME ............................................. DOCUMENTATION SUPPLEMENTAIRE La présence du Christ dans l’Église, en se référant spécialement à l’eucharistie IVe Rapport de la Commission internationale pour le dialogue entre les Disciples du Christ et l’Église catholique romaine, 2003-2009 .................................. Commentaire par Mgr John A. Radano du Rapport La présence du Christ dans l’Église, en se référant spécialement à l’eucharistie ................................................................................................. Semaine de prière pour l’unité des chrétiens ...................................................................................... Lettre du secrétaire du CPPUC ...................................................................................................... Textes pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2014............................................. BUREAUX: Via della Conciliazione 5 – 00193 Rome (Italie) Tel: +39.06.698.83 568 (Rédaction) Fax: +39.06.698.85.365 – Email: [email protected] 3 6 9 12 14 18 21 21 24 24 25 27 28 44 56 56 57 REDACTEUR EN CHEF Fr. Hyacinthe Destivelle, OP ADRESSE POSTALE Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens VA – 00120 Cité du Vatican 1 numéro de Service d’information déjà paru : US $ 9 - € 7 La reproduction totale ou partielle des textes publiés dans Service d’information est autorisée. Néanmoins, nous prions ceux qui utilisent ces textes de bien vouloir nous envoyer un exemplaire de leur publication. 2 INAUGURATION DU PONTIFICAT DU PAPE FRANÇOIS HOMELIE DU PAPE FRANÇOIS 19 mars 2013 RENCONTRE AVEC LES REPRESENTANTS DES AUTRES ÉGLISES, COMMUNAUTES ECCLESIALES ET TRADITIONS RELIGIEUSES 20 mars 2013 Le Pape François a inauguré son ministère en tant que successeur de Pierre par une messe célébrée sur la Place SaintPierre, dans la matinée du mardi 19 mars 2013, en la fête solennelle de saint Joseph. À cette cérémonie ont pris part des représentants des autres Églises, Communautés ecclésiales et traditions religieuses. Dans son homélie, le Saint-Père a souligné en particulier « le pouvoir conféré au successeur de Pierre ». Nous publions, ci-après, un bref extrait d’une traduction française de cette homélie donnée en italien. Au lendemain de la cérémonie d’inauguration, le Pape François a reçu les représentants des autres Églises, Communautés ecclésiales et autres traditions religieuses dans la Salle Clémentine. La présence du Patriarche œcuménique Bartholomaios Ier à la messe inaugurale du pontificat de François a constitué un événement car c’était la toute première fois dans l’histoire qu’un Patriarche œcuménique assistait à l’installation d’un nouveau Pape. Lors de cette rencontre, le Patriarche Bartholomaios Ier s’est adressé au nouveau Pape au nom des différentes communautés chrétiennes représentées. Nous publions, ci-après, le discours du Patriarche ainsi que celui du Pape François. Chers frères et sœurs ! Je remercie le Seigneur de pouvoir célébrer cette Messe de l’inauguration de mon ministère pétrinien en la solennité de saint Joseph, époux de la Vierge Marie et Patron de l’Église universelle : c’est une coïncidence très riche de signification, et c’est aussi la fête de mon vénéré Prédécesseur : nous lui sommes proches par la prière, pleins d’affection et de reconnaissance. Je salue avec affection les Frères Cardinaux et Évêques, les prêtres, les diacres, les religieux et les religieuses et tous les fidèles laïcs. Je remercie de leur présence les représentants des autres Églises et Communautés ecclésiales, de même que les représentants de la communauté juive et d’autres communautés religieuses […] Aujourd’hui, en même temps que la fête de saint Joseph, nous célébrons l’inauguration du ministère du nouvel Évêque de Rome, Successeur de Pierre, qui comporte aussi un pouvoir. Certes, Jésus Christ a donné un pouvoir à Pierre, mais de quel pouvoir s’agitil ? À la triple question de Jésus à Pierre sur l’amour, suit une triple invitation : sois le pasteur de mes agneaux, sois le pasteur de mes brebis. N’oublions jamais que le vrai pouvoir est le service et que le Pape aussi pour exercer le pouvoir doit entrer toujours plus dans ce service qui a son sommet lumineux sur la Croix ; il doit regarder vers le service humble, concret, riche de foi, de saint Joseph et comme lui, ouvrir les bras pour garder tout le Peuple de Dieu et accueillir avec affection et tendresse l’humanité tout entière, spécialement les plus pauvres, les plus faibles, les plus petits, ceux que Matthieu décrit dans le jugement final sur la charité : celui qui a faim, soif, est étranger, nu, malade, en prison (cf. Mt 25, 31-46). Seul celui qui sert avec amour sait garder! ORF, 21.03.2013 ALLOCUTION DU PATRIARCHE BARTHOLOMAIOS IER Nous nous réjouissons de tout cœur avec Votre Sainteté bien-aimée, au nom du Seigneur tout-puissant, pour votre élection inspirée par Dieu et pour votre entrée dans vos nouvelles et hautes responsabilités en tant que Premier Évêque de la vénérable Église de l’Ancienne Rome qui préside à la charité. Vous succédez sur ce trône à votre prédécesseur Benoît XVI, homme doux, qui s’est distingué par son discernement théologique et sa charité, et qui avec courage a depuis peu renoncé à son ministère pour des raisons de santé et de fatigue. La tâche et les responsabilités qui vous attendent sont énormes, devant Dieu et devant les hommes. L’unité des Églises chrétiennes constitue la première et la plus importante de nos préoccupations et est sans aucun doute une des conditions fondamentales afin que notre témoignage chrétien devienne crédible aux yeux de ceux qui sont proches ou loin. Pour que cette unité puisse être réalisée, il est nécessaire que le dialogue théologique en cours se poursuive afin que nous puissions comprendre et approcher ensemble la vérité de la foi, la vie des saints et la tradition du premier millénaire chrétien – communes à l’Orient et à l’Occident. Nous devons continuer ce dialogue dans la charité et la vérité, avec humilité et bienveillance, avec les armes de la sincérité. D’autre part, la crise économique mondiale exige impérativement la mise en place d’une action humanitaire dont vous avez acquis une profonde expérience au cours de votre long ministère qui vous a gagné l’estime de beaucoup et où vous avez été un « Bon Samaritain » en Amérique Latine ; où vous avez ressenti, en tant que berger, certainement comme peu d’autres personnes, l’amertume de la souffrance et de la misère humaines. Liste des abréviations utilisées : ORF = L’Osservatore Romano, édition hebdomadaire en langue française ; ORE = L’Osservatore Romano, édition hebdomadaire en langue anglaise ; OR = L’Osservatore Romano, édition quotidienne en langue italienne. Les autres sources des textes publiés seront citées si nécessaire. Lorsque les traductions sont faites par le Service d’information, cela est indiqué. 3 Les mieux nantis doivent être encouragés à donner spontanément et avec joie à ceux qui n’ont rien. Ainsi, grâce à la justice, sera assurée la paix que demandent tous les êtres humains, à laquelle aspirent toutes les nations et tous les peuples. Nous avons le devoir de nourrir les affamés, de vêtir ceux qui sont nus, de soigner les malades, et plus généralement de nous soucier de ceux qui sont dans le besoin pour être dignes d’entendre le Seigneur nous dire : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en partage le Royaume qui a été préparé pour vous » (Mt 25, 34). Le fait que Votre honorable et bien-aimée Sainteté ait choisi la simplicité a mis et continue de mettre en évidence le critère qui vous guide dans le choix de ce qui est essentiel. Cela remplit d’espérance le cœur de tous vos fidèles partout dans le monde et plus généralement de tous les hommes : nous disons « d’espérance » car le critère qui guide vos choix trouvera un vaste accueil si la justice et la miséricorde, qui sont « ce qu’il y a de plus grave dans la loi » (Mt 23, 23), assument pour l’Église l’importance première qu’elles méritent. Au cours des deux mille ans d’existence de l’Église du Christ, certaines vérités du Saint Évangile ont été déformées et dénaturées par des groupes de chrétiens, avec pour résultat qu’aujourd’hui au sein de larges franges de la population chrétienne prévalent, hélas, des idées qui appartiennent au monde. Nous avons tous l’importante et urgente tâche, l’obligation de rappeler les uns aux autres et à tous que Dieu est descendu du ciel sur la terre, qu’il s’est fait homme en Jésus Christ pour que nous vivions comme des hommes dont « la cité […] est dans les cieux » (Ph 3, 20). Oui, vraiment, « le Seigneur est Dieu et il nous a donné la lumière » (Ps 121, 27) : lui, qui est le Créateur de l’Univers et gouverne toute chose, il s’est abaissé jusqu’à la mort, « à la mort sur une croix » (Ph 2, 8), pour montrer, à travers sa résurrection, que « béni est celui qui vient au nom du Seigneur » (Ps 117, 26) et seulement en son nom, au service du corps tout entier, afin que « tous soient un » (Jn 17, 21) et que « Christ soit tout et en tous » (Col 3, 11). La terre est le lieu où nous vivons notre ascèse et sommes incorporés au Christ et, grâce à lui, nous entrons dans la vie éternelle. L’Église bénit la vie terrestre mais n’établit pas en elle la fin de sa mission. Nous le savons et le confessons. C’est pourquoi, pasteurs et fidèles, nous parcourons le chemin de la vérité en œuvrant pour découvrir les réalités célestes à travers les réalités terrestres. Nous avons la certitude, personnellement en tant que Patriarche œcuménique et en tant qu’Église orthodoxe du Christ répandue sur toute la terre, que Votre vénérable et bien-aimée Sainteté dans le Seigneur, qui commence sous les meilleurs auspices son ministère comme Évêque de Rome, aura particulièrement à cœur, avec l’aide de tous les hommes ayant la capacité et la volonté de le faire, de corriger les tendances du monde afin que l’homme puisse retourner à sa « beauté originelle », celle de l’amour. De tout notre cœur, nous prions avec tous les fidèles chrétiens dans le monde – et avec nous prie l’humanité tout entière – afin que Votre Sainteté accomplisse sa haute, grave et difficile tâche. Bénissons et louons notre Seigneur Jésus Christ ! Gloire à Dieu qui en tout temps choisit ceux qui sont dignes de son appel afin qu’ils guident l’humanité, à la gloire du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen. Traduction de l’anglais au français SI Discours du Pape François Chers frères et sœurs, Avant toute chose, je remercie de tout cœur pour les paroles que mon Frère André [le Patriarche œcuménique Bartholomaios Ier] nous a adressées. Merci beaucoup ! Merci beaucoup ! C’est pour moi un motif de joie particulière de vous rencontrer aujourd’hui, délégués des Églises orthodoxes, des Églises orthodoxes orientales et des Communautés ecclésiales occidentales. Je vous remercie d’avoir voulu prendre part à la célébration qui a marqué le début de mon ministère d’Évêque de Rome et de Successeur de Pierre. Hier matin, durant la sainte Messe, j’ai reconnu spirituellement à travers vos personnes la présence des communautés que vous représentez. Par cette manifestation de foi, il m’a ainsi semblé vivre de manière plus pressante encore la prière pour l’unité des croyants dans le Christ, et d’en voir ensemble, en quelque sorte, préfigurée cette pleine réalisation qui dépend du plan de Dieu et de notre collaboration loyale. Je commence mon ministère apostolique durant cette année que mon vénéré prédécesseur, Benoît XVI, avec une intuition vraiment inspirée, a proclamée être l’Année de la foi pour l’Église catholique. Par cette initiative, que je désire poursuivre et qui, j’espère, sera un stimulant pour le cheminement de foi de chacun, il a voulu marquer le 50e anniversaire du début du Concile Vatican II, proposant en quelque sorte un pèlerinage vers ce qui représente l’essentiel pour chaque chrétien : le rapport personnel et transformant avec Jésus Christ, Fils de Dieu, mort et ressuscité pour notre salut. C’est justement dans le désir d’annoncer aux hommes de tous les temps ce trésor de la foi perpétuellement valable, que réside le cœur du message conciliaire. Ensemble avec vous, je ne peux oublier tout ce que ce Concile a signifié pour le cheminement œcuménique. Il me plaît de rappeler les paroles que le bienheureux Jean XXIII a prononcées, lui dont nous nous 4 rappellerons dans peu de temps le 50e anniversaire de son décès. Il a dit dans son discours inoubliable d’ouverture : « L’Église catholique estime que son devoir est de faire tous ses efforts pour que s’accomplisse le grand mystère de cette unité que Jésus Christ, à l’approche de son sacrifice, a demandée à son Père dans une ardente prière; et elle éprouve une douce paix à savoir qu’elle est étroitement unie à ces prières du Christ » (AAS 54 (1962), 793). Quel Pape que ce Pape Jean ! Oui, chers frères et sœurs dans le Christ, sentonsnous tous intimement unis à la prière de notre Sauveur durant la Dernière Cène, à son invocation : ut unum sint (qu’ils soient un). Demandons au Père miséricordieux de vivre en plénitude cette foi que nous avons reçue en don le jour de notre baptême, et de pouvoir en donner le libre, joyeux et courageux témoignage. Ce sera là notre meilleur service à la cause de l’unité des chrétiens, un service d’espérance pour un monde encore marqué par des divisions, des oppositions et des rivalités. Plus nous serons fidèles à sa volonté, en pensées, dans les paroles et dans les œuvres, plus nous cheminerons vraiment et substantiellement vers l’unité. Pour ma part, je désire vous assurer, suivant en cela mes prédécesseurs, de la volonté ferme de poursuivre le chemin du dialogue œcuménique, et je remercie déjà le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, pour l’aide qu’il continuera à offrir, en mon nom, à cette très noble cause. Je vous demande, chers frères et sœurs, de porter ma salutation cordiale et l’assurance de mon souvenir dans le Seigneur Jésus aux Églises et aux Communautés chrétiennes que vous représentez. Et je vous demande d’avoir la charité d’une prière spéciale pour ma personne, afin que je puisse être un Pasteur selon le cœur du Christ. Et maintenant, je m’adresse à vous, distingués représentants du peuple juif, auquel un lien spirituel très spécial nous unit puisque, comme l’affirme le Concile Vatican II : « L’Église du Christ reconnaît que les prémices de sa foi et de son élection se trouvent déjà, selon le mystère divin du salut, dans les patriarches, Moïse et les prophètes » (Nostra aetate, 4). Je vous remercie pour votre présence et j’ai confiance qu’avec l’aide du Très-Haut, nous pourrons poursuivre avec profit ce dialogue fraternel que le Concile a souhaité (cf. ibid.) et qui s’est effectivement réalisé, portant des fruits non négligeables, spécialement au cours des dernières décennies. […] Elle [l’Église] est consciente également de la responsabilité que tous nous portons envers ce monde, envers la création tout entière, que nous devons aimer et sauvegarder. Et nous pouvons faire beaucoup pour le bien de celui qui est pauvre, de celui qui est faible et de celui qui souffre, pour favoriser la justice, pour promouvoir la réconciliation, pour construire la paix. Mais surtout nous devons maintenir vive dans le monde la soif d’absolu, ne permettant pas que prévale une vision unidimensionnelle de la personne humaine, selon laquelle l’homme se réduit à ce qu’il produit et à ce qu’il consomme : c’est là l’un des pièges les plus dangereux de notre temps. Nous savons combien la tentative d’éliminer Dieu et le divin de l’horizon de l’humanité a produit de violence dans l’histoire récente, et nous percevons la valeur de témoigner dans nos sociétés de l’ouverture originaire à la transcendance inscrite dans le cœur de l’homme. En cela, nous nous sentons également proches de tous ces hommes et ces femmes qui, bien que reconnaissant n’appartenir à aucune tradition religieuse, se sentent pourtant en recherche de la vérité, de la bonté et de la beauté : de cette vérité, de cette bonté et de cette beauté de Dieu qui sont nos alliés précieux dans l’engagement pour la défense de la dignité de l’homme, dans la construction d’une vie en commun pacifique entre les peuples et dans la sauvegarde soigneuse de la création. Chers amis, merci encore pour votre présence ! Mon salut cordial et fraternel va vers tous ! ORF, 21.03.2013 5 LE PAPE FRANÇOIS ET L’ŒCUMÉNISME MESSAGES A L’OCCASION DE L’INSTALLATION DE L’ARCHEVEQUE DE CANTERBURY ET PRIMAT DE LA COMMUNION ANGLICANE cours des dernières décennies, à travers le dialogue et la collaboration, ainsi que les rencontres personnelles entre nos prédécesseurs respectifs. Il est à souhaiter que nous continuerons à construire sur cet important héritage. Les déceptions que nous avons rencontrées et les défis qui demeurent sur notre chemin vers la pleine communion sont bien connus, mais il y a eu également des signes d’espérance. En reconnaissant que notre unité ne pourra provenir que d’un don du Seigneur, confions-nous à son Esprit Saint, tandis que nous renouvelons notre détermination à rechercher l’unité authentique dans la foi et à nous engager plus profondément dans le témoignage et la mission commune. Avec des sentiments de respect fraternel, je vous assure de mes prières tandis que vous assumez vos nouvelles responsabilités. Quels que soient les défis que vous rencontrerez, puisse le Seigneur vous assurer force et sagesse, et puisse l’Esprit Saint vous guider dans tout ce que vous entreprenez en son nom. Justin Welby, Archevêque de Canterbury et Primat de la Communion anglicane, a présidé le 21 mars 2013 la cérémonie de son installation. Aux côtés de nombreux évêques catholiques, parmi lesquels le Cardinal Cormac Murphy-O’Connor et l’Archevêque de Westminster, Mgr Vincent Nichols, étaient présent le Cardinal Kurt Koch, Président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, et Mgr Mark Langham, official de ce même dicastère. Le Cardinal a remis à l’Archevêque Welby le message signé par Benoît XVI le 4 février dernier, jour de l’élection, et la lettre écrite le 18 mars 2013 par le Pape François pour l’intronisation, dans laquelle le Saint-Père dit attendre de le rencontrer dans un avenir proche. Nous publions une traduction de ces deux textes. MESSAGE DE BENOIT XVI Du Vatican, le 4 février 2013 À Sa Grâce Justin Welby Archevêque de Canterbury BENOIT XVI « Nous ne cessons de rendre grâces au Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, en pensant à vous dans nos prières, depuis que nous avons appris votre foi dans le Christ Jésus et la charité que vous avez à l’égard de tous les saints, en raison de l’espérance qui vous est réservée dans les cieux » (Col 1, 3-4). Avec ces paroles de saint Paul, je vous salue avec joie au nom du Seigneur Jésus « qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification et rédemption » (1 Co 1, 30), et je vous présente mes meilleurs vœux dans la prière à l’occasion de votre installation en tant qu’archevêque de Canterbury. Vous prenez vos fonctions à un moment où la foi chrétienne est remise en question dans de nombreuses parties du monde occidental par ceux qui affirment que la religion relève du domaine privé, et n’a aucune contribution à offrir au débat public. Les ministres de l’Évangile doivent répondre aujourd’hui à une surdité généralisée à l’égard de la musique de la foi, et à une lassitude générale qui rejette les exigences de l’apostolat. Pourtant, la soif de Dieu, même si elle n’est pas reconnue, est toujours présente dans notre société, et la tâche du prédicateur, en tant que messager de l’espérance, est de proclamer la vérité avec amour, en apportant la lumière du Christ dans l’obscurité de la vie des personnes. Puisse votre apostolat récolter une riche moisson et puisse-t-il ouvrir les yeux et les oreilles de nombreuses personnes au message de l’Évangile qui donne la vie. Rendons grâce à Dieu car les liens d’affection entre catholiques et anglicans se sont solidement établis au ORF, 28.03.2013 LETTRE DU PAPE FRANÇOIS À sa Grâce Justin Welby Archevêque de Canterbury « À vous grâce et paix en abondance » (1 P 1, 2b) Je vous remercie pour les aimables paroles contenues dans le message que vous m’avez adressé lors de mon élection, et je souhaite vous présenter en retour mes salutations et mes meilleurs vœux à l’occasion de votre installation dans la cathédrale de Canterbury. Le ministère pastoral est un appel à marcher dans la fidélité à l’Évangile de Notre Seigneur Jésus Christ. Soyez assuré de mes prières tandis que vous assumez vos nouvelles responsabilités, et je vous demande de prier pour moi alors que je réponds au nouvel appel que le Seigneur m’a adressé. J’attends avec plaisir de vous rencontrer dans un avenir proche et de poursuivre les relations cordiales et fraternelles qu’ont eues nos prédécesseurs. Du Vatican, le 18 mars 2013 FRANÇOIS ORF, 28.03.2013 6 APPEL DU PAPE FRANÇOIS POUR LES EVEQUES ORTHODOXES KIDNAPPES EN SYRIE 24 avril 2013 AUDIENCE GENERALE 19 juin 2013 « L’unité est une grâce que nous devons demander au Seigneur afin qu’il nous libère des tentations de la division, des combats qui nous opposent, des égoïsmes, des commérages ». C’est ce qu’affirmait le Pape François lors de l’audience générale du mercredi 19 juin 2013, sur la Place Saint-Pierre. Ci-dessous, nous proposons une traduction française d’un extrait de la catéchèse donnée par le Saint-Père en cette occasion. Au terme de sa catéchèse, le mercredi 24 avril 2013 lors de l’audience générale, le Saint-Père a lancé un appel concernant l’enlèvement de deux évêques d’Alep, en Syrie – Mar Gregorios Yohanna Ibrahim de l’Église syro-orthodoxe d’Antioche et Paul Yazigi de l’Église gréco-orthodoxe d’Antioche – capturés par un groupe armé alors qu’ils étaient en mission humanitaire. Nous reportons, ci-dessous, les paroles du Pape François en cette circonstance : […] J’en arrive à présent à un deuxième aspect de l’Église comme Corps du Christ. Saint Paul affirme que de même que les membres du Corps humain, bien que différents et nombreux, forment un seul corps, ainsi, nous tous avons été baptisés à travers un seul Esprit dans un seul corps (cf. 1 Co 12, 12-13). Dans l’Église, il y a donc une variété, une diversité de devoirs et de fonctions ; il n’y a pas une plate uniformité, mais une richesse de dons que distribue le Saint-Esprit. Mais il y a la communion et l’unité : tous sont en relation les uns avec les autres et tous contribuent à former un unique corps vital, profondément lié au Christ. Rappelonsnous le bien : faire partie de l’Église signifie être unis au Christ et recevoir de Lui la vie divine qui nous fait vivre comme des chrétiens, cela signifie demeurer unis au Pape et aux évêques qui sont des instruments d’unité et de communion, et cela signifie également apprendre à surmonter les individualismes et les divisions, à mieux se comprendre, à harmoniser les diversités et les richesses de chacun ; en un mot, à aimer davantage Dieu et les personnes qui sont proches de nous, dans la famille, la paroisse, dans les associations. Corps et membres pour vivre doivent être unis ! L’unité est supérieure aux conflits, toujours ! Si les conflits ne se résolvent pas bien, ils nous séparent les uns des autres, ils nous séparent de Dieu. Le conflit peut nous aider à croître, mais il peut aussi nous diviser. N’allons pas sur le chemin des divisions, de la lutte entre nous ! Tous unis, tous unis avec nos différences, mais unis, toujours : tel est le chemin de Jésus. L’unité est supérieure aux conflits. L’unité est une grâce que nous devons demander au Seigneur afin qu’il nous libère des tentations de la division, des combats qui nous opposent, des égoïsmes, des commérages. Combien de mal font les commérages, combien de mal ! Il ne faut jamais faire de commérages sur les autres, jamais ! Combien de dégâts provoquent dans l’Église les divisions entre les chrétiens, les positions partisanes, les intérêts mesquins ! Les divisions entre nous, mais également les divisions entre les communautés : chrétiens évangéliques, chrétiens orthodoxes, chrétiens catholiques, mais pourquoi divisés ? Nous devons chercher à apporter l’unité. Je vais vous raconter une chose : aujourd’hui, avant de sortir de chez moi, j’ai passé quarante minutes, plus ou moins une demi-heure, avec un pasteur évangélique et nous avons prié ensemble, et nous avons cherché l’unité. Mais nous devons prier entre nous catholiques […] L’enlèvement des évêques gréco-orthodoxe et syro-orthodoxe d’Alep, sur lequel nous parviennent des nouvelles contradictoires, est un autre signe de la tragique situation que vit la nation syrienne où la violence et les armes continuent de semer la souffrance et la mort. Je prie afin que ces évêques puissent retourner rapidement dans leurs communautés, demande à Dieu d’éclairer les cœurs et renouvelle mon pressent appel pascal pour que cesse cette effusion de sang, afin qu’une aide humanitaire puisse être apportée à la population et qu’une solution politique soit trouvée le plus rapidement possible à cette crise […] ORE, 24.04.2013 Traduction de l’anglais au français SI MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS POUR LA COMMEMORATION DE L’EDIT DE MILAN 15 mai 2013 À l’occasion du 1700e anniversaire de l’Édit de Milan, le Patriarche œcuménique, Bartholomaios Ier, s’est rendu en visite à Milan pour prendre part aux célébrations solennelles organisées pour la circonstance. Par l’intermédiaire du Cardinal Tarcisio Bertone, Secrétaire d’Etat, le Pape François a pour sa part adressé un message au Cardinal Angelo Scola, Archevêque de Milan, ainsi que ses salutations à l’intention du Patriarche et des participants présents à la commémoration. Nous publions, ciaprès, le texte du message du Pape. […] Le Pape François souhaite qu’aujourd’hui comme hier, le témoignage commun des chrétiens d’Orient et d’Occident, soutenu par l’Esprit du Ressuscité, concoure à la diffusion de l’annonce du salut en Europe et dans le monde entier et que, grâce à la clairvoyance des autorités civiles, chacun ait le droit d’exprimer ouvertement et en tout lieu la foi qui est la sienne et que soit accueillie sans préjugés la contribution que le christianisme continue d’offrir à la culture et à la société de notre temps […] www.news.va Traduction de l’italien au français SI 7 et également avec les autres chrétiens, prier afin que le Seigneur nous donne l’unité, l’unité entre nous. Mais comment aurons-nous l’unité entre les chrétiens si nous ne sommes pas capables de l’avoir entre nous, catholiques ? De l’avoir au sein de notre famille ? Combien de familles se battent et se divisent ! Recherchez l’unité, l’unité qui fait l’Église. L’unité vient de Jésus Christ. Il nous envoie le Saint-Esprit pour faire l’unité. Chers frères et sœurs, demandons à Dieu : aidenous à être des membres du Corps de l’Église toujours Chers frères et sœurs, demandons à Dieu : aide-nous à être des membres du Corps de l’Église toujours profondément unis au Christ ; aide-nous à ne pas faire souffrir le Corps de l’Église avec nos conflits, nos divisions, nos égoïsmes ; aide-nous à être des membres vivants liés les uns aux autres par une unique force, celle de l’amour, que le Saint-Esprit déverse dans nos cœurs (cf. Rm 5, 5) […] ORF, 20.06.2013 8 VISITE A ROME DE SA SAINTETÉ TAWADROS II PAPE D’ALEXANDRIE ET PATRIARCHE DU SIÈGE DE SAINT-MARC 9-13 mai 2013 Sa Sainteté Tawadros II, Pape d’Alexandrie et Patriarche du Siège de Saint-Marc, a effectué une visite à Rome du 9 au 13 mai 2013 pour y rencontrer le Pape François. Quarante ans plus tôt, son prédécesseur, le Pape Shenouda III, était reçu au Vatican, le 10 mai 1973, par le Pape Paul VI. En cette circonstance, une importante Déclaration christologique commune fut signée par le Saint-Père et le Patriarche, inaugurant ainsi le dialogue œcuménique bilatéral entre les deux Églises. Pour commémorer cette date historique, dans la matinée du vendredi 10 mai 2013, le Pape François a reçu dans sa bibliothèque personnelle le Chef de l’Église copte orthodoxe d’Égypte accompagné de l’ensemble de la délégation, en présence également du président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, le Cardinal Kurt Koch. Après s’être réciproquement salués et avoir échangé des présents, le Saint-Père et le Pape Tawadros se sont recueillis en prière dans la chapelle Redemptoris Mater. Nous publions, ci-dessous, une traduction des salutations présentées par le Saint-Père en italien et le texte du discours du Patriarche. reconnaissaient que la vie divine nous est donnée et est nourrie à travers les sept sacrements et elles se sentaient unies dans la vénération commune de la Mère de Dieu. DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS Sainteté, Χριστòς άνέστη, chers frères dans le Christ, Nous nous réjouissons de pouvoir confirmer aujourd’hui ce que nos illustres prédécesseurs ont solennellement déclaré, nous nous réjouissons de nous reconnaître unis par l’unique Baptême, dont notre prière commune est une expression particulière, et invoque avec ardeur le jour où, en accomplissant le désir du Seigneur, nous pourrons communier à l’unique coupe. C’est pour moi une grande joie et un véritable moment de grâce de pouvoir vous accueillir tous ici, auprès de la tombe de l’apôtre Pierre, dans le souvenir de la rencontre historique qui a uni il y a quarante ans nos prédécesseurs, le Pape Paul VI et le Pape Shenouda III, récemment disparu, dans un baiser de paix et de fraternité, après des siècles d’éloignement réciproque. C’est donc avec une profonde affection que je souhaite la bienvenue à Votre Sainteté et aux membres éminents de votre délégation, et je vous remercie pour vos paroles. À travers vous, j’étends mes salutations cordiales dans le Seigneur aux évêques, au clergé, aux moines et à toute l’Église copte orthodoxe. La visite d’aujourd’hui renforce les liens d’amitié et de fraternité qui unissent déjà le Siège de Pierre et le Siège de Marc, qui a reçu un inestimable héritage de martyrs, théologiens, saints moines et fidèles disciples du Christ qui, pendant des générations, ont apporté le témoignage de l’Évangile, souvent dans des situations très difficiles. Il y a quarante ans, la Déclaration commune de nos prédécesseurs a représenté une pierre milliaire sur le chemin œcuménique, et elle a donné naissance à une Commission pour le dialogue théologique entre nos Églises, qui a produit de bons résultats et qui a préparé le terrain pour un dialogue plus ample entre l’Église catholique et toute la famille des Églises orientales orthodoxes, un dialogue qui continue de porter des fruits à ce jour. Dans cette Déclaration solennelle, nos Églises ont reconnu que, conformément aux traditions apostoliques, elles confessent « l’unique Dieu. Un en trois Personnes » et « la divinité du Fils unique incarné de Dieu... Dieu parfait pour ce qui est de sa divinité, et homme parfait pour ce qui est de son humanité ». Elles Bien sûr, nous sommes également conscients que le chemin qui nous attend est sans doute encore long, mais nous ne voulons pas oublier la route importante déjà parcourue, qui s’est concrétisée dans des moments lumineux de communion, parmi lesquels je suis heureux de rappeler la rencontre de février 2000 au Caire entre le Pape Shenouda III et le bienheureux Jean-Paul II pèlerin qui, au cours du grand Jubilé, s’est rendu sur les lieux d’origine de notre foi. Je suis convaincu que sous la direction de l’Esprit Saint, notre prière persévérante, notre dialogue et la volonté d’édifier la communion jour après jour dans l’amour réciproque nous permettront d’accomplir de nouveaux pas importants vers la pleine unité. Sainteté, je connais les nombreux gestes d’attention et de charité fraternelle que vous avez réservés, dès les premiers jours de votre ministère, à l’Église copte catholique, à son pasteur, le Patriarche Ibrahim Isaac Sidrak et à son prédécesseur, le Cardinal Antonios Naguib. L’institution d’un « Conseil national des Églises chrétiennes », que vous avez fortement désiré, représente un signe important de la volonté de tous les croyants dans le Christ de développer des relations dans la vie quotidienne qui soient toujours plus fraternelles et de se placer au service de toute la société égyptienne, dont ils forment une partie intégrante. Votre Sainteté, sachez que vos efforts en faveur de la 9 communion entre les croyants dans le Christ, ainsi que votre vif intérêt pour l’avenir de votre pays et pour le rôle des communautés chrétiennes au sein de la société égyptienne, trouvent un profond écho dans le cœur du Successeur de Pierre et de toute la communauté catholique. « Un membre souffre-t-il ? Tous les membres souffrent avec lui. Un membre est-il à l’honneur ? Tous les membres se réjouissent avec lui » (1 Co 12, 26). Il s’agit d’une loi de la vie chrétienne, et dans ce sens nous pouvons dire qu’il existe aussi un œcuménisme de la souffrance : de même que le sang des martyrs a été une semence de force et de fertilité pour l’Église, ainsi, le partage des souffrances quotidiennes peut devenir un instrument d’unité efficace. Et cela s’applique également, dans un certain sens, au contexte plus vaste de la société et des relations entre les chrétiens et les nonchrétiens : de la souffrance commune peuvent en effet jaillir, avec l’aide de Dieu, le pardon, la réconciliation et la paix. Sainteté, en vous assurant de mes prières afin que tout le troupeau confié à vos soins pastoraux soit toujours plus fidèle à l’appel du Seigneur, j’invoque la protection commune des saints Pierre Apôtre et Marc Évangéliste : puissent-ils, eux qui ont œuvré ensemble de façon concrète dans leur vie en vue de la diffusion de l’Évangile, intercéder pour nous et accompagner le chemin de nos Églises. Pape Shenouda III, appelé le « Pape des arabes » et pionnier du Mouvement des lumières dans l’Église copte orthodoxe, au Pape Paul VI : une visite qui a eu lieu en 1973, du 3 au 10 mai (jour où les deux Papes ont signé une Déclaration commune), dans la Cité du Vatican, visite considérée comme la toute première de la part du Pape d’Alexandrie et Patriarche de l’Église copte au Pape romain. Cette année-là, j’étais encore étudiant à la Faculté de pharmacie de l’Université d’Alexandrie, à Alexandrie en Égypte. Cette première visite a été suivie par la visite du Pape Jean-Paul II en Égypte en l’an 2000. La visite qui m’amène aujourd’hui restera mémorable pour moi, tant pour l’importance qu’elle revêt que pour sa coïncidence avec celle du Pape Shenouda III. Je souhaite qu’elle soit la première d’une longue série de rencontres d’amour et de fraternité entre nos deux Églises. C’est pourquoi je propose que le 10 mai de chaque année nous célébrions la fête de l’amour fraternel entre l’Église catholique et l’Église copte orthodoxe. Je suis venu d’Égypte, « le pays du Nil », rendre visite à Votre Sainteté et c’est mon tout premier voyage à l’étranger depuis mon intronisation comme Pape de l’Église copte orthodoxe, en novembre dernier. Mon pays est le berceau de la plus ancienne civilisation du monde, la civilisation des Pharaons. Mais ce n’est pas tout ; en Égypte sont nées et se sont développées d’autres importantes et antiques civilisations : la civilisation gréco-romaine, la civilisation copte et la civilisation musulmane. L’Égypte est l’endroit où ont eu lieu des manifestations divines qu’aucun autre pays n’a jamais connues. Selon la prophétie d’Osée, « de l’Égypte, j’ai appelé mon fils », et celle d’Isaïe, « bénie soit l’Égypte, mon peuple », la Sainte Famille a visité les villes et les gouvernorats de l’Égypte, se déplaçant d’est en ouest et du nord au sud comme pour bénir tout le pays du signe de la croix. En outre, un grand nombre de prophètes et de saints sont nés et ont vécu en Égypte, pays réputé pour la coexistence pacifique entre les diverses communautés religieuses. De plus la Sainte Famille a rendu les territoires d’Égypte sacrés après que Jésus les a foulés de ses pieds. L’Égypte compte donc d’importantes manifestations du Divin et c’est un pays unique de par sa civilisation. Par la suite, au cours des premières années du christianisme, l’apôtre saint Marc a diffusé la religion chrétienne en Égypte et il est mort en martyr dans la ville d’Alexandrie, l’épouse de la Méditerranée et ville d’Alexandre le Grand. Mon Église copte est très ancienne, son histoire remonte à plus de dix-neuf siècles. Elle a été fondée par saint Marc l’évangéliste au Ier siècle et s’est nourrie jusqu’à aujourd’hui du sang de nombreux martyrs, se renforçant toujours plus. ORF, 16.05.2013 DISCOURS DE SA SAINTETE TAWADROS II, PAPE D’ALEXANDRIE ET PATRIARCHE DU SIEGE DE SAINT-MARC Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit – Unique Dieu, Amen. Christ est ressuscité, en vérité il est ressuscité ! « Grâces soient à Dieu qui, dans le Christ, nous emmène sans cesse dans son triomphe et qui, par nous, répand en tous lieux le parfum de sa connaissance ! « (2 Co 2, 14) Au nom de l’Église copte orthodoxe, du SaintSynode et de tous les chrétiens coptes dans le monde, j’ai le plaisir de présenter à Votre Sainteté mes plus profondes et sincères félicitations, ainsi que de la part de l’Église copte orthodoxe que je préside, pour Votre élection comme Pape de l’Église catholique et Évêque de Rome, par l’œuvre du Divin. C’est l’une des plus prestigieuses responsabilités dans la Communauté chrétienne et qui revêt une importance particulière dans le monde entier. Guidé par l’Esprit Saint, je félicite Votre Sainteté à l’occasion de cette visite qui coïncide avec le quarantième anniversaire de la visite de Sa Sainteté, le regretté 10 En Égypte est également né le monachisme chrétien dont la règle monastique a été établie par le grand saint Antoine, appelé Père de tous les moines. Plus tard, au milieu du IIIe siècle, saint Pacôme, originaire de HauteÉgypte, développa la règle de la vie communautaire qui s’est ensuite étendue au reste du monde. Le monachisme a donc eu un rôle important dans la formation de l’Église copte orthodoxe. Les coptes se sont développés dans le monde entier, comme une solide entité religieuse chrétienne, avec un caractère chrétien clair. Il ne fait aucun doute que la contribution de l’Église copte orthodoxe a été importante et considérable. Les Patriarches et les Papes d’Alexandrie ont eu un rôle majeur dans la théologie chrétienne. Je voudrais souligner que les relations entre l’Italie et l’Égypte sont traditionnellement solides et durent depuis deux millénaires. Ces deux pays bénéficient donc de la richesse de merveilleuses civilisations méditerranéennes et d’un patrimoine humain qui les rend uniques au monde. C’est pourquoi l’Italie occupe une place particulière dans nos cœurs. L’Italie est également citée dans la sainte Bible, dans les épitres de Paul de Tarse, l’apôtre qui, au premier siècle du christianisme, a fondé avec saint Pierre le siège de l’Église chrétienne à Rome où tous deux ont subi le martyre. C’est à peu près à la même époque que l’apôtre saint Marc a fondé le siège de l’Église copte orthodoxe dans la ville d’Alexandrie. Je rappelle également que l’Église copte orthodoxe et l’Église catholique sont liées par des relations dont les profondes racines remontent aux conciles œcuméniques (le premier concile de Nicée, en 325 après J.-C., lorsque le « Credo de Nicée » fut formulé avec la contribution du courageux diacre Athanase, le plus jeune Pape de l’Église copte surnommé le « Protecteur de la foi »). Le plus grand témoignage des solides relations unissant nos deux Églises est la fondation de nos deux diocèses en Italie : l’Évêque Barnaba, à Turin, et l’Évêque Kiroulos, à Milan, qui sont les représentants officiels de l’Église copte orthodoxe, sont chargés de s’occuper de tout ce qui concerne les fidèles coptes dont le nombre ne cesse d’augmenter. Il faut également mentionner que tous ici louent l’amour, la coopération féconde et le grand soutien manifesté par l’Église catholique à l’Église copte orthodoxe présente dans votre beau pays. Tant l’Église catholique que l’Église copte orthodoxe travaillent ensemble au Moyen-Orient et en Occident en vue de la promotion et de la diffusion de la paix dans le monde entier. Toutes les deux encouragent le dialogue œcuménique entre les deux Églises afin d’atteindre l’unité désirée. C’est pourquoi, pour la première fois, j’ai tenu à participer personnellement à la cérémonie d’intronisation du Patriarche de l’Église catholique en Égypte, Sa Sainteté Ibrahim Isak. Nous avons également institué en février dernier, le Conseil des Églises d’Égypte, dont sont membres toutes les Églises présentes en Égypte en signe de notre solidarité et de notre amour fraternel. Je suis fier de mon pays, l’Égypte, et je suis également heureux d’être venu en visite à la Cité du Vatican qui, bien qu’étant le plus petit État au monde tant par sa population que par sa superficie, est également le plus important en raison de son influence et de la sainteté de son service. Le Vatican conserve aussi dans ses propres musées et bibliothèques d’importants trésors artistiques, expression du génie de l’être humain tout au long des siècles. N’oublions pas non plus le rôle fondamental que cet État revêt dans la défense des questions éthiques et dans la recherche de la paix dans le monde. Je conclus mon discours par le vœu de consolider les excellentes relations qui existent déjà entre l’Église copte orthodoxe et la grande Église catholique. Notre objectif commun sera de travailler ensemble pour promouvoir le dialogue œcuménique et parvenir à la paix dans le monde entier. Je prie notre Seigneur afin qu’il aide et soutienne Votre Sainteté dans sa tâche tout au long de sa sainte mission. En espérant avoir l’honneur de recevoir la visite de Votre Sainteté dans mon pays bien-aimé, l’Égypte, je renouvelle les félicitations de toute l’Église copte, des communautés religieuses et de tout le peuple égyptien. Pour terminer, je voudrais remercier à nouveau Votre Sainteté pour son hospitalité. Que la paix du Seigneur soit avec vous tous ! Au revoir, en Égypte !