Le travail présenté (travail en cours) est effectué

Transcription

Le travail présenté (travail en cours) est effectué
GRF : Elèves acteurs de la lecture analytique
I.NICOLE
Travail 1
Entrée dans une œuvre poétique intégrale
Le travail présenté sur la section La maison natale a été effectué dans une classe de
1ère L où les élèves étaient bons à l’oral mais ne parvenaient cependant pas à très bien
structurer leurs pensées à l’écrit. Il s’agit de présenter la manière dont s’est faite l’entrée dans
l’œuvre.
C’est une classe que je connais bien et qui connaît bien mon « fonctionnement »
puisque j’avais la plupart d’entre eux en 2° audio-visuel. Les « nouveaux » venus – après un
temps d’adaptation- s’y sont très bien intégrés. L’ambiance de travail était donc excellente.
C’est pourquoi j’ai décidé d’étudier en « œuvre complète » pour l’objet d’étude : la poésie,
deux sections de Les Planches courbes de Bonnefoy : La maison natale et Les planches
courbes. La section Dans le leurre des mots sera abordée en lecture cursive.
L’objectif était d’aborder le texte sans a priori, sans connaissances préalables. Les
élèves n’avaient donc pas lu l’œuvre et aucun d’entre eux, après vérification, ne connaissait
Bonnefoy.
Première séance :
La première séance est donc celle d’une immersion dans le texte essentiellement par l’écoute
et le ressenti.
Pour l’écoute, c’est la voix du poète lui-même qui va les accompagner.
Pour le ressenti, ce sont trois orientations différentes qui sont choisies. J’ai choisi de tenir
compte des compétences transversales des élèves : la majorité de la classe fait l’option
audiovisuel et est habituée à rédiger des scénarii et des storyboards (ils dessinent donc
souvent). Chaque élève dispose d’une feuille sur laquelle figurent douze cases (les douze
cases correspondent aux douze poèmes de La maison natale. Chacune de ces cases est divisée
en trois. Les consignes données aux élèves sont les suivantes :
« Vous allez écouter les douze poèmes qui constituent la section La maison natale.
Pour chacun d’eux, vous allez
1) dessiner ce qui vous paraît être l’élément essentiel du poème
2) écrire le mot du poème que vous garderiez si tous les mots du poème venaient
à disparaître
3) donner à l’aide d’un seul mot votre ressenti à l’écoute du poème. »
L’écoute s’est faite dans le silence.
Ensuite, chaque élève a été sollicité pour donner le mot retenu pour chaque poème. La liste
constituée a été notée au tableau ; les élèves ne le savent pas mais elle va constituer la base de
travail pour entrer dans l’œuvre. Au cours du relevé, les élèves remarquent déjà que certains
termes choisis sont récurrents dans des poèmes différents, que le choix d’un même mot pour
un même poème a été effectué par certains d’entre eux . Il leur semble donc qu’il y a à la fois
unité (puisque des éléments se retrouvent dans plusieurs poèmes) et évolution (des mots plus
abstraits apparaissent dans les poèmes situés à la fin de la section).
Je les invite pour la séance suivante à « colorer » les mots qui se font écho et à dégager des
champs lexicaux.
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Séance 2 :
Au début de la deuxième séance les tableaux de couleurs apparaissent. Ils sont quasi
identiques puisque tout le monde a travaillé sur le même support. (un tableau est projeté)
Les « champs lexicaux » trouvés sont listés au tableau. Les élèves proposent d’affiner la liste
en regroupant certains champs lexicaux et justifient leur choix. Au bout de la réflexion les
élèves dégagent six champs lexicaux dominants. Ils en concluent que ce sont les
thématiques essentielles de la poésie de Bonnefoy : l’eau, la nature, le rêve, la mort, la
vie, la pensée(le souvenir), le voyage.
Ils comparent avec les mots liés à leur ressenti : ils retrouvent des points communs : le
désespoir, l’espoir, la nostalgie…
Les dessins de l’ensemble des élèves sont regardés : le constat se révèle le même que pour la
liste des mots et les champs lexicaux qui s’en sont dégagés…L’entrée dans la poétique de
Bonnefoy peut commencer.
