Introduction - F2SMH Toulouse
Transcription
Introduction - F2SMH Toulouse
L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 Analyse de l'activité des entraîneurs à l'entraînement et en compétition. Contribution de quatre perspectives de recherche Jacques Saury, Université de Nantes, UFR STAPS Carole Sève, Fédération Française de Tennis de Table Serge Leblanc, Ecole Nationale de Voile, Service Recherche et Développement Marc Durand, Université de Montpellier I, IUFM, Equipe ESTEREL Correspondance Jacques Saury, 7 Bis, Rue du Pont Neuf, 56 340 Plouharnel. Tel/Fax : 02 97 52 39 88. E-mail : [email protected] Remerciements Cet article est un prolongement des travaux conduits dans le cadre du réseau de recherche du Ministère de la Jeunesse et des Sports, et financés par le MJS au titre des projets du groupe "Connaissances et pratiques des entraîneurs experts" (1995-1998). Les auteurs remercient aussi Pierre Trudel, de l'Université d'Ottawa, pour sa relecture du manuscrit, et pour ses conseils et suggestions avisés. Résumé : La thématique repérable sous le vocable de coaching dans la littérature scientifique, regroupe des études portant sur une variété importante de dimensions, relatives aux entraîneurs, à leur intervention, et au contexte de cette intervention. L'ensemble de ces dimensions a été formalisé par Côté et al. (1995) dans le Coaching Model. La présente revue de question s'intéresse particulièrement aux recherches ayant pris comme objet empirique l'activité des entraîneurs dans les situations d'entraînement et de compétition (deux des composantes centrales du Coaching Model). Quatre perspectives de recherche ont été identifiées. Elles sont respectivement présentées dans les termes suivants : (a) efficacité comportementale des entraîneurs, (b) planification et décision des entraîneurs, (c) connaissances des entraîneurs experts, et (d) travail des entraîneurs. Chacune est systématiquement caractérisée à trois niveaux. D'abord, du point de vue de ses présupposés épistémologiques et de la construction de ses objets de recherche. Ensuite, du point de vue des procédures de recueil et d'analyse des données. Enfin, du point de vue de ses apports à la connaissance de l'activité des entraîneurs. En conclusion, la possibilité d'une synthèse et d'intégration des apports de ces différentes perspectives dans le cadre du projet d'une "théorie de l'entraînement" est discutée. Mots clés : Entraîneur, coaching, comportement, décision, connaissance, action située 1 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 Plan détaillé de l'article : 1 2 Introduction .................................................................................................................................. 3 Efficacité comportementale des entraîneurs .............................................................................. 4 2.1 Objets d'analyse.............................................................................................................. 4 2.1.1 2.1.2 2.1.3 Profils comportementaux des "entraîneurs à succès" ...................................................................... 4 Effets des comportements des entraîneurs sur l'activité athlètes ..................................................... 5 Adaptation comportementale des entraîneurs ................................................................................. 5 2.2 Méthodes ........................................................................................................................ 5 2.2.1 2.2.2 Instruments d'observation................................................................................................................ 5 Instruments d'analyse des effets sur l'activité des athlètes .............................................................. 6 2.3 Apports des recherches sur l'efficacité comportementale des entraîneurs ..................... 7 2.3.1 2.3.2 2.3.3 3 Comportements des "entraîneurs à succès" ..................................................................................... 7 Variabilité des profils comportementaux ........................................................................................ 7 Effets des comportements des entraîneurs sur l'activité des athlètes............................................... 7 Planification et décision des entraîneurs .................................................................................... 8 3.1 Objets d'analyse.............................................................................................................. 9 3.1.1 3.1.2 Planification et décision .................................................................................................................. 9 Eléments d'information pris en compte dans la décision................................................................. 9 3.2 Méthodes ...................................................................................................................... 10 3.2.1 3.2.2 Recueil des verbalisations des entraîneurs .................................................................................... 10 Analyse qualitative de protocoles verbaux.................................................................................... 10 3.3 Apports des recherches sur l'activité de planification et de décision des entraîneurs .. 11 3.3.1 3.3.2 4 Activité des entraîneurs expérimentés et inexpérimentés.............................................................. 11 Diversité et complexité des éléments d'information pris en compte ............................................. 11 Connaissances des entraîneurs experts..................................................................................... 12 4.1 Objets d'analyse............................................................................................................ 13 4.1.1 4.1.2 Structure des connaissances des entraîneurs ................................................................................. 13 Connaissances relatives aux stratégies d'intervention ................................................................... 13 4.2 Méthodes ...................................................................................................................... 14 4.2.1 4.2.2 Entretiens "en profondeur"............................................................................................................ 14 L'analyse inductive des protocoles verbaux .................................................................................. 14 4.3 Apports des recherches sur les connaissances des entraîneurs experts ........................ 15 4.3.1 4.3.2 5 Organisation composite, complexe et dynamique des connaissances ........................................... 15 Importance de l'activité interprétative des entraîneurs .................................................................. 16 Le travail des entraîneurs : perspective ergonomique ............................................................ 17 5.1 Objets d'analyse............................................................................................................ 17 5.1.1 5.1.2 5.1.3 "Cours d'action" des entraîneurs.................................................................................................... 17 Connaissances mobilisées dans l'action ........................................................................................ 18 Activité collective entraîneur-athlète ............................................................................................ 18 5.2 Méthodes ...................................................................................................................... 18 5.2.1 5.2.2 5.2.3 Dispositifs d'observation directe des situations ............................................................................. 18 Dispositifs de verbalisation rétrospective...................................................................................... 19 Procédures d'analyse orientées par un modèle générique de l'activité .......................................... 19 5.3 Apports des recherches sur le travail des entraîneurs .................................................. 