| ORF, 16.05.2013 11 VISITE À ROME DE SA GRÂCE JUSTIN WELBY ARCHEVÊQUE DE CANTERBURY 14 juin 2013 «Marchons vers l’unité, unis fraternellement dans la charité». C’est l’invitation que le Pape François a adressée à Sa Grâce Justin Welby,·Archevêque de Canterbury et primat de la Communion anglicane, reçu dans la matinée du vendredi I4 juin 2013. Après l’audience privée dans la bibliothèque, en présence de la délégation qui accompagnait le primat de la Communion anglicane et d’une délégation du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens ont été prononcés les discours officiels. Dans la chapelle Redemptoris Mater a ensuite eu lieu un temps de prière, en présence, entre autres, de Mgr Peter Bryan Wells, assesseur de la secrétairerie d’État. L’Archevêque de Canterbury et son épouse étaient accompagnés par l’Archevêque David Moxon, directeur du Centre anglican de Rome, et du chanoine Jonathan Goodall, son assistant personnel. Du côté catholique ont participé à la rencontre le Cardinal Kurt Koch, Président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, l’archevêque de Westminster; S.Exc. Mgr Vincent Nichols, S.Exc. Mgr Brian Farrell, Secrétaire du dicastère, et Mgr Mark Langham. Nous publions ci-dessous le discours du Pape François. DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS dialogue théologique, des difficultés plus grandes que celles que l’on pouvait imaginer au début du chemin. Je suis également reconnaissant pour l’effort sincère que l’Église d’Angleterre a démontré pour comprendre les raisons qui ont porté mon prédécesseur, Benoît XVI, à offrir une structure canonique en mesure de répondre aux requêtes de certains groupes d’anglicans qui ont demandé à être reçus, parfois de manière corporative, dans l’Église catholique : je suis certain que cela permettra de mieux connaître et d’apprécier dans le monde catholique les traditions spirituelles, liturgiques et pastorales qui constituent le patrimoine anglican. Votre Grâce, chers amis, En l’heureuse circonstance de notre première rencontre, je voudrais vous souhaiter la bienvenue avec les mêmes mots que ceux que mon prédécesseur, le vénérable serviteur de Dieu Paul VI, adressa à l’Archevêque Michael Ramsey lors de sa visite historique en 1966 : « Vos pas ne vous portent pas dans une maison étrangère […] Nous sommes heureux de vous ouvrir les portes et, avec les portes, notre cœur ; parce que nous sommes contents et honorés […] de vous accueillir non comme “des étrangers ni des hôtes ; vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la maison de Dieu” (cf. Ep 2, 19-20) ». La rencontre d’aujourd’hui, cher frère, est l’occasion de nous rappeler que l’engagement au service de la recherche de l’unité entre les chrétiens ne dérive pas de raisons d’ordre pratique, mais de la volonté même du Seigneur Jésus Christ, qui a fait de nous ses frères et les fils de l’unique Père. C’est pourquoi la prière, que nous élevons ensemble, est d’une importance fondamentale. Je sais que Votre Grâce, au cours de la cérémonie d’installation dans la cathédrale de Canterbury, a rappelé dans la prière le nouvel Évêque de Rome. Je vous suis profondément reconnaissant et je pense que, ayant entamé nos ministères respectifs à peu de jours de distance l’un de l’autre, nous aurons toujours un motif particulier pour nous soutenir mutuellement par la prière. De la prière, se renouvellera jour après jour l’engagement à marcher vers l’unité, qui pourra trouver son expression dans la collaboration dans divers domaines de la vie quotidienne. Parmi eux, revêt une signification particulière le témoignage de la référence à Dieu et de la promotion des valeurs chrétiennes, dans une société qui semble parfois mettre en discussion certaines des bases mêmes de la coexistence, telles que le respect envers le caractère sacré de la vie humaine, ou la solidité de l’institution de la famille fondée sur le mariage, une valeur que vous avez eu l’occasion de rappeler récemment. L’histoire des relations entre l’Église d’Angleterre et l’Église de Rome est longue et complexe, non sans moments douloureux. Toutefois, les dernières décennies ont été caractérisées par un chemin de rapprochement et de fraternité, pour lequel nous devons rendre sincèrement grâce à Dieu. Ce chemin s’est réalisé tant à travers le dialogue théologique, avec les travaux de la Commission internationale anglicane-catholique, qu’à travers l’établissement, à tous les niveaux, de relations cordiales et d’une coexistence quotidienne, caractérisée par un profond respect réciproque et une sincère collaboration. À cet égard, je suis vraiment heureux que soit présent aujourd’hui l’Archevêque de Westminster Mgr Vincent Nichols. La solidité de ces liens a consenti de maintenir le cap même lorsque sont apparues, dans le Il y a ensuite l’engagement pour une plus grande justice sociale, pour un système économique qui se mette au service de l’homme et au bénéfice du bien commun. Parmi les tâches qui sont les nôtres, en tant que témoins de l’amour du Christ, il y a celle de donner voix au cri des pauvres, afin qu’ils ne soient pas aban12 donnés aux lois d’une économie qui semble parfois considérer l’homme uniquement comme un consommateur. Je sais que Votre Grâce est particulièrement sensible à toutes ces thématiques, sur lesquelles nous partageons beaucoup d’idées, de même que je connais votre engagement pour favoriser la réconciliation et la résolution des conflits entre les nations. À cet égard, avec Mgr Nichols, vous avez sollicité les autorités à trouver une solution pacifique au conflit syrien, qui garantisse aussi la sécurité de toute la population, y compris les minorités, au nombre desquelles se trouvent les anciennes communautés chrétiennes locales. Comme vous l’avez vous-même souligné, nous chrétiens, portons la paix et la grâce comme un trésor à donner au monde, mais ces dons peuvent produire des fruits uniquement quand les chrétiens vivent et travaillent ensemble en harmonie. Il sera ainsi plus facile de contribuer à construire des relations de respect et de coexistence pacifique avec ceux qui appartiennent à d’autres traditions religieuses, ainsi qu’avec les noncroyants. L’unité, à laquelle nous aspirons sincèrement, est un don qui vient d’en haut et qui se fonde dans notre communion d’amour avec le Père, le Fils et le SaintEsprit. Le Christ lui-même a promis : « Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mt 18, 20). Nous marchons, cher frère, vers l’unité, unis fraternellement dans la charité et ayant comme point de référence constant Jésus Christ, notre Frère aîné. Dans l’adoration de Jésus Christ, nous trouverons le fondement et la raison d’être de notre chemin. Puisse le Père miséricordieux entendre et exaucer les prières que nous lui adressons ensemble. Nous plaçons nos espérances en Lui, « dont la puissance agissant en nous est capable de faire bien au-delà, infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons demander ou concevoir » (Ep 3, 20). catholique et travaillé avec des groupes catholiques sur ses implications, ayant fait des retraites auprès des nouvelles communautés de l’Église en France, et étant accompagné par le prieur d’un autre nouvel ordre, je ressens en effet (à travers les paroles du Pape Paul VI à l’Archevêque Michael) que je viens dans un lieu où je peux me sentir chez moi. Sainteté, nous sommes appelés par le Saint-Esprit de Dieu, à travers notre amour fraternel, à poursuivre le travail qui a été le don précieux, ces cinquante dernières années, fait aux Papes et aux Archevêques de Canterbury, et dont ce célèbre anneau est le gage durable. Je prie afin que la proximité du début de nos ministères respectifs puisse servir à la réconciliation du monde et de l’Église […] Comme vous l’avez souligné, nous devons promouvoir les fruits de notre dialogue ; et avec nos frères évêques, nous devons donner une expression à notre unité dans la foi à travers la prière et l’évangélisation. Ce n’est qu’en regardant les chrétiens croître de manière visible dans l’unité que le monde acceptera, à travers nous, le message divin de la paix et de la réconciliation. Mais le chemin est difficile et nous ne pouvons pas manquer d’être conscients qu’il existe des différences sur la façon de faire en sorte que la foi chrétienne pèse sur les défis soulevés par la société moderne. Toutefois, notre objectif « est si grand qu’il peut justifier les efforts du chemin » (Benoît XVI, Spe salvi, n. 1), et nous pouvons avoir confiance dans la prière du Christ, « ut omnes unum sint » (Jn I7, 21). De solides fondements d’amitié nous permettent d’être confiants en parlant entre nous de ces différences, de porter les fardeaux les uns des autres et d’être ouverts pour partager le discernement d’une route à parcourir qui soit fidèle à la volonté du Christ et que nous impose notre qualité de disciples. Cette route doit refléter l’amour généreux du Christ, le fait que nous portons sa croix et que nous mourons à nous-mêmes pour vivre en Christ, qui se manifestera à travers l’hospitalité et l’amour pour les pauvres. Nous devons aimer ceux qui tentent de s’opposer à nous, et surtout nous devons aimer ceux qui sont laissés pour compte – parfois des nations tout entières – par l’actuelle crise dans le monde. En outre, en ce moment même, tandis que nous parlons, beaucoup de nos frères et sœurs dans le Christ souffrent terriblement à cause de la violence, de l’oppression et de la guerre, du mauvais gouvernement et de systèmes économiques injustes. Si ce n’est pas nous qui les défendons au nom du Christ, alors qui le fera? Sainteté, cher Frère, je vous assure de l’amour, du respect et de la prière des évêques, du clergé et des fidèles de la Communion anglicane. ORF, 20.06.2013 DISCOURS DE L’ARCHEVEQUE DE CANTERBURY Sainteté, chers amis. Être ici me remplit d’amour et de gratitude. Ces derniers jours, nous avons rappelé la mort du bienheureux Pape Jean XXIII ; qui eut lieu en plein Concile Vatican II. Au cours de la prière pour les défunts prononcée par l’Archevêque Michael Ramsey à Lambeth Palace en cette même fin de semaine, cinquante ans plus tôt, mon bien-aimé prédécesseur a dit de lui: «Le Pape Jean nous a montré à nouveau le pouvoir d’être, en étant un homme qui touche le cœur humain à travers la charité. Ainsi, chez beaucoup se sont fait jour un nouveau désir d’unité de tous les chrétiens et une nouvelle conscience que, aussi long que puisse être le chemin, la charité fait déjà la différence ». Ayant pendant de longues années trouvé une inspiration dans le grand corpus de la doctrine sociale ORF, 20.06.2013 13 VISITE À ROME D’UNE DÉLÉGATION DU PATRIARCAT ŒCUMÉNIQUE POUR LA SOLENNITÉ DES SAINTS PIERRE ET PAUL 27-29 juin 2013 Dans le cadre d’une tradition désormais bien établie, le Patriarcat de Constantinople (Istanbul) envoie tous les ans, le 29 juin, une délégation auprès du Saint-Siège pour célébrer avec l’Église de Rome la fête de ses saints patrons Pierre et Paul. En retour, une délégation de l’Église de Rome se rend au Phanar où le Patriarcat œcuménique a son siège, pour prendre part à la célébration de la fête de saint André, le 30 novembre. Cette année, la délégation envoyée par Sa Sainteté Bartholomaios Ier était conduite par Son Éminence le Métropolite Ioannis de Pergame, coprésident de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe. Cette délégation comprenait également l’Évêque Athénagoras de Sinope et le Révérend Archimandrite Prodromos Xenakis, vice-secrétaire du Saint-Synode éparchial de l’Église de Crête. Nous publions, ci-dessous, une traduction française du discours que le Saint-Père a adressé en italien à la délégation ainsi que de la lettre du Patriarche Bartholomaios qui lui a été remise en cette circonstance et de l’allocution du Métropolite Ioannis de Pergame. DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS A LA DELEGATION DU PATRIARCAT ŒCUMENIQUE DE CONSTANTINOPLE Vendredi 28 juin 2013 de la vie nouvelle dans le Christ ! Nous, nous savons bien que l’unité est d’abord un don de Dieu pour lequel nous devons prier incessamment, mais la tâche de préparer les conditions, de cultiver le terrain du cœur revient à nous tous afin que cette extraordinaire grâce soit accueillie. Une contribution fondamentale à la recherche de la pleine communion entre catholiques et orthodoxes est offerte par la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique, coprésidée par Votre Éminence, Métropolite Ioannis, et par notre Vénéré Frère le Cardinal Kurt Koch. Je vous remercie sincèrement de votre engagement précieux et infatigable. Cette Commission a déjà produit de nombreux textes en commun et elle étudie maintenant le thème délicat de la relation théologique et ecclésiologique entre primat et synodalité dans la vie de l’Église. Il est significatif qu’aujourd’hui on réussisse à réfléchir ensemble, dans la vérité et dans la charité, sur ces thématiques en commençant par ce qui nous est commun, sans toutefois cacher ce qui nous sépare encore. Il ne s’agit pas d’un simple exercice théorique, mais de connaître à fond les traditions réciproques pour les comprendre et, parfois, pour apprendre aussi d’elles. Je fais référence par exemple à la réflexion de l’Église catholique sur le sens de la collégialité épiscopale, et à la tradition de la synodalité, si typique dans l’Église orthodoxe. J’ai confiance qu’un effort de réflexion commune si complexe et laborieux donnera des fruits en son temps. Il m’est réconfortant de savoir que catholiques et orthodoxes partagent la même conception du dialogue qui ne cherche pas un minimalisme théologique sur la base duquel on peut arriver à un compromis, mais qu’il se fonde plutôt sur l’approfondissement de l’unique vérité que le Christ a donnée à son Église et que nous ne cessons jamais de mieux comprendre, mus par l’Esprit Saint. Pour cela nous ne devons pas avoir peur de la Cher frère, Chers frères en Christ, Je suis particulièrement heureux de vous accueillir avec chaleur dans l’Église de Rome qui célèbre ses saints patrons Pierre et Paul. Votre présence en cette circonstance est le signe du lien profond qui unit, dans la foi, dans l’espérance et dans la charité, l’Église de Constantinople et l’Église de Rome. La belle coutume d’un échange de délégations entre nos Églises pour nos fêtes patronales respectives, inaugurée en 1969, est pour moi un motif de grande joie : la rencontre fraternelle est une partie essentielle du chemin vers l’unité. Je voudrais exprimer ma grande gratitude à Sa Sainteté Bartholomaios Ier et au Saint-Synode du Patriarcat œcuménique, qui ont voulu envoyer, cette année encore, de hauts représentants. Je me rappelle également avec affection fraternelle le geste d’attention délicate de Sa Sainteté Bartholomaios Ier envers moi, quand il a voulu m’honorer de sa présence lors de la célébration du début de mon ministère d’Évêque de Rome. Je suis également profondément reconnaissant à Votre Éminence pour votre participation à cet événement et je me réjouis de vous revoir en cette circonstance. La recherche de l’unité entre les chrétiens est une urgence - vous avez-vous-même dit « it is not a luxury, but an imperative » – une urgence à laquelle, aujourd’hui plus que jamais, nous ne pouvons pas nous soustraire. Dans notre monde affamé et assoiffé de vérité, d’amour, d’espérance, de paix et d’unité, il est important de pouvoir finalement annoncer d’une seule voix, par notre propre témoignage, la joyeuse nouvelle de l’Évangile et célébrer ensemble les Divins Mystères 14 rencontre et du vrai dialogue. Celui-ci ne nous éloigne pas de la vérité ; à travers un échange de dons, il nous conduit plutôt, sous la conduite de l’Esprit de Vérité, à toute la vérité (cf. Jn 16, 13). Vénérés Frères, je vous remercie encore une fois d’être ici avec nous à l’occasion de la fête des saints Pierre et Paul. Invoquons avec confiance leur intercession et celle du saint apôtre André, frère de Pierre, pour nos fidèles et pour les nécessités du monde entier, surtout des pauvres, des personnes qui souffrent et de toutes celles qui sont injustement persécutées à cause de leur foi. Je vous demande enfin de prier pour moi et de faire prier pour moi – j’en ai tant besoin – afin que le Seigneur m’assiste dans mon ministère d’Évêque de Rome et de Successeur de Pierre. thropiques et de bienfaisance ; toutefois les besoins sont nombreux, en particulier à notre époque – une époque de crise financière et de défi, mais également de crise d’institutions et de valeurs –, et c’est précisément pour cela que nous devons constamment motiver la sensibilité caritative des personnes pour répondre aux problèmes de la pauvreté et les résoudre. Cet esprit de simplicité doit certainement caractériser également les relations entre les Églises chrétiennes, qui pour des raisons connues seulement par le Seigneur, sont aujourd’hui divisées dans des Églises et confessions chrétiennes différentes. Notre espérance personnelle est que les dialogues encore incomplets entre les diverses Églises – et en particulier le dialogue entre nos deux grandes Églises, du catholicisme romain et du christianisme orthodoxe, un dialogue d’amour, de théologie et de vérité – continuent de porter des fruits dans un esprit de simplicité et de fraternité, de compréhension réciproque et de sincérité, afin d’obtenir le résultat désiré du rapprochement à travers l’authenticité unique dans le Christ, la seule au fond en mesure de réunir – et qui réunira – tous les chrétiens. Votre Sainteté, notre foi n’est pas une compilation d’opinions diverses, diffusées pour intégrer le débat de façon harmonieuse ; c’est la révélation de l’unique vérité exprimée à travers la personne divine de Jésus Christ et par elle, afin que l’objectif final de tous ceux qui participent au dialogue soit celui de rapprocher, de toucher, de comprendre et d’expérimenter Sa personne divine, qui récapitule la vérité manifestée à ceux qui sont avec Lui dans l’Esprit Saint. La fête patronale d’une Église – aujourd’hui votre Église de Rome et en novembre notre Église à Constantinople, lorsque nous commémorerons le saint apôtre André, le premier appelé parmi les apôtres – constitue un moment important et une pierre milliaire sur ce chemin spirituel. Il offre l’opportunité de réfléchir sur le passé et de nous tourner vers l’avenir. Les manifestations et les événements du passé doivent être évalués de façon opportune et par conséquent divisés entre ceux qui sont appropriés et doivent être promus, et ceux qui sont inappropriés et qui doivent être évités. ORF, 04.07.2013 LETTRE DU PATRIARCHE BARTHOLOMAIOS IER À Sa Sainteté et Béatitude le Pape François de l’Antique Rome réjouis dans le Seigneur « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ : dans sa grande miséricorde, il nous a engendrés de nouveau par la Résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour une vivante espérance, pour un héritage exempt de corruption, de souillure, de flétrissure » (1 P, 3-4) : c’est également notre confession, de la Très Sainte Eglise de Constantinople-Nouvelle Rome, avec Pierre chef des apôtres, tandis que nous adressons de tout cœur un salut fraternel et un baiser joyeux à vous, éminente et bien-aimée Sainteté, en cette heureuse solennité en l’honneur des saints apôtres Pierre et Paul, qui marque la fête patronale de votre vénérable Église de Rome. Dans la continuité avec cette tradition, le Patriarche œcuménique participe cette année une fois de plus à la joie qui, en particulier en ces jours, agrémente le Trône de l’antique Église de Rome de Votre Sainteté. Il se réjouit donc avec vous et avec vos pieux fidèles à l’occasion de la solennité de ces deux saints apôtres, en exprimant attente et espérance que ses ouvertures vers la simplicité et la charité, Sainteté, universellement accueillies avec un sentiment de gratitude et de gratification, alimentent profondément l’Église et orientent son comportement vers les dimensions essentielles du droit, de la justice et de la miséricorde, conformément aux doctrines et aux exigences de son fondateur, notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a tous invités à une « espérance vivante ». La position largement connue de Votre Sainteté sur les questions de la simplicité et de la charité s’est révélée très émouvante. En outre, il est vrai que l’Église du Christ et ses membres ont toujours été inspirés par ces mêmes idées et principes de la charité et de la simplicité. Les communautés chrétiennes contemporaines sont riches de personnes et d’institutions philan- Que chaque nouvelle période de ces célébrations soit emplie de ces initiatives et activités de la part de votre vénérable Sainteté et de votre Église historique, qui doivent être imitées, louées et promues. De cette façon, nous serons en mesure de nous approcher de la vérité dans le Christ précisément comme des frères. À travers notre délégation patriarcale, guidée par Son Éminence le Métropolite Ioannis de Pergame, et qui comprend également Sa Grâce Athénagoras de Sinope et le Révérend archimandrite Prodromos Xenakis, nous transmettons ces sentiments sincères et ces vœux cordiaux – au nom de l’Église de Constantinople et en notre nom, ainsi qu’au nom de tous les chrétiens orthodoxes dans le monde – en cette joyeuse et illustre célébration. 15 Voici que, avec une anticipation confiante, nous contemplons à présent notre voyage réciproque vers la coupe commune. Nous n’ignorons pas les obstacles existant à l’unité souhaitée de tous les chrétiens. Toutefois, nous ne cesserons pas de travailler de toutes nos forces et d’aspirer au Très Saint Esprit. Selon Grégoire le Théologien, Archevêque de Constantinople, « cet Esprit est très prudent et extrêmement bienveillant ; s’il trouve des pêcheurs, il peut attirer le monde entier au Christ, en les capturant dans le filet de la parole » précisément comme l’a fait Pierre. De fait, il « peut transformer la passion des persécuteurs fanatiques et créer un Paul à la place d’un Saul, en les capturant avec la même intensité de piété, avec laquelle ils avaient été capturés par le mal. Tel est l’Esprit de mansuétude ». Aujourd’hui, ce même Esprit fait également de nous des « annonciateurs audacieux » de l’unité chrétienne, pour le bien duquel nous nous agenouillons inlassablement « devant le Père de notre Seigneur Jésus Christ ». En effet, cet Esprit « a toujours été et sera toujours ; il est sans début et sans fin ». Il inspirera donc toujours en nous le désir d’unité dans la simplicité et de salut pour tous. « Unissons-nous, toutefois, et glorifions ensemble la Trinité », Père, Fils et Saint-Esprit, « au moyen de laquelle seulement, nous pouvons obtenir une unique assemblée, un unique culte, une unique adoration, puissance, perfection et sanctification ». C’est ainsi que cet « Esprit se délecte à nous offrir ses dons divins ». C’est pourquoi, en célébrant ensemble avec·vous, bien-aimée Sainteté, nous récitons les hymnes de notre Église orthodoxe en l’honneur de nos réciproques et glorieux saints patrons: « Réjouissez-vous, contreparties bénies et correspondantes, qui partagez une seule âme dans deux corps. Réjouissez-vous dans le Seigneur pour toujours, Pierre et Paul. Invoquons vos prières constantes pour nous et implorons l’accomplissement de vos promesses ». Réjouissez-vous et rappelez-vous de nous. Tandis que vous vous trouvez précisément devant la Très Sainte Trinité, implorez le salut pour nous tous, afin que nous puissions obtenir les dons éternels dans le Christ Jésus, notre Seigneur. À Lui toute gloire et puissance, honneur et culte, gratitude et action de grâce, avec son Père, qui est sans début, et son Très Saint-Esprit, bon et qui donne la vie, à présent, pour toujours et dans les siècles des siècles. Amen. Constantinople en l’occasion de la fête des saints patrons de la vénérable Église de Rome, l’Église qui « préside dans l’amour », selon les paroles de saint Ignace d’Antioche. Sa Toute Sainteté, le Patriarche œcuménique Bartholomaios, nous a chargés de transmettre à Votre Sainteté l’expression de son amour fraternel et les chaleureuses félicitations de l’Église sœur de Constantinople en la célébration solennelle de cette grande fête. L’échange de visites de délégations officielles des Églises de Rome et de Constantinople pour les fêtes de leurs saints patrons respectifs est désormais une tradition bien établie. C’est là le signe de leur profond engagement dans la sainte cause du rétablissement de la pleine communion qu’elles ont connue au cours du premier millénaire de l’ère chrétienne. Cette communion s’interrompit en raison de désaccords sur des questions de foi mais aussi parce que l’amour s’était figé. Seul le dialogue dans l’amour et la foi pourra faire revivre cette communion. Nos deux Églises sont désormais entièrement engagées dans ce dialogue d’amour et de foi, conformément à la volonté de notre Seigneur afin que ses disciples soient un comme Lui et Son Père sont un, afin que le monde croie (Jn 17, 21). Notre présence ici témoigne de cet engagement. Sainteté, Nous vivons dans un monde tourmenté par l’adversité et les conflits. L’avidité de l’homme, son orgueil et son égoïsme menacent la paix et la stabilité de sociétés et de nations dans de nombreuses régions du monde. La pauvreté et l’injustice mènent nombre de personnes à la misère et au désespoir. Même la nature et la création souffrent des conséquences du péché humain. La religion est souvent utilisée comme justification à des conflits et des guerres au lieu d’offrir la paix au monde. Dans une telle situation, le message de l’Évangile de notre Seigneur Jésus Christ apparaît comme le seul espoir pour le monde. Mais ce message ne peut donner du fruit que si les chrétiens s’unissent. L’unité chrétienne n’est pas un luxe mais un impératif pour l’Église, tout particulièrement en cette époque. Nous ne pouvons exhorter à l’amour et à la paix dans le monde si nous ne les pratiquons pas nous-mêmes en premier. C’est pourquoi l’humilité et le dialogue sont les seules voies à suivre si nous voulons rester fidèles à l’Évangile de notre Seigneur. Sainteté, C’est avec profonde gratitude et satisfaction que le monde chrétien tout entier, et l’Église de Constantinople en particulier, sont témoins de l’esprit de simplicité et d’humilité chrétienne avec lequel Votre Sainteté sert l’Église depuis qu’elle a accédé à ses hautes responsabilités. Cet esprit est un exemple pour tous les chrétiens en ces temps difficiles que nous vivons. De même, il nous offre l’espérance que la difficile et épineuse question de la primauté romaine qui a divisé la chrétienté dans le passé, puisse être resituée dans un esprit de communion ecclésiale véritable et de synoda- ORF, 04.07.2013 DISCOURS DE SON ÉMINENCE LE METROPOLITE IOANNIS DE PERGAME 28 juin 2013 Sainteté, C’est pour nous un privilège particulier et un très grand honneur de nous adresser à Votre Sainteté en qualité de Délégation spéciale de la sainte Église de 16 lité, telle qu’on la comprenait et la pratiquait dans l’Église indivise des premiers temps. Cela contribuera à nous rapprocher du moment où sera rétablie entre nous la pleine communion que notre Seigneur désire. Sainteté, Avec ces pensées et dans ces sentiments que notre Délégation patriarcale vous exprime, Sainteté, en cette solennelle circonstance, permettez-nous de vous remettre cette lettre personnelle et ce don de Sa Toute Sainteté, le Patriarche œcuménique Bartholomaios, qui expriment les félicitations et les meilleurs vœux du Saint-Synode et de l’Église de Constantinople en la fête du saint patron de cette vénérable Église. La Sainte Bible nous raconte que saint Pierre et saint André étaient frères de sang. Ils rencontrèrent ensemble le Seigneur et devinrent aussi frères en Christ en reconnaissant en Lui le Sauveur et le Messie. Cette foi, ils l’ont transmise aux Églises de Rome et de Constantinople à travers leur annonce de l’Évangile et leur martyre. En célébrant la fête de l’un d’eux, nous célébrons aussi celle de l’autre. Aujourd’hui, nous célébrons donc notre fête commune, la fête des deux frères qui furent les premiers appelés par le Seigneur. Que notre Seigneur, par l’intercession des saints apôtres dont nous célébrons aujourd’hui la mémoire, accorde sa protection et sa bénédiction à l’Église, pour la gloire du Dieu Trinité et l’unité de tous dans le nom du Christ. Traduction de l’anglais au français SI 17 CÉLÉBRATION DE LA SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS À ROME 18-25 janvier 2013 AUDIENCE GENERALE 16 janvier 2013 messianique, venu établir avec son peuple l’Alliance nouvelle et éternelle, selon les paroles des prophètes: « C’est la joie de l’époux au sujet de l’épouse que ton Dieu éprouvera à ton sujet » (Is 62, 5). Et le vin est le symbole de cette joie de l’amour; mais c’est aussi une allusion au sang que Jésus versera à la fin, pour sceller son pacte nuptial avec l’humanité. L’Église est l’épouse du Christ, qui la rend sainte et belle par sa grâce. Cependant, cette épouse, formée d’êtres humains, a toujours besoin de purification. Et l’une des fautes les plus graves qui défigurent le visage de l’Église est celle contre son unité visible, en particulier les divisions historiques qui ont séparé les chrétiens et qui n’ont pas encore été surmontées. Précisément ces jours-ci, du 18 au 25 janvier, se déroule la Semaine de prière annuelle pour l’unité des chrétiens, un temps toujours apprécié par les chrétiens et les communautés, qui réveille en tous le désir et l’engagement spirituel pour la pleine communion. Dans ce sens, la veillée que j’ai pu célébrer il y a environ un mois, sur cette place, avec des milliers de jeunes de toute l’Europe et avec la communauté œcuménique de Taizé, a été très significative : un moment de grâce au cours duquel nous avons fait l’expérience de la beauté d’être un dans le Christ. Je vous encourage tous à prier ensemble afin que nous puissions réaliser « ce que le Seigneur nous demande » (cf. Mi 6, 6-8), comme le dit cette année le thème de la Semaine; un thème proposé par des communautés chrétiennes d’Inde qui invitent à s’engager de façon décidée vers l’unité visible entre tous les chrétiens et à surmonter, comme des frères en Christ, tout type de discrimination injuste. Vendredi prochain, au terme de ces journées de prière, je présiderai les Vêpres dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, en présence des représentants des autres Églises et communautés ecclésiales. Chers amis, à la prière pour l’unité des chrétiens, je voudrais ajouter encore une fois celle pour la paix, afin que, dans les différents conflits hélas en cours, cessent les ignobles massacres des civils sans défense, que soit mis un terme à toute violence, et que l’on trouve le courage du dialogue et de la négociation. Invoquons l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, médiatrice de grâce. À la fin de l’audience générale du 16 janvier 2013, le SaintPère a évoqué l’imminence de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, invitant les fidèles à y prendre part. […] Après-demain, le 18 janvier, débutera la Semaine de prière pour la promotion de l’unité des chrétiens. Cette année, elle aura pour thème : « Que nous demande le Seigneur ? » qui s’inspire d’un passage tiré du Livre du Prophète Michée (cf. Mi 6,6-8). Je vous invite tous à prier en demandant avec insistance à Dieu le grand don de l’unité entre tous les disciples du Seigneur. Que la puissance infinie de l’Esprit Saint nous encourage à nous engager sincèrement dans la recherche de l’unité pour que nous puissions professer ensemble que Jésus est le Sauveur du monde. Merci beaucoup. ORF, 17.01.2013 ANGELUS 20 janvier 2013 Chers frères et sœurs! La liturgie propose aujourd’hui l’Évangile des noces de Cana, un épisode raconté par Jean, témoin oculaire de l’événement. Un tel épisode a été placé ce dimanche qui suit immédiatement le temps de Noël, parce qu’avec la visite des Mages d’Orient, et avec le Baptême de Jésus, il forme la trilogie de l’Épiphanie, c’est-à-dire de la manifestation du Christ. Le signe des noces de Cana est en effet le «premier des signes» (Jn 2, 11), c’est-à-dire le premier miracle accompli par Jésus, par lequel il a manifesté en public sa gloire, suscitant la foi de ses disciples. Rappelons brièvement ce qui s’est passé au cours de cette fête de noces à Cana de Galilée. Il se produisit que le vin vint à manquer, et Marie, la Mère de Jésus, le fit remarquer à son Fils. Il lui répliqua que son heure n’était pas encore venue; mais ensuite, il répondit à la sollicitation de Marie et, après avoir fait remplir d’eau six grandes amphores, il transforma l’eau en vin, un vin excellent, meilleur que le précédent. Par ce « signe », Jésus se révèle comme l’Époux ORF, 24.01.2013 18 CELEBRATION DES VEPRES EN CONCLUSION DE LA SEMAINE DE PRIERE POUR L’UNITE DES CHRETIENS A ROME 25 janvier 2013 II rappelle que, pour les chrétiens, « plus étroite, en effet, sera leur communion avec le Père, le Verbe et l’Esprit Saint, plus ils pourront rendre intime et facile la fraternité mutuelle » (Unitatis redintegratio, 7). Les questions doctrinales qui nous divisent encore ne doivent pas être négligées ni minimisées. Il faut plutôt les affronter avec courage, dans un esprit de fraternité et de respect réciproque. Le dialogue, lorsqu’il reflète la priorité de la foi, permet de s’ouvrir à l’action de Dieu avec la ferme confiance que, seuls, nous ne pouvons pas construire l’unité, mais que c’est l’Esprit Saint qui nous guide vers la pleine communion, et fait saisir la richesse spirituelle présente dans les différentes Églises et communautés ecclésiales. Dans la société actuelle, il semble que le message chrétien influe toujours moins sur la vie personnelle et communautaire ; et cela représente un défi pour toutes les Églises et les Communautés ecclésiales. L’unité est en elle-même un moyen privilégié, presque un présupposé pour annoncer de manière toujours plus crédible la foi à ceux qui ne connaissent pas encore le Sauveur ou qui, bien qu’ayant reçu l’annonce de l’Évangile, ont presque oublié ce don précieux. Le scandale de la division qui affaiblissait l’activité missionnaire fut l’élan qui donna naissance au mouvement œcuménique tel que nous le connaissons aujourd’hui. La communion pleine et visible entre les chrétiens doit être entendue, en effet, comme une caractéristique fondamentale pour un témoignage encore plus clair. Tandis que nous sommes en chemin vers la pleine unité, il est alors nécessaire de poursuivre une collaboration concrète entre les disciples du Christ pour la cause de la transmission de la foi au monde contemporain. Il y a aujourd’hui un grand besoin de réconciliation, de dialogue et de compréhension réciproque, dans une perspective non pas moralisante, mais précisément au nom de l’authenticité chrétienne pour une présence plus incisive dans la réalité de notre temps. « L’œcuménisme ne portera pas de fruits durables s’il ne s’accompagne pas de gestes concrets de conversion ». C’est ce qu’a répété Benoît XVI en présidant, dans l’après-midi du vendredi 25 janvier 2013 à la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, la célébration des secondes vêpres de la fête de la conversion de l’Apôtre. Chers frères et sœurs! C’est toujours une joie et une grâce particulière de se retrouver ensemble, autour de la tombe de l’apôtre Paul, pour conclure la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Je salue avec affection les cardinaux présents, en premier lieu le Cardinal Harvey, archiprêtre de cette basilique, et avec lui l’abbé et la communauté des moines qui nous accueillent. Je salue le Cardinal Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, ainsi que tous les collaborateurs du dicastère. J’adresse mes salutations cordiales et fraternelles à Son Éminence le Métropolite Gennadios, représentant du Patriarche œcuménique, au Révérend chanoine Richardson, représentant personnel à Rome de l’Archevêque de Canterbury, et à tous les représentants des différentes Églises et communautés ecclésiales, réunies ici ce soir. Je suis en outre particulièrement heureux de saluer les membres de la Commission mixte pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales, auxquelles je souhaite un fructueux travail pour la session plénière qui se déroule ces jours-ci à Rome, ainsi qu’aux étudiants de l’Institut œcuménique de Bossey, en visite à Rome pour approfondir leur connaissance de l’Église catholique, et les jeunes orthodoxes et orthodoxes orientaux qui étudient ici. Je salue enfin toutes les personnes présentes venues prier pour l’unité entre tous les disciples du Christ. Cette célébration s’inscrit dans le cadre de l’Année de la foi, qui a débuté le 11 octobre dernier, cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II. La communion dans la même foi est la base de l’œcuménisme. L’unité, en effet, est donnée par Dieu comme inséparable de la foi; saint Paul l’exprime de manière efficace : « Il n’y a qu’un Corps et qu’un Esprit, comme il n’y a qu’une espérance au terme de l’appel que vous avez reçu ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tout et en tous » (Ep 4, 4-6). La profession de la foi baptismale en Dieu, Père et Créateur, qui s’est révélé dans le Fils Jésus Christ, en offrant l’Esprit qui vivifie et sanctifie, unit déjà les chrétiens. Sans la foi – qui est avant tout don de Dieu, mais aussi réponse de l’homme – tout le mouvement œcuménique se réduirait à une forme de « contrat » à souscrire dans un intérêt commun. Le Concile Vatican La véritable foi en Dieu est ensuite inséparable de la sainteté personnelle, comme aussi de la recherche de la justice. Au cours de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, qui se conclut aujourd’hui, le thème offert à notre méditation était: « Que nous demande le Seigneur ? », inspiré par les paroles du prophète Michée, que nous avons écoutées (cf. 6, 6-8). Il a été proposé par le Student Christian Movement in India, en collaboration avec la All India Catholic University Federation et le National Council of Churches in India, qui ont également préparé les documents d’accompagnement pour la réflexion et la prière. À tous ceux qui ont collaboré, je souhaite exprimer ma vive gratitude et, avec une grande affection, j’assure de ma prière tous les chrétiens de l’Inde qui sont parfois appelés à rendre témoignage de leur foi dans des conditions difficiles. « Marcher humblement avec Dieu » (cf. Mi 6, 8) signifie avant tout marcher dans la radicalité de la foi, comme Abraham, en se fiant à Dieu, et même en reposant en Lui chacune de nos espérances et aspirations, mais cela signifie aussi marcher au-delà des barrières, au-delà de 19 la haine, du racisme et de la discrimination sociale et religieuse qui divisent et nuisent à la société tout entière. Comme l’affirme saint Paul, les chrétiens doivent offrir les premiers un lumineux exemple dans la recherche de la réconciliation et de la communion dans le Christ, qui surmonte tout type de division. Dans la Lettre aux Galates, l’apôtre des nations affirme: « Car vous êtes tous fils de Dieu, par la foi, dans le Christ Jésus. Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ: il n’y a ni juif ni grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme ; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus » (3, 26-28). Notre recherche d’unité dans la vérité et dans l’amour, enfin, ne doit jamais perdre de vue la perception que l’unité des chrétiens est l’œuvre et le don de l’Esprit Saint et va bien au-delà de nos efforts. Par conséquent, l’œcuménisme spirituel, notamment la prière, est le cœur de l’engagement œcuménique (cf. Unitatis redintegratio, 8). Toutefois, l’œcuménisme ne portera pas de fruits durables s’il ne s’accompagne pas de gestes concrets de conversion qui éveillent les consciences et favorisent la guérison des souvenirs et des relations. Comme l’affirme le décret sur l’œcuménisme du Concile Vatican II : « Il n’y a pas de véritable œcuménisme sans conversion intérieure » (7). Une authentique conversion, comme celle suggérée par le prophète Michée et dont l’apôtre Paul est un exemple significatif, nous portera plus près de Dieu, au centre de notre vie, de façon à nous rapprocher davantage aussi les uns des autres. C’est là un élément fondamental de notre engagement œcuménique. Le renouveau de la vie intérieure de notre cœur et de notre esprit, qui se reflète dans la vie quotidienne, est crucial dans tout dialogue et parcours de réconciliation, en faisant de l’œcuménisme un engagement réciproque de compréhension, de respect et d’amour, « afin que le monde croie » (Jn 17, 21). Chers frères et sœurs, invoquons avec confiance la Vierge Marie, modèle inégalable d’évangélisation, afin que l’Église « à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (Lumen gentium, 1), annonce avec franchise, à notre époque aussi, le Christ Sauveur. Amen. ORF, 31.01.2013 20 NOUVELLES ŒCUMÉNIQUES IN MEMORIAM Frère Jeffrey Gros, FSC (1938-2013) seil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Les coprésidents de cette réunion étaient le Cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, et le Métropolite Amba Bishoy de Damiette. En cette occasion, les délégués catholiques ont rencontré des représentants des Églises orthodoxes orientales suivantes : Église syrienne orthodoxe d’Antioche, Église apostolique arménienne (Catholicosat de tous les arméniens, Etchmiadzine), Église apostolique arménienne (Saint Siège de Cilicie, Antelias), Église orthodoxe copte, Église orthodoxe Tewahedo d’Éthiopie, Église orthodoxe syrienne du Malankar. Aucun représentant de l’Église orthodoxe Tewahedo d’Érythrée n’a pu être présent. Les deux délégations se sont rencontrées séparément dans la matinée du 23 janvier. La Commission mixte dans son ensemble s’est réunie les 23, 24, 25 et 26 janvier. Chaque session a débuté par une prière nourrie des textes pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2013. Au début de la première session de travail, le Cardinal Koch a rappelé avec tristesse le décès de deux chefs des Églises orthodoxes orientales advenu depuis la dernière rencontre : Sa Sainteté Shenouda III, Pape d’Alexandrie et Patriarche du Siège de Saint Marc, et Sa Sainteté Abuna Paulos I, Patriarche de l’Église orthodoxe Tewahedo d’Éthiopie, lequel avait accueilli les membres de la Commission lors de la rencontre de 2012. Les participants ont prié en silence pour le repos de ces deux Patriarches ainsi que pour l’Évêque Mikhael Al-Jamil, Procureur général du Patriarcat catholique syrien, membre du dialogue décédé en décembre 2012. Les membres de la Commission ont également prié pour le nouveau Patriarche orthodoxe copte, Sa Sainteté le Pape Tawadros II, et pour le nouveau Patriarche catholique copte, Sa Béatitude Ibrahim Isaac Sidrak. Ils ont par ailleurs félicité Mgr Paul Rouhana, ordonné Évêque maronite de Sarba en juillet 2012 et beaucoup regretté que l’Archevêque catholique arménien d’Alep, Mgr Boutros Marayati, ne puisse être parmi eux en raison de la période dramatique que traversent sa ville et son pays. Le Frère Jeffrey Gros, Frère des écoles chrétiennes durant 58 ans, est mort à Chicago (Illinois, États-Unis), le 12 août 2013, après un long combat contre le cancer. Il était bien connu dans le mouvement œcuménique pour ses compétences et la passion de l’unité des chrétiens qui l’animait. Il est l’auteur de nombreux articles pour les revues et périodiques théologiques, également de nombreux livres sur l’œcuménisme, et a tenu des conférences pour des groupes religieux et universitaires très variés à travers le monde. Le Frère Gros fut l’un des coéditeurs de Growth in Agreement, ouvrage recueillant et présentant les rapports et déclarations d’accord des dialogues bilatéraux œcuméniques internationaux entre les Églises. Il fut pendant dix ans directeur de la Commission Foi et Constitution du Conseil national des Églises aux ÉtatsUnis et durant quatorze ans, directeur associé du Secrétariat pour les affaires œcuméniques et interreligieuses de la Conférence des évêques des ÉtatsUnis. Ces dernières années, il était Professeur Éminent de théologie historique et œcuménique au Memphis Theological Seminary. Il était président de la Society for Pentecostal Studies, consulteur du Bureau des affaires œcuméniques et interreligieuses de l’Archidiocèse de Chicago, professeur adjoint auprès de la Catholic Theological Union et doyen de l’Institute for Catholic Ecumenical Leadership. Le Frère Jeffrey aurait dû prononcer le discours d’ouverture de la réunion de la Society for Pentecostal Studies l’an passé en Virginie mais son état de santé ne lui a pas permis d’être présent. Un de ses collègues fut chargé de lire ce discours à sa place. « Pour conclure, je ne vois pas de meilleur avertissement pour nous chercheurs », écrivait-il « que celui que le défunt Cardinal Joseph Bernardin adressait à ses propres catholiques charismatiques, peu de temps avant sa mort : "Mes amis, souvenez-vous toujours du don que vous représentez en tant que communauté pour l’ensemble de l’Église de Jésus Christ et pour la société qui a si désespérément besoin du feu de l’amour de Dieu" ». Au cours de cette dixième rencontre, les membres de la Commission ont poursuivi leur étude portant sur les manières dont s’exprimait la pleine communion entre nos Églises dans les cinq premiers siècles. Ils se sont penchés en particulier sur le rôle de la reconnaissance mutuelle des saints de chacune des Églises. Le Métropolite Gabriel Mar Gregorios a présenté un texte intitulé « Les saints en tant qu’éléments de communion et de communication dans l’Églises primitive : un point de vue biblico-théologique » et le P. Mark Sheridan OSB a lu en parallèle son étude sur « Les saints en tant COMMISSION MIXTE INTERNATIONALE POUR LE DIALOGUE THEOLOGIQUE ENTRE L’ÉGLISE CATHOLIQUE ET LES ÉGLISES ORTHODOXES ORIENTALES Rome, 23-27 janvier 2013 La dixième rencontre de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales s’est tenue à Rome du 23 au 27 janvier 2013, auprès du Con21 qu’éléments de communion et de communication dans l’Église primitive ». La Commission a également examiné les procédures suivies par les différentes Églises dans le but d’identifier les nouveaux saints. Le P. Ronald Roberson CSP a quant à lui présenté un document intitulé « Le processus de reconnaissance/canonisation des saints dans l’Église catholique au cours de l’histoire et de nos jours » parallèlement à celui de l’Archevêque Nareg Alemezian qui portait sur « La procédure d’introduction d’un nouveau saint dans le calendrier des fêtes de l’Église – Reconnaissance/canonisation dans l’Église apostolique arménienne ». De brefs résumés concernant le processus de canonisation/reconnaissance dans leurs propres Églises ont été présentés par le Métropolite Bishoy (Église orthodoxe copte), le Métropolite Theophilus George Saliba (Église syrienne orthodoxe d’Antioche), le P. Daniel Seifemichael Feleke (Église Tewahedo orthodoxe d’Éthiopie), le Métropolite Youhanon Mar Demetrios (Église orthodoxe syrienne du Malankar) et le Métropolite Theophilose Kuriakose (Église syrienne orthodoxe d’Antioche). Sur la base de ces différentes études, les participants ont pris note que la reconnaissance mutuelle des saints – qui dans les premiers cinq siècles de l’ère chrétienne était un phénomène essentiellement local – était un élément constitutif de l’expression de la pleine communion à cette période. Les 13 et 14 septembre 2012, un comité de rédaction s’était rencontré à Rome et avait rédigé une ébauche de document intitulée « L’exercice de la communion dans la vie de l’Église primitive et ses implications dans notre recherche de la communion aujourd’hui ». Une grande partie de cette dixième rencontre a été consacrée à un examen attentif de ce projet de document auquel un chapitre sur la reconnaissance mutuelle des saints sera ajouté. Le Comité de rédaction a pris note des commentaires et des observations des membres et en tiendra compte lors de la préparation d’un texte plus vaste qui sera présenté à la prochaine réunion. Le vendredi 25 janvier, la Commission a été reçue en audience par Sa Sainteté le Pape Benoît XVI et en cette occasion, le Métropolite Bishoy a présenté au Saint-Père les salutations de l’ensemble des membres. Il l’a remercié pour ses condoléances lors du récent décès des Patriarches copte et éthiopien et pour son message de félicitations au nouveau Pape Tawadros II. Il lui a également remis une icône peinte à la main représentant la Vierge Marie, Mère de Dieu. Nous reportons ci-après les paroles que le Pape Benoît XVI a ensuite adressées aux membres de la Commission : « C’est avec joie dans le Seigneur que je vous