Séance 3 :Section :La maison natale
(N.B : Pour l’ensemble de la section, le déroulement est identique : lecture des poèmes et
ressenti des élèves puis construction de l’explication à partir de ce ressenti ; l’exemple donné
ici est celui du début de l’étude de la section)
L’entrée se fait par la relecture des quatre premiers poèmes de la section : les élèves proposent
leur lecture « brute » à partir de la question « Qu’avez- vous à dire après votre relecture des
quatre premiers poèmes de la section et en tenant compte des deux séances précédentes ? » :
les éléments évoqués sont notés au tableau (voir schéma joint : éléments en noir) : ce sont eux
qui serviront de base pour la séance suivante.
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Travail 2
Le travail effectué sur la section « Les planches courbes »
a été effectué dans une classe de 1ère L plutôt faible mais où les élèves étaient volontaires et
cherchaient à progresser.
Section : Les planches courbes
L’entrée dans le texte a été identique à celle évoquée précédemment :
« Vous allez écouter le poème qui constitue la section Les Planches courbes. Vous allez
1) dessiner ce qui vous paraît être l’élément essentiel du poème
2) écrire le mot du poème que vous garderiez si tous les mots du poème venaient
à disparaître
3) donner à l’aide d’un seul mot votre ressenti à l’écoute du poème. »
Cette fois, les élèves ne communiquent pas leur choix.
Je leur demande ce qu’ils ont à dire et je note au tableau (éléments en noir sur le schéma) ;
une fois ces premières impressions notées, les différents éléments sont repris et approfondis
par un questionnement du professeur: les résultats complètent le schéma (en rouge).
Confrontation est faite ensuite avec leur choix initial (dessins et mots) : la notion de
« passage » a été mise en avant par tous mais de manière très différente : tantôt simple
traversée d’une rive à l’autre (pour les élèves les plus faibles), tantôt traversée contenant une
part d’interrogation et de symboles pour les meilleurs d’entre eux.
Les élèves sont ensuite amenés à reprendre l’ensemble du cours et à opérer une présentation
orale structurée du texte en vue de l’oral du baccalauréat.
Le schéma les oblige à reformuler les idées avec des mots qui leur sont propres et à opérer les
liens des différents éléments entre eux, les invitant ainsi à ne pas restituer un apprentissage
par cœur d’une explication donnée. Cela leur permet également de voir si des points du cours
n’ont pas été bien assimilés et il est alors possible de remédier immédiatement aux difficultés
en donnant les explications complémentaires nécessaires.
N.B : Je ne donne pas ici « d’explication » des textes de Bonnefoy (qu’il est aisée de trouver) ,
préférant privilégier la démarche de « lecture » de l’œuvre .
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1 : Eau Les autres Natale Cendres Vague Ecume Rumeur Ouvrir Horizon Maison
2 : Souvenir Miroir Pluie Sale Etre Déesse Rêve Eau Rue Territoire Douceur Fille
3 : Poison Vie Froid Seul Muré Cri d’amour Désespoir Arbre Amour Nuit
4 : Ombre Silencieusement Route Bois Feuilles Boue Couleurs Bruit Absence Souvenir Ruisselait Hangar Branches
5 : Voix Livre Rive Renoncer Vaste Sol Classe Rêve Planches courbes Voit Estuaire Dehors Soulève Barque Refermé
Maison Cri Sommeil
6 : Voyage Espérance Fer Compartiment Millier Montagne Nuage Flamme Dormeur Avènement
7 : Enfance Rêve Nimbes Cruel Grandir Fièvre Fatigue J’errais Impossible Au-dehors Carte Maison Espérance
8 : Fatigue Rêve Enfant Assis Fut Pêcher Naître Sombre Pioche Exil Croisée(la)
9 : Larme Reconnaître Enfance Paille Vers Perdu Mots Attendre Lieu Evasif Exil Extraordinaire Sans Aimé
10 : Eau S’éveiller Calme L’autre fois Souvenir Lumière Sèche Silence Naïve perdu Candélabre Paille
11 : Eternel Voie Passage Beauté Naissance Vérité Dune Temps Vague Rivage Faire chemin Navire