20 5.3.1 5.3.2 5.3.3 6 7 Structures archétypes de l'action des entraîneurs .......................................................................... 20 Connaissance et signification ........................................................................................................ 21 L'entraînement comme travail collectif ......................................................................................... 21 Conclusion : quelles possibilités de synthèse ? ......................................................................... 22 Références.................................................................................................................................... 23 2 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 1 Introduction L'intervention des entraîneurs sportifs a fait l'objet d'un nombre croissant de publications scientifiques, depuis le milieu des années 70. Ce phénomène signale le développement progressif d'une thématique de recherche originale, désormais repérable au sein des sciences du sport sous le vocable générique de coaching (Côté, 1998 ; Woodman, 1993). Dès son origine, ce développement fut indissociable d'enjeux scientifiques, pratiques et professionnels. D'un point de vue scientifique, il était attendu de ces recherches qu'elles contribuent à l'essor d'une "science de l'entraînement" (coaching science), capable d'expliquer l'efficacité de l'intervention des entraîneurs (Lacy et Darst, 1985 ; Segrave et Ciancio, 1990 ; Trudel et Gilbert, 1995). D'un point de vue pratique, il s'agissait de déduire de ces recherches des prescriptions susceptibles de guider l'intervention des entraîneurs (Douge et Hastie, 1993 ; Tinning, 1982). D'un point de vue professionnel, ces recherches devaient orienter la conception des dispositifs et des contenus de formation (Campbell, 1993), et contribuer au processus de professionnalisation des entraîneurs (Woodman, 1993). La recension de ces recherches révèle une grande diversité théorique et méthodologique : la thématique du coaching apparaît comme une juxtaposition de perspectives hétérogènes davantage que comme un programme de recherche unifié. Les revues de littérature qui lui ont été consacrées rendent compte de cette diversité, tout en l'abordant de deux façons. Dans le premier cas, les auteurs se sont intéressés à une seule perspective, délimitée en référence à un objet d'analyse repérable en psychologie du sport : le leadership (Chelladurai, 1984 ; Smoll et Smith, 1984), les comportements instructifs (Jones, 1997 ; Trudel et Côté, 1994 ; Trudel et Gilbert, 1995), les processus motivationnels (Petlichkoff, 1993), ou l'expertise (d'Arripe-Longueville, 1998). Dans le second cas, les auteurs ont tenté d'englober l'ensemble des perspectives, et de rassembler leurs apports de façon synthétique (Côté, 1998 ; Douge et Hastie,1993). Le Coaching Model (CM) fut conçu par Côté et coll. (1995c) comme cadre conceptuel intégrateur des différentes perspectives. Le CM est un modèle descriptif global des phénomènes empiriques du coaching, et de leurs interrelations. Il est constitué de deux sortes de composantes. Les composantes centrales (entraînement, compétition, organisation) forment le coaching process ; elles caractérisent le travail de l'entraîneur proprement dit. Les composantes périphériques (caractéristiques des entraîneurs, caractéristiques des athlètes, et facteurs de contexte) regroupent les variables externes pouvant avoir des effets sur le coaching process. Les relations entre ces composantes concourent à l'atteinte du but du coaching process : le développement des athlètes (Côté et coll., 1995c). La présente revue de question s'organise en référence au CM : elle s'intéresse aux recherches relatives aux situations d'entraînement et de compétition, les deux principales composantes du coaching process. Elle concerne cependant plus particulièrement les recherches centrées sur l'activité des entraîneurs dans ces situations, au sens général que cette notion possède en psychologie du travail et en ergonomie cognitive (Leplat et Hoc, 1983) : il s'agit de tout ce que les entraîneurs mettent en œuvre (d'un point de vue comportemental et cognitif) afin de répondre aux exigences des tâches qu'ils accomplissent lorsqu'ils sont engagés dans des situations d'entraînement et de compétition. Ce choix nous paraît pertinent à deux titres : les recherches sur l'activité des entraîneurs fournissent un corpus assez consistant pour faire l'objet d'une synthèse systématique, et les connaissances relatives à cet objet sont particulièrement susceptibles d'orienter la conception d'aides à l'entraînement. Il nous a conduit à écarter de l'analyse quatre catégories de publications : (a) les recherches centrées sur des composantes "périphériques" du CM (e.g., styles de leadership, croyances, variables de contexte) ; (b) les recherches 3 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 utilisant des méthodes indirectes d'analyse de l'activité (questionnaires, protocoles expérimentaux) ; (c) les recherches centrées sur les situations de formation des entraîneurs ; (d) les recherches centrées sur le développement des compétences des entraîneurs. Cette revue de question s'appuie de façon prioritaire sur le corpus des articles publiés dans les revues scientifiques. D'autres sources (communications scientifiques, thèses) ont exceptionnellement été prises en compte, lorsqu'elles étaient représentatives de l'émergence d'une perspective encore peu diffusée sous forme d'articles. Quatre perspectives de recherche sont présentées dans ce texte sous les dénominations suivantes : (a) efficacité comportementale des entraîneurs, (b) planification et décision des entraîneurs, (c) connaissances des entraîneurs experts, et (d) travail des entraîneurs. L'équilibre de la présentation ne rend pas compte de leur importance quantitative respective dans le corpus étudié. Des critères qualitatifs ont été privilégiés : chaque perspective fut appréhendée du point de vue de ses options théoriques et méthodologiques, et du caractère original de sa contribution à la connaissance de l'activité des entraîneurs. Chaque section présente systématiquement, pour chacune d'elles, ses présupposés théoriques et objets d'analyse, ses méthodes, et ses apports à la connaissance de l'activité des entraîneurs. 2 Efficacité comportementale des entraîneurs De nombreux auteurs ont plaidé pour le développement de recherches visant l'observation systématique des comportements des entraîneurs, afin d’établir la base de données empiriques d'une "science de l’entraînement" (Claxton, 1988 ; Douge et Hastie, 1993 ; Lacy et Darst, 1985 ; Lacy et Golston, 1990 ; Segrave et Ciancio, 1990 ; Trudel et Gilbert, 1995). Ces recherches étaient guidées par des présupposés behavioristes analogues à ceux des recherches "processus-produit" en analyse de l'enseignement (Brophy et Good, 1986 ; Dunkin et Biddle, 1974)1. 2.1 Objets d'analyse 2.1.1 Profils comportementaux des "entraîneurs à succès" L’étude pionnière de Tharp et Gallimore (1976) a initié cette ligne de recherches, qui a connu de multiples prolongements (Bloom et coll., 1999 ; Claxton, 1988 ; Claxton et Lacy, 1986 ; Lacy et Darst, 1985 ; Lacy et Goldston, 1990 ; Model, 1983 ; Rodrigues et Ferreira, 1996 ; Segrave et Ciancio, 1990 ; Vangucci et coll., 1997). Il s'agissait de caractériser les "profils comportementaux" (behavior patterns) des entraîneurs, en relation avec leur niveau de succès. Un profil comportemental est une configuration statistique d'occurrences de comportements discrets, ressortissant de catégories prédéfinies (e.g., "donner un feed-back"). Le niveau de succès des entraîneurs fut déterminé sur la base des performances de leurs athlètes au cours de périodes prolongées. Elles ont permis de distinguer deux populations de façon contrastée : les "entraîneurs à succès" (More Successful Coaches), et les "entraîneurs de moindre succès" (Less Successful Coaches). Les critères de sélection des entraîneurs de chaque catégorie étaient variables. Le plus fréquemment utilisé en sports 1 Nous avons choisi la dénomination "Efficacité comportementale", car cette perspective repose sur deux postulats implicites généraux : les succès des athlètes sont dus (en partie) à l'efficacité de leurs entraîneurs ; cette efficacité s'explique par leurs comportements. C'est de ce point de vue que l'on peut rapprocher cette perspective de l'approche de l'efficacité des enseignants dans le paradigme "processus-produit" (Dunkin et Biddle, 1974). Cependant, l'efficacité des entraîneurs est inférée indirectement, sur la base des performances des athlètes ; elle n'est pas étudiée directement, comme dans les études en enseignement qui établissent des corrélations entre les comportements des enseignants et les performances scolaires des élèves. 