le secteur de la mode et maroquinerie

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le secteur de la mode et maroquinerie
LE SECTEUR DE LA MODE
ET MAROQUINERIE
10 septembre 2009
Didier GUYOT
[email protected]
Metz (siège social)
BP 90448
57008 Metz Cedex 01
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Constucteurs d’alternatives
Vichy
78, rue de Paris
03200 Vichy
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Adolfo Dominguez
Adolfo Dominguez paie son tribut à la crise........................................................................... 06
8 septembre 2009 Journal du Textile
Benetton
LES BENETTON, NOUVEAUX PARTENAIRES INDUSTRIELS DU CLUB MED....................................... 07
22 juin 2009 les echos
Burani
L’EMPIRE MARIELLA BURANI EST EBRANLÉ.......................................................................................... 09
8 septembre 2009 Journal du Textile
Burberry
BURBERRY RÉSISTE MIEUX DANS SON RÉSEAU QUE DANS SES VENTES EN GROS.................... 12
1er septembre 2009 Journal du Textile
LE RÉSEAU DE BURBERRY TIENT BON MAIS LES VENTES EN GROS S’EFFONDRENT................... 12
28 avril 2009 Journal du Textile
Burberry: un chiffre d’affaire trimestriel supérieur aux attentes............................ 13
20 janvier 2009 E24
Cardin
Pierre Cardin pourrait vendre ses licences chinoises...................................................... 14
13 juillet 2009 journal du textile
Luxe: Cardin va créer l’ensemble de ses licences en Chine............................................... 14
30 juin 2009 les echos
Chanel
Chanel licencie..................................................................................................................................... 15
27 décembre 2008 E4
Christian Dior Couture
JOHN GALLIANO RETOUR A LA MAISON................................................................................................. 16
SEPTEMBRE 2009 Les Echos Série Limitée
LA RÉCESSION FAIT RECULER CHRISTIAN DIOR COUTURE............................................................... 17
1er septembre 2009 Journal du Textile
Dior va fermer des boutiques........................................................................................................ 18
19 mai 2009 Journal du Textile
Sommaire - 02
Escada
La longue chute d’Escada aboutit à un dépôt de bilan........................................................ 19
25 août 2009 Journal du Textile
Menacé de faillite, Escada améliore son offre...................................................................... 20
30 juillet 2009 les echos
Escada au bord de la cessation de paiement............................................................................ 20
13 juillet 2009 les echos
Le plan de survie d’Escada essuie un premier refus............................................................ 20
13 juillet 2009 Journal du Textile
POUR EVITER LA FAILLITE Escada continue de chercher désespérement des fonds.. 21
30 juin 2009 journal du textile
ESCADA CÈDE SA CHAINE BIBA A GELCO.............................................................................................. 21
Escada réussi à se défaire de Primera : MUTARES EST LE NOUVEAU PROPRIÉTAIRE........ 22
12 juin 2009 Journal du Textile; 16 juin 2009 Journal du Textile
Gaultier
Jean-Paul Gaultier et Levi’s ont esquissé une collaboration.......................................... 23
13 juillet 2009 journal du textile
Givenchy
EN LANÇANT LA LIGNE «REDUX» Givenchy revisite ses pièces à prix plus accessibles.24
1er septembre 2009 Journal du Textile
Gucci Group
Gucci Group continue de braver la récession....................................................................... 25
1er septembre 2009 Journal du Textile
L’activité d’ensemble de Ppr s’est dégradée au cours du deuxième trimestre........ 26
1er septembre 2009 Journal du Textile
Puma change d’avis et décide de ne pas tailler dans son réseau.................................... 26
1er septembre 2009 journal du textile
Hilfiger
Tommy Hilfiger n’en finit pas de faire des bonds en France.............................................. 28
13 juillet 2009 Journal du textile
Tommy Hilfiger reste installé sur son petit nuage.............................................................. 29
Hermes
Hermès a maintenu ses résultats au premier semestre...................................................... 30
8 septembre 2009 Journal du Textile
Sommaire - 03
Hermès a redressé ses ventes....................................................................................................... 30
1er septembre 2009 Journal du Textile
Hermès :vol plané au-dessus de la crise................................................................................... 31
22 juillet 2009 les echos
Hermès va se baigner dans la piscine Lutetia........................................................................... 32
16 juin 2009 Journal du Textile
Hermès: des racines et des ailes................................................................................................... 32
24 juin 2009 les echos
Le déstockage intensif des distributeurs a affecté Hermès........................................... 34
19 mai 2009 Journal du Textile
Hermès affecté par le déstockage des distributeurs....................................................... 35
11 mai 2009 Les Echos
HERMÈS INTERNATIONAL. Les ratios élevés justifient des prises de bénéfices........... 36
9 mai 2009 Investir
Hugo Boss
Hugo Boss met l’accélérateur sur ses ventes en ligne..................................................... 37
1er septembre 2009 Journal du Textile
IT Holding
Mode: John Galliano accorde une licence de cinq ans à IT Holding............................... 38
28 juillet 2009 les echos
EN ATTENDANT LE PLAN DE RELANCE : Les filiales d’It Holding s’activent.......................... 38
2 juin 2009 Journal du Textile
Lacroix
Christian Lacroix : «contacts» entre Borletti et Falic pour un plan commun......... 40
les echos mardi 8 septembre 2009
La Financière Saint-Germain candidate à la reprise de Lacroix....................................... 40
30 juillet 2009 les echos
MODE L’italien Borletti s’allie au créateur Lacroix : offre de reprise du propriétaire du
Printemps................................................................................................................................................. 40
28 juillet 2009 les echos
Reprise de Christian Lacroix :l’italien Borletti entre en scène..................................... 40
28 juillet 2009 les echos
Christian Lacroix va proposer un plan de continuation.................................................... 41
Haute couture: Bernard Krief Consulting s’intéresse à Lacroix.................................. 42
21 juillet 2009 les echos
La récession a fait échouer la relance de Christian Lacroix.......................................... 42
30 mai 2009 les echos; 12 juin 2009 Journal du Textile
Sommaire - 04
Ralph Lauren
La crise commence a rattraper Ralph Lauren......................................................................... 44
1er septembre 2009 Journal du Textile
LVMH
Mode et maroquinerie résistent chez Lvmh............................................................................. 45
1er septembre 2009 Journal du Textile
Montaigne Fashion Group
Montaigne Fashion Group trébuche déstabilisé par la crise.......................................... 46
8 septembre 2009 Journal du Textile
Thomas Pink
Thomas Pink veut mettre l’accent sur sa femme.................................................................... 47
8 septembre 2009 Journal du Textile
Ungaro
SUITE A LA FAILLITE DE MARCHPOLE UNGARO CONFIE SON HOMME A UN AMÉRICAIN................ 48
19 mai 2009 journal du textile
Valentino Fashion
Valentino Fashion Group serre les boulons . ........................................................................ 50
28 avril 2009 journal du textile
Versace
Gian Giacomo Ferraris nommé Versace a trouvé son nouveau Pdg............................... 51
16 juin 2009 journal du textile
EN DÉSACCORD AVEC LES ACTIONNAIRES : Le dirigeant de Versace pourrait claquer la porte
51; Luxe: interrogations sur le devenir du patron de Versace....................................... 52
25 mai 2009 les echos; 2 juin 2009 Journal du Textile
Secteur
L’accessoire demeure la locomotive du luxe Il résiste mieux et devrait
rebondir plus vite............................................................................................................................... 53
Luxe: nouveau PDG pour Brioni , le spécialiste de l’habillement masculin................. 53
11 juillet 2009 les echos
Sommaire - 05
Adolfo Dominguez paie son tribut à la crise
Les comptes de la griffe espagnole plongent dans le rouge.
LA griffe espagnole Adolfo Domin- guez plonge avec la crise. Les chiffres de son premier trimestre 20092010 (du ler mars au 31 mai) ne laissent en effet planer aucun doute. Le groupe affiche ainsi un résultat net
négatif, à —1,63 million d’€, contre +1,13 en 2008. Le chiffre d’af­faires lui aussi diminue, de 10%, pour
s’établir à 34,35 millions d’€. Encore plus inquiétant, le cash-flow de l’entreprise se trouve divisé par deux,
l’Ebitda chute lit­téralement, passant de plus de 5 millions à 1,5 million d’€.
La marque espagnole s’était déjà enga­gée depuis plusieurs mois dans un pro­gramme de réduction des coûts
et d’étude de rentabilité des boutiques. Mais cela ne suffit vraisemblablement plus. Dix-sept boutiques ont
encore fermé au premier trimestre, tandis que 14 autres ont ouvert. Dans son communiqué à la Commission
nationale du marché des valeurs (l’équiva­lent de la Cob),Adolfo Dominguez assure qu’il continue ce plan
d’ajustement des magasins. Il ne serait donc pas surprenant que d’autres points de vente ferment leurs portes
d’ici à la fin de l’année. Sur le mar­ché espagnol, la marque assure qu’il n’y aura pas de développement. Une
décision à vrai dire peu surprenante et presque lo­gique, étant donné la situation du marché national. Adolfo
Dominguez ne semble pas pour autant renoncer à son dévelop­pement international, qui se basera exclusivement sur l’installation de franchises.
8 septembre 2009 Journal du Textile
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Adolfo Dominguez
06
LES BENETTON, NOUVEAUX PARTENAIRES INDUSTRIELS DU CLUB MED
La société holding Edizione de la famille d’entrepreneurs italiens a pris 2 %du capital du Club
Med. Elle a demandé à être représentée au conseil d’administration. L’exploitant de villages
de vacances envisage de nouveaux développements en Italie.
Alors même que Bernard Tapie a fait la semaine dernière une première avancée dans le capital du Club
Méditerranée, en prenant un peu plus de 1 %, son PDG, Henri Giscard d’Estaing, peut compter sur l’appui
d’un nouveau parte­naire industriel: la famille ita­lienne Benetton. Comme l’a ré­vélé vendredi dernier l’édition
électronique des « Echos », son holding Edizione a en effetacquis une participation de 2 %au capi­tal de l’exploitant de villages de vacances et a demandé à être représenté au conseil d’adminis­tration.
Décidément, l’histoire du Club Méditerranée s’écrit pour partie en Italie.
Coïncidence, l’arrivée des Benetton intervient en effet cinq ans après la
sortie des Agnelli, qui s’en étaient désenga­gés en juin 2004 après trente
ans de vie commune, lors de l’adosse­ment — momentané — du groupe
de loisirs à Accor. La famille Benetton, aux activités diversi­fiées (lire cidessous), renforce ainsi le tour de table de parte­naires et alliés qui comprend la Caisse des Dépôts et de Gestion du Maroc (10,96 %), le saoudien
Rolaco (4,69 %), le Crédit Agri­cole (4,12%), Nippon Life (2,98 %) et Air
France (2 %). Aucun projet de pacte d’action­naires n’est actuellement à
l’ordre du jour, selon la direction du groupe.
De fait, le Club Méditerranée et les Benetton sont loin d’être des étrangers.
L’exploitant de vil­lages de vacances avait ainsi cédé, à l’été 2008, sa filiale
Club Med Gym à une nouvelle entité, contrôlée par la société de capi­tal-investissement 21 Centrale Partners,
dont l’un des deux asso­ciés fondateurs n’est autre qu’Alessandro Benetton, admi­nistrateur d’Edizione et l’un
des pionniers du capital-investisse­ment en Italie.
Mais l’entrée au capital du Club Med du holding Edizione est bien davantage qu’un investis­sement. Même
s’il a beaucoup parlé de l’Asie et notamment de la Chine ces dernières années, Henri Giscard d’Estaing n’a
pas caché que l’Italie reste un terrain d’expansion pour le Club, qui y est déjà bien implanté et de lon­gue date.
Sa première ouverture de site remonte à 1951 (à Baratti). Le groupe de loisirs y exploite actuellementquatrevillages pour la saison printemps-été — Otranto (Pouilles), Metaponto (Basilicate), Napitia (Calabre), enfin
Kamarina (Sicile) — et deux l’hiver pour le ski, à Cervinia et Sestrières. Par ailleurs, son com­plexe sicilien de
Cefalu est mo­mentanément fermé — afin de transformer ce village de cases en unité 4 voire 5 Tridents — tout
comme l’est celui de Caprera en Sardaigne. Et les Benetton pour­raient aussi être des partenaires commerciaux
sur le marché tran­salpin. Si les Italiens seclassentau troisième rang des adeptes de la formule club, ils n’étaient
plus que 59.000 clients en 2008 contre 79.000 en 2004.
Au bout du compte, l’arrivée d’Edizione correspond point pour point à la stratégie d’Henri Giscard d’Estaing,qui
veut nouer des alliances industrielles pour poursuivre le développement du Club: «Nous restons ouverts à des
partenariats ycompris avec un lien capitalistique», rappelait-il d’ailleurs dans un entretien aux « Echos » du 7
mai.
Enfin, au lendemain de l’an­nonce de l’entrée au capital de Bernard Tapie et avec l’arrivée officialisée du holding Edizione, l’action Club Méditerranée a ter­miné la semaine en fanfare: le titre s’est adjugé vendredi la
troi­sième plus forte hausse des va­leurs éligibles au SRD, avec un bond de 6,67 % à la clôture, à 10,95 euros.
L’action, qui a été l’objet d’un important volume d’échanges (4,16 % du capital), a même franchi momentanément le seuil des 11 euros en fin de séance.
07
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Benetton
Un poids lourd italien aux activités diversifiées
Globalement, le conglomérat de la famille Benetton pesait 11,4 milliards d’euros de revenus agrégés en 2008,
pour un total de plus de 70.000 salariés.
Si les Agnelli, ex-actionnaires his­toriques du Club Méditerranée, sont aujourd’hui encore à la tête d’un empire italien diversifié, les Benetton, nouveaux alliés tran­salpins du groupe de loisirs, n’ont plus grand-chose à
leur envier. En l’espace d’une quarantaine d’années, la famille de Trévise a en effet constitué un groupe ten­
taculaire aux activités multiples et à la dimension mondiale, sous la houlette de Luciano Benetton, désormais
son patriarche.
Si la saga remonte au milieu des
années 1950, Luciano Benet­
ton ayant alors l’idée d’une col­
lection de tricots aux couleurs
diverses etchatoyantes, le groupe
Benetton est formellement constitué en 1965. Quatre décen­nies
plus tard,cette entité — « suc­cess
story »de l’industrie textile —
n’est qu’un pilier du conglomérat
familial Edizione. Car celui-ci est
par ailleurs présent dans la res­
tauration et les services auxvoya­
geurs via Autogrill, mais aussi
dans l’immobilier, l’agriculture,
le capital-investissement à tra­
vers la structure 21 Investimenti,
les télécommunications et les
infrastructures
aéroportuaires
avec Sintonia. Edizione, c’est
aussi des participations dans les médias et dans des entreprises italiennes influentes comme Me­diobanca ou
Generali. Globale­ment, le holding familial pesait 11,4 milliards d’euros de revenus agrégés en 2008 pour un
total de salariés dépassant 70.000 per­sonnes (en équivalents temps plein).
A travers le groupe textile Be­netton, la famille a également tissé sa toilejusque dans le monde du sport. La
formule 1 bien sûr, et ce dès 1983 comme sponsor. Le « team » Benetton en est au som­met au début des années
1990 avec le pilote allemand Michael Schumacher, qui remporte ses deux premiers championnats du monde
sous ses couleurs, en 1994 et 1995. Cette année-là, l’écurie Benetton gagne son seul titre de constructeur.
Les Benetton sou­tiennent par ailleurs de longue date les équipes de rugby et de basket de Trévise. Simple
club amateur à la fin des années 1970, quand la famille en a pris les commandes, le Benetton Rugby a depuis
accumulé les titres natio­naux, le dernier en date couron­nant sa saison 2008-2009. Une saison historique, car
l’équipe fé­minine, les «Red Panthers », a également gagné son champion­nat.
22 juin 2009 les echos
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Benetton
08
L’EMPIRE MARIELLA BURANI EST EBRANLÉ
PLOMBÉ PAR DES PERTES ET UN ENDETTEMENT ENORMES
MARIELLA BURANI FASHION GROUP (MBFG) sera-t-il l’une des nou­velles victimes de la crise éco­
nomique mondiale ? Le grand groupe de luxe «accessible» italien, qui, tout l’été, a planché sur la mise en
place d’une politique de réorganisation indus­trielle susceptible de lui sauver la mise, est désormais sur la
sellette. Suite à la publica­tion de ses comptes semestriels au 30 juin, jugés «catastrophiques» par les marchés
fi­nanciers, le titre coté en Bourse a été sus­pendu pour une durée indéterminée en début de semaine dernière,
tandis que Ma­zars, la société comptable chargée d’audi­ter le bilan, a refusé sa certification.
Les ventes consolidées du groupe ont en effet reculé de 24%, à 246 millions d’€, et les résultats ont littéralement plongé dans le rouge, avec une perte nette de 142 millions d’€, tandis que l’endettement a progressé,
culminant à 478 millions d’€. Dans son rapport, Mazars évoque une si­tuation de «forte tension», citant notam­
ment des remboursements qui n’ont pas été effectués en mai et en juin, et parle de «significatifs éléments
d’incertitude sur la capacité de l’entreprise à poursuivre son activité», avant de conclure : «Nous ne pouvons
pas nous exprimer sur la confor­mité du bilan consolidé semestriel».
Cette situation de crise n’est pas nou­velle. Déjà l’année dernière, le groupe avait fortement ralenti sa course,
annon­çant une perte consolidée de 55 millions d’€, alors que les ventes avaient néan­moins progressé de 4%, à
700 millions d’€. Au printemps, après l’annonce de résul­tats trimestriels à nouveau négatifs, les di­rigeants de
Mbfg avaient entrepris la mise en place d’un nouveau plan industriel, qui a été présenté aux banques durant
l’été. Les grands axes de ce plan prévoient l’ar­rivée d’un nouvel homme fort, Gabriele Fontanesi, qui s’est installé dans le fauteuil d’administrateur délégué au début du mois de septembre, remplaçant les frères Giovanni
et Andrea Burani, qui ont aussi laissé leur place au sein du conseil d’admi­nistration. Tous deux restent toutefois dans le groupe : Andrea Burani poursui­vra son rôle de directeur industriel, tandis que Giovanni Burani est
le nouveau Pdg de Burani Designer Holding, la société qui détient 59% des actions de Mbfg.
La quête d’un investisseur
Par ailleurs, le groupe veut vendre diffé­rentes participations à hauteur de 60 mil­lions d’€ et lancer une augmentation de capital d’un maximum de 100 millions d’€, permettant à des investisseurs, italiens ou étrangers,
de s’inviter à son tour de table. A l’époque, les banques semblaient sé­duites par ce plan de réorganisation
mais aussi par la personnalité du nouvel admi­nistrateur délégué chargé de le piloter : ex-directeur financier de
Starwood Hotels & Resorts, l’un des grands acteurs interna­tionaux de l’hôtellerie de luxe avec des en­seignes
telles que Sheraton ou S. Regis, Gabriele Fontanesi a également long­temps travaillé chez l’américain Quakers
Oats Co, spécialiste de l’agroalimentaire.
Mais aujourd’hui, au vu des résultats se­mestriels, le groupe, conseillé par Medio­banca, va devoir agir dans
l’urgence. La priorité consiste notamment à trouver un investisseur prêt à assumer une partie de l’augmentation de capital aux côtés de la famille Burani, qui, pour sa part, s’est déjà dite prête à participer à hauteur de
50 mil­lions d’€. Une tache délicate, dans la me­sure où le bilan semestriel n’a pas été cer­tifié. Aux yeux de
nombreux analystes, il est donc essentiel de faire toute la lumière sur les comptes pour pourvoir séduire un
partenaire industriel déjà présent dans le secteur du luxe, considéré par beaucoup comme l’investisseur idéal.
Pour l’heure, le fonds d’investissement américain Gem, propriétaire en Italie de la marque de dou­dounes
Ciesse, aurait déjà fait une offre de 55 millions d’€ pour participer à cette aug­mentation de capital.
L’autre priorité concerne la cession de certaines sociétés jugées non stratégiques pour maintenir la continuité
du groupe. Le pôle joaillerie, créé il y a deux ans, est bien sûr concerné : deux des entreprises qui le composent,
Calgaro et Rosato, ont d’ores et déjà été vendues, pour un total de 12 millions d’€. Les deux autres, Valente
et Facco, sont elles aussi en quête d’un ac­quéreur. Mais le groupe devrait aussi se séparer de différents biens
immobiliers ainsi que de la société Gfin, spécialiste de l’habillement de luxe avec la marque Ter et Bantine,
également licenciée pour An­glomania de Vivienne Westwood.
Cette société est l’une des seules, au sein du groupe, à avoir réalisé une progression de ses ventes au premier
semestre. Et selon différentes indiscrétions, le fonds italien Charme (qui détient des mar­ques comme
Ballantyne et Poltron Frau) serait intéressé par Gfm.
09
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Burani
La tourmente qui secoue l’économie mondiale est en partie à l’origine de cette crise. Le groupe, qui réalise
40% de son activité dans la Péninsule, a misé sa croissance sur les marchés émergents (l’Europe de l’Est et la
Russie représen­tent ainsi 23% de ses ventes), particulièrement affaiblis par la crise ces derniers mois : au cours
du semestre, les ventes à l’international ont reculé (à 130 millions d’€, contre 191 en 2008). L’habillement
s’est lit­téralement effondré (-38%, à 64 millions d’€), tandis que le recul des accessoires, gérés par sa filiale
Antichi Pellettieri, est plus contenu (-6%, à 158 millions d’€). Le solde dérive de Digital Fashion, spécialisé
dans la fourniture de services technologiques pour la ges­tion des entreprises. Mais les observateurs mettent
aussi le doigt sur la politique d’acquisitions tous azimuts menée tambour battant ces dix dernières années,
en particulier dans le secteur des accessoires. Mbfg s’est ainsi adjugé coup sur coup des marques comme
Baldinini, Sebastian, Coccinelle ou encore, il y a un an, Mandarina Duck.
