le secteur de la mode et maroquinerie
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LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE 10 septembre 2009 Didier GUYOT [email protected] Metz (siège social) BP 90448 57008 Metz Cedex 01 Tél. 03 87 17 32 60 - Fax : 03 87 15 79 56 Constucteurs d’alternatives Vichy 78, rue de Paris 03200 Vichy Tél : 04 70 96 06 97 - Fax : 04 70 31 85 05 Adolfo Dominguez Adolfo Dominguez paie son tribut à la crise........................................................................... 06 8 septembre 2009 Journal du Textile Benetton LES BENETTON, NOUVEAUX PARTENAIRES INDUSTRIELS DU CLUB MED....................................... 07 22 juin 2009 les echos Burani L’EMPIRE MARIELLA BURANI EST EBRANLÉ.......................................................................................... 09 8 septembre 2009 Journal du Textile Burberry BURBERRY RÉSISTE MIEUX DANS SON RÉSEAU QUE DANS SES VENTES EN GROS.................... 12 1er septembre 2009 Journal du Textile LE RÉSEAU DE BURBERRY TIENT BON MAIS LES VENTES EN GROS S’EFFONDRENT................... 12 28 avril 2009 Journal du Textile Burberry: un chiffre d’affaire trimestriel supérieur aux attentes............................ 13 20 janvier 2009 E24 Cardin Pierre Cardin pourrait vendre ses licences chinoises...................................................... 14 13 juillet 2009 journal du textile Luxe: Cardin va créer l’ensemble de ses licences en Chine............................................... 14 30 juin 2009 les echos Chanel Chanel licencie..................................................................................................................................... 15 27 décembre 2008 E4 Christian Dior Couture JOHN GALLIANO RETOUR A LA MAISON................................................................................................. 16 SEPTEMBRE 2009 Les Echos Série Limitée LA RÉCESSION FAIT RECULER CHRISTIAN DIOR COUTURE............................................................... 17 1er septembre 2009 Journal du Textile Dior va fermer des boutiques........................................................................................................ 18 19 mai 2009 Journal du Textile Sommaire - 02 Escada La longue chute d’Escada aboutit à un dépôt de bilan........................................................ 19 25 août 2009 Journal du Textile Menacé de faillite, Escada améliore son offre...................................................................... 20 30 juillet 2009 les echos Escada au bord de la cessation de paiement............................................................................ 20 13 juillet 2009 les echos Le plan de survie d’Escada essuie un premier refus............................................................ 20 13 juillet 2009 Journal du Textile POUR EVITER LA FAILLITE Escada continue de chercher désespérement des fonds.. 21 30 juin 2009 journal du textile ESCADA CÈDE SA CHAINE BIBA A GELCO.............................................................................................. 21 Escada réussi à se défaire de Primera : MUTARES EST LE NOUVEAU PROPRIÉTAIRE........ 22 12 juin 2009 Journal du Textile; 16 juin 2009 Journal du Textile Gaultier Jean-Paul Gaultier et Levi’s ont esquissé une collaboration.......................................... 23 13 juillet 2009 journal du textile Givenchy EN LANÇANT LA LIGNE «REDUX» Givenchy revisite ses pièces à prix plus accessibles.24 1er septembre 2009 Journal du Textile Gucci Group Gucci Group continue de braver la récession....................................................................... 25 1er septembre 2009 Journal du Textile L’activité d’ensemble de Ppr s’est dégradée au cours du deuxième trimestre........ 26 1er septembre 2009 Journal du Textile Puma change d’avis et décide de ne pas tailler dans son réseau.................................... 26 1er septembre 2009 journal du textile Hilfiger Tommy Hilfiger n’en finit pas de faire des bonds en France.............................................. 28 13 juillet 2009 Journal du textile Tommy Hilfiger reste installé sur son petit nuage.............................................................. 29 Hermes Hermès a maintenu ses résultats au premier semestre...................................................... 30 8 septembre 2009 Journal du Textile Sommaire - 03 Hermès a redressé ses ventes....................................................................................................... 30 1er septembre 2009 Journal du Textile Hermès :vol plané au-dessus de la crise................................................................................... 31 22 juillet 2009 les echos Hermès va se baigner dans la piscine Lutetia........................................................................... 32 16 juin 2009 Journal du Textile Hermès: des racines et des ailes................................................................................................... 32 24 juin 2009 les echos Le déstockage intensif des distributeurs a affecté Hermès........................................... 34 19 mai 2009 Journal du Textile Hermès affecté par le déstockage des distributeurs....................................................... 35 11 mai 2009 Les Echos HERMÈS INTERNATIONAL. Les ratios élevés justifient des prises de bénéfices........... 36 9 mai 2009 Investir Hugo Boss Hugo Boss met l’accélérateur sur ses ventes en ligne..................................................... 37 1er septembre 2009 Journal du Textile IT Holding Mode: John Galliano accorde une licence de cinq ans à IT Holding............................... 38 28 juillet 2009 les echos EN ATTENDANT LE PLAN DE RELANCE : Les filiales d’It Holding s’activent.......................... 38 2 juin 2009 Journal du Textile Lacroix Christian Lacroix : «contacts» entre Borletti et Falic pour un plan commun......... 40 les echos mardi 8 septembre 2009 La Financière Saint-Germain candidate à la reprise de Lacroix....................................... 40 30 juillet 2009 les echos MODE L’italien Borletti s’allie au créateur Lacroix : offre de reprise du propriétaire du Printemps................................................................................................................................................. 40 28 juillet 2009 les echos Reprise de Christian Lacroix :l’italien Borletti entre en scène..................................... 40 28 juillet 2009 les echos Christian Lacroix va proposer un plan de continuation.................................................... 41 Haute couture: Bernard Krief Consulting s’intéresse à Lacroix.................................. 42 21 juillet 2009 les echos La récession a fait échouer la relance de Christian Lacroix.......................................... 42 30 mai 2009 les echos; 12 juin 2009 Journal du Textile Sommaire - 04 Ralph Lauren La crise commence a rattraper Ralph Lauren......................................................................... 44 1er septembre 2009 Journal du Textile LVMH Mode et maroquinerie résistent chez Lvmh............................................................................. 45 1er septembre 2009 Journal du Textile Montaigne Fashion Group Montaigne Fashion Group trébuche déstabilisé par la crise.......................................... 46 8 septembre 2009 Journal du Textile Thomas Pink Thomas Pink veut mettre l’accent sur sa femme.................................................................... 47 8 septembre 2009 Journal du Textile Ungaro SUITE A LA FAILLITE DE MARCHPOLE UNGARO CONFIE SON HOMME A UN AMÉRICAIN................ 48 19 mai 2009 journal du textile Valentino Fashion Valentino Fashion Group serre les boulons . ........................................................................ 50 28 avril 2009 journal du textile Versace Gian Giacomo Ferraris nommé Versace a trouvé son nouveau Pdg............................... 51 16 juin 2009 journal du textile EN DÉSACCORD AVEC LES ACTIONNAIRES : Le dirigeant de Versace pourrait claquer la porte 51; Luxe: interrogations sur le devenir du patron de Versace....................................... 52 25 mai 2009 les echos; 2 juin 2009 Journal du Textile Secteur L’accessoire demeure la locomotive du luxe Il résiste mieux et devrait rebondir plus vite............................................................................................................................... 53 Luxe: nouveau PDG pour Brioni , le spécialiste de l’habillement masculin................. 53 11 juillet 2009 les echos Sommaire - 05 Adolfo Dominguez paie son tribut à la crise Les comptes de la griffe espagnole plongent dans le rouge. LA griffe espagnole Adolfo Domin- guez plonge avec la crise. Les chiffres de son premier trimestre 20092010 (du ler mars au 31 mai) ne laissent en effet planer aucun doute. Le groupe affiche ainsi un résultat net négatif, à —1,63 million d’€, contre +1,13 en 2008. Le chiffre d’affaires lui aussi diminue, de 10%, pour s’établir à 34,35 millions d’€. Encore plus inquiétant, le cash-flow de l’entreprise se trouve divisé par deux, l’Ebitda chute littéralement, passant de plus de 5 millions à 1,5 million d’€. La marque espagnole s’était déjà engagée depuis plusieurs mois dans un programme de réduction des coûts et d’étude de rentabilité des boutiques. Mais cela ne suffit vraisemblablement plus. Dix-sept boutiques ont encore fermé au premier trimestre, tandis que 14 autres ont ouvert. Dans son communiqué à la Commission nationale du marché des valeurs (l’équivalent de la Cob),Adolfo Dominguez assure qu’il continue ce plan d’ajustement des magasins. Il ne serait donc pas surprenant que d’autres points de vente ferment leurs portes d’ici à la fin de l’année. Sur le marché espagnol, la marque assure qu’il n’y aura pas de développement. Une décision à vrai dire peu surprenante et presque logique, étant donné la situation du marché national. Adolfo Dominguez ne semble pas pour autant renoncer à son développement international, qui se basera exclusivement sur l’installation de franchises. 8 septembre 2009 Journal du Textile LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Adolfo Dominguez 06 LES BENETTON, NOUVEAUX PARTENAIRES INDUSTRIELS DU CLUB MED La société holding Edizione de la famille d’entrepreneurs italiens a pris 2 %du capital du Club Med. Elle a demandé à être représentée au conseil d’administration. L’exploitant de villages de vacances envisage de nouveaux développements en Italie. Alors même que Bernard Tapie a fait la semaine dernière une première avancée dans le capital du Club Méditerranée, en prenant un peu plus de 1 %, son PDG, Henri Giscard d’Estaing, peut compter sur l’appui d’un nouveau partenaire industriel: la famille italienne Benetton. Comme l’a révélé vendredi dernier l’édition électronique des « Echos », son holding Edizione a en effetacquis une participation de 2 %au capital de l’exploitant de villages de vacances et a demandé à être représenté au conseil d’administration. Décidément, l’histoire du Club Méditerranée s’écrit pour partie en Italie. Coïncidence, l’arrivée des Benetton intervient en effet cinq ans après la sortie des Agnelli, qui s’en étaient désengagés en juin 2004 après trente ans de vie commune, lors de l’adossement — momentané — du groupe de loisirs à Accor. La famille Benetton, aux activités diversifiées (lire cidessous), renforce ainsi le tour de table de partenaires et alliés qui comprend la Caisse des Dépôts et de Gestion du Maroc (10,96 %), le saoudien Rolaco (4,69 %), le Crédit Agricole (4,12%), Nippon Life (2,98 %) et Air France (2 %). Aucun projet de pacte d’actionnaires n’est actuellement à l’ordre du jour, selon la direction du groupe. De fait, le Club Méditerranée et les Benetton sont loin d’être des étrangers. L’exploitant de villages de vacances avait ainsi cédé, à l’été 2008, sa filiale Club Med Gym à une nouvelle entité, contrôlée par la société de capital-investissement 21 Centrale Partners, dont l’un des deux associés fondateurs n’est autre qu’Alessandro Benetton, administrateur d’Edizione et l’un des pionniers du capital-investissement en Italie. Mais l’entrée au capital du Club Med du holding Edizione est bien davantage qu’un investissement. Même s’il a beaucoup parlé de l’Asie et notamment de la Chine ces dernières années, Henri Giscard d’Estaing n’a pas caché que l’Italie reste un terrain d’expansion pour le Club, qui y est déjà bien implanté et de longue date. Sa première ouverture de site remonte à 1951 (à Baratti). Le groupe de loisirs y exploite actuellementquatrevillages pour la saison printemps-été — Otranto (Pouilles), Metaponto (Basilicate), Napitia (Calabre), enfin Kamarina (Sicile) — et deux l’hiver pour le ski, à Cervinia et Sestrières. Par ailleurs, son complexe sicilien de Cefalu est momentanément fermé — afin de transformer ce village de cases en unité 4 voire 5 Tridents — tout comme l’est celui de Caprera en Sardaigne. Et les Benetton pourraient aussi être des partenaires commerciaux sur le marché transalpin. Si les Italiens seclassentau troisième rang des adeptes de la formule club, ils n’étaient plus que 59.000 clients en 2008 contre 79.000 en 2004. Au bout du compte, l’arrivée d’Edizione correspond point pour point à la stratégie d’Henri Giscard d’Estaing,qui veut nouer des alliances industrielles pour poursuivre le développement du Club: «Nous restons ouverts à des partenariats ycompris avec un lien capitalistique», rappelait-il d’ailleurs dans un entretien aux « Echos » du 7 mai. Enfin, au lendemain de l’annonce de l’entrée au capital de Bernard Tapie et avec l’arrivée officialisée du holding Edizione, l’action Club Méditerranée a terminé la semaine en fanfare: le titre s’est adjugé vendredi la troisième plus forte hausse des valeurs éligibles au SRD, avec un bond de 6,67 % à la clôture, à 10,95 euros. L’action, qui a été l’objet d’un important volume d’échanges (4,16 % du capital), a même franchi momentanément le seuil des 11 euros en fin de séance. 07 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Benetton Un poids lourd italien aux activités diversifiées Globalement, le conglomérat de la famille Benetton pesait 11,4 milliards d’euros de revenus agrégés en 2008, pour un total de plus de 70.000 salariés. Si les Agnelli, ex-actionnaires historiques du Club Méditerranée, sont aujourd’hui encore à la tête d’un empire italien diversifié, les Benetton, nouveaux alliés transalpins du groupe de loisirs, n’ont plus grand-chose à leur envier. En l’espace d’une quarantaine d’années, la famille de Trévise a en effet constitué un groupe ten taculaire aux activités multiples et à la dimension mondiale, sous la houlette de Luciano Benetton, désormais son patriarche. Si la saga remonte au milieu des années 1950, Luciano Benet ton ayant alors l’idée d’une col lection de tricots aux couleurs diverses etchatoyantes, le groupe Benetton est formellement constitué en 1965. Quatre décennies plus tard,cette entité — « success story »de l’industrie textile — n’est qu’un pilier du conglomérat familial Edizione. Car celui-ci est par ailleurs présent dans la res tauration et les services auxvoya geurs via Autogrill, mais aussi dans l’immobilier, l’agriculture, le capital-investissement à tra vers la structure 21 Investimenti, les télécommunications et les infrastructures aéroportuaires avec Sintonia. Edizione, c’est aussi des participations dans les médias et dans des entreprises italiennes influentes comme Mediobanca ou Generali. Globalement, le holding familial pesait 11,4 milliards d’euros de revenus agrégés en 2008 pour un total de salariés dépassant 70.000 personnes (en équivalents temps plein). A travers le groupe textile Benetton, la famille a également tissé sa toilejusque dans le monde du sport. La formule 1 bien sûr, et ce dès 1983 comme sponsor. Le « team » Benetton en est au sommet au début des années 1990 avec le pilote allemand Michael Schumacher, qui remporte ses deux premiers championnats du monde sous ses couleurs, en 1994 et 1995. Cette année-là, l’écurie Benetton gagne son seul titre de constructeur. Les Benetton soutiennent par ailleurs de longue date les équipes de rugby et de basket de Trévise. Simple club amateur à la fin des années 1970, quand la famille en a pris les commandes, le Benetton Rugby a depuis accumulé les titres nationaux, le dernier en date couronnant sa saison 2008-2009. Une saison historique, car l’équipe féminine, les «Red Panthers », a également gagné son championnat. 22 juin 2009 les echos LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Benetton 08 L’EMPIRE MARIELLA BURANI EST EBRANLÉ PLOMBÉ PAR DES PERTES ET UN ENDETTEMENT ENORMES MARIELLA BURANI FASHION GROUP (MBFG) sera-t-il l’une des nouvelles victimes de la crise éco nomique mondiale ? Le grand groupe de luxe «accessible» italien, qui, tout l’été, a planché sur la mise en place d’une politique de réorganisation industrielle susceptible de lui sauver la mise, est désormais sur la sellette. Suite à la publication de ses comptes semestriels au 30 juin, jugés «catastrophiques» par les marchés financiers, le titre coté en Bourse a été suspendu pour une durée indéterminée en début de semaine dernière, tandis que Mazars, la société comptable chargée d’auditer le bilan, a refusé sa certification. Les ventes consolidées du groupe ont en effet reculé de 24%, à 246 millions d’€, et les résultats ont littéralement plongé dans le rouge, avec une perte nette de 142 millions d’€, tandis que l’endettement a progressé, culminant à 478 millions d’€. Dans son rapport, Mazars évoque une situation de «forte tension», citant notam ment des remboursements qui n’ont pas été effectués en mai et en juin, et parle de «significatifs éléments d’incertitude sur la capacité de l’entreprise à poursuivre son activité», avant de conclure : «Nous ne pouvons pas nous exprimer sur la conformité du bilan consolidé semestriel». Cette situation de crise n’est pas nouvelle. Déjà l’année dernière, le groupe avait fortement ralenti sa course, annonçant une perte consolidée de 55 millions d’€, alors que les ventes avaient néanmoins progressé de 4%, à 700 millions d’€. Au printemps, après l’annonce de résultats trimestriels à nouveau négatifs, les dirigeants de Mbfg avaient entrepris la mise en place d’un nouveau plan industriel, qui a été présenté aux banques durant l’été. Les grands axes de ce plan prévoient l’arrivée d’un nouvel homme fort, Gabriele Fontanesi, qui s’est installé dans le fauteuil d’administrateur délégué au début du mois de septembre, remplaçant les frères Giovanni et Andrea Burani, qui ont aussi laissé leur place au sein du conseil d’administration. Tous deux restent toutefois dans le groupe : Andrea Burani poursuivra son rôle de directeur industriel, tandis que Giovanni Burani est le nouveau Pdg de Burani Designer Holding, la société qui détient 59% des actions de Mbfg. La quête d’un investisseur Par ailleurs, le groupe veut vendre différentes participations à hauteur de 60 millions d’€ et lancer une augmentation de capital d’un maximum de 100 millions d’€, permettant à des investisseurs, italiens ou étrangers, de s’inviter à son tour de table. A l’époque, les banques semblaient séduites par ce plan de réorganisation mais aussi par la personnalité du nouvel administrateur délégué chargé de le piloter : ex-directeur financier de Starwood Hotels & Resorts, l’un des grands acteurs internationaux de l’hôtellerie de luxe avec des enseignes telles que Sheraton ou S. Regis, Gabriele Fontanesi a également longtemps travaillé chez l’américain Quakers Oats Co, spécialiste de l’agroalimentaire. Mais aujourd’hui, au vu des résultats semestriels, le groupe, conseillé par Mediobanca, va devoir agir dans l’urgence. La priorité consiste notamment à trouver un investisseur prêt à assumer une partie de l’augmentation de capital aux côtés de la famille Burani, qui, pour sa part, s’est déjà dite prête à participer à hauteur de 50 millions d’€. Une tache délicate, dans la mesure où le bilan semestriel n’a pas été certifié. Aux yeux de nombreux analystes, il est donc essentiel de faire toute la lumière sur les comptes pour pourvoir séduire un partenaire industriel déjà présent dans le secteur du luxe, considéré par beaucoup comme l’investisseur idéal. Pour l’heure, le fonds d’investissement américain Gem, propriétaire en Italie de la marque de doudounes Ciesse, aurait déjà fait une offre de 55 millions d’€ pour participer à cette augmentation de capital. L’autre priorité concerne la cession de certaines sociétés jugées non stratégiques pour maintenir la continuité du groupe. Le pôle joaillerie, créé il y a deux ans, est bien sûr concerné : deux des entreprises qui le composent, Calgaro et Rosato, ont d’ores et déjà été vendues, pour un total de 12 millions d’€. Les deux autres, Valente et Facco, sont elles aussi en quête d’un acquéreur. Mais le groupe devrait aussi se séparer de différents biens immobiliers ainsi que de la société Gfin, spécialiste de l’habillement de luxe avec la marque Ter et Bantine, également licenciée pour Anglomania de Vivienne Westwood. Cette société est l’une des seules, au sein du groupe, à avoir réalisé une progression de ses ventes au premier semestre. Et selon différentes indiscrétions, le fonds italien Charme (qui détient des marques comme Ballantyne et Poltron Frau) serait intéressé par Gfm. 09 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Burani La tourmente qui secoue l’économie mondiale est en partie à l’origine de cette crise. Le groupe, qui réalise 40% de son activité dans la Péninsule, a misé sa croissance sur les marchés émergents (l’Europe de l’Est et la Russie représentent