accueille, chers membres de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales. À travers vous, j’étends mes salutations fraternelles aux chefs de toutes les Églises orthodoxes orientales. De façon particulière, je salue Son Éminence Anba Bishoy, coprésident de la Commission, et je le remercie pour ses aimables paroles. Avant toute chose, je voudrais rappeler avec estime la mémoire de Sa Sainteté Shenouda III, Pape d’Alexandrie et Patriarche du Siège de Saint-Marc, récemment disparu. Je rappelle également avec gratitude Sa Sainteté Abuna Paulos, Patriarche de l’Église orthodoxe éthiopienne Tewahedo, qui a accueilli l’an dernier la neuvième rencontre de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique à Addis Abeba, en Éthiopie. J’ai été également triste d’apprendre la mort de Mgr Jules Mikhael Al-Jamil, Archevêque titulaire de Takrit et Procureur du patriarcat syro-catholique à Rome, ainsi que membre de votre Commission. Je m’unis à vos prières pour le repos éternel de ces dévoués serviteurs du Seigneur. Notre rencontre d’aujourd’hui nous donne l’occasion de réfléchir ensemble avec gratitude sur le travail de la Commission mixte internationale, qui a commencé il y a dix ans, en janvier 2003, à l’initiative des autorités ecclésiales de la famille des Églises orthodoxes orientales et du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Au cours des dix dernières années, la Commission a examiné d’un point de vue historique les diverses façons dont les Églises ont exprimé leur communion dans les premiers siècles. Au cours de cette semaine consacrée à la prière pour l’unité de tous les disciples du Christ, vous vous êtes rencontrés pour examiner plus profondément la communion et la communication qui existaient entre les Églises au cours des cinq premiers siècles de l’histoire chrétienne. En reconnaissant les progrès accomplis, j’exprime l’espoir que les relations entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales continuent de se développer dans un esprit fraternel de coopération, en particulier au moyen de l’approfondissement d’un dialogue théologique capable d’aider tous les disciples du Seigneur à croître dans la communion et à apporter au monde le témoignage de la vérité salvifique de l’Évangile. Un grand nombre d’entre vous proviennent de régions où les chrétiens, en tant que personnes et en tant que communautés, affrontent de douloureuses épreuves et difficultés, qui sont une source de profonde préoccupation pour nous tous. À travers vous, je désire assurer tous les fidèles du Moyen-Orient de ma proximité spirituelle et de ma prière afin que cette terre, si importante dans le dessein de salut de Dieu, puisse être guidée, à travers le dialogue constructif et la coopération, vers un avenir de justice et de paix durable. Tous les chrétiens doivent œuvrer ensemble dans l’acceptation et la confiance réciproques pour servir la cause de la paix et de la justice, en fidélité à la volonté du Seigneur. Puissent l’exemple et l’intercession des innombrables martyrs et saints qui, tout au long des siècles, ont apporté un témoignage courageux du Christ dans toutes nos Eglises, nous soutenir et nous renforcer tous alors que nous affrontons les défis du présent 22 avec confiance et espérance dans l’avenir que le Seigneur ouvre à nous. Sur vous, et sur tous ceux qui sont associés au travail de la Commission, j’invoque cordialement une effusion renouvelée des dons de sagesse, de joie et de paix de l’Esprit Saint. Merci pour votre attention. » Plus tard dans la journée, les délégués ont pris part aux Vêpres œcuméniques présidées par Benoît XVI à la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs en conclusion de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Dans la soirée du 24 janvier, les participants au dialogue et quelques membres du personnel du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens se sont retrouvés pour un repas cordialement offert par le Cardinal Koch à la Domus Sanctae Marthae, au Vatican. Le Cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales, était également présent en cette occasion. La onzième réunion de la Commission mixte internationale se tiendra au Kerala, en Inde, et sera accueillie par l’Église orthodoxe syrienne du Malankar. Les participants arriveront le lundi 27 janvier 2014. Le 28 janvier, catholiques et orthodoxes se réuniront séparément et se retrouveront en session plénière les 29, 30, 31 janvier et le 1er février 2014. En conclusion, les participants ont offert dans la joie leur action de grâce à Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, pour le travail accompli durant cette rencontre. Église orthodoxe Tewahedo d’Érythrée : Rév. Kaleab Gebreselassie Gebru, Patriarcat orthodoxe Tewahdo d’Érythrée (Asmara, Érythrée) (n’a pas pu prendre part à la rencontre); Église orthodoxe Tewahedo d’Éthiopie : Archevêque Markos du Gojjam oriental (n’a pas pu prendre part à la rencontre) ; P. Daniel Seifemichael Feleke, Holy Trinity Theological University College d’Addis Ababa (Éthiopie); Église orthodoxe syrienne du Malankar : Métropolite Dr. Gabriel Mar Gregorios, président du Département des relations œcuméniques, diocèse de Trivandrum (Inde) ; Métropolite Dr. Youhanon Mar Demetrios, Évêque de Delhi (cosecrétaire) (Delhi, Inde). Représentants de l’Église catholique Cardinal Kurt Koch (coprésident), président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens ; Mgr Paul-Werner Scheele, Évêque émérite de Würzburg (Allemagne) ; Mgr Youhanna Golta, Évêque auxiliaire patriarcal du Patriarcat copte catholique (Le Caire, Égypte) ; Mgr Boutros Marayati, Archevêque arménien catholique d’Alep (Syrie) (n’a pas pu prendre part à la rencontre) ; Mgr Woldetensae Ghebreghiorghis, Vicaire apostolique de Harar (Éthiopie), président de la Commission œcuménique de l’Église catholique en Éthiopie et en Érythrée ; Mgr Paul Rouhana OLM, Évêque maronite de Sarba et secrétaire général du Conseil des Églises du MoyenOrient (Jounieh, Liban); P. Frans Bouwen M.Afr., consulteur du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (Jérusalem) ; P. Columba Stewart OSB, directeur du Hill Museum et de la Manuscript Library, St. John’s Abbey and University (Collegeville, Minnesota, États-Unis) ; P. Ronald G. Roberson CSP, directeur associé du Secrétariat aux Affaires œcuméniques et interreligieuses de la Conférence des Évêques catholiques des ÉtatsUnis (Washington, DC, États-Unis) ; P. Mark Sheridan OSB, Athénée pontifical SaintAnselme (Rome) ; MEMBRES DE LA COMMISSION Représentants des Églises orthodoxes orientales (par ordre alphabétique) Église syrienne orthodoxe d’Antioche : Archevêque du Mont Liban Mor Theophilus George Saliba, secrétaire du Saint-Synode de l’Église syrienne orthodoxe (Beyrouth, Liban); Métropolite Kuriakose Theophilose, Séminaire théologique syrien orthodoxe du Malankar et président du Secrétariat pour l’œcuménisme de l’Église syrienne orthodoxe du Malankar en Inde (Ernakulam, Inde) ; Église apostolique arménienne : Catholicosat de tous les Arméniens: Archevêque Khajag Barsamian, Diocèse oriental des États-Unis (New York) ; Archevêque Yeznik Petrossian, Secrétaire général de la Société biblique arménienne (Etchmiadzine, Arménie) ; Église apostolique arménienne : Saint-Siège de Cilicie: Archevêque Oshagan Choloyan, prélat de la Prélature orientale aux États-Unis (New York) ; Archevêque Nareg Alemezian, responsable à l’œcuménisme du Saint-Siège de Cilicie (Antelias, Liban) ; P. Mathew Vellanickal, Vicaire général de l’Archidiocèse de Changanacherry (Inde) ; P. Boghos Levon Zekiyan, Institut oriental pontifical (Rome) ; Pr Dietmar W. Winkler, consulteur du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (Salzburg, Autriche) ; P. Gabriel Quicke, collaborateur du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (Rome) (cosecrétaire). Église copte orthodoxe : Métropolite de Damiette Anba Bishoy (coprésident), secrétaire général du SaintSynode de l’Église copte orthodoxe (Égypte) ; P. Shenouda Maher Ishak (West Henrietta, New York, États-Unis) ; Évêque Daniel, Église copte orthodoxe à Sydney (Australie) (observateur) ; 23 DIALOGUE ENTRE LE CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PROMOTION DE L’UNITE DES CHRETIENS ET LA COMMUNAUTE DES ÉGLISES EVANGELIQUES EN EUROPE (GEKE) Vienne( Autriche), 8-9 février 2013 la CMER sont particulièrement reconnaissants à la Notre Dame University et à son président, le Rév. John Jenkins, CSC, de leur accueil et de leur aimable hospitalité durant cette réunion. Le thème général de cette phase qui devrait se conclure en 2017 est le suivant : « Justification et sacramentalité : La communauté chrétienne, artisane de justice ». L’Évêque Kevin Rhoades, du diocèse de Fort Wayne-South Bend dans l’Indiana (États-Unis) et la Rév. Dr Martha Moore-Keish, du Columbia Theological Seminary de Decatur (Georgia, ÉtatsUnis), coprésident respectivement ce dialogue au nom de l’Église catholique et de la CMER. Les secrétaires sont le Rév. Dr Douwe Visser, Secrétaire exécutif pour la théologie, la mission et la communion de la CMER, et le Rév. Dr Gregory Fairbanks du CPPUC. Les autres participants de l’Église réformée étaient les suivants : Rév. Dr Reinerio Arce-Valentin (Cuba); Rév. Dr Marina Ngursangzeli Behera (Inde); Dr Christopher Dorn (États-Unis); Rév. Dr George Hunsinger (États-Unis); Dr George Sabra (Liban); Rév. Dr Lindsay Schlüter (Écosse). Le Rév. Dr Benebo Fubara-Manuel (Nigéria) n’a pas pu prendre part à la rencontre. Les participants catholiques étaient le Dr Peter Casarella (États-Unis), le Dr Peter De Mey (Belgique), le Rév. P. Dr William Henn, OFM cap. (ÉtatsUnis/Italie) et le Rév. P. Dr Jorge Scampini, OP (Argentine). Le Dr Annemarie Mayer (Allemagne) n’a pas pu participer à la réunion. Au cours de cette rencontre, les participants ont réfléchi sur « La justification et la sanctification » et sur « Le rôle prophétique et l’autorité dans l’Église » du point de vue réformé et catholique. Des textes de travail avaient été préparés à cet effet par le Rév. Dr Reinerio Arce-Valentin et le Dr Christopher Dorn du côté réformé et par le Dr Annemarie Mayer et le Dr Casarella du côté catholique. Cette phase de dialogue devrait permettre de continuer à progresser sur la base des accords déjà atteints ; elle devrait aider les chrétiens réformés et catholiques à grandir ensemble dans la foi et la CMER à prendre une décision quant à une éventuelle adhésion à la Déclaration commune sur la doctrine de la justification (DCDJ). Il s’agit d’une déclaration d’accord signée en 1999 par l’Église catholique et la Fédération luthérienne mondiale concernant la nature de la justification qui représente un point essentiel de la Réforme protestante. En 2006, le Conseil méthodiste mondial a adhéré à la DCDJ en mettant l’accent sur la sanctification. Trois phases de dialogue ont déjà eu lieu entre l’Alliance réformée mondiale (ARM) et le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Au terme de chacune d’entre elles, un rapport a été publié : « La présence du Christ dans l’Église et dans le monde » (1970-1977) ; « Vers une compréhension commune de l’Église » (1984-1989) ; et « L’Église comme communauté de témoignage commun du Les 8 et 9 février 2013 a eu lieu à la AlbertSchweitzer-Haus, à Vienne, la première rencontre d’une série de consultations entre la Communauté des Églises évangéliques en Europe (GEKE) et le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Ce cycle de réunions, le premier entre les protestants d’Europe et l’Église catholique, portera sur la compréhension du concept d’Église et sur ce que recouvre aujourd’hui l’expression « objectifs de l’œcuménisme », et s’étendra sur plusieurs années. Chaque délégation était formée de sept théologiens et théologiennes qui se sont réunis sous la direction de l’Évêque Friedrich Weber (Braunschweig) et de l’Évêque Karl-Heinz Wiesemann (Speyer). Les autres délégués nommés par le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens étaient l’évêque de Raphoe (Irlande), Mgr Philip Boyce OCD, le Pr Michel Deneken (Strasbourg, France), le Pr Josef Freitag (Erfurt, Allemagne), le Pr Angelo Maffeis (Brescia, Italie), le Pr Wolfgang Thönissen (Paderborn, Allemagne) et le Pr Myriam Wijlens (Erfurt, Allemagne). Mgr Matthias Türk (Cité du Vatican) est cosecrétaire. De la délégation de la GEKE font partie le Dr John Bradbury (Cambridge, Grande-Bretagne), le Pr Stephanie Dietrich (Oslo, Norvège), le Pr Fulvio Ferrario (Rome, Italie), le Pr Friederike Nüssel (Heidelberg, Allemagne), le Pr Miriam Rose (Jena, Allemagne) et le Pr Stefan Tobler (Hermannstadt/Sibiu, Roumanie). Le Pr Martin Friedrich (Vienne, Autriche) est également cosecrétaire. La rencontre, qui s’est déroulée dans une atmosphère détendue, a débuté par l’étude de deux textes fondamentaux : le document « L’Église du Christ » de 1994, publié en conclusion des conversations doctrinales de la GEKE et l’évaluation des résultats du dialogue évangélique-catholique faite par le Cardinal Walter Kasper dans l’étude de 2009 intitulée « Harvesting the Fruits » (Récolter les fruits). Les délégués ont constaté l’existence de diverses concordances et possibles rapprochements sur lesquels un travail ultérieur sera nécessaire. La prochaine rencontre aura lieu les 16 et 17 décembre 2013 à Speyer (Allemagne). DIALOGUE INTERNATIONAL REFORME-CATHOLIQUE 7-13 avril 2013, South Bend (Indiana, États-Unis) La troisième rencontre de la quatrième phase du dialogue international entre la Communion mondiale des Églises réformées (CMER) et le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (CPPUC) s’est tenue du 7 au 13 avril 2013 à la Notre Dame University de South Bend (Indiana, États-Unis). Le CPPUC et 24 Royaume de Dieu » (1998-2005). La Communion mondiale d’Églises réformées est née de la fusion en juin 2010 de l’Alliance réformée mondiale et du Conseil œcuménique réformé. La quatrième rencontre de ce cycle de conversations se tiendra en Écosse, en avril 2014. Elle portera sur les thèmes suivants : « Justification : sainte communion/ eucharistie et justice » et « Justification et justice : sanctification/appel universel à la sainteté ». introduction qui permettra de situer chaque document dans le contexte œcuménique actuel. La Commission a partagé un repas avec des représentants des Églises anglicane et catholique locales, parmi lesquels l’Évêque anglican Filadelfo Oliveira et l’Évêque catholique Francisco Biasin, ainsi que des membres du dialogue anglican-catholique au Brésil. L’ARCIC est désireuse d’approfondir les relations avec les commissions de dialogue anglican-catholique locales et régionales et est heureuse que les deux Communions cherchent concrètement à faire connaître ces documents et à encourager le débat autour du travail de l’ARCIC. Les membres de la Commission ont passé presque une journée entière dans la Cité de Dieu, une des nombreuses favelas (quartiers abritant un grand nombre de pauvres et de personnes vivant en marge de la société) entourant Rio de Janeiro. Ils ont été chaleureusement accueillis par le P. Marcio José à la paroisse catholique. Le Rév. Nicholas Wheeler de la paroisse anglicane avait organisé pour la Commission la visite à trois projets lancés par sa communauté (un centre d’accueil de jour pour personnes âgées, un centre de développement communautaire et un projet de peinture murale retraçant l’histoire de la communauté et offrant une vision de la Cité de Dieu selon l’Apocalypse), ainsi qu’une rencontre avec des officiers de la police locale pour illustrer comment celle-ci cherche à intervenir positivement auprès de la communauté. La soirée s’est conclue par la célébration de vêpres œcuméniques. Un des membres de la Commission a rapporté ce qui suit : « Voulant exprimer sa gratitude, un de nos évêques cherchait un mot pouvant résumer notre visite et le seul mot qui lui est venu à l’esprit est ‘espérance’. L’espérance est née d’une action œcuménique concrète – qui certes s’est développée en milieu chrétien, ce dont il n’y a pas avoir honte, mais œuvre pour le bien de la communauté tout entière – et du travail dur et intense et de la capacité à s’organiser de la population locale ». La Commission préparera de nouveaux textes de travail, élargira son champ d’étude et continuera sa tâche en vue de la prochaine rencontre qui aura lieu du 12 au 20 mai 2014. COMMISSION INTERNATIONALE ANGLICANECATHOLIQUE (ARCIC) Rio de Janeiro (Brésil), 29 avril-7 mai 2013 La Commission internationale anglicane-catholique, organisme officiellement chargé du dialogue théologique par les deux Communions, s’est réunie au Mosteiro de Sao Bento (Rio de Janeiro, Brésil) du 29 avril au 7 mai 2013. Il s’agissait de la troisième rencontre de la nouvelle phase de dialogue (ARCIC III) et en quarante ans d’existence, c’était la toute première fois que l’ARCIC se réunissait en Amérique Latine et, qui plus est, dans l’hémisphère sud. Les membres de la Commission désirent exprimer toute leur gratitude à Dom Filipe da Silva OSB, Abbé du monastère, et à l’ensemble de la communauté pour leur généreuse hospitalité, ainsi qu’à l’archevêché de Rio de Janeiro. La Commission a participé aux vêpres quotidiennes, à l’eucharistie dominicale dans l’église du monastère et a également été soutenue dans la prière par toute la communauté monastique. Les nombreux documents de travail présentés et discutés au cours de cette rencontre ont permis à la Commission de progresser vers la rédaction d’une déclaration d’accord. Durant cette troisième phase, l’ARCIC a pour tâche d’étudier les questions suivantes : L’Église en tant que communion et Église locale et universelle : comment, dans la communion, l’Église locale et universelle parvient à discerner ce qui constitue un juste enseignement éthique. En se lançant dans cette recherche, les membres de la Commission se sont engagés dans une analyse théologique et dans une réflexion commune sur la nature de l’Église et les structures contribuant au discernement et aux prises de décision. Une journée a été dédiée à des études de cas préparées par les membres sur certaines questions éthiques et à analyser comment les deux Communions sont parvenues à leurs enseignements respectifs actuels sur ces sujets. MEMBRES DE L’ARCIC III PRESENTS A LA RENCONTRE Coprésidents Mgr Bernard Longley, Archevêque de Birmingham (Angleterre) T. Rév. Christopher Hill, Évêque de Guildford, coprésident suppléant Pendant ses quarante années d’existence, l’ARCIC a produit diverses déclarations d’accord. Le travail effectué par l’ARCIC I a reçu des réponses officielles de la part des deux Communions. La Commission a poursuivi la préparation des documents de l’ARCIC II afin de les présenter aux deux Communions respectives pour en favoriser la réception. Les membres ont passée en revue les réponses déjà fournies pour chacune des cinq déclarations d’accord et prépareront une Église catholique P. Robert Christian OP, Université Angelicum (Rome) P. Adelbert Denaux, Doyen de la Tilburg School of Catholic Theology (Utrecht, Pays-Bas) 25 Mgr Arthur Kennedy, Évêque auxiliaire de l’Archidiocèse de Boston (Massachusetts, États-Unis) Pr Paul D. Murray, Durham University (Angleterre) Sr Teresa Okure SHCJ, Catholic Institute of West Africa (Port Harcourt, Nigéria) Pr Janet E. Smith, Sacred Heart Major Seminary (Detroit, Michigan, États-Unis) P. Vimal Tirimanna CSsR, Université Alphosianum (Rome) Dom Henry Wansbrough OSB (Ampleforth Abbey, Angleterre) Communion anglicane Chanoine Dr Paul Gooder (Birmingham, Angleterre) Église d’Angleterre T. Rév. Christopher Hill, Évêque de Guildford (Angleterre) – Église d’Angleterre T. Rév. Nkosinathi Ndwandwe, Évêque suffragant de Natal, Région du sud (Afrique du Sud) T. Rév. Linda Nicholls, Évêque régional pour TrentDurham, Diocèse de Toronto (Canada) Rév. Chanoine Michael Nai-Chiu Poon, Trinity Theological College (Singapour) – Province du sud-est de l’Asie Rév. Peter Sedgwick, St Michael’s College, (Llandaff, Wales) – Église du Pays de Galles Rév. Charles Sherlock, Diocèse anglican de Bendigo (Australie) Rév. Chanoine Jonathan Goodall, Représentant de l’Archevêque de Cantorbéry Consulteurs Rév. Odair Pedroso Mateus, Secrétariat de la Commission Foi et Constitution (Conseil œcuménique des Églises) Cosecrétaires de la Commission Chanoine Alyson Barnett-Cowan (Bureau de la Communion anglicane), Mgr Mark Langham (Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens) et Mr Neil Vigers (Agent d’administration, Bureau de la Communion anglicane) Traductions de l’anglais au français SI 26 COMMISSION POUR LES RELATIONS RELIGIEUSES AVEC LE JUDAISME MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS AU GRAND RABBIN DE ROME POUR LA FETE DE PESACH VŒUX DU GRAND RABBIN DE ROME POUR LA FETE DE PAQUES Le Pape François a adressé un télégramme à la Communauté juive de Rome à l’occasion de la fête de Pesach qui en cette année 2013 commençait au crépuscule du lundi 25 mars. Nous publions, ci-dessous, la traduction de la Radio Vaticane du message du Saint-Père au Grand Rabbin de Rome, Riccardo di Segni, qu’il a rencontré le 20 mars 2013 au cours de l’audience avec les délégations des représentants des autres confessions chrétiennes et religions non chrétiennes. Suite à la lettre de vœux que le Pape François a adressée à Riccardo Di Segni et à l’ensemble de la Communauté juive de Rome pour la fête de Pesach, le Grand Rabbin de Rome a fait parvenir au Saint-Père ses meilleurs vœux pour la fête de Pâques. Nous proposons ci-dessous une traduction française de ce message : Je vous remercie beaucoup des souhaits cordiaux que vous m’avez fait parvenir ainsi qu’à ma communauté à la veille de Pesach, renforçant ainsi la belle et récente coutume d’un échange de vœux pour les principales fêtes religieuses célébrées des deux côtés du Tibre. À mon tour, en vous adressant mes vœux, j’aimerais souligner que la Pâque est particulièrement significative car cette importante fête de nos communautés, qui souvent coïncide sur le calendrier comme c’est le cas cette année, représente à la fois un lien et une séparation entre nos deux religions. Une séparation qui au cours des temps, comme cela s’est récemment produit, ont donné lieu à des manifestations d’hostilité et d’intolérance antisémites. Si nos deux traditions religieuses vivent aujourd’hui leurs fêtes respectives dans la joie et l’harmonie, ce qui n’était pas le cas dans le passé, nous le devons à tous ceux qui se sont engagés dans un travail de guérison et de cela, nous devons rendre grâce à Dieu. Nous prions pour vous, dans un esprit d’amitié respectueuse et fraternelle, conscients de la difficulté que nous rencontrons à vous souhaiter non seulement ce que nous pensons être pour votre bien mais aussi et surtout ce que vous estimez être votre bien, aussi différent et incompréhensible que cela puisse nous paraître. En ces jours de prière rituelle qui portent le poids des incompréhensions du passé, je souhaite que le Très Haut donne à chacun de nous de comprendre le sens de la diversité et l’importance de la fraternité. À quelques jours de notre rencontre, et avec une gratitude renouvelée pour avoir voulu honorer de votre présence et de celle d’autres éminents représentants de la Communauté juive la célébration du début de mon ministère, je suis particulièrement heureux de vous exprimer ainsi qu’à toute la Communauté de Rome, mes vœux les plus fervents pour la grande fête de Pesach. Que le Tout-Puissant, qui a libéré votre peuple de l’esclavage en Égypte pour le guider vers la Terre Promise, continue de vous délivrer de tout mal et de vous accompagner par sa bénédiction. Je vous demande de prier pour moi, tandis que je vous assure de ma prière pour vous, dans l’espérance de pouvoir approfondir les liens d’estime et d’amitié réciproque. Du Vatican, le 25 mars 2013 FRANÇOIS ORF, 28.03.2013 ORE, 10.04.2013 Traduction de l’anglais au français SI 27 DOCUMENTATION SUPPLEMENTAIRE IVE RAPPORT DE LA COMMISSION INTERNATIONALE POUR LE DIALOGUE ENTRE LES DISCIPLES DU CHRIST ET L’ÉGLISE CATHOLIQUE ROMAINE 2003-2009 La présence du Christ dans l’Église, en se référant spécialement à l’eucharistie B Déclaration sur le Baptême E Déclaration sur l’Eucharistie M Déclaration sur le Ministère [Le document en entier est désigné par le sigle BEM] ABREVIATIONS Précédentes Déclarations communes de la Commission internationale pour le dialogue entre les Disciples du Christ et l’Église catholique romaine : AC Apostolicité et catholicité, 1982 (Apostolicity and Catholicity) ECDC L’Église comme communion dans le Christ, 1992 (The Church as Communion in Christ) RTF Recevoir et transmettre la foi, 2002 (Receiving and Handing on the Faith) PL CEC DOCUMENTS DU CONCILE VATICAN II SC LG UR PO Sacrosanctum concilium: Constitution sur la Sainte Liturgie, 1963 Lumen gentium: Constitution dogmatique sur l’Église, 1964 Unitatis redintegratio: Décret sur l’œcuménisme, 1964 Presbyterorum ordinis: Décret sur le ministère et la vie des prêtres, 1965 CDC Patrologia Latina, ed. J.P. Migne, publié à Paris de 1844 à 1865. Il existe une banque de donnée en ligne de la première édition, complétée par les index publiés par Chadwick-Healey, Cambridge, 1996-2008, avec références à l’original sur deux colonnes. Catéchisme de l’Église Catholique, Édition Mame/Plon, Paris 1992 (suivi du numéro du paragraphe) The Church for Disciples of Christ : seeking to be truly church today (L’Église pour les Disciples du Christ : pour être vraiment Église aujourd’hui), A Report and Resource by Commission on Theology of the Council on Christian Unity, ed. Paul A Crow, Jr & James O. Duke, St Louis 1998 (avec le numéro de la page) Les citations bibliques sont tirées de la Bible TOB éditée par la Société biblique française, Éditions du Cerf. Les références à la Déclaration Baptême, Eucharistie, Ministère de la Commission « Foi et Constitution », Genève 1982, figurent en abrégé, avec le numéro du paragraphe correspondant : 28 4. Au cours de cette période de dialogue, la Commission a pu découvrir des convergences significatives sur les questions de foi fondées sur une vision commune de certains aspects de notre thème, qui sont présentées aujourd’hui dans cette Déclaration. La première partie de la Déclaration réaffirme l’engagement commun des Disciples et des catholiques en faveur de l’unité voulue par le Christ pour son Église. La deuxième partie réfléchit sur la présence du Christ dans le monde et dans l’Église. Ensemble, nous croyons que la Parole de Dieu et les sacrements sont des moyens par lesquels se manifeste la présence permanente du Christ ressuscité. La troisième partie se concentre plus spécifiquement sur notre conception de la présence du Christ dans l’eucharistie. La quatrième partie traite du sacerdoce du Christ et de ses ministres. La conclusion résume brièvement nos discussions et indique des pistes pour la poursuite de ce dialogue. LA PRESENCE DU CHRIST DANS L’ÉGLISE, EN SE REFERANT SPECIALEMENT A L’EUCHARISTIE INTRODUCTION 1. La présente Déclaration commune est l’aboutissement de la quatrième phase du dialogue international entre les Disciples du Christ et l’Église catholique romaine, qui a pour but la pleine unité visible entre nos deux communions. Même si le climat œcuménique a changé depuis 1976, quand est né le projet de ce dialogue, ni les Disciples ni les catholiques ne se contenteraient d’un objectif moins ambitieux. Les trois Déclarations communes précédentes portaient sur « Apostolicité et catholicité » (AC, 1977-82), « L’Église comme communion dans le Christ » (ECDC, 1983-92), et « Recevoir et transmettre la foi » (RTF, 1993-2002). Le thème choisi pour cette quatrième phase était « La présence du Christ dans l’Église, en se référant spécialement à l’eucharistie ». Les précédentes déclarations ont informé notre travail au cours de cette phase. 2. La Commission a commencé son travail en rappelant les points de convergence et d’accord apparus dans les trois précédentes phases de ce dialogue international, notamment sur les sacrements et sur les modalités de la transmission de la foi. Nous avons été d’accord en particulier pour souligner l’importance de l’œcuménisme spirituel et pour situer toute notre réflexion dans un climat de prière, en demandant à Dieu de nous guider. La Déclaration commune publiée au terme de la première phase du dialogue parlait de l’« espace évangélique » qui s’ouvre à ceux qui « sont empêchés, comme communautés ou comme personnes, de chercher à justifier [leurs] divisions… [et qui sont] poussés à la recherche d’une vie partagée dans une communauté réconciliée » (AC 20). À cet effet, nous avons passé beaucoup de temps à nouer des relations entre nous et à présenter nos ecclésiologies respectives. Nous n’avons pas encore atteint la pleine communion ecclésiale, et nous ne pouvons donc pas partager l’eucharistie ensemble. L’absence d’une pleine communion entre nous, qui est en contradiction avec la volonté du Christ, nous pousse à nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu et à suivre son appel à surmonter nos divisions ». 3. Nous nous sommes réunis à Bari (Italie) en 2004 ; à Indianapolis (États-Unis) en 2005 ; à Rome (Italie) en 2006 ; à Saint-Louis (États-Unis) en 2007 ; et à Vienne (Autriche) en 2008. Chacune de ces rencontres s’est déroulée dans un climat de prière quotidienne, matin et soir, comprenant des célébrations eucharistiques des Disciples et des catholiques. À côté des deux communications théologiques principales, chaque rencontre comportait aussi des temps d’étude biblique et de réflexion théologique. Chaque fois, nous avons eu en outre des occasions de rencontre avec les représentants des Églises locales. 1. NE FAIRE QU’UN EN CHRIST DANS L’ÉGLISE 1.1. Notre engagement commun pour l’unité de l’Église 5. Ensemble, catholiques et Disciples confessent que l’Église est une et que son unité est un don de Dieu. Pour les Disciples comme pour les catholiques, l’unité visible de l’Église est au cœur de l’Évangile. Dans sa deuxième Déclaration commune, la Commission notait que « Alexander Campbell était convaincu que l’union des chrétiens est essentielle pour la conversion du monde... De son côté, l’Église catholique romaine proclame qu’elle est chargée d’une mission spécifique pour l’unité du monde, et affirme que cette unité est manifestée et donnée dans la communion eucharistique. Elle enseigne aussi que le salut du monde dépend du rétablissement de l’unité entre tous les chrétiens » (ECDC 8)1. Le but de notre dialogue est l’unité visible de nos deux communions. 6. Notre base de départ, en vue de ce but, est notre unité en Christ. Quelle est la nature de l’union entre le Christ et l’Église ? Ensemble, Disciples et catholiques affirment que l’Église est communion dans le Christ. L’Église est l’assemblée du Peuple de Dieu, fondée par et en Jésus Christ, nourrie et fortifiée par l’Esprit Saint. En suivant l’apôtre Paul, Disciples et catholiques reconnaissent que l’Église est le Corps du Christ (1 Co 12, 27). La Commission théologique nordaméricaine des Disciples a déclaré, à propos de la nature divinement constituée de l’Église : « L’Église est une communauté née de l’Évangile, pacte d’amour de Dieu en Jésus Christ, et vivifiée par la puissance de l’Esprit de Dieu, pour louer et servir le Dieu vivant » (CDC 19). Et la Constitution dogmatique sur l’Église dit : « L’Église universelle apparaît comme un peuple rassemblé dans l’unité du Père, du Fils et du SaintEsprit… Le Christ, unique médiateur, a établi et sou- 1. A. Campbell, Foundation of Christian Union, The Christian System (4e ed., Cincinnati 1867), 107 ; UR 1. 29 tient sans cesse ici-bas sa sainte Église, qui est une communauté de foi, d’espérance et de charité, comme un organe visible par lequel il répand sur tous la vérité et la grâce » (LG 4). 7. Sans cette union au Christ, l’Église se réduirait à une organisation purement humaine et l’issue de sa mission serait incertaine. À la Pentecôte, la mission du Christ et de l’Esprit Saint est devenue la mission de toute l’Église, envoyée proclamer et propager le mystère de communion de la Sainte Trinité. Les membres de l’Église sont envoyés, à l’exemple des apôtres, pour témoigner la vérité du Christ. Ils sont revêtus de l’Esprit Saint pour communiquer et répandre l’envoi du Fils par le Père, et l’envoi de l’Esprit dans le monde par le Christ ressuscité, en tout temps et en tout lieu. Ils sont purifiés dans le sang de l’Agneau et sanctifiés en tant qu’Épouse du Christ. Dans une phase précédente du dialogue, la Commission avait établi que « l’Église est guidée par l’Esprit Saint et que pour cette raison, en définitive, elle n’échouera pas dans sa tâche de proclamer l’Évangile » (RTF 2). 8. L’Église vit du Christ, en Christ et pour le Christ. Cependant, la Commission reconnaît qu’il est important de distinguer Jésus Christ de son Église. Car en identifiant totalement le Christ avec l’Église, nous risquerions de ne pas reconnaître les péchés des membres de l’Église ou d’en attribuer la faute au Christ. Alors que le Christ, Verbe incarné de Dieu, est sans péché, sa mission rédemptrice auprès des hommes les laisse libres et ne les empêche pas de rejeter sa grâce. La Constitution dogmatique sur l’Église dit que « tandis que le Christ, ‘saint, innocent et sans souillure’ (He 7, 26) n’a pas connu le péché (cf. 2 Co 5, 21), mais est venu seulement expier les péchés du peuple (cf. He 2, 17), l’Église qui renferme en son sein les pécheurs, qui est sainte et, en même temps, doit toujours être purifiée, recherche sans cesse la pénitence et le renouvellement » (LG 8). la route ; nous avons fait le premier pas dans la foi par le baptême qui est aussi appel à cette unité finale » (AC 61). Le Décret sur l’œcuménisme de Vatican II dit que « ceux qui croient au Christ et qui ont reçu validement le baptême se trouvent dans une certaine communion, bien qu’imparfaite, avec l’Église catholique » (UR 3)2 ; ce qui correspond à la conviction des Disciples, affirmée de façon moins formelle, selon laquelle les personnes qui ont été baptisées dans une autre Église (que ce soit à la naissance ou à l’âge adulte) sont déjà des frères et des sœurs dans le Christ, et qu’un nouveau baptême par immersion n’est pas nécessaire. 11. Il n’en reste pas moins qu’à l’heure actuelle, notre communion est imparfaite. La Commission doit donc explorer plus à fond les implications de cette communion, même imparfaite, entre l’Église catholique et les croyants des communautés séparées. Devant l’absence apparente d’accord entre nous sur des questions de foi substantielles, nous avons ressenti le besoin de définir et d’analyser ces questions de façon plus précise que nous ne l’avions fait jusqu’à présent. Nous avons pu ainsi apprécier avec plus de force deux questions, liées entre elles, que nous nous posons mutuellement : les catholiques demandent aux Disciples en quel sens ils se considèrent comme catholiques et apostoliques. Et les Disciples demandent aux catholiques quelle est la place des Disciples dans leur conception de la catholicité et de l’apostolicité de l’Église. Dans Apostolicité et catholicité, la Commission parle d’une « qualité de vie évangélique marquée par la volonté d’être fidèles au Christ et ouverts les uns aux autres… Cette metanoia apporte ce qu’on pourrait appeler un espace évangélique… dans lequel nous trouvons une grâce de Dieu disponible de manière nouvelle pour nous, qui nous unit ensemble dans la louange, la bénédiction, l’imploration de Dieu qui nous a faits un » (AC 20). Une réflexion plus approfondie sur ce point pourrait nous fournir quelques éléments de réponse à ces questions. 12. Comme le dit Apostolicité et catholicité, notre tâche consiste à donner une expression visible à notre communion in via (AC 57). Le dialogue œcuménique doit d’abord nous faire découvrir et reconnaître publiquement l’unité que nous partageons déjà, pour ensuite « mettre en œuvre » cette unité dans différentes sortes de rencontres et d’initiatives communes3. C’est pourquoi nous constatons avec joie que dans nombre de contextes locaux, Disciples et catholiques ont déjà 1.2. Une seule foi, un seul baptême, un seul corps 9. Dans la première Déclaration commune de la Commission, il est dit que catholiques et Disciples partagent la foi apostolique de l’Église en un seul Dieu, révélé en trois personnes. Cette foi a été fidèlement proclamée dans les siècles, à des époques et dans des circonstances diverses (AC 36-37). Dans la troisième phase du dialogue, les participants ont découvert davantage de convergences entre Disciples et catholiques sur les sept premiers Conciles œcuméniques qu’il n’avait été reconnu précédemment (RTF 3). L’unité de la foi s’exprime aussi dans l’unique baptême que nous partageons, comme le dit Apostolicité et catholicité (AC 24). 10. Puisque les Disciples et les catholiques partagent une seule foi et un seul baptême, dans quel sens peuvent-ils dire qu’ils forment un seul corps ? La première Déclaration commune affirme qu’il existe déjà entre eux une communion in via. « L’unité unique de la seule Église de Dieu est le but. Nous sommes déjà sur 2. La phrase ‘in quadam cum ecclesia catholica communione, etsi non perfectia’ a été traduite de différentes façons. La traduction donnée ici est tirée du Catéchisme de l’Église catholique, n. 818 ; Tanner la traduit par ‘in some kind of communion with the Catholic Church, even though this communion is imperfect’, Tanner 2, 910 ; W.M. Abbott par ‘a certain, though imperfect, communion’, The Documents of Vatican II (Geoffrey Chapman, New York NY 1966), 345 ; Austin Flannery par ‘some, though imperfect, communion’, Vatican Council II: The Conciliar and Post Conciliar Documents (Leominster 1981), 455. 3. J. Ratzinger, Église, œcuménisme et politique (Fayard, Paris 2005). 30 commencé à prier les uns pour les autres et les uns avec les autres, à s’engager dans un témoignage commun, à agir ensemble en faveur des personnes marginalisées par la société, à participer à la vie communautaire des uns et des autres. Tous ces signes d’accueil, consistant à « se faire une place » mutuellement en tant que personnes incorporées au Corps du Christ, sont encourageants. La Commission espère que ces communautés profiteront des nombreux signes de koinonia déjà officiellement autorisés ; elle recommande que l’information sur ces initiatives fasse l’objet d’une large diffusion dans les communautés et dans les paroisses, qui doivent être encouragées à manifester cette communion in via selon des modalités appropriées au contexte local. Matthieu, Jésus s’identifie avec ceux qui ont faim et soif, avec ceux qui sont nus, avec les malades, les étrangers et les détenus (cf. Mt 25, 40). Au cours des siècles, les chrétiens ont été animés par la conviction que non seulement le Christ les envoie dans le monde avec la promesse de sa présence continue, mais qu’il est déjà là, attendant d’être reconnu. D’après une ancienne tradition de l’Église, ceux qui se disent non-chrétiens peuvent aussi faire la volonté de Dieu. Dans son ministère, le Christ a dit que « quiconque fait la volonté de Dieu, voilà mon frère, ma sœur, ma mère » (Mc 3, 35). Dans le monde actuel, le désir de mettre en pratique les valeurs chrétiennes se manifeste dans différents secteurs de la vie publique, et les chrétiens peuvent se joindre aux non-chrétiens pour favoriser les initiatives politiques sur des questions telles que la réduction de la pauvreté, de la faim, des maladies. Les chrétiens croient que le Christ est mystérieusement présent dans le monde et qu’il envoie l’Esprit Saint pour redresser les torts, réparer les injustices et apaiser les souffrances des nations. Un jour, le Christ reviendra dans la gloire. Nous ne savons pas quand il viendra, mais nous vivons en attendant ce jour et en priant. 1.3. Résumé 13. Disciples et catholiques ont découvert des convergences prometteuses en ce qui concerne les implications de leur croyance dans l’unité de l’Église en Christ. Notre vision de l’Église comme communion, décrite notamment dans la deuxième Déclaration, nous oblige à considérer que loin d’être une construction humaine, l’existence de l’Église répond à la volonté révélée de Dieu. En même temps, elle révèle la gravité de notre séparation d’avec tous ceux qui partagent notre foi apostolique commune en Dieu Un et Trine. 2. 2.2. La présence du Christ ressuscité dans l’Église 16. Disciples et catholiques parlent ensemble du don de la présence du Christ, telle qu’elle est vécue dans l’Église. Le Christ a promis qu’il sera présent chaque fois que deux ou trois se réuniront en son nom (cf. Mt 18, 20) ; bien souvent, il a exhorté ses disciples à prier comme il priait lui-même (Mc 6, 46 ; Lc 9, 28 ; Jn 14, 13-16 ; Jn 17 ; He 5, 7). De même, les apôtres ont exhorté les Églises à prier (Ep 6, 18 ; 1 Th 5, 13 ; 1 P 4, 7 ; 1 Jn 3, 21-22). Et lorsque leurs membres se réunissaient, ils les invitaient à « offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus Christ » (1 P 2, 5), et à donner le témoignage d’une vie sainte. 17. Ensemble, Disciples et catholiques reconnaissent que la vie de certaines personnes révèle de façon éclatante la sainteté voulue par Dieu en réponse au don du Christ qui se manifeste par les fruits de l’Esprit et par une vie de compassion. La sainteté de l’Église est un don de Dieu. Le Fils de Dieu s’est livré pour elle, pour qu’elle soit sanctifiée et devienne à son tour source de sanctification (Jn 17, 19 ; 1 Co 3, 17 ; Ep 5, 25-27). La sainteté de l’Église est une source d’inspiration constante pour ses membres, qui reconnaissent leur besoin de conversion et de sanctification. Cependant, ensemble nous soulignons aussi que la vie spirituelle est une bataille permanente qui demande l’humilité voulue pour ne pas prétendre atteindre la sainteté par nos propres moyens. L’accent doit toujours être mis sur l’œuvre de Dieu en nous. En outre, la croissance spirituelle est liée de près au souci des autres – une conviction fondée sur l’exemple suprême d’amour oblatif de Dieu tel qu’il s’est manifesté dans l’Incarnation et dans la Croix. En réfléchissant à toutes ces questions, nous avons pris conscience de partager un trésor : celui des maîtres spirituels et des personnes LE CHRIST RESSUSCITE, PAROLE VIVANTE DE DIEU : PAROLE ET SACREMENT DANS L’ÉGLISE 14. L’unité en Christ est bien plus qu’une simple identification avec un groupe de personnes qui a eu une existence continue dans l’histoire et qui se reconnaît dans un fondateur commun. La résurrection du Christ signifie qu’il est dynamiquement présent dans l’Église et dans le monde. La promesse finale du Christ – « Et moi, je suis avec vous tous les jours » (Mt 28, 20) – a orienté la vie des chrétiens au cours des siècles ; sur cette promesse, se fonde notre croyance en la présence du Christ dans le monde en général, et dans l’Église en particulier. La Commission a pu ainsi affirmer que dans la mission de l’Église, le Christ est présent dans la prière, la lecture de la Bible, la liturgie, dans les sacrements du baptême et de l’eucharistie, dans la prédication de la Parole, dans le service des pauvres et des malades, et dans l’amour oblatif. 2.1. La présence du Christ ressuscité dans le monde 15. La création est l’œuvre de Dieu, et bien que le monde soit marqué par le péché des hommes, le plan de Dieu sur lui ne sera pas empêché à la fin. Catholiques et Disciples croient que Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, a été envoyé dans le monde par le Père pour révéler sa volonté rédemptrice et pour annoncer que cette rédemption s’accomplit par sa mort et sa résurrection. Maintenant la présence du Christ n’est plus limitée à un temps et un lieu particuliers : le Christ ressuscité habite toute la création. Dans l’évangile de 31 dont les écrits et le témoignage de vie sont pour nous une source d’inspiration, des personnes en qui nous pouvons « voir » le Christ. 18. Parce que les divisions entre les chrétiens contredisent la sainteté à laquelle la communauté chrétienne est appelée, Paul reprochait aux Corinthiens leur attitude indigne à la table du Seigneur. Il leur dit même que leurs divisions les rendaient incapables de discerner le Corps du Seigneur (1 Co 11, 17-34), en soulignant ainsi le lien qui existe entre vie chrétienne et sacrements de l’Église. Paul n’était pas le seul à insister sur la sainteté de vie. Dans l’évangile de Jean, l’identification du Christ avec le Verbe qui « était au commencement tourné vers Dieu » (Jn 1, 2), « source jaillissante pour la vie éternelle » (Jn 4, 14) et « pain vivant descendu du ciel » (Jn 6, 51) nous permet de mieux comprendre pourquoi Parole et sacrements sont intimement liés dans la vie de l’Église. institués par le Christ comme moyens pour incorporer dans la communauté chrétienne « ceux qui trouvaient le salut » (Ac 2, 47). Chez les premiers chrétiens, Parole et sacrements n’étaient pas considérés comme deux réalités distinctes, mais comme deux façons de se référer à la même réalité. Lorsque le terme « sacrement » commença à être utilisé pour désigner les signes rituels, son sens biblique fut maintenu, en sorte que ces signes furent considérés comme participant du grand sacrement (mystère) de l’œuvre rédemptrice du Christ rendue présente dans l’Église, et devenant ainsi sacrement de l’action du Christ : « Ce qui était visible dans notre Sauveur est passé dans ses mystères », disait le pape Léon le Grand.5 Loin de s’opposer à la parole, ces signes sont, comme l’a expliqué saint Augustin, la « parole devenue visible ».6 Cette conviction a profondément marqué la tradition chrétienne depuis les premiers siècles. 