Pour soutenir cette politique de croissance par acquisitions, le groupe s’est appuyé sur les banques mais aussi
sur les marchés financiers. La famille Burani a en effet coté en Bourse pas moins de trois holdings au cours
de cette période : Mbfg, présent dans l’habil­lement, sa filiale Antichi Pellettieri, spécia­liste des accessoires,
et enfin, il y a trois ans, à Londres, la holding Bdh, qui contrôle di­rectement toutes les activités de la «pla­nète
Burani». Jugé idéal en période de croissance économique, ce modèle de dé­veloppement, basé sur la mise en
place d’un conglomérat d’entreprises autono­mes liées par des synergies au niveau de la logistique, de la finance ou de l’approvi­sionnement, semble aujourd’hui montrer ses limites.
Une galaxie de 40 marques
Mbfg est à la tête d’un pôle géant dans le secteur du luxe accessible. Le groupe développe pas moins de 40
marques dans les secteurs de l’habillement et des acces­soires ! Si les marques propres comme l’italienne
Mariella Burani ou l’allemande René Lezard, entre autres, représentent toujours l’essentiel de son activité, il
s’est aussi fortement engagé ces dernières an­nées dans le secteur des licences pour la femme et l’enfant (environ 20% de son chiffre d’affaires). Ces six derniers mois, pas moins de quatre nouveaux accords ont été signés
: avec La Perla et Etienne Ai­gner (prêt-à-porter féminin), Freddy (ha­billement pour l’enfant), pour culminer à
la veille de l’été avec Giambattista Valli. «Une belle opération», aux yeux des obser­vateurs, qui, au moment
de la signature, évoquaient son aspect positif pour l’image du groupe, lequel faisait ainsi une incur­sion dans
le véritable luxe, voire le monde de la Couture. L’alliance, qui a une durée de cinq années et qui débutera à
l’au­tomne7hiver 2010, ne porte actuellement qul’automne-hiverporter. Mais des discus­sions sont en cours
pour l’élargir à la ma­roquinerie et aux chaussures, qui pour­raient être confiées à l’une des sociétés d’ Antichi
Pellettieri. Les deux partenaires misent sur un chiffre d’affaires de 60 mil­lions d’€ dès la troisième année (chez
Gil­mar, son ex-licencié italien, Giambattista Valli pesait environ 20 millions d’€ l’année dernière).
Cet intérêt pour les licences n’est pas nouveau. Le groupe, qui a été fondé en 1960 par Walter Burani, son
président, et son épouse, la styliste Mariella Burani, pour fabriquer à l’époque des vêtements destinés aux
enfants, s’est très vite spécia­lisé dans le secteur de l’habillement. Dans les années 1990, la société a géré des
marques telles que Valentino, Calvin Klein ou Thierry Mugler. Les licences pèsent au­jourd’hui 20% de ses
ventes consolidées : parmi les nombreux accords en cours, on peut citer les chaussures Missoni, confiées à
Sebastian, ou encore la maroquinerie de Vivienne Westwood, réalisée par Braccia­lini. Pour le prêt-à-porter
féminin, on re­marque aussi Alviero Martini et Fucsia (Ungaro). «Nous avons une expérience et un savoir-faire
qui doivent nous permettre de nous imposer dans ce secteur», expli­quait il y a quelques mois Andrea Burani,
qui voulait à l’époque renforcer la pré­sence du groupe dans le monde d’un prêt-à-porter sophistiqué et proche
de l’esprit Couture, «qui, actuellement, résiste le mieux à la crise, même sur des marchés dif­ficiles comme la
Russie», estimait-il.
Toute la production de l’habillement fé­minin est organisée au siège historique de Mariella Burani, à Cavriago,
en Emilie Romagne. Le groupe y possède une usine d’une surface de 30.000 m2 qui emploie 200 personnes
et où sont rassemblées toutes les opérations liées au développe­ment des produit& Mbfg produit actuelle­ment
1 million de vêtements pour femme par an.
On retrouve le même type d’organisa­tion pour l’enfant, avec une entreprise spécialiste du secteur qui a été rachetée il y a dix ans. Basée à Pescara, cette société a enregistré une croissance rapide en multi­pliant les accords
de licences, et elle de­vrait peser 40 millions d’€ cette année, pour environ 1 million de vêtements ven­dus. Elle
développe actuellement les mar­ques Bikkembergs, Patrizia Pepe, Phard, Killah et Freddy.
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Burani
10
Dans leur dernier communiqué de presse, les dirigeants de Mbfg reconnais­saient l’existence de «fortes difficultés qui ont pénalisé l’activité et créé une situation temporaire de tension financière». Mais ils se disaient
aussi confiants dans «la conti­nuité de l’entreprise». Une affirmation qui n’a pas rassuré les marchés financiers,
en attente du prochain conseil d’administra­tion et des décisions, probablement sé­vères, qui seront prises à
cette occasion.
8 septembre 2009 Journal du Textile
11
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Burani
BURBERRY RÉSISTE MIEUX DANS SON RÉSEAU QUE DANS SES VENTES EN GROS
Le chiffre d’affaires de la marque de luxe britannique a reculé de 4% lors de son premier
trimestre.
La marque de luxe britannique Burberry a subi une baisse de son chif­fre d’affaires de 4% hors effets. de
change (+8% à taux de change com­parable) au cours de son premier trimes­tre, clos le 30 juin. Ses ventes au
détail ont quant à elles progressé de 12% en dépit du climat écono­mique, une croissance générée pour 8% par
l’ouverture de nou­velles boutiques. A parc compa­rable, elles restent stables. Le réseau de magasins propres
du groupe, qui représente les deux tiers de son chiffre d’affaires, a bien résisté grâce aux ventes de ses lignes
enfant, acces­soires et mode masculine. Ses nouveaux produits — chaus­sures, cuir et denim — auraient également très bien fonc­tionné. L’Europe et l’Asie affi­chent une croissance à deux chif­fres, grâce à un taux de
change favorable. Dans la zone Europe (qui inclut le Moyen-Orient), les ventes (gros et détail) ont grimpé de
3% à taux de change constants. Le groupe fait cepen­dant état d’un recul de ses ventes en Amérique (-14%).
Frilosité
Les ventes en gros du groupe ont chuté quant à elles de 28% (en ligne avec les 25% anticipés), et la marque
prédit une chute de celles-ci de 25 % au premier semestre. Burberry invoque la frilosité des distributeurs quant
au renouvelle­ment des stocks, la conversion de son ré­seau de ventes en gros en ventes au détail au MoyenOrient (à travers Burberry Middle-East) ainsi que l’arrêt de sa mar­que Thomas Burberry. Ses ventes de pro­
duits sous licences ont pour leur part re­culé de 3% et devraient continuer à plon­ger de 10 à 15% au cours du
premier semestre.
Burberry, qui a récemment mis en place une politique de rentabilité des coûts en réduisant son effectif de 15
%, juge ces der­niers résultats encourageants : «Nous avons effectué un solide démarrage dans un environnement qui demeure incertain. Nous continuons à appliquer notre straté­gie en termes de produit, de réseau et
de ré­gion, tout en menant un programme de rentabilité. Notre notoriété et notre forte identité en termes de
création nous procurent l’assurance d’une croissance à long terme», annonce la dirigeante, Angela Ah‑ rendts.
Stacey Cartwright, directrice financière, affirme pour sa part que la marque gagne des parts de marché, «en
particulier aux Etats-Unis». Selon elle, l’attitude plus prudente des détaillants pourrait conduire à des opérations de démarques plus raisonnables durant les soldes de fin d’année. Même s’il est «trop tôt pour parler
de reprise», elle parle d’un «retour probable à la stabilité». Pendant son exercice en cours, Burberry compte
continuer à privilégier son réseau de magasins et prévoit l’ouverture de 10 à 15 boutiques dans le monde d’ici
à juin 2010.
1er septembre 2009 Journal du Textile
LE RÉSEAU DE BURBERRY TIENT BON MAIS LES VENTES EN GROS S’EFFONDRENT
Le groupe de luxe britannique Burberry a souffert, lui aussi, au cours du premier trimestre 2009. Ses ventes en
gros, qui représentent un tiers de ses ventes totales, ont reculé de 21% au cours de ces trois premiers mois. En
Espagne, pays où les distributeurs sont particulière­ment touchés par le recul de la consom­mation, ses ventes
ont chuté de 29%. Le groupe craint que ses ventes en gros ne diminuent encore de 25% durant les six prochains mois. Il estime que ce glisse­ment pourrait être attribué en partie (15%) à l’arrêt de l’activité de Thomas
Burberry, une marque qui était orientée vers le marché espagnol et que le groupe a arrêtée en janvier dans un
souci de renta­bilité.
Cependant, les ventes au détail com­pensent un peu la baisse des ventes en gros. A parc comparable, elles sont
en hausse de 3% au cours du premier trimes­tre 2009. En Europe, en Espagne et aux Etats-Unis, les performances du réseau propre du groupe sont «meilleures, malgré des conditions économiques toujours difficiles»,
indique le groupe. L’afflux des tou­ristes en Grande-Bretagne (en particulier chinois et européens), alléchés par
la fai­blesse de la livre, a également participé à la progression de ses ventes en ce début d’année. A Londres,
elles enregistrent une croissance à deux chiffres. Ce sont particu­lièrement les accessoires, les vestes
molle­tonnées, les trenchs, les manteaux et les produits arborant les fameux tartans écos­sais qui ont
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Burberry
12
affiché les meilleurs résultats, les consommateurs étant «enclins à inves­tir dans des valeurs sûres et des pièces
tradi­tionnelles en temps de crise». Les collections enfant sont également en bonne pro­gression. Burberry a
ouvert cinq magasins dédiés à l’enfant durant les six derniers mois (Moyen-Orient, Etats-Unis, Lon­dres) et
entend capitaliser sur le dévelop­pement de cette ligne.
Difficultés au Japon
Les produits dérivés développés sous li­cence ont, quant à eux, fortement souffert (parfums, montres et produits de prêt-à-porter masculin) : leur chiffre d’affaires a chuté de 17% durant le premier trimestre 2009. Les
licences ont surtout été affectées par les difficultés que connaissent les grands magasins au Japon, un pays qui
représente 70% du marché des licences de Burberry. La marque compte donc réduire à l’avenir ses produits
sous licence de 10 à 15%.
Mais malgré ces contre-performances, Burberry reste confiant. «Nous sommes convaincus que la marque est
en bonne po­sition en ce début d’année pour exploiter toutes les opportunités et ainsi assurer sa croissance
sur le long terme», assure la diri­geante, Angela Ahrendts. Le programme de rationalisation des coûts, mis
en place depuis janvier, serait par aillleurs «en bonne voie» et devrait générer, comme prévu, une économie
annuelle de 56 mil­lions d’€.
Au cours du dernier semestre, Burberry a continué d’investir dans l’innovation pour renforcer son offre, notamment à tra­vers sa gamme d’accessoires, et a ouvert seize nouveaux magasins. La marque compte étendre
son espace de vente de 10 à 12% d’ici à mars 2010.
28 avril 2009 Journal du Textile
Burberry: un chiffre d’affaire trimestriel supérieur aux attentes
Le chiffre d’affaire trimestriel du groupe britannique de luxe Burberry est supérieur aux attentes. Sur la période octobre-décembre, il a réalisé un chiffre d’affaires de 329 millions de livres sterling (360 millions d’euros), en hausse de 9% à changes constants.
A données comparables, les ventes ont toutefois baissé de 3% au troisième trimestre. «Le chiffre d’affaires
a bénéficié d’une forte activitépromotionnelle, notamment en décembre», explique la société. «Cela a eu un
impact sur la marge brute mais a permis un écoulement profitable desexcédents de stocks. Ces tendances devraient se maintenir au quatrième trimestre.» Le secteur du luxe devrait cependant connaître un recul de ses
ventes en 2009.
Le groupe annonce par ailleurs la suppression d’environ 54o emplois afin de préserver sa rentabilité dans un
climat difficile. Les réductions d’effectifs devraient concerner 250 personnes en Espagne et jusqu’à 290 en
Grande-Bretagne, où le groupe va fermer son usine de Rotherham, dans le nord de l’Angleterre. En Espagne,
le groupe a l’intention de «moderniser davantage sa chaîne d’approvisionnement, de fermer l’activité Thomas
Burberry destinée au marché espagnol et dont l’activité n’est pas assez performante, et de rationaliser l’activité pour refléter le niveau plus bas des ventes sur ce marché».
Ces licenciements entrent dans le cadre d’un programme de réduction de coûts de 5o millions de livres sur
2009/2010, dont 15 à 20 millions de livres avaient été annoncés en novembre, et 30 à 35 millions de plus
mardi matin. La directrice générale Angela Ahrendts a estimé dans le communiqué que les marchés étaient actuellement «difficiles et volatiles». «Ces économies, couplées à des stratégies éprouvées, une perception forte
de notre marque et une gestion prudente, nous placent en bonne position pour traverser une période actuelle
difficile et en sortir plus forts encore quand l’économie mondiale repartira», assure-t-elle.
20 janvier 2009 E24
13
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Burberry
Pierre Cardin pourrait vendre ses licences chinoises
DEUX CANDIDATS SONT SUR LES RANGS
PIERRE CARDIN pourrait bientôt céder ses licences mode exploitées en Chine. Selon un porte-parole de la
griffe, le montant de la vente est estimé à 200 millions d’€, et l’acquisition serait ré­partie entre deux sociétés
chinoises, Jiangsheng Trading Company et Car­danro. «Tant que le contrat n’est pas signé, la prudence s’impose», insiste toutefois le porte-parole. En effet, Pierre Cardin, de­puis quelques années, a déjà annoncé à plusieurs reprises sa volonté de céder sa griffe, intégralement ou en partie selon les propositions qui lui seraient
faites. Jusqu’à présent, les discussions n’ont jamais abouti, le créateur français restant très at­taché à sa griffe
en dépit de ses 87 ans.
Si cette vente est finalement conclue, elle concernera très précisément les activi­tés de prêt-à-porter (homme,
femme, en­fant) et d’accessoires (ceintures, maroqui­nerie, bagages), soit un total d’une tren­taine de licences
(32 exactement), sur les 500 à 600 que développe la marque à tra­vers 140 pays. Présente en Chine depuis une
vingtaine d’années par le biais des li­cences, la marque s’est fait connaître dans le pays dès 1978 en organisant
le premier défilé de mode occidentale à Pékin.
«La nouvelle de cette cession s’est répan­due en Chine par le biais d’une rumeur inexacte parue dans des journaux locaux», précise encore le porte-parole de Pierre Cardin. Celle-ci faisait état de la vente de l’intégralité
de la griffe à des acteurs chi­nois, créant alors un véritable émoi dans la profession. Pour mémoire, le couturier
français a déjà vendu ses licences au Japon il y a une quinzaine d’années, mais, de là à céder entièrement sa
griffe à des acteurs chinois, il y avait encore de la marge.
Le chiffre d’affaires de l’empire Cardin est évalué à 6 milliards d’€. Mais plusieurs de ses branches, notamment la presse, le théâtre et la restauration, sont dans le rouge. Le couturier a déjà indiqué aux éventuels futurs
acquéreurs qu’il valori­sait sa marque (sans les parfums) à au moins 1 milliard d’€. AGNÈS LEGOEUL •
13 juillet 2009 journal du textile
Luxe: Cardin va créer l’ensemble de ses licences en Chine
Le groupe Pierre Cardin va vendre ses licences textile et accessoires en Chine. Les négociations en cours depuis deux mois concernent la totalité des 32 licences en matière de textile et d’accessoires dans le pays et le
contrat de vente doit être signé « incessamment », a déclaré Pierre Cardin, qui va fêter ses quatre-vingt-sept
ans le 2 juillet. Les acheteurs sont «des sociétés chinoises », a-t-il ajouté. Selon un porte-parole de la griffe,il
s’agit de la Jiangsheng Trading Company et de la société Cardanro. Un quotidien chinois a indiqué que cette
vente s’élèverait à 200 millions d’euros. Le couturier a été l’un des premiers investisseurs étrangers à s’implanter en Chine en 1978, où la marque est très connue. Pierre Cardin a ouvert sa maison de couture en 1949.
Son groupe compte aujourd’hui près de 800 licences réparties dans 140 pays.
30 juin 2009 les echos
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Cardin
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Chanel licencie
Chanel va supprimer 200 postes de CDD. Chanel n’avait pas connu une telle crise depuis 1939. Au tout début
de la guerre, Coco Chanel, qui régnait alors en maître rue Cambon avait décidé de fermer et de licencier son
personnel. Aujourd’hui, la célèbre marque de luxe a décidé de supprimer à partir du 31 décembre tous ses
CDD et intérimaires, selon une information de la chaîne LCI, confirmée par la CGT. Cela représente près de
200 personnes, dont 16 dans le magasin historique de la rue Cambon. La direction du groupe n’était pas joignable samedi pour commenter cette information.
Selon Manuel Blanco, secrétaire fédéral des industries chimiques CGT, «200 suppressions de postes de CDD
et intérimaires ont été annoncées au sein du groupe mi-décembre pendant un Comité central d’entreprise, ce
qui représente environ 10% des effectifs de production». Le syndicaliste s’est déclaré inquiet «même si la
direction a assuré qu’il n’y avait pas de crainte à avoir pour les salariés ‘organiques’. Le secteur «parfums,
cosmétiques et accessoires, c’est à dire les cuirs, situé sur le site de Verneuil-en-Halatte (Oise)» serait particulièrement concerné. «Il reste 300 personnes sur ce site qui a déjà connu deux plans sociaux en dix ans», a
précisé le responsable syndical.
Ces suppressions de postes sont dues à une forte baisse d’activité chez Chanel, dont le taux de croissance serait
«de o cette année», selon la CGT. «Nous avons des inquiétudes quant aux projets futurs suite à cette décision:
Chanel avait un projet de construire un grand labo de recherche à Pantin (Seine-Saint-Denis), que va-t-il devenir ? Et quid des investissements sur les sites de production ?», s’est interrogé Manuel Blanco.
Chanel avait déjà annoncé il y a huit jours mettre fin à son «Mobile Art Tour», tournée mondiale d’une galerie
d’art mobile, préférant, «dans le contexte actuel» de crise, renoncer à cette «opération d’image» pour «se recentrer» sur des «investissements stratégiques».Une mauvaise nouvelle de plus dans l’univers du luxe qui ne
semble plus à l’abri de la crise. Aux Etats-Unis, notamment, la balsbeisn• les fêtes a particulièrement touché
le secteur du luxe qui a connu une baisse de 34% (-21% hors bijouterie).
27 décembre 2008 E4
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LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Chanel
JOHN GALLIANO RETOUR A LA MAISON
« Il faut que tout change pour que rien ne change », disait le prince Salina dans Le Guépard...
Ainsi, John Galliano puise dans l’héritage de Monsieur Dior la force d’un style reconnaissable entre tous. Dernière illustration en date ? La haute couture de cet automne
Comment profiter d’un défilé haute couture pour redéfinir l’essence d’une marque ? La maison Dior s’y attache avec, aux commandes, John Galliano. Ses apparitions sont moins dramatiques que par le passé mais ses
effets tou­jours aussi calculés. Lundi 6 juillet dans les salons de l’avenue Montaigne, les clientes sont là, pour
un défilé qui parle de pouvoir. Un intimidant panneau annonce « Do not disturb » sur la porte du studio de John
Galliano. Et pour les mannequins, un autre, plus inquiétant encore, indique « Monsieur Dior vous regarde ».
De quoi maintenir tout le monde sous pression.
Après plusieurs saisons à secouer la maison, John Galliano se concentre sur l’héritage Dior, et la haute couture
permet d’appuyer l’exclusivité et l’altitude pyramidale. Bernard Arnault déclarait d’ailleurs à la presse qu’il
n’était pas question de renoncer ou d’économiser sur cette haute couture, « au coeur de la maison Dior ». Alors
retour dans ces salons historiques où les défilés étaient autrefois quotidiens. Cette fois-ci, John Galliano a promis un show électrisant inspiré par la «fièvre de la cabine », soit « ce moment où les mannequins favo­rites de
Monsieur Dior, aidé de sa muse, la mystérieuse et influente Mitzah Bricard, étaient à divers stades de déshabillé ». Les clientes de la Haute Couture Dior se pressent avec à la main des sacs Lady Dior en croco mauve,
une manière d’affirmer qu’elles en possèdent 70 varia­tions et que celui-ci est le 71e. On les sent frissonnantes
d’être là. Dans l’antre, la fabrique de rêves post-cinéma : Sharon S., Marion C., Monica M., Charlize T., Sofia
C., Eva G. déploient un faisceau de glamour jamais vu pour illuminer la marque. Et cela fonctionne : à chaque
nouvelle apparition, très calculée, d’une égérie, les chiffres de vente bondissent.
Les mannequins arrivent. La bouche entrouverte, les mains sur les hanches, le cheveux moussu planté d’une
épingle géante. L’une a oublié sa jupe, affichant une culotte en dentelle noire. À la fin du défilé, Sidney
Toledano, le président de Dior explique docte­ment à une cliente qu’il s’agit là de « culottes Haute Couture,
faites à la main... un cauchemar technique. Mais quand on voit une dame arriver comme ça, on ne peut dire
que oui ! » Sur la moquette grise, le show tourne en démonstration de maestria de tailleurs brodés de mille
violettes, robes en annuaire de tulle, jeux de mini crinolines pouf avec nœud géant de coquette, cambrures.
L’opulence est là : les chapeaux en soleil de plumes rouges, une traînée de léopard sur une robe de mousseline blanche. Le choc réside aussi dans la proximité : les clientes sont à vingt centimètres des créations. John
Galliano défend ce nouveau virage Dior vers l’intimiste en lieu et place des énormes podiums qui tiennent à
distance les modèles: « Nous sommes à la maison, on peut enfin toucher le taffetas, sentir les roses ! »
Création, héritage et savoir-faire
Derrière cette grande robe de courtisane ouverte devant et derrière pour lais­ser voir la culotte se cache un discours. Il parle de pouvoir. Le pouvoir d’en­trer chez Dior, de s’habiller ici et comme cela. Une haute couture
de Première Dame mais pas seulement. « la femme Dior n’est pas une femme de pouvoir, module Sidney
Toledano, c’est une femme libre et qui se permet des zooms sur des détails de sa garde-robe ». Bien dit. John
Galliano démontre qu’il n’a pas peur des couleurs, ni du sexe alors que la plupart des marques sont passées
au noir et au sobre pour faire face aux récessions. Il explique que ces porte-jarretelles posés sur les vestes de
tailleurs ne sont pas simplement une fantaisie rajoutée après minuit dans un élan créatif. « Je suis parti d’une
veste fantastique créée par Monsieur Dior pour Marlene Dietrich en 1954. Une technique mise au point avec
elle pour que sa veste ait l’air de plonger dans sa jupe : c’était totalement dicté par les poses qu’elle voulait
prendre ». La chanson, qui accompagne la fm du défilé et le salut de John Galliano, braille en anglais « rêver
encore et encore et encore et encore et encore » à l’infini. Le show terminé certaines clientes peuvent aller ,discuter avec l’artiste dans son studio. On aperçoit le petit jar­din extérieur secret avec lauriers roses, hydran. géas,
églantines et quatre chaises en fer qui dol vent accueillir la pause cigarette pendant le essayages nocturnes.