ainsi 23% de ses ventes), particulièrement affaiblis par la crise ces derniers mois : au cours du semestre, les ventes à l’international ont reculé (à 130 millions d’€, contre 191 en 2008). L’habillement s’est littéralement effondré (-38%, à 64 millions d’€), tandis que le recul des accessoires, gérés par sa filiale Antichi Pellettieri, est plus contenu (-6%, à 158 millions d’€). Le solde dérive de Digital Fashion, spécialisé dans la fourniture de services technologiques pour la gestion des entreprises. Mais les observateurs mettent aussi le doigt sur la politique d’acquisitions tous azimuts menée tambour battant ces dix dernières années, en particulier dans le secteur des accessoires. Mbfg s’est ainsi adjugé coup sur coup des marques comme Baldinini, Sebastian, Coccinelle ou encore, il y a un an, Mandarina Duck. Pour soutenir cette politique de croissance par acquisitions, le groupe s’est appuyé sur les banques mais aussi sur les marchés financiers. La famille Burani a en effet coté en Bourse pas moins de trois holdings au cours de cette période : Mbfg, présent dans l’habillement, sa filiale Antichi Pellettieri, spécialiste des accessoires, et enfin, il y a trois ans, à Londres, la holding Bdh, qui contrôle directement toutes les activités de la «planète Burani». Jugé idéal en période de croissance économique, ce modèle de développement, basé sur la mise en place d’un conglomérat d’entreprises autonomes liées par des synergies au niveau de la logistique, de la finance ou de l’approvisionnement, semble aujourd’hui montrer ses limites. Une galaxie de 40 marques Mbfg est à la tête d’un pôle géant dans le secteur du luxe accessible. Le groupe développe pas moins de 40 marques dans les secteurs de l’habillement et des accessoires ! Si les marques propres comme l’italienne Mariella Burani ou l’allemande René Lezard, entre autres, représentent toujours l’essentiel de son activité, il s’est aussi fortement engagé ces dernières années dans le secteur des licences pour la femme et l’enfant (environ 20% de son chiffre d’affaires). Ces six derniers mois, pas moins de quatre nouveaux accords ont été signés : avec La Perla et Etienne Aigner (prêt-à-porter féminin), Freddy (habillement pour l’enfant), pour culminer à la veille de l’été avec Giambattista Valli. «Une belle opération», aux yeux des observateurs, qui, au moment de la signature, évoquaient son aspect positif pour l’image du groupe, lequel faisait ainsi une incursion dans le véritable luxe, voire le monde de la Couture. L’alliance, qui a une durée de cinq années et qui débutera à l’automne7hiver 2010, ne porte actuellement qul’automne-hiverporter. Mais des discussions sont en cours pour l’élargir à la maroquinerie et aux chaussures, qui pourraient être confiées à l’une des sociétés d’ Antichi Pellettieri. Les deux partenaires misent sur un chiffre d’affaires de 60 millions d’€ dès la troisième année (chez Gilmar, son ex-licencié italien, Giambattista Valli pesait environ 20 millions d’€ l’année dernière). Cet intérêt pour les licences n’est pas nouveau. Le groupe, qui a été fondé en 1960 par Walter Burani, son président, et son épouse, la styliste Mariella Burani, pour fabriquer à l’époque des vêtements destinés aux enfants, s’est très vite spécialisé dans le secteur de l’habillement. Dans les années 1990, la société a géré des marques telles que Valentino, Calvin Klein ou Thierry Mugler. Les licences pèsent aujourd’hui 20% de ses ventes consolidées : parmi les nombreux accords en cours, on peut citer les chaussures Missoni, confiées à Sebastian, ou encore la maroquinerie de Vivienne Westwood, réalisée par Braccialini. Pour le prêt-à-porter féminin, on remarque aussi Alviero Martini et Fucsia (Ungaro). «Nous avons une expérience et un savoir-faire qui doivent nous permettre de nous imposer dans ce secteur», expliquait il y a quelques mois Andrea Burani, qui voulait à l’époque renforcer la présence du groupe dans le monde d’un prêt-à-porter sophistiqué et proche de l’esprit Couture, «qui, actuellement, résiste le mieux à la crise, même sur des marchés difficiles comme la Russie», estimait-il. Toute la production de l’habillement féminin est organisée au siège historique de Mariella Burani, à Cavriago, en Emilie Romagne. Le groupe y possède une usine d’une surface de 30.000 m2 qui emploie 200 personnes et où sont rassemblées toutes les opérations liées au développement des produit& Mbfg produit actuellement 1 million de vêtements pour femme par an. On retrouve le même type d’organisation pour l’enfant, avec une entreprise spécialiste du secteur qui a été rachetée il y a dix ans. Basée à Pescara, cette société a enregistré une croissance rapide en multipliant les accords de licences, et elle devrait peser 40 millions d’€ cette année, pour environ 1 million de vêtements vendus. Elle développe actuellement les marques Bikkembergs, Patrizia Pepe, Phard, Killah et Freddy. LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Burani 10 Dans leur dernier communiqué de presse, les dirigeants de Mbfg reconnaissaient l’existence de «fortes difficultés qui ont pénalisé l’activité et créé une situation temporaire de tension financière». Mais ils se disaient aussi confiants dans «la continuité de l’entreprise». Une affirmation qui n’a pas rassuré les marchés financiers, en attente du prochain conseil d’administration et des décisions, probablement sévères, qui seront prises à cette occasion. 8 septembre 2009 Journal du Textile 11 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Burani BURBERRY RÉSISTE MIEUX DANS SON RÉSEAU QUE DANS SES VENTES EN GROS Le chiffre d’affaires de la marque de luxe britannique a reculé de 4% lors de son premier trimestre. La marque de luxe britannique Burberry a subi une baisse de son chiffre d’affaires de 4% hors effets. de change (+8% à taux de change comparable) au cours de son premier trimestre, clos le 30 juin. Ses ventes au détail ont quant à elles progressé de 12% en dépit du climat économique, une croissance générée pour 8% par l’ouverture de nouvelles boutiques. A parc comparable, elles restent stables. Le réseau de magasins propres du groupe, qui représente les deux tiers de son chiffre d’affaires, a bien résisté grâce aux ventes de ses lignes enfant, accessoires et mode masculine. Ses nouveaux produits — chaussures, cuir et denim — auraient également très bien fonctionné. L’Europe et l’Asie affichent une croissance à deux chiffres, grâce à un taux de change favorable. Dans la zone Europe (qui inclut le Moyen-Orient), les ventes (gros et détail) ont grimpé de 3% à taux de change constants. Le groupe fait cependant état d’un recul de ses ventes en Amérique (-14%). Frilosité Les ventes en gros du groupe ont chuté quant à elles de 28% (en ligne avec les 25% anticipés), et la marque prédit une chute de celles-ci de 25 % au premier semestre. Burberry invoque la frilosité des distributeurs quant au renouvellement des stocks, la conversion de son réseau de ventes en gros en ventes au détail au MoyenOrient (à travers Burberry Middle-East) ainsi que l’arrêt de sa marque Thomas Burberry. Ses ventes de pro duits sous licences ont pour leur part reculé de 3% et devraient continuer à plonger de 10 à 15% au cours du premier semestre. Burberry, qui a récemment mis en place une politique de rentabilité des coûts en réduisant son effectif de 15 %, juge ces derniers résultats encourageants : «Nous avons effectué un solide démarrage dans un environnement qui demeure incertain. Nous continuons à appliquer notre stratégie en termes de produit, de réseau et de région, tout en menant un programme de rentabilité. Notre notoriété et notre forte identité en termes de création nous procurent l’assurance d’une croissance à long terme», annonce la dirigeante, Angela Ah‑ rendts. Stacey Cartwright, directrice financière, affirme pour sa part que la marque gagne des parts de marché, «en particulier aux Etats-Unis». Selon elle, l’attitude plus prudente des détaillants pourrait conduire à des opérations de démarques plus raisonnables durant les soldes de fin d’année. Même s’il est «trop tôt pour parler de reprise», elle parle d’un «retour probable à la stabilité». Pendant son exercice en cours, Burberry compte continuer à privilégier son réseau de magasins et prévoit l’ouverture de 10 à 15 boutiques dans le monde d’ici à juin 2010. 1er septembre 2009 Journal du Textile LE RÉSEAU DE BURBERRY TIENT BON MAIS LES VENTES EN GROS S’EFFONDRENT Le groupe de luxe britannique Burberry a souffert, lui aussi, au cours du premier trimestre 2009. Ses ventes en gros, qui représentent un tiers de ses ventes totales, ont reculé de 21% au cours de ces trois premiers mois. En Espagne, pays où les distributeurs sont particulièrement touchés par le recul de la consommation, ses ventes ont chuté de 29%. Le groupe craint que ses ventes en gros ne diminuent encore de 25% durant les six prochains mois. Il estime que ce glissement pourrait être attribué en partie (15%) à l’arrêt de l’activité de Thomas Burberry, une marque qui était orientée vers le marché espagnol et que le groupe a arrêtée en janvier dans un souci de rentabilité. Cependant, les ventes au détail compensent un peu la baisse des ventes en gros. A parc comparable, elles sont en hausse de 3% au cours du premier trimestre 2009. En Europe, en Espagne et aux Etats-Unis, les performances du réseau propre du groupe sont «meilleures, malgré des conditions économiques toujours difficiles», indique le groupe. L’afflux des touristes en Grande-Bretagne (en particulier chinois et européens), alléchés par la faiblesse de la livre, a également participé à la progression de ses ventes en ce début d’année. A Londres, elles enregistrent une croissance à deux chiffres. Ce sont particulièrement les accessoires, les vestes molletonnées, les trenchs, les manteaux et les produits arborant les fameux tartans écossais qui ont LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Burberry 12 affiché les meilleurs résultats, les consommateurs étant «enclins à investir dans des valeurs sûres et des pièces traditionnelles en temps de crise». Les collections enfant sont également en bonne progression. Burberry a ouvert cinq magasins dédiés à l’enfant durant les six derniers mois (Moyen-Orient, Etats-Unis, Londres) et entend capitaliser sur le développement de cette ligne. Difficultés au Japon Les produits dérivés développés sous licence ont, quant à eux, fortement souffert (parfums, montres et produits de prêt-à-porter masculin) : leur chiffre d’affaires a chuté de 17% durant le premier trimestre 2009. Les licences ont surtout été affectées par les difficultés que connaissent les grands magasins au Japon, un pays qui représente 70% du marché des licences de Burberry. La marque compte donc réduire à l’avenir ses produits sous licence de 10 à 15%. Mais malgré ces contre-performances, Burberry reste confiant. «Nous sommes convaincus que la marque est en bonne position en ce début d’année pour exploiter toutes les opportunités et ainsi assurer sa croissance sur le long terme», assure la dirigeante, Angela Ahrendts. Le programme de rationalisation des coûts, mis en place depuis janvier, serait par aillleurs «en bonne voie» et devrait générer, comme prévu, une économie annuelle de 56 millions d’€. Au cours du dernier semestre, Burberry a continué d’investir dans l’innovation pour renforcer son offre, notamment à travers sa gamme d’accessoires, et a ouvert seize nouveaux magasins. La marque compte étendre son espace de vente de 10 à 12% d’ici à mars 2010. 28 avril 2009 Journal du Textile Burberry: un chiffre d’affaire trimestriel supérieur aux attentes Le chiffre d’affaire trimestriel du groupe britannique de luxe Burberry est supérieur aux attentes. Sur la période octobre-décembre, il a réalisé un chiffre d’affaires de 329 millions de livres sterling (360 millions d’euros), en hausse de 9% à changes constants. A données comparables, les ventes ont toutefois baissé de 3% au troisième trimestre. «Le chiffre d’affaires a bénéficié d’une forte activitépromotionnelle, notamment en décembre», explique la société. «Cela a eu un impact sur la marge brute mais a permis un écoulement profitable desexcédents de stocks. Ces tendances devraient se maintenir au quatrième trimestre.» Le secteur du luxe devrait cependant connaître un recul de ses ventes en 2009. Le groupe annonce par ailleurs la suppression d’environ 54o emplois afin de préserver sa rentabilité dans un climat difficile. Les réductions d’effectifs devraient concerner 250 personnes en Espagne et jusqu’à 290 en Grande-Bretagne, où le groupe va fermer son usine de Rotherham, dans le nord de l’Angleterre. En Espagne, le groupe a l’intention de «moderniser davantage sa chaîne d’approvisionnement, de fermer l’activité Thomas Burberry destinée au marché espagnol et dont l’activité n’est pas assez performante, et de rationaliser l’activité pour refléter le niveau plus bas des ventes sur ce marché». Ces licenciements entrent dans le cadre d’un programme de réduction de coûts de 5o millions de livres sur 2009/2010, dont 15 à 20 millions de livres avaient été annoncés en novembre, et 30 à 35 millions de plus mardi matin. La directrice générale Angela Ahrendts a estimé dans le communiqué que les marchés étaient actuellement «difficiles et volatiles». «Ces économies, couplées à des stratégies éprouvées, une perception forte de notre marque et une gestion prudente, nous placent en bonne position pour traverser une période actuelle difficile et en sortir plus forts encore quand l’économie mondiale repartira», assure-t-elle. 20 janvier 2009 E24 13 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Burberry Pierre Cardin pourrait vendre ses licences chinoises DEUX CANDIDATS SONT SUR LES RANGS PIERRE CARDIN pourrait bientôt céder ses licences mode exploitées en Chine. Selon un porte-parole de la griffe, le montant de la vente est estimé à 200 millions d’€, et l’acquisition serait répartie entre deux sociétés chinoises, Jiangsheng Trading Company et Cardanro. «Tant que le contrat n’est pas signé, la prudence s’impose», insiste toutefois le porte-parole. En effet, Pierre Cardin, depuis quelques années, a déjà annoncé à plusieurs reprises sa volonté de céder sa griffe, intégralement ou en partie selon les propositions qui lui seraient faites. Jusqu’à présent, les discussions n’ont jamais abouti, le créateur français restant très attaché à sa griffe en dépit de ses 87 ans. Si cette vente est finalement conclue, elle concernera très précisément les activités de prêt-à-porter (homme, femme, enfant) et d’accessoires (ceintures, maroquinerie, bagages), soit un total d’une trentaine de licences (32 exactement), sur les 500 à 600 que développe la marque à travers 140 pays. Présente en Chine depuis une vingtaine d’années par le biais des licences, la marque s’est fait connaître dans le pays dès 1978 en organisant le premier défilé de mode occidentale à Pékin. «La nouvelle de cette cession s’est répandue en Chine par le biais d’une rumeur inexacte parue dans des journaux locaux», précise encore le porte-parole de Pierre Cardin. Celle-ci faisait état de la vente de l’intégralité de la griffe à des acteurs chinois, créant alors un véritable émoi dans la profession. Pour mémoire, le couturier français a déjà vendu ses licences au Japon il y a une quinzaine d’années, mais, de là à céder entièrement sa griffe à des acteurs chinois, il y avait encore de la marge. Le chiffre d’affaires de l’empire Cardin est évalué à 6 milliards d’€. Mais plusieurs de ses branches, notamment la presse, le théâtre et la restauration, sont dans le rouge. Le couturier a déjà indiqué aux éventuels futurs acquéreurs qu’il valorisait sa marque (sans les parfums) à au moins 1 milliard d’€. AGNÈS LEGOEUL • 13 juillet 2009 journal du textile Luxe: Cardin va créer l’ensemble de ses licences en Chine Le groupe Pierre Cardin va vendre ses licences textile et accessoires en Chine. Les négociations en cours depuis deux mois concernent la totalité des 32 licences en matière de textile et d’accessoires dans le pays et le contrat de vente doit être signé « incessamment », a déclaré Pierre Cardin, qui va fêter ses quatre-vingt-sept ans le 2 juillet. Les acheteurs sont «des sociétés chinoises », a-t-il ajouté. Selon un porte-parole de la griffe,il s’agit de la Jiangsheng Trading Company et de la société Cardanro. Un quotidien chinois a indiqué que cette vente s’élèverait à 200 millions d’euros. Le couturier a été l’un des premiers investisseurs étrangers à s’implanter en Chine en 1978, où la marque est très connue. Pierre Cardin a ouvert sa maison de couture en 1949. Son groupe compte aujourd’hui près de 800 licences réparties dans 140 pays. 30 juin 2009 les echos LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Cardin 14 Chanel licencie Chanel va supprimer 200 postes de CDD. Chanel n’avait pas connu une telle crise depuis 1939. Au tout début de la guerre, Coco Chanel, qui régnait alors en maître rue Cambon avait décidé de fermer et de licencier son personnel. Aujourd’hui, la célèbre marque de luxe a décidé de supprimer à partir du 31 décembre tous ses CDD et intérimaires, selon une information de la chaîne LCI, confirmée par la CGT. Cela représente près de 200 personnes, dont 16 dans le magasin historique de la rue Cambon. La direction du groupe n’était pas joignable samedi pour commenter cette information. Selon Manuel Blanco, secrétaire fédéral des industries chimiques CGT, «200 suppressions de postes de CDD et intérimaires ont été annoncées au sein du groupe mi-décembre pendant un Comité central d’entreprise, ce qui représente environ 10% des effectifs de production». Le syndicaliste s’est déclaré inquiet «même si la direction a assuré qu’il n’y avait pas de crainte à avoir pour les salariés ‘organiques’. Le secteur «parfums, cosmétiques et accessoires, c’est à dire les cuirs, situé sur le site de Verneuil-en-Halatte (Oise)» serait particulièrement concerné. «Il reste 300 personnes sur ce site qui a déjà connu deux plans sociaux en dix ans», a précisé le responsable syndical. Ces suppressions de postes sont dues à une forte baisse d’activité chez Chanel, dont le taux de croissance serait «de o cette année», selon la CGT. «Nous avons des inquiétudes quant aux projets futurs suite à cette décision: Chanel avait un projet de construire un grand labo de recherche à Pantin (Seine-Saint-Denis), que va-t-il devenir ? Et quid des investissements sur les sites de production ?», s’est interrogé Manuel Blanco. Chanel avait déjà annoncé il y a huit jours mettre fin à son «Mobile Art Tour», tournée mondiale d’une galerie d’art mobile, préférant, «dans le contexte actuel» de crise, renoncer à cette «opération d’image» pour «se recentrer» sur des «investissements stratégiques».Une mauvaise nouvelle de plus dans l’univers du luxe qui ne semble plus à l’abri de la crise. Aux Etats-Unis, notamment, la balsbeisn• les fêtes a particulièrement touché le secteur du luxe qui a connu une baisse de 34% (-21% hors bijouterie). 