21. À cause du sens biblique de la Parole de Dieu, l’Église primitive croyait que les paroles de Jésus, prononcées dans un sacrement, étaient rendues efficaces par l’intervention divine. Au Moyen Âge, les théologiens catholiques reprirent cet enseignement. Les Disciples ont retenu le sens biblique de l’efficacité des sacrements. Les textes bibliques étaient utilisés pour montrer que « les personnes sont engendrées par l’Esprit de Dieu, imprégnées de sa Parole, et nées de l’eau »7. La croyance dans le pouvoir du baptême de remettre les péchés était centrale dans le mouvement des Disciples à ses débuts. Le but des sacrements n’est pleinement atteint que s’ils sont reçus dans la foi. À la base de toute croyance sacramentelle, il y a la conviction du pouvoir et de la volonté de Dieu de répondre, par l’action de l’Esprit Saint, aux prières de ceux qui l’invoquent avec foi. 22. La lecture des Écritures est un autre moyen pour faire entendre la Parole de Dieu dans la communauté ecclésiale. Dans nos deux communions, les célébrations du baptême et de l’eucharistie sont habituellement accompagnées de lectures tirées de l’Ancien et du Nouveau Testament. Dans le baptême, le mandat de Jésus de baptiser est répété et exécuté avec une prière qui dit que l’eau lavera le baptisé du péché. Dans l’eucharistie, les paroles d’institution de Jésus sur le pain et le vin, telles qu’elles sont rapportées dans les évangiles ou chez Paul, sont fidèlement répétées. 2.3. Le dynamisme de la Parole de Dieu 19. Dans la Bible, la Parole de Dieu est agissante et puissante. L’Ancien Testament nous révèle que la Parole est performante : elle fait advenir les choses. Telle est la façon biblique d’exprimer l’efficacité de l’action de Dieu : « Par sa Parole, le Seigneur a fait les cieux » (Ps 33, 6). Mais en même temps, la Parole de Dieu appelle une réponse de notre part ; elle demande à être écoutée dans la foi. Dans le Nouveau Testament, le Verbe de Dieu se fait chair, et en ces jours derniers où nous vivons, Dieu nous a parlé par son Fils (cf. He 1, 2). Le Verbe incarné est le mystère central du Nouveau Testament : le dessein caché de Dieu est maintenant révélé. Parole de Dieu et mystère sont deux façons d’exprimer une seule et même réalité : celle du Christ mort et ressuscité, « la parole de Dieu, le mystère tenu caché tout au long des âges, que Dieu a manifesté maintenant à ses saints » (Col 1, 25-26). « Moi-même, quand je suis venu chez vous, frères, ce n’est pas avec le prestige de la parole ou de la sagesse que je suis venu vous annoncer le mystère de Dieu » (1 Co 2, 1). 2.4. Unité entre Parole et sacrements 20. Dans les Lettres de Paul, le terme grec mysterion a été traduit quelquefois en latin par sacramentum4. Dans son sens premier, ce terme ne désignait pas un acte rituel, mais le plan de salut de Dieu révélé en Christ. Le baptême et l’eucharistie ont été 5. « Quod itaque Redemptoris nostri conspicuum fuit, in sacramenta transivit », Léon-le-Grand, Sermon 74.2, PL 54, 398; cf. LG 1. 4. Durant le premier siècle de leur histoire, les Disciples utilisaient rarement le mot « sacrement » ; ils préféraient désigner le saint Baptême et la sainte Communion par le terme « ordinances » (ordonnance), exprimant ainsi la croyance (inspirée de l’enseignement de Jean Calvin) qu’ils avaient été institués par le Christ plutôt que par l’Église. Au XXe siècle, les Disciples sont parvenus à la conclusion que cette distinction ne faisait pas vraiment de différence. Ainsi, le penseur de l’Église du Christ anglaise William Robinson publia en 1925 un guide à l’intention des membres de l’Église sur le baptême et la communion intitulé Holy Ordinances (Saintes ordonnances), et plus tard, en 1949, un autre guide sur The Sacraments and Life (Les sacrements et la vie). 6. « Si vous éliminez la Parole, qu’est-ce que ‘eau sinon de la simple eau ? Lorsque la Parole est ajoutée à l’élément, le sacrement en résulte, comme une sorte de Parole visible » : « Detrahe verbum, et quid est aqua nic aqua? Accedit verbum ad elementum, et fit Sacramentum, etiam ipsum tanquam visible verbum », Augustin, Tractatus in Joannis Evangelium, 80.3, (PL 35:1840). 7. « Rémission des péchés », Proposition 10 in Campbell, The Christian System, 201. 32 23. La prédication dans le cadre d’un acte sacramentel est considérée comme une extension de la Parole efficace de Dieu, des paroles sur le Verbe incarné. Le Christ est présent dans la parole prêchée. Ensemble, catholiques et Disciples croient dans le pouvoir de la prédication. Les uns comme les autres célèbrent l’eucharistie au moins tous les dimanches, et la proclamation dominicale de la parole s’inscrit toujours dans le cadre des célébrations du sacrement. Notre accord sur le pouvoir de la Parole de Dieu proclamée nous a aidés à clarifier le rôle du ministre ordonné comme témoin de la parole transmise dans l’Église. 24. Parce que le Christ est la Parole vivante de Dieu, la célébration de la parole et des sacrements est un acte efficace, et pas seulement un mémorial du passé ou une lecture de ce qui est écrit. Ensemble, Disciples et catholiques croient que dans l’Église, le Christ lui-même agit dans les sacrements. Chez les catholiques, la prière eucharistique est le moment central de la célébration eucharistique. Chez les Disciples, les prières et les paroles d’institution prononcées à la table du Seigneur soulignent la centralité de l’action du Christ. L’action du Christ dans l’eucharistie est rappelée en outre dans les hymnes qu’ils chantent avant les prières d’action de grâce pour le pain et le vin, au moment de la présentation du sacrifice du Christ à Dieu. De façon significative, ces hymnes rappellent et représentent la Passion ; ils sont centrés sur l’action présente du Christ ressuscité, activement présent et attendant d’être accueilli dans la foi. pelée aujourd’hui, comme dans les temps apostoliques, à se réunir autour de la table du Seigneur le premier jour de la semaine a été un trait marquant et constant de la vie ecclésiale des Disciples. Il s’agit en effet d’un trait de notre identité comme Église ». Les Disciples considèrent le repas du Seigneur comme « un acte d’une richesse spirituelle inépuisable… qu’ils partagent en communion avec les chrétiens en tous temps et en tous les lieux ». « Le repas du Seigneur signifie bien davantage que ce que l’Église pourra jamais en dire » (CDC 139). 27. Ensemble, Disciples et catholiques enseignent que l’Église est communion en Christ, et qu’elle est caractérisée par l’unité visible dans laquelle nous recevons l’eucharistie, sacrement de l’unité de l’Église. L’Église comme communion dans le Christ dit : Cette visibilité se réalise spécialement dans la célébration de l’eucharistie. Là, après avoir confessé leur foi, les baptisés rassemblés reçoivent le corps et le sang du Christ, le Fils de Dieu qui, sur la croix, a réconcilié l’humanité avec Dieu en un seul corps. Là, ils prennent part à la communion des saints et de tous les membres de la famille de Dieu. Ce qui est célébré dans l’eucharistie doit être actualisé par une vie de prière et de foi communes, de fidélité à l’Évangile, de partage des biens spirituels et même matériels dans la communauté, d’engagement à faire la volonté de Dieu afin que l’œuvre rédemptrice du Christ soit répandue et offerte à tous les hommes (ECDC 48). 2.5. Résumé 25. La Commission a approfondi les trois dimensions de la présence du Christ dans le monde, dans l’Église, et dans les sacrements du baptême et de l’eucharistie, une présence toujours fondée sur la Parole dynamique de Dieu. Ces trois dimensions sont intimement liées entre elles. Cette approche sacramentelle de toute la vie est pour nous une façon d’affirmer que nous vivons dans le monde de Dieu, un monde où il est constamment à l’œuvre. Avec tous ces éléments, nous pouvons maintenant passer à l’examen de la présence du Christ dans l’eucharistie. 3. 28. L’unité visible de l’Église est tellement centrale pour les catholiques comme pour les Disciples que les divisions qui nous empêchent de partager ensemble l’eucharistie sont particulièrement douloureuses. Nos visions différentes de l’Église et de son unité nous ont conduits à des pratiques différentes en ce qui concerne la participation à l’eucharistie. Les fondateurs des Disciples, et notamment Alexander Campbell et Barton Warren Stone, enseignaient que le service de la communion est une manifestation de l’unité de tous les croyants. Pour les catholiques, le partage de l’eucharistie implique une pleine communion dans le Corps du Christ qu’est l’Église, et donc aussi le partage des contenus de la foi, des sacrements, des ministères de l’Églises et des structures de l’autorité (cf. LG 14). LA PRESENCE DU CHRIST DANS L’EUCHARISTIE 3.1. L’eucharistie, sacrement de communion dans le Christ 26. Disciples et catholiques partagent la conviction que l’eucharistie est au centre de la vie de l’Église : dans l’eucharistie, nous ne faisons qu’un dans le Christ ressuscité et nous écoutons ensemble sa Parole. Vatican II enseigne que « le sacrement du pain eucharistique représente et produit l’unité des fidèles, qui constituent un seul corps dans le Christ (cf. 1 Co 10, 17) » (LG 3), et que la célébration de l’eucharistie « contribue au plus haut point à ce que les fidèles, par leur vie, expriment et manifestent aux autres le mystère du Christ et la nature authentique de la véritable Église » (SC 2). Pour les Disciples, « l’affirmation selon laquelle l’Église est ap- 3.2. L’eucharistie, sacrement de la présence réelle du Christ 29. Disciples et catholiques croient que le sacrement de l’eucharistie est le lieu par excellence de la présence du Christ, où ses paroles sont répétées en obéissance à son mandat et rendues efficaces par l’Esprit Saint, qui réalise pour les croyants rassemblés ce que le Christ a promis à ses disciples durant la dernière Cène. Le dynamisme de la parole rend le Christ présent auprès des croyants rassemblés pour l’eucharistie en leur 33 apportant le pardon, la purification et la transformation. Entré dans le règne de l’Esprit après sa résurrection, le Christ s’offre aux croyants en Esprit comme pain du ciel, en se donnant à eux pour le salut du monde, en sorte que « celui qui me mangera vivra par moi » (Jn 6, 57). Ensemble, Disciples et catholiques croient au pouvoir de la célébration eucharistique, qui est pour eux la prière primordiale et centrale de l’Église, la communion au corps et au sang du Christ. millénaire. Il s’en suivit une période de controverses dans l’Église d’Occident sur le mode de présence du Christ, qui se prolongea pendant une grande partie du deuxième millénaire de l’histoire chrétienne. Dès le IXe siècle, Paschase Radbert donna une interprétation matérialiste de la conversion du pain et du vin, comme s’il s’agissait d’un changement physique ou matériel. Deux siècles plus tard, Bérenger de Tours donna une interprétation « symbolique » de l’eucharistie, selon laquelle les offrandes pouvaient être appelées corps et sang du Christ, tout en demeurant en réalité du pain et du vin. Ces prises de positions, sources de controverses et de malentendus chez les croyants, poussèrent les théologiens à préciser leur conception de la présence du Christ dans l’eucharistie. 33. Pour décrire la conversion du pain et du vin dans le corps et le sang du Christ, les théologiens, les synodes et les papes commencèrent à utiliser le terme « transsubstantiation », qui entra pour la première fois dans l’enseignement officiel de l’Église en 1215, quand le IVe Concile du Latran l’appliqua à l’eucharistie10. Le sens de ce terme fut développé ensuite par Thomas d’Aquin au XIIIe siècle. Thomas utilise le terme de transsubstantiation à la fois pour s’opposer à l’interprétation matérialiste de l’eucharistie, et pour affirmer la conversion du pain et du vin héritée de la période patristique et mise en évidence dans l’invocation à l’Esprit Saint de la prière eucharistique. Il fait appel à la philosophie aristotélicienne, très en vogue dans les universités de son temps, et qui a une valeur apologétique. Il soutient que dans l’eucharistie, la « substance » du pain et du vin (ce qu’ils sont) est changée dans le corps et le sang du Christ, ne laissant subsister que les « accidents » (ce qu’ils paraissent être). Thomas d’Aquin ne cherche pas à expliquer comment ce changement se produit. Il affirme seulement qu’un changement a lieu, tout en soulignant la singularité de cette opération mystérieuse : ce n’est pas un changement local ou matériel, mais un changement surnaturel. Thomas affirme que le corps du Christ se rend présent dans les espèces non pas localement, comme s’il occupait un espace particulier, mais « par conversion de la substance du pain en Lui-même (c.-à-d. dans le corps du Christ). Cette conversion n’advient pas à la manière des changements naturels, mais est absolument surnaturelle et ne peut être que l’œuvre de Dieu… Toute la substance du pain est changée dans toute la substance du corps du Christ, et toute la substance du vin dans toute la substance du sang du Christ »11. Et parce que le Christ est présent dans l’eucharistie à la fois dans son humanité et dans sa divinité, Thomas explique que cette présence implique aussi sa corporéité, bien qu’il s’agisse ici du corps transformé du Christ ressuscité, de ce que saint Paul appelle son « corps spirituel ». Thomas donne de ce qui advient au moment de la conversion 3.2.1. Aperçu historique sur la présence réelle du Christ dans l’eucharistie 30. Mais alors que, ensemble, Disciples et catholiques transmettent la foi vivante dans la présence réelle du Christ dans l’eucharistie, ils n’en restent pas moins les héritiers des controverses historiques sur le sens de cet enseignement. Leur interprétation de ces controverses influe sur l’idée qu’ils se font, les uns et les autres, de leurs enseignements respectifs sur la présence du Christ dans l’eucharistie. 31. Pendant tout le premier millénaire de l’histoire de l’Église, la présence réelle du Christ dans le pain et dans le vin eucharistiques a été reconnue sans contestation significative. Dans la période patristique, les penseurs chrétiens enseignaient que le pain et le vin étaient changés dans le corps et le sang du Christ. L’invocation de l’Esprit Saint pour que le pain et le vin deviennent le corps et le sang du Christ révèle à quel point cette croyance est ancienne et largement répandue. Les auteurs patristiques des premiers siècles de l’Église recouraient à une série d’analogies et de concepts pour expliquer le changement intervenu dans les éléments du pain et du vin. Et à la suite d’Irénée, ils assimilaient le refus de reconnaître ce changement à un refus de reconnaître l’Incarnation. Au IVe siècle, la doctrine eucharistique de la conversion (conversio) du pain et du vin était suffisamment développée pour qu’Hilaire de Poitiers puisse dire que le Verbe fait chair demeure en nous « naturellement » : en mêlant sa nature éternelle au sacrement de sa chair, il nous la fait partager8. Au Ve siècle, Augustin expliquait que l’eucharistie contient la réalité qu’elle symbolise9. 32. La synthèse patristique entre réel et symbolique commença à être contestée à la fin du premier 8. « Si enim vere Verbum caro factum est, et vere nos Verbum carnem cibo dominico sumimus; quomodo non naturaliter manere in nobis existimandus est, qui et naturam carnis nostrae jam inseparabilem sibi homo natus assumpsit, et naturam carnis suae ad naturam aeternitatis sub sacramento nobis communicandae carnis admiscuit? » Hilaire de Poitiers, De Trinitate 8, 13, PL 10.246. 9. « Si enim sacramenta quamdam similitudinem earum rerum quarum sacramenta sunt, non haberent, omnino sacramenta non essent. Ex hac autem similitudine plerumque etiam ipsarum rerum nomina accipiunt » : « Car si les sacrements ne présentaient pas quelque ressemblance avec ce dont ils sont les sacrements, ils ne seraient pas des sacrements. En outre, le plus souvent, en vertu de leur ressemblance ils portent le nom de la réalité à laquelle ils ressemblent, Augustin, Lettre 98.9, PL 33.364 ; cf. Sermons 227.1 et 272, PL 38.1099, 1257-68. 10. IVe Concile du Latran, Constitution 1. 11. Thomas d’Aquin, Summa Theologia, 3e partie, qu 75, art 4, v, 2443-4. 34 catholique, transsubstantiation »14. En soulignant que ce terme était employé « justement et proprement », le Concile de Trente entendait surtout condamner les autres termes et concepts qui réfutaient cette doctrine. 36. Les Disciples du Christ sont apparus au XIXe siècle, autrement dit vers la fin de ce deuxième millénaire si riche en controverses sur la présence réelle du Christ dans l’eucharistie. Ils se sont séparés des Églises presbytériennes, considérant qu’il n’y avait pas de base scripturale aux conditions posées par la « Secession Testimony » et par la « Confession de Westminster » pour être admis à la communion (cf. RTF 3,16). En outre, ces conditions les empêchaient de répondre à l’invitation du Christ à venir à sa table. Par la suite, les Disciples ont continué à s’opposer aux traditions eucharistiques qui donnent une explication trop précise et détaillée de la présence du Christ. Cependant, Disciples et catholiques partagent la conviction que le sacrement de l’eucharistie est le lieu par excellence de la présence du Christ, où ses paroles sont répétées en obéissance à son mandat et rendues efficaces par l’Esprit Saint, qui réalise pour les croyants rassemblés ce que le Christ a promis à ses disciples durant la dernière Cène. 37. Le XIXe siècle a été un temps où les croyances religieuses se définissaient autant par des négations que par des affirmations. Ainsi, bien que les Disciples aient toujours vu dans le repas du Seigneur bien plus qu’un simple mémorial de la dernière Cène, ils ont critiqué l’emploi du terme transsubstantiation parce qu’il implique une explication métaphysique non nécessaire à leurs yeux. En outre, les premiers Disciples s’étaient formés dans le climat philosophique du réalisme écossais fondé sur le bon sens, où ce que Thomas appelait « accident » était interprété comme représentant le réel, et où ce qu’il appelait « substance » était considéré comme une abstraction non nécessaire. Dans ce climat philosophique si différent, la transsubstantiation avait fini par signifier quasiment le contraire de ce que Thomas d’Aquin entendait par ce terme. Et les bases philosophiques aristotéliciennes sur lesquelles Thomas s’appuyait – un outil apologétique efficace dans l’Europe du XIIIe siècle – n’avaient plus de sens dans le contexte philosophique de la Grande-Bretagne et des États-Unis au XIXe siècle. du pain et du vin une explication qui n’est pas physique, mais métaphysique12. 34. Au temps de la Réforme, l’interprétation commune de la présence eucharistique fit place, une nouvelle fois, à des points de vue différents. Des termes dont le sens avait toujours été univoque commencèrent à donner lieu à des interprétations divergentes. Le mot « substance », qui de nos jours a un sens plutôt matériel (ce que l’on peut toucher et sentir), était utilisé au XVIe siècle pour signifier « matériellement présent », ce qui est exactement le contraire de ce qu’entendait Thomas d’Aquin quand il utilisait le terme de transsubstantiation pour réfuter les erreurs d’interprétation matérialistes. Martin Luther rejeta le concept de transsubstantiation, tout en reconnaissant la présence réelle du Christ dans l’eucharistie « sous les espèces du pain et du vin ». Dans l’Institution de la religion chrétienne, Jean Calvin critique l’emploi du terme transsubstantiation auquel il reproche son origine trop récente, tout en reconnaissant que les Pères (notamment Cyril de Jérusalem, Ambroise et Jean Damascène) parlaient de « conversio ». Son objection s’adresse d’ailleurs davantage à Guillaume d’Ockham qu’à Thomas d’Aquin quand il dit que « la vérité de ce mystère nous échappe, sauf si le vrai pain représente le vrai corps du Christ »13. 35. Alors que les réformateurs donnaient diverses interprétations de la présence du Christ dans l’eucharistie, le Concile de Trente (1545-63) défendit la « présence véritable et substantielle » du Christ contre toute tentative pour n’y voir qu’un « signe » ou une « figure », ou pour combiner la présence du Christ avec celle subsistante du pain et du vin. Le Concile commença par reconnaître que le Christ est présent « par un mode d’existence que nous pouvons à peine exprimer par des mots, et que nous pouvons cependant reconnaître… par notre pensée éclairée par la foi ». Il utilisa le terme et le concept de transsubstantiation pour affirmer que le pain et le vin sont changés dans le corps et le sang du Christ, en ajoutant que « ce changement a été justement et proprement appelé, par la sainte Église 12. Cf. Aidan Nichols, OP, « La consécration du pain et du vin ne détruit pas les qualités naturelles du pain et du vin, mais celles-ci ne manifestent plus leur réalité dernière. Leur vraie substance, ce qui est suprêmement important, se trouve ailleurs », Epiphany: A Theological Introduction to Catholicism (Collegeville, 1996), 295. 3.2.2. Enseignement actuel des catholiques et des Disciples sur la présence réelle du Christ dans l’eucharistie 38. L’œcuménisme a rendu possible une meilleure compréhension mutuelle des différentes approches de la question de la présence réelle du Christ dans l’eucharistie. Néanmoins, la Commission reconnaît qu’il s’agit d’un grand mystère de notre foi, non pas parce qu’il est inconnaissable, mais parce qu’il recèle une profondeur de sens inexhaustible. 13. J. Calvin, L’Institution de la religion chrétienne, Livre IV, ch. XVII, n.14 (traduit en français par Jean Calvin lui-même et réédité en 2009 en version abrégée aux éd. Olivétan). Bien que la première édition de l’Institution ait paru avant le Concile de Trente, l’édition latine définitive fut publiée en 1559 après la 13e session du Concile (1551), dont le canon 2 lance un anathème contre ceux qui nient le changement que l’Église catholique a « justement et proprement appelé transsubstantiation » ; à ce moment là, les positions opposées s’étaient déjà consolidées ; cependant, l’importance de Calvin réside davantage dans la façon dont il a contextualisé les décrets tridentins que dans une influence directe sur le développement des Disciples deux siècles et demi plus tard, d’autant plus que les Disciples empruntèrent surtout leur cadre de référence philosophique à Bacon et à Locke. 14. Concile de Trente, Session 13 (1551), ch 1, canon 1, et ch 4. 35 39. Dans nos études bibliques, nous avons réfléchi sur les nombreuses formes sous lesquelles la présence de Dieu se manifeste dans la Bible, en les mettant en relation avec la présence du Christ dans l’eucharistie. Par le Nom divin, en Exode 3, 14, Dieu révèle sa présence agissante et créatrice dans le monde et dans l’histoire ; en outre, les théophanies de l’Ancien Testament nous montrent que cette présence divine est salvifique. Le temple représentait la « demeure » de Dieu au milieu de son peuple, et sa présence avait une connotation dynamique. Cette tradition a continué dans le Nouveau Testament qui enseigne qu’« il a plu à Dieu de faire habiter toute la plénitude » en Jésus Christ (Col 1, 19). Après la Résurrection, le Seigneur ressuscité a continué d’habiter dans le monde d’une façon nouvelle et permanente. Le corps du Fils incarné, entré désormais dans le règne de l’Esprit, continue de venir à nous dans l’eucharistie pour nous transmettre la vie divine. Dans l’évangile de Jean, Jésus se révèle comme pain de vie, descendu du ciel pour le salut du monde. 40. L’enseignement catholique actuel a élargi son champ de vision lorsque, en réfléchissant sur les principes du renouveau liturgique, il a mis en lumière les diverses formes sous lesquelles le Christ est présent dans les célébrations liturgiques de l’Église. La Constitution sur la sainte liturgie de Vatican II dit que le Christ « est là présent dans le sacrifice de la messe et dans la personne du ministre, ‘le même offrant maintenant par le ministère des prêtres qui s’offrit alors sur la croix’ et, au plus haut point, sous les espèces eucharistiques. Il est là présent par sa vertu dans les sacrements, au point que lorsque quelqu’un baptise, c’est le Christ lui-même qui baptise. Il est là présent par sa parole, car c’est lui qui parle tandis qu’on lit dans l’Église les saintes Écritures. Enfin il est là présent lorsque l’Église prie et chante les psaumes, lui qui a promis : ‘Là ou deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis là, au milieu d’eux’ (Mt 18, 20) » (SC 7). 41. Le terme de transsubstantiation a gardé une valeur normative dans l’enseignement catholique actuel. En utilisant ce terme, le Concile de Trente entendait affirmer le mystère de la présence réelle du Christ dans l’eucharistie, tout en s’opposant à deux positions extrêmes : d’une part, il condamnait l’idée que le Christ ne serait présent qu’en « signe » ou en « figure », ou présent avec les substances subsistantes du pain et du vin. De l’autre, il affirmait le mystère de la présence du Christ, en s’opposant aux interprétations matérialistes. Le sens donné à ce terme par le Concile de Trente se retrouve dans l’enseignement catholique, qui dit que le pain et le vin deviennent le corps et le sang du Seigneur ressuscité et glorifié. 42. Au XIXe siècle, les premiers Disciples n’utilisaient pas le terme « transsubstantiation » pour définir leur croyance dans la présence réelle du Christ dans l’eucharistie, et aujourd’hui encore, le cadre conceptuel dans lequel ce terme est apparu à l’origine ne leur est pas familier. C’est pourquoi, en général, ils ne l’utilisent pas. Néanmoins, la réflexion menée à la fin du XXe siècle sur la notion aristotélicienne de « substance » et sur son utilisation par Thomas d’Aquin et d’autres théologiens de son temps a fait apparaître les erreurs d’interprétation dont cette terminologie a pu faire l’objet dans le passé. Qui plus est, les Disciples sont d’accord pour dire que la signification véritable du pain et du vin dans l’eucharistie ne saurait se réduire à leurs caractéristiques physiques. Ce faisant, ils reconnaissent le mystère de la présence du Christ dans l’eucharistie, qui fait de la réception du pain et du vin une vraie communion à son corps et à son sang. 43. Les Disciples ont une façon qui leur est propre de décrire la présence du Christ dans l’eucharistie : ils disent que le Christ est l’hôte du banquet eucharistique, et que sa présence est vécue par les fidèles dans la communion. Ils affirment en outre que par la puissance de l’Esprit Saint, le pain et le vin deviennent pour nous, dans la foi, le corps et le sang du Christ. Les Disciples reprennent volontiers à leur compte les paroles du texte de convergence de Foi et Constitution sur Baptême, Eucharistie, Ministère pour qui « le mode de la présence réelle, vivante et agissante, du Christ dans l’eucharistie est singulier… et ne dépend pas de la foi des individus » (E 13). Dans la célébration de l’eucharistie, « l’Esprit Saint rend le Christ crucifié et ressuscité réellement présent pour nous dans le repas eucharistique » (E 14) en nous donnant un « avantgoût » du « renouvellement final de la création » (E 22). Les Disciples pensent que leur façon particulière de concevoir la présence réelle du Christ dans l’eucharistie a été enrichie par le dialogue œcuménique, et ils se félicitent de cet élargissement de leurs perspectives. 44. Le Christ présent dans l’eucharistie attend d’être accueilli par les croyants dans la réception de la communion : celle-ci ne doit pas être considérée indépendamment de son but. Les catholiques ont maintenu la pratique de l’Église primitive consistant à réserver la communion de la célébration eucharistique pour les malades qui n’ont pas pu y participer. Tel était le but premier de la réserve des espèces consacrées. Dans l’Église d’Occident, la réserve a conduit à la pratique de l’adoration du Christ présent dans le Saint-Sacrement. La prière devant le Saint-Sacrement, les processions et les dévotions qui entourent le sacrement réservé et la communion portée aux malades sont, aujourd’hui encore, des pratiques vivantes chez les catholiques. Les instructions liturgiques catholiques postérieures à Vatican II disent que l’adoration du Christ dans le sacrement réservé doit être entendue comme une extension de l’action sacramentelle de la célébration eucharistique, dont le but est de favoriser la communion sacramentelle et spirituelle15. Les Disciples ont accueilli 15. Eucharisticum mysterium (Instruction sur le eucharistique) n. 5, 24-25, 49-50, 62 Eucharisticum-Mysterium-1967, Concile Vatican 7, 129-30, 134. La réservation du sacrement a canon 13 du Concile de Nicée. 36 culte du mystère www.introibo.fr/ II 1981, 106, 116été établie par le bien volontiers cette clarification sur une pratique qui ne leur est pas familière. Les réticences des Disciples portent sur une localisation de la présence du Christ dans le pain et le vin qui serait détachée de la célébration eucharistique proprement dite. Pour leur part, les Disciples considèrent la prière devant le sacrement réservé comme une source de malentendus, tout en respectant la tradition de prière contemplative et communautaire à laquelle elle a donné naissance. 48. Au Moyen Âge, dans l’Église d’Occident, la réflexion théologique s’est attachée surtout à l’interprétation sacrificielle de l’eucharistie, et beaucoup moins à la présence réelle du Christ. L’enseignement patristique sur le caractère sacrificiel de l’eucharistie s’est développé en y incluant l’idée que la messe était un acte de réparation des péchés, pouvant être offert chaque jour pour le salut des vivants et des morts. La participation des laïcs au sacrifice consistait principalement en une identification spirituelle avec le Christ dans sa Passion, exprimée dans la dévotion par une méditation qui met en relation les différents moments de la messe avec les étapes de la Passion. En raison du caractère propitiatoire du sacrifice, la célébration de messes particulières dans une intention votive fut encouragée : ainsi se répandit l’usage de célébrer des messes pour le salut de l’âme des donateurs, de leurs proches et de leurs amis. 49. À la suite de Martin Luther, les réformateurs du XVIe siècle rejetèrent ces interprétations théologiques ainsi que les pratiques qui les accompagnaient. À leurs yeux, le fait de voir dans la messe un sacrifice en faisait une « œuvre », ce qui était contraire à leur théologie de la grâce de Dieu. Ils soutenaient que l’eucharistie n’est pas une répétition, mais un mémorial du sacrifice du Christ accompli une fois pour toutes sur la croix, suffisant pour racheter tous les péchés des hommes. Les réformateurs n’étaient pas tous d’accord entre eux sur le sens à donner à ce « mémorial ». 50. En réponse aux réformateurs, le Concile de Trente, citant les enseignements des premiers siècles de l’Église, réaffirme que la messe est un sacrifice vrai et propre, et non une « simple commémoration ». Il enseigne que la messe est le même sacrifice que celui de la croix, quoique offert différemment, d’une manière non sanglante : le Christ présent et immolé dans la messe de façon non sanglante, est celui-là même qui s’est offert une fois pour toutes sur la croix dans un sacrifice sanglant16. 51. Trois siècles plus tard, les Disciples du Christ reçoivent et reprennent à leur compte, sans trop discuter, le rejet de l’interprétation sacrificielle de l’eucharistie par les Réformateurs. Les Disciples voient plutôt l’eucharistie comme un repas au cours duquel le sacrifice offert consiste dans la louange et l’action de grâce des croyants. 3.2.3. Résumé 45. Disciples et catholiques utilisent un langage différent pour décrire la présence réelle du Christ dans l’eucharistie et mettent l’accent sur des aspects différents de ce mystère. Mais ensemble, ils proclament le mystère de la présence réelle du Christ dans l’eucharistie, et spécialement dans le pain et le vin, et ensemble, ils rejettent les interprétations réductionnistes selon lesquelles cette présence ne serait que matérielle ou figurée. La Commission a atteint une réelle convergence sur ce point, une fois dissipées les incompréhensions mutuelles, tout en admettant que des divergences subsistent encore. 3.3. L’eucharistie, sacrement du sacrifice du Christ 46. Ensemble, Disciples et catholiques croient que le sacrement de l’eucharistie actualise d’une façon spéciale le sacrifice du Christ sur la croix, ainsi que toute sa vie, son ministère, sa passion qui l’a mené à la croix. Avec Paul, ils croient que la coupe de bénédiction est une « communion au sang du Christ ». La prière eucharistique rappelle non seulement la passion du Christ, mais toute l’histoire de la création et de la rédemption, en attendant la consommation de l’œuvre du Christ quand il reviendra. L’Église répond ainsi à l’exhortation paulinienne d’« annoncer la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne » (1 Co 11, 26). 3.3.1. Aperçu historique sur la dimension sacrificielle de l’eucharistie 47. Dans le Nouveau Testament, la mort du Christ en croix est décrite comme une offrande du Christ Grand prêtre qui, au lieu d’offrir des sacrifices chaque jour, « l’a fait une fois pour toutes en s’offrant lui-même… pour les péchés » (He 7, 27). Par ce « sacrifice unique offert pour les péchés » (He 10, 12), le Christ a livré son corps une fois pour toutes (He 10, 10). La dimension sacrificielle de la mort du Christ est préfigurée dans la dernière Cène où, d’après Paul et les évangélistes, Jésus a mis en relation le pain et le vin avec son corps « offert pour vous », et avec son sang « versé pour vous », en scellant ainsi une « nouvelle alliance par son sang » (Mt 22, 26-28, Mc 14, 22-25, 1 Co 11, 23-27). Dans les premiers siècles, les Pères de l’Église, notamment Justin, Irénée de Lyon, Hyppolite de Rome et d’autres encore, continuèrent à donner une interprétation sacrificielle de l’eucharistie. 3.3.2. Enseignement actuel des catholiques et des Disciples sur la dimension sacrificielle de l’eucharistie 52. Ensemble, Disciples et catholiques saluent le retour au sens biblique du mémorial (anamnèse) au XXe siècle, selon lequel ce qui est remémoré est re-présenté ou réactualisé par l’assemblée des fidèles. Dans nos discussions, nous nous sommes efforcés de mettre 16 « Doctrine et canons sur le très saint sacrifice de la messe », canon 3, ch. 2, Concile de Trente (Session 22). 37 en relation le concept de mémorial avec le dynamisme de la parole de Dieu. Pour les catholiques, le retour au sens biblique du mémorial (anamnèse) a aidé à corriger certaines interprétations déviées des enseignements du Concile de Trente. En effet, alors que ce Concile enseignait qu’il n’y a pas une nouvelle oblation sur la croix à chaque célébration eucharistique, certaines interprétations théologiques de ce même Concile pouvaient donner l’impression du contraire. Il n’était pas facile pour les théologiens catholiques de trouver un outil conceptuel permettant de poser à la fois l’oblation radicale du Christ une fois pour toutes (ephapax), et sa présence permanente dans le sacrement. Cet outil leur fut fourni par le concept biblique de mémorial. Chez les Disciples, le retour au sens biblique du mémorial leur a permis de ne pas voir uniquement dans ce terme un rappel mental, une erreur dans laquelle les réformateurs eux-mêmes n’étaient pas tombés : « [Dans l’anamnèse] l’action de Dieu dans l’histoire, qui a une signification pour l’éternité, est manifestée et actualisée dans la vie des fidèles »17. 53. Tant les catholiques que les Disciples ont participé à la rédaction de la Déclaration Baptême, Eucharistie, Ministère. La Commission a trouvé dans ce document une aide pour sa présentation du mémorial (anamnèse). Il y est dit notamment que l’eucharistie est « le sacrement du sacrifice unique du Christ, toujours vivant pour intercéder en notre faveur » (E 8), avec ce commentaire : « C’est à la lumière de cette signification de l’eucharistie comme intercession que l’on peut comprendre les références à l’eucharistie comme ‘sacrifice propitiatoire’ en théologie catholique. Il n’y a qu’une expiation, celle du sacrifice unique de la croix, rendu agissant dans l’eucharistie et présenté au Père dans l’intercession du Christ et de l’Église pour toute l’humanité ». L’eucharistie est un sacrifice de louange et d’action de grâce offert par les fidèles en union avec le Christ ; et en s’unissant au Christ, ils sont rendus participants du don de soi qui constitue le sacrifice du Christ au Père. Ainsi, l’eucharistie re-présente pour ceux qui y prennent part le sacrifice de la croix ; et la communion au corps et au sang du Christ est à la fois un appel à suivre le Christ et une réaffirmation de notre condition de disciple. 54. La Commission a trouvé que la perspective développée dans Baptême, Eucharistie, Ministère était très utile pour comprendre l’interprétation sacrificielle de l’eucharistie. Elle note que dans leur réponse à Baptême, Eucharistie, Ministère (largement positive dans l’ensemble), la Congrégation pour la doctrine de la foi et le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens précisent que la notion d’intercession ne paraît pas suffisante pour expliquer la dimension sacrificielle de l’eucharistie telle que les catholiques la conçoivent. Dans cette réponse, ils réaffirment que le sacrifice du Christ, accompli une fois pour toutes, n’est pas répété, mais que puisque le Grand prêtre est le Seigneur crucifié et ressuscité, on peut considérer que ce sacrifice est « rendu éternel », une idée que le terme « intercession » ne rend pas pleinement. Ils précisent en outre que la foi catholique « lie plus étroitement l’aspect sacrificiel de l’eucharistie au sacrement du corps et du sang [du Christ] qu’il n’apparaît dans ce texte »18. 55. Au cours des discussions, la Commission a découvert davantage de points communs sur la nature sacrificielle de l’eucharistie que ceux reconnus précédemment. Nos deux traditions enseignent que le sacrifice du Christ a eu lieu une fois pour toutes et ne peut être répété. Dans la célébration de l’eucharistie, l’Église rappelle et re-présente le sacrifice du Christ de façon sacramentelle. À la Conférence d’Édimbourg de Foi et Constitution en 1937, la position des Disciples ou des Églises du Christ était ainsi définie : « L’eucharistie est pour eux le grand service ecclésial par lequel l’Église, comme sacerdoce royal, offre un culte, mais pas un modèle qu’elle aurait conçu elle-même ni un modèle déterminé par ses propres préférences. L’Église ministérielle offre plutôt un culte à travers son Grand prêtre éminent, présenté ici dans son saint acte de rédemption comme sacrificium »19. Plus récemment, les Disciples ont défini cette remémoration (anamnèse), qui « n’est pas seulement le mémorial d’un événement survenu dans un passé lointain, et donc éloigné de nous, mais une représentation qui fait de cet événement passé une réalité vivante et vécue, ici et maintenant. Dans cette anamnèse, Jésus Christ lui-même est présent, avec tout ce qu’il a fait pour nous et pour la création » (CDC 144). Ces affirmations, qui laissent entrevoir une convergence plus marquée avec la réponse de l’Église catholique romaine à Baptême, Eucharistie, Ministère qu’avec le texte de BEM lui-même, présentent de fortes analogies avec l’enseignement actuel du Catéchisme de l’Église catholique où il est dit que « dans le sens de l’Écriture Sainte, le mémorial n’est pas seulement le souvenir des événements du passé, mais la proclamation des merveilles que Dieu a accomplies pour les hommes » (CEC 1363). Ainsi, « quand l’Église célèbre l’eucharistie, elle fait mémoire de la Pâque du Christ, et celle-ci devient présente : le sacrifice que le Christ a offert une fois pour toutes sur la Croix demeure toujours actuel » (CEC 1364). Citant un document du Concile de Trente20, le Catéchisme explique que l’eucharistie est un sacrifice « parce qu’elle représente (rend présent) le sacrifice de la croix, parce qu’elle en est le mémorial et parce qu’elle en applique le fruit » (CEC 1366). 56. Disciples et catholiques s’accordent à dire que l’eucharistie est le sacrement du sacrifice du Christ. Et bien que le sacrifice du Christ sur la croix soit ad- 17. W. Robinson, A Companion to the Communion Service (Oxford 1942), 35. 20. « Doctrine et canons sur le très saint sacrifice de la messe », ch. 1, Concile de Trente (Session 22). 18. M. Thurian (ed.), Churches Respond to BEM, 6 (Genève 1988), 2021. 19. R. Dunkerley (ed.), The Ministry and the Sacraments (Londres 1937), 264. 38 venu une fois pour toutes et ne puisse être répété, les chrétiens sont rendus participants du don de soi du Christ dans la célébration eucharistique. « En union avec lui et avec toute l’Église sur la terre et au ciel », dit la Base d’union de l’Église réformée unie, « ses fidèles rassemblés à cette table présentent un sacrifice d’action de grâce et renouvellent le don d’eux-mêmes »21. Sans rien ajouter à ce que Jésus a déjà fait, « tout le peuple de Dieu… en réponse au sacrifice du Christ, offre son sacrifice de louange et d’action de grâce, en s’offrant à Dieu qui a porté la Bonne Nouvelle aux pécheurs » (CDC 145). Dans l’eucharistie, l’Église s’unit à l’intercession que le Christ adresse au Père pour tous les hommes et pour toute la création. « La vie des fidèles, leur louange, leur souffrance, leur prière, leur travail sont unis à ceux du Christ et à sa totale offrande, et acquièrent ainsi une valeur nouvelle », dit le Catéchisme (CEC 1368). Concile de Trente, en ligne avec cette tendance très ancienne, réaffirme cet enseignement doctrinal en concentrant son attention en particulier sur l’ordination à la prêtrise. Durant la dernière Cène, le Christ a fait de ses apôtres des prêtres et leur a confié le mémorial du sacrifice de son corps et de son sang22. 60. Si le Concile de Trente a insisté sur ces éléments, c’est parce qu’il entendait réaffirmer les points contestés par les réformateurs, et en particulier la dimension sacrificielle de l’eucharistie, le caractère sacerdotal du ministère ordonné, et le caractère sacramentel de l’ordination. Tout en reconnaissant l’importance du ministère ordonné dans l’Église, les réformateurs mettaient plutôt l’accent sur la prédication, l’enseignement et les tâches pastorales des ministres ordonnés. En outre, les réformateurs luthériens, réformés et anabaptistes d’Europe furent amenés à devoir choisir entre continuité de l’office épiscopal et continuité de l’enseignement. C’est ainsi qu’ils supprimèrent ou limitèrent l’office épiscopal, en soutenant que la succession apostolique dépend principalement de la continuité de l’enseignement. Ils cessèrent d’attribuer aux presbytres ordonnés le nom de « prêtre », préférant parler du « sacerdoce des fidèles ». Les Disciples du Christ ont recueilli cet héritage de la Réforme. Chez les Disciples, un ministre ordonné ou un ancien préside normalement aux sacrements de l’eucharistie et du baptême, et ils n’ont pas coutume d’utiliser le mot « prêtre », qui pour eux s’applique spécifiquement à l’eucharistie, pour désigner celui qui baptise et qui prêche (ECDC 45). 61. Vatican II a traité à plusieurs reprises la question du ministère ordonné et de ses rapports avec l’Église tout entière. D’un côté, le Concile parle du « sacerdoce commun » de tous les fidèles qui, « en vertu de leur sacerdoce royal, ont part à l’offrande eucharistique et exercent ce sacerdoce par la réception des sacrements, la prière et l’action de grâce, par le témoignage d’une vie sainte, par l’abnégation et la charité active ». D’autre part, il affirme que le sacerdoce ministériel de l’ordonné diffère du sacerdoce commun « essentiellement et non pas seulement en degré », car il « instruit et gouverne le peuple sacerdotal » et « accomplit le sacrifice eucharistique » (LG 10). Il existe pour promouvoir et nourrir le sacerdoce commun de tous les baptisés. 62. En outre, le Concile, en suivant en cela une tradition ancienne, a vu dans l’épiscopat, davantage encore que le presbytérat, la catégorie fondamentale du ministère ordonné. Plutôt que de considérer que l’épiscopat confère seulement une juridiction et une autorité supplémentaires, le Concile a mis l’accent sur la sacramentalité du ministère épiscopal et sur la collégialité des évêques agissant ensemble comme successeurs des apôtres. Non seulement le ministère épiscopal continue d’être considéré comme une participation au sacerdoce du Christ, mais il confère aussi la charge 3.3.3. Résumé 57. Ensemble, Disciples et catholiques affirment que le sacrement de l’eucharistie rend présent le sacrifice du Christ, accompli une fois pour toutes. La Commission est parvenue à une réelle convergence sur ce point, une fois dissipées les incompréhensions mutuelles, tout en admettant que des divergences subsistent encore. Nous allons maintenant examiner une autre question, liée aux précédentes : la façon dont le langage sacrificiel est appliqué à ceux qui président à l’eucharistie, considérés dans leur rôle sacerdotal. 