Il y a là un petit buffet avec des amuse-bouche compliqués, du champagne, des bonbon Kréma et de la boisson
énergisante. Voilà Monsieur Toledano, qui en verse dans une flûte champagne. Comment fait-il pour
voir à long terme dans ce monde où tout est à cour terme ? «Il y a la création de la saison mai: qui joue
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Christian Dior Couture
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entre les codes permanents et l’air du temps. Chez Dior, on vient chercher de la récurrence et de l’iconique,
avec le génie di John Galliano pour les mettre à l’envers et innover. À long terme, ce qui m’intéresse concerne
la formation du personnel, les investissements sur les nouveaux territoires, la production. Mais nous jouons
auss à court terme ne serait-ce que par notre hyper réactivité sur la communication. Les mots qu’on ne peu pas
prononcer chez Dior sont «Je ne peux pas «, «ne veux pas», «normalement «. C’est impossible de dire ça. On
sent une passion et une fierté de travailler dans cette maison, et le tout sans arrogance ».
Plus que d’économie, le président de Dior se préoccupi de l’avenir de tous ces savoir-faire : «Il faut protéger le
métiers et les ateliers qui existent encore. Il faut remotiver les jeunes pour devenir modélistes ou couturières.
Ma crainte est plus là que sur les turbulences économiques venir ou passées. Je sais juste qu’à la sortie du
virage, il faudra être en tête pour accélérer. Et les produits doivent êtres exceptionnels. Des produits Dior. »
SEPTEMBRE 2009 Les Echos Série Limitée
LA RÉCESSION FAIT RECULER CHRISTIAN DIOR COUTURE
LE CHIFFRE D’AFFAIRES A BAISSÉ DE 7% AU PREMIER SEMESTRE
Christian dior couture n’a pas bien démarré 2009. Alors que l’année 2008 s’était déjà terminée avec une
baisse de 3% du chiffre d’affaires à taux courants, le premier semestre 2009 est en recul de 7% (10,6% à
taux constants). Plus en dé­tail, le premier trimestre a notamment été marqué par un fléchissement de 8,4%.
Ce­pendant l’activité s’est un peu améliorée au deuxième trimestre, qui s’est clos avec une baisse de 5,7%.
Au cours des six pre­miers mois de l’année, les ventes s’établis­sent donc à 340 millions d’€, quand le ré­sultat
opérationnel courant est nul. Au pre­mier semestre 2008, il s’était inscrit autour de 7 millions.
«Nous souffrons toujours de la baisse d’activité aux Etats-Unis et au Japon, ex­plique Sidney Tolédano, Pdg
de Christian Dior Couture. Mis à part l’Espagne, l’Eu­rope continue de bien résister. En Grande-Bretagne,
nous avons enregistré des crois­sances à deux chiffres. Les grands maga­sins, à l’image de Harrods, ont connu
une forte activité.» Quant à l’Asie, hors Japon, elle s’impose comme étant la zone géogra­phique la plus prometteuse pour le groupe. «La croissance est très importante en Chine et en Corée, souligne le dirigeant de
Christian Dior. Nous allons continuer à ouvrir des boutiques dans cette zone». A contrario, les ventes en gros
continuent à plomber les comptes de la maison. «Par ailleurs, nous avons préféré nous montrer prudents avec
les clients qui présentaient quelques difficultés de trésorerie, poursuit Sidney Tolédano. Nous avons, de fait,
li­mité les volumes de livraison».
En dépit de ces difficultés, le dirigeant reste ferme sur le positionnement «haut luxe» engagé par la maison
depuis deux ans. «Ce sont les produits aux prix les plus élevés qui progressent le plus actuellement, preuve
que nous avons raison, précise le dirigeant. La ligne de sacs en cuir Lady Dior continue à enregistrer des croissances à deux chiffres. Le sac 30 est sur le point de suivre le même chemin. Ce sont des lignes de produits dont
le prix de vente tourne en­tre 1.400 et 2.000 €. Nous faisons le même type de constat au niveau du prêt-à-porter
féminin et masculin. Les dernières présen­tations des lignes croisière et de la Couture ont remporté un franc
succès.»
Soucieux de garder une bonne dyna­mique, afin de préparer au mieux l’après­crise, Sidney Tolédano poursuit
son pro­gramme d’ouverture de boutiques. Après Schenzen et Singapour ces dernières se­maines, le dirigeant
inaugurera les bou­tiques de Dubaï et de Saint-Pétersbourg dans quelques jours. Quant à avancer une perspective de chiffre d’affaires pour l’en­semble de l’année, ou seulement pour le troisième trimestre, il ne s’y risque
pas.
«Les catastrophes financières sont derrière nous, observe-t-il. Mais le taux de chômage reste inquiétant. Il faudra sans doute du temps pour faire repartir l’ensemble de la machine. Dans ce sens, le dernier trimestre sera
sans doute déterminant, parce qu’il donnera des éléments de tendance pour l’année 2010.»
1er septembre 2009 Journal du Textile
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LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Christian Dior Couture
Dior va fermer des boutiques
CONSÉQUENCE DE SON POSITIONNEMENT GRAND LUXE ?
En dépit d’un début d’année difficile (les ventes du pre­mier trimestre 2009 ont re­culé de 12% chez Christian Dior
Couture), l’assemblée géné­rale du groupe Christian Dior, la holding qui rassemble les activités du groupe Lvmh
et de Christian Dior Couture, s’est déroulée dans un climat qui se voulait rassurant pour les actionnaires venus
en nom­bre. C’est le directeur administratif et financier du groupe Christian Dior, Florian 011ivier, qui a pré­senté
les comptes, sous les regards attentifs de Sidney Toledano, Pdg de Christian Dior Couture, et de Bernard Arnault,
Pdg de Lvmh.
En ce qui concerne la maison de couture à proprement parler, il faut tout d’abord noter que la part de son activité a
sensiblement baissé dans le chiffre d’affaires global du groupe Christian Dior, passant de 5 à 4% en 2008. Mais les
éléments les plus sujets à commentaires n’ont pas été divulgués directement lors de cette assemblée, alors qu’ils
sont clairement inscrits dans le rapport annuel distribué à son issue. Ainsi, il faut noter que le résultat net part du
groupe subit une perte non négli­geable, puisqu’elle s’établit à —29 millions d’€. Lors de l’exercice pré­cédent, ce
résultat était positif à hauteur de 33 millions.
Au chapitre des perspectives, le rapport annuel note aussi que Christian Dior Cou­ture a pour objectif, «dans un
contexte éco­nomique général incertain, d’accroître sa flexibilité opérationnelle et de poursuivre le développement
des produits embléma­tiques très haut de gamme». Il ajoute qu’un programme de fermetures de boutiques, «dont
les perspectives de croissance et de rentabilité ne correspondent pas aux exi­gences du groupe», a été engagé.
Une pre­mière pour la marque Christian Dior. Les investissements resteront, par contre, concentrés sur la Russie
(Ekaterinenburg, Saint-Pétersbourg) et la Chine. Il est à pré­voir également un recentrage des campagnes publicitaires vers les produits phares de la griffe, «les produits embléma­tiques très haut de gamme».
Des redevances bienvenues
Plus en détail, ce sont les redevances qui sauvent la mise dans le contexte ambiant. Ainsi le revenu des licences a
grimpé de 10%, grâce notamment à la concession de la nouvelle activité de téléphonie mobile. Les ventes au détail
reculent de 5%, reve­nant de 592 à 565 millions d’€. Et c’est le prêt-à-porter féminin qui a dynamisé les ventes en
gros. Celles-ci ont progressé de 1%, à 164 millions.
Mais comme l’a rappelé avec insistance le directeur financier, Christian Dior Cou­ture demeure la première maison
de Cou­ture au monde. «L’activité reste soutenue au Moyen-Orient et en Chine», a-t-il in­sisté. La répartition du
volume d’affaires 2008 par zones géographiques montre que l’Europe et le Moyen-Orient pèsent dés­ormais 52%
du chiffre d’affaires global de la griffe, contre 47% en 2007. Les parts respectives de l’Europe et du Moyen-Orient
ne sont toutefois pas détaillées. La zone Amériques est passée, de son côté, de 16 à 13%. Quant à la région AsiePaci­fique, elle recule de 37 à 35%. «Les Etats-Unis et le Japon ont marqué le pas», recon­naît Florian Ollivier.
Fin 2008, Christian Dior Couture comp­tait 237 boutiques, contre 221 en 2007. Les ouvertures ont été principalement réali­sées en Asie et au Moyen-Orient. Cinq boutiques ont été ouvertes en Chine, deux en Arabie Saoudite et
deux autres au Qa­tar et à Bahreïn. Avec un chiffre d’affaires de 765 millions d’€, Christian Dior Cou­ture a subi
un recul de ses ventes de 3% en 2008. Le résultat opérationnel s’établit, de son côté, à 9 millions d’€, contre 74
mil­lions en 2007. «Cette donnée reflète le ni­veau d’activité de 2008 et les effets de la refonte de la supply Chain
associés à l’expan­sion du réseau», commente Florian Ollivier.
L’assemblée générale s’est terminée par le vote de diverses résolutions. Renaud Donnedieu de Vabres, ex-ministre
de la Culture, devient ainsi administrateur, en remplacement de Raymond Wibaux, dé­cédé. Par ailleurs, les mandats d’Eric Guerlain, d’Antoine Bemheim, de Denis Dalibot, de Christian de Labriffe, de Jaime de Marichalar
y Saenz de Tejada et d’Alessandro Vallarino Gancia ont été re­nouvelés au sein du conseil d’administra­tion du
groupe. Pour finir, plusieurs réso­lutions à caractère extraordinaire, et por­tant sur des possibilités de réduction et
d’augmentation ponctuelles du capital, ont aussi été approuvées par la majorité des actionnaires. Des opérations
très tech­niques dont les conséquences ne semblent pas faciles à appréhender ou à commen­ter. Faut-il y voir des
parapluies destinés à protéger éventuellement le groupe de perspectives peu encourageantes ? Ou de simples opérations comptables ? La ques­tion reste ouverte.
19 mai 2009 Journal du Textile
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Christian Dior Couture
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La longue chute d’Escada aboutit à un dépôt de bilan
Il n’y a pas eu de miracle pour Es­cada. Après l’échec du plan de sauve­tage préparé par son dirigeant, Bruno
Sâlzer, le groupe allemand de prêt-à-porter de luxe a dû déposer son bilan. L’ancien dirigeant de Hugo Boss
n’a donc pas réussi à relever un pari que beaucoup d’observateurs jugeaient de­puis longtemps impossible. A
bout de souffle depuis plusieurs années, Escada s’est vu porter le coup de grâce par la crise économique, qui a
entraîné d’im­portants reculs des ventes, notamment aux Etats-Unis, son marché princi pal. Lors de l’exercice
2007-2008 (clos au 31 octobre), la perte avait atteint 70 millions d’€, et les chiffres de cette année ne pré­
sentaient pas d’amélioration. Au con­traire : au cours du premier semestre, la perte a atteint 92 millions, tandis
que le chiffre d’affaires de la marque Escada a chuté de 24%, à 151 millions.
La tentative de sauvetage mise au point par Bruno Sâlzer, arrivé l’année dernière dans les fourgons des frères
Herz (propriétaires de la chaîne Tchibo), avait pris la forme d’un échange d’obli­gations. Si 80% des créanciers avaient accepté le plan, la voie aurait alors été li­bre pour une augmentation de capital et la prolongation
de prêts. Mais, bien que la date butoir ait été repoussée à plu­sieurs reprises, jusqu’en août, et que l’of­fre
d’échange ait été améliorée, moins de 50% des créanciers se sont montrés prêts à faire des sacrifices.
Escada est désormais placé entre les mains de l’administrateur judiciaire mu­nichois Christian Gerloff. Celuici a rapi­dement pris la parole pour tenter de ras­surer les salariés (encore quelque 2.300) et affirmer que le
groupe avait été parfai­tement préparé au dépôt du bilan, ce qui laisserait augurer un nouveau départ. De son
côté, Bruno Sâlzer, à l’instar de son directeur de la production, Werner Lackas, s’est séparé des actions qu’il
dé­tenait dans l’entreprise (acquises pour 3 millions d’€, elles n’ont plus rapporté que quelque 230.000 €). Il
entend ainsi se concentrer sur son rôle de patron du groupe et éviter tout conflit d’intérêt. Même s’il n’a pas
réussi à éviter le che­min du tribunal de commerce, Bruno Sâlzer, dans l’esprit des actionnaires, demeure le
seul capable de redonner à Es­cada son lustre d’antan. Reste cependant à savoir comment le groupe pourra
supporter le dépôt de bi­lan. Christian Gerloff aura fort à faire pour éviter tout dépeçage. Un premier candidat
à la reprise (Nickolaus Becker, un avocat allemand, ancien président du conseil de surveillance du groupe de
mé­dias Em.TV) s’est ainsi déjà manifesté, mais il ne serait intéressé que par les meilleurs morceaux tels que
la marque, le droit des licences ou les magasins.
Quoi qu’il en soit, une entrée chez Es­cada risque certainement de se payer au prix fort. Malgré ses déboires, la
marque jouit toujours d’une bonne notoriété, no­tamment aux Etats-Unis (où sa filiale a également déposé le bilan). Outre-At­lantique, Escada compte de nombreux adeptes, comme les actrices Katie Holmes, Hilary Swank
ou encore Demi Moore. Ses heures de gloire remontent cependant à la fin des années 80 et au dé­but des années
90, où elle était devenue synonyme de «German Glamour». Es­cada a été fondé en 1976 par le manne­quin
suédois Margaretha Ley, qui avait su convaincre son mari, Wolfgang, homme d’affaires réputé, de lancer sa
propre ligne. Margaretha Ley donna à la marque son identité : les couleurs écla­tantes, les coutures poussées ou
encore la sensualité. L’ascension fut rapide, et Es­cada parvint à évoluer aux côtés des Dior ou autres Armani.
Mais, lorsqu’en 1992 Margaretha Ley succomba à un cancer, à l’âge de 59 ans, Escada avait déjà commencé à
subir des pertes. La volonté de Wolfgang Ley (qui a quitté la direction en 2006) de fonder un grand groupe de
mode au moyen d’acquisitions s’est vite révélée une er­reur, que Bruno Sàlzer, en cédant la fi­liale Primera, n’a
pas réussi à gommer. Ces dernières années, les différents patrons (dont le Français Jean-Marc Lou­bier) qui se
sont succédé aux commandes d’Escada ont tous échoué à redresser l’entreprise malade. Ils n’ont pas su, sur­
tout, trouver la perle rare qui aurait pu redonner une identité aux collections. Et c’est notamment sur ce point
que Bruno Sàlzer aura besoin de faire la différence.
Diverses rumeurs courent à ce sujet. L’une d’entre elles affirme que Bruno Sâlzer aurait pris contact avec
le créateur Wolfgang Joop (dont le nom a également été évoqué pour la reprise du spécialiste de dessous
Schiesser). Il est cependant difficile d’imaginer que ce créateur à forte personnalité saura se mettre au ser­vice
d’un grand groupe, lui qui a déjà cla­qué la porte de sa marque à succès,Joop, pour repartir avec une nouvelle
ligne nommée Wunderkind. Mais l’idée d’une union Bruno Sâlzer-Wolfgang Joop fait déjà saliver beaucoup
de monde.
25 août 2009 Journal du Textile
19
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Escada
Menacé de faillite, Escada améliore son offre
Le groupe allemand de prêt-à-porter relève et prolonge son offre. Les créanciers ont jusqu’au 11 août pour
accepter les 10 actions du groupe offertes pour chaque part de 1.000 euros de la dette de l’entreprise. Fin
juin, Escada avait proposé à ses créanciers d’échanger leurs anciennes obligations de 200 millions d’euros
très dépréciées et courant jusqu’en 2012 contre des nouvelles obligations à des taux d’intérêt plus élevés
tombant à échéance en 2014 et 2016. Seuls 37 % des créanciers avaient accepté cette proposition sur les 80
% nécessaires pour éviter la cessation de paiement. L’échéance avait déjà été repoussée du 31 juillet au 4 août
la semaine dernière. Actionnaires et dirigeants sont prêts à mettre jusqué 2 millions d’actions disponibles
gratuitement pour éloigner Escada de la banqueroute.
30 juillet 2009 les echos
Escada au bord de la cessation de paiement
Le groupe allemand de prêt-à-porter de haut de gamme Escada, menacé de faillite, se prépare à un scénario
prochain de cessation de paiement. C’est ce que vient de déclarer son président du directoire, Bruno Sälzer, à
un journal allemand. Tout en espérant qu’Escada n’en arrivera pas là, le dirigeant reconnaît que la situation du
groupe est actuellement très difficile. «Nous ne sommes pas naïfs» , a-t-il confié, en soulignant que les liquidités de l’entreprise suffiraient jusqu’en août, mais pas au-delà. Un porte-parole avait indiqué il y a quelques
jours à l’AFP qu’Escada pourrait «théoriquement» demander d’ici à quelques semaines une aide financière à
l’Etat allemand, mais devait avant cela réussir à restructurer sa dette. Aujourd’hui, Bruno Sälzer estime que
«98 des 99 mesures possibles» pour sauver Escada ont déjà été prises.
13 juillet 2009 les echos
Le plan de survie d’Escada essuie un premier refus
L’UN DE SES CRÉANCIERS N’EST PAS D’ACCORD
ESCADA reste sous pression. Ayant enfin présenté son offre d’échange d’obli­gations à ses créanciers, le
groupe de prêt-à-porter de luxe allemand a essuyé une première douche froide. Le groupe­ment SdK
(Schutzgemeinschaft der Kapi­talanleger) a catégoriquement repoussé ce plan, invitant ses membres à en faire
de même, et a exigé une amélioration.
Même si l’importance de SdK ne de­vrait pas être suffisante pour enrayer di­rectement l’opération de sauvetage,
Es­cada craint que la publication de cet avis n’influence négativement d’autres créan­ciers. «Cette décision est
incompréhensible, a réagi l’entreprise. Nous ne changerons rien à notre offre. Ce serait de toute façon techniquement infaisable, faute de temps» Escada campe donc sur ses positions et or­ganise des réunions d’information pour défendre sa cause.
Il demande à ses créanciers d’abandon­ner plus de la moitié des 200 millions d’€ qu’il doit leur rembourser
avant 2012. Si, avant fin juillet, au moins 80% d’entre eux acceptent, le groupe pourra alors procé­der à une
augmentation de capital à la­quelle son dirigeant, Bruno Sâlzer, et le di­recteur financier, Michael Bôrnicke,
ont promis de participer — à l’instar des action­naires principaux, Michael et Wolfgang Herz, de l’espagnol
Bestinver et d’un autre investisseur encore inconnu.
La réussite de cette procédure pourrait même permettre à Escada de déposer une demande d’aide publique,
solution que le groupe n’exclut pas. Mais pour l’instant, ces projets restent des chimères, alors que la menace
du dépôt de bilan demeure bien réelle. C’est dans ce contexte pour le moins incertain que l’entreprise vient de
présenter sa nouvelle collection pour le printemps-été 2010. D’après Bruno Sàl­zer, les réactions des acheteurs,
notam­ment américains, ont été «très positives».
13 juillet 2009 Journal du Textile
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Escada
20
POUR EVITER LA FAILLITE Escada continue de chercher désespérement des
fonds
La situation du groupe allemand Es- cada se dégrade encore. Lors des six premiers mois de son exercice,
ses pertes nettes se sont creusées, à 91,7 mil­lions d’€, contre 8 millions un an aupara­vant. Outre la mauvaise
conjoncture dans le luxe, les dirigeants expliquent que la cession de la filiale Primera a eu un impact négatif
sur les comptes, entraînant des dé­préciations d’actifs de l’ordre de 55 mil­lions d’€. Escada se retrouve aujourd’hui avec des fonds propres tombés dans le rouge, à —17 millions d’€.
Les ventes n’ont pas davantage pré­senté de signes encourageants. Au cours de ce semestre, le chiffre d’affaires
conso­lidé a chuté de 16%, à 248,2 millions d’€. En ne tenant compte que d’Escada, la chute atteint même 24%,
à 151 millions d’€. Aucun marché n’a été épargné, ni l’Amérique du Nord (-22%), ni l’Asie (-13%). C’est
l’Europe qui subit le recul le plus important (-28%), en raison notam­ment, d’après les dirigeants, des très mau­
vaises performances de la marque en France, en Italie, en Grande-Bretagne et en Russie. Pour l’exercice qui
sera clos le 31 octobre, les dirigeants s’attendent à un recul supérieur à 10%.
Mais, surtout, le temps est compté pour Escada, qui n’est désormais plus coté sur le marché Sdax de la
Bourse de Francfort. Bruno Sâlzer, le président du directoire, avait espéré pouvoir enregistrer des avan­cées
positives dès le début de juin dans son plan de sauvetage, qui comprend notam­ment la renégociation d’un
emprunt de 200 millions d’€ ainsi qu’une augmenta­tion de capital de 30 millions d’€. Les ac­tionnaires principaux, Michael et Wolf-gang Herz, ont promis d’y participer à hauteur de 20 millions, et l’investisseur es­
pagnol Bestinver (possédant 10% du capi­tal) s’est également dit prêt à avancer jusqu’à 7 millions. Mais, selon
Escada, un nouvel investisseur pourrait aussi faire son entrée au capital. Le groupe affirme avoir été retardé
par des impondérables liés à la complexité de son plan ainsi que par les vérifications de l’autorité alle­mande
de contrôle financier (Baffin). En conséquence, Bruno Sâlzer a demandé que la date butoir pour la renégociation de l’emprunt soit repoussée à début août. L’enjeu reste cependant le même : si le plan échoue, Escada ne
pourra éviter la faillite.
