La représentation du soldat

Transcription

La représentation du soldat
Proposition pour une exploitation pédagogique
Afin de mettre en évidence la relation entre les textes et les maisons d’écrivain en Picardie, nous
proposons aux enseignants des séquences faisant apparaître des textes annotés à destination des
élèves, peu fréquemment exploités par les manuels scolaires, des pistes de lecture et des sujets
pour les exercices d’écriture. Malheureusement en raison de la législation concernant les droits
d’auteur, nous sommes dans l’impossibilité de reproduire les textes de notre corpus. Nous vous
proposons néanmoins des références vous permettant de vous les procurer ultérieurement.
Séquence conçue par Céline Font, professeur au collège Pierre et Marie Curie d’Albert, et membre
du service éducatif de l’Historial de la Grande Guerre à Péronne.
La représentation du soldat
Objectifs :
•
Parvenir à établir une fiche d’identité du poilu à travers différents documents
( correspondance, roman, photographies…).
•
Proposer différents points de vue du soldat (par lui-même pendant la guerre et quelques
années plus tard, à travers les photographies commandées par l’armée).
En langue, on privilégiera l’étude des points de vue, de la modalisation et du vocabulaire
péjoratif et mélioratif. On pourra également voir à ce moment-là les discours direct et indirect.
Ecriture : Rédaction d’un recueil de textes sous la forme d’un journal intime. Les élèves devront
se mettre à la place d’un personnage de l’époque et raconter un épisode de la guerre. Travail de
réécriture en classe avec les élèves.
Public : une classe de troisième
Supports : groupement de textes, photographies et correspondances.
Nombre d’heures : quinze heures environ.
Plan de la séquence
Séance 1 : Représenter le soldat à travers les photographies de Jean Tournassoud.
Séance 2 : La guerre usinière selon Cendrars.
Séance 3 / Activités en langue. La modalisation.
Séance 4 : Cendrars : la zone de front.
Lecture cursive
Séance 5 : Activités en langue. Le vocabulaire péjoratif et mélioratif.
Séance 6 : La logistique de guerre, Duhamel.
Séance 7 : Sur les traces de Cendrars et Duhamel, sortie pédagogique.
Séance 8 : Le soldat face au feu, Barbusse.
Séance 9 : Ecriture
Séance 10 : La représentation du soldat dans la correspondance de Laurent Médus, poilu.
Séance 11 : Activités en langue . Les registres, évaluation de la lecture.
Séance 12 : Evaluation de la lecture.
Séance 1 : le soldat à travers les photographies de Jean Tournassoud
Objectifs : analyser des images,
: exercer un point de vue critique sur des photographies officielles, commandes de
l’armée.
Support : 7 photographies en noir et blanc de Jean Tournassoud.
Issu d’une famille modeste, Jean Tournassoud entre dans l’armée en 1887 avec son seul
certificat d’études. Promu capitaine en 1905, c’est en tant que commandant qu’il fait la Première
Guerre mondiale. Autodidacte de la photographie, il acquiert le métier au contact de Louis
Lumière. La guerre lui permet d’exercer sa passion : il sera l’un des fondateurs du Service
photographique des armées et réalisera durant le conflit 2500 clichés.
Certains relèvent de commandes officielles de l’armée (comme celles étudiées), d’autres
répondent davantage à une initiative personnelle. Il travaillera également pour deux
hebdomadaires, Sur le vif et Page de gloire . Les photographies présentées sont extraites d’un
ouvrage constitué de 150 planches artistiques du commandant Tournassoud, ex-directeur du
Service photographique et cinématographique. Ce recueil publié en 1920 fut préfacé par une
lettre de Pétain dans laquelle il qualifie cet ouvrage de « monument du souvenir que les anciens
montreront ».
Pour une biographie plus complète, connectez-vous sur le site du CRDP de l’académie
d’Amiens qui propose un dossier sur ce photographe.
Vous y trouverez également une trentaine de clichés de Tournassoud qui appartiennent
au fonds de l’Historial de Péronne et que l’on peut imprimer. Ils constitueront le support de notre
analyse. Certaines photographies font l’objet d’un commentaire et des séquences pédagogiques
en Arts Plastiques sont proposées. Pour y accéder, cliquez sur l’adresse suivante :
http://crdp.ac-amiens.fr/historial/soldat/somm_tourn.html
1.
Observation et analyse
Dans un premier temps, l’attention sera portée sur une sélection de sept documents
extraits de ce site.
•
Les clichés O3O « Le poilu » et 014 « Le pinardier » évoquent la représentation du
soldat. On essaiera de se poser la question des caractéristiques (physiques et morales) du poilu
d’après ces deux photographies.