4. LE SACERDOCE DU CHRIST ET DE SES MINISTRES 4.1. Aperçu historique sur la conception sacerdotale du ministère ordonné 58. À côté des interprétations sacrificielles de l’eucharistie apparues dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, s’est développée une interprétation du rôle sacerdotal de celui qui préside à l’eucharistie. On ne trouve pas trace d’une telle interprétation dans le Nouveau Testament, qui qualifie l’Église de « race élue, communauté sacerdotale du roi » (1 P 2, 9), mais n’utilise aucun de ces termes pour désigner ceux qui président à l’eucharistie communautaire. Cependant, à mesure qu’un parallèle est établi entre l’eucharistie et la dernière Cène dans le symbolisme liturgique et théologique de la période patristique, en s’appuyant sur Hébreux 10, 10 et sur l’Ancien Testament, celui qui préside à l’eucharistie en vient à être considéré comme étant dans un rapport sacramentel avec le don de soi du Christ Grand prêtre, et est appelé « prêtre ». 59. Au Moyen Âge, l’interprétation sacerdotale finit par prévaloir dans la théologie et dans la pratique du ministère ordonné de l’Église d’Occident. Le 21. Base de l’Union de l’Église Réformée Unie, n.15. (La majorité des Églises du Christ de Grande-Bretagne ont rejoint cette Église en 1981.) 22. « Doctrine et canons sur le très saint sacrifice de la messe’ », Canon 2, Concile de Trente (Session 22). 39 d’enseigner et de gouverner (LG 21). Enfin, parmi les fonctions de l’évêque, une place prééminente est donnée à la prédication (LG 25). En tant que collaborateurs de l’évêque, les presbytres23 ont, eux aussi, « pour première fonction d’annoncer l’Évangile de Dieu à tous les hommes » (PO 4). 66. D’autre part, la Commission a reconnu que l’Esprit Saint « dispense une variété de dons ou de charismes qui permettent à l’Église dans son ensemble de recevoir et de transmettre la Tradition apostolique. Les dons essentiels sont ceux qui sont propres au culte, et surtout à la célébration de la Cène du Seigneur » (ECDC 41). Mais parmi la variété des dons accordés à l’Église « le ministère ordonné reçoit le don particulier de maintenir la communauté dans la mémoire de la Tradition apostolique. Disciples et catholiques romains affirment que le ministère chrétien existe pour actualiser, transmettre et interpréter fidèlement la Tradition apostolique dont l’origine remonte à la première génération » (ECDC 44). 67. Cependant, tout en reconnaissant qu’il existe un rapport entre ministère ordonné et continuité de la tradition apostolique, Disciples et catholiques interprètent et définissent ce rapport différemment. Issus de la tradition de la Réforme qui a rejeté l’épiscopat tel qu’il existait au XVIe siècle, « les Disciples ont toujours reconnu que la tâche ministérielle, répartie dans la communauté locale entre ministres ordonnés et anciens ordonnés, est essentielle pour la vie de l’Église et qu’elle est un signe de continuité avec la tradition apostolique » (ECDC 45). La Commission note que les catholiques croient que l’évêque, en coopération avec « les prêtres, les diacres et la communauté tout entière dans l’Église locale, et en communion avec tout le collège des évêques du monde entier uni à son chef, l’évêque de Rome, garde vivante la foi apostolique dans l’Église locale afin qu’elle demeure fidèle à l’Évangile » (ECDC 45). La Commission a pu constater ainsi que même si leur ministère ordonné est structuré de façon différente, dans les deux communions les ministres ordonnés jouent un rôle essentiel qui consiste à garder vivante la tradition apostolique dans la communauté. Ensemble, catholiques et Disciples déclarent que « toute l’Église prend part au sacerdoce et au ministère du Christ » et ensemble, ils affirment aussi que « les ministres ordonnés ont le charisme spécifique de représenter le Christ dans l’Église ; leur ministère est l’expression du ministère du Christ pour toute l’Église » (ECDC 45). Il s’agit là d’une convergence significative sur la nature apostolique de nos ministères ordonnés et sur la question de la succession apostolique, malgré quelques différences dans leur interprétation et leurs expressions. 68. Sur la question de la représentation du Christ par les ordonnés, Disciples et catholiques sont à la fois en accord et en désaccord. Ils sont d’accord pour dire que les ministres ordonnés représentent le Christ, chef de l’Église, mais ils ne sont d’accord ni sur la nature de la représentation du Christ et sur sa source dans la succession apostolique, ni sur le rapport entre ministère ordonné et sacerdoce des fidèles. 69. En premier lieu, les Disciples et les catholiques ne sont pas d’accord sur la représentation du Christ par les ordonnés. Pour les catholiques, le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou 4.2. Enseignement actuel des catholiques et des Disciples sur la dimension sacerdotale du ministère ordonné 63. Nos deux traditions sont en accord sur un certain nombre de questions liées au ministère ordonné. Ensemble, Disciples et catholiques affirment que l’unique sacerdoce du Christ est la mesure et la norme de tout sacerdoce. Le Christ fait office de médiateur entre Dieu et les hommes, en nous sanctifiant par le don de lui-même dans un sacrifice parfait, accompli une fois pour toutes pour le rachat des péchés du monde. « Il n’a pas besoin comme les autres grands prêtres d’offrir chaque jour des sacrifices, d’abord pour ses propres péchés, puis pour ceux du peuple. Cela, il l’a fait une fois pour toutes en s’offrant lui-même » (He 7, 27). Par sa mort et sa résurrection, en instituant son rôle unique et éternel de Grand prêtre, il a inauguré un nouveau rapport entre Dieu et les hommes (cf. Jn 7, 21). 64. Ensemble, Disciples et catholiques reconnaissent aussi que le Christ a fait des baptisés un peuple sacerdotal dont les membres sont liés au Christ, et donc liés les uns aux autres comme membres de son corps. En tant que peuple sacerdotal, les baptisés offrent des sacrifices de louange et d’action de grâce (He 13, 15, Ps 116, 17), et présentent leur corps comme « un sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu : ce sera là votre culte spirituel » (Rm 12, 1). 65. Disciples et catholiques s’accordent à dire en outre que le ministère ordonné doit être considéré dans le cadre de l’apostolicité de l’Église. Dans une précédente phase du dialogue, la Commission avait reconnu et étudié le rapport entre eucharistie et maintien de la continuité avec la communauté apostolique. L’Église comme communion dans le Christ déclare que « Disciples et catholiques romains ont en commun la détermination de vivre et d’enseigner de telle manière que le Seigneur, à son retour, puisse trouver une Église qui témoigne la foi des apôtres » (ECDC 27). Ils croient en outre que l’Esprit Saint travaille à relier le passé et à entretenir dans l’Église la mémoire de la foi apostolique, en la rendant présente et en permettant aux générations successives de s’approprier l’événement commémoré. « Dans l’eucharistie en particulier, l’Esprit rend le Christ présent aux membres de la communauté » (ECDC 28). 23. Le mot latin « presbyteri » est toujours traduit par « prêtres » dans PO, tandis qu’en LG 10, la traduction latine de « prêtre ministériel » est « sacerdos ministerialis ». 40 hiérarchique ont entre eux « une différence essentielle et non seulement de degré » (LG 10), tout en étant ordonnés l’un à l’autre. Car d’une part, tous les fidèles prennent part au sacerdoce du Christ en vertu de leur baptême. Le Christ continue son sacerdoce en la personne des baptisés qui consacrent le monde à Dieu par leurs sacrifices spirituels. « Il n’y a aucun membre qui n’ait sa part dans la mission du Corps tout entier » (PO 2). La participation des baptisés au sacerdoce du Christ culmine dans l’eucharistie. D’autre part, conformément à l’intention et au mandat du Seigneur, cette vie sacramentelle requiert l’intervention d’un ministre apostolique agissant en sa personne et parlant en son nom. Le sacerdoce ministériel est conféré par un sacrement distinct du baptême, par lequel les ministres ordonnés sont configurés « au Christ Prêtre pour les rendre capables au nom du Christ Tête en personne » (PO 2). Les catholiques croient que les ministres ordonnés exercent cette fonction d’une façon spéciale dans la célébration eucharistique : « Là, tenant la place du Christ, et proclamant son mystère, ils joignent les prières des fidèles au sacrifice de leur Chef » (LG 28). En présidant à l’eucharistie, l’ordonné agit au nom et pour le salut de tous les baptisés. « C’est par le ministère des prêtres que se consomme le sacrifice spirituel des chrétiens, en union avec le sacrifice du Christ, unique médiateur, offert au nom de toute l’Église dans l’eucharistie par les mains des prêtres, de manière sacramentelle et non sanglante, jusqu’à ce que vienne le Seigneur lui-même » (PO 2). Ainsi, ceux qui sont ordonnés pour le sacerdoce ministériel prennent part à la personne et au travail du Christ Grand prêtre, en rendant possible le sacerdoce des baptisés. 70. Les Disciples n’ont pas développé une réflexion aussi détaillée sur le rapport entre ministère ordonné et sacerdoce du Christ. Ils considèrent l’ordination non pas comme un sacrement distinct du baptême, mais comme sacramentelle dans un sens plus large. Le fondement du ministère ordonné est Jésus Christ, Grand prêtre et chef de l’Église, « qui est son corps, la plénitude de celui que Dieu remplit lui-même totalement » (Ep 1, 22-23). La communauté tout entière, désignée communément par l’expression « le sacerdoce de tous les croyants » participe au ministère éternel du Christ comme membres de son corps. C’est pourquoi en proclamant la Parole vivante, par la puissance de l’Esprit Saint, l’ordonné appelle l’Église à assumer son identité en Christ24. Cependant pour les Disciples, les ordonnés ont un rôle distinctif à remplir dans la vie et dans le ministère de l’Église, qui se révèle tout spécialement dans la célébration de l’eucharistie. En tant que représentant du Christ, présidant à la table du Seigneur, le ministre ordonné sert d’hôte à table à la place du Christ. L’ordonné exerce son rôle sacerdotal en dirigeant l’offrande des sacrifices de louange et le culte. Par la puissance de l’Esprit Saint agissant à travers la prière eucharistique et la foi de la communauté, le pain et le vin deviennent pour nous le corps et le sang du Christ. 71. En second lieu, par le fait qu’ils interprètent différemment le rapport entre l’ordonné et le sacerdoce du Christ, Disciples et catholiques conçoivent et expriment différemment le rapport entre le ministre ordonné et l’Église tout entière. Car si d’une part, ils sont d’accord pour dire que « tous les membres n’ont pas la même fonction » (Rm 12, 4), de l’autre, les catholiques croient que la participation des baptisés au sacerdoce du Christ diffère essentiellement du sacerdoce ministériel, et non pas seulement en degré, une conception étrangère à la tradition des Disciples, pour qui l’ordonné a pour tâche d’appeler la communauté à assumer son identité dans le Christ et de représenter le Christ auprès d’elle. Mais tout en soulignant la différence entre le sacerdoce des laïcs et celui des ordonnés, les catholiques disent qu’ils sont liés entre eux : « Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, s’ils diffèrent essentiellement et non pas seulement en degré, sont cependant ordonnés l’un à l’autre », a déclaré Vatican II. « L’un comme l’autre participe à sa façon à l’unique sacerdoce du Christ » (LG 10). Les catholiques précisent que le ministère ordonné existe pour le bien de l’Église, et jamais en dehors de l’Église. À propos de cette différence, le Catéchisme de l’Église catholique dit que « le sacerdoce ministériel est au service du sacerdoce commun, il est relatif au déploiement de la grâce baptismale de tous les chrétiens » (CEC 1547). Les Disciples trouvent ces clarifications utiles. Mais ils tiennent à souligner aussi la valeur des dons accordés à tous les baptisés et se méfient de toute définition du ministère ordonné qui limiterait ces dons. 4.3. Résumé 72. Disciples et catholiques s’accordent à dire que le sacerdoce du Christ est le critère de tout sacerdoce dans l’Église. Ils sont également d’accord sur le fait que le peuple de Dieu tout entier est un peuple sacerdotal « que Dieu s’est acquis » (1 P 2, 9). Mais ils n’interprètent pas de la même façon le rapport entre le sacerdoce des fidèles et celui des ministres ordonnés. Dans une précédente phase de ce dialogue, les participants avaient reconnu que le rôle d’episcope (surveillance) est exercé différemment chez les Disciples et chez les catholiques, mais que chez les uns comme chez les autres, les ministres ordonnés remplissent un rôle essentiel qui consiste à garder vivante la mémoire de ce que le Christ a fait et de maintenir l’Église dans la continuité de la foi apostolique. Dans la présente phase, la Commission a découvert de nouveaux points d’accord sur le ministère ordonné, même s’il subsiste 24. Comparer avec la déclaration The COCU Consensus (ch 7, §31), proclamée officiellement par les Disciples des États-Unis : « Ordination marks them as persons who represent to the Church its own identity and mission in Jesus Christ » (L’ordination les marque comme personnes qui présentent à l’Église son identité et sa mission en Jésus Christ) ; J.A. Burgess & J. Gros, FSC, Growing Consensus: Church Dialogues in the United States, 1962-1991 (New York/Mahwah, 1995), 56. 41 encore quelques divergences. Car si les Disciples sont d’accord avec les catholiques pour dire que l’ordonné représente le Christ Grand prêtre dans son ministère, ils n’ont pas la même conception de la nature de cette représentation du Christ et refusent de considérer que son sacerdoce est distinct essentiellement de celui des fidèles. Ces divergences nécessitent d’être explorées plus à fond dans une prochaine phase de notre dialogue ensemble. 5. 76. Ce dialogue nous a permis de mieux comprendre pourquoi des points de vue opposés ont été soutenus dans le passé sur la présence du Christ dans l’eucharistie. Nous avons pris conscience que la perception que nous avions de nos croyances respectives était basée sur des malentendus. Ensemble, catholiques et Disciples proclament le mystère fondamental de l’eucharistie, dans laquelle le pain et le vin deviennent le corps et le sang du Christ. Pour réfuter les interprétations matérialistes de ce changement (conversio), les catholiques, parmi d’autres, ont développé la catégorie aristotélicienne de « substance » pour désigner la réalité qui lui est sous-jacente. C’est donc principalement pour lutter contre les interprétations matérialistes que le concept de transsubstantiation a été forgé. Par la suite, les réformateurs protestants ont à leur tour interprété erronément la notion de transsubstantiation dans un sens matérialiste, et les premiers Disciples, formés dans le climat du réalisme écossais fondé sur le bon sens, l’ont écartée, la considérant comme une spéculation métaphysique inutile. Ensemble, catholiques et Disciples affirment que toute explication matérialiste de ce qui se passe à la table du Seigneur doit être rejetée, et que le mystère sacramentel échappe à toute tentative pour l’appréhender. 77. La Commission reconnaît que l’eucharistie est le sacrement du sacrifice du Christ, accompli une fois pour toutes. L’eucharistie est une nouvelle alliance dans le sang du Christ, scellée par sa mort sur la croix pour notre rédemption. Dans l’eucharistie, l’Église s’unit au don de soi du Christ au Père pour tous les hommes et pour toute la création. 78. Ensemble, catholiques et Disciples reconnaissent la dimension sacrificielle de l’eucharistie, et ensemble, ils la considèrent comme une célébration sacerdotale. Mais chez les catholiques, l’action sacerdotale est identifiée plus particulièrement avec le ministre qui préside la célébration, tandis que chez les Disciples tout le peuple sacerdotal de Dieu célèbre le sacrifice eucharistique. Néanmoins, ils pensent que ce sacrifice doit être présidé par un ministre ordonné, par un ancien, ou à défaut par une personne choisie et appelée par la congrégation à remplir cet office de représentation. Une nouvelle réflexion serait nécessaire ici pour clarifier ces différents points que nous avons tout juste commencé à étudier. 79. Malgré tout, c’est la première fois en plus de trente ans de dialogue que nous nous sommes engagés dans une discussion approfondie sur l’eucharistie. La présente Déclaration ne constitue pas une présentation exhaustive de la présence du Christ dans l’eucharistie, mais plutôt un début prometteur, une communion in via. Nous avons identifié quelques domaines sur lesquels il conviendrait de confirmer à travailler : CONCLUSION 73. Parce que nous, Disciples et catholiques, partageons un engagement commun pour l’unité de l’Église, nous nous sommes écoutés mutuellement avec attention et nous avons réfléchi ensemble sur les moyens pour faire progresser notre dialogue. Nous sommes partis de notre conviction commune que Dieu est présent dans le monde et dans l’Église, et que sa Parole est dynamique et efficace. En Christ, le Verbe de Dieu s’est fait chair ; et en entrant dans une nouvelle dimension par sa mort et sa résurrection, il est maintenant présent dans le monde en tout temps et en tout lieu. 74. La Commission a cherché en particulier à mettre en relation la présence du Christ ressuscité et la Parole dynamique de Dieu avec les points sur lesquels nous étions en désaccord à propos de l’eucharistie. Le caractère agissant de la Parole de Dieu nous a aidés à mieux comprendre la puissance des paroles de l’anamnèse qui nous rappellent tout ce que Dieu a fait pour nous dans son œuvre de rédemption et le proclament de telle façon que ces événements passés sont efficaces aujourd’hui. Nous avons souligné en particulier l’efficacité des paroles d’invocation à l’Esprit Saint (épiclèse) pour que le pain et le vin deviennent le corps et le sang du Christ25. Parce qu’il est ressuscité d’entre les morts, le Christ peut maintenant s’offrir d’une façon unique en nourriture aux croyants dans l’eucharistie, signe et avant-goût de la nouvelle création qui s’accomplira quand il reviendra dans la gloire. Notre confession commune de l’efficacité de la Parole de Dieu et de la puissance de la résurrection du Christ nous a aidés à découvrir davantage de convergences sur l’eucharistie qu’il n’avait été possible précédemment entre catholiques et Disciples. 75. Les membres de la Commission s’accordent à dire qu’il existe un lien essentiel entre la présence du Christ dans le monde, dans l’Église, dans la parole et dans les sacrements du baptême et de la Sainte Communion. Et ils reconnaissent aussi que l’approche sacramentelle de la vie se fonde sur la croyance que nous vivons dans un monde créé par Dieu, et dans lequel Dieu est constamment à l’œuvre. a) il serait nécessaire d’approfondir notre réflexion sur la présence du Christ dans l’eucharistie (n. 45) et sur la dimension sacrificielle de l’eucharistie (n. 25. « Fiat » dans la liturgie romaine ou ‘deviennent pour nous’ dans les prières eucharistiques I et II ; comparer avec « être pour nous » aux points correspondants dans la liturgie de la sainte communion dans les Églises du Christ en Grande-Bretagne et en Irlande (1964 et 1967) et les Missels de l’Église protestante unie. 42 57), pour voir jusqu’à quel point nos divergences de vues nous séparent encore en tant qu’Églises ; Rév. Dr David M. Thompson Fitzwilliam College Cambridge, Grande-Bretagne b) il faudrait étudier aussi les implications ecclésiales de cette question, et en particulier le rapport entre ordination et sacerdoce d’une part, sur laquelle notre discussion n’en est qu’à ses débuts (n. 69-70), et le rapport entre ministère ordonné et représentation du Christ de l’autre (n. 40, 61, 69, 74). Ce dernier point a déjà été abordé précédemment, mais le contexte eucharistique lui confère une nouvelle priorité. Rév. Dr Michael Kinnamon Eden Theological Seminary St. Louis, Missouri, États-Unis Rév. Marjorie Lewis UTCWI Kingston, Jamaïque Rév. Dr Robert K. Welsh (cosecrétaire) Council on Christian Unity Indianapolis, Indiana, Etats-Unis c) à l’arrière-plan, il reste la question de la succession apostolique et de son rapport avec le ministère ordonné (n. 65-67), que nous avons également traité précédemment. Notre dialogue nous a permis d’identifier plus précisément les questions de foi substantielles sur lesquelles un accord doit encore être trouvé pour parvenir à la pleine communion (n. 11). 80. Cette fois encore, nous avons découvert que grâce aux explications patientes et à l’écoute mutuelle, nombre de malentendus ont pu être dissipés. L’ampleur des convergences ainsi mises en lumière nourrit en nous l’espoir d’une plus grande unité entre Disciples et catholiques. Nous les présentons ici comme une contribution à l’unique mouvement œcuménique. MEMBRES CATHOLIQUES Très Rév. Daniel M. Buechlein, OSB (coprésident) Archevêque d’Indianapolis Indianapolis, États-Unis Très Rév. Basil Meeking Évêque émérite de Christchurch Christchurch, Nouvelle Zélande Dr. Lawrence J. Welch Kenrick School of Theology St. Louis, Missouri, États-Unis 30 juin 2009 Très Rev. Abbé Denis Farkasfalvy, O.Cist. Irving, Texas, États-Unis Dr. Robert Louis Wilken University of Virginia Washington, DC, États-Unis MEMBRES DES DISCIPLES: Rév. Dr William Tabbernee (coprésident) Phillips Theological Seminary Tulsa, Oklahoma, États-Unis Dr. Margaret O’Gara Faculty of Theology University of St. Michael’s College Toronto, Canada Rév. Dr Merryl Blair Churches of Christ Theological College Mulgrave Victoria, Australie Fr. Aidan Nichols, O.P. Cambridge, Grande-Bretagne Rév. Dr Kay Bessler Northcutt Phillips Theological Seminary Tulsa, Oklahoma, États-Unis Fr. Gosbert Byamungu (cosecrétaire) Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens Cité du Vatican Rév. Dr James O Duke Texas Christian Unversity Brite Divinity School Forth Worth, Texas, États-Unis Traduction de l’anglais au français SI 43 COMMENTAIRE PAR MGR JOHN A. RADANO sur La présence du Christ dans l’Église, en se référant spécialement à l’Eucharistie IVe Déclaration commune des Disciples du Christ et de l’Église catholique romaine Commission internationale pour le dialogue 2003-2009 La quatrième phase de ce dialogue international, qui a débuté en 1977 et qui a déjà publié trois autres rapports, s’est concentrée sur des questions importantes du dialogue œcuménique. Ce quatrième rapport se base sur les acquis des précédentes phases du dialogue. Les discussions ont été menées de façon approfondie et nuancée. Les points d’accord sont clairement identifiés, comme le sont aussi les divergences et les questions qui nécessitent un dialogue ultérieur. Ce rapport représente une contribution précieuse à la littérature œcuménique. Dans ce commentaire, je m’efforcerai d’abord de mettre en évidence les aspects les plus significatifs de chacune de ces parties, puis je ferai quelques considérations sur l’ensemble de ce rapport. INTRODUCTION La brève introduction (n. 1-4) fait d’abord quelques affirmations sur le contexte dans lequel le dialogue sur le thème principal s’est déroulé, et que l’on trouvait déjà dans les rapports précédents. En premier lieu, l’affirmation que ce dialogue a pour but « la pleine unité visible entre nos deux communions » (n. 1). L’engagement commun des Disciples et des catholiques pour la pleine unité visible est ensuite réaffirmé ailleurs dans le texte (par ex. n. 5, cf. 73). La raison théologique qui motive cet engagement est que « l’absence d’une pleine communion entre nous, qui est en contradiction avec la volonté du Christ, nous pousse à nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu et à suivre son appel à surmonter nos divisions » (n. 2). Toujours en vue de ce but, on trouve une autre « affirmation commune » à propos de « l’importance de l’œcuménisme spirituel… pour situer toute notre réflexion dans un climat de prière, en demandant à Dieu de nous guider » (n. 2). L’importance de l’œcuménisme spirituel avait été affirmée dès la première phase du dialogue dont le rapport Apostolicité et catholicité (AC 1981) contient une partie sur l’œcuménisme spirituel et reconnaît que c’est la grâce de Dieu qui apportera l’unité visible. L’unité visible viendra « de l’unique grâce de l’Esprit de Dieu, présent de manière dynamique parmi les chrétiens même dans leur situation séparée » (AC 14), en sorte que le travail pour l’unité des chrétiens « est profondément et radicalement une œuvre spirituelle… Il vient de l’Esprit Saint et est la réponse qu’il lui apporte » (AC 15). C’est la raison pour laquelle, comme le dit le présent rapport, « chacune de nos rencontres s’est déroulée dans un climat de prière quotidienne, matin et soir… et comportait aussi des temps d’étude biblique et de réflexion théologique » (n. 3). Au sujet de l’œcuménisme spirituel, la Commission rappelle que le rapport de la première phase parlait de « l’espace évangélique » que découvrent ceux qui « sont empêchés, comme communautés ou comme personnes, de chercher à justifier [leurs] divisions… [et qui sont] poussés à la recherche d’une vie partagée dans une communauté réconciliée ». Ils découvrent ainsi « de Ce rapport commence par annoncer clairement son statut : il s’agit d’« une déclaration commune de la Commission, et non d’une déclaration officielle de l’Église catholique romaine et du Conseil consultatif œcuménique des Disciples, lesquels étudieront ce document en temps voulu ». Néanmoins les « autorités qui ont nommé la Commission ont autorisé la publication de ce rapport afin qu’il puisse être étudié et discuté par un public nombreux ». L’impression de continuité qui se dégage de ce dialogue, d’une phase à l’autre, est due au fait que le thème sur lequel ce quatrième rapport s’est concentré avait été suggéré par le rapport de la deuxième phase, intitulé L’Église comme communion dans le Christ (CCIC, 1992). En esquissant le travail futur de la Commission, ce rapport soulignait la nécessité « de confronter nos enseignements sur la présence du Christ dans la célébration du repas du Seigneur, sur sa dimension sacrificielle, sur le rôle du ministre ordonné et sur celui de la communauté » (CCIC 53a). Tous ces thèmes sont maintenant examinés dans la quatrième phase. La conclusion de cette quatrième phase dit que « c’est la première fois en plus de trente ans de dialogue que nous nous sommes engagés dans une discussion approfondie sur l’eucharistie », tout en précisant avec humilité qu’on ne trouvera pas dans ce rapport « une présentation exhaustive de la présence du Christ dans l’eucharistie, mais plutôt un début prometteur, une communion in via » (n. 79). Cet aspect, et bien d’autres encore, révèle le caractère systématique du travail accompli par ce Dialogue international depuis ses débuts en 1977. Ce document, qui consiste dans une introduction, quatre parties et une conclusion, présente les principaux thèmes selon une progression logique. 44 nouvelles possibilités pour un échange original et pour un partage » (AC 20) (n. 2). En bref, c’est cette metanoia, nourrie par l’œcuménisme spirituel, qui crée les conditions – l’espace évangélique – leur permettant de s’engager dans un dialogue authentique, nécessaire dans la recherche de l’unité des chrétiens. À cette fin, le rapport dit « nous avons passé beaucoup de temps à nouer des relations entre nous et à présenter nos ecclésiologies respectives » (n. 2). Ainsi, ils ont pu dire au début du rapport que durant cette période de dialogue « la Commission a pu découvrir des convergences significatives sur les questions de foi fondées sur une vision commune de certains aspects de notre thème, qui sont présentées aujourd’hui dans cette Déclaration » (n. 4). Elle a pu ainsi conclure, à la fin du dialogue, que « grâce aux explications patientes et à l’écoute mutuelle, nombre de malentendus ont pu être dissipés. L’ampleur des convergences ainsi mises en lumière nourrit en nous l’espoir d’une plus grande unité entre Disciples et catholiques » (n. 80). L’œcuménisme spirituel, caractérisé par la prière, favorise les changements dans l’esprit et dans le cœur, en créant un climat propice pour avancer vers la réconciliation. fessent que l’Église est une et que son unité est un don de Dieu ». Ils affirment en outre que « pour les Disciples comme pour les catholiques, l’unité visible de l’Église est au cœur de l’Évangile » ; qu’elle est « essentielle pour la conversion du monde » ; et que « le salut du monde dépend de son rétablissement » (CCIC, n. 8) (n. 5). Ensemble, ils affirment également d’autres aspects importants du rapport entre le Christ et l’Église et d’autres points fondamentaux de leur foi commune. Ils n’ont pas cherché à formuler une ecclésiologie ici, et ils en ont dit plus au sujet de l’Église dans leurs précédents rapports. Ils présentent néanmoins quelques domaines de convergence importants, outre ceux déjà mentionnés ci-dessus. Ensemble ils proclament que « l’Église est la communion en Christ », « l’assemblée du Peuple de Dieu, fondée par et en Jésus Christ, nourrie et fortifiée par l’Esprit Saint », « le Corps du Christ ». Ensemble, ils affirment la nature divinement constituée de l’Église et son fondement trinitaire (n. 6). Toutes ces affirmations ont des implications importantes puisque « sans cette union au Christ, l’Église se réduirait à une organisation purement humaine et l’issue de sa mission serait incertaine » (n. 7). Ensemble ils déclarent aussi qu’« à la Pentecôte, la mission du Christ et de l’Esprit Saint est devenue la mission de toute l’Église ». Précédemment, ils avaient déclaré ensemble que « l’Église est guidée par l’Esprit Saint, et pour cette raison, en définitive, elle n’échouera pas dans sa tâche de proclamer l’Évangile » (Réception et transmission de la foi, n. 2.4) (n. 7). Le fondement et le but de ce dialogue, à savoir l’unité visible de nos deux communions, est « notre unité en Christ » (n. 6). Après avoir affirmé que l’Église est unie au Christ, la Commission aborde la question du péché dans l’Église. S’il est vrai que « l’Église vit du Christ, en Christ et pour le Christ », la Commission recommande de bien distinguer entre Jésus Christ et son Église, pour ne pas risquer de ne pas reconnaître les péchés des membres de l’Église ou d’en attribuer la faute au Christ. Elle rejette une telle éventualité en citant Lumen gentium qui dit que « tandis que le Christ, saint, innocent et sans souillure (He 7, 26) n’a pas connu le péché (cf. 2 Co 5, 21), mais est venu seulement expier les péchés du peuple (cf. He 2, 17), l’Église qui renferme en son sein les pécheurs, qui est sainte et, en même temps, doit toujours être purifiée, recherche sans cesse la pénitence et le renouvellement » (LG 8), (n. 8). Le paragraphe 1.2 (Une seule foi, un seul baptême, un seul corps) rappelle deux domaines de convergence très importants en matière de foi mis en lumière dans la première Déclaration commune de la Commission (AC, n. 36-37) pour préparer le lecteur à la discussion sur l’eucharistie qui va suivre. Le premier a trait à la foi trinitaire : « Catholiques et Disciples partagent la foi apostolique de l’Église en un seul Dieu, révélé en trois personnes » (n. 9). Le second entre directement dans le vif de la vie sacramentelle : « L’unité de la foi s’exprime aussi dans l’unique baptême que nous partageons » (AC n. 24), (n. 9). Réflexion sur l’introduction Le but de l’unité à laquelle ce dialogue tend révèle aussi le niveau profond d’engagement qui motivait les partenaires de ce dialogue. Certains observateurs œcuméniques soutiennent que l’engagement pour l’unité visible des chrétiens n’est plus aussi fort que dans les décennies passées. Mais tel n’est certainement pas le cas des participants à ce dialogue. Pour l’Église catholique, la pleine unité visible est le but premier du mouvement œcuménique. Tous les autres dialogues bilatéraux dans lesquels l’Église catholique est engagée tendent vers le même but, de même que le dialogue multilatéral de Foi et Constitution. La prise de conscience que l’œcuménisme spirituel est fondamental, qu’il crée un « espace évangélique » permettant aux partenaires du dialogue de briser le mur d’hostilité et d’aider leurs communautés à en faire autant, est un atout important pour vaincre les forces puissantes de la division qui ont prévalu pendant des siècles. C’est reconnaître que, même si le dialogue, la coopération et les autres initiatives œcuméniques peuvent jouer un rôle important dans la quête de l’unité entre les chrétiens, la réalisation de cette unité dépend de la grâce de Dieu. La prière pour l’unité est primordiale et doit toujours accompagner le dialogue. Du point de vue des catholiques, cette conviction est très proche de ce qu’affirme le Catéchisme de l’Église catholique (n. 820-822). 1ERE PARTIE : NE FAIRE QU’UN EN CHRIST DANS L’ÉGLISE (N. 5-13) Au début du paragraphe 1.1 (Notre engagement commun pour l’unité de l’Église), les partenaires du dialogue commencent par faire une importante confession de foi : « Ensemble, catholiques et Disciples con45 Ces affirmations fondamentales conduisent à la question : « Dans quel sens les Disciples et les catholiques peuvent-ils dire qu’ils forment un seul corps ? » (n. 10). Ils y répondent en reconnaissant sincèrement qu’ils partagent un certain degré de communion, notamment sur les questions de foi mentionnées ci-dessus, mais qu’il existe des limites à la communion qu’ils partagent : « Notre communion est imparfaite… Devant l’absence apparente d’accord entre nous sur des questions de foi substantielles, nous avons ressenti le besoin de définir et d’analyser ces questions de façon plus précise que nous ne l’avions fait jusqu’à présent » (n. 11). Pour décrire cet état de choses, le premier rapport commun avait parlé de communion in via. « Nous sommes déjà sur la route. Nous avons fait le premier pas dans la foi par le baptême, qui est aussi appel à cette unité finale » (AC n. 61). Les catholiques trouvent une confirmation de ceci dans le Décret sur l’œcuménisme : « Ceux qui croient au Christ et qui ont reçu validement le baptême, se trouvent dans une certaine communion, bien qu’imparfaite, avec l’Église catholique » (n. 3). Les Disciples rappellent leur conviction, « affirmée de façon moins formelle », que « les personnes qui ont été baptisées dans une autre Église (que ce soit à la naissance ou à l’âge adulte) sont déjà des frères et des sœurs dans le Christ, et qu’un nouveau baptême par immersion n’est pas nécessaire ». La Commission aborde la question de savoir comment édifier cette communion in via, comment exploiter l’« espace évangélique », fruit de la metanoia, « dans lequel nous trouvons une grâce de Dieu disponible de manière nouvelle pour nous, qui nous unit ensemble dans la louange, la bénédiction, l’imploration de Dieu » (AC, n. 20) (n. 11). Cette unité que nous partageons déjà doit être mise en acte à travers toutes sortes de rencontres et d’initiatives communes. La Commission se réjouit de constater qu’une telle coopération existe déjà au niveau local sous diverses formes : prière commune, témoignage commun, activités sociales communes. Toutes ces initiatives, qui contrastent avec les divisions du passé, permettent de « se faire une place » mutuellement et de se sentir incorporés ensemble au corps du Christ. Elles « expriment notre communion in via » (n. 12). Cette partie s’achève sur une affirmation importante : « Notre vision de l’Église comme communion, décrite notamment dans la deuxième Déclaration, nous oblige à considérer que loin d’être une construction humaine, l’existence de l’Église répond à la volonté révélée de Dieu. En même temps, elle révèle la gravité de notre séparation d’avec tous ceux qui partagent notre foi apostolique commune en Dieu Un et Trine » (n. 13). humaine, l’existence de l’Église répond à la volonté révélée de Dieu » (n. 13). Disciples et catholiques ont trouvé ici un accord sur des aspects très importants de l’Église et de la foi apostolique. Tout aussi significative pour ce dialogue – et pour le mouvement œcuménique dans son ensemble – est la conviction des Disciples, « affirmée de façon moins formelle », relative au baptême des petits enfants et des adultes. Les Disciples se définissent comme « une Église de croyants sur le modèle de l’Église du Nouveau Testament qui pratiquait le baptême en le faisant précéder d’une confession de foi personnelle au Christ ». C’est pourquoi ils refusaient de reconnaître la validité du baptême des petits enfants, et ce jusqu’au XXe siècle (ECDC n. 13). La position selon laquelle le baptême ne peut être pratiqué qu’après une profession de foi personnelle (ce qui exclut le baptême des petits enfants), est défendue actuellement par d’autres familles chrétiennes, et notamment par certaines communautés en forte croissance numérique. C’est donc une question œcuménique importante qui a été débattue dans ce dialogue. Déjà dans la première phase du dialogue, des convergences significatives avaient été trouvées. Les catholiques avaient décrit les motifs historiques, théologiques et pastoraux à l’origine de la pratique du baptême des petits enfants, en ajoutant que la croyance fondamentale de leur Église concernant le baptême est « exprimée avec une nouvelle clarté dans le rite revisité du baptême des adultes qui comporte une confession personnelle de foi ». Dans le même temps, « les Disciples comprennent mieux la place du baptême des enfants dans l’histoire de l’Église. En partie, cela implique de comprendre le baptême des enfants en relation avec une éducation chrétienne, tant dans la famille que dans la communauté chrétienne… et que le baptême des enfants est la réponse pastorale à une situation où les membres ne sont plus en majorité des chrétiens de la première génération » (AC n. 33). De nouvelles convergences ont également été trouvées sur la manière de conférer le baptême (AC n. 25). Ici aussi, la conviction des Disciples « affirmée de façon moins formelle », qui favorise un rapprochement entre Disciples et catholiques sur la question du baptême des petits enfants et des adultes, pourrait constituer un témoignage important pour d’autres dialogues et rapports bilatéraux qui cherchent à résoudre ce problème œcuménique. DEUXIEME PARTIE : LE CHRIST RESSUSCITE, PAROLE VIVANTE : PAROLE ET SACREMENTS DANS L’ÉGLISE (N. 14-25) La Commission se prépare à réfléchir sur la présence du Christ dans l’eucharistie, dans la troisième partie de ce rapport, en la situant d’abord, dans la première partie, dans le cadre d’une réflexion sur l’Église et sur les implications des questions de foi proclamées ensemble, puis, dans la deuxième partie, dans le cadre plus large de la présence du Christ ressuscité dans le monde et dans l’Église. Dans l’Église, le Christ ressuscité est présent dans la Parole et dans les sacrements. Réflexion sur la Première partie Particulièrement remarquables, dans cette première partie, sont les termes très forts utilisés ici pour parler de la nécessité d’unité, « essentielle pour la conversion du monde » (n. 5), et de notre conviction commune que la vision de l’Église comme communion nous oblige à considérer que « loin d’être une construction 46 La deuxième partie se concentre sur la résurrection du Christ. « La résurrection du Christ signifie qu’il est dynamiquement présent dans l’Église et dans le monde. La promesse finale du Christ – « Et moi, je suis avec vous tous les jours » (Mt 28, 20) – a orienté la vie des chrétiens au cours des siècles ; sur cette promesse, se fonde la croyance en la présence du Christ dans le monde en général, et dans l’Église en particulier» (n. 14). La Commission a pu ainsi affirmer que « dans la mission de l’Église, le Christ est présent dans la prière, la lecture de la Bible, la liturgie, dans les sacrements du baptême et de l’eucharistie, dans la prédication de la Parole, dans le service des pauvres et des malades, et dans l’amour oblatif » (n. 14). L’expansivité de la présence du Christ ressuscité devient ainsi le contexte dans lequel il sera possible d’apprécier (dans la troisième partie) l’intensité de sa présence dans l’eucharistie. L’importance de cette réflexion sur le Christ ressuscité vient du fait qu’elle porte sur ce qui est au cœur de la rédemption. La discussion du paragraphe 2.1 sur « La présence du Christ ressuscité dans le monde » conduit à une profession de foi commune : « Catholiques et Disciples croient que Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, a été envoyé dans le monde par le Père pour révéler sa volonté rédemptrice et pour annoncer que cette rédemption s’accomplit par sa mort et sa résurrection ». Ce qui implique que « maintenant la présence du Christ n’est plus limitée à un temps et un lieu particuliers : le Christ ressuscité habite toute la création », quoique d’une façon cachée, illustrée au moyen de divers exemples (n. 15). Au paragraphe 2.2 (La présence du Christ ressuscité dans l’Église), Disciples et catholiques parlent ensemble « du don de la présence du Christ, telle qu’elle est vécue dans l’Église » (n. 16), en affirmant que le Christ est la source de toute sainteté dans l’Église. « La sainteté de l’Église est un don de Dieu. Le Fils de Dieu s’est livré pour elle, pour qu’elle soit sanctifiée et devienne à son tour source de sanctification (Jn 17, 19 ; 1 Co 3, 17 ; Ep 5, 25-27). La sainteté de l’Église est une source d’inspiration constante pour ses membres, qui reconnaissent leur besoin de conversion et de sanctification ». Mais de la part des chrétiens, il faut qu’il y ait une réponse active à ce don : « Ensemble, nous soulignons aussi que la vie spirituelle est une bataille permanente qui demande l’humilité voulue pour ne pas prétendre atteindre la sainteté par nos propres moyens. L’accent doit toujours être mis sur l’œuvre de Dieu en nous » (n. 17). En outre, « les divisions entre les chrétiens contredisent la sainteté à laquelle la communauté chrétienne est appelée » par la présence du Christ ressuscité (cf. 1 Co 11, 17-34) (n. 18). La réflexion biblique de ce paragraphe se conclut par la citation du passage de l’évangile de Jean où le Christ est identifié avec le Verbe qui « était au commencement tourné vers Dieu » (Jn 1, 2)… « pain vivant descendu du ciel » (Jn 6, 51), qui nous permet de mieux comprendre pourquoi Parole et sacrements sont intimement liés dans la vie de l’Église ». Vient ensuite une réflexion sur « le dynamisme de la Parole de Dieu » (paragraphe 2.3), puis sur l’unité entre Parole et sacrement (paragraphe 2.4). Dans les Écritures, la Parole de Dieu appelle une réponse. Dans le Nouveau Testament, le Verbe de Dieu se fait chair : « Le Verbe incarné est le mystère central du Nouveau Testament : le dessein caché de Dieu est maintenant révélé. Parole de Dieu et mystère sont deux façons d’exprimer une seule et même réalité : celle du Christ mort et ressuscité… » (n. 19). Cette brève réflexion sur le dynamisme de la Parole du Christ conduit à quelques considérations sur « l’unité entre la Parole et le sacrement » (n. 20-25). « Chez les premiers chrétiens, Parole et sacrements n’étaient pas considérés comme deux réalités distinctes, mais comme deux façons de se référer à la même réalité » (n. 20). « À cause du sens biblique de la Parole de Dieu, l’Église primitive croyait que les paroles de Jésus, prononcées dans un sacrement, étaient rendues efficaces par l’intervention divine. Au Moyen-Âge, les théologiens catholiques reprirent cet enseignement ». « La croyance dans le pouvoir du baptême de remettre les péchés était centrale dans le mouvement des Disciples à ses débuts ». « À la base de toute croyance sacramentelle, il y a la conviction du pouvoir et de la volonté de Dieu de répondre, par l’action de l’Esprit Saint, aux prières de ceux qui l’invoquent avec foi » (n. 21). Deux paragraphes (n. 22-23) explorent la façon dont la Parole de Dieu est écoutée et reçue par la communauté ecclésiale dans les deux communions. Dans l’une comme dans l’autre, les célébrations du baptême et de l’eucharistie comportent habituellement la lecture de passages de l’Ancien et du Nouveau Testament. Dans la célébration du baptême, le commandement de Jésus de baptiser est répété, et dans celle de l’eucharistie, les paroles d’institution de Jésus sur le pain et le vin (telles qu’elles sont rapportées dans les évangiles ou chez saint Paul) sont fidèlement répétées (n. 22). La prédication dans le cadre d’un culte sacramentel est considérée, elle aussi, comme une extension de la Parole efficace de Dieu, des paroles sur le Verbe incarné. Le Christ est présent dans la parole prêchée. « Ensemble, catholiques et Disciples croient dans le pouvoir de la prédication ». « Notre accord sur le pouvoir de la Parole de Dieu proclamée nous a aidés à clarifier le rôle du ministre ordonné comme témoin de la Parole transmise dans l’Église » (n. 23). « Parce que le Christ est la Parole vivante de Dieu, la célébration de la parole et des sacrements est un acte efficace, et pas seulement un mémorial du passé ou une lecture de ce qui est écrit. Ensemble, Disciples et catholiques croient que dans l’Église, le Christ lui-même agit dans les sacrements » (n. 24). Le bref résumé que l’on trouve à la fin de la deuxième partie met ces thèmes fondamentaux en relation étroite entre eux (n. 25), en préparant ainsi le terrain pour la discussion sur la présence du Christ dans l’eucharistie, dans la troisième partie. 