L`enveloppe identitaire familiale dans la représentation de soi de l

Projet pour une demande de contrat doctoral à l’école doctorale n°38 « Langages, espaces, temps, sociétés »
L'enveloppe identitaire familiale dans la représentation de soi de l'adolescent
obèse.
Directeur : Patrice CUYNET (Professeur, Psychologie)
Ce projet de recherche s'inscrit dans une étude plus générale débutée en 2010 et conduite à
l'Université de Franche-Comté en partenariat avec le centre spécialisé, MECSS « La Beline » Salins–
les–Bains, (UGECAM Bourgogne-Franche-Comté) intitulée « Obésité à l'adolescence et dynamique
familiale ». Le début de la recherche est soutenu par une subvention de la Fondation de France
(2010) et d’un B.Q.R. de l’Université de Franche-Comté (2010). La poursuite de la recherche se fera
avec le partenariat du REPOP-FC du CHU de Besançon (consultations post-hospitalisation).
Etat de la question
L’obésité est devenue une véritable pandémie, la France et l’ensemble de sa population n’ont
pas été épargnés par ce fléau. La difficulté à l’éradiquer réside dans le fait que c’est un phénomène
complexe qui englobe plusieurs facteurs. Cependant au niveau national et européen des réseaux de
chercheurs comme le GROS (groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids) et ECOG (Europeen
Childhood Obesity Group) s’organisent pour améliorer la prise en charge des patients obèses.
Plusieurs études psychologiques démontrent le manque d’autonomie chez ces patients qui serait due
à une première relation objectale perturbée. La théorie de B. Waysfeld (2003) reconnaît les excès
alimentaires et pondéraux comme un moyen de satisfaction des plaisirs oraux régressifs liés à la
nourriture. Puis N. Dumet (2006) soutient l’hypothèse que l’hyperphagie est un symptôme qui
s’exprime sous forme d’agir alimentaire ce qui rejoint la clinique addictive et pose le problème des
carences narcissiques et identitaires. Peu à peu les recherches mettent l’accent sur le contexte
familial dans sa dimension historique et sociale, mais aussi dans son fonctionnement cognitif et
affectif. C'est donc vers cette nouvelle approche que l'originalité de ce projet se situe : il s’agira de
prendre en considération l'étude des liens familiaux et la structure du groupe pour comprendre en
quoi ils peuvent avoir valeur de facteur prédisposant à l'obésité pathologique et à la rechute.
Hypothèse de travail
De nombreux jeunes pris en charge par une institution spécialisée (établissement la Beline,
Salins–les–Bains, UGECAM Bourgogne-Franche-Comté) et donc séparés de leur foyer, obtiennent
relativement de bons résultats à court ou moyen terme. Mais une fois retournés dans leur milieu
familial et social, les deux tiers ont rechuté dans un laps de temps variant de six mois à une année.
Comment comprendre ces rechutes, si l'on ne fait pas l'hypothèse de l'impact environnemental et
d'une influence négative des comportements du milieu familial. Le contexte environnemental serait
donc un facteur essentiel à étudier pour le maintien de la guérison, mieux évaluer les résistances au
changement que met en place le groupe familial devant « l'adolescent symptôme ».
Objectif :
Notre but sera d'évaluer la place « du manger et de la représentation corporelle » dans le discours
idéologique de chaque famille. Nous faisons l'hypothèse que les rechutes individuelles seraient en
grande partie la conséquence d'une impossibilité du groupe familial de modifier son fonctionnement
interne. D'où l'intérêt de connaître la structure des liens psychiques familiaux, afin d'aider chaque
famille dans son rôle « d’enveloppe cohésive et de soutien » pour l'adolescent ; sachant que ce
dernier est dans une double perturbation d'image corporelle par le processus d’amaigrissement
d’une part, et par la perte de repères identitaires liée à l’adolescence d’autre part.
Méthodologie
Population d’étude
50 adolescents de 14 ans à 18 ans suivis médicalement pour obésité développementale et/ou
réactionnelle sévère (à l'exclusion des éléments psychotiques ou du versant addictif de la boulimie-
Projet pour une demande de contrat doctoral à l’école doctorale n°38 « Langages, espaces, temps, sociétés »
anorexie) hospitalisés dans le centre de soins de la Beline (Salins les Bains), et un suivi de leur famille.
Le suivi post-cure du premier échantillon sera réservé aux adolescents avec leur famille qui ont
perdu 10 % de leur masse pondérale en fin de cure ; et qui ont repris 5 % après six mois de retour en
famille. Puis comparaison avec 2ème groupe qui n’a pas repris de poids avec leur famille (suivi en
ambulatoire par le service pédiatrique CHU, REPOP-FC,…)
Première année : 2011
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Sélection et intégration de l'échantillon (50 sujets hospitalisés) : anamnèse, entretiens
familiaux, bilans psychologiques
Présentation de la recherche et entretiens d’anamnèse avec les familles concernées
(Temps1) 2 premiers mois : (entretiens psychologiques, batterie de tests individuels :
Rorschach, TAT, test de l’arbre ; Tests familiaux : « arbre généalogique, dessin de la maison
imaginaire. »)
(Temps 2) fin de l'hospitalisation : bilan individuel des adolescents obèses avec les mêmes
tests et bilan familial sur le vécu de la séparation.
Deuxième année : 2012
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Entretiens et bilans psychologiques à plus 6 mois après la sortie de l'hospitalisation :
Adolescent et sa famille (consultations ambulatoires, déplacements à domicile ou
consultations dispensaire, REPOP-Franche-Comté)
Etude comparative des tests psychologiques pour les cas de rechute.
Analyse quantitative et qualitative des données et groupes de travail théorico-cliniques
Troisième année : 2013
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Publications dans des revues spécialisées nationales et internationales avec un comité de
lecture.
Favoriser et créer de nouveaux comportements thérapeutiques institutionnels et des suivis
en réseau spécifiquement pour l’aide familiale à la compréhension des résistances au
traitement.
Maintenir des contacts interrégionaux, interuniversitaires et internationaux sur la
problématique de l'obésité, et plus largement autour des comportements alimentaires
addictifs.
Références bibliographiques
Basdevant, A. (2003). Obésité. Paris : Platypus Press.
Cuynet, P., Mariage, A. (2010). Corps en famille. Paris : In Press.
Cuynet, P. (2010). Lecture psychanalytique du corps familial. Famille à Corps et à Cris. Le Divan
Familial, 25
De Groot J.M, Rodin G, Olmsted M.P. (1995). Alexithymia, depression and treatment outcome in
bulimia nervosa. Comprehensive Psychiatry; 36, 1: 53-60.
Dumet, N. (2006). J’engloutis, je vis, je suis. De l’hyperphagie à la subjectivation, Cahier de
psychologie clinique, De Boeck Université, n°26, pp. : 69-83.
Dumet, N. (2008). Agir de mort, agir de vie : quand la boulimie se fait rage, Corps, acte et
symbolisation, Bruxelles, De Boeck, pp.79-96.
Krystal, H. (1988). Integration and self-healding. Affect, trauma, alexithymia. Hillsade: NJ, Analytic
Press.
Mariage, A., Cuynet, P. (2007). Corporéité et Famille, Besançon : P.U.F.C.
Waysfeld, B. (2003). Le poids et le moi. Paris : Armand Colin