Les effets de la baisse des cotisations patronales pour les entreprises
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Les effets de la baisse des cotisations patronales pour les entreprises
L’ECHO SAMEDI 17 OCTOBRE 2015 43 mon argent spécial tax shift Les effets de la baisse des cotisations patronales pour les entreprises TAUX EFFECTIF DE COTISATIONS PATRONALES D’ici 2018, plus aucun taux effectif de cotisation patronale n’excédera les 25%. Et en 2019, le gouvernement fournira un dernier effort à destination des bas et moyens salaires. Voici comment Michel compte procéder. Et ce que cela signifie en termes de retombées pour les entreprises. Situation actuelle En % 2016 2018 2019 EXEMPLES DE BAISSE DE CHARGES POUR BAS ET MOYENS SALAIRES EN 2019 30 25 Salaire mensuel brut 1.500€ 20 2.800€ 15 BENOÎT MATHIEU C’ est le «grand patron» en personne qui s’y est engagé. «Bientôt, le handicap salarial de la Belgique ne sera plus qu’un mauvais souvenir», a martelé le Premier, lors de la rentrée parlementaire de cette semaine. Soigner la compétitivité est l’un des leitmotivs du gouvernement Michel. Cela a débuté par un saut d’index, un «sparadrap» à 2,6 milliards d’euros appliqué sur la masse salariale belge. L’autre promesse phare était de ramener de 33% à 25% le taux facial des cotisations patronales payées à l’ONSS. Promesse tenue!, s’est félicité le Fédéral le week-end dernier, en détaillant (dans les grandes lignes) comment cette baisse allait se concrétiser. Voici donc comment cela fonctionne. D’ici 2019, l’exécutif va allouer un petit trois milliards à cet objectif, «dont environ deux tiers consacrés à des réductions généralisées de cotisations», souligne-t-on à la FEB, la Fédération des entreprises de Belgique. Le tiers restant se focalisant sur les PME, le travail en équipe ou encore les activités de technologie de pointe – on vous dit tout un peu plus bas. 10 1500 2500 3500 4500 5500 6500 7500 Salaire mensuel brut, en euros Le gouvernement recycle une série de mécanismes existants, comme la réduction structurelle forfaitaire actuelle ou encore la réduction de charges ciblées sur les hauts salaires. On recycle tout! faitaire actuelle (4,35 milliards), la dispense de 1% de versement du précompte professionnel (895 millions) ou encore les réductions de charges ciblées sur les hauts salaires (441 millions). Bref, tout est recyclé et refondu dans un système plus intelligible. Concrètement, la chute du taux de cotisation patronale oscille entre 1,31 et 6,78 points de base. À cela s’ajoute un train de mesures spécifiques. Le gouvernement a débloqué 580 millions (430 millions d’ici 2018 et 150 de plus à l’horizon 2020) à l’attention des PME et des indépendants, que l’on vous détaille dans les articles situés juste ci-dessous. Il a également prévu un coup de pouce complémentaire visant les entreprises où le travail s’effectue en équipe ou de nuit. Le «Pacte de compétitivité» décidé par le gouvernement précédent prévoyait d’augmenter la dispense de versement du précompte professionnel, en la faisant progressivement passer de 15,6% à 22,8%. Michel a décidé d’accélérer le tout et de consacrer les 450 millions prévus dès 2016. Pour les secteurs de pointe, 80 millions supplémentaires sont débloqués, de quoi faire grimpe ladite dispense de 22,8% à 25%, et ce dès janvier 2016. EXEMPLES Nous avons demandé à la FEB (Fédération des Entreprises de Belgique) de passer trois profils «types» d’entreprises à la moulinette de leur calculateur spécialement développé pour mesurer les retombées, pour les entreprises, du tax shift. Les voici. _ Petite entreprise (10 travailleurs). Situez-la, parce qu’il faut bien poser des hypothèses, dans un secteur caractérisé par des salaires plus faibles que la moyenne (8 des 10 salaires ne dépassant pas 2.500 euros brut par mois) et qui ne recourt pas au travail en équipe. Masse salariale totale: 488.669 euros en 2015. De 2016 à 2019, grâce à la réforme fiscale, cette entreprise va voir