• Les clichés 009 « On se croirait sur les bords de l’Oubangui », 010 « Flânerie
matinale » et 004 « Fin d’idylle » proposent une autre vision de la guerre. On verra que le
premier relève de l’exotisme et que les deux autres éveillent nostalgie et sentimentalisme. Il
s’agit ici d’occulter l’aspect meurtrier de la guerre et d’en donner une représentation idéalisée.
•
Les deux derniers clichés 012 et 013 « Transport d’un blessé » invitent à nous
faire réfléchir sur la mise en scène de la guerre. Les deux photographies révèlent que la scène
n’est pas prise sur le vif mais que les « acteurs » ont posé à deux reprises puisqu’il s’agit de la
même scène mais prise sous deux angles différents.
2.
Synthèse
Se pose la question des motivations de l’auteur : propagande ? conviction patriotique? vision
conservatrice ?
Tournassoud est un observateur : il désire raconter une histoire à travers ses clichés, c’est
pourquoi la plupart des photographies sont mises en scène et longuement préparées. Il n’hésite
pas jusqu’en 1916 à utiliser des dizaines de figurants déguisés en soldats, prisonniers ou
cadavres. Cependant une certaine réalité s’en dégage : l’image du poilu, combattant courageux et
fier, qui doit s’organiser face à une guerre qui se prolonge. Il en résulte une image idéalisée de la
guerre faite à la fois pour rassurer ceux de l’arrière et glorifier le soldat combattant afin
d’encourager tous ceux qui voudraient s’engager dans la guerre.
Séance 2 : la guerre usinière selon Cendrars
Objectif : la guerre vue par un ancien poilu.
Cendrars est né en Suisse en 1887 et obtiendra la nationalité française en 1916 après
être cité à l’ordre de l’armée. Très vite, il abandonne ses études pour se consacrer à sa passion
des voyages qu’il évoque dans La Prose du Transsibérien et partira en Russie, aux Etats-Unis
ainsi qu’en Asie. Installé à Paris en 1912, il fréquente Fernand Léger et Apollinaire puis s’engage
dans la Légion étrangère en 1914. Touché par un obus un an plus tard, il perdra son bras droit,
d’où le titre de son roman La main coupée, publié bien après la guerre en 1946 mais évoquant la
Grande Guerre. Ces trente années de distance lui permettent d’avoir un regard plus critique sur
ces événements. Il meurt en janvier 1961.
Extrait « L’on restait quatre jours en ligne et l’on redescendait pour quatre jours à l’arrière […] comme
une chiotte sans issue, douce France, ô mon beau tombeau. »
La main coupée, « Faire un prisonnier », Blaise Cendrars, 1946, Folio, p. 214 / 216 .
Pistes de travail :
•
on pourra dans un premier temps évoquer le métier de soldat, son fonctionnement et son
aspect routinier (notamment par le biais des parallélismes et les énumérations).
•
•
on s’intéressera ensuite au cantonnement et aux conditions de vie des soldats en
particulier dans les tranchées.
Enfin, on évoquera la vision de Cendrars, d’abord distant puis critique comme le souligne
la modalisation. Néanmoins, on notera la compassion de Cendrars envers les soldats
malgré une certaine condamnation de leur aveuglement à mener leur mission patriotique.
Séance 3 : Activités en langue
On pourra travailler les notions de points de vue, de la modalisation ainsi que du vocabulaire
mélioratif et/ou péjoratif.
Les temps du récit ainsi que les registres peuvent être également abordés, notamment le registre
réaliste et l’ironie.
Séance 4 : Cendrars : la zone de front.
Objectifs : mener une lecture comparée de deux textes,
: repérer les tonalités d’un texte (réalisme et humour noir).
Extrait A : les enjeux du discours direct.
« À Frise, et de sa propre initiative, il avait été s’installer dans le clocher de l’Eglise […] avant que nous
ne quittions le secteur, fin février »
La main coupée, « Bikoff », Blaise Cendrars, 1946, Folio, p. 109 .
Extrait B : la description, entre réalisme et humour noir.
« C’est au bois de la vache que Bikoff reçut une balle dans la tête. […] au poste de secours pour
m’assurer qu’il serait rapidement évacué .»
La main coupée, « Bikoff », Blaise Cendrars, 1946, Folio, p. 111 .
Pistes de lecture :
•
Il serait intéressant de voir tout d’abord comment la guerre apparaît pour certains
comme un plaisir : Bikoff, en période de repos continue à faire la guerre et précise qu’ il
s’amuse en tirant sur des Allemands. Le soldat est alors comparé à un chasseur dont il
possède les qualités.