30 juin 2009 journal du textile
ESCADA CÈDE SA CHAINE BIBA A GELCO
LA VENTE DU PÔLE PRIMERA EST ACHEVÉE
ESCADA continue de s’alléger. Le groupe de prêt-à-porter de luxe a vendu sa chaîne de distribution Biba au
fabricant d’habillement allemand Gel­co. Une opération qui suit la cession des griffes Laurèl, Apriori et Cavita
à l’inves­tisseur munichois Mutares. Dans sa quête de financements, Escada est donc parvenu à se défaire en
totalité de sa filiale Pri­mera, qui regroupait les quatre marques. Cette filiale, baptisée du nom actuel en 2003
afin de soutenir un projet d’introduc­tion en Bourse, n’entrait plus dans les plans de développement du groupe.
Es­cada, qui se trouve au bord du gouffre, tente de relancer son expansion en recen­trant ses efforts sur sa
marque phare ainsi que sur sa ligne sport.
Dans ce contexte (les deux parties ne révélant cependant pas le montant de la transaction), Gelco a senti l’opportunité. Grâce à l’acquisition de Biba, qui compte 530 magasins à l’enseigne et a réalisé lors de l’exercice
2007-2008 (au 31 octobre) un chiffre d’affaires de 105 millions d’€, Gelco devient l’une des grandes entreprises alle­mandes de prêt-à-porter. A elles deux, les sociétés, qui devraient rester indépen­dantes, réaliseront au
total un chiffre d’af­faires de 260 millions d’€.
Spécialisé dans les manteaux, les vestes, les pantalons, les chemisiers et les jupes à destination des femmes
d’âge mûr, Gelco revendique une clientèle de 3.800 détail­lants dans le monde. Fondé en 1948 et basé à
Gelsenkirchen, dans le bassin industriel de la Ruhr, Gelco fabrique depuis 2003 des collections à son nom,
dont il distribue une partie dans des magasins propres. Son taux d’export avoisine les 50%, avec une forte
présence notamment en France, en Autriche, en Suisse, au Benelux, en Italie ou en Espagne.
21
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Escada
Dans l’Hexagone, où les ventes s’élè­vent à 5 millions d’€, l’agent exclusif de Gelco est l’entreprise Aster
Mod. Basée à Hoerdt, en Alsace, cette dernière travaille avec Gelco depuis le début des années 1990 et a même
partagé avec lui une joint‑venture, avant de reprendre l’activité fin 2007. «Nous développons principalement
le concept en multimarque, détaille Patrick Hartmann, directeur général d’Aster Mod, propriétaire notamment
de la marque Julie Guerlande. Mais nous commençons également à établir un réseau de boutiques et de commerces en affiliation.» En France, quelque 600 clients multimarques distri­buent les collections de Gelco, qui
se décli­nent en deux segments, avec Combi (10 thèmes par saison, livrés toutes les deux semaines) et Outdoor
(comprenant notamment des parkas et des manteaux). A cela s’ajoutent une vingtaine de corners et une boutique à l’enseigne à Oyonnax, dans l’Ain.
16 juin 2009 Journal du Textile
Escada a enfin réussi à se défaire de Primera : MUTARES EST LE NOUVEAU
PROPRIÉTAIRE
ESCADA s’offre une lueur d’espoir. Le groupe allemand de prêt-à-porter de luxe a enfin trouvé un repreneur pour la plus grande partie de sa filiale Primera. L’investisseur munichois Mutarés rachète 90% des trois
marques Laurèl, Apriori et Cavita, pour un montant non communi­qué. Escada conserve une participation de
10% pendant une période transitoire.
Spécialisé dans le développement de Pme, Mutares espère réussir à optimiser le potentiel des trois marques.
L’investisseur souhaite notamment confier une partie de l’activité opérationnelle à Thomas Klein­henz, ancien
cadre dirigeant de Puma, afin de «faire retrouver rapidement à ces mar­ques leur lustre d’antan».
La quatrième marque de Primera, la chaîne de boutiques Biba, n’est pas re­prise par Mutares. Mais les responsables d’Escada prévoient de trouver «d’ici peu un accord avec un investisseur». A ses dé­buts considérée
comme un pôle complé­mentaire, la filiale avait connu de multi­ples vicissitudes au cours des dernières an­nées.
Et Escada souhaitait s’en défaire depuis longtemps. Par le passé, elle avait plusieurs fois causé des difficultés
au groupe, poussant notamment les diri­geants, à la fin des années 90, à entamer une restructuration.
Premier succès
Devenue un objectif de la nouvelle di­rection d’Escada en fin d’année dernière, la vente de Primera marque
donc un pre­mier succès pour Bruno Sâlzer, le nouveau dirigeant d’Escada, arrivé il y a un an. Ce­pendant,
ce succès reste mesuré, en raison de la situation d’urgence dans laquelle se trouve l’entreprise munichoise.
Celle-ci n’a d’ailleurs probablement eu d’autre choix que de faire d’importantes conces­sions sur le prix de
vente. Les experts esti­ment que la cession des quatre marques n’apportera que quelques dizaines de mil­lions
d’€ à Escada.
En début d’année dernière, on évaluait encore une transaction possible pour un montant de 150 à 200 millions
d’€. Mais en 2007-2008, les ventes du pôle ont chuté de 15%, à 211 millions d’€, son excédent brut d’exploitation tombant à 1,7 million d’€ (contre 20,1 millions un an plus tôt). De plus, les responsables d’Escada ont
pré­venu que la vente allait provoquer des amortissements importants. Une situation qui a déjà entraîné une
perte de quelque 92 millions d’€ au cours du premier semes­tre de l’exercice 2008-2009.
Pendant ce temps, l’avenir d’Escada continue de ne tenir qu’à un fil. Bruno Sàl­zer est de nouveau passé à
l’offensive dans les journaux allemands, rappelant que le groupe courait à la faillite si de nouvelles liquidités
n’étaient pas trouvées avant cet été. L’appel au secours se porte principale­ment vers les créanciers. «A cause
de la crise économique, nous ne pourrons plus jamais les payer, quel que soit notre niveau de performance»,
a expliqué l’ancien pa­tron de Hugo Boss, qui, avec son épouse, possède 1,3% des actions d’Escada. Il les appelle ainsi à renoncer à une part impor­tante de remboursement de l’emprunt de 200 millions d’€ qui arrive à
échéance. Cette concession est nécessaire, car, sans elle, apports financiers et nouveaux cré­dits, s’ils devaient
être attribués, risque­raient de ne pas suffire pour assurer la sur­vie du groupe qui, en son temps, fut le lea­der
allemand du prêt-à-porter de luxe.
12 juin 2009 Journal du Textile
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Escada
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Jean-Paul Gaultier et Levi’s ont esquissé une collaboration
JEAN-PAUL GAULTIER, lors de son récent défilé de mode masculine, a dé­voilé sa collaboration avec Levi’s
pour le printemps-été 2010. Avant ce dé­filé, la petite feuille déposée sur les sièges des acheteurs — mentionnant le nom des partenaires, les crédits pour la musique ou la coiffure — indiquait une coopération avec Levi’s
(et avec Con­verse, qui a prêté des chaussures). Dans les rangées d’invités, on pouvait cepen­dant échanger
quelques mots avec You Nguyen, directeur de la création chez Levi’s Europe. En fait, une dizaine de pièces
devraient être commercialisées dans le cadre de ce cobranding. Parmi elles, quatre pièces, deux vestes et deux
jeans, ont défilé pour l’occasion. En re­vanche, les bustiers portés par certains mannequins, avec ou sans veste,
sont des pièces de défilé qui font partie de la col­lection Levi’s Vintage. Deux autres jeans et un short (qui n’ont
pas défilé) seront également commercialisés.
«Levi’s, c’est le rêve américain. C’est un mythe et c’est l’origine du jean», pré­cise Jean-Paul Gaultier. Ce
partenariat intervient alors que le créateur français avait annoncé l’arrêt de Gaultier Jeans à partir de la saison
printemps-été 2010. «Cette collaboration nous permet de gar­der une présence dans le jean. D’autant qu’il fait
partie de notre univers depuis les débuts», explique-t-on chez Jean-Paul Gaultier.
13 juillet 2009 journal du textile
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LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Gaultier
EN LANÇANT LA LIGNE «REDUX» Givenchy revisite ses pièces à prix plus
accessibles
GIVENCHY REDUX : tout est dans le nom. Comme le terme Redux le laisse supposer, cette nouvelle ligne
de la maison de luxe, disponible dès le mois d’octobre 2009, riche d’une quin­zaine de silhouettes, permet aux
afficiona­dos de Givenchy de s’offrir la griffe à prix si ce n’est réduits au moins accessibles. En effet, il faudra
compter 240 € pour un tee­shirt, 1.500 pour les pièces en cuir et entre 300 et 600 € pour les blouses blanches.
Mais Redux, pour les anglophones qui détournent ce vocable latin, cela veut aussi dire réinterprétation, restauration. Et Ricardo Tisci, le directeur artistique, justement, avait à coeur de reprendre les thèmes qui lui sont
chers d’une saison à l’autre et aussi de revisiter les pièces fortes du vestiaire Givenchy.
Pour cette première édition, le créateur décline donc une thématique «clou» sur les vêtements et accessoires
et revisite la blouse blanche Bettina, créée par la mai­son en 1952 avec ou sans manches, ajourée de volants,
ethnique, dans des lignes pures et des matières légères. Pour l’autre ten­dance, le clou doré se décline sur des
per­fectos, avec ou sans manches, des blazers officier, des robes noires à épaulettes, des tops, une ceinture
large, une pochette et un sac. Une mini-collection à la fois wes­tern, rock et Couture, thèmes que Ricardo Tisci
a plusieurs fois abordés dans ses col­lections de haute couture ou de prêt-à-porter.
1er septembre 2009 Journal du Textile
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Givenchy
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Gucci Group continue de braver la récession
Le chiffre d’affaires du pôle de luxe de Ppr s’est érodé au premier semestre, mais sa marge
s’est maintenue grâce à son plan d’économies.
La politique de réduction des coûts mise en place dès le printemps 2008 chez Gucci Group donne ses fruits.
Le groupe de luxe contrôlé par Ppr a ainsi préservé ses marges au premier se­mestre, bouclé le 30 juin, avec
un résultat opérationnel courant en légère hausse (+0,8%), à 305 millions d’€. Tandis que le chiffre d’affaires
consolidé a subi un recul de 3,7% en comparable mais une progres­sion de 4,4% en réel, atteignant 1,64 mil­
liard d’€. «Dans le contexte actuel, ces ré­sultats sont bons», a assuré François-Henri Pinault à l’occasion de la
présentation des résultats semestriels. La plupart des marques ont fait de la résistance, et on note même souvent une amélioration des ventes au détail au deuxième trimestre, grâce à une reprise de la fréquentation dans
les boutiques en propre. «Ce sont les premiers frémissements», pondère le pa­tron de Ppr, qui se garde de toute
prévi­sion pour le troisième trimestre, consta­tant simplement que les ventes du début du mois de juillet étaient
dans la ligne de celles du mois de juin.
Pour expliquer ce qu’ils considèrent comme une «performance», les dirigeants du groupe de luxe décrivent
les grandes lignes de leur stratégie anticrise. On re­marque notamment un travail sur les col­lections, très assidu
pour les marques Gucci et Bottega Veneta, qui ont réagi avec des produits plus traditionnels et rassu­rants aux
yeux de la clientèle, le tout as­sorti d’une gestion rigoureuse du contrôle des coûts. Les stocks se sont bien
réduits (de —7 à —11% selon les marques), et les dépenses en communication ont diminué, à l’exception
de celles engagées pour Bot­tega Veneta, une griffe jugée encore jeune qui a donc toujours besoin d’un fort
sou­tien publicitaire. Pour François-Henri Pi­nault, qui évoque «une optimisation» des dépenses, ces mesures
d’économies n’ont pas pesé sur la visibilité des marques. «Les coûts en valeur ont baissé, mais l’efficacité a
augmenté», résume-t-il.
Au total,les investissements opérationnels bruts de Gucci Group ont reculé de 16%. Le groupe a aussi ralenti
sa politique de rénovation ou de développement de magasins existants, même si la politique d’extension à travers de nouveaux points de vente s’est poursuivie, avec 27 ouver­tures, dont 10 en Chine et 12 sur les mar­chés
émergents, pour un total de 587 ma­gasins dans le monde au 30 juin 2009.
Dynamisme asiatique
Le dynamisme des pays émergents, et en particulier de la région Asie-Pacifique (à l’exclusion du Japon),
explique aussi ces résultats. Avec une progression de 19%, celle-ci pèse 26% des ventes consolidées, dont
11% pour la Grande Chine. Ces six derniers mois, la marque Gucci a installé une dizaine de magasins sur ces
nouveaux marchés, dont 6 en Chine, tandis qu’Yves Saint Laurent a fermé 1 boutique au Japon pour en ouvrir
3 autres, à Hongkong et en Corée du Sud. En revanche, les pays tradi­tionnels, tels l’Europe (-4%), l’Amérique
du Nord (-9%) et surtout le Japon (-19%) sont toujours en souffrance.
La marque Gucci continue à mener la danse au sein du groupe : avec un chiffre d’affaires de 1,1 milliard d’€,
elle affiche une progression de 8,3% en réel (-0,6% en comparable), tandis que le résultat opérationnel courant a progressé de 1%. Après un premier trimestre difficile, Bot­tega Veneta a elle aussi retrouvé un certain
tonus (+2,7% en réel). En revanche, la si­tuation est plus difficile pour Yves Saint Laurent, dont les ventes et
les marges ont nettement diminué sur le semestre. «Je veille de très près personnellement aux per­formances
d’Yves Saint Laurent», assure François-Henri Pinault, qui se dit toujours convaincu du potentiel de la griffe,
dont le parcours est devenu heurté. Il évoque no­tamment la mise en place de nouveaux «plans d’action pour
agir de façon plus si­gnificative».
Le pôle «autres marques», qui englobe Boucheron, Sergio Rossi, Balenciaga, Alexander McQueen et
Stella McCartney, recule lui aussi (-5,7%). On remarque toutefois la «croissance soutenue» de Ba­lenciaga,
dont le taux de rentabilité s’est amélioré, tandis qu’Alexander McQueen a plutôt bien progressé.
Si les dirigeants de Gucci Group s’abs­tiennent de faire des projections chiffrées pour les prochains mois — «Je
ne suis pas capable de lire dans une boule de cristal», a répété à plusieurs reprises Jean-François Palus,
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LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Gucci Group
directeur financier de Ppr—, ils se sentent prêts à affronter tous les scénarios possibles. Ainsi, Gucci Group
sera capable de résister si la situation internationale de­vait encore se détériorer. En revanche, «la moindre
reprise dans le monde aura des impacts très significatifs sur nos activités», a assuré François-Henri Pinault,
excluant a priori toute nouvelle acquisition pour dope la croissance. «Elles ne sont pas à l’ordre du jour pour
les prochains mois», a-t-il souligné.
1er septembre 2009 Journal du Textile
L’activité d’ensemble de Ppr s’est dégradée au cours du deuxième
trimestre
Chez PPR, le deuxième trimestre 2009 a accentué le recul de l’activité. Ce qui n’est pas sans effets sur la
rentabilité du groupe au premier semestre. Il af­fiche un retrait de 3,6% de son chiffre d’affaires pendant les
six premiers mois (à 9,235 milliards d’€), dont —6% à périmètre comparable. Cette baisse s’élevait à —2,6%
au premier trimestre, dont —5% en compa­rable. «Poursuite de la dégradation de nos marchés», indique son
Pdg, François-Hen­ri Pinault, qui avait annoncé, début 2009, en même temps que des économies, 1.800 suppressions de postes et la réduction des investissements. Il avait aussi indiqué construire son budget 2009 sur
l’hypo­thèse d’«une baisse de chiffre d’affaires des magasins à parc comparable». Les résul­tats financiers du
groupe sont aussi en re­cul au premier semestre, tant le profit opé­rationnel courant (-5%, à 707 millions d’€)
que le bénéfice net part du groupe (-76%, à 189 millions). Pour ce dernier, l’explication vient cependant en
partie de la plus-value de cession d’ Ysl Beauté, comptabilisée à la même période en 2008. Les taux de marge
brute et de rentabilité opérationnelle restent stables.
Toutes les filiales montrent des baisses de chiffre d’affaires à parc de magasins comparable au deuxième trimestre. Cela va jusqu’à de —11 à —12% chez Confo­rama, Redcats et Yves Saint Laurent. Comme cela avait
déjà été le cas au pre­mier trimestre pour la plupart d’entre elles, le semestre ressort en négatif pour toutes à
périmètre comparable. Puma et
Gucci Group ne parviennent à faire pro­gresser leur chiffre d’affaires semestriel que grâce à l’ouverture de
nouveatotal, les investissementsRedcats indique que «l’ac­tivité de La Redoute est toujours très dé­gradée»,
avec une chute de 14% pendant le semestre de son activité en France et de 13% à l’international. Autre mauvaise nouvelle, le profit opérationnel de La Re­doute, tout comme celui du pôle formé par Vertbaudet-CyrillusSomewhere, «se dé­grade». Dans son ensemble, Redcats Group annonce un profit opérationnel courant semestriel de 57 millions d’€ (­6,5%), pour un chiffre d’affaires de 1,73 milliard (-7%, dont —9% en comparable).
La branche vente à distance de Ppr annonce quand même de bonnes nou­velles, puisque le pôle senior (Daxon)
améliore sa rentabilité, de même que la Scandinavie et Redoute International. Par ailleurs, mi-juillet, La
Maison de Valérie a vu ses capitaux propres reconstitués. Si Conforama est aussi à la peine, avec un chiffre
d’affaires semestriel de 1,33 mil­liard (-11%), c’est autant à cause de la France que de l’export. Son bénéfice
opé­rationnel courant (31 millions d’€) s’af­faisse de 14%. Conforama s’attelle à la réduction de ses coûts, suivant ainsi la ten­dance générale dans le groupe. Selon le Pdg de Ppr, le groupe «enregistre les pre­miers impacts
des plans d’ajustement de nos coûts». Cependant, la suite des effets est annoncée pour le second semestre et
en 2010.
1er septembre 2009 Journal du Textile
Puma change d’avis et décide de ne pas tailler dans son réseau
PUMA serre les boulons avec mesure. Contrairement à ce qui était jus­qu’alors affirmé, la marque de sport «ne
prévoit pas une réduction drastique» de son réseau de magasins propres. C’est ce qu’a annoncé Jochen Zeitz,
le dirigeant de la filiale de Ppr, lors de la présentation des chiffres du premier se­mestre. Il n’a cependant pas
donné da­vantage de précisions «en raison de la concurrence».
Entre janvier et juin, le groupe a réa­lisé 17% de son chiffre d’affaires dans ses quelque 130 magasins
propres, où les ventes se sont montrées stables. Con­trairement aux prévisions pessimistes des observaLE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Gucci Group
26
teurs, le chiffre d’affaires consolidé a progressé de 4%, à 1,3 mil­liard d’€. Cependant, le bénéfice net a perdu
16%, en raison notamment de réductions des prix et des coûts de la re­structuration.
Jochen Zeitz continue d’observer 2009 avec retenue, «le climat restant dif­ficile sur le marché». Il s’attend donc
à un recul du chiffre d’affaires, le résultat devant cependant se démarquer de ma­nière «nettement positive».
Le patron de Puma mise également sur son plan de restructuration (devant notamment as­surer des économies
de 100 millions d’€ par an jusqu’en 2011) pour repartir de l’avant. Ses espoirs reposent aussi sur la prochaine
coupe du monde de football (le groupe est par ailleurs le sponsor de onze équipes nationales africaines), mê­me
s’il estime que ses performances dé­pendront surtout d’une reprise écono­mique mondiale.
1er septembre 2009 journal du textile
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LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Gucci Group
Tommy Hilfiger n’en finit pas de faire des bonds en France
Lors de son dernier exercice clos fin mars, les ventes de la griffe dans l’Hexagone ont bondi
de 45%.
La période est faste pour Tommy Hilfiger. La griffe américaine fait des bonds dans le monde (+21% sur
l’exercice 2008-2009, clos le 31 mars), et tout particulièrement en France, où les ventes ont crû de 45%. A
périmètre non comparable, il est vrai, puisque plusieurs franchises et une boutique en propre (Cannes) ont
été ouvertes pendant l’exer­cice. Pour autant, la performance reste jo­lie, d’autant qu’à périmètre constant la
croissance aurait tout de même été au ren­dez-vous. «Nous avons une croissance à un chiffre à périmètre comparable», souligne en effet Santiago Cuchy, le directeur gé­néral France de Tommy Hilfiger, qui se dit toujours
en ligne avec son objectif, dou­bler le chiffre d’affaires dans les deux ans. La petite entreprise ne connaît donc
pas la crise ? «Nous avons encore une crois­sance à deux chiffres dans nos prises de commandes pour l’hiver
prochain, in­dique Santiago Cuchy. Tout dépendra alors des capacités financières de nos par­tenaires. On voit
aujourd’hui de gros dis­tributeurs qui ferment, d’autres qui freinent leurs projets de développement puis­que le
système bancaire s’est considérable­ment resserré.»
Fidèle à son credo — développer la mar­que et augmenter sa visibilité par l’im­plantation de boutiques à
l’enseigne —, le dirigeant a ouvert 5 franchises durant l’an­née (La Réunion, Nancy, Toulouse, Biar­ritz et
Grenoble) ainsi qu’un corner denim dans une boutique multimarque à Saint­Etienne. Soit un réseau de 13
franchises aujourd’hui, bientôt 15 avec l’ouverture imminente d’une nouvelle vitrine à Mul­house, puis d’une
autre à Montpellier (dans le nouveau centre commercial Odysseum). En ligne de mire pour la suivante, non
encore signée, le centre com­mercial La Part-Dieu, à Lyon. En propre, la griffe aligne aujourd’hui 6 boutiques
dans l’Hexagone, dont la dernière-née de Cannes.
«Nous tablons sur un rythme de 6 ouver­tures encore en 2009, indique Santiago Cu­chy. La marque a un très
fort potentiel, d’autant que son taux de notoriété direct reste très faible. Deux Français sur trois ne connaissent
pas encore la marque. Beau­coup de choses sont donc possibles. Les taux de sortie boutique sont excellents.