27 décembre 2008 E4 15 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Chanel JOHN GALLIANO RETOUR A LA MAISON « Il faut que tout change pour que rien ne change », disait le prince Salina dans Le Guépard... Ainsi, John Galliano puise dans l’héritage de Monsieur Dior la force d’un style reconnaissable entre tous. Dernière illustration en date ? La haute couture de cet automne Comment profiter d’un défilé haute couture pour redéfinir l’essence d’une marque ? La maison Dior s’y attache avec, aux commandes, John Galliano. Ses apparitions sont moins dramatiques que par le passé mais ses effets toujours aussi calculés. Lundi 6 juillet dans les salons de l’avenue Montaigne, les clientes sont là, pour un défilé qui parle de pouvoir. Un intimidant panneau annonce « Do not disturb » sur la porte du studio de John Galliano. Et pour les mannequins, un autre, plus inquiétant encore, indique « Monsieur Dior vous regarde ». De quoi maintenir tout le monde sous pression. Après plusieurs saisons à secouer la maison, John Galliano se concentre sur l’héritage Dior, et la haute couture permet d’appuyer l’exclusivité et l’altitude pyramidale. Bernard Arnault déclarait d’ailleurs à la presse qu’il n’était pas question de renoncer ou d’économiser sur cette haute couture, « au coeur de la maison Dior ». Alors retour dans ces salons historiques où les défilés étaient autrefois quotidiens. Cette fois-ci, John Galliano a promis un show électrisant inspiré par la «fièvre de la cabine », soit « ce moment où les mannequins favorites de Monsieur Dior, aidé de sa muse, la mystérieuse et influente Mitzah Bricard, étaient à divers stades de déshabillé ». Les clientes de la Haute Couture Dior se pressent avec à la main des sacs Lady Dior en croco mauve, une manière d’affirmer qu’elles en possèdent 70 variations et que celui-ci est le 71e. On les sent frissonnantes d’être là. Dans l’antre, la fabrique de rêves post-cinéma : Sharon S., Marion C., Monica M., Charlize T., Sofia C., Eva G. déploient un faisceau de glamour jamais vu pour illuminer la marque. Et cela fonctionne : à chaque nouvelle apparition, très calculée, d’une égérie, les chiffres de vente bondissent. Les mannequins arrivent. La bouche entrouverte, les mains sur les hanches, le cheveux moussu planté d’une épingle géante. L’une a oublié sa jupe, affichant une culotte en dentelle noire. À la fin du défilé, Sidney Toledano, le président de Dior explique doctement à une cliente qu’il s’agit là de « culottes Haute Couture, faites à la main... un cauchemar technique. Mais quand on voit une dame arriver comme ça, on ne peut dire que oui ! » Sur la moquette grise, le show tourne en démonstration de maestria de tailleurs brodés de mille violettes, robes en annuaire de tulle, jeux de mini crinolines pouf avec nœud géant de coquette, cambrures. L’opulence est là : les chapeaux en soleil de plumes rouges, une traînée de léopard sur une robe de mousseline blanche. Le choc réside aussi dans la proximité : les clientes sont à vingt centimètres des créations. John Galliano défend ce nouveau virage Dior vers l’intimiste en lieu et place des énormes podiums qui tiennent à distance les modèles: « Nous sommes à la maison, on peut enfin toucher le taffetas, sentir les roses ! » Création, héritage et savoir-faire Derrière cette grande robe de courtisane ouverte devant et derrière pour laisser voir la culotte se cache un discours. Il parle de pouvoir. Le pouvoir d’entrer chez Dior, de s’habiller ici et comme cela. Une haute couture de Première Dame mais pas seulement. « la femme Dior n’est pas une femme de pouvoir, module Sidney Toledano, c’est une femme libre et qui se permet des zooms sur des détails de sa garde-robe ». Bien dit. John Galliano démontre qu’il n’a pas peur des couleurs, ni du sexe alors que la plupart des marques sont passées au noir et au sobre pour faire face aux récessions. Il explique que ces porte-jarretelles posés sur les vestes de tailleurs ne sont pas simplement une fantaisie rajoutée après minuit dans un élan créatif. « Je suis parti d’une veste fantastique créée par Monsieur Dior pour Marlene Dietrich en 1954. Une technique mise au point avec elle pour que sa veste ait l’air de plonger dans sa jupe : c’était totalement dicté par les poses qu’elle voulait prendre ». La chanson, qui accompagne la fm du défilé et le salut de John Galliano, braille en anglais « rêver encore et encore et encore et encore et encore » à l’infini. Le show terminé certaines clientes peuvent aller ,discuter avec l’artiste dans son studio. On aperçoit le petit jardin extérieur secret avec lauriers roses, hydran. géas, églantines et quatre chaises en fer qui dol vent accueillir la pause cigarette pendant le essayages nocturnes. Il y a là un petit buffet avec des amuse-bouche compliqués, du champagne, des bonbon Kréma et de la boisson énergisante. Voilà Monsieur Toledano, qui en verse dans une flûte champagne. Comment fait-il pour voir à long terme dans ce monde où tout est à cour terme ? «Il y a la création de la saison mai: qui joue LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Christian Dior Couture 16 entre les codes permanents et l’air du temps. Chez Dior, on vient chercher de la récurrence et de l’iconique, avec le génie di John Galliano pour les mettre à l’envers et innover. À long terme, ce qui m’intéresse concerne la formation du personnel, les investissements sur les nouveaux territoires, la production. Mais nous jouons auss à court terme ne serait-ce que par notre hyper réactivité sur la communication. Les mots qu’on ne peu pas prononcer chez Dior sont «Je ne peux pas «, «ne veux pas», «normalement «. C’est impossible de dire ça. On sent une passion et une fierté de travailler dans cette maison, et le tout sans arrogance ». Plus que d’économie, le président de Dior se préoccupi de l’avenir de tous ces savoir-faire : «Il faut protéger le métiers et les ateliers qui existent encore. Il faut remotiver les jeunes pour devenir modélistes ou couturières. Ma crainte est plus là que sur les turbulences économiques venir ou passées. Je sais juste qu’à la sortie du virage, il faudra être en tête pour accélérer. Et les produits doivent êtres exceptionnels. Des produits Dior. » SEPTEMBRE 2009 Les Echos Série Limitée LA RÉCESSION FAIT RECULER CHRISTIAN DIOR COUTURE LE CHIFFRE D’AFFAIRES A BAISSÉ DE 7% AU PREMIER SEMESTRE Christian dior couture n’a pas bien démarré 2009. Alors que l’année 2008 s’était déjà terminée avec une baisse de 3% du chiffre d’affaires à taux courants, le premier semestre 2009 est en recul de 7% (10,6% à taux constants). Plus en détail, le premier trimestre a notamment été marqué par un fléchissement de 8,4%. Cependant l’activité s’est un peu améliorée au deuxième trimestre, qui s’est clos avec une baisse de 5,7%. Au cours des six premiers mois de l’année, les ventes s’établissent donc à 340 millions d’€, quand le résultat opérationnel courant est nul. Au premier semestre 2008, il s’était inscrit autour de 7 millions. «Nous souffrons toujours de la baisse d’activité aux Etats-Unis et au Japon, explique Sidney Tolédano, Pdg de Christian Dior Couture. Mis à part l’Espagne, l’Europe continue de bien résister. En Grande-Bretagne, nous avons enregistré des croissances à deux chiffres. Les grands magasins, à l’image de Harrods, ont connu une forte activité.» Quant à l’Asie, hors Japon, elle s’impose comme étant la zone géographique la plus prometteuse pour le groupe. «La croissance est très importante en Chine et en Corée, souligne le dirigeant de Christian Dior. Nous allons continuer à ouvrir des boutiques dans cette zone». A contrario, les ventes en gros continuent à plomber les comptes de la maison. «Par ailleurs, nous avons préféré nous montrer prudents avec les clients qui présentaient quelques difficultés de trésorerie, poursuit Sidney Tolédano. Nous avons, de fait, limité les volumes de livraison». En dépit de ces difficultés, le dirigeant reste ferme sur le positionnement «haut luxe» engagé par la maison depuis deux ans. «Ce sont les produits aux prix les plus élevés qui progressent le plus actuellement, preuve que nous avons raison, précise le dirigeant. La ligne de sacs en cuir Lady Dior continue à enregistrer des croissances à deux chiffres. Le sac 30 est sur le point de suivre le même chemin. Ce sont des lignes de produits dont le prix de vente tourne entre 1.400 et 2.000 €. Nous faisons le même type de constat au niveau du prêt-à-porter féminin et masculin. Les dernières présentations des lignes croisière et de la Couture ont remporté un franc succès.» Soucieux de garder une bonne dynamique, afin de préparer au mieux l’aprèscrise, Sidney Tolédano poursuit son programme d’ouverture de boutiques. Après Schenzen et Singapour ces dernières semaines, le dirigeant inaugurera les boutiques de Dubaï et de Saint-Pétersbourg dans quelques jours. Quant à avancer une perspective de chiffre d’affaires pour l’ensemble de l’année, ou seulement pour le troisième trimestre, il ne s’y risque pas. «Les catastrophes financières sont derrière nous, observe-t-il. Mais le taux de chômage reste inquiétant. Il faudra sans doute du temps pour faire repartir l’ensemble de la machine. Dans ce sens, le dernier trimestre sera sans doute déterminant, parce qu’il donnera des éléments de tendance pour l’année 2010.» 1er septembre 2009 Journal du Textile 17 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Christian Dior Couture Dior va fermer des boutiques CONSÉQUENCE DE SON POSITIONNEMENT GRAND LUXE ? En dépit d’un début d’année difficile (les ventes du premier trimestre 2009 ont reculé de 12% chez Christian Dior Couture), l’assemblée générale du groupe Christian Dior, la holding qui rassemble les activités du groupe Lvmh et de Christian Dior Couture, s’est déroulée dans un climat qui se voulait rassurant pour les actionnaires venus en nombre. C’est le directeur administratif et financier du groupe Christian Dior, Florian 011ivier, qui a présenté les comptes, sous les regards attentifs de Sidney Toledano, Pdg de Christian Dior Couture, et de Bernard Arnault, Pdg de Lvmh. En ce qui concerne la maison de couture à proprement parler, il faut tout d’abord noter que la part de son activité a sensiblement baissé dans le chiffre d’affaires global du groupe Christian Dior, passant de 5 à 4% en 2008. Mais les éléments les plus sujets à commentaires n’ont pas été divulgués directement lors de cette assemblée, alors qu’ils sont clairement inscrits dans le rapport annuel distribué à son issue. Ainsi, il faut noter que le résultat net part du groupe subit une perte non négligeable, puisqu’elle s’établit à —29 millions d’€. Lors de l’exercice précédent, ce résultat était positif à hauteur de 33 millions. Au chapitre des perspectives, le rapport annuel note aussi que Christian Dior Couture a pour objectif, «dans un contexte économique général incertain, d’accroître sa flexibilité opérationnelle et de poursuivre le développement des produits emblématiques très haut de gamme». Il ajoute qu’un programme de fermetures de boutiques, «dont les perspectives de croissance et de rentabilité ne correspondent pas aux exigences du groupe», a été engagé. Une première pour la marque Christian Dior. Les investissements resteront, par contre, concentrés sur la Russie (Ekaterinenburg, Saint-Pétersbourg) et la Chine. Il est à prévoir également un recentrage des campagnes publicitaires vers les produits phares de la griffe, «les produits emblématiques très haut de gamme». Des redevances bienvenues Plus en détail, ce sont les redevances qui sauvent la mise dans le contexte ambiant. Ainsi le revenu des licences a grimpé de 10%, grâce notamment à la concession de la nouvelle activité de téléphonie mobile. Les ventes au détail reculent de 5%, revenant de 592 à 565 millions d’€. Et c’est le prêt-à-porter féminin qui a dynamisé les ventes en gros. Celles-ci ont progressé de 1%, à 164 millions. Mais comme l’a rappelé avec insistance le directeur financier, Christian Dior Couture demeure la première maison de Couture au monde. «L’activité reste soutenue au Moyen-Orient et en Chine», a-t-il insisté. La répartition du volume d’affaires 2008 par zones géographiques montre que l’Europe et le Moyen-Orient pèsent désormais 52% du chiffre d’affaires global de la griffe, contre 47% en 2007. Les parts respectives de l’Europe et du Moyen-Orient ne sont toutefois pas détaillées. La zone Amériques est passée, de son côté, de 16 à 13%. Quant à la région AsiePacifique, elle recule de 37 à 35%. «Les Etats-Unis et le Japon ont marqué le pas», reconnaît Florian Ollivier. Fin 2008, Christian Dior Couture comptait 237 boutiques, contre 221 en 2007. Les ouvertures ont été principalement réalisées en Asie et au Moyen-Orient. Cinq boutiques ont été ouvertes en Chine, deux en Arabie Saoudite et deux autres au Qatar et à Bahreïn. Avec un chiffre d’affaires de 765 millions d’€, Christian Dior Couture a subi un recul de ses ventes de 3% en 2008. Le résultat opérationnel s’établit, de son côté, à 9 millions d’€, contre 74 millions en 2007. «Cette donnée reflète le niveau d’activité de 2008 et les effets de la refonte de la supply Chain associés à l’expansion du réseau», commente Florian Ollivier. L’assemblée générale s’est terminée par le vote de diverses résolutions. Renaud Donnedieu de Vabres, ex-ministre de la Culture, devient ainsi administrateur, en remplacement de Raymond Wibaux, décédé. Par ailleurs, les mandats d’Eric Guerlain, d’Antoine Bemheim, de Denis Dalibot, de Christian de Labriffe, de Jaime de Marichalar y Saenz de Tejada et d’Alessandro Vallarino Gancia ont été renouvelés au sein du conseil d’administration du groupe. Pour finir, plusieurs résolutions à caractère extraordinaire, et portant sur des possibilités de réduction et d’augmentation ponctuelles du capital, ont aussi été approuvées par la majorité des actionnaires. Des opérations très techniques dont les conséquences ne semblent pas faciles à appréhender ou à commenter. Faut-il y voir des parapluies destinés à protéger éventuellement le groupe de perspectives peu encourageantes ? Ou de simples opérations comptables ? La question reste ouverte. 19 mai 2009 Journal du Textile LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Christian Dior Couture 18 La longue chute d’Escada aboutit à un dépôt de bilan Il n’y a pas eu de miracle pour Escada. Après l’échec du plan de sauvetage préparé par son dirigeant, Bruno Sâlzer, le groupe allemand de prêt-à-porter de luxe a dû déposer son bilan. L’ancien dirigeant de Hugo Boss n’a donc pas réussi à relever un pari que beaucoup d’observateurs jugeaient depuis longtemps impossible. A bout de souffle depuis plusieurs années, Escada s’est vu porter le coup de grâce par la crise économique, qui a entraîné d’importants reculs des ventes, notamment aux Etats-Unis, son marché princi pal. Lors de l’exercice 2007-2008 (clos au 31 octobre), la perte avait atteint 70 millions d’€, et les chiffres de cette année ne pré sentaient pas d’amélioration. Au contraire : au cours du premier semestre, la perte a atteint 92 millions, tandis que le chiffre d’affaires de la marque Escada a chuté de 24%, à 151 millions. La tentative de sauvetage mise au point par Bruno Sâlzer, arrivé l’année dernière dans les fourgons des frères Herz (propriétaires de la chaîne Tchibo), avait pris la forme d’un échange d’obligations. Si 80% des créanciers avaient accepté le plan, la voie aurait alors été libre pour une augmentation de capital et la prolongation de prêts. Mais, bien que la date butoir ait été repoussée à plusieurs reprises, jusqu’en août, et que l’offre d’échange ait été améliorée, moins de 50% des créanciers se sont montrés prêts à faire des sacrifices. Escada est désormais placé entre les mains de l’administrateur judiciaire munichois Christian Gerloff. Celuici a rapidement pris la parole pour tenter de rassurer les salariés (encore quelque 2.300) et affirmer que le groupe avait été parfaitement préparé au dépôt du bilan, ce qui laisserait augurer un nouveau départ. De son côté, Bruno Sâlzer, à l’instar de son directeur de la production, Werner Lackas, s’est séparé des actions qu’il détenait dans l’entreprise (acquises pour 3 millions d’€, elles n’ont plus rapporté que quelque 230.000 €). Il entend ainsi se concentrer sur son rôle de patron du groupe et éviter tout conflit d’intérêt. Même s’il n’a pas réussi à éviter le chemin du tribunal de commerce, Bruno Sâlzer, dans l’esprit des actionnaires, demeure le seul capable de redonner à Escada son lustre d’antan. Reste cependant à savoir comment le groupe pourra supporter le dépôt de bilan. Christian Gerloff aura fort à faire pour éviter tout dépeçage. Un premier candidat à la reprise (Nickolaus Becker, un avocat allemand, ancien président du conseil de surveillance du groupe de médias Em.TV) s’est ainsi déjà manifesté, mais il ne serait intéressé que par les meilleurs morceaux tels que la marque, le droit des licences ou les magasins. Quoi qu’il en soit, une entrée chez Escada risque certainement de se payer au prix fort. Malgré ses déboires, la marque jouit toujours d’une bonne notoriété, notamment aux Etats-Unis (où sa filiale a également déposé le bilan). Outre-Atlantique, Escada compte de nombreux adeptes, comme les actrices Katie Holmes, Hilary Swank ou encore Demi Moore. Ses heures de gloire remontent cependant à la fin des années 80 et au début des années 90, où elle était devenue synonyme de «German Glamour». Escada a été fondé en 1976 par le mannequin suédois Margaretha Ley, qui avait su convaincre son mari, Wolfgang, homme d’affaires réputé, de lancer sa propre ligne. Margaretha Ley donna à la marque son identité : les couleurs éclatantes, les coutures poussées ou encore la sensualité. L’ascension fut rapide, et Escada parvint à évoluer aux côtés des Dior ou autres Armani. Mais, lorsqu’en 1992 Margaretha Ley succomba à un cancer, à l’âge de 59 ans, Escada avait déjà commencé à subir des pertes. La volonté de Wolfgang Ley (qui a quitté la direction en 2006) de fonder un grand groupe de mode au moyen d’acquisitions s’est vite révélée une erreur, que Bruno Sàlzer, en cédant la filiale Primera, n’a pas réussi à gommer. Ces dernières années, les différents patrons (dont le Français Jean-Marc Loubier) qui se sont succédé aux commandes d’Escada ont tous échoué à redresser l’entreprise malade. Ils n’ont pas su, sur tout, trouver la perle rare qui aurait pu redonner une identité aux collections. Et c’est notamment sur ce point que Bruno Sàlzer aura besoin de faire la différence. Diverses rumeurs courent à ce sujet. L’une d’entre elles affirme que Bruno Sâlzer aurait pris contact avec le créateur Wolfgang Joop (dont le nom a également été évoqué pour la reprise du spécialiste de dessous Schiesser). Il est cependant difficile d’imaginer que ce créateur à forte personnalité saura se mettre au service d’un grand groupe, lui qui a déjà claqué la porte de sa marque à succès,Joop, pour repartir avec une nouvelle ligne nommée Wunderkind. Mais l’idée d’une union Bruno Sâlzer-Wolfgang Joop fait déjà saliver beaucoup de monde. 25 août 2009 Journal du Textile 19 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Escada Menacé de faillite, Escada améliore son offre Le groupe allemand de prêt-à-porter relève et prolonge son offre. Les créanciers ont jusqu’au 11 août pour accepter les 10 actions du groupe offertes pour chaque part de 1.000 euros de la dette de l’entreprise. Fin juin, Escada avait proposé à ses créanciers d’échanger leurs anciennes obligations de 200 millions d’euros très dépréciées et courant jusqu’en 2012 contre des nouvelles obligations à des taux d’intérêt plus élevés tombant à échéance en 2014 et 2016. Seuls 37 % des créanciers avaient accepté cette proposition sur les 80 % nécessaires pour éviter la cessation de paiement. L’échéance avait déjà été repoussée du 31 juillet au 4 août la semaine dernière. Actionnaires et dirigeants sont prêts à mettre jusqué 2 millions d’actions disponibles gratuitement pour éloigner Escada de la banqueroute. 30 juillet 2009 les echos Escada au bord de la cessation de paiement Le groupe allemand de prêt-à-porter de haut de gamme Escada, menacé de faillite, se prépare à un scénario prochain de cessation de paiement. C’est ce que vient de déclarer son président du directoire, Bruno Sälzer, à un journal allemand. Tout en espérant qu’Escada n’en arrivera pas là, le dirigeant reconnaît que la situation du groupe est actuellement très difficile. «Nous ne sommes pas naïfs» , a-t-il confié, en soulignant que les liquidités de l’entreprise suffiraient jusqu’en août, mais pas au-delà. Un porte-parole avait indiqué il y a quelques jours à l’AFP qu’Escada pourrait «théoriquement» demander d’ici à quelques semaines une aide financière à l’Etat allemand, mais devait avant cela réussir à restructurer sa dette. Aujourd’hui, Bruno Sälzer estime que «98 des 99 mesures possibles» pour sauver Escada ont déjà été prises. 13 juillet 2009 les echos Le plan de survie d’Escada essuie un premier refus L’UN DE SES CRÉANCIERS N’EST PAS D’ACCORD ESCADA reste sous pression. Ayant enfin présenté son offre d’échange d’obligations à ses créanciers, le groupe de prêt-à-porter de luxe allemand a essuyé une première douche froide. Le groupement SdK (Schutzgemeinschaft der Kapitalanleger) a catégoriquement repoussé ce plan, invitant ses membres à en faire de même, et a exigé une amélioration. Même si l’importance de SdK ne devrait pas être suffisante pour enrayer directement l’opération de sauvetage, Escada craint que la publication de cet avis n’influence négativement d’autres créanciers. «Cette décision est incompréhensible, a réagi l’entreprise. Nous ne changerons rien à notre offre. Ce serait de toute façon techniquement infaisable, faute de temps» Escada campe donc sur ses positions et organise des réunions d’information pour défendre sa cause. Il demande à ses créanciers d’abandonner plus de la moitié des 200 millions d’€ qu’il doit leur rembourser avant 2012. Si, avant fin juillet, au moins 80% d’entre eux acceptent, le groupe pourra alors procéder à une augmentation de capital à laquelle son dirigeant, Bruno Sâlzer, et le directeur financier, Michael Bôrnicke, ont promis de participer — à l’instar des actionnaires principaux, Michael et Wolfgang Herz, de l’espagnol Bestinver et d’un autre investisseur encore inconnu. La réussite de cette procédure pourrait même permettre à Escada de déposer une demande d’aide publique, solution que le groupe n’exclut pas. Mais pour l’instant, ces projets restent des chimères, alors que la menace du dépôt de bilan demeure bien réelle. C’est dans ce contexte pour le moins incertain que l’entreprise vient de présenter sa nouvelle collection pour le printemps-été 2010. D’après Bruno Sàlzer, les réactions des acheteurs, notamment américains, ont été «très positives». 13 juillet 2009 Journal du Textile LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Escada 20 POUR EVITER LA FAILLITE Escada continue de chercher désespérement des fonds La situation du groupe allemand Es- cada se dégrade encore. Lors des six premiers mois de son exercice, ses pertes nettes se sont creusées, à 91,7 millions d’€, contre 8 millions un an auparavant. Outre la mauvaise conjoncture dans le luxe, les dirigeants expliquent que la cession de la filiale Primera a eu un impact négatif sur les comptes, entraînant des dépréciations d’actifs de l’ordre de 55 millions d’€. Escada se retrouve aujourd’hui avec des fonds propres tombés dans le rouge, à —17 millions d’€. Les ventes n’ont pas davantage présenté de signes encourageants. Au cours de ce semestre, le chiffre d’affaires consolidé a chuté de 16%, à 248,2 millions d’€. En ne tenant compte que d’Escada, la chute atteint même 24%, à 151 millions d’€. Aucun marché n’a été épargné, ni l’Amérique du Nord (-22%), ni l’Asie (-13%). C’est l’Europe qui subit le recul le plus important (-28%), en raison notamment, d’après les dirigeants, des très mau vaises performances de la marque en France, en Italie, en Grande-Bretagne et en Russie. Pour l’exercice qui sera clos le 31 octobre, les dirigeants s’attendent à un recul supérieur à 10%. Mais, surtout, le temps est compté pour Escada, qui n’est désormais plus coté sur le marché Sdax de la Bourse de Francfort. Bruno Sâlzer, le président du directoire, avait espéré pouvoir enregistrer des avancées positives dès le début de juin dans son plan de sauvetage, qui comprend notamment la renégociation d’un emprunt de 200 millions d’€ ainsi qu’une augmentation de capital de 30 millions d’€. Les actionnaires principaux, Michael et Wolf-gang Herz, ont promis d’y participer à hauteur de 20 millions, et l’investisseur es pagnol Bestinver (possédant 10% du capital) s’est également dit prêt à avancer jusqu’à 7 millions. Mais, selon Escada, un nouvel investisseur pourrait aussi faire son entrée au capital. Le groupe affirme avoir été retardé par des impondérables liés à la complexité de son plan ainsi que par les vérifications de l’autorité allemande de contrôle financier (Baffin). En conséquence, Bruno Sâlzer a demandé que la date butoir pour la renégociation de l’emprunt soit repoussée à début août. L’enjeu reste cependant le même : si le plan échoue, Escada ne pourra éviter la faillite. 