12 : Espérance Pitié Souffrir Beauté Profonde Cérès Vérité Boisé Mot Tumulte Renaître Refuge Convoitise
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Poème 1
Privilégie un instant bref du passé
Atmosphère onirique
Poème 4
Passage d’une pièce à l’autre
Rupture = porte qui ne s’ouvre pas- la sans-visage
Perception de l’ailleurs = l’autre rive
Décor = même rêve= maison
natale
Atmosphère lugubre + eau
Personnage = enfant
Décor = le même : eau, salles, meubles
changements
Miroir brisé
Poème 2
Reflets/images
« déesse »
Poème 3
Décor = maison natale
Rêve = modification : atmosphère fantastique
Sorcière : vieille, courbe , mauvaise
Moi (enfant / poète)
Fée belle, boit (figure bénéfique)
Schéma élaboré à partir des quatre premiers poèmes de la section La maison natale : Bonnefoy
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Recherche d’un refuge
Evolution de l’enthousiasme à
l’angoisse (souvenirs
insaisissables)
Schéma de « l’explication » de la section « Les Planches courbes »
Prose : long récit : Niveau 1 :
Conte : au début, l’enfant n’est rien
Il ne saura que ce que le passage et
le passeur lui apprennent. L’image
du père est décisive = la quête
devient celle de l’identité. La forme et le contenu relève du conte
(ce qui laisse la porte ouverte au
Merveilleux)
S.I : Enfant sur une rive / rencontre avec le passeur
Evénement perturbateur : Enfant demande à
passer
 Quête
Péripéties : Enfant/passeur =barque + fleuve =
traversée
Enfant/passeur = père
Elément de résolution : barque se dissout/ enfant
grandit/ Le passeur demande d’oublier les mots
(éléments de merveilleux)
S.F : ?? ouverte
Elément liquide à franchir : nuit,
lune, courant : espace sans fin
dangereux
Nécessité / possibilité
d’accéder à l’autre monde
Seule chose qu’il sait :
importance de la traversée
Elément humain , géant, image
connotée habituellement
négativement : ici se voit
attribuer le rôle du père
(positif)
Elément matériel,
fragile
Niveau 2
SYMBOLIQUE
Niveau 3
SYMOBLIQUE
Les mots : enfant = poète
Passeur = poète
Fleuve + barque = danger de l’écriture
Fusion / transformation/transmutation
Passeur + barque = mythe du passage
(Charon) mention de l’obole
Passage dans le royaume des morts
Légende de Saint-Christophe
Enfant n’a pas d’identité : identité,
famille, ne sait rien ne connaît pas les
mots
Pouvoir des mots
Prend des risques :
Niveau 4
PSYCHOLOGIQUE / PSYCHANALYTIQUE
Passage du fleuve = passage à l’âge adulte (non encore réalisé = au milieu du fleuve)
Pour passer l’enfant doit opérer le travail sur le langage , donc changer sa perception du
monde
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EAU
Poème = réécriture du mythe du
passage
Histoire n’est pas celle de la simple traversée d’un
fleuve, c’est celle du don de soi, de la quête des
mots
Tableau de synthèse
Niveau 1 : Quête de l’identité : même si elle n’est pas achevée, n’est pas vaine
Niveau 2 : Noter qu’il n’y a pas de conclusion religieuse dans le poème
Niveaux 3 et 4 : Le conte se transforme en allégorie de la parole poétique ; la poésie est en train de se faire (elle est trajectoire à l’image du
passeur) ; elle trouve son aboutissement dans le poème qui n’est qu’une étape.
Barque en déséquilibre entre ciel et eau, ajustement de planches courbes = construction de sens et de signification
Symbole du temps avec l’image
du fleuve à traverser : (temps
linéaire qui va de la naissance à la
mort)
Lien entre le passé et le
présent (le futur relève encore
de l’inconnu)
BARQUE
Symbole de la poésie : la poésie c’est
voir les choses autrement, chercher un
sens, faire un effort, espérer une
nouvelle vision des choses
Lien avec l’eau : ventre
maternel, fleuve, mort
Le passeur renonce au langage
fusion des éléments : Harmonie + fusion cosmique
Bonnefoy montre l’œuvre d’art comme explication de l’oeuvre
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Lien entre l’individu, sa
culture, ses souvenirs