4 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 collectifs fut le rapport entre victoires et défaites au cours de plusieurs années (win/loss record) (e.g., Bloom et coll., 1999 ; Claxton, 1988 ; Lacy et Darst, 1985 ; Model, 1983). Les profils comportementaux des "entraîneurs à succès" furent caractérisés, soit isolément (Bloom et coll., 1999 ; Claxton et Lacy, 1986 ; Lacy et Darst, 1985 ; Rodrigues et Ferreira, 1996 ; Segrave et Ciancio, 1990 ; Tharp et Gallimore, 1976), soit en comparaison de ceux "d’entraîneurs de moindre succès" (Claxton, 1988 ; Model, 1983). 2.1.2 Effets des comportements des entraîneurs sur l'activité athlètes Des auteurs ont tenté d'appréhender les effets des comportements des entraîneurs sur des variables de l'activité des athlètes supposées favoriser l'apprentissage. Il s'agissait d'étudier l'activité des entraîneurs du point de vue des "conditions offertes" aux athlètes (Trudel et Côté, 1994). Ces auteurs ont établi des relations entre les comportements des entraîneurs, et les réactions des athlètes, telles que leur temps d'engagement dans les tâches (Darst et coll., 1981 ; Lacy et Martin, 1994 ; Trudel et Brunelle, 1985 ; Van der Mars et coll., 1991), leur sentiment de compétence, leur estime de soi et leur degré de satisfaction (Horn, 1985 ; Rejeski et coll., 1979 ; Sinclair et Vealey, 1989 ; Smith et Smoll, 1990 ; Smith et coll., 1978, 1979, 1983), et leurs comportements sociaux (Dubois, 1981 ; Fisher et coll., 1982 ; Liukkonen et coll., 1996). Cette approche fut privilégiée pour caractériser l'efficacité d'entraîneurs n'étant pas nécessairement des "entraîneurs à succès", mais des entraîneurs plus ou moins expérimentés, intervenant auprès de jeunes sportifs ou d'équipes scolaires et universitaires. 2.1.3 Adaptation comportementale des entraîneurs Des auteurs se sont particulièrement intéressés à l'adaptation comportementale des entraîneurs à des variables du contexte de leur intervention. Les études ont été centrées sur les effets de cinq sortes de variables : (a) la nature du sport pratiqué (Claxton et Lacy, 1986), (b) les caractéristiques personnelles des athlètes (Chaumenton et Duda, 1988), (c) le type de situation : entraînement ou compétition (Chaumenton et Duda, 1988), (d) le contexte scolaire ou sportif (Rupert et Buschner, 1989), (e) les circonstances locales des situations (Trudel, 1997). 2.2 Méthodes Deux sortes de dispositifs ont été utilisées : des instruments d'observation des comportements des entraîneurs, et des instruments d'analyse des effets de ces comportements sur l'activité des athlètes. 2.2.1 Instruments d'observation Les méthodes systématiques d'observation des comportements caractérisent fondamentalement cette perspective de recherche (Côté, 1998 ; Douge et Hastie, 1993 ; Trudel et Gilbert, 1995). Les premiers instruments d'observation furent inspirés de ceux développés en analyse de l’enseignement (e.g., Flanders, 1970). Par la suite, des instruments spécifiques ont été conçus pour une utilisation en contexte sportif. Darst et coll. (1989) en ont décrit une trentaine, qui, en dépit de leur nombre, présentent de grandes similitudes. Ils furent élaborés de façon à permettre aux chercheurs de reporter rapidement chaque occurrence comportementale observée dans des catégories préétablies. Ce report pouvait s'effectuer de deux manières. La première consistait en un "codage par événements" (e.g., Lacy et Darst, 1985) : chaque unité de comportement était codée comme unité discrète, quelle que soit sa durée. La deuxième consistait en un "codage par intervalles" (e.g., Rushall, 1977) : un intervalle de temps arbitraire (généralement de 5") déterminait la durée de chaque unité 5 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 comportementale. Des auteurs ont adopté conjointement les deux modalités (e.g., Claxton, 1988). Certains instruments furent spécifiquement conçus pour les sessions d'entraînement (e.g., Langsdorf, 1989), et d'autres pour les compétitions (e.g., Lombardo, 1989). Par ailleurs certains d'entre eux furent élaborés de façon à permettre l'analyse sélective de certains types de comportements. Ce fut notamment le cas pour l'analyse des feed-back (Sinclair, 1989) et pour l'analyse du contenu des comportements instructifs (instructional content) (Gilbert et coll., 1998). L'enregistrement vidéo a permis d'accroître la fiabilité du rapport d'observation, en autorisant un codage différé, et en facilitant son contrôle par un second chercheur (Gilbert et coll., 1998 ; Lacy et Martin, 1994 ; Rodrigues et Ferreira, 1996 ; Trudel, 1997 ; Trudel et coll., 1996a). Trois instruments d'observation ont été plus fréquemment utilisés par les chercheurs, dans leur version originale ou dans une version modifiée : (a) l'"Arizona State University Observation Instrument" (ASUOI) (Claxton, 1988 ; Claxton et Lacy, 1986 ; Lacy et Darst, 1984, 1989 ; Lacy et Goldston, 1990 ; Lacy et Martin, 1994 ; Rupert et Buschner, 1989 ; Vangucci et coll., 1997) ; (b) le"Coaching Behavior Recording Form" (CBRF) (Bloom et coll., 1999 ; Lacy et Darst, 1985 ; Langsdorf, 1989 ; Model, 1983 ; Segrave et Ciancio, 1990) ; et (c) le "Coaching Beahavior Assessment System" (CBAS) (Chaumenton et Duda, 1988 ; Horn, 1985 ; Millard, 1996 ; Rejeski et coll., 1979 ; Smith et Smoll, 1990 ; Smith et coll., 1977, 1978, 1979, 1983). L'ASUOI et le CBRF furent essentiellement utilisés pour l'analyse des profils comportementaux des "entraîneurs à succès". Le CBAS fut préférentiellement utilisé dans l'analyse des effets des comportements des entraîneurs sur l'activité des athlètes, dans différents contextes. Dans la plupart des cas, la procédure d'observation a fait l'objet d'une validation, grâce au calcul du taux d'accord entre les codages effectués séparément par deux observateurs. Le taux d'accord considéré comme acceptable variait entre 80% (Claxton, 1988) et 85% (Bloom et coll., 1999 ; Lacy et Darst, 1985 ; Siedentop, 1976). Dans chaque recherche, les données d'observation ont fait l'objet d'une analyse statistique, conduisant à mettre en évidence les profils comportementaux des entraîneurs, prenant en compte, soit la proportion relative de chacune des catégories, en pourcentage du nombre total des occurrences codées, soit la proportion relative de chacune de ces catégories, en pourcentage du temps total d'intervention de l'entraîneur, soit les deux. L'informatisation de l’analyse a progressivement accompagné le développement des instruments d’observation, facilitant le traitement quantitatif des données (Franks et coll., 1988 ; Johnson et Franks, 1991 ; McKenzie et Carlson, 1984). 2.2.2 Instruments d'analyse des effets sur l'activité des athlètes Les auteurs qui ont étudié les effets des comportements des entraîneurs sur les réactions des athlètes ont utilisé des méthodes visant à appréhender le temps d'engagement des athlètes dans les tâches d'entraînement, et les évaluations subjectives associées à leur pratique et aux interventions de l'entraîneur. Le temps d'engagement des athlètes fut mesuré grâce à des instruments tels que l'"Academic Learning Time for Physical Education" (ALT-PE) (e.g., Trudel et Brunelle, 1985). Les évaluations subjectives des athlètes ont été recueillies grâce à l'utilisation de questionnaires et d'entretiens. Par exemple, Horn (1985) a conjointement utilisé trois instruments : The Perceived Competence Scale for Children (Harter, 1982) ; The Multidimensional Measure of Children Perception of Control (Connell, 1980), et The Generalized Expectancy of Sport Success Scale (Coulson et Cobb, 1979). Ces instruments visaient à évaluer les variations du sentiment de compétence, du sentiment de contrôle, et de la confiance dans leurs chances de progrès, éprouvées par les athlètes, en réaction aux comportements des entraîneurs. 