Forces armées et politique : une longue passion russe

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Forces armées et politique : une longue passion russe
Forces armées et politique : une longue passion russe
Hérodote | Revue de
géographie et de
géopolitique
-- Les numéros - 116 - Armées et Nations (Premier trimestre 2005) --
116 - Armées et
Nations (Premier
trimestre 2005)
Forces armées et
politique : une longue
passion russe
Cyrille GLOAGUEN
Hérodote | Revue de géographie et de géopolitique
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Forces armées et politique : une longue passion russe
Résumé : Forces armées et politique : une longue passion russe
La présence massive de militaires dans les rouages du pouvoir russe trouve son origine dans les
traditions soviétiques. La disparition de l'URSS bouleverse cependant la donne : de simples
représentants de leur corps social, les militaires deviennent acteurs de la vie politique russe, mais à
titre individuel et en occupant l'ensemble du prisme politique. Avec V. Poutine, ils semblent s'être
définitivement emparés des centres de décision. Cette vision est cependant trompeuse : loin d'avoir
pris le pouvoir en tant qu'institution, les militaires que l'on trouve dans l'entourage de Poutine sont
des proches du président, pour la plupart originaires, comme les civils, de Saint-Pétersbourg ou
ayant jadis travaillé avec lui au KGB. Les Siloviki ne sont rien d'autre qu'un outil au service de la
politique du président russe.
Abstract : Armed Forces and Politics : a Russian Passion
The substantial presence of the military in the intricate machinery of Russian government is a legacy
from the Soviet era. Yet, the USSR is bygone and cards have been reshuffled. Once mere
representatives of their social corps, the military is now a full-fledge actor on the Russian political
scene, but individually so on the whole political spectrum. With V. Putin, they may well have taken
control over the main political centres. This view may yet be fallacious : far from taking over power as
a constitued body, the military close to Putin are his near-relations, most being - just as the civilians kins from Saint-Peterburg or former KGB brothers-in-arms. The "siloviki" are a mere tool servicing
Russian presidential politics.
Article complet
Les relations qu'entretient la société russe avec ses forces armées sont pour le moins ambiguës.
Alors que les généraux, retraités et d'active, sont aujourd'hui visibles dans tous les rouages
politiques de la Fédération, du centre aux régions, qu'ils sont, comme sous l'URSS, redevenus
acteurs de l'éducation nationale au travers de la formation militaire enseignée dans les lycées, alors
que l'armée est l'un, si ce n'est le principal pilier sur lequel repose la politique étrangère du pays,
force est pourtant de constater que, dans le même temps, les maux qui rongent les multiples
structures de force [1] nationales (voir annexe à cet article) - violence, corruption, conservatisme - ne
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cessent d'étendre leurs métastases à l'ensemble de la société. La Russie a, depuis de nombreuses
années, tout en plébiscitant au sommet les généraux, divorcé de ses forces armées en tant
qu'institution. Si échapper au service national a donné lieu à la mise en place de véritables
institutions souterraines dont l'activité se ressent jusque dans les chiffres de la criminalité, de
l'éducation et de la santé, la raison principale de ce divorce est surtout la violence inouïe qui
provoque chaque année dans les unités militaires la mort de milliers de jeunes soldats [2], sans
même parler des morts de la guerre de Tchétchénie, cette guerre sans fin qui pourrit de l'intérieur la
jeune démocratie russe.
L'origine de cette violence et de ces morts est aussi ancienne que l'armée russe elle-même. Les
principales raisons sont l'absence d'un véritable corps de sous-officiers qui placent les plus jeunes
recrues entre les mains des plus anciennes, la médiocrité des règles de sûreté lors de l'utilisation
d'armes, la sévérité des conditions de vie dans les cantonnements qui poussent de nombreux jeunes
soldats au suicide, le mépris, il faut bien le souligner, le plus total des officiers pour la vie humaine et,
au-delà, la déficience de la justice militaire. Officiellement, les suicides représentaient, en 2002, 27 %
des morts de militaires, le non respect des règles de sûreté avec arme et les accident de la route 13
% chacun [3]. En 2003, le ministre de la Défense attribue 35 % des morts à des suicides, 23 % aux
manquements aux règles de sûreté et 10 % aux règles de conduite de véhicules [4]. Ces chiffres
sont cependant sujets à caution. Pour l'organisation de mères de soldats "Droits de la mère", l'une
des sept que compte aujourd'hui la Russie, les cas de suicides seraient d'environ 400 par an, mais,
nuance son porte-parole, "sur les 2 000 à 3 000 morts" que l'organisation a à investiguer chaque
année, "environ 20 % sont officiellement décrits comme suicide [5]" (400 à 600). Morts et violence
trouvent également leurs causes dans l'origine sociale des conscrits. Selon une source du ministère
russe de la Défense, 9 % d'entre eux avaient un casier judiciaire avant d'endosser l'uniforme, 4 %
avaient fait de la prison, 5 % et 11 % consommaient régulièrement, respectivement, de la drogue et
de l'alcool, 3 % étaient sans domicile fixe et 3 % encore avaient effectué des tentatives de suicide ou
avaient un parent dans ce cas [6].
La Russie militaire vit au-dessus de ses moyens financiers. Elle continue aujourd'hui encore à
entretenir des dizaines de ministères et de services représentant au bas mot trois millions d'hommes
et alors même que ses budgets militaires sont à peine équivalents à ceux de la France. En
conséquence, les conditions de vie des militaires de la base demeurent dramatiques. Les réformes ou du moins ce qui en tient lieu, c'est-à-dire les déflations de personnel - continuent à jeter chaque
année dans la précarité des dizaines de milliers de militaires et leurs familles. Ainsi, au cours de la
dernière grande réforme, celle de 1997, qui vit la fusion des forces aériennes et de l'aviation de la
défense anti-aérienne (PVO), ce ne sont pas moins de 580 unités qui ont été dissoutes : 5 quartiers
généraux d'armée et de corps d'armée, 12 divisions et 70 régiments/brigades ; 32 terrains d'aviation
ont été abandonnés, plusieurs dizaines de centres d'entraînement et 310 garnisons rendues aux
autorités locales [Dick, 1998]. En dix ans le seul ministère de la Défense aura perdu 2,4 millions
d'hommes, auxquels il convient d'ajouter les centaines de milliers d'autres issus des autres services
et ministères de forces et de la base industrielle et technologique de défense. En juillet 2002, 46 %
des familles du personnel du ministère de la Défense, 53 % du personnel du ministère de l'Intérieur
et 57 % du Service fédéral des gardes-frontières continuaient à vivre en dessous du seuil de
pauvreté [cité par Felgenhauer, 2002], tandis que près de 400 000 soldats et membres de leurs
familles devaient se contenter en guise d'abri d'une tente ou de dortoirs communs [7]. Selon une loi
de 2000, 3 % des logements construits en Russie sont pourtant censés devoir être remis au
ministère de la Défense [8]. Pour être justes, cependant, les militaires ne sont pas plus que les civils
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touchés par la pauvreté. Les Russes, en général, sont ainsi aujourd'hui 40 millions à vivre dans des
immeubles en très mauvais état : "11,4 % des habitations ont besoin d'être totalement refaites, et 9
% d'être entièrement reconstruites. De plus, 11,4 % du parc de logements à plus de 40 ans et 56 %
sont en bois", affirme un rapport officiel [9]. 45 à 53 millions, selon les sources, ont des revenus
inférieurs au minimum vital [10]. Les forces armées sont donc bien à l'image de la société russe tout
entière, divisée en une caste aisée, très conservatrice par intérêt personnel, et une base largement
paupérisée qui se débat toujours, treize ans après la disparition de l'URSS, dans les affres de
l'après-soviétisme.
Militaires et politique, les habitus sovietiques
La société soviétique était par essence une société militarisée, au sens d'organiser dans un but de
contrôle social et de production économique selon un mode universel typique des forces armées.