•
Mais ce « jeu de la guerre » devient sérieux et dangereux : la Grande Guerre est
meurtrière et violente comme le soulignent les descriptions de l’artillerie et des lieux.
Ces descriptions paradoxalement légères et sordides permettent d’ailleurs de révéler le
mépris de la personne humaine, l’horreur et l’absurdité de la guerre.
Lecture cursive : Les croix de bois, Roland Dorgelès, Livre de poche.
Questionnaire pour une lecture cursive
I : Frères d’armes
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
Cherchez deux champs lexicaux opposés, p.5 et expliquez l’expression « avoir la fleur aux
fusils ».
Comment décririez-vous l’atmosphère de ce début de roman ? En quelle année sommes-nous
visiblement ?
Qui sont désignés par le pronom personnel « ils » p.5 et l’adjectif possessif « notre » dans
l’expression « notre régiment » p.6 ?
Où dorment les soldats ?
Comment se comportent les soldats vis-à-vis des nouveaux p.8 ?
Que font les soldats dans le cantonnement pour s’occuper (p.10 et suivantes) ? Relevez des
expressions sur l’ambiance générale. Que pense le nouveau de tout cela et que lui rappellent
les autres soldats ?
Résumez en une phrase l’atmosphère de ce premier chapitre.
II : Le fanion rouge
1.
2.
3.
4.
Décrivez l’état et le comportement du nouveau Gilbert p.26/27.
Montrez que son comportement et son langage évoluent pour ressembler de plus en plus à
ceux utilisés par les poilus.
Aux pages 28/29, les soldats croisent un cimetière français. Quelle figure de style est utilisée
pour parler des croix de bois ? Relevez des mots qui le prouvent.
Qu’éprouve Demachy face à la guerre p.30 ?
5.
6.
Quelles sont les occupations des soldats lorsqu’ils ne sont pas au front (p.30 et plus) ?
Comment réagissent les soldats lorsque Gilbert leur annonce qu’il a récupéré le fanion rouge ?
Au début puis lorsqu’ils savent qu’il dit la vérité ?
III : La bonne vie
1.
Qu’est-ce qui rend les conditions de vie du soldat encore plus difficiles ?
IV : La veille des armes
1.
2.
Par qui apprend-on des informations sur l’arrière ?
Que signifie « tuyaux de cuisine » ?
V : Le moulin sans ailes
1.
Relevez le champ lexical du bonheur dans ce début de chapitre et montrez qu’il évolue vers
celui de la souffrance et de la mort.
VI : Au café de la marine
Dans le passage ci-dessous, en quoi la description du paysage est-elle le reflet de la guerre ? Quelle
image duelle de la guerre est donnée ?
« De l’eau verdâtre, qui frissonnait à peine […] où les képis rouges flottaient, comme d’étranges
nénuphars. »
VII : Le mont Calvaire
1.
2.
3.
Pourquoi les soldats français sont-ils très inquiets ? Que vient annoncer Berthier ?
Que révèlent les points de suspension dans le discours de Berthier p. 125 ? Est-il rassurant ?
Pourquoi ?
Comment réagissent les soldats face à cette nouvelle ?
VIII : Mourir pour la patrie
1.
2.
Pourquoi l’homme est-il exécuté ?
A quelle scène biblique fait-on référence ? Justifiez votre réponse.
IX : Victoire
1.
2.
3.
Montrez que la description du blessé p.151 est très réaliste. Relevez des mots qui traduisent
les sentiments des soldats p.152.
A quoi les morts sont-ils comparés page 156 ? A quoi servent-ils p.160 ?
A la fin de la bataille, que ressentent les soldats à l’approche de l’arrière ? Que pensent à leur
tour, les civils à la vue des soldats ?
X : Le retour du héros
1.
2.
3.
« Je » apparaît dans ce chapitre. De qui s’agit-il ? Relevez des phrases exclamatives qui
donnent son opinion sur ce qu’il voit.
Le soldat peut-il reprendre sa place dans la vie civile ? Pourquoi ?
Est-il accueilli en héros ? Justifiez
XI : Et c’est fini
1.
2.
3.
A quelle personne est rédigé principalement ce chapitre ?
A quel genre appartient ce livre ?
Pourquoi Dorgelès a-t-il écrit Les croix de bois ?
Séance 5 : Activités en Langue, le vocabulaire péjoratif et mélioratif.
Séance 6 : la logistique de guerre, Duhamel.
Objectifs :
- étudier la logistique de guerre et la description du site d’Etinehem.