6 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 2.3 Apports des recherches sur l'efficacité comportementale des entraîneurs Les apports de cette perspective de recherche sont synthétisés dans trois thèmes : (a) les comportements des "entraîneurs à succès", (b) la variabilité des profils comportementaux, (c) les effets des comportements sur l'activité des athlètes. 2.3.1 Comportements des "entraîneurs à succès" Les études fournissent des résultats partiellement convergents concernant les comportements des "entraîneurs à succès" (Bloom et coll., 1999 ; Douge et Hastie, 1993 ; Lacy et Darst, 1985 ; Lacy et Goldston, 1990 ; Smith et coll., 1983 ; Tharp et Gallimore, 1976). Cinq traits généraux forment le profil comportemental typique de "l'entraîneur à succès". (a) Celui-ci manifeste de façon dominante des "comportements instructifs" : il consacre la majeure partie de ses interventions à des consignes préalables à l'action, des corrections au cours de l'action et des feed-back. (b) Il fournit de nombreux feed-back aux athlètes : il informe ses athlètes sur leurs prestations individuelles de façon pertinente et intensive. (c) Il montre une propension à encourager et stimuler les athlètes : ses interventions manifestent un rapport louanges / réprimandes (praise to scold ratio) élevé. (d) Il se montre à l'écoute des athlètes : il leur adresse fréquemment des questions et des demandes de clarifications. (e) Il fait preuve d'une gestion efficace des conditions d'organisation matérielle des sessions d'entraînement. 2.3.2 Variabilité des profils comportementaux Bien que des recherches aient fait apparaître des régularités comportementales chez les "entraîneurs à succès", les résultats d'ensemble sont contrastés et parfois contradictoires. Ils révèlent une grande variabilité des profils comportementaux (Bloom et coll., 1999 ; Lacy et Martin, 1994 ; Model, 1983). Par exemple, Claxton (1988) a obtenu des résultats inverses de ceux d'études précédentes (e.g., Lacy et Darst, 1985), dans une comparaison entre des comportements "d'entraîneurs à succès" et ceux "d'entraîneurs de moindre succès" en tennis. Il a aussi montré que des profils comportementaux "d'entraîneurs à succès" dans un sport pouvaient présenter des similitudes avec ceux "d'entraîneurs de moindre succès" dans un autre sport (Claxton, 1988). Par ailleurs, une variabilité interindividuelle et intra-individuelle est apparue dans les comportements d'entraîneurs participant à une même étude (Chaumenton et Duda, 1988 ; Gaumond et coll., 1998 ; Horn, 1985 ; Laroque et coll., 1998 ; Rodrigues et Ferreira, 1996 ; Trudel, 1997 ; Trudel et coll., 1996a). La variabilité des profils comportementaux fut imputée à quatre sortes de variables : (a) la spécificité des sports (Claxton, 1988) ; (b) les caractéristiques des athlètes telles que le le niveau sportif (Chaumenton et Duda, 1988), l'âge et les antécédents des athlètes (Segrave et Ciancio, 1990) ; (c) les caractéristiques générales des situations, telles que leur position dans la saison (Lacy et Darst, 1985), ou le fait qu'il s'agisse d'une session d'entraînement ou d'une compétition (Chaumenton et Duda, 1988) ; (d) les circonstances locales de l'activité des entraîneurs, telles que les interactions avec les athlètes (Horn, 1985), ou le temps de jeu et l'écart au score au cours d'un match (Trudel, 1997). 2.3.3 Effets des comportements des entraîneurs sur l'activité des athlètes Les recherches centrées sur l'évaluation du temps d'engagement des athlètes ont montré qu'un pourcentage élevé de comportements des entraîneurs visant à expliquer et structurer les tâches d'apprentissage, s'accompagnait d'un faible degré de participation des athlètes (rapport temps d'engagement moteur / temps d'attente). Inversement, la participation des athlètes était plus importante lorsque les entraîneurs passaient davantage de temps à observer leurs prestations et à leur fournir des feed-backs (Trudel et Côté, 1994). 7 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 Les recherches centrées sur les variables motivationnelles de l'activité des athlètes ont accrédité l'idée que les comportements des entraîneurs avaient une influence déterminante sur la compétence perçue, l'estime de soi, et la satisfaction des athlètes, notamment chez les jeunes sportifs (Petlichkoff, 1993). Smith et coll. (1979) ont montré que les perceptions de leurs entraîneurs par les athlètes, ainsi que leurs attitudes envers eux, étaient étroitement liées aux comportements des entraîneurs. Ceux qui fournissaient un grand nombre d'instructions techniques étaient évalués plus positivement par les athlètes que ceux dont l'intervention consistait essentiellement en des encouragements et communications d'ordre général. Les athlètes bénéficiant des interventions de ces entraîneurs, manifestaient une tendance à renforcer leur estime de soi, à apprécier leur entraîneur et le climat relationnel dans l'équipe, et à tirer satisfaction de leur investissement sportif. Les effets des comportements des entraîneurs sur l'estime de soi et sur la compétence perçue des athlètes ont été plus particulièrement décrits par Horn (1985) et par Smith et Smoll (1990). Horn (1985) a montré que les feed-back de renforcement positif (positive reinforcement) et les comportements de non-renforcement (nonreinforcement) (i.e., absence de rétroaction à l'issue d'une performance réussie), avaient des effets contrastés sur la compétence perçue des athlètes. Ces effets ne dépendaient pas seulement de la nature du feedback, mais étaient également liés à l'évaluation de leur propre performance par les athlètes. Ces feed-back influençaient positivement la compétence perçue d'un athlète seulement s'ils étaient appropriés au regard du niveau de succès atteint par l'athlète dans la réalisation de sa performance. Par ailleurs, les comportements des entraîneurs avaient des effets variés sur la compétence perçue des athlètes en fonction des situations : ces comportements avaient un impact plus important lors des entraînements que lors des matchs. Des auteurs soulignent cependant l'importance de relativiser ces résultats, afin d'éviter des généralisations abusives (Lacy et Martin, 1994), ou de considérer les relations entre les comportements des entraîneurs et les variables motivationnelles comme des relations de causalité simples (Horn, 1985). Les recherches conduites dans cette perspective ont eu des répercussions manifestes dans les formations d'entraîneurs : les traits comportementaux typiques des "entraîneurs à succès" ont influencé la conception de prescriptions devant guider l'intervention (e.g., Piéron, 1992 ; Smith et coll., 1979 ; Tinning, 1982). En revanche, elles n'ont pas abouti, à ce jour, à l’avènement d’une "science de l’entraînement" (Lacy et Darst, 1985 ; Lacy et Goldston, 1990 ; Segrave et Ciancio, 1990). L'idée d'une relation simple entre les comportements et l'efficacité des entraîneurs est apparue trop réductrice, stimulant deux évolutions. La première a consisté à prendre en compte les "variables de contexte" des situations, et à les mettre en relation avec les comportements observés (Trudel, 1997). Il s'agissait d'analyser le caractère "approprié" (Claxton, 1988) de ces comportements, en fonction des problèmes auxquels ils "répondaient" (Rupert et Buschner, 1989). La seconde a consisté à prendre en compte les buts, préoccupations, jugements ou raisonnements des entraîneurs. Certains auteurs ont ainsi associé des procédures d'entretien aux dispositifs d'observation (Bloom et coll., 1999 ; Rodrigues et Ferreira, 1996 ; Trudel, 1997 ; Trudel et Gilbert, 1995). Ces évolutions ont, en partie, contribué au développement des lignes de recherche présentées dans les sections suivantes. 