Le prix Nobel de la paix 2014 attribué à la Pakistanaise Malala

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Le prix Nobel de la paix 2014 attribué à la Pakistanaise Malala
Le prix Nobel de la paix 2014 attribué à la
Pakistanaise Malala Yousafzai et à l'Indien
Kailash Satyarthi
Historique du Prix Nobel de la Paix
Le prix Nobel de la paix récompense « la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux
contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées
permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix » selon les volontés, définies
par testament, d'Alfred Nobel.
Le prix de l'année peut être partagé entre deux, voire trois personnalités ou institutions ayant rendu
de grands services à l'humanité par la voie diplomatique. Il a été attribué pour la première fois en
1901.
Aucune récompense n'a été décernée pendant les deux conflits mondiaux (sauf en 1917 et 1945) et
les années où aucun candidat n'a pu faire l'unanimité.
D'abord occidentale, l'origine des candidats s'est progressivement étendue au monde entier. Le prix
Nobel de la paix a aujourd'hui une extraordinaire importance politique, certains prix ayant une valeur
de désaveu de gouvernements autoritaires comme celui d'Aung San Suu Kyi en 1991 vis-à-vis de la
junte birmane ou celui de Liu Xiaobo en 2010 à l'égard du gouvernement chinois.
Source : Wikipédia
Qui est Alfred Bernhard Nobel ?
Chimiste et industriel suédois (il créa 87 sociétés à travers le monde !), Alfred Nobel naquit le 21
octobre 1833 à Stockholm et mourut le 10 décembre 1896 à San Remo (Italie), après avoir parcouru
le monde.
La révolution industrielle au 19ème siècle demanda toujours plus de puissance pour mener à bien les
grands travaux entrepris : chemins de fer, tunnel du Gothard, canaux de Suez, de Panama et de
Corinthe, métros, ports, etc...
A cela, on peut évidemment ajouter le développement exponentiel à l’époque du secteur minier (or,
cuivre, fer, charbon, ...). Or, durant des siècles, la poudre à canon est restée le seul explosif puissant
utilisé à des fins aussi bien pacifiques que belliqueuses. En 1846, la nitrocellulose fut découverte par
le chimiste allemand Christian Friedrich Schönbein, puis, l’année suivante, ce fut la nitroglycérine par
Ascanio Sobrero et Théophile-Jules Pelouze. Ce progrès remarquable a été entaché par de
nombreux accidents spectaculaires dus à l’instabilité et à la sensibilité très fortes de cet explosif.
C’est probablement lors d’un séjour à Paris chez Théophile-Jules Pelouze, en 1850, qu’Alfred Nobel
prit connaissance de ces travaux sur les explosifs auxquels il s’intéressa de très près.
Inventeur de la dynamite, cet entrepreneur de génie passa sa vie à améliorer et développer
ses inventions, pour le meilleur et pour le pire.
Très riche, il devint une sorte de «citoyen du monde», voyageant sans cesse, s’occupant activement
de ses usines et travaillant sans relâche au développement de nouvelles utilisations civiles de ses
explosifs. Pleinement conscient de l’instrument de mort qu’il avait mis entre les mains des puissances
militaires, il apporta son appui à plusieurs organismes européens en faveur de la paix et légua sa
fortune pour créer le prix Nobel. Ces mêmes interrogations sur les dangers de la science se posèrent
de nouveau quelques décennies plus tard au sujet des applications civiles et militaires du nucléaire,
sources de différents prix Nobel.
Dans son testament, il légua son immense fortune pour la création du prix qui porte son nom : le prix
Nobel.
Anecdote tragique
La création des prix Nobel a résulté d’un évènement tragicomique. Lors du décès de son frère Ludvig,
autre grand industriel suédois décédé en 1888, un journal français publia par erreur la nécrologie
d’Alfred Nobel. Ceci lui permit donc de la lire de son vivant, ce qui est somme toute peu banal. Par
contre, ce qu’il y lut l’épouvanta : « Le marchand de la Mort est mort. Le Dr Alfred Nobel, qui fit fortune
en trouvant le moyen de tuer plus de personnes plus rapidement que jamais auparavant, est mort
hier ».
Ne voulant pas passer à la postérité ainsi, il utilisa une partie de son immense fortune à la création
des fameux « prix Nobel », récompensant chaque année depuis plus d’un siècle des hommes, des
femmes ou des institutions diverses, ayant œuvré à l’amélioration de la condition humaine dans les
domaines de la physique, la chimie, la médecine, la littérature, l’économie et la paix.
Sources : Nicolas Noiret
Enseignant-chercheur, Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Rennew (ENSCR)
Qui est le jury des Prix Nobel de la Paix ?
C’est le seul prix dont les lauréats sont désignés non pas en Suède, mais par le Comité Nobel
norvégien. Ce dernier est composé de cinq personnes, sélectionnées par le parlement norvégien,
parmi les personnalités politiques et sociales du pays. C’est ainsi qu’en a décidé pour une raison
inconnue Alfred Nobel. Peut-être voulait-il partager les obligations entre les membres de l’Union
Suède-Norvège qui existait à l’époque, ou bien l’a-t-il fait en signe de respect à l’égard du tout premier
parlement dans le monde ayant soutenu le mouvement pacifique.
La liste des nominés relève d’un grand mystère. Seuls sont connus les noms des personnes qu’ont
diffusés les organisations qui les ont présentées en tant que candidats. Il n’y a que le nombre de
prétendants qui est communiqué.
Avec le temps, le prix est devenu de plus en plus idéologisé.