- étudier le point de vue d’un médecin.
Georges Duhamel (1884-1966) naît à Paris et entreprend des études de médecine qu’il achève en
1909. Parallèlement, il donne libre cours à ses inspirations littéraires si bien qu’en 1912, on lui
confie une rubrique critique au Mercure de France. En 1914, il se fait verser dans le service armé
en qualité de chirurgien et intervient sur le front de la Somme de juillet à octobre 1916,
notamment à proximité du village d’Etinehem, à la jonction des forces britanniques et françaises.
Civilisation, publié en 1918, est le récit de son expérience et obtient le prix Goncourt. Ardent
pacifiste, il entrera en 1935 à l’Académie française.
Extrait
Civilisations, Georges Duhamel, « Sur la Somme »,1918, Mercure de France,p. 25/42.
Pistes
•
•
•
de travail :
Etudier l’image de l’armée et des soldats (devenus des bêtes).
La représentation du paysage.
Le regard de Duhamel, observateur naïf.
Séance 7 : sur les traces de Cendrars et Duhamel
Objectifs : effectuer le circuit littéraire proposé par l’Historial de la Grande Guerre et confronter
textes et lieux décrits.
Il conviendra de prendre contact avec le Service éducatif de l’Historial à Péronne afin d’élaborer
ensemble cette sortie. Le Service éducatif de l’Historial propose notamment un circuit littéraire
autour de Cendrars en suivant les pas du soldat qu’il était. Mais d’autres angles peuvent être
également abordés : le traitement allemand, britannique et français des morts au combat en est
un par exemple.
D’autre part, des documents afin de parfaire votre visite sont mis à votre disposition.
Pour vous renseigner sur ce parcours, connectez-vous sur le site de l’Agence Régionale du
patrimoine de Picardie et pour contacter l’Historial, cliquez sur l’adresse suivante :
http://www.historial.org/fr/home_b.htm
Ce circuit littéraire peut être l’occasion de « voir » ce qui a fait l’objet d’une description ou du
décor d’un récit. Il peut s’avérer le point de départ d’un travail d’écriture à partir de notes ou
d’un carnet de voyage.
Séance 8 : le soldat face au feu, Barbusse.
Objectif : le récit d’un combat
Barbusse né en 1873, fait ses débuts comme attaché de presse dans un ministère. Il
devient journaliste, poète et nouvelliste. Il collabore à diverses revues pacifistes et s’engage
comme simple soldat au 231e régiment de ligne. Il est réformé après 22 mois. Blessé au combat,
il est récompensé par deux citations. Rapidement horrifié par la vie des soldats et la vacuité du
conflit, il écrit en 1916 Le feu, roman réaliste décrivant l’horreur des combats et la vie d’une
escouade. Barbusse recevra le prix Goncourt pour son œuvre. Il ne cesse par la suite de
s’engager pour la paix et crée la revue « Clarté ». Admirateur de la révolution russe, il se rend en
Russie et adhère en 1923 au parti communiste. Il meurt à Moscou d’une pneumonie le 30 août
1935.
Extrait de « Les Boches ! J’les vois ! dit tout à coup un homme […] s’accroupissant pour descendre,
sur le faîte du talus, au bord du piège noir» .
Le feu, Henri Barbusse, 1916, Livre de poche, p.317 à 320.
•
•
On s’attachera aux descriptions à la fois des lieux rendus apocalyptiques et de l’ennemi
qui semble acharné.
Puis on pourra par exemple étudier les sentiments du soldat entre doute et espoir et
conclure par l’analyse du point de vue de Barbusse qui montre avec réalisme la
déshumanisation du soldat.
Séance 9 : Ecriture
Rédiger le début d’un journal intime dans lequel l’élève se met dans la peau d’un personnage de
l’époque et raconte un épisode de sa vie au front en s’aidant des objets et de la visite à
l’Historial.
Séance 10 : La représentation du soldat dans la correspondance de Laurent Médus, poilu.
Objectifs : comparer l’écrit et le dessin, étudier la caricature.
La collection comprend une série d’enveloppes et de cartes postales ainsi qu’une
correspondance illustrée. Leur auteur, Laurent Médus, est un ancien élève des Beaux Arts de
Montpellier. Il sert pendant la guerre dans un régiment de hussards puis dans un régiment de
cuirassiers à pied. La destinataire est une amie de l’auteur, Henriette Solleliand qui appartient à
ce milieu artiste. Quelques cartes postales sont également adressées aux sœurs de la jeune fille.