Cette organisation sociale trouve bien entendu son origine dans l'histoire de l'URSS. Le parti
bolchevique de Lénine est un parti de révolutionnaires professionnels, tendu tout entier vers la prise
du pouvoir et soumis à une discipline militaire. Après 1917, l'"esprit du Parti" - partiïnost'- qui se met
peu à peu en place, exige de l'individu abnégation absolue et effacement devant les intérêts
communs, comme le soldat face aux ordres de son supérieur. Les unités de base du Parti, les
cellules (au moins trois communistes), sont implantées partout, dans les usines, les fermes, les
écoles, l'armée, on travaille en "brigades" en "équipes de choc", etc. La langue politique rend compte
elle aussi de cette "militarisation" : "front pionnier", "plans", "discipline du travail", "mobilisation des
réserves", tandis que le monde du travail calque ses décorations sur celles du monde militaire.
Immense armée de conscription, l'armée soviétique était aussi la principale instance de socialisation
- c'est-à-dire de "soviétisation" - de l'immense empire, le creuset où se fondaient les différentes
franges de la population (70 % des jeunes soviétiques effectuait un service militaire dans les années
1980 contre à peine 10 % aujourd'hui), les multiples ethnies de l'Union et où, pour beaucoup, le
russe devenait pour la première fois de leur vie une langue de communication. L'endroit, aussi, où
l'idéologie communiste renforçait sa prégnance sur la société via les leçons des officiers politiques [
11]. Avant de faire son service militaire ou d'intégrer une des 140 prestigieuses écoles d'officiers, le
jeune soviétique passait par toute une série d'organisations comme la DOSAAF et les Komsomol
(Union des jeunesses communistes), par exemple, dont les structures étaient elles-mêmes calquées
sur celles de l'armée. Le Komsomol, à vocation essentiellement politique, jouait également un rôle
important dans la défense nationale en participant à la formation militaire des jeunes lycéens,
garçons et filles. Jumelé avec de nombreuses unités militaires, acteur incontournable de toutes les
activités patriotiques, il fournissait à la fin des années 1970 près d'un tiers des membres de la
DOSAAF et 20 % des officiers (dont 70 % étaient membres du Parti communiste) et 80 % des
sous-officiers et soldats appelés. La DOSAAF, organisation "bénévole" de coopération avec les
forces armées, dont les cadres étaient tous des militaires à la retraite ou en activité, formait
techniquement les jeunes gens avant leur service militaire. Aujourd'hui, devenue ROSTO
(Organisation technique et sportive de la Défense [12]), elle joue toujours un rôle important dans
l'acculturation des jeunes gens à la vie sous l'uniforme. Son influence est de nouveau forte dans les
lycées, depuis que Poutine y a réintroduit l'éducation militaire obligatoire, et dans les missions de
défense nationale que lui permettent d'effectuer ses équipements et matériels, souvent prélevés sur
les vieux stocks des forces armées. À côté du ROSTO on trouve encore de très nombreuses autres
associations para-militaires comme Brigantine ou Vostok, l'Union des sous-mariniers [13] qui
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préparent les lycéens au service militaire dans la marine, Ekipazh, Podrostrok ou Kaskad qui
prodiguent aux lycéens et aux jeunes gens un entraînement militaire plus classique. Même si
l'influence de ces organisations ne doit pas être surestimée ou comparée avec celle du Komosomol
et de la DOSAAF soviétiques, elle n'en est, donc, pas moins une réalité de la société russe actuelle.
Pourtant la vraie influence des militaires est à chercher ailleurs. Comme hier en URSS, ceux-ci, tout
comme les membres des structures de force (les "siloviki [14]"), en général, font toujours
naturellement partie du paysage politique de la Fédération. Naturellement, c'est-à-dire que comme
tout citoyen russe, ils se réservent le droit de participer à la vie politique des partis et de briguer des
mandats électoraux. Plusieurs facteurs sont ici en cause. On notera, tout d'abord, que sous l'URSS
leur statut ne les a jamais écartés du Congrès des députés du peuple où ils siégeaient, nombreux,
au même titre que les autres classes sociales soviétiques. Ils étaient également représentés dans le
saint des saints soviétiques, le Politburo, dont était membre titulaire, selon une tradition établie au
début des années 1970, le ministre de la Défense - toujours un militaire, faut-il le préciser. Cette
tradition sera perdue sous Gorbatchev qui à son arrivée au pouvoir fera du nouveau ministre, le
général Sokolov, un simple suppléant. Au début des années 1980, les forces armées ont aussi des
représentants dans les deux collèges du Comité central [15], dont ils constituaient environ 8 % des
membres, et dans le Parti communiste d'Union soviétique (PCUS), où, à la même époque, les
officiers et les sous-officiers constituaient près de 20 % des effectifs (90 % des officiers et 20 % des
sous-officiers possédaient la carte du parti). L'institution militaire, surtout le corps des officiers, était
donc extrêmement politisée.
Autre facteur, celui de l'entrée des militaires en politique au début des années 1990, invités par les
deux poids lourds politique de l'époque, Gorbatchev et Eltsine, à venir jouer les arbitres dans le bras
de fer qui les opposait. Le premier va choisir les généraux Chapochnikov et Routskoï, Gorbatchev
Lobov. Eltsine, plus tard, récompensera les siloviki de leur aide pendant les événements de
septembre et d'octobre 1993 en propulsant des généraux un peu partout dans l'appareil d'État. Pour
autant leur influence n'est plus contrebalancée comme sous l'URSS par le KGB et le Parti mais par
la seule personnalité du président. Celui-ci en est conscient et n'aura de cesse, parallèlement, de
multiplier les "structures de forces" pour les affaiblir. Il veillera surtout à maintenir armée de terre et
troupes du ministère de l'Intérieur [16] (MVD) à un même niveau de force et chargera les services
successeurs du KGB (FSK, FSB) [voir tableau en annexe] de surveiller l'ensemble. Eltsine ne
cessera jamais de les regarder avec méfiance. Conséquence de la disparition de l'URSS en 1991,
les militaires vont également se trouver happés dans le processus de création des partis politiques.
Cinq d'entre eux, plus particulièrement, vont faire parler d'eux, les généraux Gromov, Routskoï et
Lebed, tout auréolés de leur campagne afghane, le général Rokhlin et le capitaine Jirinovskiy (KGB).
Leur destin aurait pu être national. En Tchétchénie, au même moment, un autre général, d'aviation
celui-là, Djokhar Doudaiev, s'empare du pouvoir. Parallèlement, d'autres siloviki se créent des
empires financiers et industriels : Banque nationale de réserve (NRB), très présente dans
l'aéronautique (Aeroflot et Iliouchine), holding Interros (contrôle 3 à 4 % du PIB en 2003), groupe
Alfa, Wim-Bill-Dan la principale entreprise agroalimentaire russe, etc. Ils investissent également le
monde universitaire et les instituts de recherche privés. Parmi ceux-ci, les membres de l'ancien KGB
sont les plus nombreux. Non pas à la suite d'un quelconque complot ou de machinations aussi
diaboliques que fantasmatiques, mais tout simplement parce que ces hommes faisaient partie des
rares personnes autorisées par le pouvoir soviétique à étudier le monde occidental sous toutes ses
coutures (structures économiques, recherches, courants politiques, langues, etc.) et à y voyager. Au
moment de l'entrée de la Russie dans le monde des économies de marché en 1991, les membres
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des anciens services spéciaux se sont tout naturellement révélés être les plus aptes à faire face aux
bouleversements. Loin d'être une simple officine de barbouzes ou une police politique, le KGB, dans
sa version dernière toutefois, celle des années 1970-1980, tenait à la fois de nos INALCO, Sciences
Po, DGSE, DST, etc. et accueillait dans ses écoles les sujets les plus brillants des universités
soviétiques [17] .