cette masse salariale diminuer d’année en année (toujours par rapport au cru 2015): 1,47% en 2016; 2,7% en 2018 et 3,15% en 2019. Soit une diminution, en quatre ans, de 15.000 euros. _ Entreprise moyenne (48 travailleurs). Cette fois-ci, un secteur pratiquant des salaires plutôt élevés (la majorité dépassant Le premier emploi dans une PME sera exonéré à vie de cotisations BENOÎT MATHIEU Dans sa lutte pour faire baisser les cotisations patronales, le gouvernement Michel a dédié une enveloppe spéciale (580 millions d’euros à l’horizon 2020) aux indépendants et aux PME. Pour les premiers, cela signifie que leur taux de cotisations sociales personnelles chute de 22% à 20,5% (lire ci-contre pour plus de détails). Pour les secondes, la nouvelle est double. Premier effet: les réductions de cotisations patronales déjà existantes pour les cinq premiers emplois sont «décalées» d’un cran. Autrement dit, elles ne valent plus du premier au cinquième poste créé, mais du deuxième au sixième. Pour le sixième emploi, cela représente ainsi un avantage de 11.250 euros, -6,41 -1,95 -1,73 Source: Gouvernement Fédéral Sur papier, cela a l’air relativement complexe. Mais il est possible de résumer cela très simplement. Afin de plafonner toutes les charges sous les 25% (voir l’infographie), outre la nouvelle enveloppe de deux milliards, le gouvernement réutilise progressivement toute une série de mécanismes existants, comme la réduction structurelle for- Chaque premier emploi créé de 2016 à 2020 sera totalement exonéré de charges patronales. Du deuxième au sixième emploi, la réduction existante s’appliquera. 3.300€ En points de pourcentage chiffre-t-on du côté du gouvernement. «Attention, cette baisse reste limitée dans le temps, rappelle-t-on à l’UCM, l’Union des classes moyennes. Elle vaut pour treize trimestres, que l’employeur a le choix de disposer dans une période de vingt trimestres consécutifs.» La vraie nouveauté, la voici: tout premier engagement intervenant dans une PME entre le 1er janvier 2016 et la fin décembre 2020 sera entièrement exonéré de cotisations patronales. À vie. Pour un premier emploi de 3.000 euros brut par mois, cela signifie une exonération de 11.380 euros par an, chiffre-t-on chez Michel. Où l’on sort encore cette estimation: une PME fondée en janvier 2016 et engageant six travailleurs économisera 101.770 euros de cotisations en quatre ans. Deux cas concrets De son côté, l’UCM s’est penchée sur l’impact de la mesure portant sur le premier emploi. (Précision technique: dans ses calculs, l’UCM a pris en compte un taux de Les réductions de cotisations patronales déjà existantes pour les cinq premiers emplois sont «décalées» d’un cran. Elles ne valent plus du premier au cinquième poste, mais du deuxième au sixième. charges administratives de 5%, lié par exemple à la prime d’assurance pour les accidents du travail ou encore l’affiliation à un secrétariat social.) Mettons que ce premier emploi soit rémunéré à hauteur de 2.500 euros brut par mois. Sans réduction aucune, les charges patronales liées à ce poste s’élèveraient à 8.930 euros par an. Avec la réduction actuelle, la PME bénéficie de treize mois de remises, qui vont en diminuant (6.200 euros la première année et un petit 450 euros la quatrième année). Soit une baisse totale de 13.750 euros, de 2016 à 2019. La nouvelle mesure, elle, vient réduire à néant les cotisations patronales. Soit un coup de pouce de 21.970 euros supplémentaires entre 2016 et 2019. Ce qui porte l’avantage cumulé à 35.720 euros. Qui, comme il n’est pas limité dans le temps, «s’incrémente» de 8.930 euros tous les ans. Même raisonnement pour un salaire brut de 3.000 euros par an, qui génère, sans réduction, pour 11.086 euros de cotisations annuelles. Le système actuel accorde, en quatre ans, le même avantage: 13.750 euros. La nouvelle disposition, elle, frappe encore plus fort, puisqu’elle vient ajouter 30.594 euros sur quatre ans. Ce qui représente une économie totale de 44.344 