30 juin 2009 journal du textile ESCADA CÈDE SA CHAINE BIBA A GELCO LA VENTE DU PÔLE PRIMERA EST ACHEVÉE ESCADA continue de s’alléger. Le groupe de prêt-à-porter de luxe a vendu sa chaîne de distribution Biba au fabricant d’habillement allemand Gelco. Une opération qui suit la cession des griffes Laurèl, Apriori et Cavita à l’investisseur munichois Mutares. Dans sa quête de financements, Escada est donc parvenu à se défaire en totalité de sa filiale Primera, qui regroupait les quatre marques. Cette filiale, baptisée du nom actuel en 2003 afin de soutenir un projet d’introduction en Bourse, n’entrait plus dans les plans de développement du groupe. Escada, qui se trouve au bord du gouffre, tente de relancer son expansion en recentrant ses efforts sur sa marque phare ainsi que sur sa ligne sport. Dans ce contexte (les deux parties ne révélant cependant pas le montant de la transaction), Gelco a senti l’opportunité. Grâce à l’acquisition de Biba, qui compte 530 magasins à l’enseigne et a réalisé lors de l’exercice 2007-2008 (au 31 octobre) un chiffre d’affaires de 105 millions d’€, Gelco devient l’une des grandes entreprises allemandes de prêt-à-porter. A elles deux, les sociétés, qui devraient rester indépendantes, réaliseront au total un chiffre d’affaires de 260 millions d’€. Spécialisé dans les manteaux, les vestes, les pantalons, les chemisiers et les jupes à destination des femmes d’âge mûr, Gelco revendique une clientèle de 3.800 détaillants dans le monde. Fondé en 1948 et basé à Gelsenkirchen, dans le bassin industriel de la Ruhr, Gelco fabrique depuis 2003 des collections à son nom, dont il distribue une partie dans des magasins propres. Son taux d’export avoisine les 50%, avec une forte présence notamment en France, en Autriche, en Suisse, au Benelux, en Italie ou en Espagne. 21 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Escada Dans l’Hexagone, où les ventes s’élèvent à 5 millions d’€, l’agent exclusif de Gelco est l’entreprise Aster Mod. Basée à Hoerdt, en Alsace, cette dernière travaille avec Gelco depuis le début des années 1990 et a même partagé avec lui une joint‑venture, avant de reprendre l’activité fin 2007. «Nous développons principalement le concept en multimarque, détaille Patrick Hartmann, directeur général d’Aster Mod, propriétaire notamment de la marque Julie Guerlande. Mais nous commençons également à établir un réseau de boutiques et de commerces en affiliation.» En France, quelque 600 clients multimarques distribuent les collections de Gelco, qui se déclinent en deux segments, avec Combi (10 thèmes par saison, livrés toutes les deux semaines) et Outdoor (comprenant notamment des parkas et des manteaux). A cela s’ajoutent une vingtaine de corners et une boutique à l’enseigne à Oyonnax, dans l’Ain. 16 juin 2009 Journal du Textile Escada a enfin réussi à se défaire de Primera : MUTARES EST LE NOUVEAU PROPRIÉTAIRE ESCADA s’offre une lueur d’espoir. Le groupe allemand de prêt-à-porter de luxe a enfin trouvé un repreneur pour la plus grande partie de sa filiale Primera. L’investisseur munichois Mutarés rachète 90% des trois marques Laurèl, Apriori et Cavita, pour un montant non communiqué. Escada conserve une participation de 10% pendant une période transitoire. Spécialisé dans le développement de Pme, Mutares espère réussir à optimiser le potentiel des trois marques. L’investisseur souhaite notamment confier une partie de l’activité opérationnelle à Thomas Kleinhenz, ancien cadre dirigeant de Puma, afin de «faire retrouver rapidement à ces marques leur lustre d’antan». La quatrième marque de Primera, la chaîne de boutiques Biba, n’est pas reprise par Mutares. Mais les responsables d’Escada prévoient de trouver «d’ici peu un accord avec un investisseur». A ses débuts considérée comme un pôle complémentaire, la filiale avait connu de multiples vicissitudes au cours des dernières années. Et Escada souhaitait s’en défaire depuis longtemps. Par le passé, elle avait plusieurs fois causé des difficultés au groupe, poussant notamment les dirigeants, à la fin des années 90, à entamer une restructuration. Premier succès Devenue un objectif de la nouvelle direction d’Escada en fin d’année dernière, la vente de Primera marque donc un premier succès pour Bruno Sâlzer, le nouveau dirigeant d’Escada, arrivé il y a un an. Cependant, ce succès reste mesuré, en raison de la situation d’urgence dans laquelle se trouve l’entreprise munichoise. Celle-ci n’a d’ailleurs probablement eu d’autre choix que de faire d’importantes concessions sur le prix de vente. Les experts estiment que la cession des quatre marques n’apportera que quelques dizaines de millions d’€ à Escada. En début d’année dernière, on évaluait encore une transaction possible pour un montant de 150 à 200 millions d’€. Mais en 2007-2008, les ventes du pôle ont chuté de 15%, à 211 millions d’€, son excédent brut d’exploitation tombant à 1,7 million d’€ (contre 20,1 millions un an plus tôt). De plus, les responsables d’Escada ont prévenu que la vente allait provoquer des amortissements importants. Une situation qui a déjà entraîné une perte de quelque 92 millions d’€ au cours du premier semestre de l’exercice 2008-2009. Pendant ce temps, l’avenir d’Escada continue de ne tenir qu’à un fil. Bruno Sàlzer est de nouveau passé à l’offensive dans les journaux allemands, rappelant que le groupe courait à la faillite si de nouvelles liquidités n’étaient pas trouvées avant cet été. L’appel au secours se porte principalement vers les créanciers. «A cause de la crise économique, nous ne pourrons plus jamais les payer, quel que soit notre niveau de performance», a expliqué l’ancien patron de Hugo Boss, qui, avec son épouse, possède 1,3% des actions d’Escada. Il les appelle ainsi à renoncer à une part importante de remboursement de l’emprunt de 200 millions d’€ qui arrive à échéance. Cette concession est nécessaire, car, sans elle, apports financiers et nouveaux crédits, s’ils devaient être attribués, risqueraient de ne pas suffire pour assurer la survie du groupe qui, en son temps, fut le leader allemand du prêt-à-porter de luxe. 12 juin 2009 Journal du Textile LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Escada 22 Jean-Paul Gaultier et Levi’s ont esquissé une collaboration JEAN-PAUL GAULTIER, lors de son récent défilé de mode masculine, a dévoilé sa collaboration avec Levi’s pour le printemps-été 2010. Avant ce défilé, la petite feuille déposée sur les sièges des acheteurs — mentionnant le nom des partenaires, les crédits pour la musique ou la coiffure — indiquait une coopération avec Levi’s (et avec Converse, qui a prêté des chaussures). Dans les rangées d’invités, on pouvait cependant échanger quelques mots avec You Nguyen, directeur de la création chez Levi’s Europe. En fait, une dizaine de pièces devraient être commercialisées dans le cadre de ce cobranding. Parmi elles, quatre pièces, deux vestes et deux jeans, ont défilé pour l’occasion. En revanche, les bustiers portés par certains mannequins, avec ou sans veste, sont des pièces de défilé qui font partie de la collection Levi’s Vintage. Deux autres jeans et un short (qui n’ont pas défilé) seront également commercialisés. «Levi’s, c’est le rêve américain. C’est un mythe et c’est l’origine du jean», précise Jean-Paul Gaultier. Ce partenariat intervient alors que le créateur français avait annoncé l’arrêt de Gaultier Jeans à partir de la saison printemps-été 2010. «Cette collaboration nous permet de garder une présence dans le jean. D’autant qu’il fait partie de notre univers depuis les débuts», explique-t-on chez Jean-Paul Gaultier. 13 juillet 2009 journal du textile 23 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Gaultier EN LANÇANT LA LIGNE «REDUX» Givenchy revisite ses pièces à prix plus accessibles GIVENCHY REDUX : tout est dans le nom. Comme le terme Redux le laisse supposer, cette nouvelle ligne de la maison de luxe, disponible dès le mois d’octobre 2009, riche d’une quinzaine de silhouettes, permet aux afficionados de Givenchy de s’offrir la griffe à prix si ce n’est réduits au moins accessibles. En effet, il faudra compter 240 € pour un teeshirt, 1.500 pour les pièces en cuir et entre 300 et 600 € pour les blouses blanches. Mais Redux, pour les anglophones qui détournent ce vocable latin, cela veut aussi dire réinterprétation, restauration. Et Ricardo Tisci, le directeur artistique, justement, avait à coeur de reprendre les thèmes qui lui sont chers d’une saison à l’autre et aussi de revisiter les pièces fortes du vestiaire Givenchy. Pour cette première édition, le créateur décline donc une thématique «clou» sur les vêtements et accessoires et revisite la blouse blanche Bettina, créée par la maison en 1952 avec ou sans manches, ajourée de volants, ethnique, dans des lignes pures et des matières légères. Pour l’autre tendance, le clou doré se décline sur des perfectos, avec ou sans manches, des blazers officier, des robes noires à épaulettes, des tops, une ceinture large, une pochette et un sac. Une mini-collection à la fois western, rock et Couture, thèmes que Ricardo Tisci a plusieurs fois abordés dans ses collections de haute couture ou de prêt-à-porter. 1er septembre 2009 Journal du Textile LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Givenchy 24 Gucci Group continue de braver la récession Le chiffre d’affaires du pôle de luxe de Ppr s’est érodé au premier semestre, mais sa marge s’est maintenue grâce à son plan d’économies. La politique de réduction des coûts mise en place dès le printemps 2008 chez Gucci Group donne ses fruits. Le groupe de luxe contrôlé par Ppr a ainsi préservé ses marges au premier semestre, bouclé le 30 juin, avec un résultat opérationnel courant en légère hausse (+0,8%), à 305 millions d’€. Tandis que le chiffre d’affaires consolidé a subi un recul de 3,7% en comparable mais une progression de 4,4% en réel, atteignant 1,64 mil liard d’€. «Dans le contexte actuel, ces résultats sont bons», a assuré François-Henri Pinault à l’occasion de la présentation des résultats semestriels. La plupart des marques ont fait de la résistance, et on note même souvent une amélioration des ventes au détail au deuxième trimestre, grâce à une reprise de la fréquentation dans les boutiques en propre. «Ce sont les premiers frémissements», pondère le patron de Ppr, qui se garde de toute prévision pour le troisième trimestre, constatant simplement que les ventes du début du mois de juillet étaient dans la ligne de celles du mois de juin. Pour expliquer ce qu’ils considèrent comme une «performance», les dirigeants du groupe de luxe décrivent les grandes lignes de leur stratégie anticrise. On remarque notamment un travail sur les collections, très assidu pour les marques Gucci et Bottega Veneta, qui ont réagi avec des produits plus traditionnels et rassurants aux yeux de la clientèle, le tout assorti d’une gestion rigoureuse du contrôle des coûts. Les stocks se sont bien réduits (de —7 à —11% selon les marques), et les dépenses en communication ont diminué, à l’exception de celles engagées pour Bottega Veneta, une griffe jugée encore jeune qui a donc toujours besoin d’un fort soutien publicitaire. Pour François-Henri Pinault, qui évoque «une optimisation» des dépenses, ces mesures d’économies n’ont pas pesé sur la visibilité des marques. «Les coûts en valeur ont baissé, mais l’efficacité a augmenté», résume-t-il. Au total,les investissements opérationnels bruts de Gucci Group ont reculé de 16%. Le groupe a aussi ralenti sa politique de rénovation ou de développement de magasins existants, même si la politique d’extension à travers de nouveaux points de vente s’est poursuivie, avec 27 ouvertures, dont 10 en Chine et 12 sur les marchés émergents, pour un total de 587 magasins dans le monde au 30 juin 2009. Dynamisme asiatique Le dynamisme des pays émergents, et en particulier de la région Asie-Pacifique (à l’exclusion du Japon), explique aussi ces résultats. Avec une progression de 19%, celle-ci pèse 26% des ventes consolidées, dont 11% pour la Grande Chine. Ces six derniers mois, la marque Gucci a installé une dizaine de magasins sur ces nouveaux marchés, dont 6 en Chine, tandis qu’Yves Saint Laurent a fermé 1 boutique au Japon pour en ouvrir 3 autres, à Hongkong et en Corée du Sud. En revanche, les pays traditionnels, tels l’Europe (-4%), l’Amérique du Nord (-9%) et surtout le Japon (-19%) sont toujours en souffrance. La marque Gucci continue à mener la danse au sein du groupe : avec un chiffre d’affaires de 1,1 milliard d’€, elle affiche une progression de 8,3% en réel (-0,6% en comparable), tandis que le résultat opérationnel courant a progressé de 1%. Après un premier trimestre difficile, Bottega Veneta a elle aussi retrouvé un certain tonus (+2,7% en réel). En revanche, la situation est plus difficile pour Yves Saint Laurent, dont les ventes et les marges ont nettement diminué sur le semestre. «Je veille de très près personnellement aux performances d’Yves Saint Laurent», assure François-Henri Pinault, qui se dit toujours convaincu du potentiel de la griffe, dont le parcours est devenu heurté. Il évoque notamment la mise en place de nouveaux «plans d’action pour agir de façon plus significative». Le pôle «autres marques», qui englobe Boucheron, Sergio Rossi, Balenciaga, Alexander McQueen et Stella McCartney, recule lui aussi (-5,7%). On remarque toutefois la «croissance soutenue» de Balenciaga, dont le taux de rentabilité s’est amélioré, tandis qu’Alexander McQueen a plutôt bien progressé. Si les dirigeants de Gucci Group s’abstiennent de faire des projections chiffrées pour les prochains mois — «Je ne suis pas capable de lire dans une boule de cristal», a répété à plusieurs reprises Jean-François Palus, 25 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Gucci Group directeur financier de Ppr—, ils se sentent prêts à affronter tous les scénarios possibles. Ainsi, Gucci Group sera capable de résister si la situation internationale devait encore se détériorer. En revanche, «la moindre reprise dans le monde aura des impacts très significatifs sur nos activités», a assuré François-Henri Pinault, excluant a priori toute nouvelle acquisition pour dope la croissance. «Elles ne sont pas à l’ordre du jour pour les prochains mois», a-t-il souligné. 1er septembre 2009 Journal du Textile L’activité d’ensemble de Ppr s’est dégradée au cours du deuxième trimestre Chez PPR, le deuxième trimestre 2009 a accentué le recul de l’activité. Ce qui n’est pas sans effets sur la rentabilité du groupe au premier semestre. Il affiche un retrait de 3,6% de son chiffre d’affaires pendant les six premiers mois (à 9,235 milliards d’€), dont —6% à périmètre comparable. Cette baisse s’élevait à —2,6% au premier trimestre, dont —5% en comparable. «Poursuite de la dégradation de nos marchés», indique son Pdg, François-Henri Pinault, qui avait annoncé, début 2009, en même temps que des économies, 1.800 suppressions de postes et la réduction des investissements. Il avait aussi indiqué construire son budget 2009 sur l’hypothèse d’«une baisse de chiffre d’affaires des magasins à parc comparable». Les résultats financiers du groupe sont aussi en recul au premier semestre, tant le profit opérationnel courant (-5%, à 707 millions d’€) que le bénéfice net part du groupe (-76%, à 189 millions). Pour ce dernier, l’explication vient cependant en partie de la plus-value de cession d’ Ysl Beauté, comptabilisée à la même période en 2008. Les taux de marge brute et de rentabilité opérationnelle restent stables. Toutes les filiales montrent des baisses de chiffre d’affaires à parc de magasins comparable au deuxième trimestre. Cela va jusqu’à de —11 à —12% chez Conforama, Redcats et Yves Saint Laurent. Comme cela avait déjà été le cas au premier trimestre pour la plupart d’entre elles, le semestre ressort en négatif pour toutes à périmètre comparable. Puma et Gucci Group ne parviennent à faire progresser leur chiffre d’affaires semestriel que grâce à l’ouverture de nouveatotal, les investissementsRedcats indique que «l’activité de La Redoute est toujours très dégradée», avec une chute de 14% pendant le semestre de son activité en France et de 13% à l’international. Autre mauvaise nouvelle, le profit opérationnel de La Redoute, tout comme celui du pôle formé par Vertbaudet-CyrillusSomewhere, «se dégrade». Dans son ensemble, Redcats Group annonce un profit opérationnel courant semestriel de 57 millions d’€ (6,5%), pour un chiffre d’affaires de 1,73 milliard (-7%, dont —9% en comparable). La branche vente à distance de Ppr annonce quand même de bonnes nouvelles, puisque le pôle senior (Daxon) améliore sa rentabilité, de même que la Scandinavie et Redoute International. Par ailleurs, mi-juillet, La Maison de Valérie a vu ses capitaux propres reconstitués. Si Conforama est aussi à la peine, avec un chiffre d’affaires semestriel de 1,33 milliard (-11%), c’est autant à cause de la France que de l’export. Son bénéfice opérationnel courant (31 millions d’€) s’affaisse de 14%. Conforama s’attelle à la réduction de ses coûts, suivant ainsi la tendance générale dans le groupe. Selon le Pdg de Ppr, le groupe «enregistre les premiers impacts des plans d’ajustement de nos coûts». Cependant, la suite des effets est annoncée pour le second semestre et en 2010. 1er septembre 2009 Journal du Textile Puma change d’avis et décide de ne pas tailler dans son réseau PUMA serre les boulons avec mesure. Contrairement à ce qui était jusqu’alors affirmé, la marque de sport «ne prévoit pas une réduction drastique» de son réseau de magasins propres. C’est ce qu’a annoncé Jochen Zeitz, le dirigeant de la filiale de Ppr, lors de la présentation des chiffres du premier semestre. Il n’a cependant pas donné davantage de précisions «en raison de la concurrence». Entre janvier et juin, le groupe a réalisé 17% de son chiffre d’affaires dans ses quelque 130 magasins propres, où les ventes se sont montrées stables. Contrairement aux prévisions pessimistes des observaLE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Gucci Group 26 teurs, le chiffre d’affaires consolidé a progressé de 4%, à 1,3 milliard d’€. Cependant, le bénéfice net a perdu 16%, en raison notamment de réductions des prix et des coûts de la restructuration. Jochen Zeitz continue d’observer 2009 avec retenue, «le climat restant difficile sur le marché». Il s’attend donc à un recul du chiffre d’affaires, le résultat devant cependant se démarquer de manière «nettement positive». Le patron de Puma mise également sur son plan de restructuration (devant notamment assurer des économies de 100 millions d’€ par an jusqu’en 2011) pour repartir de l’avant. Ses espoirs reposent aussi sur la prochaine coupe du monde de football (le groupe est par ailleurs le sponsor de onze équipes nationales africaines), même s’il estime que ses performances dépendront surtout d’une reprise économique mondiale. 1er septembre 2009 journal du textile 27 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Gucci Group Tommy Hilfiger n’en finit pas de faire des bonds en France Lors de son dernier exercice clos fin mars, les ventes de la griffe dans l’Hexagone ont bondi de 45%. La période est faste pour Tommy Hilfiger. La griffe américaine fait des bonds dans le monde (+21% sur l’exercice 2008-2009, clos le 31 mars), et tout particulièrement en France, où les ventes ont crû de 45%. A périmètre non comparable, il est vrai, puisque plusieurs franchises et une boutique en propre (Cannes) ont été ouvertes pendant l’exercice. Pour autant, la performance reste jolie, d’autant qu’à périmètre constant la croissance aurait tout de même été au rendez-vous. «Nous avons une croissance à un chiffre à périmètre comparable», souligne en effet Santiago Cuchy, le directeur général France de Tommy Hilfiger, qui se dit toujours en ligne avec son objectif, doubler le chiffre d’affaires dans les deux ans. La petite entreprise ne connaît donc pas la crise ? «Nous avons encore une croissance à deux chiffres dans nos prises de commandes pour l’hiver prochain, indique Santiago Cuchy. Tout dépendra alors des capacités financières de nos partenaires. On voit aujourd’hui de gros distributeurs qui ferment, d’autres qui freinent leurs projets de développement puisque le système bancaire s’est considérablement resserré.» Fidèle à son credo — développer la marque et augmenter sa visibilité par l’implantation de boutiques à l’enseigne —, le dirigeant a ouvert 5 franchises durant l’année (La Réunion, Nancy, Toulouse, Biarritz et Grenoble) ainsi qu’un corner denim dans une boutique multimarque à SaintEtienne. Soit un réseau de 13 franchises aujourd’hui, bientôt 15 avec l’ouverture imminente d’une nouvelle vitrine à Mulhouse, puis d’une autre à Montpellier (dans le nouveau centre commercial Odysseum). En ligne de mire pour la suivante, non encore signée, le centre commercial La Part-Dieu, à Lyon. En propre, la griffe aligne aujourd’hui 6 boutiques dans l’Hexagone, dont la dernière-née de Cannes. «Nous tablons sur un rythme de 6 ouvertures encore en 2009, indique Santiago Cuchy. La marque a un très fort potentiel, d’autant que son taux de notoriété direct reste très faible. Deux Français sur trois ne connaissent pas encore la marque. Beaucoup de choses sont donc possibles. Les taux de sortie boutique sont excellents. Et les clients d’une boutique reviennent 4 ou 5 fois dans l’année, selon nos statistiques.» L’heure est donc au maillage du territoire, via les emplacements adéquats dans les grandes et moyennes villes en régions. Quant à l’implantation dans Paris intra-muros, Santiago Cuchy espère toujours pouvoir épingler les Champs-Elysées à son tableau de chasse, même si la plus belle avenue du monde est aussi la plus difficile à décrocher : «Rien ne presse, nous avons déjà une boutique rue Saint-Honoré. Pour un second navire amiral, je veux le meilleur, et je peux attendre», souligne le dirigeant. Les points forts de la griffe forment un cocktail effectivement plutôt séduisant : les collections sont équilibrées entre haut et bas, homme et femme, mode et classique, alors que les ventes se répartissent à 60% dans le masculin et à 40% dans le féminin (l’enfant étant intégré dans ces deux grandes familles). Surtout, les prix restent très accessibles pour une griffe de notoriété internationale. «Avec la crise, cela va devenir un argument de poids, note Santiago Cuchy : s’offrir une vraie griffe, qualitative et moins chère que les autres, c’est un bon compromis.» 