Un vote militaire couvrant tout le prisme politique
Lorsque Poutine, l'ex-lieutenant colonel du KGB, arrive au pouvoir à la fin 1999, les militaires sont
déjà présents un peu partout dans les centres de décision du pays. En politique toutefois, et à la
différence de l'époque soviétique, ils sont devenus des acteurs actifs et ne sont plus de simples
"représentants" de leur corporation. Pour autant il est faux de parler d'une "militarisation" de la
Russie au sens où les forces armées seraient devenues l'acteur principal dans le processus de
décision politique national. Poutine, après tout, est arrivé au pouvoir par les urnes. En attirant
l'attention des médias, certains petits mouvements ultranationalistes bruyants comme le groupe
Soyouz, par exemple, des fameux "colonels noirs" Alknis et Petrouchenko, ont au début des années
1990 fortement contribué à propager à l'étranger l'image d'une armée russe réactionnaire, votant
comme un seul homme pour les idées les plus extrémistes. Plus tard, les votes militaires massifs en
faveur de Jirinovskiy aux législatives de 1993 (34 % [18]), et de Poutine aux présidentielles de 2000
(80 %), n'ont fait que renforcer encore cette image. Pourtant, les militaires, loin de constituer un
groupe de pression homogène, se répartissent sur l'ensemble du prisme politique russe, selon leur
âge, leur niveau d'étude, leur grade, leur armée d'appartenance. On ne peut réellement les associer
à un parti politique donné, même si, d'évidence, ils ne se bousculent pas sur les listes des partis
libéraux, Union des forces de droite (SPS), Iabloko et Russie libre. Igor Iouchenkov, le leader du parti
Russie libérale, défenseur estimé des droits de l'homme, et ancien officier du KGB, assassiné en
avril 2003, est largement demeuré une exception. On trouvera donc plutôt les siloviki dans les partis
nationalistes (LDPR, Rodina), dans les mouvements issus des différents courants du PC et, bien
entendu, dans le parti du pouvoir, Russie unie. On notera également que les rares partis politiques à
avoir été fondés par des officiers, comme le Mouvement pour le soutien de l'armée et l'industrie de
défense du général Rokhlin ou le Renouveau cosaque, par exemple, n'ont jamais servi de tremplin à
la préparation d'un 18 Brumaire russe, mais ont adopté une orientation nationaliste somme toute
banale dans la Russie de l'après-soviétisme. De même, le 2 octobre 1994, à l'occasion du premier
anniversaire des événements sanglants du 4 octobre 1993 (voir tableau ci-après), ce n'est pas
l'armée en tant qu'institution qui défile derrière le général Routskoï, mais ce que la presse qualifie de
"forces patriotiques", un amalgame hétéroclite de Cosaques, de "cent-noirs" (tsaristes), de
communistes de toutes obédiences, de nationalistes et de "petits épargnants floués et badauds"
[Jego, 1994]. Les siloviki, par leur vote et leurs orientations politiques, ne différent donc pas du
citoyen russe moyen.
La crise d'octobre 1993
La crise institutionnelle grave qui a eu lieu à Moscou du 21 septembre au 4 octobre 1993 trouve sa source dans le conflit opposant B. Eltsine, président de la Fédération russe, au Parlement, hérité de l'époque soviétique et dominé par R. Khasboulatov. Le 21 septembre, face à l'obstruction systématique aux politiques du président pratiquée par ce dernier, son vice président, le général d'aviation Alexandre Routskoï, et une majorité du Parlement, Eltsine dissout le Parlement qui réplique en le destituant. Les événements prennent bientôt un tour insurrectionnel quand les partisans du Parlement, sous les ordres de Routskoï qui s'est auto proclamé président de la Fédération, débordent les forces de sécurité. Cette explosion de violence va donner à Eltsine une raison d'utiliser la force. Le 4 octobre, près avoir longtemps hésité quant à la suite à donner aux ordres du président [Taylor et Brian, 1994], l'état-major militaire et le ministre de la Défense, le général P. Gratchev autorisent l'armée à s'emparer du Parlement. Les combats feront près de 150 morts et 900 blessés. L'épreuve de force a bien failli conduire à un déchirement des forces armées, Routskoï et Khasboulatov ayant appelé à leur scission et encouragé la création de groupes paramilitaires.
Les législatives de 1995 ont été une bonne plate-forme d'observation de l'implication des siloviki dans
la vie politique russe et au sein des différents courants politiques. Tandis que le ministre de la
Défense, S. Gratchev, lance officiellement la campagne dans les casernes en espérant créer un vrai
lobby militaire, les autres "poids lourds" militaires, de leur côté, engagent la lutte auprès de leurs partis
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: le général A. Lebed auprès du Congrès des Communautés russes (droite nationaliste) ; Valentin
Varennikov, le PC, où il espère attirer les Afgantsy, les anciens combattants d'Afghanistan ; E.
Vorobev, le "Choix de la Russie" d'Egor Gaïdar et A. Tchoubaïs (droite libérale) ; le général Lev
Rokhlin, "Notre Maison la Russie", le parti du Premier ministre Viktor Tchernomyrdine ; B. Gromov,
"Ma Patrie" d'Ivan Rybkin, l'ancien coprésident du Parti des travailleurs socialistes ; le général du KGB
Alexandre Sterligov, l'"Assemblée des officiers russes" (droite nationaliste) ; Nikolaï Ryjkov, le
"Pouvoir au peuple" (obédience communiste), tandis que le colonel-général E. Podkolzin, ancien
commandant des troupes aéroportées, encouragé par le général Korjakov, le chef des gardes du
corps de B. Eltsine, adhère à "Pour la Patrie" où il est rejoint par l'amiral E. Baltin, le commandant de
la Flotte de mer Noire [Galeotti, 1995]. En tout, ils sont 123 militaires à la retraite ou en congé sans
solde, dont 23 généraux [Galeotti, 1995], à se présenter à ces élections. Apeuré par cette débauche
d'épaulettes sur les listes électorales, le président Eltsine réagit en faisant voter deux lois fédérales.
La première, le 12 mars 1996, autorise les militaires et les membres des troupes de l'intérieur à se
présenter à une élection, quelle qu'elle soit, à condition qu'ils démissionnent ou ait obtenu un congé
sans solde. La seconde, 1er juin 1996, interdit aux militaires en activité d'adhérer à un parti ou même
de participer à la vie politique.
Ces deux lois ne semblent pas avoir été respectées. Au cours des législatives de 1999, les siloviki
sont en effet à nouveau nombreux à se bousculer sur les listes électorales : Sergueï Stepachine le
numéro deux du parti libéral Iabloko, Sergueï Shoïgou, le leader de Edintsvo (Unité), sont tous deux
officiers généraux, à la retraite il est vrai, dix autres apparaissent sur les listes du Parti socialiste unifié
de Russie (Héritage spirituel) et six encore - d'active ou retraités - sur les listes de trois autres partis
de gauche, le Mouvement de soutien à l'Armée, le Parti pour la paix et l'unité et le Parti des
communistes et des travailleurs de Russie pour l'Union soviétique. Plus grave, les législatives de 1999
ont surtout été marquées par de multiples violations de l'article 18 de la loi de mars 1996 qui interdit
aux partis politiques de faire campagne dans les bases militaires et les garnisons. Des tracts sont
ainsi distribués dans les garnisons et des officiers membres de partis tiennent des réunions
électorales avec, dans de nombreux cas, l'assentiment des chefs de corps. Il est vrai que de son côté
le ministre de la Défense de l'époque, le général Sergueev, n'a lui-même pas hésité à autoriser la
distribution de tracts appelant à voter pour le parti de V. Poutine, Edinstvo [Komarov, 1999].