3 Planification et décision des entraîneurs Les recherches conduites dans cette perspective visaient à rendre compte des processus de planification, de prise de décision ou de diagnostic, sous-jacents aux comportements des entraîneurs (Ahlgren et coll., 1998 ; Demers et Tousignant, 1998 ; Gilbert et coll., 1999 ; Jones et coll., 1995, 1997 ; Tanguay et Tousignant, 1998a, 1998b ; Trudel et coll., 1996b). Elles furent stimulées par le développement, en psychologie cognitive, de 8 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 concepts et de méthodes pour l'analyse et la modélisation des processus de traitement de l’information (Miller et coll., 1960 ; Newell et Simon, 1972). Elles se sont également inspiré du "paradigme de la pensée des enseignants" (teacher’s thinking), qui a connu un essor important dans les recherches en enseignement (Calderhead, 1987 ; Clark et Peterson, 1986 ; Durand, 1996 ; Riff et Durand, 1993 ; Shavelson et Stern, 1981 ; Tochon, 1992, 1993). 3.1 Objets d'analyse 3.1.1 Planification et décision La plupart des recherches se sont appuyées sur la distinction opérée par Jackson (1968) entre "planification" et "interaction", dans les recherches en enseignement. La planification désigne l'activité d'anticipation des enseignants, préparant leur cours en l'absence des élèves, et l'interaction, l'activité "d'implémentation" et d'adaptation des plans, en présence des élèves, et en fonction de l'évolution des situations (Demers et Tousignant, 1998 ; Durand, 1996 ; Jackson, 1968 ; Riff et Durand, 1993). Dans une partie des études, les auteurs ont comparé la planification d'entraîneurs expérimentés et inexpérimentés, selon une approche inspirée des études conduites par Griffey et Housner (1991) et Housner et Griffey (1985) en éducation physique. Ahlgren et coll. (1998) et Jones et coll. (1995) ont comparé l'activité d'entraîneurs expérimentés et inexpérimentés de basket-ball, lors de la préparation d'une session d'entraînement dont l'objectif était imposé (enseigner le "passe-et-va" à un groupe de basketteurs novices). Une autre partie des études fut centrée sur les décisions interactives. Ahlgren et coll. (1998) et Jones et coll (1997) ont, à la suite de leur étude sur la planification d'entraîneurs de basket-ball, comparé les décisions interactives de ces mêmes entraîneurs. Cette étude visait à analyser la façon dont ils mettaient en œuvre ou adaptaient leurs plans. La modification interactive des plans par des entraîneurs de basket-ball, fut aussi l'objet de l'étude de Demers et Tousignant (1998). L'objet d'analyse de ces études fut construit en référence à des modèles de la prise de décision des enseignants. Jones et coll. (1997) ont utilisé le modèle de Sherman (1983), et Demers et Tousignant (1998) celui de Peterson et Clark (1978). Ces deux modèles sont basés sur une conception algorithmique de la décision. Par exemple, selon le modèle de Sherman (1983), lorsqu'un événement nouveau est observé par l'enseignant dans la phase interactive, celui-ci décide de la conduite à tenir, en fonction de trois éléments : (a) le caractère "tolérable" (ou non) de cet événement par rapport à un seuil de tolérance, (b) la nécessité (ou non) de mettre en œuvre une nouvelle routine d'enseignement, et (c) la disponibilité (ou non) d'une telle routine (Jones et coll., 1997). Ce modèle établit ainsi a priori cinq "chemins décisionnels" (decision path), au sein d'une structure à choix binaires. L'analyse de l'activité décisionnelle des entraîneurs consista à caractériser les "chemins décisionnels" empruntés (Jones et coll., 1997). 3.1.2 Eléments d'information pris en compte dans la décision Certains auteurs se sont plus particulièrement intéressés à la nature des éléments d'information (nommés "facteurs" dans certaines études) considérés par les entraîneurs (Gilbert et coll., 1999 ; Tanguay et Tousignant, 1998a, 1998b ; Trudel et coll., 1996). Les études de Gilbert et coll. (1999) et de Trudel et coll. (1996b) visaient à identifier les "facteurs" pris en compte par des entraîneurs de hockey sur glace pour prendre leurs décisions au cours de matchs. La catégorisation de ces facteurs n'était pas prédéfinie ; elle devait émerger d'une analyse inductive, s'attachant à répertorier et classer l'ensemble des éléments évoqués par les entraîneurs comme ayant conditionné leurs décisions. 9 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 Tanguay et Tousignant (1998a, 1998b) ont analysé l'activité de deux entraîneurs de sports collectifs (basket-ball et volley-ball), au cours de dix sessions d'entraînement dans leurs sports respectifs. Leur étude comportait deux volets, l'un centré sur l'activité de diagnostic des habiletés sportives des joueurs (motor skill diagnostic) (Tanguay et Tousignant, 1998a), l'autre sur la nature des éléments d'information sur lesquels les entraîneurs étaient focalisés lorsqu'ils observaient les joueurs (Tanguay et Tousignant, 1998b). Cette étude visait à caractériser l'activité de diagnostic des entraîneurs, en référence à un modèle préétabli (The motor skill diagnostic process model) selon lequel cette activité mobilisait trois processus : l'acquisition d'indices, l'interprétation des indices, et la décision diagnostique. 3.2 Méthodes Cette perspective fut marquée par l'introduction de méthodes de recueil des verbalisations des entraîneurs, et d'analyse qualitative des protocoles verbaux. 3.2.1 Recueil des verbalisations des entraîneurs Le recueil des données privilégia des procédures visant à provoquer la verbalisation des entraîneurs, en les faisant commenter ou expliciter leur activité, soit simultanément au déroulement de celle-ci, soit a posteriori. L'introduction de ces procédures fut stimulée par les méthodes mises en jeu dans les recherches sur la "pensée des enseignants" (Calderhead, 1987). Elle fut aussi contemporaine de publications importantes sur la validité et la fiabilité de l'analyse des protocoles verbaux dans l'étude de la cognition (Caverni, 1988 ; Ericsson et Simon, 1984 ; Hoc, 1984). Deux méthodes ont principalement été utilisées : la procédure de "pensée à haute voix" et le "rappel stimulé". La procédure de "pensée à haute voix" (think aloud) fut essentiellement utilisée dans l'étude de la planification. Il s'agissait de demander aux entraîneurs d'expliciter leurs pensées à haute voix, pendant qu'ils planifiaient une session d'entraînement, et à enregistrer leurs verbalisations (Ahlgren et coll., 1998 ; Jones et coll., 1995). Le "rappel stimulé" (stimulated recall) (Calderhead, 1987) définit de façon générique un ensemble de procédures, basées sur l'explicitation a posteriori de son activité par un acteur, confronté à un enregistrement vidéo de ses comportements. Par exemple, Jones et coll. (1997) ont filmé des entraîneurs auxquels il était demandé d'animer une session d'entraînement de 30 minutes. Les entraîneurs ont ensuite été confrontés à l'enregistrement vidéo de séquences particulières, pour lesquelles il leur était demandé de répondre aux questions du chercheur. Le guide de questionnement était inspiré du modèle de la prise de décision des enseignants (Sherman, 1983). Trudel et coll. (1996b) ont utilisé une technique analogue au cours d'un match officiel de hockey sur glace. Ils ont organisé le rappel stimulé (selon une procédure adaptée par les auteurs) avec l'entraîneur quelques jours après, ménageant un délai pour identifier les décisions significatives pour l'entraîneur et le chercheur à l'issue du match. Le rappel stimulé portait sur chacune des décisions sélectionnées, le chercheur demandant à l'entraîneur d'expliciter les éléments pris en compte dans ses décisions. 3.2.2 Analyse qualitative de protocoles verbaux L'analyse des verbalisations mit généralement en jeu deux phases : la construction de protocoles verbaux (transcription verbatim des enregistrements) ; le découpage et le codage de ces protocoles. Trois démarches d'analyse sont repérables parmi les études citées. La première est basée sur les catégories d'un modèle prédéfini. Par exemple, Jones et coll. (1995, 1997) ont codé les protocoles à l'aide du modèle de classification des "chemins décisionnels" de Sherman (1983). La deuxième est une démarche inductive, sans catégories a priori, visant 10 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 à "faire émerger" un modèle des données elles-mêmes. Par exemple, Gilbert et coll. (1999) et Trudel et coll. (1996b) ont codé les facteurs de décision selon les termes usuels de leur expression par les entraîneurs, avant de les regrouper dans des sous-catégories et catégories plus larges. La troisième est une démarche "mixte", basée à la fois sur les catégories d'un modèle a priori, et sur une démarche inductive, visant à spécifier les catégories de ce modèle. Par exemple, Demers et Tousignant (1998) ont, dans un premier temps, catégorisé de façon inductive les modifications des plans de séance par les entraîneurs, pour, dans un deuxième temps, spécifier le modèle de Peterson et Clark (1978) à l'aide des catégories issues de l'analyse. 