euros. Qui augmentera de 11.086 euros par an à partir de 2020. les 4.000 euros brut). Toujours pas de travail en équipe. Masse salariale en 2015: 3,307 millions d’euros. Puisque les réductions de charges visent davantage les bas salaires, la baisse (par rapport à 2015) est moins significative. Mais elle est tout de même là: 0,94% en 2016; 1,76% en 2018; 1,82% en 2019. Ce qui représente une diminution de 59.228 euros de la masse salariale en quatre ans de temps. _ Entreprise de taille plus importante (285 travailleurs). Ici, en termes de salaires, il y a un peu de tout: cela va de 2.000 euros brut par mois à 7.500 euros. Ajoutez à cela 170 salariés travaillant en équipe. En 2015, cette société moyennement grosse débourse 14,677 millions en salaire. Grâce aux baisses de charges et aux mesures spéciales visant le travail de nuit, cette «addition» recule (par rapport à 2015) de 4,57% dès 2016; de 5,59% en 2018; de 5,75% en 2019. Soit, au total, une diminution de 799.136 euros de masse salariale entre la situation actuelle et 2019. PME INDÉPENDANTS La déduction pour investissement productif double Le taux des cotisations sociales passe de 22% à 20,5% Foi de SPF Finances, les entreprises industrielles, commerciales ou agricoles, ainsi que les professions libérales peuvent bénéficier de la jolie déduction pour investissement (productif). Pour schématiser un brin, elles peuvent déduire une partie de l’investissement consacré à leur «outil de travail» – sous conditions, bien entendu. Pour les brevets ou les investissements économisant l’énergie, le taux est de 13,5%. Pour les investissements en sécurisation, ce sera 20,5%. Un volet de cette disposition se focalise sur les PME. Parmi les règles, on trouve celle-ci: une PME peut déduire à un taux de 4% tout investissement autre que ceux répondant aux conditions citées ci-dessus. Bref, tout investissement, du moment qu’il est lié à leur activité et ne se trouve pas dans la liste des immobilisations exclues. Ah oui, on allait oublier: à condition, aussi, que cette PME ait renoncé à la déduction pour capital à risque, mieux connue sous l’appellation «intérêts notionnels». Eh bien, cette déduction dont on vous parle, qui était appelée à disparaître en 2016, est maintenue et doublée à 8%. Il se pourrait même qu’elle ne soit plus incompatible avec les intérêts notionnels, mais ce n’est pas encore garanti. B.M. Les indépendants allaient-ils être les dindons du tax shift? Telle était la crainte, après la décision du gouvernement, fin 2014, de booster le pouvoir d’achat des salariés via la hausse de la déduction pour frais forfaitaires professionnels. Du tout: le second volet de la réforme fiscale ne les oublie pas. Une partie de l’enveloppe (580 millions d’ici 2020) dédiée aux PME et aux indépendants est consacrée à la baisse des cotisations sociales personnelles des travailleurs indépendants, dont le taux passera de 22% à 20,5%. Pour un revenu annuel net avant impôt de 10.000 euros, cette baisse représente un gain de 193,06 euros par an. Un avantage brut, puisque les cotisations sociales sont déductibles. En net, cela donne 135,14 euros. Pour un salaire de 25.000 euros, l’avantage brut est de 375 euros et le net, de 206,25 euros. Pour un revenu de 40.000 euros, l’avantage brut est de 600 euros et le net, de 300 euros. Enfin, pour un revenu de Z YE E 80.000 euros, l’avanE SOAITOR TR tage brut est de MDE V PREE O R 833,65 euros et le net, PRFFAI de 416,83 euros. A CHE CHECK-LIST: CK-LIST: 6 POINT POINTS S D’ D’ATTENTION AT TTENTION SI VOUS VOUS L LANCEZ ANCEZ UNE BOUTIQUE EN LIGNE COMMENT COMMENT CÉDER VOTRE VOTRE AFF AFFAIRE AIRE EN ÉVITANT ÉVITANT LE HOLD-UP FISCAL COMMENT COMMENT SE FINANCER EN CAS DE REFUS DES BANQUES? GUIDEINDEPENDANTS GUIDE INDEPEND PENDA ANT NTS TS OCTOBRE 2015 OCTOBRE CONSÉQUENCES CONSÉQUENCES DU TAX TA AX A SHIFT POUR LES INDÉPENDANTS: INDÉPEND NDÉPEND DA ANTS: TOUTES OUTES LES NOUVEAUTÉS NOUVEAUTÉS B.M. D E S A C R É AT AT I O N À SA TRANSMISSION