L'activisme du futur président dans les casernes n'est bien entendu pas un hasard. Poutine connaît le
nombre de voix que peut lui rapporter un électorat qui, au sens large (familles, retraités, personnel
civil, ministères et service, etc.), représente probablement à l'époque entre 15 et 18 millions de
personnes en plus des 5,5 autres millions du personnel d'active. Sa campagne politique, axée sur
l'intransigeance envers les sécessionnistes tchétchènes et la nécessité pour le pays de recouvrer son
statut de grande puissance, était d'ailleurs tout particulièrement étudiée pour toucher les siloviki et
leurs familles. L'importance de leurs votes n'échappe pas non plus à un porte-parole du ministère de
la Défense au début de la campagne [Komarov, 1999], "les personnes liées aux forces armées sont
une force motrice dans ces élections [...]. Elles représentent la partie la plus organisée de l'électorat,
elles participent activement aux élections. Celui qui saura gagner leur confiance pourrait bien gagner
les élections". L'électorat militaire est d'autant plus facile à toucher qu'il vit regroupé dans des villes de
garnison, dans des casernes, des régions géographiques entières, comme la presqu'île de Kola, par
exemple, et des bassins industriels bien précis.
D'autres scandales, vite étouffés, ont aussi émaillé les législatives de 2003 comme celui mettant en
cause les élèves de l'Institut militaire des Finances de la ville de Iaroslav à qui leur directeur a donné
l'ordre de voter pour le gouverneur de l'oblast [19].
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La Douma et le Conseil de la Fédération sont d'autres lieux de prédilection des siloviki, même s'ils y
sont moins nombreux qu'à l'époque soviétique. En 1991, ils représentaient près d'un cinquième des
députés. Avec la disparition de l'URSS, leurs effectifs s'effritent et après les législatives de décembre
1993, ils ne sont plus que 18 sur les 444 députés que compte la Douma et deux sur les 171 sénateurs
du Conseil de la fédération. Il est vrai que les siloviki étaient peu nombreux sur les listes : 50 en tout
sur un total de 1 517 candidats, qui plus est dispersés sur les listes de 11 partis sur les 13 inscrits.
Aux législatives de 1999, 77 militaires et anciens militaires étaient inscrits se présentent au poste de
député ; une vingtaine sera élue [Golts, 1999]. Aujourd'hui, après les dernières élections de décembre
2003, les siloviki seraient une quarantaine (9 %) à la Douma, selon les analystes Olga
Krychtanovskaïa et Stephen White [Krychtanovskaïa, 2003, pp. 289-306]. Toutefois leurs rangs sont
probablement plus étoffés que ne l'avancent ces derniers. L'examen des biographies des membres
des deux plus petits partis de la Douma, Rodina (39 députés) et le LDPR (34 députés) (à eux deux
16,23 % des députés), montrent, en effet, qu'ils comptent chacun au moins une dizaine de députés
ayant un passé au sein des structures de force. Ils sont en toute logique bien plus nombreux qu'une
vingtaine dans les rangs de l'immense Russie unie (306 députés) et du PC (48 députés). Toujours
selon O. Krychtanovskaïa et S. White, les siloviki représentent également 15 % (soit 26 sénateurs) de
l'actuel Conseil de la Fédération, 10 % de l'élite régionale et 58 % du Conseil de sécurité. Ces chiffres
sont cependant trompeurs : on peut en effet avoir effectué sous l'URSS une partie de ses études dans
une école de l'armée ou du KGB sans pour autant être devenu, plus tard, officier de l'armée ou
membre du KGB. Malgré cette importante présence des structures de forces au sein des élites
politiques russes, inimaginable en Europe, il convient de noter que le temps où Gorbatchev réunissait
en novembre 1990 un millier de "députés militaires" du Congrès des députés du peuple est bien
révolu.
Pour être juste, la présence des siloviki - je ne dis pas leur influence - est aujourd'hui surtout à
rechercher dans les différents cercles du pouvoir exécutif.
Les missi dominici de Vladimir Poutine
Avec Poutine, militaires et, surtout, membres des structures des services spéciaux investissent
littéralement les rouages de la haute administration. Pour Sergueï Kovalev, l'ancien dissident
soviétique, aujourd'hui reconverti dans la défense des droits de l'homme, le pire est arrivé : "Le KGB
est [...] au pouvoir en Russie." D'autres, comme Anatoliy Tchoubaïs, le PDG du Réseau électrique
unifié de Russie (SEU) et "père des privatisations" de 1992, dénoncent, après les législatives de 2003
et les attaques contre la compagnie pétrolière Yukos, le "nationalisme outrancier", le
"national-socialisme" qui s'abrite derrière une "force soutenue par une partie significative des
structures de force". En d'autres lieux, aux États-Unis, et en d'autres temps, en décembre 1966, le
sénateur Joseph Clark dénonçait lui aussi l'influence de la "CIA, du FBI et du complexe
militaro-industriel [20]". À première vue, tout semble indiquer que Poutine, homme politique fabriqué à
la hâte en 1999 en vue de succéder à B. Eltsine et de veiller aux intérêts de son clan, et arrivé à la têt
de l'État au début de 2000... après une partie de son gouvernement, pallie l'incapacité de son parti
Unité, lui aussi monté de toutes pièces, de lui fournir des cadres politiques compétents en piochant
parmi ses anciens collègues de travail. 40 % des hauts fonctionnaires, soit 10 sur 24, nommés par
Poutine au cours des trois premiers mois de sa présidence, sont ainsi issus des structures de force,
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principalement du KGB/FSB [21], "partie intégrante des organes démocratiques du pouvoir [22]", pour
reprendre une expression utilisée par le président lui-même. Selon des statistiques de l'Institut de
sociologie de l'Académie des sciences de Russie, les siloviki représentaient 3,6 % de l'administration
Gorbatchev et 7 % à 8 % de l'administration Eltsine. Ils constitueraient aujourd'hui 26 % de
l'administration Poutine [cité par Rybkin, 2002]. D'autres analystes [Krychtanovskaïa, 2003, p.
289-306] avancent des chiffres semblables : 4 % en 1988, 11 % en 1993, au début du premier mandat
de Eltsine, 17 % en 1999 à la fin de son dernier mandat, 25 % en 2003. On notera que le chiffre de
1999 est probablement dû à l'arrivée en août de V. Poutine au poste de premier ministre. Selon la
revue en ligne Russia Reform Monitor les siloviki sont surtout présents dans les ministères à vocation
économique et "représentent 50 % du personnel de l'administration présidentielle" et même "58,3 %
au milieu de premier mandat de Poutine [23]". 35 % des ministres adjoints nommés entre 2001 et
2003 dans les ministères économiques ont travaillé dans les structures de force [24].
Toutefois, si V. Poutine n'a jamais cessé depuis son arrivée au Kremlin de propulser des siloviki dans
les différents cercles du pouvoir, il n'a jamais cessé non plus d'en limoger. Très conversatrice, la caste
des officiers généraux s'est toujours opposée aux réformes du président, que ces réformes soient de
nature politique - certains estiment ainsi que la politique d'ouverture sur l'Occident menée par Poutine
depuis le 11 septembre 2001 aurait le soutien de moins d'un tiers des officiers de carrière [25] - ou
militaires. Du naufrage du SSGN Koursk (11 amiraux renvoyés !) à la prise d'otages de Beslan, qui a
servi de prétexte au renvoi du commandant de l'état-major général, le général A. Kvachnin, le
président russe n'a jamais hésité à écarter les officiers qui se mettaient en travers de sa route et à
désarticuler les ministères et services quand leurs missions ne cadraient pas avec sa vision du
moment. Le ministère de l'Intérieur, de la Défense, le FAPSI [26], le Service fédéral des frontières, la
police des impôts, le Service fédéral des troupes de voies ferrées, etc. ont ainsi subi tour à tour les
foudres du président. Poutine ne poursuit donc pas une logique de caste ou d'institution, pas plus qu'il
ne protège une caste ou une institution - militaire en l'occurrence -, mais une logique personnelle :
imposer son pouvoir grâce à des hommes sûrs, issus du même moule que le sien, moderniser coûte
que coûte la Russie, et lui redonner sur la scène internationale l'aura qui était avant 1991 celle de
l'Union soviétique. Il s'agit aussi, dans la logique du président, de contrer l'affolante corruption, le
manque de maturité des organisations politiques et l'inachèvement des liens entre le Centre et les
régions de la Fédération. Poutine est ici plus proche, me semble-t-il, de la logique d'un Pierre le Grand
que de celle d'un Pinochet : sa politique est toute d'évolution et non de préservation.