47 Réflexion sur la Deuxième partie Tant la première que la deuxième partie montrent que la réflexion sur ces questions nous mène au cœur de l’Église, en mettant en lumière deux traits distinctifs de l’Église, son unité et sa sainteté. Disciples et catholiques s’accordent à dire que « l’unité visible de l’Église est au cœur de l’Évangile » (Première partie, n. 5). « La sainteté de l’Église est un don de Dieu. Le Fils de Dieu s’est livré pour elle, pour qu’elle soit sanctifiée et devienne à son tour source de sanctification » (Deuxième partie, n. 17). Ensemble, ils reconnaissent la nature divine de l’Église, dont l’existence même répond à la volonté révélée de Dieu, et n’est pas une construction humaine. Dans la deuxième partie, la Commission approfondit sa réflexion christologique et ecclésiologique en vue de la discussion sur l’eucharistie, dans la troisième partie. Réfléchir ensemble sur la présence du Christ ressuscité dans le monde et dans l’Église est une façon de rendre témoignage à la promesse du Christ d’être « avec nous tous les jours », comme toile de fond pour explorer les questions plus spécifiques de la présence du Christ dans l’eucharistie et de l’eucharistie comme sacrifice, et pour aborder ces thèmes centraux avec la volonté de surmonter les anciennes divisions en la matière. L’accent mis sur l’unité entre Parole et sacrements, dans la deuxième partie, a de grandes implications ecclésiologiques. La Réforme, dont les Disciples partagent l’héritage, avait eu tendance à définir l’Église plutôt en termes de Parole, comme creatura verbi, créature de la parole. De son côté, l’Église catholique mettait l’accent surtout sur l’aspect sacramentel de l’Église (cf. LG 1). Les dialogues en cours entre l’Église catholique et les Églises issues de la Réforme ont commencé à découvrir des convergences entre ces deux visions de l’Église. La Commission n’a pas cherché à approfondir le thème Parole et sacrements du point de vue de l’Église. Mais l’équilibre qui apparaît dans ce rapport entre Parole et sacrements, dont les implications ecclésiologiques ne sont pas développées ici, pourrait jouer un rôle important dans les dialogues futurs entre Disciples et catholiques à la recherche d’une plus grande convergence sur l’Église. partie (elle sera reprise dans la quatrième partie), consistant à situer tout d’abord la question dans une perspective historique en étant attentif aux conflits dont elle a fait l’objet au moment de la Réforme, puis, sur cette toile de fond, à décrire les enseignements plus récents des Disciples et des catholiques sur cette même question, qui ont contribué à surmonter les incompréhensions du passé. Quatrièmement, les communications sur la présence réelle du Christ dans l’eucharistie et sur l’eucharistie comme sacrifice montrent qu’une convergence et un consensus sont en train de s’établir sur ces questions dans le monde œcuménique en général, à la suite des dialogues bilatéraux et multilatéraux dans lesquels se sont engagées nombre d’Églises et de communions chrétiennes mondiales. Dans d’autres dialogues, Disciples et catholiques ont eux aussi contribué à ce consensus/convergence. Le paragraphe 3.1 (L’eucharistie, sacrement de communion en Christ) commence par énoncer les points sur lesquels il y a accord. « Disciples et catholiques partagent la conviction que l’eucharistie est au centre de la vie de l’Église : dans l’eucharistie, nous ne faisons qu’un dans le Christ ressuscité et nous écoutons ensemble sa Parole » (n. 26). Ensemble, « ils enseignent que l’Église est communion en Christ et qu’elle est caractérisée par l’unité visible dans laquelle nous recevons l’eucharistie, sacrement de l’unité de l’Église » (n. 27). Ils affirment que « l’unité visible de l’Église est tellement centrale pour les catholiques comme pour les Disciples que les divisions qui nous empêchent de partager ensemble l’eucharistie sont particulièrement douloureuses » (n. 28). Enfin, ils signalent quelques divergences importantes entre eux qui nécessitent un dialogue plus approfondi : « Nos visions différentes de l’Église et de son unité nous ont conduits à des pratiques différentes en ce qui concerne la participation à l’eucharistie » (n. 28). Le paragraphe 3.2 (L’eucharistie, sacrement de la présence réelle du Christ) donne le ton à un débat qui va donner lieu à de nouvelles affirmations communes importantes : « Disciples et catholiques croient que le sacrement de l’eucharistie est le lieu par excellence de la présence du Christ, où ses paroles sont répétées en obéissance à son mandat et rendues efficaces par l’Esprit Saint, qui réalise pour les croyants rassemblés ce que le Christ a promis à ses disciples durant la dernière Cène ». Ensemble, Disciples et catholiques « croient au pouvoir de la célébration eucharistique, qui est pour eux la prière primordiale et centrale de l’Église, la communion au corps et au sang du Christ » (n. 29). Vient ensuite une brève description des principaux développements historiques relatifs à la présence réelle du Christ dans l’eucharistie (n. 30-37) dont le dialogue a dû tenir compte. Pendant tout le premier millénaire, « la présence réelle du Christ dans le pain et dans le vin eucharistiques a été reconnue sans contestation significative ». Au IVe siècle, la doctrine eucharistique de la conversion (conversio) du pain et du vin était déjà assez développée et se reflétait dans le langage patristique (n. TROISIEME PARTIE : LA PRESENCE DU CHRIST DANS L’EUCHARISTIE (N. 26-62) La troisième partie, la plus longue de ce rapport, comprend trois paragraphes, traitant chacun un point important : « L’eucharistie, sacrement de communion dans le Christ », « L’eucharistie, sacrement de la présence réelle du Christ » et « L’eucharistie, sacrement du sacrifice du Christ ». Quelques caractéristiques de cette troisième partie méritent d’être soulignées. Premièrement, on y retrouve à chaque paragraphe la forte trame christologique présente depuis le début de ce rapport. Deuxièmement, les références à l’urgence de réaliser l’unité visible en Christ sont remarquables. Troisièmement, une méthodologie efficace est utilisée au début de la troisième 48 31). Les premières controverses sur la nature du changement intervenu dans l’eucharistie apparurent dans l’Église d’Occident à la fin du premier millénaire. Théologiens, synodes et papes commencèrent à utiliser le terme de « transsubstantiation » pour décrire la conversion du pain et du vin dans le corps et le sang du Christ. Ce concept entra dans l’enseignement officiel de l’Église en 1215, quand le IVe Concile du Latran l’appliqua à l’eucharistie. Son sens fut ensuite précisé au XIIIe siècle par Thomas d’Aquin, qui fit appel aux catégories aristotéliciennes de substance et d’accident pour affirmer le changement réel du pain et du vin dans le corps et le sang du Christ, tout en rejetant les interprétations matérialistes de l’eucharistie (n. 33). Les réformateurs du XVIe siècle contestèrent l’explication de la présence du Christ dans l’eucharistie donnée par l’Église catholique établie. Alors que Luther « reconnaissait la présence réelle du Christ dans l’eucharistie sous les espèces du pain et du vin », et que Calvin affirmait que « la vérité de ce mystère nous échappe donc, sauf si le vrai pain représente le vrai corps du Christ », tous deux contestèrent l’emploi du terme transsubstantiation (n. 34). Le Concile de Trente « défendit la présence véritable et substantielle du Christ contre toute tentative pour n’y voir qu’un « signe » ou une « figure », ou pour combiner la présence du Christ avec celle subsistante du pain et du vin… Il utilisa le terme et le concept de transsubstantiation pour affirmer que le pain et le vin sont changés dans le corps et le sang du Christ » (n.35). Les Disciples se sont séparés des Églises presbytériennes au XIXe siècle. Ils ont « continué à s’opposer aux traditions eucharistiques qui donnent une explication trop précise et détaillée de la présence du Christ. Cependant, Disciples et catholiques partagent la conviction que le sacrement de l’eucharistie est le lieu par excellence de la présence du Christ, où ses paroles sont répétées en obéissance à son mandat, et rendues efficaces par l’Esprit Saint, qui réalise pour les croyants rassemblés ce que le Christ a promis à ses disciples durant la dernière Cène » (n. 36). Les Disciples ont toujours vu dans le repas du Seigneur bien plus qu’un simple mémorial de la dernière Cène. Ils ont critiqué l’emploi du terme transsubstantiation parce qu’il implique une explication métaphysique non nécessaire à leurs yeux. Formés dans le climat philosophique du réalisme écossais fondé sur le bon sens, ils ont interprété dans un tout autre sens les catégories d’accident et de substance utilisées par Thomas d’Aquin, à tel point que la transsubstantiation avait fini par signifier quasiment le contraire de ce que Thomas d’Aquin entendait par ce terme (n. 37). À la lumière de cet aperçu historique, dans le paragraphe sur « l’enseignement actuel des catholiques et des Disciples sur la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie » (n. 38-45), la Commission commence par reconnaître sa dette à l’égard du mouvement œcuménique « qui a rendu possible une meilleure compréhension mutuelle des différentes approches de la ques- tion de la présence réelle du Christ dans l’eucharistie », tout en étant admettant qu’il s’agit un grand mystère de notre foi, recelant une profondeur de sens inexhaustible (n. 38). Par ailleurs, la Commission souligne l’importance des études bibliques tenues durant les sessions, qui ont donné aux participants l’occasion de réfléchir ensemble sur toutes les diverses façons dont la présence de Dieu s’exprime dans la Bible, en les mettant en relation avec la présence du Christ dans l’eucharistie. Ainsi, dans l’évangile de saint Jean, le passage où Jésus se révèle comme Pain de vie (cf. n. 39). Dans un tel climat, chaque partie a illustré les éléments qu’elle apporte à la discussion, tout en recherchant avec ses partenaires une vision commune sur la présence du Christ dans l’eucharistie. L’enseignement catholique actuel « a élargi son champ de vision lorsque, en réfléchissant sur les principes du renouveau liturgique, il a mis en lumière les diverses formes sous lesquelles le Christ est présent dans les célébrations liturgiques de l’Église » (n. 40). Cependant, « le terme transsubstantiation a gardé une valeur normative dans l’enseignement catholique actuel ». En utilisant ce terme, le Concile de Trente entendait affirmer le mystère de la présence réelle du Christ dans l’eucharistie tout en s’opposant à deux positions extrêmes : celle pour qui le Christ n’est présent qu’en « signe » ou en « figure » à côté du pain et du vin qui subsistent, et celle qui rejette toute interprétation matérialiste de la présence du Christ. « Le sens donné à ce terme par le Concile de Trente se retrouve dans l’enseignement catholique, qui dit que le pain et le vin deviennent le corps et le sang du Seigneur ressuscité et glorifié » (n. 41). Les premiers Disciples n’ont pas utilisé le langage de la transsubstantiation pour définir leur croyance dans la présence réelle du Christ dans l’eucharistie, et « aujourd’hui encore, le cadre conceptuel dans lequel ce terme est apparu à l’origine ne leur est pas familier ». Mais ils reconnaissent que « la réflexion menée à la fin du XXe siècle sur la notion aristotélicienne de « substance » et sur son utilisation par Thomas d’Aquin et d’autres théologiens de son temps a fait apparaître les erreurs d’interprétation dont cette terminologie a pu faire l’objet dans le passé. Qui plus est, les Disciples sont d’accord pour dire que la signification véritable du pain et du vin dans l’eucharistie ne saurait se réduire à leurs caractéristiques physiques. Ce faisant, ils reconnaissent le mystère de la présence du Christ dans l’eucharistie, qui fait de la réception du pain et du vin une vraie communion à son corps et à son sang » (n. 42). Par ailleurs, les Disciples « ont une façon qui leur est propre de décrire la présence du Christ dans l’eucharistie : ils disent que le Christ est l’hôte du banquet eucharistique, et que sa présence est vécue par les fidèles dans la communion. Ils affirment en outre que par la puissance de l’Esprit Saint, le pain et le vin deviennent pour nous, dans la foi, le corps et le sang du Christ » (n. 43). Les Disciples reprennent volontiers à leur compte les paroles du texte de convergence de Foi et Constitution sur Baptême, Eucharistie, Ministère (BEM, 1982) qui met en évidence les trois points suivants : « la présence 49 du Christ dans l’eucharistie est réelle, vivante et agissante » ; « elle est singulière et ne dépend pas de la foi des individus » (E 13) ; dans la célébration de l’eucharistie « l’Esprit Saint rend le Christ crucifié et ressuscité réellement présent pour nous dans le repas eucharistique » (E 22). Ces trois points, affirmés par les Disciples, sont très proches de l’enseignement catholique. À la fin de ce paragraphe, la Commission se penche sur la question de la réserve des éléments consacrés. Les catholiques ont expliqué que son origine remonte à l’Église primitive et ont clarifié son sens profond, en soulignant que les instructions liturgiques catholiques postérieures à Vatican II disent que l’adoration du Christ dans le Saint-Sacrement est une extension de l’action sacramentelle de la célébration eucharistique dont le but est de favoriser la communion sacramentelle et spirituelle. Les Disciples ont accueilli bien volontiers cette clarification à propos d’une pratique qui ne leur est pas familière. Tout en considérant qu’elle peut donner lieu à des malentendus, ils ne la condamnent pas formellement ici et disent respecter la tradition de prière contemplative et communautaire à laquelle elle a donné naissance (n. 44). La discussion sur la présence réelle du Christ dans l’eucharistie s’achève par une déclaration de convergence nuancée, mais importante. « Disciples et catholiques utilisent un langage différent pour décrire la présence réelle du Christ dans l’eucharistie et mettent l’accent sur des aspects différents de ce mystère. Mais ensemble, ils proclament le mystère de la présence réelle du Christ dans l’eucharistie, et spécialement dans le pain et le vin, et ensemble ils rejettent les interprétations réductionnistes selon lesquelles cette présence ne serait que matérielle ou figurée. La Commission a atteint une réelle convergence sur ce point une fois dissipées les incompréhensions mutuelles, tout en admettant que des divergences subsistent encore » (n. 45). Le paragraphe 3.3 (L’eucharistie, sacrement du Sacrifice du Christ) aborde la dimension sacrificielle de l’eucharistie. Il s’ouvre sur une déclaration commune qui donne le ton au débat sur ce thème très controversé parmi les chrétiens séparés. « Ensemble, les Disciples et les catholiques croient que le sacrement de l’eucharistie actualise d’une façon spéciale le sacrifice du Christ sur la croix, ainsi que toute sa vie, son ministère, et sa passion qui l’a mené à la croix ». Ce thème est au cœur de la vie de l’Église : « La prière eucharistique rappelle non seulement la passion du Christ, mais toute l’histoire de la création et de la rédemption, en attendant la consommation de l’œuvre du Christ quand il reviendra. L’Église répond ainsi à l’exhortation paulinienne d’annoncer la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne (1 Co 11, 26) » (n. 46). On trouve d’abord un bref aperçu historique sur la dimension sacrificielle de l’eucharistie (n. 47-51) qui commence par présenter la perspective néotestamentaire. La mort du Christ en croix « est décrite comme une offrande du Christ Grand prêtre qui, « au lieu d’offrir des sacrifices chaque jour, l’a fait une fois pour toutes en s’offrant lui-même… pour les péchés » (He 7, 27). La dimension sacrificielle de la mort du Christ est préfigurée dans la dernière Cène où, d’après Paul et les évangélistes, Jésus a mis en relation le pain et le vin avec son corps « offert pour vous », et avec son sang « versé pour vous », en scellant ainsi une nouvelle alliance par son sang (Mt 22, 26-28, Mc 14, 22-25, 1 Co 11, 23-27). Les théologiens de l’Église primitive ont continué à donner une interprétation sacrificielle de l’eucharistie (n. 47), mais au Moyen-Âge, dans l’Église d’Occident, la réflexion théologique s’est attachée surtout à l’interprétation sacrificielle de l’eucharistie, et beaucoup moins à la présence réelle du Christ (n. 48). L’enseignement patristique sur le sacrifice eucharistique développé au cours de cette période comprend des positions qui deviendront des motifs de conflit et de division sur la théologie eucharistique à l’époque de la Réforme. Parmi ces enseignements, l’affirmation que la messe est un acte de réparation pour des péchés, pouvant être offert chaque jour pour les vivants et les morts, et que la participation des laïcs au sacrifice consiste principalement dans une identification spirituelle avec le Christ dans sa passion. Le caractère propitiatoire du sacrifice a encouragé la croyance que des messes particulières pouvaient être dites avec une intention votive spécifique, ce qui a conduit à la pratique d’offrir des messes pour l’âme des donateurs, de leurs proches, de leurs amis (n. 48). Luther et d’autres réformateurs du XVIe siècle condamnèrent ces interprétations théologiques et ces pratiques. Pour eux, considérer la messe comme un sacrifice, c’était en faire une « œuvre », ce qui était contraire à leur théologie de la grâce de Dieu. Ils voyaient plutôt dans l’eucharistie un mémorial du sacrifice du Christ sur la croix accompli une fois pour toutes, suffisant pour racheter les péchés des hommes. Les réformateurs n’étaient pas tous d’accord entre eux sur le sens à donner à ce « mémorial » (n. 49). Le Concile de Trente, citant les enseignements des premiers siècles de l’Église, réaffirme que la messe est un sacrifice vrai et propre, et non une « simple commémoration ». Il enseigne que le Christ, qui s’est livré sur la croix une fois pour dans un sacrifice sanglant, est celui-là même qui est présent et immolé de façon non sanglante dans la messe (n. 50). Au XIXe siècle, les Disciples reçoivent et reprennent à leur compte, sans trop la discuter, la condamnation par les réformateurs des interprétations sacrificielles de l’eucharistie. Ils voient plutôt dans l’eucharistie un repas au cours duquel le sacrifice offert consiste dans la louange et l’action de grâce des croyants. Dans cette perspective, le rapport présente au paragraphe 3.3.2 l’enseignement actuel des catholiques et des Disciples sur la dimension sacrificielle de l’eucharistie (n. 52-57). Les avancées œcuméniques, et notamment les convergences découvertes dans le cadre d’autres dialogues, ont beaucoup contribué à un rapprochement entre catholiques et Disciples sur cette question qui les opposait autrefois. Ensemble, ils déclarent qu’ils 50 « saluent le retour au sens biblique du mémorial (anamnèse) au XXe siècle, selon lequel ce qui est remémoré est re-présenté ou réactualisé par l’assemblée des fidèles ». En effet, le concept biblique de mémorial a beaucoup contribué à faire avancer le dialogue œcuménique. Dans ce dialogue-ci, le rapport affirme que pour les catholiques, l’anamnèse est un outil conceptuel qui permet d’expliquer, dans la fidélité au Concile de Trente, comment le don de soi du Christ accompli une fois pour toutes sur la croix peut se concilier avec sa présence permanente sous une forme sacramentelle. Le retour au sens biblique du mémorial a aidé à corriger certaines interprétations déviées des enseignements du Concile de Trente. Pour les Disciples, le retour au sens biblique du mémorial a permis de ne pas voir uniquement dans ce terme un rappel mental (n. 52). Comme nous l’avons vu, l’une des caractéristiques de ce rapport est sa contribution au consensus qui est en train se créer sur l’eucharistie dans le mouvement œcuménique au sens large. Car ici encore, le rapport cite BEM (n. 53-54), à la rédaction duquel catholiques et Disciples ont participé parmi beaucoup d’autres traditions, et qui s’est avéré particulièrement utile dans la discussion sur le mémorial (anamnèse). Le rapport cite également la réponse officielle de l’Église catholique à BEM (1987), l’une des 200 réponses officielles envoyées par les diverses Églises et communions. Certaines affirmations faites par les Disciples pour illustrer la convergence ainsi apparue suggèrent même qu’ils seraient plus proches de la réponse catholique à BEM – laquelle contient aussi une critique de BEM – que du texte de BEM. Les choses se sont passées de la façon suivante : Le n. 8 de BEM (L’Eucharistie) dit : « L’eucharistie est le sacrement du sacrifice unique du Christ, toujours vivant pour intercéder en notre faveur », et le commentaire ajoute : « C’est à la lumière de cette signification de l’eucharistie comme intercession que l’on peut comprendre les références à l’eucharistie comme ‘sacrifice propitiatoire’ en théologie catholique. Il n’y a qu’une expiation, celle du sacrifice unique de la croix, rendu agissant dans l’eucharistie et présenté au Père dans l’intercession du Christ et de l’Église pour toute l’humanité ». La Commission ajoute : « L’eucharistie est un sacrifice de louange et d’action de grâce offert par les fidèles en union avec le Christ ; en s’unissant au Christ, ils sont rendus participants du don de soi qui constitue le sacrifice du Christ au Père. L’eucharistie re-présente donc pour ceux qui y prennent part le sacrifice de la croix ; et la communion au corps et au sang du Christ est à la fois un appel à suivre le Christ et une réaffirmation de notre condition de disciple » (n. 53). Ces éclaircissements ont aidé à mieux comprendre la perspective catholique sur l’eucharistie comme sacrifice propitiatoire, mal connue des autres traditions et rejetée par les réformateurs au XVIe siècle. D’autre part, « la Commission a trouvé que la perspective développée dans Baptême, Eucharistie, Ministère était très utile pour comprendre l’interprétation sacrificielle de l’eucharistie» (n. 54). Elle note que la réponse catholique officielle à BEM (1987) donne une évaluation généralement positive de BEM, tout en exprimant des réserves sur un point particulier : « la notion d’intercession ne paraît pas suffisante pour expliquer la dimension sacrificielle de l’eucharistie telle que les catholiques la conçoivent ». Dans cette réponse, ils réaffirment que le sacrifice du Christ, accompli une fois pour toutes, n’est pas répété. Mais puisque le Grand prêtre est le Seigneur crucifié et ressuscité, on peut considérer que ce sacrifice est « rendu éternel », une idée que le terme « intercession » ne rend pas pleinement. Ils précisent en outre que la foi catholique « lie plus étroitement l’aspect sacrificiel de l’eucharistie au sacrement du corps et du sang [du Christ] qu’il n’apparaît dans ce texte » (n. 54). Ayant éclairci ce point, le rapport continue en disant que « la Commission a découvert davantage de points communs sur la nature sacrificielle de l’eucharistie que ceux reconnus précédemment. Nos deux traditions enseignent que le sacrifice du Christ a eu lieu une fois pour toutes et ne peut être répété. Dans la célébration de l’eucharistie, l’Église rappelle et re-présente le sacrifice du Christ de façon sacramentelle ». La Commission illustre cette convergence en citant des textes fondateurs des Disciples des années 1937 à 1998 qui présentent de fortes analogies avec le Catéchisme de l’Église catholique. En outre, les affirmations des Disciples sur le sacrifice du Christ et sur l’eucharistie « laissent entrevoir une convergence plus marquée avec la réponse de l’Église catholique romaine à Baptême, Eucharistie, Ministère qu’avec le texte de BEM luimême » (n. 55). En outre, Disciples et catholiques s’accordent à dire que l’eucharistie est le sacrement du sacrifice du Christ. « Et bien que le sacrifice du Christ sur la croix soit advenu une fois pour toutes et ne puisse être répété, les chrétiens sont rendus participants du don de soi du Christ dans la célébration eucharistique ». Ici encore, des textes fondateurs des Disciples (The Church for Disciples of Christ, 145) et des catholiques (Catéchisme de l’Église catholique, 1368) sont citées à l’appui de cette convergence (n. 56). Cette réflexion sur la dimension sacrificielle de l’eucharistie s’achève par le résumé suivant : « Ensemble, Disciples et catholiques affirment que le sacrement de l’eucharistie rend présent le sacrifice du Christ, accompli une fois pour toutes. La Commission a été surprise en découvrant l’ampleur des convergences ainsi mises en lumière, tout en reconnaissant qu’il existe entre nous des accentuations et des interprétations doctrinales différentes » (n. 57). Réflexion sur la troisième partie L’exploration, dans la troisième partie du rapport, de la présence du Christ dans l’eucharistie et de la dimension sacrificielle de l’eucharistie a permis de mettre en lumière de nombreuses convergences et accords, mais aussi de constater quelques divergences sur ces importantes questions. Sur certaines questions, comme 51 la réserve eucharistique, les clarifications apportées ont contribué à dissiper les malentendus, même si les positions des uns ne sont pas partagées par les autres. La présentation faite dans ce rapport révèle la complexité des divisions à surmonter. Notre réflexion a montré que, outre les questions théologiques à traiter, avec à l’arrière-plan des facteurs historiques, les différences philosophiques ont aussi joué un rôle comme facteur qui a conduit à des malentendus durables, nécessitant d’être clarifiés. On en trouve un bon exemple dans la troisième partie : « Les premiers Disciples se sont formés dans le climat philosophique du réalisme écossais fondé sur le bon sens, où ce que Thomas appelait accident était interprété comme représentant le réel, et où ce qu’il appelait substance était considéré comme une abstraction non nécessaire. Dans ce climat philosophique si différent, la transsubstantiation avait fini par signifier quasiment le contraire de ce que Thomas d’Aquin entendait par ce terme » (n. 37). La complexité des questions en jeu dans les divisions auxquelles nous sommes confrontés montre que le dialogue est un défi qui demande beaucoup de patience pour clarifier les points à traiter et à résoudre. Autre point qui mérite d’être souligné : la réflexion sur l’eucharistie menée dans le cadre de ce dialogue a beaucoup profité des avancées réalisées sur ces mêmes questions par le mouvement œcuménique dans son ensemble, tout en contribuant à son tour au développement d’une vision commune à tous les chrétiens. Ainsi, la réflexion menée dans la troisième partie s’est appuyée expressément sur le document de Foi et Constitution Baptême Eucharistie et Ministère (BEM, 1982), cité aussi par d’autres dialogues. Ce que BEM a réalisé est emblématique, dans une large mesure, des avancées du mouvement œcuménique sur la question de la présence réelle du Christ dans l’eucharistie et sur celle de la dimension sacrificielle de l’eucharistie. Le traitement de ces deux questions dans ce dialogue confirme les avancées réalisées dans d’autres dialogues, qui sont importantes, même s’il reste encore du travail à faire pour trouver un consensus sur certains points. En ce sens, les acquis de ce dialogue montrent l’importance du mouvement œcuménique en général, et le rôle du dialogue au sein de ce mouvement. Alors que Foi et Constitution et BEM révèlent l’importance du dialogue multilatéral sur ces diverses questions, le présent dialogue bilatéral – tout comme beaucoup d’autres – montre l’importance de l’approche bilatérale. Le dialogue international doit prendre en compte le point de vue des diverses Églises et communions chrétiennes mondiales en soignant les anciennes blessures, en dissipant les malentendus, et en résolvant les profondes divergences qui existent entre certains groupes en particulier. C’est quelque chose que le dialogue multilatéral n’est pas toujours en mesure de faire à lui seul. Dans le présent dialogue, on peut voir comment deux communions mondiales ont abordé les points spécifiques sur lesquels elles étaient en désaccord en découvrant, dans ce cas-ci, des convergences significatives qui contribuent à la fois à leur réconciliation et au progrès de tout le mouvement œcuménique. QUATRIEME PARTIE : LE SACERDOCE DU CHRIST ET DE SES MINISTRES Le rapport aborde, dans la quatrième partie, (Le sacerdoce du Christ et de ses ministres) les diverses modalités selon lesquelles le langage sacrificiel a été appliqué à ceux qui président à l’eucharistie. L’aperçu historique sur ce sujet (n. 58-62) commence par noter que le Nouveau Testament n’applique pas le terme de prêtre à ceux qui président à l’eucharistie communautaire. Mais « à mesure qu’un parallèle est établi entre l’eucharistie et la dernière Cène dans le symbolisme liturgique et théologique de la période patristique, en s’appuyant sur Hébreux 10,10 et sur l’Ancien Testament, celui qui préside à l’eucharistie en vient à être considéré comme étant dans un rapport sacramentel avec le don de soi du Christ Grand prêtre, et a été appelé prêtre » (n. 58). Dès le début de la période patristique, la théologie et la pratique des Églises d’Orient et d’Occident reconnurent la dimension sacramentelle de l’ordination à la prêtrise dans ses différents ordres : évêque, prêtre, diacres (n. 59). Au XVIe siècle, le Concile de Trente, « en ligne avec cette tendance ancienne, réaffirme cet enseignement doctrinal en concentrant son attention en particulier sur l’ordination à la prêtrise. Durant la dernière Cène, le Christ a fait de ses apôtres des prêtres, en leur confiant le mémorial du sacrifice son corps et de son sang » (n. 59). Si le Concile de Trente a insisté sur ces éléments, c’est parce qu’il entendait réaffirmer les points contestés par les réformateurs, et en particulier la dimension sacrificielle de l’eucharistie, le caractère sacerdotal du ministère ordonné, et le caractère sacramentel de l’ordination. Tout en reconnaissant l’importance du ministère ordonné pour l’Église, les réformateurs mettaient plutôt l’accent sur la prédication et sur les tâches pastorales des ministres ordonnés. En outre, les réformateurs luthériens, réformés et anabaptistes d’Europe furent amenés à devoir choisir entre continuité de l’office épiscopal et continuité de l’enseignement. C’est ainsi qu’ils supprimèrent ou limitèrent l’office épiscopal en soutenant que la succession apostolique dépend principalement de la continuité de l’enseignement. Ils cessèrent d’attribuer aux ministres ordonnés le nom de « prêtre » préférant parler du « sacerdoce des fidèles ». Les Disciples ont recueilli cet héritage de la Réforme (n. 60). Les clarifications sur l’enseignement catholique apportées par le Concile Vatican II ont contribué à faire apparaître des convergences avec le point de vue des Disciples dans certains domaines, tout en accentuant les divergences dans d’autres domaines. D’un côté, le Concile parle du « sacerdoce commun » de tous les fidèles qui, « en vertu de leur sacerdoce royal, ont part à l’offrande eucharistique et exercent ce sacerdoce par la réception des sacrements, la prière et l’action de grâce, par le témoignage d’une vie sainte, par l’abnégation et la charité active » (n. 61). Disciples et catholiques sont 52 d’accord sur ce point (n. 64). De l’autre, Vatican II affirme que le sacerdoce ministériel de l’ordonné diffère du sacerdoce commun « essentiellement et non pas seulement en degré », car il « instruit et gouverne le peuple sacerdotal » et « accomplit le sacrifice eucharistique » (LG 10) (n. 61). Cette distinction est « étrangère à la tradition des Disciples, pour qui l’ordonné a pour tâche d’appeler la communauté à assumer son identité dans le Christ et de représenter le Christ auprès de la communauté » (n. 71). En outre Vatican II, en suivant une tradition très ancienne, considère l’épiscopat, davantage encore que le presbytérat, comme étant la catégorie fondamentale pour la compréhension du ministère ordonné, et met l’accent sur la sacramentalité du ministère épiscopal et sur la collégialité des évêques agissant ensemble comme successeurs des apôtres. Le ministère de l’évêque est considéré comme une participation au sacerdoce du Christ (n. 62). Il s’agit là d’une différence importante par rapport aux Disciples, héritiers de la Réforme qui a supprimé ou limité l’office de l’évêque (n. 60). Mais par ailleurs, Vatican II accorde une grande importance à la prédication dans le ministère des évêques et du clergé (n. 62) ; or la prédication est également considérée comme étant fondamentale pour les ministres des traditions qui se réclament de la Réforme (n. 60). Le paragraphe qui traite de « l’enseignement actuel des catholiques et des Disciples sur la dimension sacerdotale du ministère ordonné » (paragraphe 4.2, n. 63-72) présente d’autres convergences et divergences importantes mises en lumière dans le dialogue. Pour citer brièvement quelques convergences : « Ensemble, les Disciples et les catholiques affirment que l’unique sacerdoce du Christ est la mesure et la norme de tout sacerdoce... Par sa mort et sa résurrection, en instituant son rôle unique et éternel de Grand prêtre, il a inauguré un nouveau rapport entre Dieu et les hommes (cf. Jn 17, 21) » (n. 63). Ils s’accordent à dire en outre que « le Christ a fait des baptisés un peuple sacerdotal dont les membres sont liés au Christ, et donc liés les uns aux autres comme membres de son corps [qui se doit] d’offrir des sacrifices de louange et d’action de grâce (He 13, 15, Ps 116, 17)… et de présenter leurs corps comme un sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu : ce sera là votre culte spirituel (Rm 12, 1) » (n. 64) ; que « le ministère ordonné doit être considéré dans le cadre de l’apostolicité de l’Église » (n. 65) ; que « l’Esprit Saint dispense une variété de dons ou de charismes qui permettent à l’Église dans son ensemble de recevoir et de transmettre la Tradition apostolique. Les dons essentiels sont ceux qui sont propres au culte, surtout à la célébration de la Cène du Seigneur » (ECDC 41). Mais parmi la variété des dons accordés à l’Église, le ministre ordonné reçoit le charisme particulier de maintenir la communauté dans la mémoire de la tradition apostolique. Ensemble, Disciples et catholiques romains affirment que « le ministère chrétien existe pour actualiser, transmettre et interpréter fidèlement la Tradition apostolique dont l’origine remonte à la première génération » (ECDC 44) » (n. 66). Ils mentionnent également leurs divergences : « Tout en reconnaissant qu’il existe un rapport entre ministère ordonné et continuité de la tradition apostolique, Disciples et catholiques interprètent et définissent ce rapport différemment ». Comme nous l’avons vu, une différence fondamentale est celle qui a trait à l’épiscopat. Les Disciples sont issus de la tradition de la Réforme « qui a rejeté l’épiscopat tel qu’il existait au XVIe siècle ». Ils mettent surtout l’accent sur l’Église locale, ayant toujours reconnu que « la tâche ministérielle, répartie dans la communauté locale entre les ministres ordonnés et les anciens ordonnés, est essentielle pour la vie de l’Église », et qu’elle est « un signe de continuité avec la Tradition apostolique » (ECDC 45). Les catholiques, pour leur part, insistent plutôt sur le lien entre Église universelle et Église locale, en affirmant que l’évêque, en coopération avec « les prêtres, les diacres et la communauté tout entière (…), et en communion avec tout le collège des évêques du monde entier uni à son chef, l’évêque de Rome, maintient vivante la foi apostolique dans l’Église locale afin que celle-ci puisse rester fidèle à l’Évangile » (ECDC 45) (n. 67). Malgré ces différences, la Commission reconnaît que « dans les deux communions, les ministres ordonnés jouent un rôle essentiel qui consiste à garder vivante la Tradition apostolique dans la communauté », en précisant que les raisons avancées à l’appui de cette affirmation, déjà mises en lumière dans une précédente phase du dialogue (CCIC n. 45), constituent « une convergence significative sur la nature apostolique de nos ministères ordonnés et sur la question de la succession apostolique, malgré certaines différences dans leur interprétation et leurs expressions » (n. 67). Sur la question de la représentation du Christ par les ordonnés, la Commission affirme que Disciples et catholiques sont à la fois en accord et en désaccord : ils sont d’accord pour dire que les ordonnés représentent le Christ, chef de l’Église, mais ils ne sont d’accord ni sur la nature de la représentation du Christ et sur sa source dans la succession apostolique, ni sur le rapport entre ministère ordonné et sacerdoce des fidèles (n. 68). La description de leurs différents points de vue suggère néanmoins que de nouvelles convergences seraient possibles sur certains points. En premier lieu, ils sont en désaccord sur la représentation du Christ par les ordonnés. Pour les catholiques, « le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, ont entre eux une différence essentielle et non seulement de degré, tout en étant ordonnés l’un à l’autre » (LG 10). Car d’une part, tous les fidèles prennent part au sacerdoce du Christ en vertu de leur baptême, et cette participation culmine dans l’eucharistie. De l’autre, conformément à l’intention et au mandat du Seigneur, cette vie sacramentelle requiert l’intervention d’un ministre apostolique, ordonné dans un sacrement distinct du baptême. Ainsi configuré au Christ, le prêtre peut agir en la personne du Christ, le chef. Pour les catholiques, les mi53 nistres ordonnés exercent cette fonction d’une manière spéciale dans l’eucharistie (n. 69). Chez les Disciples, en revanche, l’ordination n’est pas considérée comme un sacrement distinct du baptême, mais comme étant sacramentelle dans un sens plus large. Le fondement du ministère ordonné est Jésus Christ, le Grand prêtre, chef du corps qu’est l’Église. La communauté tout entière (le sacerdoce de tous les croyants) prend part au ministère éternel du Christ comme membre de son corps, mais les ministres ordonnés ont un rôle distinctif à remplir. « En tant que représentant du Christ, présidant à la table du Seigneur, le ministre ordonné sert d’hôte à table à la place du Christ. L’ordonné exerce son rôle sacerdotal en dirigeant l’offrande des sacrifices de louange et le culte » (n. 70). En second lieu, du fait qu’ils interprètent différemment le rapport entre l’ordonné et le sacerdoce du Christ, Disciples et catholiques conçoivent et expriment différemment le rapport entre le ministre ordonné et l’Église tout entière. Pour les catholiques, la participation des baptisés au sacerdoce du Christ et le sacerdoce ministériel diffèrent essentiellement, et non pas seulement en degré. Cette conception est étrangère à la tradition des Disciples, pour qui « l’ordonné a pour tâche d’appeler la communauté à assumer son identité en Christ et de représenter le Christ auprès d’elle ». En outre, les catholiques croient que ces deux formes de sacerdoce, bien que différant essentiellement entre elles, sont ordonnées l’une à l’autre, et que le ministère ordonné existe pour le bien de l’Église et pas en dehors d’elle. Tout en jugeant ces clarifications utiles, les Disciples préfèrent mettre l’accent sur les dons accordés à tous les baptisés, et se méfient de toute description du ministère ordonné qui pourrait limiter ces dons (n. 71). En conclusion de la quatrième partie, on trouve un résumé très utile des différents points d’accord et de désaccord découverts sur ces diverses questions (n. 72). être édifié sur ce qui a été réalisé ici, en continuant à approfondir les questions encore en suspens. La première différence importante est due au fait que chez les catholiques, l’ordination à la prêtrise ministérielle est un sacrement distinct du baptême (n. 69), alors que Disciples ne la considèrent pas comme un sacrement distinct du baptême, mais comme étant sacramentelle dans un sens plus large (n. 70). La deuxième différence est que chez les Disciples, un ministre ordonné ou un ancien préside normalement aux sacrements de l’eucharistie et du baptême (n. 60), alors que chez les catholiques, un prêtre (ou un évêque) ordonné préside nécessairement au sacrement de l’eucharistie. La troisième différence notable a trait à l’épiscopat. Les Disciples sont les héritiers de la Réforme. Or en Europe, les principaux réformateurs ont été amenés à devoir choisir entre continuité de l’office épiscopal et continuité de l’enseignement. C’est ainsi qu’ils « supprimèrent ou limitèrent l’office épiscopal, en affirmant que la succession apostolique dépendait principalement de la continuité de l’enseignement » (n. 60). Nés au XIXe siècle, les Disciples n’ont pas connu les affrontements directs et déchirants du XVIe siècle sur l’épiscopat, ce qui est un grand avantage pour la poursuite de ce dialogue. La Commission n’avait sans doute pas inclus une discussion plus détaillée sur l’épiscopat parmi ses objectifs dans cette phase-ci du dialogue. Mais comme ce rapport fait référence au document BEM à propos de l’eucharistie, il aurait été intéressant de voir si les convergences apparues sur l’épiscopat et sur la succession apostolique dans le chapitre de BEM sur le ministère (Ministère, n. 19-25, 34-38) pouvaient être reçues par ce dialogue et si elles pouvaient être utiles dans les discussions sur d’autres sujets analogues abordés ici. Dans ce document, il est dit en effet que « d’autres formes de ministère ordonné ont été bénies par les dons de l’Esprit Saint », que le triple ministère des évêques, des presbytres et des diacres qui s’est établi au cours des IIe et IIIe siècles dans l’Église « peut servir aujourd’hui d’expression à l’unité que nous cherchons et aussi de moyen pour y parvenir » (BEM, Ministère, n. 22, cf. n. 19). Quoique controversée, cette proposition demeure valable comme base de discussion sur cette question. Outre qu’à ce dialogue-ci, les Disciples ont également participé aux États-Unis à la Consultation on Church Unity et à l’instance qui lui a succédé, Churches Uniting in Christ. La question de l’épiscopat n’a pas encore été résolue. Malgré les difficultés qu’elle comporte, il est nécessaire de trouver une solution si l’on veut atteindre le but de l’unité. La proposition de BEM sur le ministère demeure un point de départ valable pour les discussions dans ce dialogue-ci comme dans d’autres. La question de l’ordination comme sacrement et celle de l’épiscopat se posent aussi entre les catholiques et d’autres communions issues de la Réforme. Les convergences découvertes ensemble par les catholiques et les Disciples dans la quatrième partie sont une contribution offerte à tout le mouvement œcuménique. Réflexion sur la quatrième partie Les questions relatives au ministère comptent parmi les plus difficiles du dialogue œcuménique. À la base des divergences entre les diverses familles de chrétiens sur le ministère, il y a leurs points de vue différents sur la nature de l’Église. C’est pourquoi les convergences sur l’Église indiquées ci-dessus, et les pas en avant vers une conception commune de l’Église, peuvent favoriser les progrès sur d’autres grands thèmes abordés dans ce rapport. Malgré le grand défi que pose cette question du ministère, ce dialogue a fait apparaître d’amples convergences sur ce point dans la quatrième partie, comme on a pu le voir. Nous avons là une base solide en vue de la poursuite du dialogue, pour affronter les autres questions difficiles non encore résolues. Bien que des divergences subsistent encore, par exemple sur le caractère sacramentel du sacerdoce, les convergences apparues entre Disciples et catholiques sur les questions relatives au ministère nourrissent l’espoir qu’un dialogue pourra 54 CINQUIEME PARTIE : CONCLUSION (N. 73-80) sur la présence réelle du Christ dans l’eucharistie, ils déclarent que « la Commission est parvenue à une réelle convergence sur ce point une fois dissipées les incompréhensions mutuelles, tout en admettant que de nombreuses divergences subsistent encore » (n. 45). Au terme de la discussion sur la dimension sacrificielle de l’eucharistie, ils affirment que « la Commission est parvenue à une réelle convergence sur ce point une fois dissipées les incompréhensions mutuelles, tout en admettant que de nombreuses divergences subsistent encore » (n. 57). Dans la discussion sur le sacerdoce du Christ et de ses ministres, des convergences nombreuses et significatives ont été mises en lumière, entre autres aux n. 63-67, mais aussi d’importantes divergences sur des questions importantes, comme aux n. 68-72. Comme dans beaucoup d’autres dialogues bilatéraux, les partenaires de ce dialogue ont fait un grand pas en avant vers l’unité et la réconciliation. Ce dialogue révèle que les relations entre Disciples et catholiques ont atteint ce qu’on a appelé le « stade intermédiaire » sur le chemin de l’unité. Ils ont développé entre eux de bonnes relations. Et le dialogue doit continuer. Le besoin d’une histoire commune. À l’origine de maintes divergences entre les Églises chrétiennes sur l’eucharistie décrites ici et dans d’autres dialogues, il y a le fait que, depuis la rupture de l’unité dans l’Église d’Occident au XVIe