La minute psychologique—L`impact de la technologie sur la famille

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La minute psychologique—L`impact de la technologie sur la famille
minute psychologique, n° 44 - Édiition famille
L’impact de la technologie sur la famille
Vous rappelez-vous lorsque vous étiez enfant et même adolescent, comment vous occupiez votre
temps en famille? Prenez quelques instants pour vous rappeler ce que vous faisiez avec vos parents, vos
grands-parents, vos frères et sœurs, vos amis, etc. Et quand vous aviez besoin de parler à quelqu’un, que
faisiez-vous?
Nos façons d’entrer en relations et de communiquer
ont grandement changé, principalement en lien avec
la technologie qui affecte tout autant la dynamique
familiale. Que font les gens quand ils doivent attendre,
par exemple, dans une file d’attente ou l’autobus : ils
regardent s’ils ont des messages vocaux, courriels, textos,
Facebook, etc. Comment agissons-nous ensemble lors
des moments entre amis et en familles : le portable
ou cellulaire n’est jamais bien loin. Même les loisirs et
les moments de détente sont assaillis par toute cette
technologie qui nous colle à la peau et qui nous suit
partout, et ce, jusque dans nos moments les plus intimes.
Essayons de voir l’impact que cela peut engendrer sur
notre cerveau et sur nos relations.
Cette technologie possède sans contredit des aspects
forts pratiques et efficaces, toutefois, cela nous rend
disponibles et joignables en tout temps. Les frontières
entre les diverses sphères de notre vie en sont brouillées.
On peut prendre les messages du bureau les soirs, la
fin de semaine et même durant nos vacances, faisant
en sorte qu’il est plus ardu de réellement décrocher
et de maintenir l’équilibre. Par ailleurs, nous sommes
continuellement stimulés par les médias technologiques
augmentant ainsi le niveau de stress, d’adrénaline et
même d’agressivité. Cette surstimulation diminue,
par conséquent, le temps réel de repos pour notre
corps, mais surtout pour notre cerveau. Est-ce que
cela expliquerait la hausse du stress, de l’anxiété et des
problèmes de sommeil dans notre société actuelle?
Plusieurs parents veulent ardemment que leur enfant
bouge davantage et joue dehors plutôt qu’il reste rivé à
un écran. Cependant, il ne faut pas oublier que le parent
est le premier modèle pour l’enfant. Comment l’enfant
peut-il s’efforcer de bouger et de sortir prendre l’air si
son parent passe ses journées et ses soirées devant un
écran, même à l’heure des repas? De plus en plus, les
adultes intègrent l’importance de l’activité physique et
s’en font une routine, mais qu’en est-il de l’importance
des relations? Pourquoi ne pas se créer des habitudes?
Lorsqu’on communique, les mots sont captés par le
cerveau gauche qui utilise le rationnel et tout l’aspect
sémantique. Le cerveau droit, quant à lui, travaille tout
autant, mais à notre insu. Il décode l’émotion véhiculée
par le message, donc la gestuelle, l’expression faciale, le
ton de voix et le non verbal de l’interlocuteur seront captés
afin qu’il y ait ajustement de la réponse. Quand on reçoit
un message texte, courriel ou papier, nous n’avons accès
qu’aux mots, qui peuvent être interprétés de différentes
manières. Rien de plus efficace qu’une communication
de personne à personne. Imaginons l’enfant qui répond
à la question de son papa sur comment s’est passée sa
journée : « Bien ». Alors que son père le regarde et voit
ses yeux penchés vers le sol, son visage triste, son corps
sans énergie. Le parent voit que le corps de son enfant
exprime autre chose et il peut aller plus loin pour l’aider
à verbaliser ce qui se passe. La scène et surtout le résultat
seraient tout à fait différents si le parent était occupé à
prendre ses messages.
Lorsqu’on veut créer ou inventer quelque chose, ça prend
un espace pour le faire, un moment de contact avec soimême. Regardez un enfant jouer et inventer, il le fait
lorsqu’il a du temps libre et non lorsque son cerveau est
captivé par quelque chose. La capacité à imaginer et la
créativité sont des prédicteurs de bonne santé mentale.
D’ailleurs, la thérapie des enfants vise entre autres à
reprendre contact avec le jeu symbolique. Imaginons
la scène suivante : une maman s’occupe de son bébé
naissant, qu’elle apprend à connaître, à comprendre et
à décoder. Comment réussit-elle à faire cet exploit? En
l’observant, en étant présente à lui et en se fiant à ce
qu’elle ressent pour imaginer plusieurs solutions afin de
répondre à ses pleurs. Que se passerait-il si la maman
était occupée à regarder constamment son écran plutôt
que son bébé?
Tout n’est ni noir ni blanc. La solution à l’évolution
technologique se trouve dans le juste équilibre et la prise
de conscience de ce que nous faisons et transmettons
en tant que parents. C’est aussi ce que l’on doit viser
en famille, pour nos relations actuelles et futures, mais
également pour préserver l’équilibre psychologique. Il
est souhaitable de se faire une routine relationnelle tout
autant qu’une routine d’activité physique.
Comment? Privilégier des moments en famille où la
technologie n’est pas présente. Par exemple, lors des
repas, la télévision peut être éteinte et ni les enfants ni
les parents n’ont accès à leur écran. Lors d’un voyage où
il y aura plusieurs heures de route, on alterne un temps
de technologie (film, jeux vidéos…) et un temps ensemble
(jeux de devinettes, musique que chacun aime, dessin,
et tout ce qu’on peut créer et inventer quand on a du
temps). À l’approche de l’heure d’aller au lit, privilégions
un temps de lecture ou un moment pour parler et pour
faire le bilan de la journée. Et pourquoi ne pas se donner
un défi en famille : une journée sans technologie!
L’être humain, à tout âge, est un être de relation. C’est
à travers les relations avec les autres et le regard des
autres qu’il grandit, se connaît, forge son identité et sait
qu’il existe. Toute personne a besoin d’être reconnue,
de savoir qu’elle existe pour quelqu’un. Cela ne peut
pas se faire par l’intermédiaire de la technologie. Il
s’avère important d’offrir aux enfants cette précieuse
reconnaissance en leur accordant du temps de qualité.
Invitez-les à vivre pleinement ces temps d’échanges et
de profiter de la présence des gens qui leurs sont chers.
Pour contacter
votre programme d’aide
en tout temps:
1 888 687-9197
RÉFÉRENCES :
Brillon, M. 2009. Les émotions au cœur de la santé. Montréal :
Éditions de l’Homme.
Brillon, M. 2006. La pensée qui soigne. Montréal : Éditions de
l’Homme.
Parent, N., 2012. La communication interpersonnelle au travail.
Montréal : Quebecor.
Parent, N. 2013. L’anxiété, quelques conseils pour toi. Publications
educatout.com
Parent, N., 2007. La famille et les parents d’aujourd’hui. Montréal :
Quebecor.
Pigani, É., 2011. Petit cahier d’exercices pour ralentir quand tout
va trop vite. Suisse : Jouvence.
Roustang, F., 2006. Savoir attendre pour que la vie change. Paris :
Odile Jacob.
Saint-Arnaud, Y., 2002. La guérison par le plaisir. Canada : Novalis.
Tremblay, J-L., 2008. La performance par le plaisir. Canada :
Transcontinental.
http://www.historiatv.com/webtele?target=1.1316972
La minute psychologique est consacrée à des articles traitant de psychologie.
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