3.3 Apports des recherches sur l'activité de planification et de décision des entraîneurs Les apports de cette perspective sont résumés dans deux thèmes : (a) activité des entraîneurs expérimentés et inexpérimentés, (b) diversité et complexité des éléments d'information considérés dans les décisions. 3.3.1 Activité des entraîneurs expérimentés et inexpérimentés Ahlgren et coll. (1998) et Jones et coll. (1995, 1997) ont mis en évidence des différences qualitatives entre l'activité de planification et de décision interactive des entraîneurs expérimentés et celle des entraîneurs inexpérimentés. Ils ont montré que les premiers, (a) planifiaient les entraînements de façon plus attentive et soignée que les seconds, (b) tenaient davantage compte d'informations relatives au niveau d'habileté et aux caractéristiques des pratiquants, (c) définissaient leurs objectifs de façon plus précise et progressive, et (d) concevaient leurs stratégies d'intervention et critères d'évaluation des pratiquants de façon plus explicite (Jones et coll., 1995). Dans la phase interactive, les entraîneurs expérimentés tendaient, davantage que les entraîneurs inexpérimentés, (a) à conserver leurs plans (Jones et coll., 1997), (b) à adapter les situations de façon cohérente par rapport à leurs objectifs, et (c) à fournir des feed-backs précis et pertinents aux pratiquants (Ahlgren et coll., 1998). Ces résultats convergents avec ceux des études en éducation physique (Byra et Sherman, 1993 ; Griffey et Housner, 1991 ; Housner et Griffey, 1985). Les entraîneurs expérimentés mettraient en jeu un répertoire plus étoffé que les entraîneurs inexpérimentés de routines et d'alternatives mémorisées, issues de leur expérience ; ils raisonneraient en examinant de multiples hypothèses ("si..., alors..."), étayées sur leur connaissance de la discipline sportive et de la tâche d'entraînement considérée ; ils construiraient également des plans plus souples, prévoyant des adaptations anticipées de ces plans. Gilbert et coll. (1999) et Demers et Tousignant (1998) ont cependant mis en évidence des différences interindividuelles significatives au sein de groupes de même niveau d'expertise. 3.3.2 Diversité et complexité des éléments d'information pris en compte Les recherches ont mis en évidence la diversité et le nombre important des "facteurs" considérés par les entraîneurs dans leurs décisions. Trudel et coll. (1996b) ont montré que l'entraîneur participant à leur étude tenait compte en moyenne de plus de trois facteurs par décision, certaines décisions étant explicitées en relation avec huit facteurs. Dans le prolongement de cette étude, Gilbert et coll. (1999) ont distingué 21 facteurs, qu'ils ont classés dans deux catégories : "Informations de terrain" (accessibles uniquement pendant le match), et "Connaissances de l'entraîneur" (issues de ses expériences passées). La catégorie "Information de terrain" se subdivisait en deux sous-catégories : "Information objective", classant les facteurs observables pendant le match (e.g., le pointage), et "Information subjective", classant les facteurs associés aux évaluations et jugements de l'entraîneur (e.g., la 11 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 prestation de l'équipe). La catégorie "Connaissances de l'entraîneur" se subdivisait également en deux sous-catégories : "Caractéristiques des joueurs" (e.g., les prestations antérieures des joueurs), et "Connaissance du jeu" (e.g., le règlement) (Gilbert et coll., 1999). Ces études ont montré que l'activité décisionnelle des entraîneurs dépendait étroitement des contingences des situations. Trudel et coll. (1996b) ont souligné que plus de 70% des facteurs pris en compte par l'entraîneur étaient des "informations de terrain" (i.e., liées au déroulement du match) et que plus de la moitié des décisions de l'entraîneur faisait simultanément référence à des facteurs liées à la situation "ici et maintenant", et à des connaissances et expériences passées. Ces auteurs ont aussi montré que la performance des joueurs n'était qu'un aspect limité des facteurs pris en compte. L'ensemble des résultats révèle la complexité de l'activité cognitive des entraîneurs, ne pouvant se réduire à la mise en jeu d'algorithmes décisionnels, basés sur l'observation des comportements des athlètes (Tanguay et Tousignant, 1998a, 1998b). Au cours de leurs interventions, les entraîneurs tiennent simultanément compte d'un nombre élevé d'éléments de nature variée, se rattachant à des temporalités plus larges que celle de la situation observée, et à l'expérience des entraîneurs. Par ailleurs, ils font preuve d'une intense activité exploratoire et interprétative pour prendre leurs décisions à l'entraînement et en cours de match (Jones et coll., 1999 ; Tanguay et Tousignant, 1998a, 1998b, Trudel et coll., 1996b). Ces résultats témoignent aussi de la richesse de descriptions de l'activité des entraîneurs prenant en considération leur propre point de vue, en comparaison des approches strictement comportementalistes. Deux limites de cette perspective ont cependant été soulignées, concernant respectivement le caractère réducteur des modèles décisionnels utilisés a priori, et la validité écologique de certains résultats. Selon Jones et coll. (1997), le repérage de "chemins décisionnels" a seulement permis de considérer des fréquences et des types de décisions définis a priori, mais elle fut inapte à rendre compte précisément des intentions des entraîneurs, et du caractère "approprié" (appropriateness) de leurs décisions. Trudel et coll. (1996b) ont appuyé cette idée, en soulignant que les modèles algorithmiques utilisés dans les formations (e.g., Hoffman, 1983), étaient inadéquats pour la recherche sur l'activité réelle des entraîneurs. Selon eux, aucun modèle actuel n'est susceptible de rendre compte a priori de l'activité décisionnelle spécifique des entraîneurs, de sorte qu'il convient de décrire et de comprendre ces processus décisionnels de façon ouverte et inductive. La validité écologique des résultats de Jones et coll. (1997) fut discutée par les auteurs eux-mêmes. Selon eux, la faiblesse des différences observées entre l'activité décisionnelle des entraîneurs expérimentés et inexpérimentés pouvait s'interpréter en considérant le caractère "artificiel" de la situation observée, dont les caractéristiques étaient éloignées de celles d'authentiques situations d'entraînement. A cet égard, Demers et Tousignant (1998), Gilbert et coll. (1999) et Trudel et coll. (1996b), ont mis en évidence l'inscription contextuelle et historique de l'activité des entraîneurs : celle-ci s'inscrit toujours dans l'histoire des entraînements et compétitions passés ou à venir, et elle s'organise par rapport à des horizons plus ou moins lointains, aspects que des situations conçues pour les besoins de la recherche sont inaptes à prendre en considération. 4 Connaissances des entraîneurs experts L'origine des recherches sur l'expertise des entraîneurs est due au travail pionnier d'une équipe de chercheurs canadiens (Salmela et coll., 1994)2. L'expertise des entraîneurs fut appréhendée comme fondamentalement dépendante de leurs connaissances, acquises au cours 2 Cette publication reprend le texte d'une étude ayant déjà fait l'objet d'une communication de Salmela, Russell, Côté et Baria en 1991 lors du 7è Congrès Européen de Psychologie du Sport à Cologne, Allemagne (Salmela et coll., 1991). 