Chapitre 3 Analyse économique des fusions La délimitation du

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Chapitre 3 Analyse économique des fusions La délimitation du
Chapitre 3 Analyse économique
des fusions
• Quelle place pour l’analyse économique
dans le contrôle des concentrations ?
• Plan de la séance
– 1) La délimitation du marché pertinent
• Méthodes qualitatives et quantitatives
– 2) Le bilan concurrentiel et économique
• Analyse théorique et empirique des motifs de fusion
– 3) Les procédures de screening
• Le rôle de l’Indice d ’Herfindahl Hirschman
La délimitation du marché
pertinent
• Important/incontournable dans l’abus de position
dominante
– démarche a posteriori
• et dans le contrôle des concentrations (+régulation
sectorielle)
– démarche prospective
• afin d’apprécier le pouvoir de marché des firmes
• et/ou de mesurer des dommages (en vue
d ’amendes)
1
Qu’est-ce qu’un marché pertinent?
• Communication Européenne 9/12/1997 :
« Un marché de produits en cause comprend tous les produits
et/ou services que le consommateur considère comme
interchangeables ou substituables en raison de leurs
caractéristiques, de leur prix et de l’usage auxquels ils sont
destinés. Le marché pertinent géographique comprend le
territoire sur lequel les entreprises concernées concourent à
l’offre et à la demande des produis ou services en cause, sur
lequel les conditions de concurrence sont suffisamment
homogènes et qui peut être distingué de zones géographiques
voisines parce que, en particulier, les conditions de concurrence
y diffèrent de manière appréciable ».
Qu’est-ce qu’un marché pertinent?
• Horizontal Merger Guidelines DOJ et FTC (1992)
« Un produit ou groupe de produits et une zone
géographique dans laquelle il est vendu, tels
qu’une entreprise cherchant à maximiser son
profit, dont les prix ne sont pas régulés et qui
serait le seul vendeur présent et futur de ce
produit
dans
cette
zone,
déciderait
vraisemblablement d’imposer une hausse des prix
faible, mais significative et non-transitoire, les
conditions de vente des autres produits étant
inchangées».
2
Critères et méthodes pour
délimiter le marché pertinent
• 1) Principalement substituabilité du côté de la
demande
• 2) Eventuellement, substituabilité du côté de l’offre
• 3) Mais pas la concurrence potentielle
– prise en compte possible des produits futurs (de
l’innovation)
• ex : marché des photocopieurs
• Des évaluations assez subjectives
– ex canalisation d’eau en fonte et plastique : un seul ou
deux marchés (des substituts) :
• non initialement, puis revirement des autorités françaises
Méthodes qualitatives
• Sur le marché des produits
–
–
–
–
Caractéristiques physiques/techniques/fonctionnelles
Usage/satisfaction des besoins
Circuits de distribution.
Prix des produits
• Sur le marché géographique
–
–
–
–
–
Flux d’échanges de produits
Barrières et réglementations
Prix et variation des prix des produits
Taux de marge
Coûts de transport (par rapport au prix des produits)
3
Méthodes quantitatives : intérêt
et limites
• Recours à des tests statistiques et économétriques :
corrélation de prix et variation de prix, élasticitéprix croisées, test de causalité et de co-intégration,
modèles logit de demande, analyse de données …
• Mais problème de disponibilité des données.
• Problèmes d’estimations
– une corrélation n’est pas une causalité
– endogénéité des variables utilisées
– non stationnarité des séries chronologiques
Exemple de méthodes quantitatives
• Test du monopoleur hypothétique (test SSNIP
Small but Significant and Non transitory Increase
in Price )
– une hausse hypothétique de prix de 10% (ou 5%)
pendant 1 an concourre-t-elle à maximiser le profit ? si
oui marché pertinent, sinon marché plus large
• Test des élasticités croisées :
A
B
C
A
10
0
B
10
4
C
0
4
-
Produits A et B : marché
pertinent
• Les élasticités-prix jouent un rôle critique
4
Interactions stratégiques
• Objectif des concurrents et des AC
– définir étroitement le marché pour un examen plus
critique
• Objectif des firmes en question
– définir le marché le plus large possible pour un examen
plus souple
• Exemple :
– marché du roquefort ou des bleus ?
– marché du cola ou des boissons non alcoolisés ?
– Marché de l’information sur la TV payant ou de
l’information sur la TV ?
Bilan concurrentiel/bilan
économique
• Quels motifs pour les fusions ?
– Motifs de pouvoir de marché
• réduire la concurrence afin d’accroître les prix
– Motifs d’efficacité économique
• économie d’échelle, synergie, innovation
• Contrôle des concentrations : évolution vers une règle de
raison
– bilan concurrentiel : la fusion a-t-elle des effets anticoncurrentiels ?
• Concentration, concurrence potentielle, barrière à l’entrée, puissance
d’achat des client, caractéristiques de la demande
– Si oui, bilan économique : la fusion est-elle favorable à l’efficacité
économique ?
• Gain d’efficience statique, dynamique, entreprise défaillante
5
L’analyse naïve de Williamson
(1968) : le paradoxe des fusions
P
P2
P1=CM1
CM2
C
A
B
Q
Q2
Q1
Des gains modestes en efficacité productive s’avèrent en général
suffisants pour contrebalancer les effets négatifs de la hausse des prix
L’analyse naïve de Williamson
La fusion a un effet global positif si