13 juillet 2009 Journal du textile LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Hilfiger 28 Tommy Hilfiger reste installé sur son petit nuage Les ventes de la griffe américaine ont encore fait un bond de 21% lors de son exercice 20082009, qui s’est terminé fin mars. Le groupe Tommy Hilfiger a réussi son année 2008-2009. Ses comptes, clos le 31 mars montrent une hausse des ventes de 21%, à 1,6 milliard d’€. Et le bénéfice avant impôts, intérêts et autres s’affiche à 270 millions d’€, soit à peu près la même performance que celle de l’exercice précédent. Les coûts de production ont augmenté, notamment le prix de la main-d’oeuvre en Chine. Et cette hausse explique l’absence de croissance du bénéfice. Mais, par les temps qui courent, la direction du groupe ne se plaint pas, bien au contraire. Pour le Pdg du groupe, Fred Gehring, ces résultats «témoignent de la force de la marque», qui a été «moins touchée» que d’autres par la crise économique. Une force qui lui a permis de développer ses pôles jean et vêtements masculins. Fred Gehring ne peut bien sûr nier l’impact de la récession sur ses comptes. Il ne donne pas de détails sur son quatrième trimestre, qui a sans doute été moins bon que le début de l’année. Mais la reprise en main de plusieurs licences — les chaussures en Europe et la licence japonaise — a permis d’arrondir les rentrées financières. En Europe, Tommy Hilfiger enregistre une progression de ses ventes de 14%, à 795 millions d’€. Le fait que la griffe ait une image légèrement «en dessous» du luxe a aidé, concède Fred Gehring. La faiblesse de la livre a encouragé une croissance supérieure à 10% en Angleterre. Et la résistance des consommateurs allemands a soutenu le marché. Du coup, les ventes dans les magasins ouverts depuis plus de un an sur le Vieux Continent ont progressé de 1,3%. Et les nouvelles implantations de la griffe ont fait le reste. Tommy Hilfiger a ouvert sa plus grande boutique européenne à Cologne en mars dernier. En Amérique du Nord, là encore, la marque progresse de 10%, à 636 millions d’€. Tommy Hilfiger profite de sa présence exclusive dans les grands magasins Macy’s, qui représentent un tiers de son activité. Ce très bon client a poussé en avant la griffe avec d’immenses shops-in-shop. Du coup, elle a enregistré une croissance à deux chiffres chez Macy’s. Et Tommy Hilfiger compte y poursuivre son développement en ajoutant une ligne pour enfant à l’ensemble. Le réseau de boutiques Hilfiger en Amérique du Nord a de même bien tenu. Les magasins ouverts depuis plus de un an ont vu leurs ventes croître de 0,7%. Fred Gehring, satisfait de ses performances, reste néanmoins prudent. Il surveille ses stocks de près, garde une bonne trésorerie et ne parle plus d’introduction en Bourse. Le Pdg préfère se concentrer sur l’élargissement de son réseau de magasins. Il y a aujourd’hui 900 boutiques Tommy Hilfiger dans le monde. Et, en septembre prochain, au moment de la Fashion week de New York, un nouveau «temple» aux couleurs bleu, blanc, rouge de la marque ouvrira ses portes sur la 5e Avenue. 29 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Hilfiger Hermès a maintenu ses résultats au premier semestre HERMÈS a maintenu son résultat opérationnel durant le premier semestre 2009. «En dépit d’un environnement difficile, nous avons constaté une bonne tenue du chiffre d’affaires et des résultats», souligne Mireille Maury, directrice générale finances-administration de la maison de luxe. Plus en détail, c’est le deuxième trimestre qui a permis de redresser la barre. Fin juin dernier, le volume d’affaires du groupe s’est élevé à 874,9 millions d’€, en hausse de 7,6% à taux de change courants. Le résultat opérationnel est quasiment stable, à 199,8 millions d’€ (contre 203,8 millions l’année précédente). Toutefois, le résultat net recule de 7%, à 125,4 millions d’€. «Notre capacité d’autofinancement est stable, autour de 169 millions de précise Mireille Maury. Nous avons pâti de la baisse des taux d’intérêt sur nos placements financiers et de la revalorisation des instruments de couverture de change. Fin juin, la trésorerie nette s’élevait à plus de 350 millions d’€.» La direction d’Hermès maintient donc son objectif annuel de stabilité du chiffre d’affaires à taux constants et de légère baisse du résultat opérationnel courant. Le montant des investissements restera le même que les années précédentes, soit autour de 150 millions d’€. «Face aux performances réalisées par notre réseau propre, nous allons principalement concentrer nos investissements sur le développement des boutiques, sans oublier toutefois notre outil de production», ajoute aussi Mireille Maury. Au premier semestre, Hermès a ainsi créé 94 nouveaux emplois, destinés à renforcer les équipes de production et de ventes. Au second semestre, le groupe de luxe se prépare à ouvrir ou à rénover une dizaine de magasins, notamment en Asie et aux Etats-Unis. «L’Europe et la France ont fait de belles performances, avec des croissances à deux chiffres dans certaines grandes métropoles», précise Mireille Maury. La palme revient cependant à la zone Asie-Pacifique, hors Japon, avec un bond de 28%, et à la Chine, qui progresse de 60%.Après Sâo Paulo et Istanbul, la maison du Faubourg-Saint-Honoré inaugurera sa première boutique rive gauche, rue de Sèvres. En attendent, elle s’installera provisoirement rue de Grenelle. 8 septembre 2009 Journal du Textile Hermès a redressé ses ventes Le chiffre d’affaires du groupe de luxe a progressé de 3,9% au deuxième trimestre. HERMÈS continue à bien résister à la crise. Comme l’avait alors annoncé il y a quelques semaines Patrick Thomas, le dirigeant du groupe de luxe, les ventes se sont bien redressées durant le deuxième trimestre. Le chiffre d’affaires a finalement enregistré une progression de 3,9% à taux de change constants (12,2% à données publiées). La maroquinerie et la sellerie ont fait des bonds de 21%, tandis que les vêtements et les accessoires ont progressé de 5,4%. Les textiles et la soie doivent se contenter de 4,3%. Sur l’ensemble du semestre, le chiffre d’affaires est donc stable par rapport à celui du premier semestre 2008. Il progresse de 7,6% à taux de change courants. En termes de distribution, ce sont toujours les magasins du groupe qui tirent la croissance, avec une progression de 9% (12% au deuxième trimestre). A contrario, les ventes en gros décrochent de 22%. Stratégie maintenue Côté métiers, l’activité a été tirée par la maroquinerie et la sellerie (+15,7%), les carrés de soie et les accessoires de mode (+1,2%). Sur l’ensemble du semestre, les vêtements et les accessoires sont quasiment stables (-0,5%). En matière de répartition des ventes par zone géogra- phique, seules la France (+0,7%) et l’Asie (+4,7%) s’inscrivent en positif. Le Japon et l’Europe voient leurs ventes reculer respectivement de 9,9 et 2,8%. La tendance observée lors de ce premier semestre conforte Patrick Thomas dans ses objectifs pour l’ensemble de l’année. Prudent, le dirigeant préfère tabler sur une stabilité du chiffre d’affaires à taux constants et sur une légère baisse du résultat opérationnel courant. La stratégie de développement du réseau de distribution reste cependant maintenue. Après l’ouverture au premier semestre de 5 nouvelles boutiques (2 aux Etats-Unis, Angleterre, Chine, Corée), Hermès s’apprête à ouvrir ou à rénover plus d’une dizaine de points de vente, notamment en Asie et aux Etats-Unis. Par ailleurs, la griffe se félicite d’inaugurer dans quelques jours sa première boutique au Brésil, à Sâo Paulo, dans le centre commercial Cidade de Jardim. L’installation de la marque dans le pays avait été retardée durant de nombreuses années en raison d’une bataille juridique avec une boutique locale, qui s’était attribué le nom d’Hermès et l’avait même déposé. LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Hermes 30 Avant la publication prochaine des résultats du premier semestre, cette rentrée est aussi marquée par l’arrivée de Beatriz Gonzalez-Cristobal à la direction générale du groupe, en remplacement de Christian Blanckaert, désormais président de Petit Bateau et par ailleurs conseil auprès du groupe Epi, spécialisé dans le prêt-àporter haut de gamme. L’ex-directrice commerciale générale du groupe de luxe était auparavant directrice d’Hermès Espagne. 1er septembre 2009 Journal du Textile Hermès :vol plané au-dessus de la crise Alors que tous les secteurs subissent les conséquences de la crise, le fabricant de produits de luxe proclame une hausse «meilleure que prévu» pour le premier semestre, tablant sur une année 2009 dans le vert. Au 24, faubourg Saint-Honoré, l’heure est aux réjouissances: lors du semestre qui vient de s’achever, Hermès a enregistré une hausse de son chiffre d’affaires de 7,6%, à 874,9 millions d’euros, grâce à des ventes supérieures aux attentes au deuxième trimestre. Les ventes ont augmenté de 12,2% d’avril à juin contre une hausse de 3,2% le trimestre précédent. Le créateur du Kelly bag à 5.000 euros peut donc se prévaloir d’une croissance stable et même légèrement positive (+0,4%) en taux de change constant d’une année sur l’autre. « Nous espérons la même évolution au second semestre», confirme ainsi Mireille Maury, directeur financier. Cet optimisme s’est répercuté en Bourse où l’action prenait 2,29% à 44,27 euros en début de séance. Les résultats sont pourtant contrastés en termes d’activités et de régions. Si les fameux sacs à main et carrés de soie, qui sont distribués dans les magasins Hermès, voient leur consommation s’envoler de 18% sur le premier semestre, les ventes en gros (parfums, arts de la table ), plus affectées par la conjoncture économique, ont chuté de près de 20%. Ouverture de cinq succursales Les résultats ont également confirmé l’importance croissante du marché international pour la maison de luxe, qui réalise un quart de son chiffre d’affaires en Asie, où ses ventes ont grimpé de 26% ce trimestre. Or, dans cette région, les produits les plus appréciés sont essentiellement ceux qui ont contribué à créer l’image de marque, basée sur la tradition et le travail artisanal. Ce sont donc la maroquinerie et les accessoires consommés en Asie qui tirent l’activité du groupe. Au Japon, en revanche, ses ven tes courantes sont en forte hausse mais quasi neutres en constant (0,4%), à cause de la forte dévaluation du yen par rapport à l’euro. Hermès semble s’assurer une bonne stabilité sur les marchés européen et américain où son chiffre d’affaires continue doucement d’augmenter (+5% en France). Dans un contexte de crise où le secteur du luxe souffre des coupes dans les dépenses jugées superflues, Hermès semble faire exception. Fidèle à l’adage de son gérant, Patrick Thomas , « grandir plutôt que grossir », et forte du fait que c’est dans ses magasins qu’il réalise le gros de son chiffre d’affaires (les trois quarts), Hermès a investi ce semestre 170 millions d’euros dans l’ouverture de cinq succursales. 22 juillet 2009 les echos 31 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Hermes Hermès va se baigner dans la piscine Lutetia La griffe s’offre un espace de 2.500 m2 HERMÈS fait le grand plongeon. Historiquement installée à Paris rive droite (rue du faubourg-Saint-Honoré et avenue George-V), la griffe de luxe française pose un pied rive gauche dans le quartier Saint-Germain-desPrés. Et elle n’y va pas du bout de l’orteil ! Pour ce franchissement de la Seine, Hermès s’empare de 2.500 m2 rue de Sèvres, en lieu et place de l’ancienne piscine Lutetia. Une adresse en or massif, face au Bon Marché, à deux pas du boulevard Raspail. Là où Dorothée Bis avait élu domicile dans ses belles années. L’espace, gigantesque, se répartit en trois niveaux : un rez-de-chaussée doté de trois vitrines et deux niveaux inférieurs. Une grande verrière sur cour éclaire ces entresols, dont les mosaïques blanches et or devraient être réhabilitées, comme les différentes galeries. Le bâtiment, datant des années 1930, est en effet classé monu ment historique. L’ouverture pourrait avoir lieu courant 2010. 16 juin 2009 Journal du Textile Hermès: des racines et des ailes Qu’est-ce que le luxe ? Une inutile bulle de savon, plein de de rêves et de fantasmes, ou le dernier refuge de l’homme d’exception dans un monde livré à la vulgarité de la société de consommation ? Probablement l’un et l’autre. Comme la culture, le cinéma ou la musique, le luxe est un monde pluriel. On y côtoie de purs artisans et de grands industriels, des inconditionnels du produit sur mesure et hors de prix, et des aficionados du shopping frénétique, collectionneurs de marques et de bonnes affaires. Et puis entre les deux,il y a Hermès. Une marque et une organisation mondiale, des sacs et des foulards vendus sur les quatre continents à des prix souvent stratosphériques. Un groupe qui emploie 8.000 personnes, s’approche des 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires et sa marge dépasse les 25 %. Un grand du métier, rivalisant avec des géants comme LVMH (propriétaire des «Echos »), Chanel ou Prada. Et puis, derrière la devanture du prestigieux magasin du 24, faubourg Saint-Honoré, siège historique du groupe, s’ouvre une autre facette. Des dizaines d’ateliers affairés où chaque artisan fabrique entièrement à la main son propre sac et y appose sa signatu re. Comme au XIX e siècle, comme avant l’invention de la machine à coudre et du travail à la chaîne. De l’artisanat à grande échelle, à l’ère d’Internet et du laser. Pour cela, Hermès s’est appuyé sur les deux solides piliers de sa maison : l’obsession de la tradition et la créativité. Et, pour incarner ces deux pôles difficilement compatibles, deux figures d’exception. Le fondateur d’abord, Thierry Hermès, un Alsacien, protestant et pointilleux,qui s’est installé dans les beaux quartiers de Parisen 1927, sur le boulevard de la Madeleine, là où passaient en calèche les belles en crinoline. Dès le départ, son obsession sera de concevoir et fabriquer les plus beaux harnachements pour ces somptueuses voitures à cheval. Du harnais il passe à la selle, puis son fils imaginera le sac pour transporter la selle. Les fondations sont posées. Elles ne bougeront plus. Depuis, les ateliers se sont agrandis, ont quitté Paris pour la banlieue ou la province, mais les procédés restent les mêmes. Le même fil de lin gainé de cire d’abeille avec une aiguille à chaque bout pour passer deux fois dans les mêmes trous (le point sellier hérité du cheval). Hermès emploie plus de 2.000 artisans cuir en France, sur un effectif total de 8.000 personnes. Il leur faut une dizaine d’années avant de savoir coudre un sac parfaitement en une quinzaine d’heures, sans machine. L’autre figure vénérée, plus encore même que le fondateur, c’est son petit-fils, Emile-Maurice,dit Emile. Dès le début du XX e siècle, il va négocier à la fois la disparition progressive du cheval et la diversification de l’entreprise vers le sac de dame, les foulards en soie, dérivés des casaques des jockeys, et les parfums. Il parcours le monde, ouvre un premier magasin à New York, qui fera faillite avec la crise de 1929. Qu’importe, il fait d’Hermès l’une des figures du luxe à la française. Mais une figure dont la créativité reste très encadrée. Le best-seller de la firme,aujourd’hui,le sac Kelly, est un dérivé du premier sac«haut à courroie» de 1900, adapté pour les femmes dans les années 1930 puis rebaptisé après guerre pour profiter de l’engouement autour de la nouvelle princesse de Monaco, Grace Kelly. Il existe des milliers de versions différentes du Kelly, dans tous les cuirs, toutes les couleurs, toutes LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Hermes 32 les tailles. Et les bons clients sont encouragés à donner leurs idées et commander des modèles spéciaux qui enrichissent la collection. Quand les designers veulent concevoir de nouveaux motifs pour les fameux carrés de soie, ils ne manquent pas de visiter le petit musée du faubourg Saint-Honoré, éternelle source d’inspiration. La troisième étape du développement sera l’oeuvre de Jean-Louis Dumas, représentant de la cinquième génération. Il profitera du développement extraordinaire de l’industrie du luxe dans les années 1980 et 1990 pour exporter son modèle dans le monde entier et passer de la PME à la grande entreprise. Aujourd’hui, Hermès produit presque toute la gamme des objets de luxe classiques: de la maroquinerie, de la soie, des vêtements, du parfum, des montres, des bijoux et même de la porcelaine et des objets de décoration. Mais le coeur reste le sac, à la fois en termes de chiffre d’affaires et de rentabilité. D’ailleurs,à la faveur de la crise, l’activité maroquinerie, qui représentait 40 % des ventes l’an dernier, a repassé la barre des 50 %. C’est sa force et sa fragilité. Car Hermès, comme les autres, souffre dans certains pays, comme le Japon, et sur certains produits,comme l’horlogerie. Un domaine où sa notoriété est moins grande et où il ne vend pas en direct mais par l’intermédiaire de distributeurs qui, en ce moment, réduisent fortement leurs stocks. Au début de cette année 2009, les ventes de montres et de vaisselle ont chuté de près de 30%, quand les ventes de sac sen cuiront progressé, selon les analystes,de plus de 20%. Car, comme dans la plupart des maisons de luxe, le modèle parfait exige une intégration verticale totale, de la matière première au magasin de vente. C’est à cette condition que l’on peut garantir la qualité et dicter son prix qui doit en être le reflet. Aujourd’hui, sur les 286 magasins dans le monde, ceux en propre (les succursales) représentent 80 %des ventes. L’histoire et les personnalités ont donc façonné un modèle probablement unique au monde d’artisanat de luxe à grande échelle, qui n’a jamais cédé aux sirènes de l’industrialisation ou de la délocalisation qui ont caractérisé l’essor de ce que certains ont appelé le prestige de masse, le «masstige ». Ce modèle Hermès, habilement mis en valeur avec force marketing, présente l’avantage d’une grande stabilité dans le temps, due à la fidélité de ses clients. Ces quinze dernières années, la croissance moyenne a été de 12 %par an,sans grande variation, et el le devrait être nulle cette année quand la plupart de ses concurrents voient leurs ventes baisser fortement. Ce qui lui permet de maintenir ses décisions d’investissement dans de nouveaux magasins, notamment en Chine. A contrario,cela contraint la société à la plus grande prudence en ce qui concerne sa croissance. «Nous avons peur de grandir et de ne pas grandir», résumait Jean-Louis Dumas. «Grandir plutôt que grossir » , assure son successeur Patrick Thomas,qui plaide pour de la croissance en valeur mais pas en volume. Hantise de la banalisation qui a empêché la société d’industrialiser sa fabrication pour répondre à la demande qu’il n’arrivait pas à satisfaire. Il a préféré les listes d’attente moins démocratiques... Cette posture est-elle tenable dans la jungle actuelle, où les grands du métier se sont lancés depuis dix ans dans une course folle aux acquisitions? A l’écart de cette fureur, la maison Hermès investit prudemment dans un tanneur, un soyeux lyonnais ou un horloger suisse, sans précipitation, comme si elle avait l’éternité devant elle. En fait, personne n’ignore dans le métier que le ciment de cet écrin de luxe est la solidité de l’actionnariat familial, regroupé dans la société holding Emile Hermès. Une structure de commandite qui tient le pouvoir absolu, avec 72 %du capital, de l’entreprise cotée (à la différence de Chanel ou Prada). Mais il en est des familles comme des entreprises, leur puissance et leur solidité s’émousse avec le temps. Modèle unique, Hermès est aussi une espèce menacée par la violence des temps modernes. 24 juin 2009 les echos Les chiffres clefs Chifre d’affaires: 1,8 milliard d’euros (+8,6%). Marge opérationnelle: 25,5%. Résultat net: 290 millions d’euros. l Activités: cuir (43 %), vêtements (19%), soie (12%), parfums (7%), horlogerie (5 %), arts de la table (3%). l Efectif: 8.000 personnes. 