Et les clients d’une boutique reviennent 4 ou 5 fois dans l’année, selon nos statistiques.» L’heure est donc au
maillage du territoire, via les emplacements adéquats dans les grandes et moyennes villes en régions. Quant à
l’implantation dans Paris intra-muros, Santiago Cuchy espère toujours pouvoir épingler les Champs-Elysées
à son tableau de chasse, même si la plus belle avenue du monde est aussi la plus difficile à décrocher : «Rien
ne presse, nous avons déjà une boutique rue Saint-Honoré. Pour un second navire amiral, je veux le meilleur,
et je peux attendre», souligne le di­rigeant.
Les points forts de la griffe forment un cocktail effectivement plutôt séduisant : les collections sont équilibrées entre haut et bas, homme et femme, mode et clas­sique, alors que les ventes se répartissent à 60% dans
le masculin et à 40% dans le fé­minin (l’enfant étant intégré dans ces deux grandes familles). Surtout, les prix
restent très accessibles pour une griffe de noto­riété internationale. «Avec la crise, cela va devenir un argument
de poids, note San­tiago Cuchy : s’offrir une vraie griffe, qua­litative et moins chère que les autres, c’est un bon
compromis.»
13 juillet 2009 Journal du textile
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Hilfiger
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Tommy Hilfiger reste installé sur son petit nuage
Les ventes de la griffe américaine ont encore fait un bond de 21% lors de son exercice 20082009, qui s’est terminé fin mars.
Le groupe Tommy Hilfiger a réussi son année 2008-2009. Ses comptes, clos le 31 mars montrent une hausse
des ventes de 21%, à 1,6 milliard d’€. Et le bé­néfice avant impôts, intérêts et autres s’af­fiche à 270 millions
d’€, soit à peu près la même performance que celle de l’exercice précédent. Les coûts de production ont augmenté, notamment le prix de la main-d’oeuvre en Chine. Et cette hausse ex­plique l’absence de croissance du
béné­fice. Mais, par les temps qui courent, la di­rection du groupe ne se plaint pas, bien au contraire.
Pour le Pdg du groupe, Fred Gehring, ces résultats «témoignent de la force de la marque», qui a été «moins
touchée» que d’autres par la crise économique. Une force qui lui a permis de développer ses pôles jean et
vêtements masculins. Fred Gehring ne peut bien sûr nier l’impact de la récession sur ses comptes. Il ne donne
pas de détails sur son quatrième trimestre, qui a sans doute été moins bon que le dé­but de l’année. Mais la
reprise en main de plusieurs licences — les chaussures en Eu­rope et la licence japonaise — a permis d’arrondir les rentrées financières. En Eu­rope, Tommy Hilfiger enregistre une pro­gression de ses ventes de 14%,
à 795 mil­lions d’€. Le fait que la griffe ait une image légèrement «en dessous» du luxe a aidé, concède Fred
Gehring. La faiblesse de la livre a encouragé une croissance supé­rieure à 10% en Angleterre. Et la résis­tance
des consommateurs allemands a soutenu le marché. Du coup, les ventes dans les magasins ouverts depuis plus
de un an sur le Vieux Continent ont pro­gressé de 1,3%. Et les nouvelles implanta­tions de la griffe ont fait le
reste. Tommy Hilfiger a ouvert sa plus grande boutique européenne à Cologne en mars dernier.
En Amérique du Nord, là encore, la marque progresse de 10%, à 636 millions d’€. Tommy Hilfiger profite de
sa présence exclusive dans les grands magasins Macy’s, qui représentent un tiers de son activité. Ce très bon
client a poussé en avant la griffe avec d’immenses shops-in-shop. Du coup, elle a enregistré une croissance à
deux chiffres chez Macy’s. Et Tommy Hil­figer compte y poursuivre son développe­ment en ajoutant une ligne
pour enfant à l’ensemble. Le réseau de boutiques Hilfi­ger en Amérique du Nord a de même bien tenu. Les
magasins ouverts depuis plus de un an ont vu leurs ventes croître de 0,7%.
Fred Gehring, satisfait de ses perfor­mances, reste néanmoins prudent. Il sur­veille ses stocks de près, garde une
bonne trésorerie et ne parle plus d’introduction en Bourse. Le Pdg préfère se concentrer sur l’élargissement
de son réseau de maga­sins. Il y a aujourd’hui 900 boutiques Tommy Hilfiger dans le monde. Et, en sep­tembre
prochain, au moment de la Fashion week de New York, un nouveau «temple» aux couleurs bleu, blanc, rouge
de la marque ouvrira ses portes sur la 5e Avenue.
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LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Hilfiger
Hermès a maintenu ses résultats au premier semestre
HERMÈS a maintenu son résultat opérationnel durant le premier se­mestre 2009. «En dépit d’un environnement difficile, nous avons constaté une bonne tenue du chiffre d’affaires et des résultats», souligne Mireille
Maury, directrice générale finances-administra­tion de la maison de luxe. Plus en détail, c’est le deuxième trimestre qui a permis de redresser la barre. Fin juin dernier, le volume d’affaires du groupe s’est élevé à 874,9
millions d’€, en hausse de 7,6% à taux de change courants. Le résultat opérationnel est quasiment stable, à
199,8 millions d’€ (contre 203,8 millions l’année précédente). Toutefois, le résul­tat net recule de 7%, à 125,4
millions d’€. «Notre capacité d’autofinancement est stable, autour de 169 millions de précise Mireille Maury.
Nous avons pâti de la baisse des taux d’intérêt sur nos place­ments financiers et de la revalorisation des instruments de couverture de change. Fin juin, la trésorerie nette s’élevait à plus de 350 millions d’€.»
La direction d’Hermès maintient donc son objectif annuel de stabilité du chiffre d’affaires à taux constants
et de légère baisse du résultat opérationnel courant. Le montant des investisse­ments restera le même que les
années précédentes, soit autour de 150 millions d’€. «Face aux performances réalisées par notre réseau propre,
nous allons principalement concentrer nos investis­sements sur le développement des bou­tiques, sans oublier
toutefois notre outil de production», ajoute aussi Mireille Maury. Au premier semestre, Hermès a ainsi créé 94
nouveaux emplois, destinés à renforcer les équipes de production et de ventes. Au second semestre, le groupe
de luxe se prépare à ouvrir ou à rénover une dizaine de magasins, notamment en Asie et aux Etats-Unis.
«L’Europe et la France ont fait de belles performances, avec des croissances à deux chiffres dans certaines
grandes métropoles», précise Mireille Maury. La palme revient cependant à la zone Asie-Pacifique, hors
Japon, avec un bond de 28%, et à la Chine, qui progresse de 60%.Après Sâo Paulo et Istanbul, la mai­son du
Faubourg-Saint-Honoré inau­gurera sa première boutique rive gau­che, rue de Sèvres. En attendent, elle s’installera provisoirement rue de Gre­nelle.
8 septembre 2009 Journal du Textile
Hermès a redressé ses ventes
Le chiffre d’affaires du groupe de luxe a progressé de 3,9% au deuxième trimestre.
HERMÈS continue à bien résister à la crise. Comme l’avait alors annoncé il y a quelques semaines Patrick
Thomas, le dirigeant du groupe de luxe, les ventes se sont bien redressées durant le deuxième trimestre. Le
chiffre d’affaires a finalement enregistré une progression de 3,9% à taux de change constants (12,2% à données publiées). La maroquinerie et la sellerie ont fait des bonds de 21%, tandis que les vêtements et les accessoires ont progressé de 5,4%. Les textiles et la soie doivent se contenter de 4,3%.
Sur l’ensemble du semestre, le chiffre d’affaires est donc stable par rapport à ce­lui du premier semestre 2008.
Il progresse de 7,6% à taux de change courants. En termes de distribution, ce sont toujours les magasins du
groupe qui tirent la crois­sance, avec une progression de 9% (12% au deuxième trimestre). A contrario, les
ventes en gros décrochent de 22%.
Stratégie maintenue
Côté métiers, l’activité a été tirée par la maroquinerie et la sellerie (+15,7%), les carrés de soie et les accessoires de mode (+1,2%). Sur l’ensemble du semestre, les vêtements et les accessoires sont quasi­ment stables
(-0,5%). En matière de ré­partition des ventes par zone géogra- phique, seules la France (+0,7%) et l’Asie
(+4,7%) s’inscrivent en positif. Le Japon et l’Europe voient leurs ventes reculer res­pectivement de 9,9 et 2,8%.
La tendance observée lors de ce premier semestre conforte Patrick Thomas dans ses objectifs pour l’ensemble
de l’an­née. Prudent, le dirigeant préfère tabler sur une stabilité du chiffre d’affaires à taux constants et sur
une légère baisse du résul­tat opérationnel courant. La stratégie de développement du réseau de distribution
reste cependant maintenue. Après l’ou­verture au premier semestre de 5 nou­velles boutiques (2 aux Etats-Unis,
Angle­terre, Chine, Corée), Hermès s’apprête à ouvrir ou à rénover plus d’une dizaine de points de vente,
notamment en Asie et aux Etats-Unis. Par ailleurs, la griffe se félicite d’inaugurer dans quelques jours sa
pre­mière boutique au Brésil, à Sâo Paulo, dans le centre commercial Cidade de Jar­dim. L’installation de la
marque dans le pays avait été retardée durant de nom­breuses années en raison d’une bataille ju­ridique
avec une boutique locale, qui s’était attribué le nom d’Hermès et l’avait même déposé.
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Hermes
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Avant la publication prochaine des ré­sultats du premier semestre, cette rentrée est aussi marquée par l’arrivée
de Beatriz Gonzalez-Cristobal à la direction géné­rale du groupe, en remplacement de Christian Blanckaert,
désormais président de Petit Bateau et par ailleurs conseil au­près du groupe Epi, spécialisé dans le prêt-àporter haut de gamme. L’ex-directrice commerciale générale du groupe de luxe était auparavant directrice
d’Hermès Es­pagne.
1er septembre 2009 Journal du Textile
Hermès :vol plané au-dessus de la crise
Alors que tous les secteurs subissent les conséquences de la crise, le fabricant de produits
de luxe proclame une hausse «meilleure que prévu» pour le premier semestre, tablant sur
une année 2009 dans le vert.
Au 24, faubourg Saint-Honoré, l’heure est aux réjouissances: lors du semestre qui vient de s’ache­ver, Hermès
a enregistré une hausse de son chiffre d’affaires de 7,6%, à 874,9 millions d’euros, grâce à des ventes supérieures aux attentes au deuxième trimes­tre. Les ventes ont augmenté de 12,2% d’avril à juin contre une hausse
de 3,2% le trimestre pré­cédent. Le créateur du Kelly bag à 5.000 euros peut donc se préva­loir d’une croissance
stable et même légèrement positive (+0,4%) en taux de change cons­tant d’une année sur l’autre. « Nous espérons la même évolu­tion au second semestre», con­firme ainsi Mireille
Maury, direc­teur financier. Cet optimisme s’est répercuté en Bourse où
l’action prenait 2,29% à 44,27 euros en début de séance.
Les résultats sont pourtant con­trastés en termes d’activités et de régions.
Si les fameux sacs à main et carrés de soie, qui sont distri­bués dans les
magasins Hermès, voient leur consommation s’envo­ler de 18% sur le premier semes­tre, les ventes en gros (parfums, arts de la table ), plus affectées
par la conjoncture économique, ont chuté de près de 20%.
Ouverture de cinq succursales Les résultats ont également con­firmé l’importance croissante du marché international pour la mai­son de luxe, qui
réalise un quart de son chiffre d’affaires en Asie, où ses ventes ont grimpé
de 26% ce trimestre. Or, dans cette région, les produits les plus appréciés
sont essentiellement ceux qui ont contribué à créer l’image de mar­que,
basée sur la tradition et le
travail artisanal. Ce sont donc la maroquinerie et les accessoires consommés en Asie qui tirent l’activité du groupe.
Au Japon, en revanche, ses ven­ tes courantes sont en forte hausse mais quasi neutres en constant (0,4%), à
cause de la forte déva­luation du yen par rapport à l’euro. Hermès semble s’assurer une bonne stabilité sur les
mar­chés européen et américain où son chiffre d’affaires continue doucement d’augmenter (+5% en France).
Dans un contexte de crise où le secteur du luxe souffre des cou­pes dans les dépenses jugées su­perflues, Hermès
semble faire ex­ception. Fidèle à l’adage de son gérant, Patrick Thomas , « grandir plutôt que grossir », et forte
du fait que c’est dans ses magasins qu’il réalise le gros de son chiffre d’af­faires (les trois quarts), Hermès a
investi ce semestre 170 millions d’euros dans l’ouverture de cinq succursales.
22 juillet 2009 les echos
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LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Hermes
Hermès va se baigner dans la piscine Lutetia
La griffe s’offre un espace de 2.500 m2
HERMÈS fait le grand plongeon. Historiquement installée à Paris rive droite (rue du faubourg-Saint-Honoré
et ave­nue George-V), la griffe de luxe française pose un pied rive gauche dans le quartier Saint-Germain-desPrés. Et elle n’y va pas du bout de l’orteil ! Pour ce franchisse­ment de la Seine, Hermès s’empare de 2.500 m2
rue de Sèvres, en lieu et place de l’ancienne piscine Lutetia. Une adresse en or massif, face au Bon Marché, à
deux pas du boulevard Raspail. Là où Dorothée Bis avait élu domicile dans ses belles années.
L’espace, gigantesque, se répartit en trois niveaux : un rez-de-chaussée doté de trois vitrines et deux niveaux
inférieurs. Une grande verrière sur cour éclaire ces entresols, dont les mosaïques blanches et or devraient être
réhabilitées, comme les différentes galeries. Le bâtiment, datant des années 1930, est en effet classé monu­
ment historique. L’ouverture pourrait avoir lieu courant 2010.
16 juin 2009 Journal du Textile
Hermès: des racines et des ailes
Qu’est-ce que le luxe ? Une inutile bulle de savon, plein de de rêves et de fantasmes, ou le dernier refuge de
l’homme d’exception dans un monde livré à la vulgarité de la société de consommation ? Proba­blement l’un
et l’autre. Comme la culture, le cinéma ou la musique, le luxe est un monde pluriel. On y côtoie de purs artisans et de grands industriels, des inconditionnels du produit sur mesure et hors de prix, et des aficionados du
shopping fré­nétique, collectionneurs de marques et de bonnes affaires. Et puis entre les deux,il y a Hermès.
Une marque et une organisation mondiale, des sacs et des foulards vendus sur les quatre continents à des prix
souvent stratosphériques. Un groupe qui emploie 8.000 per­sonnes, s’approche des 2 milliards d’euros de
chiffre d’affaires et sa marge dépasse les 25 %. Un grand du métier, rivalisant avec des géants comme LVMH
(propriétaire des «Echos »), Chanel ou Prada.
Et puis, derrière la devanture du prestigieux magasin du 24, fau­bourg Saint-Honoré, siège histo­rique du groupe,
s’ouvre une autre facette. Des dizaines d’ateliers affai­rés où chaque artisan fabrique en­tièrement à la main son
propre sac et y appose sa signatu re. Comme au XIX e siècle, comme avant l’inven­tion de la machine à coudre
et du travail à la chaîne. De l’artisanat à grande échelle, à l’ère d’Internet et du laser.
Pour cela, Hermès s’est appuyé sur les deux solides piliers de sa mai­son : l’obsession de la tradition et la
créativité. Et, pour incarner ces deux pôles difficilement compa­tibles, deux figures d’exception. Le fondateur
d’abord, Thierry Her­mès, un Alsacien, protestant et pointilleux,qui s’est installé dans les beaux quartiers de
Parisen 1927, sur le boulevard de la Madeleine, là où passaient en calèche les belles en crinoline. Dès le départ, son obses­sion sera de concevoir et fabriquer les plus beaux harnachements pour ces somptueuses voitures
à cheval. Du harnais il passe à la selle, puis son fils imaginera le sac pour trans­porter la selle. Les fondations
sont posées. Elles ne bougeront plus. Depuis, les ateliers se sont agrandis, ont quitté Paris pour la banlieue ou
la province, mais les procédés res­tent les mêmes. Le même fil de lin gainé de cire d’abeille avec une aiguille
à chaque bout pour passer deux fois dans les mêmes trous (le point sellier hérité du cheval). Her­mès emploie
plus de 2.000 artisans cuir en France, sur un effectif total de 8.000 personnes. Il leur faut une dizaine d’années
avant de savoir coudre un sac parfaitement en une quinzaine d’heures, sans machine. L’autre figure vénérée,
plus encore même que le fondateur, c’est son petit-fils, Emile-Maurice,dit Emile. Dès le début du XX e siècle,
il va négocier à la fois la disparition pro­gressive du cheval et la diversifica­tion de l’entreprise vers le sac de
dame, les foulards en soie, dérivés des casaques des jockeys, et les parfums. Il parcours le monde, ouvre un
premier magasin à New York, qui fera faillite avec la crise de 1929. Qu’importe, il fait d’Her­mès l’une des
figures du luxe à la française.
Mais une figure dont la créativité reste très encadrée. Le best-seller de la firme,aujourd’hui,le sac Kelly, est un
dérivé du premier sac«haut à courroie» de 1900, adapté pour les femmes dans les années 1930 puis rebaptisé
après guerre pour profiter de l’engouement autour de la nou­velle princesse de Monaco, Grace Kelly.
Il existe des milliers de versions différentes du Kelly, dans tous les cuirs, toutes les couleurs, toutes
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Hermes
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les tailles. Et les bons clients sont encouragés à donner leurs idées et commander des modèles spéciaux qui
enrichissent la collection. Quand les designers veulent conce­voir de nouveaux motifs pour les fameux carrés
de soie, ils ne man­quent pas de visiter le petit musée du faubourg Saint-Honoré, éter­nelle source d’inspiration.
La troisième étape du développe­ment sera l’oeuvre de Jean-Louis Dumas, représentant de la cin­quième génération. Il profitera du développement extraordinaire de l’industrie du luxe dans les an­nées 1980 et 1990 pour
exporter son modèle dans le monde entier et passer de la PME à la grande entre­prise.
Aujourd’hui, Hermès produit presque toute la gamme des objets de luxe classiques: de la maroqui­nerie, de la
soie, des vêtements, du parfum, des montres, des bijoux et même de la porcelaine et des objets de décoration.
Mais le coeur reste le sac, à la fois en termes de chiffre d’affaires et de rentabilité. D’ail­leurs,à la faveur de
la crise, l’activité maroquinerie, qui représentait 40 % des ventes l’an dernier, a re­passé la barre des 50 %.
C’est sa force et sa fragilité. Car Hermès, comme les autres, souffre dans cer­tains pays, comme le Japon, et
sur certains produits,comme l’horloge­rie. Un domaine où sa notoriété est moins grande et où il ne vend pas en
direct mais par l’intermédiaire de distributeurs qui, en ce moment, réduisent fortement leurs stocks. Au début
de cette année 2009, les ventes de montres et de vaisselle ont chuté de près de 30%, quand les ventes de sac
sen cuiront progressé, selon les analystes,de plus de 20%. Car, comme dans la plupart des maisons de luxe, le
modèle parfait exige une intégration verticale to­tale, de la matière première au ma­gasin de vente. C’est à cette
condi­tion que l’on peut garantir la qualité et dicter son prix qui doit en être le reflet. Aujourd’hui, sur les 286
ma­gasins dans le monde, ceux en propre (les succursales) représen­tent 80 %des ventes.
L’histoire et les personnalités ont donc façonné un modèle probable­ment unique au monde d’artisanat de luxe
à grande échelle, qui n’a jamais cédé aux sirènes de l’indus­trialisation ou de la délocalisation qui ont caractérisé l’essor de ce que certains ont appelé le prestige de masse, le «masstige ».
Ce modèle Hermès, habilement mis en valeur avec force marketing, présente l’avantage d’une grande stabilité
dans le temps, due à la fidélité de ses clients. Ces quinze dernières années, la croissance moyenne a été de
12 %par an,sans grande variation, et el le devrait être nulle cette année quand la plupart de ses concurrents
voient leurs ventes baisser fortement. Ce qui lui permet de maintenir ses décisions d’investissement dans de
nouveaux magasins, notamment en Chine. A contrario,cela contraint la société à la plus grande prudence en ce
qui concerne sa croissance. «Nous avons peur de grandir et de ne pas grandir», résumait Jean-Louis Du­mas.
«Grandir plutôt que grossir » , assure son successeur Patrick Tho­mas,qui plaide pour de la croissance en valeur
mais pas en volume. Han­tise de la banalisation qui a empê­ché la société d’industrialiser sa fa­brication pour
répondre à la demande qu’il n’arrivait pas à satisfaire. Il a préféré les listes d’attente moins démocratiques...
Cette pos­ture est-elle tenable dans la jungle actuelle, où les grands du métier se sont lancés depuis dix ans
dans une course folle aux acquisitions? A l’écart de cette fureur, la maison Hermès investit prudemment dans
un tanneur, un soyeux lyonnais ou un horloger suisse, sans précipita­tion, comme si elle avait l’éternité devant
elle.
En fait, personne n’ignore dans le métier que le ciment de cet écrin de luxe est la solidité de l’actionnariat
familial, regroupé dans la société holding Emile Hermès. Une struc­ture de commandite qui tient le pouvoir
absolu, avec 72 %du capi­tal, de l’entreprise cotée (à la diffé­rence de Chanel ou Prada). Mais il en est des familles comme des entreprises, leur puissance et leur solidité s’émousse avec le temps. Modèle unique, Hermès
est aussi une es­pèce menacée par la violence des temps modernes.
24 juin 2009 les echos
Les chiffres clefs
Chifre d’affaires: 1,8 milliard d’euros (+8,6%).
Marge opérationnelle: 25,5%.
Résultat net: 290 millions d’euros. l Activités: cuir (43 %), vêtements (19%), soie (12%), parfums (7%), horlogerie (5 %), arts de la table (3%).
l Efectif: 8.000 personnes.
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LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Hermes
Les points forts
Une marque synonyme de très haute qualité.
A réussi à préserver sa fabrication artisanale.
Des magasins en propre dans le monde entier.
Maîtrise des prix et de la rentabilité.
Une vision à long terme.