∆CM 1 
ε
( ∆P ) 2
>
CM 1
2  1 − ε ∆P  P1

P1 

Exemple numérique
Elasticité
2
1
0.5
Baisse de coût nécessaire pour
compenser une hausse de prix de 10 %
1,25 %
0.55%
0.26%
Hausse de prix acceptable en cas de
baisse de coût de 1%
9%
13%
19%
6
Raffinement de l’analyse de
Williamson
• Pré-existence d’un pouvoir de marché
P
P2
P1
CM1
CM2
C
A
D
B
Q2
Q
Q1
Raffinement de l’analyse de
Williamson
• La fusion a un effet positif si :
1 ∆P
+ L)
∆CM
∆P
2 P1
>ε
CM 1
P1 [(1 − L )(1 − ε ∆P )]
P1
(
• où L est l’indice de Lerner avant fusion.
L=
p1 − CM 1
p1
7
Raffinement de l’analyse de
Williamson
• Si les coûts de production diminuent pour
seulement une fraction α de l’industrie.
1 ∆P
(
+ L)
∆CM
∆P
2 P1
>ε
CM 1
P1 [α (1 − L)(1 − ε ∆ P )]
P1
• Si on privilégie l’intérêt des consommateurs, on attribue un
poids θ<1/2 aux profits des firmes.
1 ∆P 2
ε( )
∆CM
∆P 2 P1
> (1 − 2θ )
+
∆P
CM1
P1
[1 − ε
]
P1
Fusion et profitabilité
• Le paradoxe de Salant, Switzer et Reynolds (1983)
• Dans le cadre d’un modèle de Cournot avec
rendements constants et sans synergie, une fusion est
profitable si :
( n + 1) 2 > s( n − s + 2) 2
– avec s=firmes fusionnant et n= firmes sur le marché
• Condition très restrictive : au moins 80% des firmes
doivent fusionner
• Le motif de pouvoir de marché ne serait donc jamais
une condition suffisante : nécessité de synergie
8
•
Test empirique sur les motifs de
fusion
Références
– Eckbo B.E., Wier P. (1985) "Antimerger Policy under the Hart-Scott
Rodino Act: A Reexamination of the Market Power Hypothesis", Journal
of Law and Economics, April, Vol.28, N°1, 119-149.
§ Eckbo B.E., (1983) "Horizontal Mergers, Collusion and Stockholder
Wealth", Journal of Financial Economics, Vol. 11, pp.241-273
• H0 : si fusion à motif anticoncurrentiel, alors le cours
des actions des firmes concurrentes devrait augmenter.
• H1 : si fusion fondée sur des synergies, alors le cours
des actions des firmes concurrentes devrait diminuer.
–
Test d’Eckbo-Wier sur données rejette H0
– AC auraient tendance à contester ddes fusions que
les marchés financiers regardent comme "efficaces"
Le rôle de l’indice d’HerfindahlHirschman
• Définition
IHH = ∑ i =1 (si )
N
2
• Intérêt : mesure le pouvoir de marché des firmes
p − CM IHH
=
p
ε
• Un outil de screening simple et transparent
– utilisé par les AC américaines Mergers Guidelines :
• si IHH après fusion <1000, pas d’examen
• si IHH après fusion entre 1000 et 1800 et ∆IHH>100, examen
• si IHH après fusion >1800 et ∆IHH>50, examen
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