siècle, les chrétiens séparés ont vécu des histoires séparées qui reflètent des conflits théologiques de plusieurs siècles, comme le montrent les aperçus historiques de la troisième et de la quatrième partie. Au départ, les participants avaient des points de vue opposés, ou connaissaient très mal la pensée et des pratiques de leurs partenaires. Il n’en est que plus remarquable que, dans de telles conditions, Disciples et catholiques aient pu trouver dans le dialogue d’importantes convergences sur des questions longtemps considérées comme des facteurs de division entre eux. Le défi qui se présente, au sein du mouvement œcuménique, consiste donc à continuer de rechercher une vision commune du passé remplaçant les histoires séparées, héritage des siècles de séparation, que chacun apporte dans le dialogue. En même temps, la découverte de convergences présentées ici entre Disciples et catholiques sur des questions sur lesquelles le désaccord a perduré pendant des siècles est un pas en avant vers un récit commun de l’histoire chrétienne avec lequel tous les chrétiens peuvent s’identifier. L’influence du mouvement œcuménique s’est fait sentir dans ce dialogue, comme le montrent les références au document BEM. Le résultat de ce dialogue montre que le mouvement œcuménique va de l’avant et qu’il continue de s’épanouir de maintes façons. Ce rapport se termine par une excellente conclusion qui résume le travail de cette phase de dialogue avec concision. Elle indique le but du dialogue, la méthode de travail utilisée, les principales questions abordées. Elle met en lumière les relations qui existent entre les principaux thèmes traités. Elle signale les malentendus qui ont pu être dissipés. Elle rappelle les principales convergences découvertes, ainsi que les divergences qui subsistent encore et qui demandent à être traitées en poursuivant ce dialogue. Après avoir bien précisé que cette déclaration n’est pas une présentation exhaustive de la présence du Christ dans l’eucharistie, mais seulement un début prometteur, une communion in via, la Commission signale quelques points spécifiques sur lesquels un approfondissement serait nécessaire pour atteindre la pleine communion. Elle conclut par ces mots : « Nous avons découvert que grâce aux explications patientes et à l’écoute mutuelle, les malentendus peuvent être dissipés. L’ampleur des convergences ainsi mises en lumière nourrit en nous l’espoir d’une plus grande unité entre Disciples et catholiques. Nous les présentons ici comme une contribution à l’unique mouvement œcuménique ». Quelques réflexions conclusives Les catholiques et les Disciples continuent leur recherche de réconciliation mutuelle. Ce rapport reflète le travail sérieux effectué par les Disciples et les catholiques pour atteindre le but de l’unité visible. Les convergences et les accords découverts dans cette phase du dialogue me paraissent très significatifs et contribuent à son but, à savoir l’unité visible entre catholiques et Disciples. On constate que de grands pas en avant ont été accomplis, même s’il reste encore beaucoup à faire. Dans la discussion, les deux partenaires de ce dialogue, Disciples et catholiques, ont recherché des convergences, tout en reconnaissant qu’il existe encore des limites à l’accord, ainsi que des points de désaccord qui demandent à être résolus. Dans l’introduction, ils signalent que des « points de convergence et d’accord » sont apparus, tout en reconnaissant qu’ils n’ont « pas encore atteint la pleine communion ecclésiale, et qu’ils ne peuvent donc pas partager l’eucharistie ensemble » (n. 2). Dans la première partie, en parlant des convergences sur l’union entre le Christ et l’Église (n. 5-8), sur la foi apostolique, et sur un seul baptême (n. 9-10), ils précisent que « à l’heure actuelle, notre communion est imparfaite… Devant l’absence apparente d’accord entre nous sur des questions de foi substantielles, nous avons ressenti le besoin de définir et d’analyser ces questions de façon plus précise que nous ne l’avions fait jusqu’à présent » (n. 11). Dans la troisième partie, ils soulignent que leurs divergences les empêchent de partager l’eucharistie et que « nos visions différentes l’Église et de son unité nous ont conduits à des pratiques différentes en ce qui concerne la participation à l’eucharistie » (n. 28). En conclusion de leur discussion Mgr John A. Radano est Professeur adjoint à la Faculté de Théologie de la Seton Hall University, South Orange, New Jersey, États-Unis. Traduction de l’anglais au français SI 55 SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS L’ensemble de ce matériel pourra être utilisé de multiples façons et servir non seulement durant la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens mais pendant toute l’année. Pour les groupes pouvant avoir besoin du livret en d’autres langues, je vous signale que le site du Saint-Siège mettra prochainement à disposition les textes en anglais, français, espagnol, portugais et éventuellement dans d’autres langues encore. Vous pourrez consulter ces textes à l’adresse suivante: http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_co uncils/chrstuni/sub-index/index_weeks-prayer_fr.htm. Le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens vous demande de bien vouloir diffuser ces textes auprès de toutes les personnes chargées d’organiser la célébration de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens dans votre pays. Nous recommandons particulièrement que ce matériel soit adapté au niveau régional ou local de manière à ce qu’il puisse correspondre davantage au contexte socioculturel de votre pays. En particulier, nous souhaiterions que ces textes soient adaptés et distribués aux jeunes, groupes et associations de jeunes. Ce processus d’adaptation au niveau local sera une occasion précieuse d’approfondir la collaboration et le dialogue entre chrétiens de différentes confessions. En vous remerciant de votre engagement à nos côtés en faveur de la promotion de l’unité des chrétiens, je vous prie d’agréer l’expression de mes sincères salutations en Christ. LETTRE DU SECRETAIRE DU CPPUC AUX COMMISSIONS ŒCUMENIQUES DES CONFERENCES EPISCOPALES ET DES SYNODES DES EGLISES CATHOLIQUES ORIENTALES Au nom du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, j’ai le plaisir de vous adresser, cijoint, le matériel pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2014. Ces textes ont été préparés par un comité international constitué de représentants du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens et de la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises, à partir d’un projet présenté par un groupe œcuménique représentant les chrétiens au Canada. Vivre dans un pays marqué par de grandes diversités a conduit le groupe canadien à réfléchir à la question provocatrice de Paul dans la première épître aux Corinthiens : « Le Christ est-il divisé ? » (1 Co 1, 13) qui constitue le thème pour l’année 2014. Le passage biblique choisi ( 1 Co 1, 1-17) nous montre aussi comment valoriser et accueillir dès à présent les dons des autres, malgré nos divisions, et cela nous encourage à travailler pour l’unité. Le matériel ci-joint comprend une introduction au thème, une proposition de célébration œcuménique, un choix de lectures, des réflexions et des prières pour les huit jours de l’Octave de la Semaine de prière ainsi qu’une présentation de la situation œcuménique au Canada. Cette année, le groupe canadien a créé une page internet proposant des chants et musiques spécialement composés pour la Semaine de prière pour l’unité 2014 (http://ecumenism.net/music/). Brian Farrell Secrétaire 56 IMPORTANT Ceci est la version internationale de la Semaine de prière pour l’année 2014 Pour vous procurer la version spécialement adaptée à votre situation locale, veuillez contacter la Conférence épiscopale de votre pays ou le Synode de votre Église Textes pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens et pour toute l’année 2014 Le Christ est-il divisé ? (1 Co 1, 13) Conjointement préparés et publiés par le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises Traduction de l’original anglais réalisée par le Centre canadien d’œcuménisme en collaboration avec la Conférence des Évêques de France. 57 bliques proposés pour les Huit Jours. Les commentaires de chaque jour peuvent se conclure par une prière d’intercession. À TOUS CEUX QUI ORGANISENT LA SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS Pour les personnes qui souhaitent prier en privé, les textes contenus dans cette brochure peuvent alimenter leurs prières et leur rappeler aussi qu’elles sont en communion avec tous ceux qui prient à travers le monde pour une plus grande unité visible de l’Église du Christ. RECHERCHER L’UNITE TOUT AU LONG DE L’ANNEE Dans l’hémisphère nord, la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens est célébrée du 18 au 25 janvier. Ces dates furent proposées en 1908 par Paul Wattson de manière à couvrir la période entre la fête de saint Pierre et celle de saint Paul. Ce choix a donc une signification symbolique. Dans l’hémisphère Sud, où le mois de janvier est une période de vacances d’été, on préfère adopter une autre date, par exemple aux environs de la Pentecôte (ce qui fut suggéré par le mouvement Foi et Constitution en 1926) qui représente aussi une autre date symbolique pour l’unité de l’Église. En gardant cette flexibilité à l’esprit, nous vous encourageons à considérer ces textes comme une invitation à trouver d’autres occasions, au cours de l’année, pour exprimer le degré de communion que les Églises ont déjà atteint et pour prier ensemble en vue de parvenir à la pleine unité voulue par le Christ. TEXTE BIBLIQUE POUR 2014* (1 Corinthiens 1, 1-17) Paul, appelé à être apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu, et Sosthène le frère, à l’église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus, appelés à être saints avec tous ceux qui invoquent en tout lieu le nom de notre Seigneur Jésus Christ, leur Seigneur et le nôtre ; à vous grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ. Je rends grâce à Dieu sans cesse à votre sujet, pour la grâce de Dieu qui vous a été donnée dans le Christ Jésus. Car vous avez été, en lui, comblés de toutes les richesses, toutes celles de la parole et toutes celles de la connaissance. C’est que le témoignage du Christ s’est affermi en vous, si bien qu’il ne vous manque aucun don, à vous qui attendez la révélation de notre Seigneur Jésus Christ. C’est lui aussi qui vous affermira jusqu’à la fin, pour que vous soyez irréprochables au Jour de notre Seigneur Jésus Christ. Il est fidèle, le Dieu qui vous a appelés à la communion avec son fils Jésus Christ, notre Seigneur. ADAPTER LES TEXTES Ces textes sont proposés étant bien entendu que, chaque fois que cela sera possible, on essayera de les adapter aux réalités des différents lieux et pays. Ce faisant, on devra tenir compte des pratiques liturgiques et dévotionnelles locales ainsi que du contexte socioculturel. Une telle adaptation devrait normalement être le fruit d’une collaboration œcuménique. Dans plusieurs pays, des structures œcuméniques sont déjà en place et elles permettent ce genre de collaboration. Nous espérons que la nécessité d’adapter la Semaine de prière à la réalité locale puisse encourager la création de ces mêmes structures là où elles n’existent pas encore. Mais je vous exhorte, frères, au nom de notre Seigneur Jésus Christ : soyez tous d’accord et qu’il n’y ait pas de divisions parmi vous ; soyez bien unis dans un même esprit et dans une même pensée. En effet, mes frères, les gens de Chloé m’ont appris qu’il y a des discordes parmi vous. Je m’explique ; chacun de vous parle ainsi : « Moi j’appartiens à Paul. – Moi à Apollos. – Moi à Céphas. – Moi à Christ ». Le Christ est-il divisé ? Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? Dieu merci, je n’ai baptisé aucun de vous, excepté Crispus et Caïus ; ainsi nul ne peut dire que vous avez été baptisés en mon nom. Ah si ! J’ai encore baptisé la famille de Stéphanas. Pour le reste, je n’ai baptisé personne d’autre, que je sache. Car Christ ne m’a pas envoyé baptiser, mais annoncer l’Évangile, et sans recourir à la sagesse du discours, pour ne pas réduire à néant la croix du Christ. UTILISER LES TEXTES DE LA SEMAINE DE PRIERE POUR L’UNITE DES CHRETIENS Pour les Églises et les Communautés chrétiennes qui célèbrent ensemble la Semaine de prière au cours d’une seule cérémonie, ce livret propose un modèle de Célébration œcuménique de la Parole de Dieu. Les Églises et Communautés chrétiennes peuvent également se servir pour leurs célébrations des prières ou des autres textes de la Célébration œcuménique de la Parole de Dieu, des textes proposés pour les Huit Jours et du choix de prières en appendice de cette brochure. Les Églises et Communautés chrétiennes qui célèbrent la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens chaque jour de la semaine, peuvent trouver des suggestions dans les textes proposés pour les Huit Jours. La Bible – Traduction œcuménique – TOB * Citations scripturaires : Les citations bibliques en version Les personnes désirant entreprendre des études bibliques sur le thème de la Semaine de prière peuvent également se baser sur les textes et les réflexions bi- française reproduites dans ces pages sont empruntées à la Nouvelle Traduction œcuménique de la Bible (TOB), © Bibli’O – Société biblique, française et Éditions du Cerf, 2010. Tous droits réservés. 58 comprend trois mouvements. Tous trois posent un fondement solide mais qui interpelle aussi nos réflexions de chrétiens, appelés à vivre et à travailler ensemble dans les Églises et la société d’aujourd’hui. 4. Dans le premier mouvement (1, 1-3), Paul, avec son compagnon chrétien Sosthène – qui forment une minuscule mais authentique communauté de deux membres – s’adresse à une communauté plus importante et profondément active, celle des chrétiens de Corinthe. Il qualifie les Corinthiens d’« Église de Dieu », et pas seulement par conséquent de branche locale mais de pleine expression de l’Église en cette région du monde. Paul leur rappelle qu’ils constituent un peuple d’ « appelés » : « appelés à être saints », non pas de façon isolée et individuelle, mais « avec tous ceux qui invoquent en tout lieu le nom de notre Seigneur Jésus Christ, leur Seigneur et le nôtre ». Cette expression pourrait se traduire également ainsi : « aussi bien là où ils se trouvent que là où nous sommes ». Ils sont donc authentiquement l’Église de Dieu, mais en lien étroit avec tous ceux qui invoquent le Seigneur, aussi bien en Le confessant que là où ils se trouvent. Ensuite, comme en toutes ses lettres, Paul développe ses souhaits habituels et vigoureux de grâce et de paix, de la part de Dieu. Dans le langage de Paul, le mot « grâce » renvoie à la bonté de Dieu et aux dons qu’il nous a faits dans le Christ, et ce mot doit nous amener à la reconnaissance envers Dieu et à la générosité les uns envers les autres. La « paix » qui nous est destinée en toute plénitude et réciprocité est communion (koinonia) en Dieu. 5. Où la grâce et la paix de Dieu vous apparaissent-elles présentes dans votre Église locale, votre communauté au sens large, et votre pays ? Comment pouvez-vous dépasser le souci de votre communauté immédiate pour vous rendre attentifs à la communauté chrétienne et au monde dans leur ensemble ? 6. C’est lorsqu’il est sur le point d’appeler la communauté de Corinthe à la tâche, que Paul entame le second mouvement de notre texte (1, 4-9) dans lequel il exprime sa reconnaissance pour « la grâce de Dieu qui a été donnée » aux Corinthiens « dans le Christ Jésus ». Il ne s’agit pas ici d’une simple formalité mais d’une joie authentique pour les dons que Dieu a accordés à cette communauté. Paul continue de les affermir : « Car vous avez été, en lui, comblés de toutes les richesses [...], si bien qu’il ne vous manque aucun don de la grâce ». Les Corinthiens ont l’assurance d’être fortifiés jusqu’au bout, et que Dieu « est fidèle ». Il nous appelle à la communion (koinonia) avec son Fils, et à tout ce que cela implique socialement et spirituellement pour nos Églises et nos peuples. 7. En tant que chrétiens canadiens, nous devons bien reconnaître que nous n’avons pas toujours été prêts à nous réjouir de la présence des dons de Dieu en d’autres communautés chrétiennes. La lecture du texte de Paul dans un esprit œcuménique, nous fait mieux prendre conscience que nous sommes invités à nous réjouir sincèrement de la bénédiction accordée par Dieu à d’autres chrétiens et à d’autres peuples. Ceux INTRODUCTION AU THÈME DE L’ANNÉE 2014 Le Christ est-il divisé ? (cf. 1 Corinthiens 1, 1-17) 1. Nous autres Canadiens, nous vivons dans un pays marqué par les diversités linguistiques, culturelles, et même climatiques, et nous représentons aussi toute une variété d’expressions de la foi chrétienne. Cette vie dans la différence, mais aussi dans la fidélité au désir du Christ que ses disciples soient unis, nous a conduits à réfléchir à la question provocatrice de Paul dans la première épître aux Corinthiens : « Le Christ est-il donc divisé ? » Dans la foi, nous répondons : « Non ! », et cela bien que nos communautés ecclésiales soient encore scandaleusement déchirées. La première épître aux Corinthiens nous montre aussi comment valoriser et accueillir dès à présent les dons des autres, malgré nos divisions, et cela nous encourage à travailler pour l’unité. 2. Le Canada est renommé pour sa splendeur naturelle : ses montagnes, ses forêts, ses lacs et ses rivières, ses océans de blé et ses trois côtes maritimes. Notre pays s’étend de l’Atlantique au Pacifique et de la frontière des États-Unis au Pôle-Nord. C’est une terre riche au plan agricole et en ressources naturelles. Le Canada est marqué également par une diversité de populations : les Premières Nations, les Inuits et les Métis1, et de nombreux peuples du monde entier venus s’y installer. Nous avons deux langues officielles, le français et l’anglais, bien que beaucoup de Canadiens soient attachés à l’héritage culturel et linguistique de leurs terres ancestrales. Nos disparités sociales et politiques reposent souvent sur des distinctions linguistiques, culturelles et régionales, bien que nous comprenions progressivement toute la contribution apportée par ces identités nationales à une saine diversité canadienne. Beaucoup de chrétiens ont enrichi ce milieu multiculturel par leurs spécificités de culte et de ministère. L’épître de Paul s’adresse à nous dans notre diversité, et nous invite à reconnaître qu’en tant qu’Église, dans les lieux particuliers où nous sommes implantés, nous ne devons ni nous isoler, ni agir à l’encontre les uns des autres, mais plutôt reconnaître nos liens étroits avec tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur. 3. Dans le passage de l’Écriture choisi pour notre réflexion de cette année, Paul débute vigoureusement ses épîtres aux Corinthiens. Comme le ferait une ouverture d’opéra ou le mouvement d’entrée d’une symphonie, ce passage aborde des thèmes qui nous préparent sans aucun doute au contenu à suivre de ces lettres. Le texte 1. Le Canada utilise l’expression de « Premières Nations » pour reconnaître la présence de peuples indigènes avant l’arrivée des Européens. Les peuples indigènes de l’Arctique s’appellent euxmêmes Inuits. Le terme de métis s’emploie pour désigner les personnes dont les ancêtres sont à la fois indigènes et Français. 59 qui, en premier, ont apporté la foi chrétienne au Canada ont souvent dédaigné les dons et intuitions des populations indigènes, et n’ont pas suffisamment perçu les bénédictions que Dieu accordait à travers eux. Nous avons bien des motifs d’action de grâce pour la diversité de populations et d’expressions de la foi en notre pays. Bien qu’il y ait, dans notre histoire, beaucoup d’exemples de manques de respect mutuel et de soutien insuffisant les uns des autres, nous savons que notre nation s’est construite sur la collaboration et la recherche de la paix, aussi bien chez nous que dans le monde. Nous avons trop souvent tendance à considérer qu’il est normal de bénéficier des bienfaits de la nature et des dons de Dieu, et nous avons du mal à maintenir l’équilibre entre la prospérité et notre responsabilité à l’égard de ces biens matériels. Nous nous battons aussi pour que soient mises en œuvre les valeurs auxquelles nous tenons, en tant que Canadiens. Comme chrétiens et comme Églises, nous nous sentons appelés à recevoir avec gratitude les dons que Dieu a placés chez les autres, et à manifester concrètement de la reconnaissance et à prendre soin de l’ensemble de notre pays et du monde. 8. Quels sont les motifs d’action de grâce de votre Église, de votre communauté et de votre pays ? Comment avez-vous fait l’expérience des dons spirituels et/ou matériels de Dieu existant chez d’autres chrétiens ou d’autres membres de votre propre communauté ? 9. Dans le troisième mouvement (1, 10-17), Paul s’adresse aux Corinthiens avec dureté, en leur reprochant la façon dont ils ont déformé l’Évangile et détruit l’unité de la communauté : « Moi, j’appartiens à Paul. Moi, à Apollos. Moi, à Céphas ». Paul n’applaudit pas même ceux qui ont proclamé le Christ comme leur chef, parce qu’ils ont utilisé le nom du Christ pour s’éloigner d’autres membres de la communauté chrétienne. L’invocation du nom du Christ ne doit pas nous servir à bâtir des murailles autour de nous, car son nom crée la fraternité et l’unité, et non les divisions. « Le Christ est-il divisé ? » Paul ne voit pas d’inconvénient à ce que des communautés se constituent autour de responsables forts, mais c’est dans le Christ que la communauté doit trouver son identité fondamentale : « Estce Paul qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? » Les gens de Chloé ont vu ce genre de choses se produire chez eux, et les ont tirées au clair. 10. C’est dans cet état de division que Paul appelle à se rassembler, et à être « bien unis dans un même esprit et dans une même pensée ». Il exhorte ses lecteurs et les Corinthiens à être « tous d’accord ». Paul voudrait-il dire que tout le monde doit célébrer et agir de la même manière ? Nous ne le pensons pas. Ces versets ne sont pas un appel à mettre de côté la responsabilité de Paul, d’Apollos ou de Céphas. Notre enracinement dans le Christ nous appelle à rendre grâces pour les dons de Dieu apportés à la mission commune de l’Église par ceux qui ne sont pas membres de notre groupe. Reconnaître les dons de Dieu chez les autres nous rap- proche dans la foi et la mission, et nous conduit vers l’unité pour laquelle le Christ a prié, dans le respect d’une véritable diversité de culte et de vie. 11. Paul souligne deux éléments essentiels de la condition de disciple chrétien qui nous rendent fondamentalement unis au Christ : le baptême et la croix du Christ. Ce n’est pas au nom de Paul que nous avons été baptisés et ce n’est pas lui qui a été crucifié pour nous ; c’est dans le Christ qu’est notre unité, et c’est de Lui que nous tenons la vie et le salut. Il n’en est pas moins vrai que nous appartenons à tel ou tel groupe particulier, et que nos Églises locales nous nourrissent dans la foi et nous aident à cheminer en disciples de Jésus. Ce qui en découle, pour Paul comme pour nous, n’est pas simplement le fait de nous sentir membre d’une Église particulière. Il s’agit plutôt pour nous de proclamer la Bonne Nouvelle, l’Évangile auquel nous avons répondu avec foi et dans la joie. Il nous faut à présent partager ce message au monde. La conclusion de Paul nous incite à nous demander si nous sommes porteurs de bonnes nouvelles en Christ les uns pour les autres, ou bien si nous transmettons la division, y compris au nom du Christ, ce qui − pour reprendre les mots de Paul − réduit à néant la croix du Christ. 12. Notre histoire, à nous chrétiens canadiens, est marquée par la collaboration et le soutien mutuel. Elle comporte des exemples d’efforts communs, de ministères partagés et même d’union entre plusieurs Églises. Là où une véritable unité entre Églises n’a pas été possible, nous avons souvent procédé à des accords mutuels et partagé des ministères qui témoignent de notre unité grandissante dans le Christ. Nos Églises ont mené des actions communes dans des domaines en rapport avec la pauvreté et la justice sociale, et bon nombre de nos Églises commencent à reconnaître ensemble nos responsabilités dans la manière infidèle au Christ dont nous avons traité les populations indigènes de notre pays. Et pourtant, en dépit de ces évolutions encourageantes vers l’unité que le Christ veut pour nous, nous continuons d’être divisés et désunis d’une manière qui déforme notre proclamation de l’Évangile. 13. Nous entendons également parler des gens de Chloé. C’est au moment où Chloé est en responsabilité que ce groupe constate et désigne les conflits et divisions de l’Église de Corinthe. Nous continuons d’avoir besoin de témoins semblables, de femmes et d’hommes de toutes nos Églises, et de leur ministère de réconciliation et d’unité. C’est en donnant la parole à des témoins de ce genre que nous comprendrons mieux ce que Paul entend par une communauté ayant « un même esprit et une même pensée » dans le Christ. 14. Comment comptez-vous faire, vous et votre Église, pour discerner que vous avez le même esprit et la même pensée dans le Christ que les autres Églises ? En ce qui concerne les compréhensions différentes de la liturgie qui existent dans les Églises de votre ville ou de votre pays, comment votre intérêt pour ces autres pratiques cultuelles peut-il porter du fruit dans les efforts en faveur de l’unité chrétienne visible ? Quelle mission 60 commune entendez-vous partager avec les autres chrétiens pour aider le monde à faire une meilleure place aux autres ? 15. Pour conclure, si nous considérons tous les dons et bénédictions que Dieu a manifestés en notre pays et chez nos peuples, nous sommes amenés à reconnaître que nous devons nous traiter les uns les autres, et même la terre dont nous tenons la vie, avec dignité et respect. Cette démarche de reconnaissance nous a conduits à la confession de notre péché et au repentir, ainsi qu’à la recherche de modes de vie nouveaux et durables sur terre. Elle nous a fait prendre mieux conscience que la bénédiction de Dieu s’étend à nous tous, et qu’aucun groupe de notre pays ne peut décider de l’utilisation des ressources nationales sans avoir entendu et tenu compte des avis de nos concitoyens canadiens. Pour leurs intéressantes suggestions et ébauches de textes, nous remercions également : la Rév. Dr Karen Hamilton (Église unie du Canada), secrétaire générale du Conseil canadien des Églises ; le Rév. Dr Gilles Routhier (Église catholique), doyen de la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval de Québec. Nous sommes également reconnaissants à Mgr Donald Bolen, évêque de Saskatoon, qui a permis de constituer le groupe préparatoire, et à tous ceux qui ont participé aux travaux du Comité international. Les textes proposés ici ont été mis au point au cours d’une rencontre du Comité international nommé par la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises, et le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Le Comité s’est réuni avec les représentants canadiens en septembre 2012, à la Villa Saint-Martin, centre jésuite de retraites situé à Pierrefonds, au nord-ouest de l’île de Montréal. Nous sommes particulièrement reconnaissants au Centre canadien d’œcuménisme et au Centre des Prairies pour l’œcuménisme d’avoir généreusement accueilli cette rencontre et d’avoir organisé une visite à l’Oratoire Saint-Joseph de Montréal. Nous souhaitons également exprimer nos remerciements à la Faculté de l’Université McGill, de Montréal, pour avoir organisé un symposium œcuménique lors de notre séjour au Canada. PRÉPARATION DES ÉLÉMENTS DE LA SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS 2014 Les premiers travaux sur le thème, pour la semaine de prière de cette année, ont été réalisés par un groupe de représentants des diverses régions du Canada, réunis à l’invitation du Centre canadien d’œcuménisme et du Centre des Prairies pour l’œcuménisme. Nous souhaitons remercier particulièrement : Mme Bernice Baranowski (Centre canadien d’œcuménisme, Montréal – Église catholique) ; CÉLÉBRATION ŒCUMÉNIQUE la Rév. Dr Sandra Beardsall (Église unie du Canada), professeur d’histoire de l’Église et d’œcuménisme au St Andrew’s College de Saskatoon ; INTRODUCTION A LA CELEBRATION Le Christ est-il divisé ? (cf. 1 Corinthiens 1, 1-17) le Rév. Michel Belzile (Baptiste), Greenborough Community Church de Toronto; Mgr Donald Bolen (Église catholique), évêque du diocèse de Saskatoon ; Nous nous rassemblons pour prier ensemble durant la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens et nous venons répondre à l’appel de Dieu, en cherchant à nous renouveler et à resserrer nos liens communs avec le Christ par le chant, les Saintes Écritures et un geste symbolique. Cette célébration peut également nous inviter à relire et approfondir les « huit jours » de réflexion, en lien avec le passage de 1 Corinthiens 1, 1-17. On y trouve la question provocante de l’Apôtre Paul : « Le Christ est-il divisé ? » qui constitue un joyeux défi pour notre prière et pour notre propre évaluation de nousmêmes, mais aussi en tant que communautés chrétiennes. Ce choix de passage biblique ainsi que le déroulement de cette célébration vous donneront l’occasion de considérer ce défi sous un nouveau jour, dans votre contexte. Voici quelques aspects particuliers de la célébration de cette année qui pourraient requérir une préparation préalable. L’étape Rassemblement de la communauté inclut une invitation à prier à la manière des Amérindiens du la Rév. Amanda Currie (Église presbytérienne au Canada, Saskatoon), ministre et agent administratif du Presbytère du Nord-Saskatchewan ; M. Nicholas Jesson (Église catholique), Délégué à l’œcuménisme du diocèse de Saskatoon ; M. Norman Lévesque (Église catholique), directeur par intérim du Centre canadien d’œcuménisme, directeur du programme Église Verte le Rév. Diacre Anthony Mansour (Église orthodoxe en Amérique), directeur exécutif (2006-2012) du Centre canadien d’œcuménisme à Montréal ; le Rév. Dr David MacLachlan (Église unie du Canada), professeur d’exégèse du Nouveau Testament à l’Atlantic School of Theology d’Halifax, en Nouvelle-Écosse ; le Rév. John Wilson (Église unie du Canada), Summerside, Prince Edward Island. 61 Canada. Pour ce faire, les fidèles se tournent pour faire face à différentes directions. Vous devrez être conscients de la position des points cardinaux au moment de la célébration afin que les membres puissent se retourner, dans le sens des aiguilles d’une montre, durant la prière. Ils devront se retourner ensuite, face à l’avant, pour les directions « haut » et « bas », comme cela est indiqué. Vous devrez peut-être modifier la prière pour correspondre à votre réalité géographique. L’échange œcuménique des dons spirituels constitue une façon de répondre aux soucis de Paul envers les Corinthiens qui se sont divisés en camps opposés, c’est pourquoi il les interpelle : « Le Christ est-il divisé ? » Nous ne pouvons pas continuer à vivre isolés au sein de nos communautés chrétiennes en présumant que l’unité est acquise. Il faut que nous soyons prêts à recevoir réciproquement les dons des autres, ce qui signifie aller audelà de la simple énonciation du don que nous avons à offrir. Cela nous demande de considérer les autres et de voir, en eux, les charismes qui enrichissent le Corps du Christ. Cet « échange » est expliqué en détails plus loin et il nécessite une préparation préliminaire. Nous suggérons ce qui suit : 1. Invitez les représentants des différentes Églises dans votre secteur à réfléchir ensemble sur les « dons » que nous recevons les uns des autres. Le but est d’identifier ensemble des dons que chaque communauté offre et que les autres peuvent consentir à « recevoir ». 2. Idéalement, vous pourriez trouver un objet qui serait la représentation symbolique de chacun des dons qui serait apporté à l’avant durant l’« échange œcuménique des dons spirituels ». 3. Pendant que les symboles des dons sont amenés à l’avant, ils sont annoncés selon une formule semblable à celle-ci : « De la part de l’Église _____________, nous sommes reconnaissants de recevoir le don de _______________ représenté par ___________________ ». Cet « échange œcuménique des dons spirituels » peut, bien sûr, être adapté selon le contexte local. Les prières d’intercession mettent en évidence les « Huit objectifs du millénaire » des Nations Unies. Nous vous encourageons à imprimer ces prières pour l’assemblée afin que chacun puisse reconnaitre les objectifs spécifiques inclus dans les prières. Notez que les huit réponses dans l’« engagement pour l’unité » correspondent aux thèmes des « huit jours de prière pour l’unité » que vous trouverez dans ce document. On dit que « chanter, c’est prier deux fois ». Nous proposons quelques hymnes et chants sacrés puisés dans le répertoire canadien des auteurs et compositeurs d’hymnes qui ont été mandatés en particulier pour la Semaine de prière 2014. Plusieurs chants en langue française se trouvent au www.ecumenism.net/music/. Nous espérons que vous accorderez beaucoup de place à la musique durant cette célébration œcuménique. A : Animateur, animatrice C : Communauté DEROULEMENT DE LA CELEBRATION I. NOUS NOUS RASSEMBLONS DANS L’ESPERANCE ET L’UNITE Hymne de procession d’entrée Les animateurs de la célébration et les autres peuvent entrer en procession. Rassemblement de la communauté A : La grâce et la paix de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ soient avec vous! (1 Co 1, 3). Cette célébration a été préparée au Canada. Le mot « Canada » signifie « village », dans la langue de certains membres des Premières Nations amérindiennes, les Iroquois. Comme membres de la maison de Dieu, les chrétiens du monde entier habitent un « village ». Lorsque les chrétiens prient ensemble, ils se joignent à ce grand village global, rempli de beauté, de luttes et d’espoir. Chers amis, unissonsnous dans la prière par la grâce de Jésus Christ notre Seigneur, l’amour de Dieu et la communion de l’Esprit Saint. C : Amen! A : Dieu très aimant, tu nous appelles de nos maisons, de nos bureaux, de nos mines et de nos usines, de nos champs et de nos magasins, de nos bateaux de pêche et de nos troupeaux, de nos écoles et de nos hôpitaux, de nos prisons et centres de détention pour nous unir dans une fraternité commune en Jésus Christ. C : Rends-nous un en Christ. A : Les Premières Nations du Canada conservent un ancien rite de prière qui consiste à faire face aux quatre points cardinaux. Avec eux, unissons-nous en prière en faisant face à chacun des points cardinaux, tel qu’indiqué. Se tournant vers l’Est A : De l’Est, en direction du soleil levant, nous recevons la paix, la lumière, la sagesse et la connaissance. C : Nous te rendons grâce pour ces dons, Seigneur! Se tournant vers le Sud A : Du Sud nous viennent la chaleur, le conseil, le début et la fin de la vie. C : Nous te rendons grâce pour ces dons, Seigneur! Se tournant vers l’Ouest A : De l’Ouest nous viennent la pluie, les eaux purifiantes qui soutiennent toutes les formes de vie. C : Nous te rendons grâce pour ces dons, Seigneur! 62 II. NOUS SOMMES A L’ECOUTE DE LA PAROLE DE DIEU Se tournant vers le Nord A : Du Nord nous viennent le froid, les vents puissants, la neige blanche qui nous donnent la force et l’endurance. C : Nous te rendons grâce pour ces dons, Seigneur ! Se tournant vers l’avant et vers le haut A : Des cieux nous recevons la noirceur, la lumière et l’air de ton souffle. C : Nous te rendons grâce pour ces dons, Seigneur ! Faisant face vers le bas A : De la terre, d’où nous venons et où nous retournerons. C : Nous te rendons grâce, Seigneur, pour ta Création et pour notre demeure terrestre. A : Puissions-nous marcher sur de bons chemins, Seigneur, et vivre sur cette terre en vrais frères et sœurs en partageant la joie de nos bénédictions et la compassion dans nos souffrances ensemble avec toi, au nom de Jésus, et avec l’Esprit qui inspire la vie et renouvelle la face de la terre. C : Amen ! Lectures bibliques Isaïe 57, 14-19 ; Psaume 36, 5-10 ; 1 Corinthiens 1, 17 ; Marc 9, 33-41. Homélie III. NOUS REPONDONS DANS LA FOI ET L’UNITE Profession de foi Le Symbole de Nicée-Constantinople, le Symbole des Apôtres ou une autre profession de foi peuvent être utilisés. Hymne de foi et d’engagement Échange œcuménique des dons spirituels Ceux et celles qui ont préparé cette célébration se sont réunis au préalable pour réfléchir sur les différents dons des Églises dans la communauté. Cela peut être des dons locaux ou, au sens plus large, selon les dons de leur tradition de foi respective. Les représentants des différentes Églises apportent des objets qui représentent les dons que leur tradition d’Église apportent à l’ensemble de la communauté chrétienne. Ces dons sont apportés à l’avant et disposés sur une table. Un animateur peut présenter les dons en utilisant la formule suivante ou une formule similaire. Hymne de louange Prières de repentance A : « De la part de l’Église _____________, nous sommes reconnaissants de recevoir le don de ___________ représenté par ___________ ». A : Inspirés par l’appel de Paul à la communauté des Corinthiens, confessons nos péchés. A : Dieu très bon, en union avec le Christ Jésus, tu nous as enrichis des dons de la parole et de la connaissance. Dans notre orgueil, nous nous attribuons souvent ces dons en ne reconnaissant pas leur véritable source. Pardonne-nous, Seigneur. C : Pardonne-nous, Seigneur ! ou Kyrie Eleison (chanté) A : Dieu de grâce, en Christ nous ne manquons d’aucun don spirituel. Par contre, nous sommes souvent trop timides ou trop préoccupés pour partager les merveilles de ce message qui donne la vie à tous ceux qui nous entourent. Pardonne-nous, Seigneur. C : Pardonne-nous, Seigneur! A : Dieu de bonté, tu nous invites dans la fraternité avec ton Fils, Jésus Christ. Parce que nous manquons d’enthousiasme à être unis dans un même esprit, pour un même but ; et parce que nous permettons aux divisions et aux querelles de persister parmi nous, pardonne-nous, Seigneur. C : Pardonne-nous, Seigneur ! A : Dieu très bon, tu demeures fidèle même au regard de notre faiblesse. Pardonne-nous nos péchés de médiocrité et notre acceptation trop rapide des divisions entre nous. Par la grâce de l’Esprit Saint, renouvelle notre zèle à nous engager dans les démarches solides qui honorent notre alliance d’unité avec toi, avec les autres et avec toute la création. C : Amen ! C : Nous sommes reconnaissants pour ces dons, Seigneur! Échange de la paix A : Seigneur Jésus Christ, tu as dit à tes Apôtres : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ». Ne regarde pas nos péchés, mais la foi de ton Église et donne-nous la paix et l’unité du Royaume des cieux où tu règnes avec le Père et le Saint-Esprit pour les siècles des siècles. C : Amen! Prière d’intercession Ensemble, les Églises canadiennes ont adopté les « Huit objectifs du millénaire » des Nations Unies. Les prières suivantes ont pour but de présenter ces objectifs au Seigneur. A : Nous prions pour toutes les personnes qui souffrent quotidiennement de la pauvreté extrême et de la faim. Leur subsistance précaire provoque souvent des divisions; puisse l’amour du Christ restaurer la justice et la paix. Dieu de bonté, entends notre prière. C : Dans ton amour, réponds-nous. A : Nous prions pour tous ceux qui luttent pour le droit universel à l’éducation. Que leur soif de connaissance construise des ponts entre nos Églises et restaure le 63 respect de nos différences. Dieu de bonté, entends notre prière. C : Dans ton amour, réponds-nous. A : Nous prions pour ceux qui luttent pour la dignité et les droits égaux des femmes et des hommes. Puissionsnous honorer l’image de Dieu dans toutes les femmes et dans tous les hommes. Nous nous rappelons tout particulièrement de la nécessité pour l’égalité dans l’accès au marché du travail, des biens et services. Alors que nous devenons un dans le Christ Jésus, puissions-nous pleinement recevoir les dons de tous, tant des hommes que des femmes. Dieu de bonté, entends notre prière. C : Dans ton amour, réponds-nous. A : Nous prions pour les jeunes qui sont malades et pour tous ceux qui aspirent à améliorer la santé des enfants. Alors que nous prenons soin de nos enfants, puissions-nous accueillir Jésus lui-même. Dieu de bonté, entends notre prière. C : Dans ton amour, réponds-nous. A : Nous prions pour toutes les femmes qui portent des enfants et pour leur santé maternelle. Puissions-nous veiller sur ces mères qui portent en elles une vie nouvelle et dont l’amour pour leurs enfants nous rappelle l’amour de Dieu qui nous unit. Dieu de bonté, entends notre prière. C : Dans ton amour, réponds-nous. A : Nous prions pour tous ceux qui combattent le VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies. Puissions-nous entendre les voix de ceux à qui on refuse une vie de dignité, et travaillons pour créer un monde dans lequel toutes les personnes sont respectées et soignées, et où personne n’est exclu. Dieu de bonté, entends notre prière. C : Dans ton amour, réponds-nous. A : Nous prions pour tous ceux et celles qui souffrent de la piètre intendance de la création et pour toutes les espèces en danger. Guide-nous à maintenir un environnement durable afin que nous puissions être réconciliés avec la création. Dieu de bonté, entends notre prière. C : Dans ton amour, réponds-nous. A : Nous prions pour tous ceux qui mettent en œuvre une solidarité sans frontières et un partenariat mondial. Alors que nous effectuons la promotion du commerce équitable et que nous annulons la dette des pays les plus pauvres, nous aspirons aussi à la justice. Dieu de bonté, entends notre prière. C : Dans ton amour, réponds-nous. A : Dans nos efforts à réaliser ces objectifs, puissionsnous discerner ta voix, Seigneur, et avancer ensemble vers le Royaume pour lequel tu as prié et pour lequel nous prions le Notre Père (récité ou chanté). C : Lorsque les Français sont arrivés au Canada aux XVIe et XVIIe siècles, ils y ont trouvé une terre riche de ressources et furent aidés par les Premières Nations. Leur sentiment de gratitude a conduit le fondateur de la Ville de Québec à nommer son bateau « Don de Dieu ». Dans plusieurs rites eucharistiques utilisés au Canada, les gens sont invités à prendre part à la sainte Communion en ces termes : « Voici les dons de Dieu pour le peuple de Dieu ». L’unité pour laquelle nous prions aujourd’hui, c’est la communion ecclésiale restaurée entre les uns et les autres que nous manifesterons alors par le partage eucharistique à la même table. Pourtant, même en parcourant le chemin vers l’unité visible, nous donnons et recevons des dons les uns des autres, dons de Dieu pour le peuple de Dieu. Dans la province francophone du Québec actuellement, l’expression « Don de Dieu » reprend une vitalité toute nouvelle au sein des communautés chrétiennes et dans la culture populaire. Il rappelle un sentiment de gratitude à l’égard des dons de Dieu qui est l’héritage du moment où leurs ancêtres étaient en mesure de les partager en action de grâce avec les Premières Nations du Canada. Comme signe de paix et en reconnaissance de ces dons que nous recevons les uns des autres, disons-nous « Don de Dieu » les uns aux autres. Les fidèles se saluent entre eux avec un baiser, un salut ou une poignée de mains en se disant : C : « Don de Dieu ». Chant d’offertoire (on peut passer la quête durant le chant) IV. NOUS ALLONS VAILLAMMENT DANS LE MONDE Engagement pour l’unité A : L’Apôtre Paul a mis les chrétiens de Corinthe au défi de connaître leur cœur et de démontrer, par leurs actions, que le Christ n’est pas divisé. Il nous met également au défi de réaliser, de manière plus profonde et tangible, l’unité que nous possédons déjà dans le Christ. Avec tous ceux qui, en tous lieux, font appel au Seigneur Jésus Christ, C : Ensemble, nous sommes appelés à être des saints. A : Bénis par Dieu de plusieurs façons, C : Ensemble, nous rendons grâce pour les uns et les autres. A : Riches des bénédictions que Dieu nous a données par notre union en Jésus Christ, C : Ensemble, nous ne manquons d’aucun don spirituel. Signe de la paix 64 A : Confiants en Dieu qui nous fortifie pour l’amour et le service, C : Ensemble, nous affirmons que Dieu est fidèle. Christ Jésus » (1 Co 1, 2). Dans l’Exode, ce rassemblement du peuple de Dieu est décrit comme un bien précieux, un royaume de prêtres et une nation sainte. La première épître de Pierre perçoit notre participation à cette communion des saints comme découlant de l’appel que Dieu adresse ensemble à nous tous, en tant que race élue, communauté sacerdotale du roi, peuple que Dieu s’est acquis. Cet appel va de pair avec la mission qui nous est commune de proclamer les hauts faits du Dieu qui nous a appelés des ténèbres à sa lumière. En outre, nous découvrons en Matthieu que, puisque nous sommes une communion des saints, notre unité en Jésus doit s’étendre au-delà de notre famille, de notre clan ou de notre classe sociale, car c’est ensemble que nous prions pour l’unité et cherchons à faire la volonté de Dieu. A : Accueillis par Jésus