Les points faibles
Encore très dépendant du marché des sacs en cuir.
Soufre au Japon (22 %des ventes).
Modèle dépendant de la solidité du pacte familial.
Le déstockage intensif des distributeurs a affecté Hermès
La griffe a connu un premier trimestre mitigé.
HERMÈS n’est plus épargné par la crise. Si les ventes en valeur résistent, avec un chiffre d’affaires qui s’établit au premier trimestre 2009 en progression de 3,2% (à taux de change courants), le vo­lume est en recul de
4,7% à taux de change constants. Mais l’évolution des taux de change a en fait représenté un impact po­sitif sur
le chiffre d’affaires de l’ordre de 33 millions d’€.
Les magasins du groupe affichent une croissance de 16% à taux de change cou­rants (6% à taux de change
constants). A contrario, l’activité dans les réseaux spé­cialisés subit de plein fouet les effets de la crise, qui se
traduisent principalement par une grande frilosité des acheteurs. Les ventes en gros ont ainsi décroché de 27%.
L’activité du premier trimestre 2009 a été plus particulièrement tirée par les car­rés en soie (+5,6% pour la
catégorie soie et textiles), les accessoires de mode (+2,3% pour les vêtements et accessoires) et la di­vision
maroquinerie et sellerie (+21,7%). A l’inverse, les parfums (-28,7%), les mon­tres (-29,5%) et les arts de la
table (-27%) subissent la crise de plein fouet. Hermès, comme les autres griffes de luxe,/ ressent actuellement
la politique de déstockage des distributeurs, même si certains pro­duits sont épargnés, comme par exemple le
parfum Terre d’Hermès. Du côté des zones géographiques, ce sont la Chine et la Corée qui affichent les plus
belles perfor­mances (+25% pour la zone Asie-Paci­fique hors Japon), quand l’Europe recule de 5,6%. La zone
Amériques s’en tire plu­tôt bien, avec une hausse de 6,1% (-5,3% à taux de change constants).
Malgré ce premier trimestre mi-figue, mi-raison, la direction d’Hermès maintient néanmoins son objectif de
stabilité pour l’ensemble de l’exercice. Elle réaffirme par ailleurs que le montant des investisse­ments restera
soutenu et conforme aux objectifs initiaux. La griffe a prévu cette année l’ouverture ou la rénovation de plus
d’une vingtaine de magasins, notamment en Asie et aux Etats-Unis.
Hermès a perdu son architecte
Rena Dumas, fondatrice et dirigeante du cabinet d’architecture Rdai et épouse de Jean-Louis Dumas, qui a
pré­sidé la maison Hermès durant vingt-huit ans, est décédée des suites d’un cancer à l’âge de 72 ans. Discrète,
Rena Dumas n’en était pas moins très attachée et fi­dèle à la maison Hermès Elle a notam­ment conçu l’intérieur
de près de 300 boutiques à travers le monde et signé, il y a deux ans, la rénovation et l’agrandis­sement de la
boutique historique de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris. Son travail cherchait toujours à conci­lier la
lumière et le caractère intime et convivial des intérieurs qu’elle conce­vait. Loin de l’anecdote et de l’éphé­
mère, ses projets défendaient une cer­taine image du luxe, du temps qui s’ar­rête, en favorisant le plaisir à occuper des espaces baignant de douceur.
D’origine grecque, Rena Dumas était diplômée de l’Ecole nationale supé­rieure des arts appliqués et des métiers d’art de Paris. Après avoir travaillé avec l’architecte André Wogenscky, puis di­rigé l’agence parisienne
de Robert Anxionnat, elle ouvre, en 1972, son pro­pre cabinet, Rena Dumas Architecture intérieure (Rdai).
Elle supervise alors de nombreux projets pour la Marine, pour des banques ou des sièges sociaux d’en­treprise.
Plus récemment, elle a signé l’aménagement de l’hôtel Pergolèse à Paris, de la salle des ventes de Christie’s,
ainsi que du siège parisien d’Artémis, la société holding de François Pinault. Rena Dumas a aussi dessiné des
sièges, des meubles pliants et des objets, pour Ercuis et Saint Louis, entre autres.
19 mai 2009 Journal du Textile
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Hermes
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Hermès affecté par le déstockage des distributeurs
Le groupe familial a vu son chiffre d’affaires fléchir de 4,7 % à taux constant au premier trimestre. Un recul lié
à la baisse des commandes des distributeurs spécialisés. Dans ses magasins, l’activité est en hausse de 10 %.
Hermès, la célèbre maison du fau­bourg Saint-Honoré, est à son tour rattrapée par la crise. Le groupe familial
de luxe a vu son chiffre d’affairesreculer de 4,7 % à taux de change constant sur le premier tri­mestre, à 428,4
millions d’euros, tandis qu’il a progressé de 3,2 % à taux courant. La première baisse à taux comparables depuis 2001, se­lon les analystes de la Société Géné­rale.
Ce sont ses ventes auxréseauxde distribution spécialisés, de parfums ou de montres notamment, qui ont pénalisé la maison. En plein désto­ckage, ces chaînes ont réduit de 27 % leurs commandes. L’activité dans les
magasins d’Hermès, qui pèse pour les trois quarts du chiffre d’affaires, est en revanche en crois­sance de 10
% à taux de change constant. «Excepté au Japon, dans nosmagasins, lesventessontpartout en hausse, précise
Patrick Thomas, le gérant d’Hermès. Elles ontpro­gressé de 10 % en Europe, 28 % en Asie, et 2 % aux EtatsUnis. Nous sommes certes habitués à faire mieux, mais c’est quand même pas malau vu decettecriseterrible.
»Au Japon (22% des ventes), qui est devenu pour la première fois sur ce début 2009 le second marché du
groupe, derrière l’Asie -Pacifique (23 %), l’activité a chuté de 19 %. Hermès a mis en place une série d’initiatives pour relan­cer l’activité dans le pays, et notamment la reprise en direct de concessions.
En termes de métiers, la demande pour ses sacs Kelly ou Birkin à 4.000 euros prix de dé­part ou de ses célèbres
carrés de soie reste sou­tenue (+ 10 % en constant). En revanche, celle desparfums, «mal­gré le succès de Terre
d’Hermès», s’est effondrée de 30 %, comme celle de l’horlogerie et des arts de la table.
Malgré ces secousses, le sellier maintient sa stratégie. Il a prévu l’ouverture de 20 magasins en 2009, notamment en Asie et aux Etats-Unis, soit quelque 160 millions d’euros d’investissement. Du coup, pour l’ensemble
de l’exercice, «Hermès prévoit une stabilité du chiffre d’affaires à taux constantqui va se traduire par une légère dégra­dation de la rentabilité», reprend Patrick Thomas, qui se dit toutefois confiant : «Je suis un optimiste
qui prévoit toujours lepire. » La marge opérationnelle courante avait at­teint 25,5 % en 2008.
Pour autant, même si le cours de la maison a un peu baissé jeudi, elle reste une des valeurs qui résistent le
mieux, alors que le marché du luxe plonge. Sur un an, son cours a grimpé de 11 %, et de 25 % sur les trois
derniers mois. Outre son image de valeur refuge, Hermès continue de bénéficier régulière­ment de rumeurs de
vente par ses actionnaires familiaux. «Aucune modificationdu capitaln ’estprévue, reprend le gérant. Il y a depuis quinze ans des rumeurs de rachat par L VMH, et ce dernier n ’a tou­jours pas acheté une de nos ac­tions. »
11 mai 2009 Les Echos
35
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Hermes
HERMÈS INTERNATIONAL. Les ratios élevés justifient des prises de bénéfices
LES FAITS. C’est jeudi que le groupe de luxe a dévoilé ses facturations au 31 mars. Elles ont crû de 3,2%, à
415,1 millions d’euros, grâce à un effet devises favorable de 33 mil­lions. A taux de change constants, l’activité
a reculé de 4,7 %. La société attend toujours une stabilité de son chiffre d’affaires pour l’année.
L’ANALYSE. L’évolution des ventes d’Hermès témoigné malgré tout d’une certaine solidité, si l’on se sou­
vient que le premier trimestre 2008 constitue une base de comparaison très élevée, avec une croissance in­terne
de 14,1 %.
Le chiffre d’affaires montre égale­ment des contrastes comme le groupe n’en a guère connu, y com­pris par
circuit de distribution. Ainsi, dans ses propres magasins, Hermès voit-il toujours son chiffre d’affaires progresser, même à monnaies cons­tantes, de 6%, ce qui valide sa straté­gie d’investissements importants dans ses
boutiques. Les ventes à des­tination des détaillants, qui concer­nent les montres, les parfums et les arts de la
table, ont chuté de 27 %.
Par métier, seule la maroquinerie (près de 41% des facturations d’Hermès) a conservé une croissance interne
sensible, de 10,2%. Par pays, on relève un contraste frappant au sein même de l’Asie : les ventes au Japon ont
plongé de 19,3 %, mais bondi de 18,3 % pour le reste du con­tinent en devises locales.
VENTE PARTIELLE. L’action s’est hissée autour de 100 €, ce qui la valorise au niveau exorbitant de 38 fois
le bénéfice estimé pour 2009. Même si le métier principal leste solide, on en profitera pour s’alléger un peu,
surtout ceux qui ont suivi nos conseils d’achat sur repli au-des­sous de 70 €, possible en février.
PROCHAIN RENDEZ-VOUS : 2 juin 2009, assemblée générale.
9 mai 2009 Investir
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Hermes
36
Hugo Boss met l’accélérateur sur ses ventes en ligne
ALORS QUE SON CHIFFRE D’AFFAIRES A BAISSÉ
HUGO BOSS continue de marquer son territoire sur Internet. Encouragé par les performances de ses premières boutiques en ligne, le leader alle­mand prépare des lancements en Scandi­navie, au Benelux et, surtout,
aux Etats-Unis. Dernière-née de la galaxie web de Hugo Boss (après la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et
l’Allemagne), l’e-boutique française mise en ligne fin mai connaît une évolution très positive, selon les
responsa­bles de la marque. Mais, outre le lance­ment de sites en ligne, l’entreprise alle­mande confie également se concentrer sur l’ouverture de nouveaux magasins, tout en gardant un oeil sur les points de vente exis­
tants. Lors du premier semestre, le groupe a ainsi fermé treize surfaces jugées non rentables.
Le réseau propre est l’un des seuls do­maines qui aient progressé au cours des six premiers mois (+8%). En
revanche, les ventes en gros ont plongé de 10%. Une nouvelle contre-performance qui a alors tiré le chiffre
d’affaires semestriel vers le bas (-5 %, à 788 millions d’€). En Europe, où la baisse a atteint 8% (à 540 millions), seule l’évolution sur les marchés français (+3%, à 77 millions) et du Benelux (+7%, à 72 millions) a
été jugée satisfaisante. En Europe de l’Est, en revanche, les respon­sables du groupe expliquent que les pro­
blèmes de financement ont entraîné un ef­fondrement des ventes de 35%. En re­vanche, sur le continent américain des effets de change favorables ont permis d’enregistrer une progression de 4% (à 148 millions d’€).
Par ailleurs, la restructuration que pour­suit Hugo Boss a particulièrement in­fluencé l’évolution du bénéfice
net. Celui-ci s’est inscrit en baisse de 19%, à 47,7 mil­lions d’€. Pour le groupe d’habillement allemand, 2009
«reste une année très diffi­cile en raison de la situation économique». Tl table donc sur un chiffre d’affaires en
re­cul, qui ne repartirait à la hausse qu’en 2010, avec l’amélioration espérée du cli­mat économique.
1er septembre 2009 Journal du Textile
37
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Hugo Boss
Mode: John Galliano accorde une licence de cinq ans à IT Holding
Le groupe de luxe italien IT Holding, placé sous tutelle en raison de difficultés financières, a annoncé dans
un communiqué avoir obtenu la production sous licence pour cinq ans des secondes lignes de prêt-à-porter de
la marque John Galliano. Selon cet accord signé avec la John Galliano SpA (qui produit, distribue et gère les
licences des produits John Galliano), IT Holding voit renouveler sa licence pour la seconde ligne femme qu’il
avait obtenue en 2006, et obtient également celle de la seconde ligne homme. IT Holding, qui détient notamment la licence des griffes Gianfranco Ferré, Just Cavalli, Malo ou encore Versace Sport, a été placé sous tutelle en février dernier en raison de son endettement. Trois commissaires extraordinaires ont été nommés pour
gérer IT Holding et sa maison mère Ittierre, également placée sous tutelle, dans l’attente d’une restructuration
ou d’un rachat.
28 juillet 2009 les echos
EN ATTENDANT LE PLAN DE RELANCE : Les filiales d’It Holding s’activent
En attendant la présentation du plan industriel de sauvetage de IT Holding, les différentes filiales du groupe de
luxe italien, placé sous administration extraordinaire il y a trois mois, poursuivent activement leur poli­tique de
développement. C’est le cas de la griffe Gianfranco Ferrè, qui a signé un accord de partenariat avec le joaillier
ita­lien Damiani pour le lancement d’une collection de bijoux, qui sera inaugurée en septembre prochain à
l’occasion de la Semaine des cré4teurs de Milan. Sous la houlette de secréateursylistes, Roberto Rimondi et
Tommaso Aquilano, la griffe vient également de créer un nouveau logo, en forme de tête d’épingle à nourrice,
un objet que son fondateur, l’«architecte» Gianfranco Ferrè, portait toujours sur lui. «Le logo est indispensable
pour favoriser la transformation d’une griffe en marque globale. Il signera désormais nos produits et notre
image», observe Michela Piva, di­rigeante de Gianfranco Ferrè.
La filiale Ittierre, l’entreprise spécialiste de la production de lignes d’habillement griffé pour jeunes, est, elle
aussi, de la par­tie. Elle vient de renouveler pour dix ans son alliance avec Costume national pour la marque
C’n’c Costume national. Cette signature suit de quelques semaines le re­nouvellement de son accord avec
Roberto Cavalli pour la production et la distribu­tion, durant cinq ans, de Just Cavalli. En outre, IT Holding
vient de renforcer sa direction, avec l’arrivée de deux nouveaux dirigeants de poids : Matteo Suppancing s’est
installé au poste de directeur général de Ittierre, vacant depuis décembre der­nier, tandis que Roberto Gigli a été
nom­mé directeur général des opérations pour les sociétés Ittierre, Malo et Gianfranco Ferrè. Les deux hommes
possèdent une longue expérience dans le secteur de la mode. Ex-dirigeant de Benetton, puis d’Escada et de
Hugo Boss Italia, Matteo Suppancing était plus récemment à la tête de la marque italienne de maroquinerie
Valextra, dont il a piloté avec succès la politique de relance et de repositionne­ment. De son côté, Roberto Gigli
provient du groupe Aeffe, où il exerçait déjà les fonctions de directeur général des opéra­tions. Auparavant, il
a travaillé chez Valen­tino et chez Gilmar. Le trio de commis­saires-administrateurs (Andrea Ciccoli, Stanislao
Chimenti et Roberto Spada), nommé il y a trois mois à la tête de IT Hol­ding, juge important ce renforcement
de l’équipe de-direction, qui va permettre de mieux géde directionage délicat de la re­structuration et le plan de
développement de nos marques».
Grâce au financement de 30 millions d’€ obtenu en février dernier, toutes les usines du groupe IT Holding
— situées à Bologne (pour le prêt-à-porter signé Gianfranco Ferrè), à Piacenza, à Florence et à Isernia —ont
repris leur activité. Gianfranco Ferrè a ainsi pu développer une précollection de prêt-à-porter pour l’hiver
prochain, qui sera vendue dans son réseau de boutiques à l’enseigne. Les rumeurs, voire les élucu­brations,
sur l’avenir de IT Holding vont néanmoins bon train. De leur côté, les trois commissaires se gardent de tout
com­mentaire. Ils ne donnent pas non plus d’indications chiffrées sur les ventes de ce début d’année — «C’est
beaucoup trop tôt», assure Andrea Ciccoli —, mais se disent confiants pour l’avenir : «Ces moments difficiles
nous ont permis de mûrir. Nous sommes désormais plus tranquilles.»
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - IT Holding
38
Deux options sont envisagées : la restructuration de l’ensemble du groupe (ce projet serait cher au ministre
italien du Développement économique et de l’In­dustrie, Claudio Scajola) ou la relance d’Ittierre et la cession
de Gianfranco Ferrè et de Malo. Plusieurs offres d’achat au­raient d’ailleurs été déposées sur le bu­reau des
commissaires, en particulier pour Gianfranco Ferrè, une marque «pleine de vitalité, promise à un grand futur»,
selon Andrea Ciccoli. «Rien n’est défini. Nous travaillons actuellement au programme, qui peut aussi prévoir
un mélange de toutes ces solutions», précise-t-il. Initialement prévue pour la fin de juillet, la présenta­tion de
ce plan de relance industrielle pourrait être reportée à septembre.
2 juin 2009 Journal du Textile
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LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - IT Holding
Christian Lacroix : «contacts» entre Borletti et Falic pour un plan
commun
L’administrateurjudiciaire chargé du dossier Christian Lacroix, Régis Valliot, «tente un rapprochement» entre
les frères Falic, propriétaires de la maison de couture en redressement judiciaire, et le groupe Borletti (Le
Printemps, La Rinascente), candidat à sa reprise. Un plan commun est «envisagé », selon son cabinet, après
des contacts établis depuis la fin août. Mais rien ne garantit que ces discussions aboutiront. Dans sa version
initiale, le plan Falic prévoit 112 suppressions d’emplois sur 124 et le maintien des licences, la haute couture
et le prêt-à-porter étant supprimés. Celui de Borletti comme des deux autres repreneurs potentiels misent sur
le maintien d’une cinquantaine d’emplois. Parmi eux figurent Bernard Krief Consulting (BKC) et le holding
de l’homme d’affaires Prosper Amouyal, la Financière Saint-Germain (Haviland, Daum, Lalique).
les echos mardi
8 septembre 2009
La Financière Saint-Germain candidate à la reprise de Lacroix
Le holding de l’homme d’affaires Prosper Amouyal, la Financière Saint-Germain (Haviland, Daum, Lalique),
est candidate à la reprise de la maison de couture Christian Lacroix, en redressement judiciaire, a-t-on appris
hier. La Financière Saint-Germain a déposé son offre dès le 6 juillet, date butoir initiale pour le dépôt des
offres de reprise, a-t-on indiqué au cabinet de l’administrateur judiciaire Régis Valliot. Elle était alors la seule
candidate, a-t-on précisé. La date limite a été repoussée au 27 juillet pour permettre à d’autres repreneurs de se
faire connaître. Trois autres candidats ont alors déposé leur dossier: le groupe italien Borletti (Le Printemps,
La Rinascente), associé à Christian Lacroix, le cabinet de conseil Bernard Krief Consulting (BKC) et «deux
inconnus» avec une offre «inconsistante» à 1 euro,selon l’administrateur judiciaire.
30 juillet 2009 les echos
MODE L’italien Borletti s’allie au créateur Lacroix : offre de reprise du
propriétaire du Printemps
Rebondissement dans le proces­sus de reprise de la maison de haute couture Christian Lacroix : alors que
Bernard Krief Consul­ting avait été le seul à se déclarer ces derniers jours, le groupe fa­milial italien Borletti,
propriétaire du groupe Le Printemps et ac­tionnaire des grands magasins La Rinascente, a déposé à son tour
une offre de reprise, en associa­tion avec Christian Lacroix. Offre jugée plus solide par l’adminis­trateur judiciaire.
28 juillet 2009 les echos
Reprise de Christian Lacroix :l’italien Borletti entre en scène
Christian Lacroix, au bord du gouffre, n’a finalement pas trouvé un mais trois repreneurs
potentiels. Coup de théâtre: le favori ne serait pas Bernard Krief Consulting mais l’italien
Borletti, allié au créateur lui-même.
Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand parlait de «désastre culturel» si Christian Lacroix venait à dispa­
raître. Après une chute de 25 % de son chiffre d’affaires à 30 mil­lions d’euros en 2008, un défilé de 24 modèles auquel les man­nequins avaient participé gra­cieusement, la mise en redresse­ment judiciaire de Christian
Lacroix début juin semblait si­gner les adieux du couturier.
Or, l’administrateur judiciaire en charge du dossier, Régis Val­liot, a annoncé hier avoir reçu trois offres de reprise. Bernard Krief Consulting (BKC), le seul à s’être déclaré par avance, était déjà pressenti comme le futur
actionnaire de la prestigieuse PME dont il comptait « multi­plier par cinq le chiffre d’affaires en cinq ans».
Mais les jeux sont loin d’être faits: hier, le groupe italien Bor­letti associé pour l’occasion à Christian Lacroix,
actionnaire de la chaîne La Rinascente, et qui possède les 17 magasins Le Prin­temps depuis 2006, a fait une
offre jugée «engageante»par Régis Valliot. L’administrateur a ajouté que celle de BKC était « peu
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Lacroix
40
satisfaisante tant sur le plan financier que sur le plan so­cial». Louis Petiet, PDG de Ber­nard Krief Consulting,
veut gar­der environ la moitié des 125 salariés.
Cet après-midi, Christian Lacroix sera reçu par le ministre de l’Industrie, Christian Estrosi, pour détailler son
projet. Si l’ad­ministrateur judiciaire montre une nette préférence pour un scénario à l’italienne, Louis Pe­tiet,
lui, ne se dit pas inquiet. Borletti et BKC étaient récem­ment en discussion pour une éventuelle coopération
autour du rachat de Christian Lacroix, mettant à profit les méthodes du français et les réseaux de distri­bution
de l’italien, révélait-il hier aux « Echos ».
Décision du tribunal en septembre
Les jeux restent ouverts pour le redresseur d’entreprises, qui se dit prêt à améliorer son offre. Les prétendants
sont encore très en amont du processus, rappelle-t-il: le tribunal de commerce de Paris rendra sa décision en
sep­tembre au plus tôt. Pour lui, d’autres rebondissements ne sont pas à exclure: «Tout dé­pend de la troisième
offre, car s’il s’agit d’une offre de continuation des frères Falic (actuels action­naires, NDLR) alors ils auront
la priorité sur nous», ajoute-t-il.