33 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Hermes Les points forts Une marque synonyme de très haute qualité. A réussi à préserver sa fabrication artisanale. Des magasins en propre dans le monde entier. Maîtrise des prix et de la rentabilité. Une vision à long terme. Les points faibles Encore très dépendant du marché des sacs en cuir. Soufre au Japon (22 %des ventes). Modèle dépendant de la solidité du pacte familial. Le déstockage intensif des distributeurs a affecté Hermès La griffe a connu un premier trimestre mitigé. HERMÈS n’est plus épargné par la crise. Si les ventes en valeur résistent, avec un chiffre d’affaires qui s’établit au premier trimestre 2009 en progression de 3,2% (à taux de change courants), le volume est en recul de 4,7% à taux de change constants. Mais l’évolution des taux de change a en fait représenté un impact positif sur le chiffre d’affaires de l’ordre de 33 millions d’€. Les magasins du groupe affichent une croissance de 16% à taux de change courants (6% à taux de change constants). A contrario, l’activité dans les réseaux spécialisés subit de plein fouet les effets de la crise, qui se traduisent principalement par une grande frilosité des acheteurs. Les ventes en gros ont ainsi décroché de 27%. L’activité du premier trimestre 2009 a été plus particulièrement tirée par les carrés en soie (+5,6% pour la catégorie soie et textiles), les accessoires de mode (+2,3% pour les vêtements et accessoires) et la division maroquinerie et sellerie (+21,7%). A l’inverse, les parfums (-28,7%), les montres (-29,5%) et les arts de la table (-27%) subissent la crise de plein fouet. Hermès, comme les autres griffes de luxe,/ ressent actuellement la politique de déstockage des distributeurs, même si certains produits sont épargnés, comme par exemple le parfum Terre d’Hermès. Du côté des zones géographiques, ce sont la Chine et la Corée qui affichent les plus belles performances (+25% pour la zone Asie-Pacifique hors Japon), quand l’Europe recule de 5,6%. La zone Amériques s’en tire plutôt bien, avec une hausse de 6,1% (-5,3% à taux de change constants). Malgré ce premier trimestre mi-figue, mi-raison, la direction d’Hermès maintient néanmoins son objectif de stabilité pour l’ensemble de l’exercice. Elle réaffirme par ailleurs que le montant des investissements restera soutenu et conforme aux objectifs initiaux. La griffe a prévu cette année l’ouverture ou la rénovation de plus d’une vingtaine de magasins, notamment en Asie et aux Etats-Unis. Hermès a perdu son architecte Rena Dumas, fondatrice et dirigeante du cabinet d’architecture Rdai et épouse de Jean-Louis Dumas, qui a présidé la maison Hermès durant vingt-huit ans, est décédée des suites d’un cancer à l’âge de 72 ans. Discrète, Rena Dumas n’en était pas moins très attachée et fidèle à la maison Hermès Elle a notamment conçu l’intérieur de près de 300 boutiques à travers le monde et signé, il y a deux ans, la rénovation et l’agrandissement de la boutique historique de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris. Son travail cherchait toujours à concilier la lumière et le caractère intime et convivial des intérieurs qu’elle concevait. Loin de l’anecdote et de l’éphé mère, ses projets défendaient une certaine image du luxe, du temps qui s’arrête, en favorisant le plaisir à occuper des espaces baignant de douceur. D’origine grecque, Rena Dumas était diplômée de l’Ecole nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art de Paris. Après avoir travaillé avec l’architecte André Wogenscky, puis dirigé l’agence parisienne de Robert Anxionnat, elle ouvre, en 1972, son propre cabinet, Rena Dumas Architecture intérieure (Rdai). Elle supervise alors de nombreux projets pour la Marine, pour des banques ou des sièges sociaux d’entreprise. Plus récemment, elle a signé l’aménagement de l’hôtel Pergolèse à Paris, de la salle des ventes de Christie’s, ainsi que du siège parisien d’Artémis, la société holding de François Pinault. Rena Dumas a aussi dessiné des sièges, des meubles pliants et des objets, pour Ercuis et Saint Louis, entre autres. 19 mai 2009 Journal du Textile LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Hermes 34 Hermès affecté par le déstockage des distributeurs Le groupe familial a vu son chiffre d’affaires fléchir de 4,7 % à taux constant au premier trimestre. Un recul lié à la baisse des commandes des distributeurs spécialisés. Dans ses magasins, l’activité est en hausse de 10 %. Hermès, la célèbre maison du faubourg Saint-Honoré, est à son tour rattrapée par la crise. Le groupe familial de luxe a vu son chiffre d’affairesreculer de 4,7 % à taux de change constant sur le premier trimestre, à 428,4 millions d’euros, tandis qu’il a progressé de 3,2 % à taux courant. La première baisse à taux comparables depuis 2001, selon les analystes de la Société Générale. Ce sont ses ventes auxréseauxde distribution spécialisés, de parfums ou de montres notamment, qui ont pénalisé la maison. En plein déstockage, ces chaînes ont réduit de 27 % leurs commandes. L’activité dans les magasins d’Hermès, qui pèse pour les trois quarts du chiffre d’affaires, est en revanche en croissance de 10 % à taux de change constant. «Excepté au Japon, dans nosmagasins, lesventessontpartout en hausse, précise Patrick Thomas, le gérant d’Hermès. Elles ontprogressé de 10 % en Europe, 28 % en Asie, et 2 % aux EtatsUnis. Nous sommes certes habitués à faire mieux, mais c’est quand même pas malau vu decettecriseterrible. »Au Japon (22% des ventes), qui est devenu pour la première fois sur ce début 2009 le second marché du groupe, derrière l’Asie -Pacifique (23 %), l’activité a chuté de 19 %. Hermès a mis en place une série d’initiatives pour relancer l’activité dans le pays, et notamment la reprise en direct de concessions. En termes de métiers, la demande pour ses sacs Kelly ou Birkin à 4.000 euros prix de départ ou de ses célèbres carrés de soie reste soutenue (+ 10 % en constant). En revanche, celle desparfums, «malgré le succès de Terre d’Hermès», s’est effondrée de 30 %, comme celle de l’horlogerie et des arts de la table. Malgré ces secousses, le sellier maintient sa stratégie. Il a prévu l’ouverture de 20 magasins en 2009, notamment en Asie et aux Etats-Unis, soit quelque 160 millions d’euros d’investissement. Du coup, pour l’ensemble de l’exercice, «Hermès prévoit une stabilité du chiffre d’affaires à taux constantqui va se traduire par une légère dégradation de la rentabilité», reprend Patrick Thomas, qui se dit toutefois confiant : «Je suis un optimiste qui prévoit toujours lepire. » La marge opérationnelle courante avait atteint 25,5 % en 2008. Pour autant, même si le cours de la maison a un peu baissé jeudi, elle reste une des valeurs qui résistent le mieux, alors que le marché du luxe plonge. Sur un an, son cours a grimpé de 11 %, et de 25 % sur les trois derniers mois. Outre son image de valeur refuge, Hermès continue de bénéficier régulièrement de rumeurs de vente par ses actionnaires familiaux. «Aucune modificationdu capitaln ’estprévue, reprend le gérant. Il y a depuis quinze ans des rumeurs de rachat par L VMH, et ce dernier n ’a toujours pas acheté une de nos actions. » 11 mai 2009 Les Echos 35 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Hermes HERMÈS INTERNATIONAL. Les ratios élevés justifient des prises de bénéfices LES FAITS. C’est jeudi que le groupe de luxe a dévoilé ses facturations au 31 mars. Elles ont crû de 3,2%, à 415,1 millions d’euros, grâce à un effet devises favorable de 33 millions. A taux de change constants, l’activité a reculé de 4,7 %. La société attend toujours une stabilité de son chiffre d’affaires pour l’année. L’ANALYSE. L’évolution des ventes d’Hermès témoigné malgré tout d’une certaine solidité, si l’on se sou vient que le premier trimestre 2008 constitue une base de comparaison très élevée, avec une croissance interne de 14,1 %. Le chiffre d’affaires montre également des contrastes comme le groupe n’en a guère connu, y compris par circuit de distribution. Ainsi, dans ses propres magasins, Hermès voit-il toujours son chiffre d’affaires progresser, même à monnaies constantes, de 6%, ce qui valide sa stratégie d’investissements importants dans ses boutiques. Les ventes à destination des détaillants, qui concernent les montres, les parfums et les arts de la table, ont chuté de 27 %. Par métier, seule la maroquinerie (près de 41% des facturations d’Hermès) a conservé une croissance interne sensible, de 10,2%. Par pays, on relève un contraste frappant au sein même de l’Asie : les ventes au Japon ont plongé de 19,3 %, mais bondi de 18,3 % pour le reste du continent en devises locales. VENTE PARTIELLE. L’action s’est hissée autour de 100 €, ce qui la valorise au niveau exorbitant de 38 fois le bénéfice estimé pour 2009. Même si le métier principal leste solide, on en profitera pour s’alléger un peu, surtout ceux qui ont suivi nos conseils d’achat sur repli au-dessous de 70 €, possible en février. PROCHAIN RENDEZ-VOUS : 2 juin 2009, assemblée générale. 9 mai 2009 Investir LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Hermes 36 Hugo Boss met l’accélérateur sur ses ventes en ligne ALORS QUE SON CHIFFRE D’AFFAIRES A BAISSÉ HUGO BOSS continue de marquer son territoire sur Internet. Encouragé par les performances de ses premières boutiques en ligne, le leader allemand prépare des lancements en Scandinavie, au Benelux et, surtout, aux Etats-Unis. Dernière-née de la galaxie web de Hugo Boss (après la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et l’Allemagne), l’e-boutique française mise en ligne fin mai connaît une évolution très positive, selon les responsables de la marque. Mais, outre le lancement de sites en ligne, l’entreprise allemande confie également se concentrer sur l’ouverture de nouveaux magasins, tout en gardant un oeil sur les points de vente exis tants. Lors du premier semestre, le groupe a ainsi fermé treize surfaces jugées non rentables. Le réseau propre est l’un des seuls domaines qui aient progressé au cours des six premiers mois (+8%). En revanche, les ventes en gros ont plongé de 10%. Une nouvelle contre-performance qui a alors tiré le chiffre d’affaires semestriel vers le bas (-5 %, à 788 millions d’€). En Europe, où la baisse a atteint 8% (à 540 millions), seule l’évolution sur les marchés français (+3%, à 77 millions) et du Benelux (+7%, à 72 millions) a été jugée satisfaisante. En Europe de l’Est, en revanche, les responsables du groupe expliquent que les pro blèmes de financement ont entraîné un effondrement des ventes de 35%. En revanche, sur le continent américain des effets de change favorables ont permis d’enregistrer une progression de 4% (à 148 millions d’€). Par ailleurs, la restructuration que poursuit Hugo Boss a particulièrement influencé l’évolution du bénéfice net. Celui-ci s’est inscrit en baisse de 19%, à 47,7 millions d’€. Pour le groupe d’habillement allemand, 2009 «reste une année très difficile en raison de la situation économique». Tl table donc sur un chiffre d’affaires en recul, qui ne repartirait à la hausse qu’en 2010, avec l’amélioration espérée du climat économique. 1er septembre 2009 Journal du Textile 37 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Hugo Boss Mode: John Galliano accorde une licence de cinq ans à IT Holding Le groupe de luxe italien IT Holding, placé sous tutelle en raison de difficultés financières, a annoncé dans un communiqué avoir obtenu la production sous licence pour cinq ans des secondes lignes de prêt-à-porter de la marque John Galliano. Selon cet accord signé avec la John Galliano SpA (qui produit, distribue et gère les licences des produits John Galliano), IT Holding voit renouveler sa licence pour la seconde ligne femme qu’il avait obtenue en 2006, et obtient également celle de la seconde ligne homme. IT Holding, qui détient notamment la licence des griffes Gianfranco Ferré, Just Cavalli, Malo ou encore Versace Sport, a été placé sous tutelle en février dernier en raison de son endettement. Trois commissaires extraordinaires ont été nommés pour gérer IT Holding et sa maison mère Ittierre, également placée sous tutelle, dans l’attente d’une restructuration ou d’un rachat. 28 juillet 2009 les echos EN ATTENDANT LE PLAN DE RELANCE : Les filiales d’It Holding s’activent En attendant la présentation du plan industriel de sauvetage de IT Holding, les différentes filiales du groupe de luxe italien, placé sous administration extraordinaire il y a trois mois, poursuivent activement leur politique de développement. C’est le cas de la griffe Gianfranco Ferrè, qui a signé un accord de partenariat avec le joaillier italien Damiani pour le lancement d’une collection de bijoux, qui sera inaugurée en septembre prochain à l’occasion de la Semaine des cré4teurs de Milan. Sous la houlette de secréateursylistes, Roberto Rimondi et Tommaso Aquilano, la griffe vient également de créer un nouveau logo, en forme de tête d’épingle à nourrice, un objet que son fondateur, l’«architecte» Gianfranco Ferrè, portait toujours sur lui. «Le logo est indispensable pour favoriser la transformation d’une griffe en marque globale. Il signera désormais nos produits et notre image», observe Michela Piva, dirigeante de Gianfranco Ferrè. La filiale Ittierre, l’entreprise spécialiste de la production de lignes d’habillement griffé pour jeunes, est, elle aussi, de la partie. Elle vient de renouveler pour dix ans son alliance avec Costume national pour la marque C’n’c Costume national. Cette signature suit de quelques semaines le renouvellement de son accord avec Roberto Cavalli pour la production et la distribution, durant cinq ans, de Just Cavalli. En outre, IT Holding vient de renforcer sa direction, avec l’arrivée de deux nouveaux dirigeants de poids : Matteo Suppancing s’est installé au poste de directeur général de Ittierre, vacant depuis décembre dernier, tandis que Roberto Gigli a été nommé directeur général des opérations pour les sociétés Ittierre, Malo et Gianfranco Ferrè. Les deux hommes possèdent une longue expérience dans le secteur de la mode. Ex-dirigeant de Benetton, puis d’Escada et de Hugo Boss Italia, Matteo Suppancing était plus récemment à la tête de la marque italienne de maroquinerie Valextra, dont il a piloté avec succès la politique de relance et de repositionnement. De son côté, Roberto Gigli provient du groupe Aeffe, où il exerçait déjà les fonctions de directeur général des opérations. Auparavant, il a travaillé chez Valentino et chez Gilmar. Le trio de commissaires-administrateurs (Andrea Ciccoli, Stanislao Chimenti et Roberto Spada), nommé il y a trois mois à la tête de IT Holding, juge important ce renforcement de l’équipe de-direction, qui va permettre de mieux géde directionage délicat de la restructuration et le plan de développement de nos marques». Grâce au financement de 30 millions d’€ obtenu en février dernier, toutes les usines du groupe IT Holding — situées à Bologne (pour le prêt-à-porter signé Gianfranco Ferrè), à Piacenza, à Florence et à Isernia —ont repris leur activité. Gianfranco Ferrè a ainsi pu développer une précollection de prêt-à-porter pour l’hiver prochain, qui sera vendue dans son réseau de boutiques à l’enseigne. Les rumeurs, voire les élucubrations, sur l’avenir de IT Holding vont néanmoins bon train. De leur côté, les trois commissaires se gardent de tout commentaire. Ils ne donnent pas non plus d’indications chiffrées sur les ventes de ce début d’année — «C’est beaucoup trop tôt», assure Andrea Ciccoli —, mais se disent confiants pour l’avenir : «Ces moments difficiles nous ont permis de mûrir. Nous sommes désormais plus tranquilles.» LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - IT Holding 38 Deux options sont envisagées : la restructuration de l’ensemble du groupe (ce projet serait cher au ministre italien du Développement économique et de l’Industrie, Claudio Scajola) ou la relance d’Ittierre et la cession de Gianfranco Ferrè et de Malo. Plusieurs offres d’achat auraient d’ailleurs été déposées sur le bureau des commissaires, en particulier pour Gianfranco Ferrè, une marque «pleine de vitalité, promise à un grand futur», selon Andrea Ciccoli. «Rien n’est défini. Nous travaillons actuellement au programme, qui peut aussi prévoir un mélange de toutes ces solutions», précise-t-il. Initialement prévue pour la fin de juillet, la présentation de ce plan de relance industrielle pourrait être reportée à septembre. 2 juin 2009 Journal du Textile 39 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - IT Holding Christian Lacroix : «contacts» entre Borletti et Falic pour un plan commun L’administrateurjudiciaire chargé du dossier Christian Lacroix, Régis Valliot, «tente un rapprochement» entre les frères Falic, propriétaires de la maison de couture en redressement judiciaire, et le groupe Borletti (Le Printemps, La Rinascente), candidat à sa reprise. Un plan commun est «envisagé », selon son cabinet, après des contacts établis depuis la fin août. Mais rien ne garantit que ces discussions aboutiront. Dans sa version initiale, le plan Falic prévoit 112 suppressions d’emplois sur 124 et le maintien des licences, la haute couture et le prêt-à-porter étant supprimés. Celui de Borletti comme des deux autres repreneurs potentiels misent sur le maintien d’une cinquantaine d’emplois. Parmi eux figurent Bernard Krief Consulting (BKC) et le holding de l’homme d’affaires Prosper Amouyal, la Financière Saint-Germain (Haviland, Daum, Lalique). les echos mardi 8 septembre 2009 La Financière Saint-Germain candidate à la reprise de Lacroix Le holding de l’homme d’affaires Prosper Amouyal, la Financière Saint-Germain (Haviland, Daum, Lalique), est candidate à la reprise de la maison de couture Christian Lacroix, en redressement judiciaire, a-t-on appris hier. La Financière Saint-Germain a déposé son offre dès le 6 juillet, date butoir initiale pour le dépôt des offres de reprise, a-t-on indiqué au cabinet de l’administrateur judiciaire Régis Valliot. Elle était alors la seule candidate, a-t-on précisé. La date limite a été repoussée au 27 juillet pour permettre à d’autres repreneurs de se faire connaître. Trois autres candidats ont alors déposé leur dossier: le groupe italien Borletti (Le Printemps, La Rinascente), associé à Christian Lacroix, le cabinet de conseil Bernard Krief Consulting (BKC) et «deux inconnus» avec une offre «inconsistante» à 1 euro,selon l’administrateur judiciaire. 30 juillet 2009 les echos MODE L’italien Borletti s’allie au créateur Lacroix : offre de reprise du propriétaire du Printemps Rebondissement dans le processus de reprise de la maison de haute couture Christian Lacroix : alors que Bernard Krief Consulting avait été le seul à se déclarer ces derniers jours, le groupe familial italien Borletti, propriétaire du groupe Le Printemps et actionnaire des grands magasins La Rinascente, a déposé à son tour une offre de reprise, en association avec Christian Lacroix. Offre jugée plus solide par l’administrateur judiciaire. 28 juillet 2009 les echos Reprise de Christian Lacroix :l’italien Borletti entre en scène Christian Lacroix, au bord du gouffre, n’a finalement pas trouvé un mais trois repreneurs potentiels. Coup de théâtre: le favori ne serait pas Bernard Krief Consulting mais l’italien Borletti, allié au créateur lui-même. Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand parlait de «désastre culturel» si Christian Lacroix venait à dispa raître. Après une chute de 25 % de son chiffre d’affaires à 30 millions d’euros en 2008, un défilé de 24 modèles auquel les mannequins avaient participé gracieusement, la mise en redressement judiciaire de Christian Lacroix début juin semblait signer les adieux du couturier. Or, l’administrateur judiciaire en charge du dossier, Régis Valliot, a annoncé hier avoir reçu trois offres de reprise. Bernard Krief Consulting (BKC), le seul à s’être déclaré par avance, était déjà pressenti comme le futur actionnaire de la prestigieuse PME dont il comptait « multiplier par cinq le chiffre d’affaires en cinq ans». Mais les jeux sont loin d’être faits: hier, le groupe italien Borletti associé pour l’occasion à Christian Lacroix, actionnaire de la chaîne La Rinascente, et qui possède les 17 magasins Le Printemps depuis 2006, a fait une offre jugée «engageante»par Régis Valliot. L’administrateur a ajouté que celle de BKC était « peu LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Lacroix 40 satisfaisante tant sur le plan financier que sur le plan social». Louis Petiet, PDG de Bernard Krief Consulting, veut garder environ la moitié des 125 salariés. Cet après-midi, Christian Lacroix sera reçu par le ministre de l’Industrie, Christian Estrosi, pour détailler son projet. Si l’administrateur judiciaire montre une nette préférence pour un scénario à l’italienne, Louis Petiet, lui, ne se dit pas inquiet. Borletti et BKC étaient récemment en discussion pour une éventuelle coopération autour du rachat de Christian Lacroix, mettant à profit les méthodes du français et les réseaux de distribution de l’italien, révélait-il hier aux « Echos ». Décision du tribunal en septembre Les jeux restent ouverts pour le redresseur d’entreprises, qui se dit prêt à améliorer son offre. Les prétendants sont encore très en amont du processus, rappelle-t-il: le tribunal de commerce de Paris rendra sa décision en septembre au plus tôt. Pour lui, d’autres rebondissements ne sont pas à exclure: «Tout dépend de la troisième offre, car s’il s’agit d’une offre de continuation des frères Falic (actuels actionnaires, NDLR) alors ils auront la priorité sur nous», ajoute-t-il. Bernard Krief Consulting, qui a réalisé 19 acquisitions en deux ans et a beaucoup fait parler de lui avec les récentes reprises de DMC et d’Heuliez, semblait jusqu’à hier favori. Louis Petiet, par ailleurs maire de Verneuil-sur-Avre (Eure) et conseiller général UMP, confie que Patrick Devedjian, ministre de la Relance, lui aurait donné l’idée de racheter la célèbre maison. « Pourquoi est-ce que vous n’iriez pas sur Christian Lacroix ? », lui aurait-il soufflé. BKC a ainsi monté une offre de reprise de la société qui «touche quand même au patrimoine français », comme le rappelle Guillaume Martin, du cabinet d’expertise Méric et Associés. Fidèle à son modèle « low cost» , il comptait mener une stratégie de réduction des coûts et de développement du prêt-à-porter, tout en gardant une signature haut de gamme. « La haute couture, ça perd de l’argent», explique Guillaume Martin, il faut donc assurer d’autres lignes plus commerciales. Christian Lacroix en dates La maison de couture a été créée en 1987 avec l’appui de LVMH. Le numéro un mondial du luxe l’a vendue en 2005 à Falic, le groupe américain spécialisé dans le commerce en « duty free ». Christian Lacroix emploie 125 salariés. La maison, qui a eu 11 PDG en vingt-deux ans , n’a jamais fait de bénéffce. Elle a accusé une perte de 10 millions d’euros en 2008 , pour un chifire d’afiaires de 30 millions. Placée en redressement judiciaire en juin 2009, elle a trois repreneurs qui se sont manifestés le 27 juillet. 