Séquence 2, extrait 4 : La mort d`Emma
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Séquence 2, extrait 4 : La mort d`Emma
Séquence 2, extrait 4 : La mort d’Emma Flaubert est un auteur du XIXème siècle faisant parti du réalisme. Voulant se détacher du romantisme, il écrit d’abord la Tentation de Saint Antoine, qui est selon lui « un livre sur rien ». En 1857, il publie Madame Bovary et affirme que « Madame Bovary, c’est moi ! ». Il s’agit ici de la scène de dénouement. Acculée par ses dette, Emma s’est empoisonnée au cyanure. I- La mort d’une pécheresse a) La mort domine dans cet extrait b) Emma, figure emblématique de la pécheresse c) Symbole de la rédemption chrétienne II- Un réalisme cru a) Description réaliste de l’agonie d’Emma b) Souffrance physique et psychologique c) Douleur proche de la folie III- Plusieurs registres a) Un registre tragique b) Un registre pathétique c) Un registre ironique et burlesque Ia) La mort est présente à travers l’étude de la description de la pièce. Emma est « comme une ruine qui tombe » et elle se « releva comme un cadavre » et le terme « agonisant » Mais sa mort est ambigüe : oxymore « hideux et doux » et Charles ne se rend compte de rien : « il ne fallait pas peut-être pas désespérer, pensa-t-il ». b) La pécheresse qu’est Emma est montrée à travers la dimension sensuelle qu’elle a lorsqu’elle embrasse le crucifix : « collant ses lèvres sur le corps de l’homme-Dieu », acte qui a choqué les lecteurs de l’époque. Ses pêchers sont aussi montrés dans ses achats : « toutes les somptuosités terrestres » et son adultère : « senteurs amoureuses », « gémi d’orgueil et crié dans la luxure » … c) Champ lexical de la religion très présent : « étoile violette », « crucifix » … Le curé a été accueilli comme un sauveur qui s’exprime à travers le champ lexcial du bonheur : « parue saisie de joie », « apaisement extraordinaire, la volupté perdue ». De ce fait, la religion va lui accorder un répit dans sa souffrance. Mais au final, Dieu a abandonné Emma : Dieu prolonge « l’existence des personnes lorsqu’il le jugeait convenable pour leur salut » IIa) Les symptômes sont décrit de manière clinique : « haleter rapidement », « la langue toute entière » (hyperbole avec toute entière), « ses yeux en roulant », « une convulsion » … Emme n’est plus perçue qu’à travers le dérèglement de son corps auquel on fait référence à travers les parties du corps comme pour montrer qu’elle n’est plus maîtresse de son corps. b) Lorsqu’Emma se voit à travers le miroir, elle est frappée par sa propre image et par la douleur qui la gagne ensuite : « au fur et à mesure que le râle devenait plus fort ». c) La folie est présente : « les cheveux dénoués, la prunelle béante », « un rire atroce et frénétique » IIIa) Tragique La fin du texte montre une plongée d’Emma dans les ténèbres. L’aveugle intervient comme une allégorie de la mort d’Emma : « la face hideuse du misérable, qui se dressait dans les ténèbres éternelles comme un épouvantement ». Il y a aussi une allusion à la mort à travers la chanson : « Les épis que la faux moissone » La fille de la chanson est bien entendu Emma, qui rêve d’amour. Emma est vu comme un personnage diabolique et tragique : « un rire atroce, frénétique, désespéré » b) Pathétique Les réactions montrent une dimension pathétique - Charles « tressaillant à chaque battement de cœur » - Félicité « s’agenouilla devant le crucifix » Ils sont dans une position de désespoir c) Ironique et Burlesque La chanson était considérée comme grivoise, elle constitue une ironie tragique en parasitant la dignité de la mort d’Emma comme pour la scène des Comices. D’autres personnages sont peu émus par ce qui se passe : - Homais « fléchit un peu les jarrets », les jarrets = cuisse d’animal - « Canivet regardait vaguement sur la place » Avant de mourir Emma demande son miroir, qui traduit une forme de narcissisme : « Elle demande son miroir et elle resta penchée dessus quelque temps ». On ne sait pas si elle a pris conscience de ses erreurs à travers ses larmes ou elle pleure à cause de sa déchéance physique. De plus, même sa mort n’est pas mise en valeur « elle n’existait plus », Flaubert évite la mort d’Emma en utilisant l’imparfait qui a ici une valeur d’ellipse. Par ailleurs, sa mort est comme relativisée par cette périphrase, les personnes présentes sont soulagées. La mort d’Emma était en effet clairement annoncée depuis le début de l’extrait et de ce fait celui-ci n’a fait que mettre en mots la mort définitive d’Emma qui est montrée comme une sorte de corps mécanique et diabolique. Emma a donc raté sa mort comme elle a raté sa vie et les derniers mots montrent à quel point la réalité l’a rattrapée. Cet extrait représente de manière extrêmement crue la longue agonie d’Emma qui symbolise peut-être la mise à mort du lyrisme et du romantisme à travers la plume de Flaubert. Cependant, si cette mort marque la fin du personnage d’Emma qui a donné son nom au titre de l’œuvre, la fin du roman sera marquée par un autre dénouement qui se concrétisera par la mort de Charles. Ainsi, l’œuvre s’ouvrira et se fermera sur ce même personnage.