Bernard Krief Consulting, qui a réalisé 19 acquisitions en deux ans et a beaucoup fait parler de lui avec
les récentes reprises de DMC et d’Heuliez, semblait jus­qu’à hier favori. Louis Petiet, par ailleurs maire de
Verneuil-sur-Avre (Eure) et conseiller général UMP, confie que Patrick Deved­jian, ministre de la Relance, lui
aurait donné l’idée de racheter la célèbre maison. « Pourquoi est-ce que vous n’iriez pas sur Christian Lacroix
? », lui aurait-il soufflé. BKC a ainsi monté une offre de reprise de la société qui «touche quand même au
patrimoine fran­çais », comme le rappelle Guillaume Martin, du cabinet d’expertise Méric et Associés. Fidèle
à son modèle « low cost» , il comptait mener une stratégie de réduction des coûts et de développement du
prêt-à-porter, tout en gardant une signa­ture haut de gamme. « La haute couture, ça perd de l’argent», ex­plique
Guillaume Martin, il faut donc assurer d’autres lignes plus commerciales.
Christian Lacroix en dates
La maison de couture a été créée en 1987 avec l’appui de LVMH. Le numéro un mondial du luxe l’a vendue
en 2005 à Falic, le groupe américain spécialisé dans le commerce en « duty free ».
Christian Lacroix emploie 125 salariés.
La maison, qui a eu 11 PDG en vingt-deux ans , n’a jamais fait de bénéffce. Elle a accusé une perte de 10
millions d’euros en 2008 , pour un chifire d’afiaires de 30 millions.
Placée en redressement judiciaire en juin 2009, elle a trois repreneurs qui se sont manifestés le 27 juillet.
28 juillet 2009 les echos
Christian Lacroix va proposer un plan de continuation
La maison de couture vient de se déclarer en cessation de paiements. La crise a creusé ses
pertes. Et elle n’est pas parvenue à trouver de nouveaux partenaires financiers.
La crise a fait trébucher l’un des plus célèbres couturiers français. La maison Christian Lacroix vient de se déclarer en cessation de paie­ments auprès du tribunal de com­merce de Paris, comme l’a révélé hier « Le Figaro
». Ses action­naires vont proposer la semaine prochaine un plan de continuation pour assurer le maintien de
l’acti­vité. La société doit en particulier trouver des moyens pour réaliser sa prochaine collection de haute couture, dont le défilé est prévu en juillet.
Investissements aux Etats-Unis
Depuis son achat en 2005 par l’américain Falic, spécialiste du duty free, la société, qui emploie 125 salariés,
n’est pas parvenue à • revenir à l’équilibre. Et le ralentis­semet mondial a réduit ses efforts à néant. Elle a vu
ses ventes rame­nées à 30 millions d’euros en 2008, contre quelque 40 mil­lions en 2007, et creusé ses pertes
à 10 mil­lions. « Depuis l’acqui­sition de Christian La-croix, nous nous sommes totalement in­vestis dans le
dévelop­pement de la marque sur une stratégie de long ternie, indique Ni­colas Topiol, le prési­dent de la société.
Nous souhaitons conti­nuer, mais les difficul­tés inhérentes à la crise sur le marché du luxe ont considérablement réduit nos revenus. »
41
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Lacroix
Après son acquisi­tion auprès de LVMH (propriétaire des « Echos »), la maison a entrepris un plan de repositionnement sur le prêt-à-porter de luxe, avec une seule ligne, « en totale adéquation avec l’image de ses
collections haute-couture », indique la société. Les accessoires ont aussi été repris en direct. Mais hors de
France, où elle réalise près 65 % de son acti­vité, la maison a surtout misé sur les Etats-Unis, où le luxe souffre
beaucoup. Elle a ouvert deux bou­tiques en propre à Las Vegas et New York. Cette stratégie a néces­sité des
investissements qui ont alourdi l’endettement.
Lacroix était en quête depuis l’an dernier de partenaires finan­ciers pour soutenir le développe­ment. Et n’était
pas opposée à une vente. « Ce processus, qui était en phase finale, a également été direc­tement touché par la
crise finan­cière et n’a pu être finalisé dans des délais suffisants », reprend Nicolas TopioL
30 mai 2009 les echos
Haute couture: Bernard Krief Consulting s’intéresse à Lacroix
Le récent repreneur de l’équipementier automobile Heuliez devrait déposer une offre lundi prochain pour la
reprise de Christian Lacroix. «Christian Lacroix mérite d’être soutenu pour l’aider à maintenir son activité»,
insiste Louis Petiet, le président de Bernard Krief Consulting. Son groupe a déjà acquis plusieurs marques
dans le secteur du textile, comme DMC, Velcorex (sportswear) ou encore Soho (textile pour les jeunes). Le
cabinet de Régis Valliot, en charge du dossier, déclare avoir reçu plusieurs « marques d’intérêt» mais aucune
offre pour l’instant. La maison de haute couture Christian Lacroix emploie 125 personnes. Elle a été placée
en redressement judiciaire début juin. Si aucun repreneur ne se manifeste avant le 27 juillet, elle devra fermer
ses portes.
21 juillet 2009 les echos
La récession a fait échouer la relance de Christian Lacroix
LA GRIFFE A ETÉ CONTRAINTE DE SE DÉCLARER EN CESSATON DE PAIEMENT
Le temps se gâte pour Christian La-croix. La maison de haute couture, acquise en 2006 par le groupe américain Falic, vient de déposer une déclaration de cessation de paiement au­près du tribunal de commerce de
Paris. La société explique dans un communiqué qu’elle «compte proposer un plan de conti­nuation» et «entend
maintenir ses activités pendant cette période». La société souhaite sortir de cette procédure rapidement «et
continuer à développer sa marque», pré­cise dans ce même communiqué Nicolas Topiol, Pdg de la griffe.
Comme le Journal du Textile l’avait indi­qué dans ses colonnes, Christian Lacroix s’était mis en quête dès le
début 2008 d’un partenaire financier pour l’aider à se déve­lopper. Mais, il y a deux mois, le scénario avait
considérablement évolué, et l’hypo­thèse d’une cession était alors carrément admise, son imminence étant
même évoquée (Journal du Textile n°1997, du 14 avril). En vain. Nicolas Topiol indique aujourd’hui que le
processus de recherche d’un partenaire financier, «qui arrivait en phase finale», a «été directement touché
par la crise financière et n’a pas pu être finalisé dans des délais suffisants». Le service com­munication de la
maison affirme que les négociations continueront toutefois de se poursuivre avec d’éventuels investisseurs ou
repreneurs.
La crise n’aura donc pas permis à la griffe de profiter sereinement de cette se­conde chance qui lui était offerte
par le groupe Falic. Au sein du groupe Lvmh, malgré tout le soutien de Bernard Ar­nault, qui l’avait aidé à créer
sa maison ex nihilo, Christian Lacroix n’avait jamais réussi à gagner d’argent. Falic estime pourtant n’avoir
pas lésiné pour atteindre son objectif : rendre la griffe bénéficiaire. «Depuis l’acquisition de la société Chris­
tian Lacroix, nous nous sommes totalement investis dans le développement de la marque avec une stratégie
de long terme, explique Nicolas Topiol. Nous souhaitons continuer, mais les difficultés inhérentes à la crise
sur le marché du luxe ont considérablement réduit nos revenus.» Le chiffre d’affaires serait ainsi descendu à
30 millions d’€ en 2008, tandis que la perte s’est creusée, à 10 millions. En 2007, les ventes étaient encore de
40 millions.
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Lacroix
42
Falic avait pourtant investi dans la refonte d’un nouveau Christian La-croix, en bâtissant pour sa nouvelle
filiale des services administratifs, une direction de la production et une structure informatique jusque-là dépendants du groupe Lvmh, en reconstituant autour de Christian Lacroix l’équipe de création et en lançant un
nouveau concept de bou­tique inauguré à Las Vegas (puis décliné dans les corners et le réseau propre). Mais
le repreneur a joué de malchance. L’arrêt des deuxièmes lignes Bazar et Christian Lacroix Jeans, destiné à
clarifier
l’image de la griffe, n’a pas été compensé par le développement souhaité des acces­soires. Soit la maroquinerie
et les bijoux repris en direct et les différentes licences (prêt- à-porter masculin, soie, lingerie, par­fums...). Avec
celles-ci, Christian Lacroix n’a pas eu la main heureuse : ruptures de contrat avec New Man pour l’enfant et
avec Christofle pour les arts de la table, non-renouvellement prévu, faute de résul­tats satisfaisants, du contrat
avec Interpar­fums, qui arrivera aussi à son terme en 2010, et, enfin, liquidation récente de la Sil, son partenaire
pour la lingerie.
A l’export, Christian Lacroix a aussi misé sur le mauvais cheval en privilégiant le marché américain comme
nouveau le­vier de croissance. Il y avait ouvert ses deux premiers points de vente, à Las Ve­gas et New York, en
2006 et fin 2007 et en­visageait d’en ouvrir deux autres en 2009 avant que la crise ne se manifeste dure­ment
et remette en cause ces projets. Le Japon a aussi été affecté, ainsi que le Moyen-Orient, avec un coup d’arrêt
bru­tal depuis le début d’année. Enfin, Falic n’est pas parvenu à concrétiser son projet d’une réelle implantation
en Chine, pour­tant envisagée dès 2006.
12 juin 2009 Journal du Textile
43
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Lacroix
La crise commence a rattraper Ralph Lauren
Les ventes du groupe de luxe américain ont reculé de 8% au premier trimestre de son nouvel exercice, et le bénéfice a chuté de 19%.
RALPH LAUREN ressent lui aussi le souffle de la crise. Pour son premier trimestre fiscal, clos le 27 juin
der­nier, le groupe de luxe affiche une baisse de 19,3% de son bénéfice net, tan­dis que son chiffre d’affaires
est en retrait de 8%. Cependant, les analystes de Wall Street estiment que cela aurait pu être pire. La baisse
contrôlée de la griffe les sa­tisfait et, au moment de l’annonce des ré­sultats, l’action Ralph Lauren a même
crû de 7%. Les économies réalisées sur les coûts, la diversification géographique et la gestion des stocks,
adaptée à une demande plus tiède, maintiennent les finances de l’entreprise dans une situation saine. Le
groupe dispose de plus de 700 millions d’€ de fonds propres, ce qui permet au prési­dent, Roger Farah, de
planifier avec séré­nité son prochain mouvement sur l’échi­quier mondial.
Les touristes, a-t-il remarqué, ne sont plus aussi nombreux à New York. Leur fréquentation s’est réduite
de 30% et les magasins phares de Ralph Lauren en souffrent. De même, les points de vente européens, à
Paris et à Milan, voient pas­ser moins de touristes. Heureusement, Londres, portée par la forte dépréciation
de sa livre, a repris le flambeau. Par ail­leurs, la direction de Ralph Lauren entend s’adapter aux nouvelles
tendances. Roger Farah voit monter en puissance un goût plus prononcé pour les tenues décontrac­tées. Les
ventes, ces derniers temps, ont été plus fortes pour ce qui concerne le sportswear masculin, les jeans féminins de la ligne secondaire Lauren et Chaps, la marque masculine à prix modéré propo­sée en exclusivité
dans les magasins dis­count Kohl’s. Les consommateurs travail­lant plus souvent à la maison, ils préfèrent
acheter un jean ou une robe plutôt qu’une stricte tenue pour le bureau.
Le client, de plus en plus prudent, re­chigne devant les étiquettes chères. Les 86 magasins Ralph Lauren le
plus haut de gamme y perdent le plus. Les ventes dans les magasins ouverts depuis plus d’un an se sont
contractées de 25%. Les 164 maga­sins d’usine Polo surfent beaucoup mieux sur la crise. Les ventes dans les
boutiques Polo ouvertes depuis plus d’un an se tas­sent seulement de 4%. La direction du groupe renforce
donc son offre à prix mo­déré. L’introduction de la ligne secondaire Lauren se poursuit en Europe, tandis que,
aux Etats-Unis, la griffe Blue Label, meil­leur marché que Black Label, va faire ses débuts dans les grands
magasins Saks Fifth Avenue.
Roger Farah compte aussi sur l’Asie pour prendre le relais de la croissance. La reprise en main de la licence détenue par Dickson Concepts International, effective en janvier 2010, permettra de développer la
griffe Ralph Lauren en Chine, à Hong­kong, en Indonésie et à Singapour. Les licences en Corée du Sud, en
Australie et en Nouvelle-Zélande arrivent à expira­tion dans deux ans. Là encore, lorsque la maison mère
aura plus de contrôle sur son image et la présentation de ses produits, elle pourra s’y étendre.
D’ores et déjà, Ralph Lauren recrute activement en Asie. Le groupe devrait compter 500 employés de plus
en mars 2010 et pourra alors ouvrir de nouvelles boutiques en Asie du Sud-Est pour y faire mieux connaître
son univers.
1er septembre 2009 Journal du Textile
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Ralph Lauren
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Mode et maroquinerie résistent chez Lvmh
Alors que le chiffre d’affaires de l’ensemble du groupe a reculé de 7%, le pôle modemaroquinerie affiche +1%.
Sans faire d’étincelles, Lvmh limite les dégâts pour ce premier semestre 2009 peu porteur pour le luxe.
Son résultat opérationnel (-12%) et surtout son bénéfice net part du groupe (-23%, à 687 millions d’€)
ont certes été sérieusement écornés. De même, son chiffre d’affaires organique consolidé (à structure et
taux de change comparables) a reculé de 7%, à 7,8 milliards d’€ (+0,2% à périmètre non comparable).
Dans un tel contexte, ce sont les pôles dont le groupe contrôle le mieux la distri­bution (grâce à des réseaux intégrés) qui affichent les meilleures performances. Sa division mode et maroquinerie enregistre
ainsi une croissance organique de 1 % (+8% à périmètre non comparable), à 2,9 milliards d’€. La distribution sélective, grâce au dynamisme de la chaîne Sephora, stabilise aussi ses ventes organiques (et
réalise +7% à périmètre non comparable).
Les ventes des autres divisions (parfums et cosmétiques, montres et joaillerie, vins et spiritueux) subissent en revanche le contrecoup de la crise, lié à un fort mouve­ment de déstockage des distributeurs, avec
des reculs (organiques) de respecti­vement —9, —34 et —22%.
Dans le pôle mode et maroquinerie, Louis Vuitton joue plus que jamais son rôle de locomotive. En effet,
la marque n’a pas été atteinte, au contraire, par le climat délétère ambiant. Elle réalise une «crois­sance
encore à deux chiffres» («sans doute la meilleure de tout l’univers du luxe», se­lon Bernard Arnault) et
une marge opéra­tionnelle «exceptionnelle». Les marchés asiatiques et européens ont ainsi confirmé leur
forte dynamique, tandis que les Etats‑Unis feraient preuve d’une bonne résis­tance. Fans de la griffe, les
Japonais contournent l’obstacle d’un yen cher en accélérant leurs achats.
Les autres marques du pôle ont en re­vanche «été pénalisées, admet Lvmh, no­tamment au deuxième trimestre, par l’envi­ronnement toujours difficile des grands distributeurs». Malgré le contexte, toute­fois,
Fendi a connu une «amélioration de ses performances au deuxième trimestre», et Donna Karan a consolidé «les progrès accomplis en termes de positionnement et de rentabilité.»
Régime minceur
Même s’il n’avance toujours pas de pré­visions chiffrées pour l’ensemble de l’exer­cice, Bernard Arnault
a indiqué que le groupe, «conforté par la bonne résistance du premier semestre», abordait la seconde
partie de l’année «avec confiance et comp­tait sur la créativité et la qualité de ses pro­duits ainsi que sur
l’efficacité de ses équi­pes, qui mettent notamment en oeuvre des mesures de réduction de coûts adaptées
à la crise pour poursuivre ses gains de parts de marché dans ses marchés historiques et dans les territoires
émergents à fort poten­tiel». Parmi les mesures de restriction, Lvmh a ainsi taillé de 9% dans ses budgets
de communication au premier semestre et fait baisser ses coûts opérationnels de 5%. Un régime minceur
qui lui permet de faire le dos rond sans négliger d’investir dans des relais de croissance comme les marchés émergents. Au premier semestre, ces derniers ont ainsi représenté 30% des ventes du groupe.
1er septembre 2009 Journal du Textile
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LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - LVMH
Montaigne Fashion Group trébuche déstabilisé par la crise
Montaigne Fashion Group, pro­priétaire notamment des mar­ques de mode féminine Irène Van Ryb et Regina
Ruben& est placé en redressement judiciaire depuis le 25 août, une décision de ses dirigeants. Le tribunal
de commerce de Paris a décidé une période d’observation de quatre mois. Le jeune groupe de prêt-à-porter
haut de gamme, coté sur le marché Euronext, a été créé en 2005 par Philippe Gellman, le fon­dateur de Bourse
Direct, avec l’appui de l’investisseur Gérard Stoly. Il emploie une trentaine de personnes. L’intention des dirigeants était de constituer un groupe indépendant, exploitant un portefeuille de marques issues de l’univers
du luxe, de la mode et des créateurs.
Montaigne Fashion Group a réalisé sa première opération lors du rachat, à la barre du tribunal, de Regina
Rubens, alors au bord de la liquidation. Le jeune groupe a ensuite absorbé la griffe Irène Van Ryb. Dans la
foulée, il a pris une participation —jusqu’ici dormante — de 34% dans le capi­tal de la maison de Couture
Franck Sor­bier. Enfin, il a acquis 51% de la marque de streetwear haut de gamme Stereo Panda. Montaigne
Fashion Group s’est ensuite attaché à structurer le nouvel ensemble, en nommant la créatrice Irène Van Ryb
directrice générale du groupe, en repositionnant Regina Ruben.% en rationa­lisant le petit parc de boutiques
compris dans ce premier rachat (il détient actuelle­ment deux boutiques propres, à Saint-Barthélemy et à Paris,
rue de Passy) et en signant des licences d’accessoires pour ses deux marques phares.
Néanmoins, Montaigne Fashion Group n’a jamais réussi à surmonter ses difficul­tés financières, ne consolidant pour la pre­mière fois l’ensemble de son activité que durant les neuf derniers mois de l’année 2008. Son
exercice 2007-2008, clos fin mars, fait état d’un chiffre d’affaires de 6,5 millions d’€ (incluant Irène Van Ryb
et Regina Rubens) et de résultats en perte de plus de 2 millions. A la fin de l’année der­nière, marquée notamment par l’intégra­tion de Stereo Panda, la perte nette a été ramenée à 240.000 €, mais le chiffre d’af­faires a
été quasiment divisé par deux, à 3,4 millions d’€. Le groupe a dû faire face en outre à une dette s’élevant à
5,3 mil­lions d’€ au 31 décembre 2008. L’activité s’est encore dégradée début 2009, en recu­lant de 28% au
premier trimestre et de 37% au deuxième, pour des ventes tom­bées à 310.000 €.
La crise est passée par là, bien sûr, comme l’explique le groupe : «Irène Van Ryb, qui représente l’essentiel du
chiffre d’affaires de Montaigne Fashion Group, a particulièrement souffert de la crise et de l’attitude frileuse
de ses distributeur& En Es­pagne, au Japon et aux Etats-Unis, l’activité s’est fortement réduite; les clients ont
stoppé la majeure partie de leurs commandes» Si le marché français fait preuve d’une meil­leure résistance, il
a tout de même fondu de 15% depuis le début de l’année.
Mais le coup de grâce a été la brusque accélération du litige avec Regina Rubens, dans lequel Montaigne
Fashion Group est empêtré depuis plusieurs années. La créa­trice, qui conteste la rupture du contrat de prestations qui la liait à Mfg, a obtenu la saisie conservatoire de ses comptes ban­caires. Juste avant, le groupe avait
dû faire face à la résiliation de ses lignes de crédit, in extremis renégociée grâce à l’interven­tion du Médiateur
du crédit.
Le placement en redressement judi­ciaire va au moins stopper ce tir nourri d’avanies. Comme le souligne Me
Chris­tophe Thévenot, l’administrateur judi­ciaire chargé du dossier, «l’ouverture de la procédure va faire sauter les saisies. L’acti­vité va pouvoir repartir». Montaigne Fashion Group va consacrer cette période à tenter
d’assurer la pérennité de la so­ciété, en recherchant des partenaires.
8 septembre 2009 Journal du Textile
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Montaigne Fashion Group
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Thomas Pink veut mettre l’accent sur sa femme
La marque-enseigne britannique de chemises haut de gamme veut pousser sa collection
féminine désormais dessinée par Louise Markey.
THOMAS PINK, la marque-enseigne bri- tannique de chemises haut de gamme, a décidé de mettre en avant
sa collection féminine. La marque — qui vient de nommer la styliste Louise Markey (fina­liste par ailleurs du
concours de mode an­glais «Fashion Fringe») pour piloter sa col­lection féminine — souhaite améliorer son
offre, en proposant «des produits adaptés aux femmes d’aujourd’hui, tout en créant une véritable cohérence
entre les collec­tions féminine et masculine, indique son Pdg, Jonathan Heilbron. Nous avons beau­coup travaillé sur nos collections mascu­lines, mais la femme avait été un peu laissée de côté.»
En confiant les rênes à la jeune styliste (28 ans), Thomas Pink veut offrir pour la première fois à ses clientes
la possibilité de se construire un total look, en alliant des pièces classiques contemporaines avec des produits
plus tendance. La première col­lection dessinée par Louise Markey mé­lange des textures soyeuses et riches
(georgette de soie, organdi, brocart) avec des imprimés d’archives. Les chemisiers aux coupes classiques et
sophistiquées —l’héritage de la marque — côtoient des pièces tendance phares (robe chemisier militaire,
robe blouse imprimé Liberty ou chemise boyfriend).
Nouveau concept
Parallèlement, la marque annonce un nouveau concept d’espace consacré à la femme, qu’elle inaugurera
dès septembre dans son magasin principal de Jermyn Street, à Londres, ainsi qu’au sein de son corner chez
Harrods. Se fondant sur «le succès phénoménal qu’à connu la collec­tion féminine cet été», cette nouvelle
vitrine aura pour vocation de mieux la mettre en valeur, celle-ci représentant 20% du chiffre d’affaires de la
marque. Imaginé par le cabinet d’architecture américain Brand+Allen, le nouvel espace, au style boudoir,
offrira à ses clientes un «environnement luxueux, visuellement agréable et relaxant». Il associe matériaux
nobles et touches féminines vintage (mobilier en bois, murs métallisés argent, teintes crème, miroirs antiques,
chande­liers, méridienne, sofas en cuir, présentoir hexagonal ou fer forgé), afin de créer une boutique intimiste.