KGB contre mairie de Saint-Pétersbourg
Sur les 29 postes clés apparaissant dans le tableau ci-dessous [27] de l'actuel gouvernement Poutine,
13 sont occupés par des siloviki, la plupart d'ailleurs, comme le président lui-même, issus des services
spéciaux (KGB/FSB [28]/SVR [29]). Sont dans ce cas, R. Nourgaliev, S. Ivanov (Premier ministre de la
Défense "civil"), N. Patrouchev, D. Medvedev, Igor Setchin, Viktor Tcherkessov, S. Chemezov. S.
Stepachin vient du ministère de l'Intérieur, mais a dirigé un temps le FSB, B. Gryzlov, a été ingénieur
de l'armement, tout comme S. Choïgou ; le général Sinaïskiy vient de l'armée de Terre. On notera
cependant que Igor Levitin, un ancien officier des Troupes de chemin de fer et Iou. Zaostrovtsev
s'étaient, avant d'occuper leurs postes actuels, lancés depuis longtemps dans les affaires. Il est
également courant que les titulaires "civils" de certains postes soient "doublés" par un silovik. Ainsi en
est-il, par exemple, de la VnechEkonomBank où Vladimir Dmitriev, le directeur, a pour adjoint le
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général-colonel du FSB Iouri Zaostrovtsev ; du ministère des Ressources naturelles, où Iou. Troutnev
est épaulé par V. Stepankov, ex-vice directeur du Conseil de sécurité et procureur général de Russie
de 91 à 93. Ce ne sont là que quelques exemples, mais l'on pourrait en trouver bien d'autres en
creusant plus avant dans les structures administratives et politiques de la Fédération. La présence
massive de siloviki n'est toutefois pas exclusive des cercles du pouvoir. Le monde économique,
Gazprom et Yukos en tête, leur a toujours offert de magnifiques perspectives de carrière.
Les postes clés du gouvernement Poutine en
Premier-ministre (M. Fradkov) ; vice-Premier ministre (Alexandre Joukov) ; ministères de la Défense et du département nucléaire du BITD (S. Ivanov) ; Affaires étrangères (S. Lavrov) ; Intérieur (R. Nourgaliev) ; Transports (I. Levitin) ; sécurité civile (S. Choïgou), Industrie et Energie (V. Khristenko) ; Information et Culture (Alexander Sokolov), Commerce et Économie (G. Gref), Finances (A. Koudrin) ; Ressources naturelles (Iouri Troutnev) ; FSB (N. Patrouchev) ; Présidents de la Douma (B. Gryzlov) et du Conseil de la Fédération (S. Mironov) ; Secrétariat général du Kremlin et contrôle de Gazprom (Dmitri Medvedev) ; Exportations d'armes (RosOboronExport) (Sergueï Chemezov) ; Comité de lutte contre la drogue (Tcherkessov Viktor) ; Conseil de sécurité (Igor Ivanov) ; Commandes militaires du MINDEF (A. Belianinov) ; Producteurs de Gaz (Gazprom) (A. Miller) et d'électricité (RAO-SEU) (Tchoubaïs) ; Transport de pétrole (Transneft, réseau d'oléoducs) (Vainchtok Semion) ; Président de Russie Unie (B. Gryzlov, également président de la Douma) ; Conseil de Défense de la CEI (Sinaïskiy Alexandre), Cour des Comptes (Stepachin Sergueï) ; Procurature générale (V. Oustinov) ; Banque VnechEkonomBank (commerce extérieur) (Vladimir Dmitriev et Iou. Zaostrovtsev) ; Banque centrale (Sergueï Ignatiev).
Dans les fameux districts fédéraux, mis en place en 2000, une certaine "civilisation" des postes
semble à l'ordre du jour. Dans le district Nord-Ouest, le général Tcherkessov a ainsi cédé la place en
mars 2003 à V. Matvienko (civile), qui l'a laissée elle-même à Ilia Klebanov (civil, ancien ingénieur du
BITD). Dans le district Sud, le général V. Kazantsev (armée de Terre) a été remplacé le 9 mars 2004
par V. Iakovlev, l'ancien maire de St-Pétersbourg, lui-même remplacé en septembre 2004 par D.
Kozak, l'un des proches de Poutine, après la prise d'otages sanglante de Beslan. Par contre dans le
district de Sibérie, le diplomate Leonid Drachevskiy, en poste depuis 2000, a dû s'effacer au profit du
général A. Kvachnin, limogé par Poutine en juillet 2004. Trois districts sur sept sont donc aujourd'hui
tenus par des civils, deux par des généraux de l'armée de Terre, un par un général de la police des
impôts, le dernier par un général du ministère de l'Intérieur. Les "civils" ont donc gagné un poste par
rapport à 2000 !
Les missi dominici du président Poutine dans les districts fédéraux
Chef de district fédéral (2004)
Adjoints avec un passé dans un ministère de force (2001)
Inspecteurs fédéraux principaux [30] avec un passé dans un ministère de force (2001)
Centre : Georgiy Poltavchenko (KGB/police des impôts et des douanes)
3 sur 8 (1 FSB, 1 ministère de la Défense et 1 police des impôts)
10 sur 18 (4 FSB, 2 MVD, 2 ministère de la Défense, 1 police des impôts, 1 troupes des chemins de fer)
Nord-Ouest : Ilya Klebanov (civil)
4 sur 6 (2 FSB, 1 ministère de la Défense, 1 procurature militaire)
7 sur 10 (2 ministère de la Défense, 2 police des impôts, 1 FSB, 1 MVD, 1 procurature militaire)
Volga : Sergueï Kirienko (civil, ancien premier-ministre)
1 sur 6 (procurature militaire)
6 sur 13 (MVD, FSB, ministère de la Défense, ministère des situations d'urgence, police des impôts, garde-frontières)
Sud : Dmitriy Kozak (civil)
2 sur 7 (ministère de la Défense et MVD)
5 sur 9 (3 ministère de la Défense, 2 MVD)
Oural : Piotr Latyshev (MVD)
1 sur 5 (FSB)
3 sur 6 (FSB, MVD, ministère de la Défense)
Sibérie : Anatoliy Kvachnin (Armée de Terre)
2 sur 6 (FSB, police des impôts)
2 sur 11 (MVD, FSB)
Extrême-Orient : Konstantin Pulikovskiy (Armée de Terre)
3 sur 6 (3 ministère de la Défense)
1 sur 8 (garde-frontières)
Total
16 sur 44 (36 %)
34 sur 75 (45 %)
Source : Rambler. ru : Rossiyskaya Vlast'(http://vlast. rambler. ru). Mise à jour : Cyrille Gloaguen.
Si l'on examine à présent les biographies de l'entourage de V. Poutine, il est surprenant de constater
combien ces hommes n'ont en fait pas pour dénominateur commun une origine professionnelle, mais
bel et bien une origine géographique, St-Pétersbourg et, plus précisément, sa mairie. Celle-ci, on s'en
souvient, a été le foyer de l'ascension politique du président russe qui y a débuté sa carrière dans
l'équipe de politiciens et d'économistes libéraux de l'ancien maire, A. Sobtchak, aujourd'hui décédé.
Sous la férule d'un autre éminent Pétersbourgeois, A. Tchoubaïs, les membres de ce groupe
constituent l'ossature économique du gouvernement russe depuis 1993. Cette origine géographique
unique de la plupart des principaux collaborateurs de V. Poutine ne peut être une simple coïncidence.