Christ, C : Ensemble, nous sommes appelés à la communion. A : Unis dans un même esprit et dans une même pensée, C : Ensemble, nous cherchons à être en accord. A : En surmontant nos querelles sur Celui qui fut crucifié pour nous, C : Ensemble, nous appartenons au Christ. A : Le Christ, alors, est-il divisé? C : Non ! Ensemble, nous allons de par le monde proclamer Sa Bonne Nouvelle! Chant d’envoi Bénédiction et envoi Questions La bénédiction peut être donnée par plusieurs des animateurs de la célébration selon la formule ci-dessous ou une autre formule : A : Le Seigneur soit avec vous! C : Et avec votre esprit. A : Puisse l’amour du Seigneur Jésus vous attirer à Lui, puisse la puissance du Seigneur Jésus vous affermir à Son service, puisse la joie du Seigneur Jésus remplir votre esprit, et que la bénédiction du Dieu tout-puissant, le Père, le Fils et le Saint-Esprit soit avec vous pour toujours. C : Amen! A : Allez dans la paix, pour aimer et pour être aimés, pour accueillir et pour appartenir, pour servir et être rassasiés. C : Nous rendons grâce à Dieu! Qu’est-ce que l’expression de « communion des saints » signifie pour vous ou votre tradition ecclésiale ? En quoi l’appel qui nous est adressé à être une « nation sainte » nous contraint-il à dépasser notre enracinement chrétien local ? Prière Dieu de miséricorde, avec tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur, et à travers notre désunion ellemême, nous t’entendons nous appeler à la sainteté. En dépit de tout, tu as fait de nous une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte. Par la puissance de ton Esprit Saint, attire-nous ensemble à la communion des saints et affermis-nous afin que nous fassions ta volonté et proclamions les hauts faits du Christ Jésus, notre Seigneur. Amen. Postlude 2E JOUR COMMENTAIRES BIBLIQUES ET PRIÈRES POUR LES « HUIT JOURS » 1 JOUR ER ENSEMBLE… NOUS RENDONS GRACE A DIEU POUR LA GRACE QU’IL A REPANDUE EN NOUS TOUS Dt 26, 1-11 Ps 100 ENSEMBLE… NOUS SOMMES APPELES A LA SAINTETE Ph 1, 3-11 Ex 19, 3-8 Vous serez pour moi un royaume de prêtres et une nation sainte Ps 95, 1-7 Nous sommes le peuple qu’il fait paître, le troupeau qu’il garde 1 P 2, 9-10 Vous qui jadis n’étiez pas son peuple, mais qui maintenant êtes le peuple de Dieu Mt 12, 46-50 Quiconque fait la volonté de mon Père qui est au cieux, c’est lui mon frère, ma sœur, ma mère Jn 1, 1-18 Le Seigneur nous a fait sortir d’Égypte Rendez grâce à Dieu, bénissez son nom Je rends grâce à mon Dieu chaque fois que j’évoque votre souvenir La grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ Trois points de réflexion Dans le Deutéronome, la gratitude est une manière de vivre marquée par une vive conscience de la présence de Dieu en soi et autour de soi. C’est l’aptitude à reconnaître que la grâce de Dieu est à l’œuvre et vivante en chacun de nous, et en tous les peuples de partout, et à rendre grâce à Dieu. La joie qui découle de cette grâce est si profonde qu’elle s’étend même aux « émigrés qui sont au milieu de toi ». Trois points de réflexion Ensemble, nous qui invoquons le nom du Seigneur, nous sommes appelés à être saints, « sanctifiés dans le 65 En contexte œcuménique, la gratitude est une disposition à se réjouir des dons de la grâce de Dieu présents en d’autres communautés chrétiennes, attitude qui permet l’échange œcuménique des dons et la possibilité que nous apprenions les uns des autres. La vie tout entière est don de Dieu : depuis la création jusqu’au moment où Dieu a pris chair dans la vie et l’œuvre de Jésus, et jusqu’à aujourd’hui. Remercions Dieu des dons de grâce et de vérité qui nous ont été accordés en Jésus Christ, et qui se manifestent en chacun d’entre nous, et en nos Églises. Le Christ n’a pas été divisé : nous disposons ensemble suffisamment de dons pour les partager les uns avec les autres, et « avec tout ce qui vit. Questions En quoi avons-nous oublié l’abondance des dons de Dieu, et proclamé: « Nous n’avons pas de pains » ? Comment pouvons-nous mieux partager les dons spirituels et matériels qui nous ont été confiés pour les mettre à la disposition des autres ? Questions Prière Dieu fidèle dont la main est grande ouverte, nous te bénissons de nous avoir comblés de tous les dons spirituels nécessaires pour parvenir à la taille du Christ dans sa plénitude : pour la sagesse, les dons du service et le pain que tu nous accordes. Aide-nous à être signes de l’abondance de tes dons, et rassemble-nous dans l’unité afin que nous puissions transmettre les bienfaits de ton règne éternel à tout lieu de souffrance et de dénuement. Remplis de l’Esprit Saint, nous t’en prions, au nom de Celui qui nous a offert le pain de sa vie livrée pour nous, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen. Quels sont les dons de la grâce de Dieu, provenant d’autres traditions ecclésiales, que nous expérimentons déjà en nos propres communautés? Comment les chrétiens de différentes traditions pourraient-ils mieux recevoir et partager la diversité des dons de Dieu accordés à chacun de nous ? Prière Dieu très aimant et plein de bonté, nous te remercions pour les bienfaits de ta grâce que nous découvrons en notre propre tradition et dans les traditions des autres Églises. Par la grâce de ton Esprit Saint, fais que notre gratitude continue de s’accroître à travers nos rencontres et l’expérience sans cesse renouvelée de ton don d’unité. Nous te le demandons par Jésus Christ, notre Seigneur. Amen. 3E JOUR Jb 28, 20-28 Ps 145, 10-21 Ép 4, 7-13 Mc 8, 14-21 ENSEMBLE… NOUS NE MANQUONS D’AUCUN DON DE LA GRACE 4E JOUR ENSEMBLE… NOUS AFFIRMONS QUE DIEU EST FIDELE Lm 3, 19-26 Les bontés du Seigneur, c’est qu’elles ne sont pas finies ! La fidélité de Dieu s’élève jusqu’aux cieux Il est fidèle Celui qui a promis Il a montré sa bonté envers nos pères Ps 57, 7-11 La crainte du Seigneur, voilà la sagesse Tu ouvres ta main, et tu rassasies tous les vivants À chacun de nous la grâce a été donnée, selon la mesure du don du Christ Pourquoi discutez-vous parce que vous n’avez pas de pains ? Hb 10, 19-25 Lc 1, 67-75 Trois points de réflexion L’unité éternelle entre le Père, le Fils et l’Esprit nous rend plus proches de l’amour de Dieu, et nous appelle à participer dans le monde à son œuvre d’amour, de miséricorde et de justice. La miséricorde et la justice sont inséparables en Dieu ; elles sont au contraire réunies dans l’amour inébranlable que Dieu nous a manifesté en faisant alliance avec nous et avec toute la création. Zacharie, qui vient d’être père, atteste que le Dieu de miséricorde se manifeste en gardant ses promesses en faveur d’Abraham et de sa descendance. Dieu est fidèle à son alliance sainte. Alors que nous continuons de prier pour l’unité de l’Église, ne négligeons pas de nous rencontrer et de nous encourager les uns les autres, en nous stimulant dans l’amour et les bonnes actions, et en réaffirmant que « Dieu est fidèle ». Trois points de réflexion Job se rend compte qu’en dépit de tout ce qui lui a été enlevé, il garde la crainte du Seigneur – c’est-à-dire la sagesse. Nous autres frères et sœurs en Christ, bien qu’appauvris par nos divisions, nous avons tous reçu abondamment une diversité de bienfaits tant spirituels que matériels pour l’édification de Son corps. Et cependant, en dépit des promesses de Dieu, et de la vie et l’amour généreux de Jésus, il nous arrive, tout comme aux disciples dans l’évangile de Marc, d’oublier notre vraie richesse : nous nous opposons, nous thésaurisons ; nous parlons et agissons comme si nous n’avions « pas de pains ». 66 Questions Prière Père très aimant, tu nous as appelés à la communion avec ton Fils et tu nous as choisis pour que nous portions du fruit en témoignant de l’Évangile. Par la grâce de ton Esprit, rends-nous capables de nous aimer les uns les autres et de demeurer dans l’unité, afin que notre joie soit complète. Amen. En quels domaines avez-vous discerné la fidélité de Dieu dans votre vie et celle de votre communauté au cours de l’année écoulée ? Comment la fidélité de Dieu nous encourage-t-elle à continuer de rechercher l’unité chrétienne ? Prière Dieu fidèle, nous te rendons grâce pour ton amour inébranlable et ta fidélité qui s’élève jusqu’aux cieux. Alors que nous attendons dans une joyeuse espérance la pleine unité visible de ton Église, et que nous travaillons et prions ensemble pour l’obtenir, remplisnous de confiance en tes promesses. Nous t’en prions par Jésus Christ, notre Seigneur, dans la puissance de l’Esprit Saint, un seul Dieu maintenant et pour les siècles des siècles. Amen. 5E JOUR 6E JOUR ENSEMBLE… NOUS CHERCHONS A ETRE TOUS D’ACCORD Jg 4, 1-9 Ps 34, 1-14 1 Co 1, 10-15 Si tu marches avec moi, je marcherai Recherche la paix et poursuis-la Soyez bien unis dans un même esprit et dans une même pensée Ils en arrivèrent à se quereller Lc 22, 2 4-30 Trois points de réflexion La désunion décrite en 1 Corinthiens 1, 12-13 manifeste une déformation de l’Évangile qui sape l’intégrité du message du Christ. Reconnaître le conflit et la division, comme l’ont fait les gens de Chloé, est le premier pas vers l’instauration de l’unité. Des femmes, comme Déborah et Chloé, ont fait entendre une voix prophétique dans le peuple de Dieu en des temps de conflit et de division, et nous placent ainsi face à la nécessité de nous réconcilier. Des voix prophétiques de ce genre peuvent permettre aux gens de se rassembler dans une unité renouvelée pour agir. Comme l’écrivait le psalmiste, c’est en nous efforçant d’être unis dans un même esprit et une même pensée que nous sommes appelés à rechercher le Seigneur et sa paix. ENSEMBLE… NOUS SOMMES APPELES A LA COMMUNION Is 43, 1-7 : Ps 133 Je serai avec toi Oh ! quel plaisir, quel bonheur, de se trouver entre frères ! 1 Jn 1, 3-7 Nous sommes en communion les uns avec les autres Jn 15, 12-17 Je vous appelle amis Trois points de réflexion Nous sommes appelés à la communion avec Dieu le Père, et avec son Fils Jésus Christ, et le Saint-Esprit. En nous approchant du Dieu Trinité, nous nous rapprochons les uns des autres dans l’unité chrétienne. Notre relation avec le Christ, il l’a transformée en nous appelant amis et non plus serviteurs. En réponse à cette relation d’amour, nous sommes appelés à passer de la puissance et de la domination à l’amitié et à l’amour des uns pour les autres. Répondant à l’appel de Jésus, nous témoignons de l’Évangile aussi bien auprès de ceux qui n’en ont pas encore entendu parler que chez ceux auxquels il est déjà parvenu. Cette proclamation est porteuse d’un appel à la communion avec Dieu, et établit la communion entre ceux qui y répondent. Questions Vous souvenez-vous d’une occasion où la dénonciation prophétique d’un désaccord ecclésial a été à l’origine d’un effort renouvelé vers une plus grande unité ? Quelles sont les questions qui continuent de nous diviser, en tant que corps œcuménique ? Par quelles voies pensez-vous qu’une plus grande unité soit possible ? Prière Dieu d’amour, tu nous accordes des témoins prophétiques en des temps de conflits et de divisions. Lorsque nous te cherchons, Seigneur, envoie-nous ton Esprit Saint pour faire de nous des artisans de réconciliation, unis dans un même esprit et une même pensée. Nous te le demandons par Jésus Christ notre Seigneur, Amen. Questions Comment expérimentez-vous l’appel à la communion avec Dieu ? Comment Dieu vous appelle-t-il à la communion avec d’autres au sein de votre propre Église et audelà ? 67 7E JOUR 1 Co 15, 1-8 ENSEMBLE… NOUS APPARTENONS AU CHRIST Lc 4, 14-21 Is 19, 19-25 Ps 139, 1-12 Le Seigneur leur enverra un sauveur Où m’en aller pour être loin de ton souffle ? 1 Co 12, 12-26 Si un membre souffre… Si un membre est glorifié… Mc 9, 38-41 Celui qui n’est pas contre nous est pour nous Je vous ai transmis en premier lieu ce que j’avais reçu moi-même Aujourd’hui, cette écriture est accomplie pour vous qui l’entendez Trois points de réflexion La Bonne Nouvelle prophétisée par Ésaïe, accomplie en notre Seigneur Jésus Christ, prêchée par l’apôtre Paul, et reçue par l’Église, nous l’annonçons à notre tour ensemble. Tout en tenant compte honnêtement de nos différences et des spécificités de nos dénominations d’appartenance, nous ne devons jamais perdre de vue que nous sommes envoyés ensemble pour proclamer la Bonne Nouvelle de Jésus Christ. Paul est envoyé « annoncer l’Évangile, et sans recourir à la sagesse du discours, pour ne pas réduire à néant la croix du Christ » (1 Co 1, 17). C’est dans la puissance de la croix qu’il faut chercher le chemin de l’unité. La réalité et l’actualité de l’Évangile nous apparaissent à travers le témoignage que nous rendons à l’œuvre de Jésus Christ dans nos propres vies et dans la vie de la communauté chrétienne. Trois points de réflexion Isaïe a annoncé qu’un jour, les Égyptiens et Assyriens adoreraient avec Israël et seraient membres du peuple de Dieu. L’unité chrétienne fait partie du dessein de Dieu pour réunir toute l’humanité et même le cosmos. Nous prions que vienne le jour où nous pourrons adorer tous ensemble, réunis par la même foi et la même communion eucharistique. Les dons des différentes traditions ecclésiales sont des bénédictions pour nous. En reconnaissant ces dons particuliers les uns des autres, nous sommes entraînés vers l’unité visible. Notre baptême nous rassemble en un seul corps dans le Christ. Si nous aimons nos Églises particulières, Paul nous rappelle aussi que tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur nous sont unis dans le Christ, puisque nous sommes tous membres d’un même corps. Nous ne pouvons dire à personne : « Je n’ai pas besoin de toi » (1 Co 12, 21). Questions En quoi l’ « Évangile » que vous avez reçu est-il indissociablement lié à sa transmission culturelle et historique ? Cet aspect a-t-il fait obstacle à l’unité ? Comment notre plus grande unité dans le Christ pourrait-elle nous rendre de meilleurs témoins de l’Évangile que nous avons reçu ? Questions À quels signes reconnaît-on que l’on « appartient au Christ » ? Prière Dieu de toute grâce, tu as envoyé ton fils Jésus Christ avec la puissance de l’Esprit Saint pour racheter ton peuple. Unis-nous dans notre diversité, afin que nous puissions professer et annoncer ensemble la Bonne Nouvelle de la vie, de la mort et de la résurrection du Christ, dans un monde en attente de son Évangile. Amen. En quels sens peut-on utiliser l’expression « j’appartiens au Christ » pour diviser les chrétiens au lieu de les réunir ? Prière Nous te rendons grâce, Ô notre Dieu, pour la bénédiction que tu accordes à chaque membre et à tous les membres du corps du Christ par les dons de ton Esprit. Aide-nous à nous soutenir les uns les autres, à être respectueux de nos différences, et à travailler pour l’unité de tous ceux qui, par toute la terre, invoquent Jésus comme Seigneur. Amen. 8E JOUR MATÉRIEL SUPPLÉMENTAIRE Du matériel supplémentaire pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens est disponible sur le site internet « Œcuménisme au Canada » à l’adresse suivante : http://ecumenism.net/music/ ENSEMBLE… NOUS PROCLAMONS L’ÉVANGILE És 61, 1-4 Ps 145, 1-7 L’Esprit du Seigneur m’a envoyé porter joyeux message D’une génération à l’autre, on vantera tes œuvres Ces chants et musiques sont publiés sous la responsabilité du groupe œcuménique ayant préparé le projet de texte. 68 Les fichiers que vous y trouverez ont été offerts en réponse à un appel lancé aux compositeurs canadiens afin de recueillir des chants et des musiques sur le thème de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2014 (Le Christ est-il divisé ? 1 Co 1,1-17) ou sur celui de la Semaine de prière pour l’unité en général. N’hésitez pas à télécharger un ou plusieurs morceaux pour les utiliser lors de votre prière pour l’Unité des chrétiens. Les premiers colons, venus de France, étaient de confession catholique romaine, mais on retrouvait aussi un bon nombre de Protestants, notamment parmi les marchands Huguenots. Les tensions religieuses en France n’étaient pas ressenties en Nouvelle-France alors que les Pères Jésuites collaboraient volontiers avec les Protestants, notamment dans la construction de la ville de Québec. Mais, malheureusement, cette période de collaboration initiale s’est transformée en discrimination et, éventuellement, seuls les catholiques furent officiellement acceptés comme colons en Nouvelle-France. Le nom original de Montréal, « Ville-Marie », atteste de ses racines catholiques. Au milieu du 18e siècle, la Nouvelle-France fut cédée à la Grande-Bretagne et les familles, essentiellement catholiques françaises, devinrent des sujets du roi anglican de l’Angleterre. À une époque où les britanniques avaient encore des lois discriminatoires envers les catholiques, la liberté religieuse fut accordée au Canada par la Couronne, comme le furent les libertés linguistiques, culturelles et d’éducation. Néanmoins, il y a eu des périodes, en alternance, de tolérance et d’épreuves sous ce Régime. Jusqu’aux années 1950, les évêques catholiques ont supervisé l’administration de la plupart des institutions sociales des communautés francophones. Entre-temps, le pays a continué de grandir et a intégré des vagues d’immigrants au cours des années qui suivirent. Les colons anglais, écossais et irlandais ont commencé à arriver au cours du 18e siècle. Aux vagues d’immigration subséquentes du 19e siècle, tant de l’Europe de l’Est que de l’Ouest, sont venues s’ajouter celles de l’Amérique Latine, de l’Afrique, du Moyen-Orient et de l’Asie. Au 20e siècle, des gens de tous les coins du monde sont venus au Canada comme immigrants ou comme réfugiés, incluant un nombre significatif de personnes orthodoxes orientales de l’Europe de l’Est et du Moyen-Orient dont les traditions chrétiennes sont venues enrichir le paysage canadien. Aujourd’hui, les chrétiens canadiens prennent part au culte dans des centaines de langues et dialectes et veillent à préserver les éléments distinctifs de leurs cultures au sein d’une mosaïque religieuse riche et diversifiée. Des membres d’autres religions sont aussi venus s’établir au Canada, parmi lesquels on retrouve les traditions juives, musulmanes, sikhs, hindous et Baha’i. Les villes canadiennes sont parmi celles qui sont les plus multiculturelles et multireligieuses au monde. Graduellement les politiques gouvernementales faisant la promotion de l’assimilation ont été remplacées par des politiques multiculturelles depuis les années 1970. Le pays a été enrichi par les contributions de citoyens issus de diverses origines ethniques et nous nous réjouissons de leur présence visible dans des secteurs tels la politique, l’éducation, la santé, les arts, les communications, le monde des affaires et la religion. Durant plus de cent cinquante ans, quelques-unes des traditions de foi chrétiennes au Canada ont travaillé de pair avec le gouvernement canadien dans le fonctionnement de pensionnats qui accueillaient des enfants LE CONTEXTE ŒCUMÉNIQUE AU CANADA Parmi les nombreux facteurs qui influencent l’expérience religieuse canadienne, il y a la taille immense de notre pays. Le Canada est le deuxième plus vaste pays au monde, dont 40% de la superficie est dans l’Arctique, situé au nord du 60° parallèle. S’étendant de l’océan Atlantique jusqu’à l’océan Pacifique et des États-Unis d’Amérique jusqu’au Pôle Nord, le Canada compte dix provinces et trois territoires. Nous sommes entourés par trois océans, soit l’Atlantique, le Pacifique et l’Arctique. Notre seule frontière terrestre est celle avec les États-Unis et nous vivons une paix qui perdure depuis 200 ans. Le Canada est une confédération d’anciennes colonies britanniques, avec un gouvernement parlementaire dans un système fédéral de dix provinces et de trois territoires. L’union des anciens territoires coloniaux et l’indépendance de la Grande-Bretagne se sont déroulées de manière pacifique. Aujourd’hui, le Canada demeure un partisan fort des engagements internationaux et de la coopération. La grande distance entre nos villes a permis l’autosuffisance et la formation d’identités distinctes dans chacune des régions, mais cela peut également provoquer un sentiment d’aliénation ou de ressentiment. Le Canada est connu pour sa splendeur naturelle : ses montagnes, ses forêts, ses lacs et ses rivières, ses mers de blé et ses trois littoraux. C’est une terre riche en agriculture et en ressources naturelles. Le Canada est aussi une terre de diverses populations : les Premières Nations, Inuit et Métis, et de nombreuses personnes qui sont venues s’établir ici en provenance du monde entier. Nous avons deux langues officielles soit le français et l’anglais et, de plus, nombre de canadiens célèbrent aussi leur culture et l’héritage linguistique de leur pays d’origine. En 1534, Jacques Cartier fut le premier explorateur français à naviguer sur les eaux du fleuve Saint-Laurent et il fut le premier Européen à entendre les autochtones prononcer le mot « Canada » qui veut dire « village ». Ce texte est publié sous l’entière responsabilité du groupe œcuménique du Canada spécialement constitué pour la rédaction du projet de texte pour la Semaine de prière pour l’unité 2014. 69 amérindiens, souvent contre le gré de leurs parents, pour qu’ils reçoivent un enseignement et soient assimilés à la culture de type occidental. Ces écoles, qui visaient à éradiquer le langage et la culture indigènes ont souvent été des lieux d’abus physiques, émotionnels et sexuels. Les plus grandes Églises au Canada — catholique romaine, unie, anglicane et presbytérienne — furent complices et ont récemment demandé pardon, de diverses façons. Ces Églises travaillent maintenant en étroite collaboration avec les Premières Nations à la recherche de la justice, de la guérison, de la vérité et de la réconciliation par l’entremise de la Commission nationale de la vérité et de la réconciliation2 qui fait partie d’une réponse compréhensive à l’héritage de ces « pensionnats indiens ». Depuis les premiers explorateurs et missionnaires, les Églises canadiennes ont développé un instinct pour la collaboration pastorale. Dès 1880, les missions presbytériennes, méthodistes et congrégationalistes dans l’Ouest canadien ont collaboré dans l’attribution des responsabilités pour la mission. Cette collaboration a conduit à la fondation de l’Église Unie du Canada en 1925, qui devint la première union œcuménique d’Églises au monde. Les partisans de cette union y ont vu un moyen de fournir le leadership chrétien unifié et nécessaire dans le projet de construction du pays. De nos jours, le ministère d’encadrement spirituel peut être partagé entre différentes aumôneries œcuméniques dans les prisons, les universités et l’armée. La formation théologique officielle, partout au pays, se déroule dans des facultés œcuméniques ou des consortiums. D’autres formes de collaboration se sont développées au sein de ministères paroissiaux comme, par exemple, les ministères œcuméniques partagés où deux confessions chrétiennes ou plus partagent leurs bâtiments, leur clergé ou des programmes et prennent part à des célébrations hebdomadaires ensemble. Vingt-quatre confessions se rassemblent sous la bannière du Conseil canadien des Églises (CCÉ), l’un des conseils les plus larges et incluant le plus grand nombre de dénominations chrétiennes au monde, qui englobe les traditions anglicane, catholique, réformée, évangélique, Église libre et orthodoxe orientale. Le CCÉ, qui utilise un modèle de consensus décisionnel, a été fondé en 1944 et sa composition confessionnelle actuelle représente quelques 85% des chrétiens au Canada. On peut souligner le fait que la Conférence des évêques catholiques du Canada est membre de plein gré du CCÉ tout comme le sont six confessions évangéliques. L’Alliance Évangélique du Canada (AÉC) rassemble les dénominations, les ministères para-ecclésiaux et les communautés locales à travers tout le spectre évangélique et pentecôtiste. Un certain nombre d’Églises sont membres ou observatrices, tant au CCE qu’à l’AEC. Ces deux entités travaillent en collaboration plus étroite depuis ces dernières années. Plusieurs Églises canadiennes sont engagées dans des relations bilatérales et multilatérales tant aux niveaux national que local. L’union organique la plus significative fut le rassemblement de plusieurs Églises presbytériennes, méthodistes et congrégationalistes en 1925 pour créer l’Église Unie du Canada, mais plusieurs autres formes de collaboration se sont développées, notamment la Déclaration de Waterloo concernant la pleine communion anglicane-luthérienne en 2001. Les dialogues théologiques canadiens ont contribué à l’analyse et la réflexion à l’échelle locale ainsi que dans le cadre des dialogues internationaux. L’un des aspects innovateurs de l’œcuménisme canadien est la formation de plus de cinquante coalitions œcuméniques pour la justice sociale qui a débuté au cours des années 1960. Le projet « Ploughshares » (Labourage) , le Conseil œcuménique des chrétiennes du Canada, KAIROS : initiatives œcuméniques canadiennes pour la justice, le Forum des Églises canadiennes sur les ministères mondiaux et tant d’autres ont aidé les Églises et les gouvernements dans la recherche et l’engagement concernant des sujets sociaux complexes. Le Centre canadien d’œcuménisme a été fondé par le Père Irénée Beaubien, un jésuite, à Montréal en 1963 au sein d’un vibrant milieu francophone et anglophone. Il offre des ressources nationales comme la revue Œcuménisme publiée tant en français qu’en anglais et expédiée aux abonnés dans plus de quarante pays. L’ouverture du centre en ce qui concerne les mouvements sociaux est manifestée par le tout nouveau programme Église verte qui aide toutes les confessions chrétiennes à devenir de meilleures gardiennes de la Création. Avec la convocation du Concile Vatican II, l’œcuménisme au Canada devait connaître un coup d’accélérateur. L’événement le plus important de cette période est sans doute la publication par le cardinal Paul-Émile Léger de sa lettre pastorale « Chrétiens désunis » en 1962. Il ne s’agit plus de gagner les protestants au catholicisme, mais de prier pour l’unité qui passera notamment par le renouveau et la conversion de l’Église catholique. Dans sa lettre pastorale, le cardinal reconnaissait que « la préoccupation de l’unité est devenue le fait majeur du christianisme contemporain » et que cet important mouvement était « né sous l’inspiration du Saint-Esprit ». Dans sa méditation sur le mystère de l’unité et de la désunion des chrétiens, il soulignait que, malgré les divisions, toutes les personnes validement baptisées « sont insérées dans le Christ et deviennent avec lui un seul Corps » et sont, de ce fait, « les membres les uns des autres », « rattachées au Christ et à l’Église ». Il notait également qu’en regard de la volonté expresse du Christ, la désunion représente « un scandale » et « un mal ». Ainsi, le cardinal invitait ses diocésains à prier pour l’unité et à entrer, animés par le repentir et le regret, en dialogue avec leurs frères chrétiens, reconnaissant que les responsabilités de la désunion sont partagées de part et d’autre. 2. Voir www.trc.ca pour plus d’informations sur le programme des « pensionnats indiens » et les ententes de règlements. 70 Après avoir appris l’existence de réunions mensuelles discrètes entre les pasteurs protestants et les prêtres catholiques organisées à Montréal par le Père Beaubien dès 1958, le Conseil œcuménique des Églises a choisi de tenir la quatrième conférence mondiale sur Foi et Constitution dans cette ville en 1963. Le rassemblement de quelque 450 théologiens, issus de différentes confessions et pays fut accueilli chaleureusement par une population essentiellement catholique, ce qui a constitué un événement œcuménique majeur. Une soirée de fraternité chrétienne fut organisée dans le cadre de la conférence à l’Université de Montréal et permit de rassembler quelques 1 500 chrétiens. Lors de l’Exposition universelle de 1967, à Montréal, les principales Églises protestantes et le Vatican mirent de côté la pratique d’avoir des pavillons distincts pour se rassembler sous la bannière d’un seul et même « Pavillon chrétien ». Dans l’histoire des expositions universelles, ce fut la première fois qu’un pavillon œcuménique fut érigé. D’autres groupes œcuméniques ont vu le jour au Canada à la suite du Concile Vatican II au cours des décennies qui ont suivi dont notamment : l’Atlantic Ecumenical Council (Conseil œcuménique de l’Atlantique, 1966), le Réseau œcuménique du Québec (1982) et le Centre des Prairies pour l’œcuménisme (1984). Le Centre des Prairies pour l’œcuménisme, fondé à Saskatoon par le Père Bernard de Margerie, est commandité par sept confessions et se concentre sur la formation œcuménique tout en étant une ressource nationale pour les ministères œcuméniques partagés. Partout au pays, des groupes œcuméniques font la promotion de l’unité chrétienne tant dans les communautés rurales que dans les grands centres urbains. Plusieurs initiatives œcuméniques ont vu le jour et s’épanouissent partout à travers le pays : célébrations œcuméniques durant la Semaine de prière pour l’unité chrétienne, formation théologique commune dans différentes facultés universitaires, activités pour la paix et la justice sociale, publications, etc. Comme partie intégrante de la vie de l’Église au Canada, des familles mixtes (d’appartenances ecclésiales diverses) vivent les défis et les bénédictions du travail pour l’unité chrétienne et, souvent, sont des leaders dans les ministères œcuméniques. Un fait saillant de la vie œcuménique récente a été l’implication croissante des Églises évangéliques dans les célébrations œcuméniques et le dialogue, ainsi que dans des missions communautaires. À la suite de cette période de rapprochement interne des Églises évangéliques, nous pouvons maintenant voir des occasions d’initier de nouveaux partenariats de dialogue entre les Églises Protestantes réformées, Évangéliques, Pentecôtistes, l’Église orthodoxe orientale et l’Église catholique romaine. Les Églises évangéliques canadiennes tendent la main aux autres Églises locales désireuses de s’engager dans un dialogue, dans des célébrations œcuméniques et la collaboration pour le travail d’évangélisation dans nos villes. Les Églises font face à une nouvelle réalité dans laquelle elles n’ont plus l’influence sociale qu’elles ont déjà connue par le passé et, pour plusieurs Églises historiques, la fréquentation est en sérieux déclin. Les différences au sein de la communauté chrétienne concernant la priorité ou le besoin d’évangéliser les gens des autres traditions religieuses ont continué d’être des facteurs inhibant la coopération. Néanmoins, la coopération chrétienne dans le cadre du dialogue interreligieux s’est accrue au cours des dernières années et est fréquemment mise en œuvre entre les Églises. Le Christ est-il divisé au Canada? On peut assurément dire qu’il y a des divisions entre les chrétiens au Canada. La communauté chrétienne est divisée au sujet du rôle des femmes dans l’Église et la société québécoise de même que sur d’autres sujets chauds, comme l’avortement, l’euthanasie et les mariages de conjoints de même sexe. Plusieurs de ces divisions traversent les différentes confessions. Toutefois, face aux (à ces) nouvelles questions sociales, certaines communautés religieuses ont commencé à s’engager avec leurs voisins dans de nouvelles voies positives. En effet, l’histoire canadienne a connu des périodes de tensions et de rivalités, de vie menée dans l’ignorance et l’indifférence les uns des autres. À travers tout cela, nous avons appris à nous ouvrir aux valeurs d’autrui pour vivre en paix les uns avec les autres. Nous continuons certes à être divisés par la doctrine, les politiques, la pratique et à nous isoler dans notre institution ecclésiale, mais pourtant notre pèlerinage vers l’unité continue d’avancer sous l’inspiration de Dieu. En terminant, nous pensons que les aspirations exprimées dans cette prière de 1967 dans le cadre des célébrations du Centenaire du Canada sont toujours d’actualité dans le contexte canadien moderne : « Prions et vivons pour un monde où toutes les personnes de toutes les nations seront unies en pensées, en paroles et en actions, aide-nous à être honnêtes de manière transparente, purs et aimants dans nos relations avec les autres en notre monde et en tous les mondes. Prions pour l’harmonie et l’accomplissement de soi pour chaque esprit de cette nation et de toutes les nations; aidenous à travailler et à vivre de manière à ce que la faim, la pauvreté, l’ignorance et la maladie disparaissent et que ton Règne vienne. Amen! » 71 1977 L’espérance ne déçoit pas (Rm 5, 1-5) Enduring together in hope (Projet de texte élaboré au Liban, en pleine guerre civile. Réunion préparatoire à Genève, Suisse) SEMAINE DE PRIERE POUR L’UNITE DES CHRETIENS THEMES 1968-2014 1978 Vous n’êtes plus des étrangers (Ep 2, 13-22) No longer strangers (Projet de texte élaboré par un groupe œcuménique de Manchester, Angleterre) C’est en 1968 que débuta officiellement la collaboration entre la Commission Foi et Constitution du COE et le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens pour la préparation de ces textes. 1979 Soyez au service les uns des autres pour la gloire de Dieu (1 P 4, 7.11) Serve one another to the glory of God (Projet de texte élaboré en Argentine - Réunion préparatoire à Genève, Suisse) 1968 Pour la louange de sa gloire (Ep 1, 14) To the praise of his glory 1969 Appelés à la liberté (Ga 5, 13) Called to freedom (Réunion préparatoire à Rome, Italie) 1980 Que ton Règne vienne (Mt 6, 10) Your kingdom come (Projet de texte élaboré par un groupe œcuménique de Berlin, République Démocratique d’Allemagne Réunion préparatoire à Milan, Italie) 1970 Nous sommes les coopérateurs de Dieu (1 Co 3, 9) We are fellow workers for God (Réunion préparatoire au Monastère de Niederaltaich, République Fédérale d’Allemagne) 1971 ... et la communion du Saint-Esprit (2 Co 13, 13) ... and the communion of the Holy Spirit (Réunion préparatoire à Bari, Italie) 1981 Un seul Esprit - des dons divers - Un seul corps (1 Co 12,3b-13) One Spirit - many gifts - one body (Projet de texte élaboré par les Pères de Graymoor, États-Unis - Réunion préparatoire à Genève, Suisse) 1972 Je vous donne un commandement nouveau (Jn 13, 34) I give you a new commandment (Réunion préparatoire à Genève, Suisse) 1982 Que tous trouvent leur demeure en toi, Seigneur (Ps 84) May all find their home in you, O Lord (Projet de texte élaboré au Kenya - Réunion préparatoire à Milan, Italie.) 1973 Seigneur, apprends-nous à prier (Lc 11, 1) Lord, teach us to pray (Réunion préparatoire à l’Abbaye de Montserrat, Espagne) 1983 Jésus Christ - Vie du monde (1 Jn 1,1-4) Jesus Christ - the Life of the World (Projet de texte élaboré par un groupe œcuménique d’Irlande - Réunion préparatoire à Céligny [Bossey], Suisse) 1974 Que tous confessent : Jésus Christ est Seigneur (Ph 2, 1-13) That every tongue confess: Jesus Christ is Lord (Réunion préparatoire à Genève, Suisse) (En avril 1974, une lettre fut adressée aux églisesmembres ainsi qu’à d’autres parties intéressées à la création de groupes locaux pouvant participer à la préparation du livret de la Semaine de Prière. Un groupe australien fut le premier à s’engager concrètement en préparant en 1975 le projet initial de livret pour la Semaine de Prière.) 1984 Appelés à l’unité par la Croix de notre Seigneur (1 Co 2, 2 et Col 1, 20) Called to be one through the cross of our Lord (Réunion préparatoire à Venise, Italie) 1985 De la mort à la Vie avec le Christ (Ep 2, 4.7) From death to life with Christ (Projet de texte élaboré en Jamaïque - Réunion préparatoire à Grandchamp, Suisse) 1975 La volonté du Père : tout réunir sous un seul Chef, le Christ (Ep 1, 3-10) God’s purpose: all things in Christ (Projet de texte élaboré par un groupe australien - Réunion préparatoire à Genève, Suisse) 1986 Vous serez mes témoins (Ac 1, 6.8) You shall be my witnesses (Textes proposés en Yougoslavie [Slovénie] - Réunion préparatoire en Yougoslavie) 1976 Appelés à devenir ce que nous sommes (1 Jn 3, 2) We shall be like him or Called to become what we are (Projet de texte élaboré par la Conférence des églises des Caraïbes - Réunion préparatoire à Rome, Italie) 1987 Unis dans le Christ, une nouvelle création (2 Co 5, 17-6,4a) United in Christ - a New Creation (Projet de texte élaboré en Angleterre - Réunion préparatoire à Taizé, France) 72 1988 L’Amour de Dieu bannit la crainte (1 Jn 4, 18) The love of God casts out fear (Projet de texte élaboré en Italie - Réunion préparatoire à Pinerolo, Italie) 1998 L’Esprit aussi vient en aide à notre faiblesse (Rm 8, 14-27) The Spirit helps us in our weakness (Projet de texte élaboré en France - Réunion préparatoire à Paris, France) 1989 Bâtir la communauté : un seul corps en Christ (Rm 12, 5-6a) Building community: one body in Christ (Projet de texte élaboré au Canada - Réunion préparatoire à Whaley Bridge, Angleterre) 1999 Ils seront ses peuples et lui sera le Dieu qui est avec eux (Ap 21, 3) He will dwell with them as their God, they will be his peoples (Projet de texte élaboré en Malaisie - Réunion préparatoire au Monastère de Bose, Italie) 1990 Que tous soient un... afin que le monde croie (Jn 17) That they all may be one... That the world may believe (Projet de texte élaboré en Espagne - Réunion préparatoire à Madrid, Espagne) 2000 Béni soit Dieu... qui nous a bénis en Christ (Ep 1, 3-14) Blessed be God who has blessed us in Christ (Projet de texte élaboré par le Conseil des Eglises du Moyen-Orient - Réunion préparatoire au Sanctuaire de La Verna, Italie) 1991 Nations, louez toutes le Seigneur (Ps 117 et Rm 15, 5-13) Praise the Lord, all you nations (Projet de texte élaboré en Allemagne - Réunion préparatoire à Rotenburg an der Fulda, République Fédérale d’Allemagne) 2001 Je suis le chemin et la vérité et la vie (Jn 14, 1-6) I am the Way, and the Truth, and the Life (Projet de texte élaboré en Roumanie - Réunion préparatoire à la Casa de Odihna, Roumanie) 1992 Je suis avec vous... allez donc (Mt 28, 16-20) I am with you always ... Go, therefore (Projet de texte élaboré en Belgique - Réunion préparatoire à Bruges, Belgique) 2002 Car chez toi est la fontaine de la vie (Ps 36 [35], 10) For with you is the fountain of life (Ps 36 : 5-9) (Projet de texte élaboré par le Conseil des Conférences Épiscopales Européennes (CCEE) et la Conférence des Églises Européennes (CEC) - Réunion préparatoire au Centre œcuménique d’Ottmaring, Augsbourg, République Fédérale d’Allemagne) 1993 Porter le fruit de l’Esprit pour l’unité des chrétiens (Ga 5, 22-23) Bearing the fruit of the Spirit for Christian unity (Projet de texte élaboré au Zaïre - Réunion préparatoire près de Zurich, Suisse) 2003 Ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile (2 Co 4, 7) We have this treasure in clay jars (Projet de texte élaboré en Argentine - Réunion préparatoire au Centre œcuménique ‘Los Rubios’, Málaga [Espagne]) 1994 La maison de Dieu : appelés à n’avoir « qu’un cœur et qu’une âme » (Ac 4, 32) The household of God: called to be one in heart and mind (Projet de texte élaboré en Irlande - Réunion préparatoire à Dublin, Irlande) 2004 Je vous donne ma paix (Jn 14, 27) My peace I give to you (Projet de texte élaboré à Alep, Syrie - Réunion préparatoire à Palerme, Sicile, Italie) 1995 Koinônia : communion en Dieu et entre nous (Jn 15, 1-7) Koinonia: communion in God and with one another (Projet de texte élaboré par Foi et Constitution Réunion préparatoire à Bristol, Angleterre) 2005 Le Christ, unique fondement de l’Eglise (1 Co 3, 1-23) Christ, the one foundation of the church (Projet de texte élaboré en Slovaquie - Réunion préparatoire à Piestaňy, Slovaquie) 1996 Voici, je me tiens à la porte et je frappe (Ap 3, 14-22) Behold, I stand at the door and knock (Projet de texte élaboré au Portugal - Réunion préparatoire à Lisbonne, Portugal) 2006 Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux (Mt 18, 20) Where two or three are gathered in my name, there I am among them (Projet de texte élaboré en Irlande - Réunion préparatoire à Prosperous, County Kildare, Irlande) 1997 Au nom du Christ... laissez-vous réconcilier avec Dieu (2 Co 5, 20) We entreat you on behalf of Christ, be reconciled to God (Projet de texte élaboré en Scandinavie - Réunion préparatoire à Stockholm, Suède) 73 2007 Il fait entendre les sourds et parler les muets (Mc 7, 37) He even makes the deaf to hear and the mute to speak (Projet de texte élaboré en Afrique du Sud - Réunion préparatoire au Château de Faverges, Haute-Savoie, France) 1820 2008 Priez sans cesse (1 Th 5, 17) Pray without ceasing 1867 1840 (Projet de texte élaboré aux États-Unis - Réunion préparatoire à Graymoor, Garrison, États-Unis) 2009 Ils seront unis dans ta main (Ez 37, 17) That they may become one in your hand (Projet de texte élaboré en Corée - Réunion préparatoire à Marseille, France) 2010 De tout cela, c’est vous qui êtes les témoins (Lc 24, 48) You are witnesses of these things (Projet de texte élaboré en Écosse - Réunion préparatoire à Glasgow, Écosse) 2011 Unis dans l’enseignement des apôtres, la communion fraternelle, la fraction du pain et la prière (cf. Ac 2, 42) One in the apostles’ teaching, fellowship, breaking of bread and prayer (Projet de texte élaboré à Jérusalem - Réunion préparatoire à Saydnaya, Syrie) 2012 Tous, nous serons transformés par la Victoire de notre Seigneur Jésus Christ (cf. 1 Co 15, 51-58) We will all be changed by the Victory of our Lord Jesus Christ (Projet de texte élaboré en Pologne - Réunion préparatoire à Varsovie, Pologne) 2013 Que nous demande le Seigneur ? (cf. Mi 6, 6-8) What does God require of us ? (Projet de texte élaboré en Inde - Réunion préparatoire à Bangalore, Inde) 2014 Le Christ est-il divisé ? (cf. 1 Co 1, 1-17) Has Christ been divided ? (Projet de texte élaboré au Canada - Réunion préparatoire à Montréal, Canada) QUELQUES DATES IMPORTANTES DANS L’HISTOIRE DE LA SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS 1740 env. En Écosse, naissance d’un mouvement pentecôtiste avec des liens en Amérique du Nord, dont le message pour le renouveau de la foi appelle à prier pour toutes les Églises et avec elles. 74 Le Révérend James Haldane Stewart publie : Conseils pour l’union générale des chrétiens, en vue d’une effusion de l’Esprit (Hints for the outpouring of the Spirit). Le Révérend Ignatius Spencer, un converti au catholicisme romain, suggère une « Union de prière pour l’unité ». La première assemblée des évêques anglicans à Lambeth insiste sur la prière pour l’unité, dans l’introduction à ses résolutions. 1894 Le Pape Léon XIII encourage la pratique de l’Octave de la Prière pour l’unité dans le contexte de la Pentecôte. 1908 Célébration de « l’Octave pour l’unité de l’Église » à l’initiative du Révérend Père Paul Wattson. 1926 Le Mouvement « Foi et Constitution » commence la publication de « Suggestions pour une Octave de prière pour l’unité des chrétiens ». 1935 En France, l’abbé Paul Couturier se fait l’avocat de la « Semaine universelle de prière pour l’unité des chrétiens sur la base d’une prière conçue pour l’unité que veut le Christ, par les moyens qu’Il veut ». 1958 Le Centre « Unité chrétienne » de Lyon (France) commence à préparer le thème pour la Semaine de prière en collaboration avec la Commission « Foi et Constitution » du Conseil œcuménique des Églises. 1964 À Jérusalem, le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras Ier récitent ensemble la prière du Christ « que tous soient un » (Jn 17). 1964 Le Décret sur l’œcuménisme du Concile Vatican II souligne que la prière est l’âme du mouvement œcuménique, et encourage la pratique de la Semaine de Prière. 1966 La Commission « Foi et Constitution » et le Secrétariat pour l’unité des chrétiens (aujourd’hui Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens) de l’Église catholique décident de préparer ensemble le texte pour la Semaine de Prière de chaque année. 1968 Pour la première fois, la Semaine de prière est célébrée sur la base des textes élaborés en collaboration par « Foi et Constitution » et le Secrétariat pour l’unité des chrétiens (aujourd’hui Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens). 1975 Première célébration de la Semaine de prière à partir de textes préparés sur la base d’un projet proposé par un groupe œcuménique local. Ce nouveau mode d’élaboration des textes est inauguré par un groupe œcuménique d’Australie. 1988 1994 2004 2008 Les textes de la Semaine de prière sont utilisés pour la célébration inaugurale de la Fédération chrétienne de Malaisie rassemblant les principaux groupes chrétiens de ce pays. Le groupe international ayant préparé les textes pour 1996 comptait entre autre des représentants de la YMCA et de la YWCA. Accord entre Foi et Constitution (Conseil œcuménique des Églises) et le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (Église catholique) pour que le livret de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens soit officiellement conjointement publié et présenté sous un même format. Célébration du centenaire de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens (l’Octave pour l’unité de l’Église, son prédécesseur, fut célébrée pour la première fois en 1908). Traduction de l’original anglais Marie-Cécile Dassonneville Conférence des Évêques de France Norman Lévesque Centre canadien d’œcuménisme 75