Musique et diffusion de parfums sur mesure viendront compléter l’ambiance féminine. Thomas Pink prévoit
de tester ce nouveau concept dans ses deux magasins phares, avant de l’appliquer à plus grande échelle.
La marque possède 34 magasins et corners au Royaume-Uni et plus de 80 à l’étranger, notamment en France
(rue Francois-Ier, à Paris, et aux Galeries Lafayette) et aux Etats-Unis. Alors qu’elle vient juste d’inaugurer
un point de vente à Hongkong, la griffe pré­voit, cette année, d’autres ouver­tures en Chine et au Mexique.
8 septembre 2009 Journal du Textile
47
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Thomas Pink
SUITE A LA FAILLITE DE MARCHPOLE UNGARO CONFIE SON HOMME A UN AMÉRICAIN
UNGARO HOMME change de parte­naire. Contrainte et forcée, en rai­son de la faillite de son licencié, le britannique Marchpole, la griffe a trouvé en moins de trente jours son nou­veau partenaire exclusif pour l’Amérique du Nord. Ce sera donc désormais Neema Clothing qui produira et diffusera les lignes bis dédiées à
l’homme, soit Ungaro Homme et Emanuel-Emanuel Ungaro. La grande ligne Emanuel Ungaro, pour sa part,
continue à être distribuée en direct. «Notre nouveau partenaire reprend à la vo­lée les commandes en cours,
précise Mou­nir Moufarrige, le dirigeant de la griffe. Nos clients ne vont même pas s’apercevoir du changement. A court terme, nous allons étendre la diffusion de ces lignes à l’Eu­rope, notre objectif étant d’atteindre
envi­ron 90 clients, en excluant des pays comme la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la Scandinavie, que nous
traiterons en direct ou par l’intermédiaire d’un agent.»
Créée en 1991, la société new-yorkaise Neema Clothing diffusera la ligne Ungaro Homme aux Etats-Unis, au
Canada et au Mexique, principalement à travers des magasins sélectifs haut de gamme et des grands magasins. Quant à Emanuel-Ema­nuel Ungaro, la ligne sera plutôt réservée aux chaînes de magasins. Reprises en
main il y a deux ans par l’ex-styliste de Smalto, Franck Boclet, les collections masculines cherchent un nouveau souffle au sein de la maison, rachetée en 2005 par l’homme d’affaires américain d’origine pakista­naise
Asim Abdullah. «Le marché a besoin de nouvelles propositions, plus auda­cieuses, et la crise actuelle ne fait
qu’exacer­ber ce phénomène, explique Mounir Mou­farrige. Il suffit d’interroger les représen­tants des grands
magasins pour le constater. Les crises ont ce mérite qu’elles imposent de tout remettre à plat. Il faut retrouver
le moyen de susciter l’envie chez le consom­mateur. C’est ce que nous nous efforçons de faire. Cela prend
un peu de temps, mais nous sommes convaincus que nous allons récolter les fruits de nos efforts dès l’année
prochaine.»
Repositionner la femme
Du côté de la femme, Ungaro peine tou­jours à trouver un second souffle, en dépit de l’arrivée du jeune et talentueux styliste de 24 ans Esteban Cortazar. «// a encore du mal à s’imposer en France alors qu’il remporte
déjà un franc succès dans les pays anglo-saxons, souligne le dirigeant. Mais l’électrochoc devrait se produire
bientôt. Je suis très confiant dans les capacités de ce jeune créateur, comme je l’ai été à une époque avec Stella
McCartney chez Chloé. Et je ne me suis pas trompé.» La priorité d’ Ungaro se porte avant tout pour la femme
sur le repositionnement de la ligne, le plan de développement d’un réseau de distribution étant mis au second
plan pour le moment.
La petite étincelle qui enflammera la maison pourrait bien venir finalement d’Asie et du lancement mené
tambour battant d’une nouvelle ligne mixte. Beau­coup plus accessible en termes de prix, elle a été baptisée
U by Ungaro. «Nous avons déjà inauguré 24 corners au Japon, an­nonce Mounir Moufarrige. En janvier, nous
ouvrirons 42 boutiques en Chine, uni­quement dans la région de Shanghai. Et ce n’est qu’un début.» Lancée en
janvier 2008, la ligne s’appuie aussi sur une fra­grance qui remporte un franc succès. «En six mois, nous avons
réalisé un chiffre d’af­faires de 35 millions d’€ rien qu’avec U by Ungaro», précise le dirigeant. Plutôt dis­cret
sur le montant global des ventes du groupe, Mounir Moufarrige ajoute toute­fois que celui-ci a dépassé les 70
millions en 2008. Le retour à l’équilibre devrait par ailleurs se profiler pour 2010 ou au plus tard 2011, prévoit
le dirigeant, tout en pré­cisant que «le montant des pertes annuelles reste tout à fait minime et n’entrave pas la
bonne marche de développement du groupe».
Si la crise actuelle freine un peu le plan de relance de la griffe Ungaro, elle devrait aussi permettre de réaliser
prochainement de belles opérations immobilières. «Nous construisons dès à présent l’après-crise, an­nonce le
dirigeant. Des opportunités vont se présenter du côté de la distribution. Nous saurons prendre position.» A ce
jour, outre les corners et les boutiques créés récem­ment en Asie, Ungaro compte encore 2 succursales (Paris,
New York) et une vingtaine de franchises à travers le monde. La griffe scrute déjà du côté de Londres et de
Palm Beach, où ses points de vente ont été contraints de fermer. D’autres villes sont recensées dans les projets
de Mounir Moufarrige. Mais, comme le rappelle le di­rigeant, il ne s’agira pas «d’ouvrir pour ou­vrir». En clair,
Ungaro vise les meilleurs emplacements dans les grandes capitales de la mode.
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Ungaro
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Marchpole a été liquidé
A présent confiée au groupe Neema Clothing, la licence des lignes de diffusion Ungaro Homme en Amérique
du Nord était auparavant dé­tenue par le groupe britannique March­pole. Ce dernier, qui figure parmi les vic­
times de la récession en Grande-Bre­tagne, a déposé son bilan le 10 no­vembre dernier. Le groupe avait acquis
en 2006 Moda America, l’entreprise qui détenait précédemment les licences Emanuel Ungaro pour la distribution de ses lignes aux Etats-Unis. Le développe­ment de la ligne Ungaro Homme figu­rait parmi les priorités
de Marchpole, qui souhaitait en accélérer le rayonne­ment dans le monde. Il avait notamment signé en 2008 un
contrat de 5,2 millions d’€ avec le principal distributeur coréen pour introduire la ligne homme en Co­rée du
Sud. C’est aussi sous licence avec
Marchpole que la marque de luxe a inauguré son premier espace Ungaro Homme à Paris. Accablé par d’importantes pertes, Marchpole avait été contraint de se pla­cer en redressement judiciaire en no­vembre, remettant
son destin entre les mains du cabinet anglais Grant Thorn-ton UK. Au sein de ce dernier, on in­dique aujourd’hui que, «depuis leur no­mination, les administrateurs ont réalisé les actifs de Marchpole au meilleur prix
possible». On précise par ailleurs que «le groupe ne possède à l’heure ac­tuelle plus aucun employé ni aucune
acti­vité commerciale sur le sol britannique ou dans le monde». En effet, l’adminis­trateur, peu après le début de
l’opération de redressement, avait réussi à trou­ver un acquéreur pour la marque Jean-Charles de Castelbajac,
dont Marchpole était propriétaire (depuis 2004) et qui constituait le noyau de son activité. Le groupe suédois
Atlas Design a ainsi ac­quis Jcc pour un montant de 3,72 mil­lions d’€, permettant de sauvegarder l’intégralité
de son activité et de ses em­ployés.
Durant les dernières années de sa vie, Marchpole avait multiplié les accords de licences, en signant notamment
un agré­ment en 2008 avec Dkny pour la con­ception et la diffusion de sa ligne homme Black Menswear ainsi
qu’un ac­cord pour la distribution de la ligne «dif­fusion» de la marque de luxe masculine anglaise Ozwald
Boateng. L’administra­teur précise que le sort des licences pré­cédemment détenues par le groupe —notamment
Ungaro Homme, Dkny et Ozwald Boateng — ne lui appartient pas, puisque «seules les marques les contrô­lent
et peuvent décider à qui en confier les rênes».
Les marques Homebody (prêt-à-porter féminin de luxe distribué sur le sol britannique et aux Etats-Unis) et
Greenmark (qui fournit plusieurs maga­sins de chaussures en Grande-Breta­gne), acquises par le groupe en
2006 et 2007, n’ont pour leur part «pas suscité d’intérêt de la part d’acquéreurs poten­tiels», indique-t-on au
sein de Grant Thornton, et ont été revendues à leurs propriétaires initiaux pour un montant non communiqué.
19 mai 2009 journal du textile
49
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Ungaro
Valentino Fashion Group serre les boulons
Comme la plupart des grands groupes de luxe, Valentino Fashion Group s’est engagé il y a quelques mois
dans la mise en place d’une politique sé­vère de contrôle des coûts. «Confrontés à des perspectives négatives
pour le marché du luxe en 2009, nous avons très vite mis en place un programme intense d’optimisa­tion des
processus et des coûts de struc­ture», explique Stefano Sassi, dirigeant du groupe propriétaire entre autres du
groupe allemand Hugo Boss et de la griffe de luxe Valentino.
En 2008, Valentino Fashion Group a fait de la résistance. Son chiffre d’affaires consolidé a progressé de
3%, à 2,21 mil­liards d’€. Mais le résultat opérationnel, hors amortissements, a reculé de 7% (248,3 millions
d’€). La progression des ventes est due pour l’essentiel à Hugo Boss, dont le chiffre d’affaires a crû de 3% à
1,69 milliard d’€ (+6% à taux de change constant), tandis que Valentino a reculé de 1%, à 260,3 millions d’€
(+5% à taux de change constant). «Les bons chiffres du premier semestre ont été affectés par la per­formance
négative de la seconde partie de l’exercice», expliquent les dirigeants de la marque Valentino, qui évoquent
notam­ment une baisse du chiffre d’affaires dans les boutiques à l’enseigne. Valentino a par­ticulièrement souffert sur le marché amé­ricain (-5%) et en Europe, où le chiffre d’affaires de la griffe a atteint 130 millions d’€
(-1%), tandis qu’elle a fait une percée en Asie, où elle progresse de 19%. Pour les autres marques de Valentino
Fashion Group (Marlboro Classics et les deux lignes d’habillement masculin Lebole et Oxon), on remarque
une progression de 5% à taux de change constant, tandis que la licence M Missoni a bondi de 27%.
Malgré la crise, le groupe, qui, on le sait, est contrôlé par le fonds d’investissement anglais Permira, a poursuivi sa politique d’ouverture de boutiques à l’enseigne. Quelque 64 nouveaux points de vente ont été inaugurés
au cours des douze mois de l’exercice, pour un total de 433 boutiques au 31 décembre 2008.
28 avril 2009 journal du textile
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Valentino Fashion
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Gian Giacomo Ferraris nommé Versace a trouvé son nouveau Pdg
Les groupes de luxe jouent aux chaises musicales avec leurs dirigeants. Sans surprise, l’italien Versace a
confirmé la semaine dernière le départ de son admi­nistrateur délégué, Giancarlo di Risio. Ce­lui-ci est remplacé
dans la foulée par l’ex-dirigeant de Jil Sander, Gian Giacomo Ferraris. Celui-ci débutera dans ses nou­velles
fonctions le 15 juillet. Avec cet an­cien dirigeant d’Ermenegildo Zegna puis de la division prêt-à-porter de
Gucci Group qui, depuis 2004, pilotait la relance de Jil Sander, le groupe Versace va enta­mer un nouveau chapitre de son histoire. «Son arrivée témoigne de notre intention de maintenir une direction forte et compétente»,
indique-t-on dans un communiqué de presse. Dans l’immédiat, Gian Gia­como Ferraris devra notamment définir une «stratégie anticrise» : au premier tri­mestre de l’exercice en cours, les ventes de Versace ont en effet
chuté de 13,4%.
Chez Jil Sander, c’est le directeur finan­cier, Alessandro Cremonesi, qui va re­prendre le flambeau. Le passage
se fera en douceur, et la griffe, rachetée en septem­bre 2008 par le japonais Onward, devrait poursuivre son
programme de développe­ment sous la houlette de son directeur ar­tistique, Raf Simons.
La seule inconnue concerne Giancarlo di Risio, dont le départ avait été abondam­ment commenté ces dernières semaines dans la presse : on évoquait notamment son désaccord avec Donatella Versace, directrice de
la création, à propos des me­sures de restriction budgétaire nécessaires pour affronter la crise. Selon diverses
in­discrétions, son nom serait l’un des quatre pressentis pour diriger la griffe italienne Roberto Cavalli, qui a
annoncé récem­ment la vente prochaine de 30% de son capital au fonds Clessidra.
16 juin 2009 journal du textile
EN DÉSACCORD AVEC LES ACTIONNAIRES : Le dirigeant de Versace pourrait
claquer la porte
GIANCARLO DI RISIO va-t-il prochai­nement quitter le poste d’adminis­trateur délégué du groupe Versace
? Selon de nombreuses indiscrétions, ses avocats seraient actuellement au travail pour définir les détails de
son départ. Au cours des derniers jours, les presses ita­lienne et internationale ont évoqué à plu­sieurs reprises
l’existence d’un conflit en­tre le dirigeant et Donatella Versace, di­rectrice de la création du groupe, à propos
de la mise en place d’une politique de res­triction budgétaire nécessaire pour af­fronter les conséquences de la
crise. Pour l’heure, le principal intéressé n’a fait au­cun commentaire.
La semaine dernière, un communiqué de presse émanant du conseil de surveil­lance du groupe au grand complet (il est composé de sept personnalités, parmi les­quelles son administrateur délégué, Gian­carlo Di Risio,
et les trois actionnaires, Santo Versace, également président, qui possède 30% des actions, sa soeur Dona­tella
Versace, directrice de la création et détentrice de 20% des parts, et enfin Paolo Colombo, l’expert comptable
qui repré­sente les intérêts d’Allegra Versace Beck, la fille de Donatella et unique héritière de Gianni Versace,
avec 50% du capital) a simplement démenti, de façon «unanime et catégorique», l’existence d’un tel désac­
cord. Le conseil confirme aussi que «la gestion financière et opérationnelle du groupe relève exclusivement
de l’adminis­trateur délégué».
Il n’empêche, la plupart des observa­teurs estiment que Giancarlo Di Risio est bien sur le départ (et on évoque
même son remplacement par Kim Winser, venue d’ Aquascutum, lire par ailleurs). Il avait été nommé au
poste d’administrateur dé­légué du groupe Versace il y a cinq ans, bé­néficiant notamment du soutien de Santo
Versace et d’Allegra Versace Beck, qui, âgée d’à peine 18 ans, venait de prendre en mains les parts de son
héritage. Sous la houlette du dirigeant, le groupe, qui tra­versait alors une phase extrêmement déli­cate depuis
la mort brutale de son fonda­teur, Gianni Versace, en 1997, a été re­structuré et relancé, atteignant un chiffre
d’affaires de 336 millions d’€ l’année der­nière (+8%), avec un résultat net de 9 mil­lions.
Reste que la situation s’est dégradée au premier trimestre 2009 : le résultat net du groupe, de luxe italien est
resté positif, mais ses ventes consolidées ont chuté de 13,4%. Cette baisse est également liée aux difficultés
de l’un de ses licenciés, le groupe Ittierre, actuellement en phase de redressement, qui ne lui a pas versé
51
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Versace
les royalties pour la ligne d’habillement Ver­sace Jeans Couture. «Les deux derniers mois, avril et mai, ont
toutefois montré des signes d’amélioration», précise-t-on dans un communiqué de presse.
Pour parer les conséquences de la crise, le groupe a approuvé la mise en place d’un nouveau plan triennal de
développement, mis au point par le cabinet de consultants Bain & Co. Son objectif est avant tout de vérifier
l’impact de cette crise sur les mar­chés mondiaux et sur le développement du groupe et de définir les mesures
idéales pour affronter les changements et pour­suivre une politique de croissance.
2 juin 2009 Journal du Textile
Luxe: interrogations sur le devenir du patron de Versace
Selon le «Wall Street Journal », le patron de la maison italienne Versace, Giancarlo Di Risio, pourrait présenter
sa démission aujourd’hui à l’occasion d’une réunion du conseil d’administration. Giancarlo Di Risio serait
en conflit avec la designer et actionnaire Donatella Versace sur les mesures à prendre pour surmonter la crise
économique. Le conseil doit examiner aujourd’hui un plan de restructuration réalisé par la société Bain & Co.
Dans un communiqué publié la semaine dernière, la famille Versace a démenti toute rupture de « la relation
professionnelle» avec Giancarlo Di Risio et a réitéré son soutien au dirigeant.
25 mai 2009 les echos
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Versace
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Luxe: nouveau PDG pour Brioni , le
spécialiste de l’habillement masculin
Brioni, le spécialiste de l’habillement masculin haut de gamme
a un nouveau patron. Andrea Perrone (photo), trente-neuf ans, le
petit-fils d’une des deux familles fondatrices, vient d’être nommé PDG du groupe de luxe. Il remplace le triumvirat qui assurait jusqu’ici la direction de la société, dont il faisait partie avec
Antonella de Simone et Antonio Bianchini. Ce changement intervient alors que, depuis plusieurs mois, des rumeurs font état de
l’intention des deux familles de céder 20 % du capital. En 2008,
Brioni a enregistré des ventes de 206,5 millions d’euros, en recul
de 3 %, pour un résultat brut d’exploitation de 32 millions d’euros. Pour 2009, la maison italienne a mis en place un plan «d’expansion ambitieux» en Asie et en Chine notamment en Chine,
avec des ouvertures prévues à Shanghai et Pékin dès septembre.
L’Europe reste aussi une zone prioritaire avec des inaugurations
prévues à Barcelone ou à Venise.
11 juillet 2009
les echos
L’accessoire demeure la locomotive du luxe Il résiste mieux et devrait
rebondir plus vite.
25 août 2009 journal du textile
L’accessoire résiste-t-il mieux à la crise que les autres segments de l’univers de la mode ? Comme ces dernières
années l’ont montré, celui‑ci a longtemps affiché des croissances in­solentes. Selon la récente étude publiée par
l’institut Eurostaf, sous l’intitulé «Le marché mondial de la maroquinerie haut de gamme-luxe», ce secteur
a progressé, entre 2004 et 2007, de 15,8% par an (à taux constants). Pour l’année 2008, qui marque le début
de la crise, l’évolution n’a été que de 11%. «La maroquinerie reste la locomotive de nombreuses maisons,
souligne cependant Nicolas Boulanger, analyste chez Eurostaf. Si la croissance ralentit un peu, elle reste tout à
fait signifiante dans un contexte marqué par la morosité.» Pour 2009, l’institut d’études table sur une évo­lution
de —4 à +2%, alors que, pour l’ensemble du secteur du luxe, Eurostaf mise plutôt sur un retrait du volume
d’affaires de —5 à —10%. «L’accessoire devrait aussi rebondir plus vite, poursuit Nicolas Bou­langer. En
2010, la croissance devrait se situer entre 2 et 6%.»
La bonne dynamique de l’accessoire tient, selon Nicolas Boulanger, à de multi­ples facteurs, qui se croisent
et se renfor­cent les uns les autres. «L’offre reste tou­jours très attractive en termes de prix, com­parativement à
du prêt-à-porter haut de gamme, souligne-t-il. Par ailleurs, les mar­ques savent mettre en place un assortiment
sans cesse renouvelé et toujours séduisant. Enfin, la clientèle reste définitivement très attachée à ce type de
produits.» Contraire­ment aux autres marchés du luxe et de la mode, l’accessoire présente aussi l’origi­nalité
d’une bonne répartition entre les différentes zones géographiques, l’Europe rassemblant 33% des volumes
d’affaires, les Etats-Unis 31% et l’Asie un peu moins de 33%. «Toutes les zones géographiques ont profité
de la croissance entre 2004 et 2007, indique Nicolas Boulanger, cepen­dant, l’Asie (hors Japon) reste la plus
performante.»
Dans ce contexte, ce sont alors toujours les sacs à main qui tirent la croissance, en rassemblant 56% du
marché, contre 25% pour la petite maroquinerie (10% pour les bagages et les ceintures). «L’homme représente
un relais de croissance à ne pas négliger, affirme l’analyste. Néanmoins, à l’image du marché des cosmétiques,
il se passera sans doute de nombreuses années avant que le marché masculin ne rattrape le féminin, même si
la clientèle de certains marchés émergents est majoritairement composée d’hommes.»
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LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Secteur
Reste que la crise existe bel et bien et que les diverses marques et maisons ten­tent de lui résister au mieux.
Une des recettes préconisées par Eurostaf consiste à ne surtout pas lésiner sur le merchandising. «Il faut
optimiser au maximum la ren­tabilité au mètre carré», insiste Nicolas Boulanger. Une préconisation que Francis
Vaseravo, directeur général adjoint du groupe Le Tanneur, approuve complètement. Le groupe spécialiste
de la maroquinerie a or­ganisé récemment une journée d’études rassemblant divers professionnels qui ont
débattu des modèles à utiliser pour rebon­dir dans le contexte actuel. «Cette crise va modifier fortement les
comportements d’achat, précise notamment le dirigeant.
C’est pourquoi les points de vente vont de­voir améliorer leur copie. Il ne sera en effet plus possible de référencer
plus d’une quin­zaine de marques chez un détaillant. La mise en scène des produits et l’univers pro­pre à
chaque marque seront primordiaux. Il est donc nécessaire de susciter l’envie et de créer l’étonnement chez la
clientèle.» Pour Le Tanneur à proprement parler, Francis Vaseravo estime que la crise re­présente néanmoins
une opportunité à part entière : «Nos marques se sont tou­jours inscrites sur un créneau de bon rap­port qualitéprix, avec des lignes sobres et tendance, mais jamais «bling bling». Nous sommes convaincus que, en matière
de maroquinerie, la discrétion et l’élégance s’imposeront comme les valeurs domi­nantes de demain.»
LE SECTEUR DE LA MODE ET MAROQUINERIE - Secteur
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