Le président est bien le produit d'un clan et d'une vision politique mise en place autour d'A. Sobtchak il
y a une décennie et dont il n'a pas pu ou voulu se séparer. Pourquoi St-Pétersbourg ? Probablement
parce que Sobtchak, au début des années 1990, a su réunir autour de lui une équipe compétente et
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soudée qui, plus tard, a su s'imposer sur une scène politique gangrenée par les luttes stériles des
clans et des coteries qui gravitaient à Moscou autour de B. Eltsine. G. Gref, D. Medvedev, D. Kozak,
A. Tchoubaïs, A. Miller, A. Koudrin ont tous occupé au début des années 1990 des fonctions
importantes à la mairie de Saint-Pétersbourg au même moment que Poutine. D'autres, sont des
compagnons d'études (S. Ivanov, Nikolaï Bobrovskiy, l'adjoint au directeur du secrétariat du premier
ministre) ou de travail (au KGB/FSB) du président, parfois depuis son séjour en RDA dans les années
1980 (V. Ivanov, Tcherkessov Viktor, S. Chemezov, A. Belianinov), d'autres sont nés et ont effectué
leurs études civiles ou militaires à Léningrad (Igor Setchin, Alexander Sokolov, B. Gryzlov, S. Mironov,
Sergueï Ignatiev, Iouri Zaostrovtsev), d'autres encore y ont été longtemps en poste (S. Stepachin, vice
président de l'institut d'histoire politique, N. Patrouchev, ancien du KGB de St-Pétersbourg, etc.).
Anatoliy Sobtchak, le mentor de V. Poutine
Né en août 1937 à Chita, en Sibérie, Anatoliy Sobtchak aura été l'un des hommes politiques russes les plus importants de la décennie 90 grâce au rôle qu'il aura joué dans la réhabilitation du capitalisme et des libertés civiles en Russie. Cette importance Sobtchak la doit aussi à l'équipe de jeunes réformateurs libéraux qu'il aura su réunir autour de lui à St-Pétersbourg, et qui, dans le sillage de son ancien élève à l'université de la ville, V. Poutine, s'est aujourd'hui installée au Kremlin. Paradoxalement, alors qu'il haïssait la sécurité d'État et la violence politique, c'est lui qui sera à l'origine de la carrière politique de l'actuel président russe, ex-lieutenant colonel du KGB ! Diplômé en droit de l'Université d'État de Léningrad (LGOu) en 1959, Anatoliy Sobtchak y est affecté en 1973 comme professeur après plusieurs postes dans divers collèges et universités du pays, avant d'être nommé directeur de la faculté de droit du LGOu au début de la Perestroïka. Il soutient alors activement les réformes de Gorbatchev, mais ce n'est qu'en juin 1988 qu'il obtiendra sa carte de membre du PCUS. C'est le début de sa carrière politique. L'année suivante il est élu au Soviet suprême où il dirigera la commission chargée d'enquêter sur les événements sanglants du printemps 1989 à Tbilissi. Avec l'échec de la Perestroïka, Sobtchak change son fusil d
Ce ne sont là que quelques exemples pris parmi les principaux collaborateurs de V. Poutine, mais la
démonstration reste valable quel que soit le niveau de hiérarchie observé. Il serait cependant très
réducteur de ne voir dans l'entourage du président russe que des siloviki originaires de
Saint-Pétersbourg ou d'anciens camarades de travail ou d'université. Les parcours professionnels des
membres du gouvernement de M. Fradkov montrent aussi combien V. Poutine a aussi placé une
partie de sa politique sous l'influence des grands groupes oligarchiques, dont certains, ce n'est pas
antinomique, ont d'ailleurs des liens avec les proches de V. Poutine évoqués ci-dessus [Gloaguen,
2004] : holding Alfa, RAO-UES/A. Tchoubaïs, Gazprom, société d'assurances Ingostrakh, RusAl,
Sibneft, Severstaltrans, Rosneft, Mejprombank, Interros/Norilsk, etc.).
La méthode Poutine en action à Saint-Pétersbourg
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Forces armées et politique : une longue passion russe
La méthode utilisée par Vladimir Poutine pour chasser de la région de Saint-Pétersbourg son gouverneur, Vladimir Iakovlev, un de ses plus vieux ennemis, est riche d'enseignement pour comprendre enjeux et modes d'exercice du pouvoir dans la Russie contemporaine. Cette affaire illustre, en fait, la façon dont Poutine utilise certaines de ses relations au sein de l'ex-KGB, comme un vivier d'hommes pour s'autonomiser et mener sa stratégie de pouvoir. Celle-ci, après les attaques récentes contre la holding Yukos, semble à présent rôdée et décomplexée. Pour autant, il est patent que certains acteurs, même réputés proches du président, mènent leur propre jeu. 1e acte : Viktor Tcherkessov, un général du KGB/FSB avec qui Poutine a chassé les dissidents à la fin des années 1970 sous les ordres de Iouri Andropov et qu'il a côtoyé à l'université de droit de Léningrad, est nommé en mai 2000 à la tête du district fédéral du Nord-Ouest (qui englobe Saint-Pétersbourg). Sa petite équipe est issue en grande partie du FSB et des structures de forces. 2e acte : Le 5 décembre 2001, Sergueï Mironov, vice-président de l'assemblée législative de Saint-Pétersbourg et proche de Poutine depuis qu'il l'a aidé à faire réélire A. Sobtchak à la mairie de Saint-Pétersbourg en mars 1996 en manipulant les règles électorales, est propulsé à la tête
Les cercles du pouvoir russe ne sont donc pas dominés, comme on ne cesse de l'entendre, par un
groupe organisé, fait de militaires et de membres des structures de force, et défendant des idées que
l'on qualifierait volontiers en Europe de nationalistes, voire de militaristes. S'il existe des lobbies
militaires, ce sont des lobbies "capitalisant", si j'ose dire, dans les grands états-majors de forces et
d'armées sur l'héritage soviétique, c'est-à-dire refusant toute réforme portant atteinte aux structures
des forces armées et à la base industrielle et technologique de défense (BITD). Ce sont avant tout
des lobbies conservateurs qui refusent toute restructuration qui pourrait mettre en péril leur situation
personnelle. L'exemple classique de ces lobbies est celui de l'état-major général (EMG) du général
Kvachnin dont les hommes occupaient les principaux postes à la tête des différents armées et
s'opposaient aux réformes voulues par leur ministre, S. Ivanov, pourtant lui aussi issu des structures
de force. Preuve de sa puissance - ou au contraire de la faiblesse de V. Poutine - quatre ans auront
été nécessaires au président pour se débarrasser de l'encombrant général. On a vu ci-dessus que le
chef de l'État utilisait surtout les siloviki comme des outils au service de sa politique, n'hésitant pas à
les renvoyer quand il les jugeait devenus inutiles ou lorsqu'ils avaient montré leur incompétence. En
règle générale, la même logique est suivie par tous les partis qui comptent dans leurs rangs des
siloviki. Quand l'un d'entre eux perd un poste électoral, il n'est pas forcément remplacé par un autre
silovik. Le cas du général G. Chpak, par exemple, l'ancien commandant des troupes aéroportées et
membre du parti ultra-nationaliste Rodina, est particulièrement illustratif de cette règle. Quand il quitte
son poste de député après avoir été élu en mars 2004 à la tête de l'oblast de Riazan, c'est le
viceprésidentdel'Union des industries charbonnières, Rouben Badalov, qui le remplace et non un
autre général. Enfin, une fois installédans son nouveau poste, c'est encore un civil que Chpak désigne
pour être son représentant au Conseil de la Fédération en la personne d'Andreï Ichtchouk, directeur
de l'entreprise VolgaburMach et qui a probablement financé sa campagne électorale. On notera,
nouvelle preuve que les siloviki ne se sont nullement donné le mot pour s'emparer du pouvoir à leur
profit, que le principal concurrent de Chpak pour le poste de gouverneur n'était autre qu'un autre
officier, du SVR celui-là, le colonel Igor Morozov.
