jean-cLaude denis, L`auréoLé d`angouLêMe

Transcription

jean-cLaude denis, L`auréoLé d`angouLêMe
© Orélie Grimaldi
© Orélie Grimaldi
Jean-Claude Denis,
l’auréolé
d’Angoulême
Il nous a reçus chez lui, boulevard Raspail, quelques jours avant de partir présider fin janvier le festival de la Bande Dessinée d’Angoulême. Un
honneur qui lui revient de droit pour avoir reçu le Grand Prix 2012, distinction décernée par ses pairs et récompensant l’ensemble de son œuvre.
Longtemps donné favori, il avait fini par ne plus y croire. « Cette récompense m’a vraiment surpris et touché », confie-t-il. Sans bouleverser sa vie,
elle a bousculé son quotidien lui faisant mettre de côté ses projets pour se
consacrer pleinement à la préparation de la 40e édition du festival et à la
création de son affiche. « Un travail plaisant mais pas facile lorsqu’on passe
après 39 auteurs prestigieux !». Jean-Claude Denis a voulu y traduire son
univers avec une scène crépusculaire de lever de lune sur un toit parisien
où son plus célèbre personnage, Luc Leroi, scrute mystérieusement l’horizon. Ce toit est celui qui surplombe son propre appartement du 7e étage,
occupé avant lui par un autre grand dessinateur, son ami Jacques Tardi.
Enfant du 14e, le dessinateur y est né un 1er janvier ce qui lui a valu d’avoir
sa photo dans le journal, entouré de bébés avec leurs biberons numérotés. Après avoir passé sa jeunesse à Chatenay-Malabry et à Fontenay aux
Roses, il est revenu y vivre en 1983. Il est naturellement sensible au passé
artistique de l’arrondissement, à ses cafés et petites places, dont il a fait le
décor de certains de ses albums comme « nouvelles du monde invisible » et
« le Pélican », ancien nom du bistrot le Gymnase qu’il peut contempler de
sa fenêtre. Si certaines parties du quartier évoluent de manière un peu trop
clinquante à son goût, il critique surtout une certaine forme de modernité, comme cette antenne relais que les opérateurs s’évertuent à vouloir
installer au dessus de sa tête, lui donnant l’impression d’être pris pour un
cobaye. Jean-Claude Denis en a fait le sujet de son dernier album « zone
blanche », où le personnage central qui est électro-sensible n’arrive plus à
trouver d’échappatoire. « L’évolution de la société fait naitre chez moi des
idées sombres mais j’essaie d’y répondre par la distanciation et l’humour.
C’est cette attitude qui nourrit ma démarche artistique ».
L’évolution de la société
fait naitre chez moi
des idées sombres mais
j’essaie d’y répondre
par la distanciation
et l’humour.
Ce qui apparaît
au premier regard
comme le relief de
la lune représente en
fait l’ensemble des
personnages des 39
dessinateurs qui ont
obtenu le Grand Prix
d’Angoulême avant
Jean-Claude Denis.
/ avril > mai 2013 /
21