La correspondance archivée dans le Fonds Van Trecck de l’Historial de Péronne débute le 2
janvier 1915 et s’achève le 6 janvier 1919. Régulière de 1915 à 1917, elle reste vierge pour
l’année 1918. La collection est aussi incomplète : de nombreuses enveloppes illustrées n’ont pas
de lettres correspondantes. Si l’on sait peu de choses sur l’auteur, on devine qu’il est d’un milieu
social aisé et cultivé.
Ses prises de position reflètent néanmoins assez bien le vécu et l’état d’esprit
combattant tels que l’historiographie récente les ont mis à jour. Nombreux sont les thèmes qui
ont valeur d’exemple : la volonté de résister et le consentement à la guerre, la représentation de
l’ennemi, la force du patriotisme ou encore la formation de l’idéal de paix. La participation à un
concours d’affiche pour le salon du poilu de 1916 et la création artisanale de cartes postales à
caractère patriotique sont aussi sur ce point significatives des engagements de l’auteur.
Pour effectuer cette analyse, nous nous appuyons sur les lettres, cartes postales de 1916 et 1917
que l’on peut consulter à l’adresse suivante :
Année 1916 : http://crdp.ac-amiens.fr/historial/soldat/planche_1916.html
Vous y trouverez les documents sélectionnés ci-dessous :
• Lettre du 5 décembre 1916 (références : recto a22 et verso b22) : elle évoque une contrée
de bois que l’émetteur décrit comme « le pays du chaperon rouge » avec des « loups avec des
casques à pointe ». Le dessin, lui, évoque un croque-mitaine qui n’est autre que le soldat
allemand.
• Lettre du 7 décembre 1916 (recto a 24, verso b24) : l’émetteur s’excuse de ne pas avoir
écrit plus tôt et explique avoir déchargé des rails. Dessin représentant un soldat français
frappant un Allemand.
•
Carte postale du 18 décembre 1916 (recto a25, verso b25) dans laquelle Médus fait une
prière « Petit Jésus donne nous la paix et les lauriers de la victoire » et dessine un poilu déchaussé
près d’un poêle qui sèche ses chaussures. Comme compagnon, un rat.
•
Enveloppe (026) du 21 décembre 1916 : dessin renvoyant au passé commun du
destinataire et de l’émetteur.
Année 1917 : http://crdp.ac-amiens.fr/historial/soldat/planche_1917.html
Documents sélectionnés :
•
Enveloppe (035) du 1er février 1917 qui représente un poilu.
• Lettre du 2 janvier 1917 (recto a31, verso b31) qui évoque des « factions interminables la
nuit » et le manque de temps « même pas le temps de dessiner ».
Pistes de travail :
•
Etudier d’une part les thèmes abordés et le dialogue entre l’écrit et le dessin.
•
Et d’autre part analyser le ton léger et humoristique qui manifeste le désir d’échapper à
la réalité sordide de la guerre et le souci de maîtriser ses émotions, d’en contrôler la
portée.
Pour un complément d’informations :
http://crdp.ac-amiens.fr/historial/soldat/med_pres_auteur.html
Séance 11 : Activités en langue : les registres de textes
Séance 12 : Evaluation de la lecture
Publié en 1931, ce roman est l’œuvre de Jean Giono (1895 /1970) qui s’est battu à
Verdun à 20 ans et a connu la boucherie du Chemin des Dames. Atteint par un obus et gazé, il
revient de la guerre avec une horreur viscérale de celle-ci et un goût indéfectible de la paix qui
perçaient déjà dans ses premiers romans, Colline (1929) et Regain (1930). Mais, c’est deux ans
plus tard qu’il verbalise ce qu’il a vécu sur le front dans Le grand Troupeau.
Extrait « Il y avait toujours une trêve du petit matin, à l’heure où la terre sue sa fumée
naturelle […] ils mangeaient gravement en criant de temps en temps pour appeler les femelles ».
Le grand Troupeau, Jean Giono, 1931, Folio, p.115.
Les questions posées aux élèves lors de ce contrôle peuvent porter sur le problème qui
consiste à décrire ce qui semble indescriptible.
On demandera par exemple comment, dans ce texte, la nature est décrite et dans quel but
l’auteur la montre paisible. On insistera éventuellement sur le fait que Giono exploite également
le registre réaliste afin de créer un décalage avec le calme de cette nature et ainsi montrer
l’horreur de la guerre.
On pourra également leur demander de réfléchir à l’emploi des animaux dans ce texte :
charognards qui se nourrissent d’hommes et sujets de l’action alors que ce sont les hommes qui
la subissent : on attendra des élèves que ceux-ci emploient alors le terme de déshumanisation
déjà évoqué précédemment.

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