Imaginer que les siloviki se sont emparés du pouvoir en Russie pour leur profit personnel ou pour des
raisons idéologiques, relève de la chimère. Pourtant, diront certains, les budgets militaires ne cessent
de croître en chiffres bruts. C'est vrai, mais ils ne font en cela que coller à la courbe ascendante du
PIB tout en demeurant strictement dans une enveloppe représentant, depuis des années, 2,5 à 3 %
de ce même PIB. Les structures de force sont également trop nombreuses et trop concurrentes, trop
éclatées aussi entre différents ministères et services, pour s'accorder sur un destin commun pour elles
et pour le pays.
Annexe : Les forces armées russes et les ministères de force en 2001
Appellation
Effectifs
Rôle
Ministère des situations d'urgence et de la sécurité civile (MtCH) Ministerstvo Rossiyskoy Federatsii po delam grazhdanskoy oborony, tcherzvytchaynym situatsiam i likvidatsii posledstviy tikhiynykh bedstviy
370 000, plus 70 000 experts et professeurs [31]
Missions de défense civile. Dans le domaine de la Défense assure en conformité avec le politique nationale de Défense nationale la coordination de l'activité des unités militaires pour effectuer les missions de défense du pays et de sécurité de l'État dans le domaine de la défense civile, de la prévention et du traitement des catastrophes. Participe aux travaux de l'état-major général (EMG) d'élaboration du plan d'emploi et de mobilisation des forces armées et du programme d'État de défense territoriale. Organise en liaison avec l'EMG et après avoir reçu son autorisation la planification des missions et l'emploi des unités de défense civile dans le cadre de la Défense, prépare les forces armées à leurs missions de défense civile. Dispose d'environ 2 000 hommes des forces spéciales "de protection des infrastructures d'aviation et des aéroports" et une force spéciale de 250 hommes environ du 271e bataillon des opérations spéciales de la défense civile. On a ainsi vu une centaine de ses hom
Détachements spéciaux de protection de la police des impôts et des Douanes (FSNP) (Federal'naya Sluzhba nalogovoy politsii Rossiyskoy Federatsii)
10 000
Comité d'État pour la lutte contre le trafic de drogue et de substances psychotropes (GKN) (Gosudarstvenniy komitet po borbe s nezakonnomym oborotom narkotikov i psikhotropicheskikh veshchest)
?
Service fédéral des frontières (FPS) (Federal'naya Pogranitchnaya Sluzhba)
140 000 gardes-frontières (168 000 autorisés) et 14 500 civils en 2001
Anciennement "troupes de frontières du KGB". Plus de 400 navires, 200 hélicoptères, chars, blindés, artillerie, avions de transport. Directement rattaché au Président de la Fédération. Il dispose de son propre service de renseignement. En cas de conflit, missions de défense de l'intégrité du territoire sous les ordres de l'EMG. En temps de paix, missions également de recueil de renseignement et de contre-espionnage. Forme et gère le personnel de sécurité des ambassades russes.
Troupes du ministère de l'Intérieur (Vnutrenniye Voyska)
193 000 (dont 40 000 troupes mécanisées, comme la division Dzerzhinskiy, et 1 100 commandos)
Commandos Rus'Skif, Bars, Polyarnyy Medved', Vityaz. Disposent de blindés, d'aviation. En octobre 2002, le ministre de l'Intérieur annonçait la création de 6 nouvelles unités anti-terroristes qui devraient comprendre au total 3 700 hommes. Dispose de chars lourds, de blindés, d'artillerie et d'hélicoptères.
Commandos et groupes spéciaux du ministère de l'Intérieur
1 700
Rattaché aux Troupes de l'intérieur : OMON, SOBR, commandos Fakel, Vega (tous utilisés dans les opérations de Tchétchénie)
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Direction principale du renseignement militaire (GRU)
12 000
Rattaché à l'état-major général. Rôle : renseignement opérationnel sur les armées étrangères. Equivalent, plus ou moins, de la DRM et du COS français.
Service fédéral de protection (FSO) (Federal'naya Sluzhba Okhrany)
23 000 (dont 200 troupes d'élite)
Directement rattaché au Président de la Fédération. Créé en juin 1996 par fusion avec le SBP, le Service de sécurité de la présidence dirigé par le fameux général Korjakov. Il a pour fonction d'identifier et de prévenir toute atteinte aux bâtiments (dont le Kremlin) abritant le gouvernement et à leurs annexes ainsi que de combattre le terrorisme, de protéger les autorités politiques, dont le président. Il pourrait aussi coordonner l'action des autres services de sécurité. Dispose de blindés et d'artillerie et d'un régiment parachutiste.
Agence fédérale de transmission gouvernementale (FAPSI) (Federal'noye Agentsvo Pravitel'stvennykh Svyazey I Informatsii)
54 000
Equivalent russe de la NSA américaine. Transmission pour le gouvernement (COMINT, ELINT, cryptographie...). Mais aussi pour le ministère de la Défense entre autres les forces stratégiques nucléaires [Bennett, 2000]. Entretient également l'ensemble des réseaux bancaires du pays. Directement rattaché au Président de la Fédération.
Service extérieur de renseignement (SVR) (Sluzhba vnezhney razvedki)
12 000 environ
Directement rattaché au Président de la Fédération. Commandos spéciaux "Zaslon" et "Kaskad" (300 à 500 hommes chacun).
Service fédéral de sécurité (FSB) (Federal'naya Sluzhba Bezopasnosti)
76 000 environ
Plus ou moins équivalent au FBI américain. Missions de contre-espionnage. Directement rattaché au Président de la Fédération. Commandos spéciaux Alfa [33] (700 hommes, anti-terroriste), Beta, Zenit et Vympel'(protection des infrastructures stratégiques). A repris en mars 2003 une partie des missions du FAPSI. Les gardes-frontières (FPS) lui sont rattachés depuis mars 2003.
Ministère de la Défense (Ministersvo Oborony)
960 000 environ Dont peut-être 300 000 civils en 1999
Service fédéral des troupes de voies ferrées (FSZhV) (Federal'naya sluzhba zheleznodorozhnykh voysk Rossiyskoy Federatsii)
50 000
Entretien des voies de chemin de fer dans le cadre d'une mobilisation de masse et des missions de Défense nationale
Troupes de protection chimique
10 000
4 brigades NBC mobiles destinées à lutter contre tout cataclysme industriel (Tchernobyl par exemple).
Direction principale des prisons du ministère de la Justice
?
Commandos spéciaux (GUIN) chargés de mater les rébellions dans les prisons, mais on retrouve également ses hommes en Tchétchénie.
Service fédéral de constructions spéciales (Federal'naya sluzhba spetsial'nogo stroitel'stva rossiyskoy federatsii)
14 000 (dont 5 800 civils)
Créé en 1997 il comprend : une direction militaire principale d'exploitation et d'entretien du ministère des Télécommunications ; une direction centrale des unités militaires de construction du ministère de l'Energie nucléaire ; un service fédéral de construction de routes. Son rôle est de construire des bunkers et des installations nucléaires, des infrastructures sensibles (postes de commandement, silos de missiles, centres spatiaux, etc.).
Direction principale des programmes spéciaux de la présidence
20 000
Ministère de l'Energie atomique (Minatom)
?