12 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 d'une expérience de longue durée en tant qu'entraîneur, et dans le cadre d'une pratique délibérée (deliberate practice) (Côté et coll., 1995c ; Ericsson et coll., 1993 ; Salmela, 1996). Le travail des chercheurs consista essentiellement à favoriser l'explicitation de ces connaissances, et à les modéliser, en accordant une place centrale au "point de vue des experts". Les études ont été conçues en référence aux modèles de l’expertise en psychologie cognitive (Chi et coll., 1988 ; Ericsson et coll., 1993 ; Ericsson et Smith, 1991), et à des méthodes qualitatives issues des sciences sociales (Agar, 1983 ; Spradley, 1979 ; Strauss et Corbin, 1990). Côté et coll. (1995c) ont proposé cinq critères de sélection les entraîneurs experts participant aux études : (a) le niveau de leurs athlètes : ceux-ci devaient être seniors et intégrés au sein des équipes fédérales officielles lors des compétitions nationales et internationales ; (b) l’expérience d’entraîneur : un minimum de dix ans d’expérience de l’entraînement était requis ; (c) le niveau atteint en tant qu’athlète : les entraîneurs de leur étude devaient avoir été gymnastes à un niveau provincial, national ou international ; (d) la réussite en tant qu’entraîneur : ces entraîneurs devaient avoir "formé" au moins deux athlètes de niveau national et un athlète de niveau international ; (e) la reconnaissance du milieu sportif : les entraîneurs devaient être reconnus comme experts par leurs pairs, et par l'institution sportive. Ces critères se sont progressivement généralisés dans les études (e.g., d'Arripe-Longueville et coll., 1998 ; Bloom et coll., 1997 ; Côté et coll., 1995a, 1995b ; Saury et Durand, 1995, 1998 ; Sedgwick et coll., 1997 ; Sève et Durand, 1999). 4.1 Objets d'analyse 4.1.1 Structure des connaissances des entraîneurs L’étude princeps sur la structure des connaissances des entraîneurs experts fut conduite par Salmela et coll. (1994), avec des entraîneurs canadiens de gymnastique. Elle fut basée sur le modèle distinguant les connaissances déclaratives et procédurales (Anderson, 1982), que les auteurs ont complété avec une troisième catégorie : les connaissances métacognitives. Les connaissances déclaratives ont été spécifiées en termes de connaissances théoriques ou propositionnelles, relatives à l’entraînement, aux facteurs de la performance, à l'environnement des athlètes, etc. Les connaissances procédurales ont été spécifiées en termes de "savoir-faire" tels que les "stratégies d'intervention". Les connaissances métacognitives ont été spécifiées en tant que connaissances relatives aux démarches, attitudes, et connaissances des entraîneurs eux-mêmes. La structure des connaissances des entraîneurs fut modélisée grâce à la spécification de leur contenu, et à la mise en évidence de l'organisation hiérarchique des catégories et sous-catégories de connaissances (Salmela et coll., 1994). L’étude de Côté et coll. (1995c) visait à analyser le contenu et la structure des connaissances des entraîneurs, en référence à la théorie des "modèles mentaux" (Glaser, 1987 ; Holyoak, 1984 ; Johnson-Laird, 1983). Selon ces auteurs, la notion de modèle mental fournit une représentation appropriée du type de connaissance mobilisée par les praticiens dans les situations éducatives (Glaser, 1987). Par hypothèse, ces modèles mentaux furent conçus comme des structures occurrentes et transitoires, se construisant à partir d'une structure plus large de connaissances génériques. La recherche visait précisément à modéliser cette structure générique. 4.1.2 Connaissances relatives aux stratégies d'intervention Une série d'études s'est focalisée sur les connaissances des entraîneurs portant sur leurs propres stratégies d'intervention lors des entraînements et des compétitions. Selon les études, différentes notions furent employées pour qualifier ces connaissances : "connaissances" 13 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 relatives à l'entraînement et à la compétition (Côté et coll., 1995b) ; "routines" pré- et postcompétitives (Bloom et coll., 1997) ; "stratégies" (Sedgwick et coll., 1997) ; "stratégies d'interaction" (d'Arripe-Longueville et Fournier, 1998 ; d'Arripe-Longueville et coll., 1998). Ces notions furent spécifiées sous forme de règles ou de principes, à partir des propos des entraîneurs. Le cadre de référence de ces études était le Coaching Model (CM) (Côté et coll., 1995c), présenté par les auteurs comme un cadre conceptuel (conceptual framework) heuristique pour ces recherches. 4.2 Méthodes Cette perspective se caractérise par ses méthodes davantage que par la construction théorique de ses objets d'analyse : en dépit de la référence à des objets issus de la psychologie cognitive (Côté et coll., 1995c ; Salmela et coll., 1994), elle fut essentiellement fondée sur les principes de la "Théorie Ancrée" (Grounded Theory) (Strauss et Corbin, 1990), selon lesquels les modèles conceptuels doivent être construits inductivement à partir des données de terrain. 4.2.1 Entretiens "en profondeur" Les données ont été recueillies au cours d'entretiens dits "non structurés" (unstructured) ou "en profondeur" (in-depth), inspirés de méthodes ethnographiques (Patton, 1990 ; Spradley, 1979). Ils visaient à faire expliciter leurs points de vue de façon aussi précise que possible par les entraîneurs, à partir de questions ouvertes, puis de relances improvisées dans le cours de l'entretien (Côté et coll. 1995a, 1995b). Le guide d’entretien était composé de questions telles que : "Quelles sortes de choses faites-vous en compétition ?", "Pouvez-vous me donner des exemples de situations difficiles en compétition ?", "Décrivez ce qui est arrivé, et ce que vous avez fait" (Côté et coll., 1995b). Les relances utilisaient le langage et le cadre de référence des entraîneurs, et restaient neutres par rapport à leurs points de vue. Trois types de questions furent cependant distingués par Côté et coll. (1995a), à la suite de Spradley (1979) : des questions "descriptives", des questions "structurales", et des questions "contrastées". Dans les études de d'Arripe-Longueville et Fournier (1998) et de d'ArripeLongueville et coll. (1998), la procédure fut adaptée de façon à mettre en évidence l'organisation des connaissances des entraîneurs dans le cours même de l'entretien, un second chercheur étant chargé d'une analyse inductive immédiate du contenu des verbalisations (Scanlan, 1993). 4.2.2 L'analyse inductive des protocoles verbaux Les chercheurs ont suivi la démarche inductive de la Grounded Theory (Strauss et Corbin, 1990), visant à construire le "système organisé de catégories émergeant des données non structurées", supposé représenter "l'organisation et l'utilisation des connaissances" des entraîneurs (Côté et coll., 1995a, p.72). Cette démarche comportait trois opérations, après la transcription des entretiens : (a) le découpage des protocoles verbaux en "unités de sens" (meaning units) et l'étiquetage (creating tags) de ces unités de sens, (b) la création de catégories regroupant les unités de sens (creating categories), et (c) la modélisation des catégories (conceptualizing of categories) (Côté et Salmela, 1994 ; Côté et coll., 1993). Le découpage des protocoles verbaux a été effectué en référence à l'acception donnée par Tesch (1990) de la notion d'unité de sens :"fragment de texte (...) compréhensible en soi, et contenant une idée, épisode ou élément d'information" (p.116). Il s'agissait pour les chercheurs de se livrer à un examen minutieux du texte afin d'identifier les idées ou éléments d'information isolables, puis d'étiqueter ceux-ci sous un libellé univoque, et compréhensible indépendamment de son contexte (Côté et Salmela, 1994). 