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La confusion des sentiments «Emma», Alain Tasma signe une Avec magnifique fiction sur la difficulté ISABELLE NATAF Diabolo de menthe, Diane Kurys, Anne, la jeune interprétée par lycéenne Eléonore Klarwein, cachait Dans « les blessures de son cœur, comme le les premières déchirures», chantait si bien Yves Simon lique adolescente te et touchante. en devenir, ; mélancoattachan- L'«Anne» d'aujourd'hui, âgée de trois ans de plus, c'est Emma (Rebecca Marder) dans l'émouvant téléfilm d'Alain Tasma Emma, adapté du roman de son épouse disparue. Le contexte n'est pas celui de Diabolo menthe l'adolescente, âgée de 16 ans, vit avec sa introvertie et intelligente, On mère, sa famille est recomposée. ¦¦ n'en saura pas davantage sur son quotidien puisque le réalisateur situe son action à un moment particulier, celui des vacances. Un mois où, comme à l'accoutumée, Emma retrouve dans la maison de l'île d'Oléron Eléonore, sa grand-mère maternelle (Maria Pacôme), Pierre, son père (Éric Caravaca), Irène, sa belle-mère (Julie Gayet), Jérôme, son demi -frère (François Civil) et Lola (Stella Trontonda), née de l'union de vivre sa vie. de Pierre et Irène. j Cet été aurait pu être un été comme un autre. Sans l'arrivée à Oléron d'un élément perturbateur, Vincent (Léo Legrand). Fils d'un ami de Pierre, il passe les vacances avec eux. Cet adolescent, plus mûr et si différent de Jérôme, va faire vaciller le fragile équilibre sur lequel la famille reposait, et notamment celui d'Emma, ballottée par des émotions contradictoires. La jeune fille se trouve confrontée aux premiers émois amoureux et sexuels avec Vincent, à la douleur et à l'incompréhension d'être rejetée par lui puis à nouveau désirée à la façon d'un objet, à la haine qu'elle ressent pour Irène, responsable de la douleur de sa mère, et à la fascination que suscitent en elle la féminité et la beauté froide de sa belle mère. Emma s'en veut quand elle lâche lui, sans s'en donner les moyens. La violence de l'adolescence Alors, il est de plus en plus dur et violent à son égard, lui reprochant d'avoir refait sa vie, de ne pas s'intéresser à Emma et à lui. Pierre culpabilise d'avoir, comme le souligne Alain Tasma, «un désir un peu égoïste, celui de vouloir vivre sa vie», d'être à nouveau tombé amoureux et de vivre comme il le souhaite. «Vous êtes destructeur, toi et ton père», dit Irène à Emma. Pierre est fatigué, «il sent bien qu'il n'y arrive pas », souligne le réalisateur. Ce film sur « la douleur et la difficulté d'exister», la violence de l'adolescenet gracieux, de bout ce, mélancolique en bout sur la corde raide, sant. est du lest et lui tend la main ; alors, elle ne peut s'empêcher de lui lancer une pique dans la foulée. Emma observe Irène et son père, qu'elle aime, a du mal à supporter leur bonheur. Quant à Jérôme, il réagit mal en voyant Vincent s'entendre si bien avec son père - comme il aurait sans doute voulu s'entendre avec est boulever- Rebecca Marder une découverte, à Emma apportant cette féminité en devenir, son ambivalence, son bouillonnement intérieur, son émotivité et sa fragilité. Les autres ac- teurs ne sont pas en reste, épousant avec maestria la réalisation soignée d'Alain Tasma. ¦ Rebecca Marder et Léo Legrand. SCARELLA GILLES / FTV