« Le jury qui attribue le prix Nobel de la paix est composé de libéraux de gauche. Ils sont orientés
vers la protection des minorités et de l’écologie et vers les problèmes du désarmement. Ce n’est pas
par hasard qu’un des derniers prix a été attribué à une féministe et ce n’est pas non plus un hasard
que le prix est presque sans raison revenu à Barack Obama qui, au moment de son élection au poste
de président des États-Unis, jouissait du soutien des libéraux de gauche. Son attribution relève donc
d’un volontarisme et une idéologie »,
Sources Natalia Kovalenko «Radio : La voix de la Russie »
Le prix Nobel de la paix 2014 attribué pour le combat contre l'oppression des enfants
© Photo: AP/Jessica Rinaldi//Josa Cruz/Agancia Senado
Par La Voix de la Russie | Le prix Nobel de la paix a été conjointement attribué vendredi à
l'adolescente pakistanaise Malala, plus jeune lauréate de l'Histoire, et à l'Indien Kailash
Satyarthi "pour leur combat contre l'oppression des enfants et des jeunes et pour le droit de
tous les enfants à l'éducation".
"Les enfants doivent aller à l'école et ne pas être financièrement exploités", a lancé le président du
comité Nobel norvégien, Thorbjoern Jagland, cité par l'AFP.
Bête noire des talibans incarnant le combat pour le droit des filles à l'éducation à travers le monde,
Malala Youzafsai, à 17 ans seulement, est de loin la lauréate la plus jeune en 114 ans d'histoire du
Nobel.
Depuis des années, elle milite pour le droit des filles à l'éducation, ce qui lui a valu d'être la cible d'une
tentative d'assassinat qui a failli lui coûter la vie il y a deux ans presque jour pour jour, le 9 octobre
2012.
Moins connu du grand public et nettement plus âgé, 60 ans, Kailash Satyarthi a dirigé des
manifestations contre l'exploitation des enfants, toutes non violentes dans "la tradition de Gandhi"
comme l'a souligné le comité Nobel.
Sources Natalia Kovalenko «Radio : La voix de la Russie »
Les deux lauréats 2014 ont été choisis par le comité parmi une liste 278 candidats
« pour leur combat contre l'oppression des enfants et des jeunes et pour le droit de tous les enfants à
l'éducation », a déclaré le président du comité Nobel norvégien, Thorbjoern Jagland. C'est la 29 e fois
que le prix Nobel de la paix est remis conjointement à deux personnes.
Le comité Nobel dit avoir accordé une importance particulière au fait d'avoir récompensé
simultanément un hindou et une musulmane, un Indien et une Pakistanaise. Le prix sera remis aux
deux lauréats à Oslo le 10 décembre 2014, date anniversaire de la mort d'Alfred Nobel.
Malala Yousafzaï est la « fierté du Pakistan », s'est félicité dans la foulée le premier ministre Nawaz
Sharif. Déjà consacrée en 2013 par le Prix Sakharov du Parlement européen, reçue par les grands
de ce monde – dont Barack Obama – Malala Yousafzaï doit sa renommée à un engagement sans
relâche en faveur de la scolarisation des enfants, au Pakistan même comme à travers le monde. Elle
s'était associée cet été à la campagne « Bring back our girls » pour obtenir la libération des jeunes
Nigérianes enlevées par la secte extrémiste Boka Haram.
Le porte-parole du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP) avait revendiqué la tentative d'assassinat en ces
termes : « C'est une fille à la mentalité occidentale qui passe son temps à nous dénoncer. Quiconque
critiquera les talibans subira le même sort. » Durant l'occupation de Swat par les talibans, elle avait
raconté – sous le pseudonyme Gul Makai – le quotidien des exactions des extrémistes, notamment
contre les écoles fréquentées par les filles. Elle survécut miraculeusement à la balle qu'elle reçut en
plein visage.
« NOS CAHIERS ET NOS CRAYONS SONT NOS ARMES »
L'une des prestations les plus marquantes de Malala Yousafzaï, celle qui l'imposa comme une icône
internationale, fut incontestablement son intervention, le 12 juillet 2013 à New York, devant
l'Assemblée de jeunes de l'ONU. Les talibans « pensaient qu'une balle pourrait nous réduire au
silence mais ils ont échoué », avait-elle alors lancé au fil d'un discours posé, ferme et éclairé.
« Prenons nos cahiers et nos crayons, avait-elle enchaîné. Ce sont nos armes les plus puissantes. »
Et elle avait eu cette formule empreinte d'un profond humanisme : « Je veux l'éducation pour les fils
et les filles des talibans et tous les extrémistes et les terroristes. » Avant de conclure : « Je n'ai même
pas de haine pour le taliban qui m'a tiré dessus. »
Elle eût droit à une ovation debout. Dans l'assistance, beaucoup pleuraient. Avait-elle clamé dans son
discours : « Je n'ai pas changé »
Pourtant, la manière dont le monde la percevait a probablement changé ce jour-là. Une autre Malala
Yousafzaï venait de naître. Une gamine éblouissante de ferveur à la consécration mondiale
désormais établie. La victoire de son combat ne sera pourtant totale que lorsqu'elle pourra retourner
sans risque dans son propre pays. Elle n'en a pas encore le luxe
KAILASH SATYARTHI, « DANS LA TRADITION DE GANDHI »
Agé de 60 ans, Kailash Satyarthi s'inscrit pour sa part « dans la tradition de Gandhi », selon les
termes du comité Nobel, qui rappelle que cet Indien a « dirigé diverses formes de contestation et de
manifestations, toutes pacifiques, contre la grave exploitation des enfants à des fins de profits
financiers ».
Sources : Frédéric Bobin - Le Monde du 10 octobre 2014 -
Sur les murs des centres de l'ONG ORPER (Oeuvre de Reclassement et de Protection des
enfants de la rue ) à Kinshasa, sont affiché ces images