28 juillet 2009 les echos Christian Lacroix va proposer un plan de continuation La maison de couture vient de se déclarer en cessation de paiements. La crise a creusé ses pertes. Et elle n’est pas parvenue à trouver de nouveaux partenaires financiers. La crise a fait trébucher l’un des plus célèbres couturiers français. La maison Christian Lacroix vient de se déclarer en cessation de paiements auprès du tribunal de commerce de Paris, comme l’a révélé hier « Le Figaro ». Ses actionnaires vont proposer la semaine prochaine un plan de continuation pour assurer le maintien de l’activité. La société doit en particulier trouver des moyens pour réaliser sa prochaine collection de haute couture, dont le défilé est prévu en juillet. Investissements aux Etats-Unis Depuis son achat en 2005 par l’américain Falic, spécialiste du duty free, la société, qui emploie 125 salariés, n’est pas parvenue à • revenir à l’équilibre. Et le ralentissemet mondial a réduit ses efforts à néant. Elle a vu ses ventes ramenées à 30 millions d’euros en 2008, contre quelque 40 millions en 2007, et creusé ses pertes à 10 millions. « Depuis l’acquisition de Christian La-croix, nous nous sommes totalement investis dans le développement de la marque sur une stratégie de long ternie, indique Nicolas Topiol, le président de la société. Nous souhaitons continuer, mais les difficultés inhérentes à la crise sur le marché du luxe ont considérablement réduit nos revenus. » 41 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Lacroix Après son acquisition auprès de LVMH (propriétaire des « Echos »), la maison a entrepris un plan de repositionnement sur le prêt-à-porter de luxe, avec une seule ligne, « en totale adéquation avec l’image de ses collections haute-couture », indique la société. Les accessoires ont aussi été repris en direct. Mais hors de France, où elle réalise près 65 % de son activité, la maison a surtout misé sur les Etats-Unis, où le luxe souffre beaucoup. Elle a ouvert deux boutiques en propre à Las Vegas et New York. Cette stratégie a nécessité des investissements qui ont alourdi l’endettement. Lacroix était en quête depuis l’an dernier de partenaires financiers pour soutenir le développement. Et n’était pas opposée à une vente. « Ce processus, qui était en phase finale, a également été directement touché par la crise financière et n’a pu être finalisé dans des délais suffisants », reprend Nicolas TopioL 30 mai 2009 les echos Haute couture: Bernard Krief Consulting s’intéresse à Lacroix Le récent repreneur de l’équipementier automobile Heuliez devrait déposer une offre lundi prochain pour la reprise de Christian Lacroix. «Christian Lacroix mérite d’être soutenu pour l’aider à maintenir son activité», insiste Louis Petiet, le président de Bernard Krief Consulting. Son groupe a déjà acquis plusieurs marques dans le secteur du textile, comme DMC, Velcorex (sportswear) ou encore Soho (textile pour les jeunes). Le cabinet de Régis Valliot, en charge du dossier, déclare avoir reçu plusieurs « marques d’intérêt» mais aucune offre pour l’instant. La maison de haute couture Christian Lacroix emploie 125 personnes. Elle a été placée en redressement judiciaire début juin. Si aucun repreneur ne se manifeste avant le 27 juillet, elle devra fermer ses portes. 21 juillet 2009 les echos La récession a fait échouer la relance de Christian Lacroix LA GRIFFE A ETÉ CONTRAINTE DE SE DÉCLARER EN CESSATON DE PAIEMENT Le temps se gâte pour Christian La-croix. La maison de haute couture, acquise en 2006 par le groupe américain Falic, vient de déposer une déclaration de cessation de paiement auprès du tribunal de commerce de Paris. La société explique dans un communiqué qu’elle «compte proposer un plan de continuation» et «entend maintenir ses activités pendant cette période». La société souhaite sortir de cette procédure rapidement «et continuer à développer sa marque», précise dans ce même communiqué Nicolas Topiol, Pdg de la griffe. Comme le Journal du Textile l’avait indiqué dans ses colonnes, Christian Lacroix s’était mis en quête dès le début 2008 d’un partenaire financier pour l’aider à se développer. Mais, il y a deux mois, le scénario avait considérablement évolué, et l’hypothèse d’une cession était alors carrément admise, son imminence étant même évoquée (Journal du Textile n°1997, du 14 avril). En vain. Nicolas Topiol indique aujourd’hui que le processus de recherche d’un partenaire financier, «qui arrivait en phase finale», a «été directement touché par la crise financière et n’a pas pu être finalisé dans des délais suffisants». Le service communication de la maison affirme que les négociations continueront toutefois de se poursuivre avec d’éventuels investisseurs ou repreneurs. La crise n’aura donc pas permis à la griffe de profiter sereinement de cette seconde chance qui lui était offerte par le groupe Falic. Au sein du groupe Lvmh, malgré tout le soutien de Bernard Arnault, qui l’avait aidé à créer sa maison ex nihilo, Christian Lacroix n’avait jamais réussi à gagner d’argent. Falic estime pourtant n’avoir pas lésiné pour atteindre son objectif : rendre la griffe bénéficiaire. «Depuis l’acquisition de la société Chris tian Lacroix, nous nous sommes totalement investis dans le développement de la marque avec une stratégie de long terme, explique Nicolas Topiol. Nous souhaitons continuer, mais les difficultés inhérentes à la crise sur le marché du luxe ont considérablement réduit nos revenus.» Le chiffre d’affaires serait ainsi descendu à 30 millions d’€ en 2008, tandis que la perte s’est creusée, à 10 millions. En 2007, les ventes étaient encore de 40 millions. LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Lacroix 42 Falic avait pourtant investi dans la refonte d’un nouveau Christian La-croix, en bâtissant pour sa nouvelle filiale des services administratifs, une direction de la production et une structure informatique jusque-là dépendants du groupe Lvmh, en reconstituant autour de Christian Lacroix l’équipe de création et en lançant un nouveau concept de boutique inauguré à Las Vegas (puis décliné dans les corners et le réseau propre). Mais le repreneur a joué de malchance. L’arrêt des deuxièmes lignes Bazar et Christian Lacroix Jeans, destiné à clarifier l’image de la griffe, n’a pas été compensé par le développement souhaité des accessoires. Soit la maroquinerie et les bijoux repris en direct et les différentes licences (prêt- à-porter masculin, soie, lingerie, parfums...). Avec celles-ci, Christian Lacroix n’a pas eu la main heureuse : ruptures de contrat avec New Man pour l’enfant et avec Christofle pour les arts de la table, non-renouvellement prévu, faute de résultats satisfaisants, du contrat avec Interparfums, qui arrivera aussi à son terme en 2010, et, enfin, liquidation récente de la Sil, son partenaire pour la lingerie. A l’export, Christian Lacroix a aussi misé sur le mauvais cheval en privilégiant le marché américain comme nouveau levier de croissance. Il y avait ouvert ses deux premiers points de vente, à Las Vegas et New York, en 2006 et fin 2007 et envisageait d’en ouvrir deux autres en 2009 avant que la crise ne se manifeste durement et remette en cause ces projets. Le Japon a aussi été affecté, ainsi que le Moyen-Orient, avec un coup d’arrêt brutal depuis le début d’année. Enfin, Falic n’est pas parvenu à concrétiser son projet d’une réelle implantation en Chine, pourtant envisagée dès 2006. 12 juin 2009 Journal du Textile 43 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Lacroix La crise commence a rattraper Ralph Lauren Les ventes du groupe de luxe américain ont reculé de 8% au premier trimestre de son nouvel exercice, et le bénéfice a chuté de 19%. RALPH LAUREN ressent lui aussi le souffle de la crise. Pour son premier trimestre fiscal, clos le 27 juin dernier, le groupe de luxe affiche une baisse de 19,3% de son bénéfice net, tandis que son chiffre d’affaires est en retrait de 8%. Cependant, les analystes de Wall Street estiment que cela aurait pu être pire. La baisse contrôlée de la griffe les satisfait et, au moment de l’annonce des résultats, l’action Ralph Lauren a même crû de 7%. Les économies réalisées sur les coûts, la diversification géographique et la gestion des stocks, adaptée à une demande plus tiède, maintiennent les finances de l’entreprise dans une situation saine. Le groupe dispose de plus de 700 millions d’€ de fonds propres, ce qui permet au président, Roger Farah, de planifier avec sérénité son prochain mouvement sur l’échiquier mondial. Les touristes, a-t-il remarqué, ne sont plus aussi nombreux à New York. Leur fréquentation s’est réduite de 30% et les magasins phares de Ralph Lauren en souffrent. De même, les points de vente européens, à Paris et à Milan, voient passer moins de touristes. Heureusement, Londres, portée par la forte dépréciation de sa livre, a repris le flambeau. Par ailleurs, la direction de Ralph Lauren entend s’adapter aux nouvelles tendances. Roger Farah voit monter en puissance un goût plus prononcé pour les tenues décontractées. Les ventes, ces derniers temps, ont été plus fortes pour ce qui concerne le sportswear masculin, les jeans féminins de la ligne secondaire Lauren et Chaps, la marque masculine à prix modéré proposée en exclusivité dans les magasins discount Kohl’s. Les consommateurs travaillant plus souvent à la maison, ils préfèrent acheter un jean ou une robe plutôt qu’une stricte tenue pour le bureau. Le client, de plus en plus prudent, rechigne devant les étiquettes chères. Les 86 magasins Ralph Lauren le plus haut de gamme y perdent le plus. Les ventes dans les magasins ouverts depuis plus d’un an se sont contractées de 25%. Les 164 magasins d’usine Polo surfent beaucoup mieux sur la crise. Les ventes dans les boutiques Polo ouvertes depuis plus d’un an se tassent seulement de 4%. La direction du groupe renforce donc son offre à prix modéré. L’introduction de la ligne secondaire Lauren se poursuit en Europe, tandis que, aux Etats-Unis, la griffe Blue Label, meilleur marché que Black Label, va faire ses débuts dans les grands magasins Saks Fifth Avenue. Roger Farah compte aussi sur l’Asie pour prendre le relais de la croissance. La reprise en main de la licence détenue par Dickson Concepts International, effective en janvier 2010, permettra de développer la griffe Ralph Lauren en Chine, à Hongkong, en Indonésie et à Singapour. Les licences en Corée du Sud, en Australie et en Nouvelle-Zélande arrivent à expiration dans deux ans. Là encore, lorsque la maison mère aura plus de contrôle sur son image et la présentation de ses produits, elle pourra s’y étendre. D’ores et déjà, Ralph Lauren recrute activement en Asie. Le groupe devrait compter 500 employés de plus en mars 2010 et pourra alors ouvrir de nouvelles boutiques en Asie du Sud-Est pour y faire mieux connaître son univers. 1er septembre 2009 Journal du Textile LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Ralph Lauren 44 Mode et maroquinerie résistent chez Lvmh Alors que le chiffre d’affaires de l’ensemble du groupe a reculé de 7%, le pôle modemaroquinerie affiche +1%. Sans faire d’étincelles, Lvmh limite les dégâts pour ce premier semestre 2009 peu porteur pour le luxe. Son résultat opérationnel (-12%) et surtout son bénéfice net part du groupe (-23%, à 687 millions d’€) ont certes été sérieusement écornés. De même, son chiffre d’affaires organique consolidé (à structure et taux de change comparables) a reculé de 7%, à 7,8 milliards d’€ (+0,2% à périmètre non comparable). Dans un tel contexte, ce sont les pôles dont le groupe contrôle le mieux la distribution (grâce à des réseaux intégrés) qui affichent les meilleures performances. Sa division mode et maroquinerie enregistre ainsi une croissance organique de 1 % (+8% à périmètre non comparable), à 2,9 milliards d’€. La distribution sélective, grâce au dynamisme de la chaîne Sephora, stabilise aussi ses ventes organiques (et réalise +7% à périmètre non comparable). Les ventes des autres divisions (parfums et cosmétiques, montres et joaillerie, vins et spiritueux) subissent en revanche le contrecoup de la crise, lié à un fort mouvement de déstockage des distributeurs, avec des reculs (organiques) de respectivement —9, —34 et —22%. Dans le pôle mode et maroquinerie, Louis Vuitton joue plus que jamais son rôle de locomotive. En effet, la marque n’a pas été atteinte, au contraire, par le climat délétère ambiant. Elle réalise une «croissance encore à deux chiffres» («sans doute la meilleure de tout l’univers du luxe», selon Bernard Arnault) et une marge opérationnelle «exceptionnelle». Les marchés asiatiques et européens ont ainsi confirmé leur forte dynamique, tandis que les Etats‑Unis feraient preuve d’une bonne résistance. Fans de la griffe, les Japonais contournent l’obstacle d’un yen cher en accélérant leurs achats. Les autres marques du pôle ont en revanche «été pénalisées, admet Lvmh, notamment au deuxième trimestre, par l’environnement toujours difficile des grands distributeurs». Malgré le contexte, toutefois, Fendi a connu une «amélioration de ses performances au deuxième trimestre», et Donna Karan a consolidé «les progrès accomplis en termes de positionnement et de rentabilité.» Régime minceur Même s’il n’avance toujours pas de prévisions chiffrées pour l’ensemble de l’exercice, Bernard Arnault a indiqué que le groupe, «conforté par la bonne résistance du premier semestre», abordait la seconde partie de l’année «avec confiance et comptait sur la créativité et la qualité de ses produits ainsi que sur l’efficacité de ses équipes, qui mettent notamment en oeuvre des mesures de réduction de coûts adaptées à la crise pour poursuivre ses gains de parts de marché dans ses marchés historiques et dans les territoires émergents à fort potentiel». Parmi les mesures de restriction, Lvmh a ainsi taillé de 9% dans ses budgets de communication au premier semestre et fait baisser ses coûts opérationnels de 5%. Un régime minceur qui lui permet de faire le dos rond sans négliger d’investir dans des relais de croissance comme les marchés émergents. Au premier semestre, ces derniers ont ainsi représenté 30% des ventes du groupe. 1er septembre 2009 Journal du Textile 45 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - LVMH Montaigne Fashion Group trébuche déstabilisé par la crise Montaigne Fashion Group, propriétaire notamment des marques de mode féminine Irène Van Ryb et Regina Ruben& est placé en redressement judiciaire depuis le 25 août, une décision de ses dirigeants. Le tribunal de commerce de Paris a décidé une période d’observation de quatre mois. Le jeune groupe de prêt-à-porter haut de gamme, coté sur le marché Euronext, a été créé en 2005 par Philippe Gellman, le fondateur de Bourse Direct, avec l’appui de l’investisseur Gérard Stoly. Il emploie une trentaine de personnes. L’intention des dirigeants était de constituer un groupe indépendant, exploitant un portefeuille de marques issues de l’univers du luxe, de la mode et des créateurs. Montaigne Fashion Group a réalisé sa première opération lors du rachat, à la barre du tribunal, de Regina Rubens, alors au bord de la liquidation. Le jeune groupe a ensuite absorbé la griffe Irène Van Ryb. Dans la foulée, il a pris une participation —jusqu’ici dormante — de 34% dans le capital de la maison de Couture Franck Sorbier. Enfin, il a acquis 51% de la marque de streetwear haut de gamme Stereo Panda. Montaigne Fashion Group s’est ensuite attaché à structurer le nouvel ensemble, en nommant la créatrice Irène Van Ryb directrice générale du groupe, en repositionnant Regina Ruben.% en rationalisant le petit parc de boutiques compris dans ce premier rachat (il détient actuellement deux boutiques propres, à Saint-Barthélemy et à Paris, rue de Passy) et en signant des licences d’accessoires pour ses deux marques phares. Néanmoins, Montaigne Fashion Group n’a jamais réussi à surmonter ses difficultés financières, ne consolidant pour la première fois l’ensemble de son activité que durant les neuf derniers mois de l’année 2008. Son exercice 2007-2008, clos fin mars, fait état d’un chiffre d’affaires de 6,5 millions d’€ (incluant Irène Van Ryb et Regina Rubens) et de résultats en perte de plus de 2 millions. A la fin de l’année dernière, marquée notamment par l’intégration de Stereo Panda, la perte nette a été ramenée à 240.000 €, mais le chiffre d’affaires a été quasiment divisé par deux, à 3,4 millions d’€. Le groupe a dû faire face en outre à une dette s’élevant à 5,3 millions d’€ au 31 décembre 2008. L’activité s’est encore dégradée début 2009, en reculant de 28% au premier trimestre et de 37% au deuxième, pour des ventes tombées à 310.000 €. La crise est passée par là, bien sûr, comme l’explique le groupe : «Irène Van Ryb, qui représente l’essentiel du chiffre d’affaires de Montaigne Fashion Group, a particulièrement souffert de la crise et de l’attitude frileuse de ses distributeur& En Espagne, au Japon et aux Etats-Unis, l’activité s’est fortement réduite; les clients ont stoppé la majeure partie de leurs commandes» Si le marché français fait preuve d’une meilleure résistance, il a tout de même fondu de 15% depuis le début de l’année. Mais le coup de grâce a été la brusque accélération du litige avec Regina Rubens, dans lequel Montaigne Fashion Group est empêtré depuis plusieurs années. La créatrice, qui conteste la rupture du contrat de prestations qui la liait à Mfg, a obtenu la saisie conservatoire de ses comptes bancaires. Juste avant, le groupe avait dû faire face à la résiliation de ses lignes de crédit, in extremis renégociée grâce à l’intervention du Médiateur du crédit. Le placement en redressement judiciaire va au moins stopper ce tir nourri d’avanies. Comme le souligne Me Christophe Thévenot, l’administrateur judiciaire chargé du dossier, «l’ouverture de la procédure va faire sauter les saisies. L’activité va pouvoir repartir». Montaigne Fashion Group va consacrer cette période à tenter d’assurer la pérennité de la société, en recherchant des partenaires. 8 septembre 2009 Journal du Textile LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Montaigne Fashion Group 46 Thomas Pink veut mettre l’accent sur sa femme La marque-enseigne britannique de chemises haut de gamme veut pousser sa collection féminine désormais dessinée par Louise Markey. THOMAS PINK, la marque-enseigne bri- tannique de chemises haut de gamme, a décidé de mettre en avant sa collection féminine. La marque — qui vient de nommer la styliste Louise Markey (finaliste par ailleurs du concours de mode anglais «Fashion Fringe») pour piloter sa collection féminine — souhaite améliorer son offre, en proposant «des produits adaptés aux femmes d’aujourd’hui, tout en créant une véritable cohérence entre les collections féminine et masculine, indique son Pdg, Jonathan Heilbron. Nous avons beaucoup travaillé sur nos collections masculines, mais la femme avait été un peu laissée de côté.» En confiant les rênes à la jeune styliste (28 ans), Thomas Pink veut offrir pour la première fois à ses clientes la possibilité de se construire un total look, en alliant des pièces classiques contemporaines avec des produits plus tendance. La première collection dessinée par Louise Markey mélange des textures soyeuses et riches (georgette de soie, organdi, brocart) avec des imprimés d’archives. Les chemisiers aux coupes classiques et sophistiquées —l’héritage de la marque — côtoient des pièces tendance phares (robe chemisier militaire, robe blouse imprimé Liberty ou chemise boyfriend). Nouveau concept Parallèlement, la marque annonce un nouveau concept d’espace consacré à la femme, qu’elle inaugurera dès septembre dans son magasin principal de Jermyn Street, à Londres, ainsi qu’au sein de son corner chez Harrods. Se fondant sur «le succès phénoménal qu’à connu la collection féminine cet été», cette nouvelle vitrine aura pour vocation de mieux la mettre en valeur, celle-ci représentant 20% du chiffre d’affaires de la marque. Imaginé par le cabinet d’architecture américain Brand+Allen, le nouvel espace, au style boudoir, offrira à ses clientes un «environnement luxueux, visuellement agréable et relaxant». Il associe matériaux nobles et touches féminines vintage (mobilier en bois, murs métallisés argent, teintes crème, miroirs antiques, chandeliers, méridienne, sofas en cuir, présentoir hexagonal ou fer forgé), afin de créer une boutique intimiste. Musique et diffusion de parfums sur mesure viendront compléter l’ambiance féminine. Thomas Pink prévoit de tester ce nouveau concept dans ses deux magasins phares, avant de l’appliquer à plus grande échelle. La marque possède 34 magasins et corners au Royaume-Uni et plus de 80 à l’étranger, notamment en France (rue Francois-Ier, à Paris, et aux Galeries Lafayette) et aux Etats-Unis. Alors qu’elle vient juste d’inaugurer un point de vente à Hongkong, la griffe prévoit, cette année, d’autres ouvertures en Chine et au Mexique. 