Mène, en liaison avec le Conseil de sécurité, la politique nationale d'études, de production et de démantèlement des armes nucléaires et de coopération nucléaire avec l'étranger. En liaison avec le ministère des Affaires étrangères, il est responsable de l'exécution du Traité de non prolifération nucléaire et des accords russes dans le domaine nucléaire. Également responsable dans le domaine militaire de l'approvisionnement et du remplacement du combustible nucléaire des sous-marins (le ministère des transports étant responsable de son transport), de la surveillance des sites nucléaires (via le GosAtomNadzor ou comité pour la surveillance nucléaire) et, depuis un décret de mai 1998, du contrôle du démantèlement des sous-marins nucléaires. Il possède également un "Département de conception et d'expérimentation des armes nucléaires", auquel sont rattachés des centres nucléaires fédéraux (Arzamas-16, Tchéliabinsk-70, etc.). Aujourd'hui le programme nucléaire du Minatom ne re
Rosto [34] (organisation technique et sportive de la Défense) (Rossiyskaya oboronnaya sportivno-tekhnitcheskaya organizatsiya)
Nombre de cadres inconnus. Egalement encadrement par réservistes
Organisation d'entraînement des jeunes collégiens du secondaire, des jeunes élèves officiers de 1re et 2e années des écoles de pilotage et des réservistes pilotes (entraînement au vol), entraînement des réservistes parachutistes (sauts). Le matériel de transmission et de contrôle aérien est fourni par le ministère de la Défense. Le Rosto participerait également à la surveillance des frontières. Dirigé par un général-major.
Organismes paramilitaires divers (Kaskad, cosaques...)
Plusieurs milliers d'hommes
Des rumeurs venant du département des affaires cosaques de l'administration présidentielle laissent entrevoir que des unités cosaques pourraient être intégrées dans le FPS.
Source : compilation par l'auteur de la presse nationale et internationale. Dr Mark Galeotti, Jane's
Intelligence Review, mai 1992, p. 48.
Références bibliographiques
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Galeotti M.,"When the Generals Become Politicians", Jane's Intelligence Review, décembre
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Komarov V.,"Playing for the Military's Vote a Dangerous Game", The Russian
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Krychtanovskaïa O., White S, "Putin's
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militaire soviétique, La Découverte, Paris, 1988.
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finie", Le Monde, 25 avril 2003.
Taylor, Brian D."Russian Civil-Military Relations after the October
Uprising", Survival, printemps 1994.
[1] Structures de force (siloviye struktury) : traditionnellement ensemble des services, agences et ministères comprenant des
forces armées (ministères de la Défense, de l'intérieur, des situations d'urgence, Troupes du ministère de l'intérieur, FSB, SVR,
etc.) auquel on peut ajouter les organisations paramilitaires (voyenizirovanniye struktury).
[2] Les statistiques avancées en 1999 par le procureur général militaire font état de "700 à 1 000 morts par an" dans des
situations de non-combat. Pour 2002, d'autres chiffres tout aussi officiels, font état de plus de 2000 morts et de 20 000 blessés
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Forces armées et politique : une longue passion russe
en situation de non-combat (hors Tchétchénie) (The Associated Press, 26 novembre 2002, "Putin tells military to step in line",
citant une source Interfax-AVN).
[3] Vestnik Voyennoy Informatsii, no 12 (132), décembre 2002, p. 11.
[4] Gazeta.ru, 19 novembre 2003.
[5] MosNews, 27 avril 2004.
[6] Interfax, 27 février 2004.
[7] Novaya Izvestiya, 18 août 2001.
[8] Military News Agency (AVN), 5 décembre 2000.
[9] Nikolaï Kochman, président du Gosstroï, dont les fonctions recoupent plus ou moins celles de notre ministère du logement
(The Russia Journal du 25 novembre 2003).
[10] Rapport du Comité pour les statistiques d'État publié mi-septembre 2001 à Moscou.
[11] Selon V. N. Kovalev, Socialistitcheskii voinskii kollektiv : sociologitcheskii otcherk, Voenizdat', Moscou, 1980, cité par
[Sapir, 1988], à la fin des années 1980, une jeune recrue subissait environ une heure et demie de formation politique par jour
normal, et de deux à quatre heures par jour de repos.
[12] Rossiyskaya oboronnaya sportivno-tekhnitcheskaya organizatsiya.
[13] Présidée par l'amiral Tchernavin, l'ancien chef d'état-major de la Marine, l'association, qui a pour but de développer un
esprit patriotique parmi les jeunes gens, comptait plus de 9 000 membres en 1998.
[14] De "sila", la force en russe.
[15] Collège des membres de plein droit et collège des candidats-membres.
[16] Sous l'URSS, les Troupes de l'intérieur étaient en charge du maintien de l'ordre et de la sûreté des arrières du corps de
bataille en cas de conflit (rôle de l'OSNAZ, commandement des troupes spéciales), de la garde de certains points sensibles
(ponts, entreprises importantes, etc.), des troupes d'escorte (condamnés, convois, etc.).
[17] Le KGB (Komitet po gosudarstvennoy bezopasnosti, Comité pour la sécurité d'État) constituait un Comité d'État près le
Conseil des ministres de l'URSS. Ses principales missions étaient : le recueil et l'exploitation des renseignements politiques,
économiques, scientifiques, techniques, stratégiques, voire militaires, le contre-espionnage, la police politique et criminelle, la
protection des personnalités du régime, la sécurité de certaines installations (ex. le Kremlin), la surveillance des étrangers et le
contrôle des frontières.
[18] Aux élections législatives (Douma) de 1999 le parti de Jirinovskiy a obtenu 5,9 8% des sièges.
[19] Cité par TTU Europe, no 478, 8 janvier 2004.
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Forces armées et politique : une longue passion russe
[20] Le Monde du 20 décembre 1966.
[21] Russia Reform Monitor du 7 février 2000, citant une source de Komsomolskaya pravda.
[22] Cité dans "Les "siloviki" quadrillent les allées du pouvoir", Le Figaro, 31 octobre 2003.
[23] Cité par Russia Reform Monitor, no 1091, 4 novembre 2003.
[24] "Les "siloviki" quadrillent les allées du pouvoir", op. Cit.
[25] Igor Korotchenko, Nezavisimaya Gazeta, 6 mars 2002.
[26] Agence fédérale de transmission gouvernementale.
[27] 29 postes. Choix personnel de l'auteur.
[28] FSB : service de renseignement intérieur/contre espionnage. Plus ou moins l'équivalent de notre DST.
[29] SVR : service de renseignement extérieur. Plus ou moins l'équivalent de notre DGSE.
[30] Les inspecteurs fédéraux principaux ont été créés pour superviser les relations entre Mosscou et les régions.
[31] Pravda.ru du 15 octobre 2003.
[32] Interfax, 8 janvier 2002.
[33] Créé en juillet 1974 sur ordre de Iou. Andropov, le commando d'élite du KGB Alfa est célèbre pour l'assaut donné contre la
résidence du président afghan Hafizulla Amin le 27 décembre 1979. Depuis lors, il est de tous les coups durs : en janvier 1991,
il s'empare du bâtiment de la télévision à Vilnius, mais lors du putsch de 1991, refuse le 19 août d'obéir aux ordres de prendre
d'assaut le Parlement. Par contre, le 4 octobre 1993, il n'hésitera pas à participer à l'attaque contre la Maison-Blanche" pour en
déloger les parlementaires opposants à Eltsine. En juin 1995, il échoue lamentablement à libérer les personnes prises en
otages dans un hôpital de Boudionnovsk par les terroristes tchétchènes de Chamil Basayev. C'est également le groupe Alfa qui
a réglé la prise d'otages du théâtre de la Doubrovka à Moscou les 23 et 24 octobre 2002. Il a aussi participé aux opérations en
Tchétchénie.
[34] Ce type d'organisation de jeunesse n'est pas spécifique à la Russie. En Grande-Bretagne, le corps des Cadets, par
exemple, qui accueille les jeunes de 11 à 18 ans, représente une "force" de 130 000 adolescents, dont 14 000 dans les "Sea
Cadets" (Armée d'aujourd'hui, no 288, mars 2004, p. 8)
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