8 septembre 2009 Journal du Textile 47 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Thomas Pink SUITE A LA FAILLITE DE MARCHPOLE UNGARO CONFIE SON HOMME A UN AMÉRICAIN UNGARO HOMME change de partenaire. Contrainte et forcée, en raison de la faillite de son licencié, le britannique Marchpole, la griffe a trouvé en moins de trente jours son nouveau partenaire exclusif pour l’Amérique du Nord. Ce sera donc désormais Neema Clothing qui produira et diffusera les lignes bis dédiées à l’homme, soit Ungaro Homme et Emanuel-Emanuel Ungaro. La grande ligne Emanuel Ungaro, pour sa part, continue à être distribuée en direct. «Notre nouveau partenaire reprend à la volée les commandes en cours, précise Mounir Moufarrige, le dirigeant de la griffe. Nos clients ne vont même pas s’apercevoir du changement. A court terme, nous allons étendre la diffusion de ces lignes à l’Europe, notre objectif étant d’atteindre environ 90 clients, en excluant des pays comme la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la Scandinavie, que nous traiterons en direct ou par l’intermédiaire d’un agent.» Créée en 1991, la société new-yorkaise Neema Clothing diffusera la ligne Ungaro Homme aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique, principalement à travers des magasins sélectifs haut de gamme et des grands magasins. Quant à Emanuel-Emanuel Ungaro, la ligne sera plutôt réservée aux chaînes de magasins. Reprises en main il y a deux ans par l’ex-styliste de Smalto, Franck Boclet, les collections masculines cherchent un nouveau souffle au sein de la maison, rachetée en 2005 par l’homme d’affaires américain d’origine pakistanaise Asim Abdullah. «Le marché a besoin de nouvelles propositions, plus audacieuses, et la crise actuelle ne fait qu’exacerber ce phénomène, explique Mounir Moufarrige. Il suffit d’interroger les représentants des grands magasins pour le constater. Les crises ont ce mérite qu’elles imposent de tout remettre à plat. Il faut retrouver le moyen de susciter l’envie chez le consommateur. C’est ce que nous nous efforçons de faire. Cela prend un peu de temps, mais nous sommes convaincus que nous allons récolter les fruits de nos efforts dès l’année prochaine.» Repositionner la femme Du côté de la femme, Ungaro peine toujours à trouver un second souffle, en dépit de l’arrivée du jeune et talentueux styliste de 24 ans Esteban Cortazar. «// a encore du mal à s’imposer en France alors qu’il remporte déjà un franc succès dans les pays anglo-saxons, souligne le dirigeant. Mais l’électrochoc devrait se produire bientôt. Je suis très confiant dans les capacités de ce jeune créateur, comme je l’ai été à une époque avec Stella McCartney chez Chloé. Et je ne me suis pas trompé.» La priorité d’ Ungaro se porte avant tout pour la femme sur le repositionnement de la ligne, le plan de développement d’un réseau de distribution étant mis au second plan pour le moment. La petite étincelle qui enflammera la maison pourrait bien venir finalement d’Asie et du lancement mené tambour battant d’une nouvelle ligne mixte. Beaucoup plus accessible en termes de prix, elle a été baptisée U by Ungaro. «Nous avons déjà inauguré 24 corners au Japon, annonce Mounir Moufarrige. En janvier, nous ouvrirons 42 boutiques en Chine, uniquement dans la région de Shanghai. Et ce n’est qu’un début.» Lancée en janvier 2008, la ligne s’appuie aussi sur une fragrance qui remporte un franc succès. «En six mois, nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 35 millions d’€ rien qu’avec U by Ungaro», précise le dirigeant. Plutôt discret sur le montant global des ventes du groupe, Mounir Moufarrige ajoute toutefois que celui-ci a dépassé les 70 millions en 2008. Le retour à l’équilibre devrait par ailleurs se profiler pour 2010 ou au plus tard 2011, prévoit le dirigeant, tout en précisant que «le montant des pertes annuelles reste tout à fait minime et n’entrave pas la bonne marche de développement du groupe». Si la crise actuelle freine un peu le plan de relance de la griffe Ungaro, elle devrait aussi permettre de réaliser prochainement de belles opérations immobilières. «Nous construisons dès à présent l’après-crise, annonce le dirigeant. Des opportunités vont se présenter du côté de la distribution. Nous saurons prendre position.» A ce jour, outre les corners et les boutiques créés récemment en Asie, Ungaro compte encore 2 succursales (Paris, New York) et une vingtaine de franchises à travers le monde. La griffe scrute déjà du côté de Londres et de Palm Beach, où ses points de vente ont été contraints de fermer. D’autres villes sont recensées dans les projets de Mounir Moufarrige. Mais, comme le rappelle le dirigeant, il ne s’agira pas «d’ouvrir pour ouvrir». En clair, Ungaro vise les meilleurs emplacements dans les grandes capitales de la mode. LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Ungaro 48 Marchpole a été liquidé A présent confiée au groupe Neema Clothing, la licence des lignes de diffusion Ungaro Homme en Amérique du Nord était auparavant détenue par le groupe britannique Marchpole. Ce dernier, qui figure parmi les vic times de la récession en Grande-Bretagne, a déposé son bilan le 10 novembre dernier. Le groupe avait acquis en 2006 Moda America, l’entreprise qui détenait précédemment les licences Emanuel Ungaro pour la distribution de ses lignes aux Etats-Unis. Le développement de la ligne Ungaro Homme figurait parmi les priorités de Marchpole, qui souhaitait en accélérer le rayonnement dans le monde. Il avait notamment signé en 2008 un contrat de 5,2 millions d’€ avec le principal distributeur coréen pour introduire la ligne homme en Corée du Sud. C’est aussi sous licence avec Marchpole que la marque de luxe a inauguré son premier espace Ungaro Homme à Paris. Accablé par d’importantes pertes, Marchpole avait été contraint de se placer en redressement judiciaire en novembre, remettant son destin entre les mains du cabinet anglais Grant Thorn-ton UK. Au sein de ce dernier, on indique aujourd’hui que, «depuis leur nomination, les administrateurs ont réalisé les actifs de Marchpole au meilleur prix possible». On précise par ailleurs que «le groupe ne possède à l’heure actuelle plus aucun employé ni aucune activité commerciale sur le sol britannique ou dans le monde». En effet, l’administrateur, peu après le début de l’opération de redressement, avait réussi à trouver un acquéreur pour la marque Jean-Charles de Castelbajac, dont Marchpole était propriétaire (depuis 2004) et qui constituait le noyau de son activité. Le groupe suédois Atlas Design a ainsi acquis Jcc pour un montant de 3,72 millions d’€, permettant de sauvegarder l’intégralité de son activité et de ses employés. Durant les dernières années de sa vie, Marchpole avait multiplié les accords de licences, en signant notamment un agrément en 2008 avec Dkny pour la conception et la diffusion de sa ligne homme Black Menswear ainsi qu’un accord pour la distribution de la ligne «diffusion» de la marque de luxe masculine anglaise Ozwald Boateng. L’administrateur précise que le sort des licences précédemment détenues par le groupe —notamment Ungaro Homme, Dkny et Ozwald Boateng — ne lui appartient pas, puisque «seules les marques les contrôlent et peuvent décider à qui en confier les rênes». Les marques Homebody (prêt-à-porter féminin de luxe distribué sur le sol britannique et aux Etats-Unis) et Greenmark (qui fournit plusieurs magasins de chaussures en Grande-Bretagne), acquises par le groupe en 2006 et 2007, n’ont pour leur part «pas suscité d’intérêt de la part d’acquéreurs potentiels», indique-t-on au sein de Grant Thornton, et ont été revendues à leurs propriétaires initiaux pour un montant non communiqué. 19 mai 2009 journal du textile 49 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Ungaro Valentino Fashion Group serre les boulons Comme la plupart des grands groupes de luxe, Valentino Fashion Group s’est engagé il y a quelques mois dans la mise en place d’une politique sévère de contrôle des coûts. «Confrontés à des perspectives négatives pour le marché du luxe en 2009, nous avons très vite mis en place un programme intense d’optimisation des processus et des coûts de structure», explique Stefano Sassi, dirigeant du groupe propriétaire entre autres du groupe allemand Hugo Boss et de la griffe de luxe Valentino. En 2008, Valentino Fashion Group a fait de la résistance. Son chiffre d’affaires consolidé a progressé de 3%, à 2,21 milliards d’€. Mais le résultat opérationnel, hors amortissements, a reculé de 7% (248,3 millions d’€). La progression des ventes est due pour l’essentiel à Hugo Boss, dont le chiffre d’affaires a crû de 3% à 1,69 milliard d’€ (+6% à taux de change constant), tandis que Valentino a reculé de 1%, à 260,3 millions d’€ (+5% à taux de change constant). «Les bons chiffres du premier semestre ont été affectés par la performance négative de la seconde partie de l’exercice», expliquent les dirigeants de la marque Valentino, qui évoquent notamment une baisse du chiffre d’affaires dans les boutiques à l’enseigne. Valentino a particulièrement souffert sur le marché américain (-5%) et en Europe, où le chiffre d’affaires de la griffe a atteint 130 millions d’€ (-1%), tandis qu’elle a fait une percée en Asie, où elle progresse de 19%. Pour les autres marques de Valentino Fashion Group (Marlboro Classics et les deux lignes d’habillement masculin Lebole et Oxon), on remarque une progression de 5% à taux de change constant, tandis que la licence M Missoni a bondi de 27%. Malgré la crise, le groupe, qui, on le sait, est contrôlé par le fonds d’investissement anglais Permira, a poursuivi sa politique d’ouverture de boutiques à l’enseigne. Quelque 64 nouveaux points de vente ont été inaugurés au cours des douze mois de l’exercice, pour un total de 433 boutiques au 31 décembre 2008. 28 avril 2009 journal du textile LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Valentino Fashion 50 Gian Giacomo Ferraris nommé Versace a trouvé son nouveau Pdg Les groupes de luxe jouent aux chaises musicales avec leurs dirigeants. Sans surprise, l’italien Versace a confirmé la semaine dernière le départ de son administrateur délégué, Giancarlo di Risio. Celui-ci est remplacé dans la foulée par l’ex-dirigeant de Jil Sander, Gian Giacomo Ferraris. Celui-ci débutera dans ses nouvelles fonctions le 15 juillet. Avec cet ancien dirigeant d’Ermenegildo Zegna puis de la division prêt-à-porter de Gucci Group qui, depuis 2004, pilotait la relance de Jil Sander, le groupe Versace va entamer un nouveau chapitre de son histoire. «Son arrivée témoigne de notre intention de maintenir une direction forte et compétente», indique-t-on dans un communiqué de presse. Dans l’immédiat, Gian Giacomo Ferraris devra notamment définir une «stratégie anticrise» : au premier trimestre de l’exercice en cours, les ventes de Versace ont en effet chuté de 13,4%. Chez Jil Sander, c’est le directeur financier, Alessandro Cremonesi, qui va reprendre le flambeau. Le passage se fera en douceur, et la griffe, rachetée en septembre 2008 par le japonais Onward, devrait poursuivre son programme de développement sous la houlette de son directeur artistique, Raf Simons. La seule inconnue concerne Giancarlo di Risio, dont le départ avait été abondamment commenté ces dernières semaines dans la presse : on évoquait notamment son désaccord avec Donatella Versace, directrice de la création, à propos des mesures de restriction budgétaire nécessaires pour affronter la crise. Selon diverses indiscrétions, son nom serait l’un des quatre pressentis pour diriger la griffe italienne Roberto Cavalli, qui a annoncé récemment la vente prochaine de 30% de son capital au fonds Clessidra. 16 juin 2009 journal du textile EN DÉSACCORD AVEC LES ACTIONNAIRES : Le dirigeant de Versace pourrait claquer la porte GIANCARLO DI RISIO va-t-il prochainement quitter le poste d’administrateur délégué du groupe Versace ? Selon de nombreuses indiscrétions, ses avocats seraient actuellement au travail pour définir les détails de son départ. Au cours des derniers jours, les presses italienne et internationale ont évoqué à plusieurs reprises l’existence d’un conflit entre le dirigeant et Donatella Versace, directrice de la création du groupe, à propos de la mise en place d’une politique de restriction budgétaire nécessaire pour affronter les conséquences de la crise. Pour l’heure, le principal intéressé n’a fait aucun commentaire. La semaine dernière, un communiqué de presse émanant du conseil de surveillance du groupe au grand complet (il est composé de sept personnalités, parmi lesquelles son administrateur délégué, Giancarlo Di Risio, et les trois actionnaires, Santo Versace, également président, qui possède 30% des actions, sa soeur Donatella Versace, directrice de la création et détentrice de 20% des parts, et enfin Paolo Colombo, l’expert comptable qui représente les intérêts d’Allegra Versace Beck, la fille de Donatella et unique héritière de Gianni Versace, avec 50% du capital) a simplement démenti, de façon «unanime et catégorique», l’existence d’un tel désac cord. Le conseil confirme aussi que «la gestion financière et opérationnelle du groupe relève exclusivement de l’administrateur délégué». Il n’empêche, la plupart des observateurs estiment que Giancarlo Di Risio est bien sur le départ (et on évoque même son remplacement par Kim Winser, venue d’ Aquascutum, lire par ailleurs). Il avait été nommé au poste d’administrateur délégué du groupe Versace il y a cinq ans, bénéficiant notamment du soutien de Santo Versace et d’Allegra Versace Beck, qui, âgée d’à peine 18 ans, venait de prendre en mains les parts de son héritage. Sous la houlette du dirigeant, le groupe, qui traversait alors une phase extrêmement délicate depuis la mort brutale de son fondateur, Gianni Versace, en 1997, a été restructuré et relancé, atteignant un chiffre d’affaires de 336 millions d’€ l’année dernière (+8%), avec un résultat net de 9 millions. Reste que la situation s’est dégradée au premier trimestre 2009 : le résultat net du groupe, de luxe italien est resté positif, mais ses ventes consolidées ont chuté de 13,4%. Cette baisse est également liée aux difficultés de l’un de ses licenciés, le groupe Ittierre, actuellement en phase de redressement, qui ne lui a pas versé 51 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Versace les royalties pour la ligne d’habillement Versace Jeans Couture. «Les deux derniers mois, avril et mai, ont toutefois montré des signes d’amélioration», précise-t-on dans un communiqué de presse. Pour parer les conséquences de la crise, le groupe a approuvé la mise en place d’un nouveau plan triennal de développement, mis au point par le cabinet de consultants Bain & Co. Son objectif est avant tout de vérifier l’impact de cette crise sur les marchés mondiaux et sur le développement du groupe et de définir les mesures idéales pour affronter les changements et poursuivre une politique de croissance. 2 juin 2009 Journal du Textile Luxe: interrogations sur le devenir du patron de Versace Selon le «Wall Street Journal », le patron de la maison italienne Versace, Giancarlo Di Risio, pourrait présenter sa démission aujourd’hui à l’occasion d’une réunion du conseil d’administration. Giancarlo Di Risio serait en conflit avec la designer et actionnaire Donatella Versace sur les mesures à prendre pour surmonter la crise économique. Le conseil doit examiner aujourd’hui un plan de restructuration réalisé par la société Bain & Co. Dans un communiqué publié la semaine dernière, la famille Versace a démenti toute rupture de « la relation professionnelle» avec Giancarlo Di Risio et a réitéré son soutien au dirigeant. 25 mai 2009 les echos LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Versace 52 Luxe: nouveau PDG pour Brioni , le spécialiste de l’habillement masculin Brioni, le spécialiste de l’habillement masculin haut de gamme a un nouveau patron. Andrea Perrone (photo), trente-neuf ans, le petit-fils d’une des deux familles fondatrices, vient d’être nommé PDG du groupe de luxe. Il remplace le triumvirat qui assurait jusqu’ici la direction de la société, dont il faisait partie avec Antonella de Simone et Antonio Bianchini. Ce changement intervient alors que, depuis plusieurs mois, des rumeurs font état de l’intention des deux familles de céder 20 % du capital. En 2008, Brioni a enregistré des ventes de 206,5 millions d’euros, en recul de 3 %, pour un résultat brut d’exploitation de 32 millions d’euros. Pour 2009, la maison italienne a mis en place un plan «d’expansion ambitieux» en Asie et en Chine notamment en Chine, avec des ouvertures prévues à Shanghai et Pékin dès septembre. L’Europe reste aussi une zone prioritaire avec des inaugurations prévues à Barcelone ou à Venise. 11 juillet 2009 les echos L’accessoire demeure la locomotive du luxe Il résiste mieux et devrait rebondir plus vite. 25 août 2009 journal du textile L’accessoire résiste-t-il mieux à la crise que les autres segments de l’univers de la mode ? Comme ces dernières années l’ont montré, celui‑ci a longtemps affiché des croissances insolentes. Selon la récente étude publiée par l’institut Eurostaf, sous l’intitulé «Le marché mondial de la maroquinerie haut de gamme-luxe», ce secteur a progressé, entre 2004 et 2007, de 15,8% par an (à taux constants). Pour l’année 2008, qui marque le début de la crise, l’évolution n’a été que de 11%. «La maroquinerie reste la locomotive de nombreuses maisons, souligne cependant Nicolas Boulanger, analyste chez Eurostaf. Si la croissance ralentit un peu, elle reste tout à fait signifiante dans un contexte marqué par la morosité.» Pour 2009, l’institut d’études table sur une évolution de —4 à +2%, alors que, pour l’ensemble du secteur du luxe, Eurostaf mise plutôt sur un retrait du volume d’affaires de —5 à —10%. «L’accessoire devrait aussi rebondir plus vite, poursuit Nicolas Boulanger. En 2010, la croissance devrait se situer entre 2 et 6%.» La bonne dynamique de l’accessoire tient, selon Nicolas Boulanger, à de multiples facteurs, qui se croisent et se renforcent les uns les autres. «L’offre reste toujours très attractive en termes de prix, comparativement à du prêt-à-porter haut de gamme, souligne-t-il. Par ailleurs, les marques savent mettre en place un assortiment sans cesse renouvelé et toujours séduisant. Enfin, la clientèle reste définitivement très attachée à ce type de produits.» Contrairement aux autres marchés du luxe et de la mode, l’accessoire présente aussi l’originalité d’une bonne répartition entre les différentes zones géographiques, l’Europe rassemblant 33% des volumes d’affaires, les Etats-Unis 31% et l’Asie un peu moins de 33%. «Toutes les zones géographiques ont profité de la croissance entre 2004 et 2007, indique Nicolas Boulanger, cependant, l’Asie (hors Japon) reste la plus performante.» Dans ce contexte, ce sont alors toujours les sacs à main qui tirent la croissance, en rassemblant 56% du marché, contre 25% pour la petite maroquinerie (10% pour les bagages et les ceintures). «L’homme représente un relais de croissance à ne pas négliger, affirme l’analyste. Néanmoins, à l’image du marché des cosmétiques, il se passera sans doute de nombreuses années avant que le marché masculin ne rattrape le féminin, même si la clientèle de certains marchés émergents est majoritairement composée d’hommes.» 53 LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Secteur Reste que la crise existe bel et bien et que les diverses marques et maisons tentent de lui résister au mieux. Une des recettes préconisées par Eurostaf consiste à ne surtout pas lésiner sur le merchandising. «Il faut optimiser au maximum la rentabilité au mètre carré», insiste Nicolas Boulanger. Une préconisation que Francis Vaseravo, directeur général adjoint du groupe Le Tanneur, approuve complètement. Le groupe spécialiste de la maroquinerie a organisé récemment une journée d’études rassemblant divers professionnels qui ont débattu des modèles à utiliser pour rebondir dans le contexte actuel. «Cette crise va modifier fortement les comportements d’achat, précise notamment le dirigeant. C’est pourquoi les points de vente vont devoir améliorer leur copie. Il ne sera en effet plus possible de référencer plus d’une quinzaine de marques chez un détaillant. La mise en scène des produits et l’univers propre à chaque marque seront primordiaux. Il est donc nécessaire de susciter l’envie et de créer l’étonnement chez la clientèle.» Pour Le Tanneur à proprement parler, Francis Vaseravo estime que la crise représente néanmoins une opportunité à part entière : «Nos marques se sont toujours inscrites sur un créneau de bon rapport qualitéprix, avec des lignes sobres et tendance, mais jamais «bling bling». Nous sommes convaincus que, en matière de maroquinerie, la discrétion et l’élégance s’imposeront comme les valeurs dominantes de demain.» LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Secteur 54