14 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 La création des catégories a été menée par comparaison systématique des unités de sens, et leur regroupement de proche en proche en fonction de leurs "similitudes", c'est-à-dire, de leur référence commune à des caractéristiques (features) ou propriétés (properties) particulières de l'entraînement. Par exemple, le "développement des capacités de résistance au stress des athlètes" fut l'une des propriétés retenues par Côté et coll. (1995c, p.6), afin de catégoriser un ensemble d'unités de sens. Cette procédure était renouvelée au niveau des catégories, permettant la création de catégories plus larges. Par exemple, la catégorie "développement des capacités de résistance au stress des athlètes" entrait dans la catégorie plus large "entraînement mental" (p.7). L'analyse conduisait à formaliser l'ensemble des souscatégories et catégories représentant la composition et la structure des connaissances des entraîneurs. La phase ultime de l'analyse conduisit à la construction d'un "modèle conceptuel" (conceptual model) : représentation de l'organisation hiérarchisée de l'ensemble des catégories et sous-catégories. La stratégie de modélisation présentée par Côté et coll. (1995c) s'organisa en deux temps. Le premier temps a consisté à identifier les composantes générales du modèle (broad components) : les quatre composantes centrales (entraînement, compétition, organisation, évaluation du potentiel des athlètes) et les trois composantes périphériques (caractéristiques personnelles des entraîneurs et des athlètes, facteurs de contexte). Le second temps a consisté à classer, et mettre en relation, les différentes catégories et sous-catégories, dans le cadre des composantes générales. Cette démarche a abouti à l'élaboration du modèle général (The Coaching Model) (Côté et coll., 1995c). Les deux dernières étapes de l'analyse ont été conduites conformément à deux principes essentiels de la "Théorie ancrée" : la "méthode de la comparaison constante" (constant comparative method), et le critère de la "saturation théorique" (theoretical saturation). Le premier permet d'affiner progressivement les distinctions entre les catégories, par la comparaison systématique de leurs contenus. Le second assure un degré de généralité satisfaisant aux modèles construits (Strauss et Corbin, 1990). Par ailleurs, la validité du codage fut accréditée par l'obtention de l'adhésion des entraîneurs aux catégories proposées, et par le taux d'accord entre chercheurs après un double codage (Côté et coll., 1995a, 1995c). 4.3 Apports des recherches sur les connaissances des entraîneurs experts Ces recherches ont produit des résultats originaux, qui peuvent se résumer dans deux thèmes : (a) l'organisation composite, complexe et dynamique des connaissances des entraîneurs, (b) l'importance de leur activité interprétative en situation. 4.3.1 Organisation composite, complexe et dynamique des connaissances La structure différenciée et hiérarchisée de la base de connaissances des entraîneurs experts est apparue dès les premières études. Par exemple, Salmela et coll. (1994) ont modélisé la connaissance des entraîneurs selon sept catégories relatives, respectivement, à leurs stratégies, connaissances, relations, préoccupations, idées, qualités, et rôles. Ces catégories se subdivisaient elles-mêmes en sous-catégories. Par exemple, la catégorie "Stratégie des entraîneurs" comprenait cinq sous-catégories, respectivement intitulées "Instruction / Intervention", "Performance à l'entraînement", "Programmation", "Attention aux préoccupations des athlètes", et "Performance en compétition". A un niveau plus élémentaire, chacune des sous-catégories fut elle-même décomposée en sous-catégories d'unités de sens. Les études plus récentes ont décrit encore plus précisément le caractère composite, complexe et dynamique, des connaissances des entraîneurs. Côté et coll. (1995c) ont modélisé la structure générique des connaissances des entraîneurs (le Coaching Model, CM) dans cinq composantes générales. Le CM intègre des connaissances relatives, (a) à l'objectif visé (le développement des athlètes) ; (b) au processus d'entraînement (coaching process: 15 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 entraînement, compétition, organisation, et évaluation du potentiel des athlètes) ; (c) aux caractéristiques personnelles de l'entraîneur ; (d) aux caractéristiques personnelles des athlètes ; et (e) aux facteurs de contexte. Ce caractère composite est renforcé par le recours simultané des entraîneurs à des connaissances de nature différente : des connaissances formalisables sous forme de principes ou de règles, la connaissance personnelle des athlètes, l'expérience de la compétition, etc. La complexité de l'organisation des connaissances des entraîneurs a été soulignée par Côté et coll. (1995c). Pour ces auteurs, les modèles mentaux mobilisés dans l'action des entraîneurs sont des configurations (patterns) de connaissances se rattachant à des catégories différentes, et en étroite interaction. Le caractère dynamique de l'organisation des connaissances des entraîneurs a été décrit de différentes façons. Bloom et coll. (1997) ont montré, par exemple, que les "routines compétitives" des entraîneurs étaient étroitement dépendantes de l'insertion de la compétition dans le cadre d'une période déterminée dans la saison. Ces routines étaient ajustées, ou modifiées, au cours de chaque compétition, notamment en fonction du contenu des sessions d'entraînement précédentes. Côté et coll. (1995c) ont aussi décrit ce dynamisme, en soulignant la restructuration et la recomposition permanente des modèles mentaux des entraîneurs, au cours des situations d'entraînement et de compétition, et des interactions avec les athlètes. 4.3.2 Importance de l'activité interprétative des entraîneurs Côté et coll. (1995c) ont caractérisé les situations d'entraînement et de compétitions comme des problèmes mal définis (ill-defined), face auxquels les entraîneurs doivent agir rapidement, malgré une forte incertitude, concernant le déroulement des événements, les solutions pratiques utilisables, et la nature des contraintes auxquelles ils sont soumis. La complexité de ces situations incita ces auteurs à avancer l'idée que les entraîneurs déployaient une activité cruciale de délimitation et d'interprétation des problèmes à résoudre, (étroitement liés au contexte singulier de leur activité). Ils ont aussi montré que les entraîneurs agissaient en fonction de leur évaluation du potentiel des athlètes, et d'une restructuration continuelle du modèle mental de ce potentiel au cours des événements. Selon ces auteurs, les entraîneurs génèrent à tout moment des modèles mentaux spécifiques, leur permettant de comprendre le sens des situations singulières, et d'agir efficacement. D'autres études renforcent l'idée du caractère central de l'activité interprétative des entraîneurs. D'Arripe-Longueville et coll. (1998) ont notamment décrit des modalités d'interaction originales entre un entraîneur de judo et un groupe féminin de judokas. Les stratégies de cet entraîneur visaient, par exemple, à créer délibérément des conflits avec les athlètes, ou à faire preuve de favoritisme au sein de l'équipe. Des entretiens approfondis avec les protagonistes ont montré que ces modalités d'interaction étaient produites par le jeu conjoint de stratégies tacites de l'entraîneur et des judokas. Une intense activité interprétative accompagnait ces interactions : les stratégies respectives de l'entraîneurs et des judokas faisaient l'objet de jugements et de réévaluations perpétuelles de chacun des acteurs, basées sur une histoire commune et un ensemble de connaissances et de valeurs partagée au sein de ce groupe d'entraînement. Les recherches conduites dans cette perspective ont mis en évidence des régularités dans les connaissances des entraîneurs experts. Par exemple, ces entraîneurs admettent communément le principe suivant : "éviter de sur-intervenir (to overcoach) auprès des athlètes avant une compétition", en gymnastique (Côté et coll., 1995b), comme en sports collectifs (Bloom et coll., 1997). D'autres exemples de telles régularités ont été fournis par l'étude de Sedgwick et coll. (1997), à propos des stratégies d'entraîneurs experts d'aviron : sept stratégies décrites dans cette étude avaient déjà été identifiées par Gould et coll. (1989) au cours d'une précédente étude avec l'ensemble des entraîneurs nationaux américains. Ces régularités ont 16 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 permis de formaliser des principes ou règles, ayant un certain degré de généralité pour décrire les connaissances des entraîneurs experts dans un ensemble de sports (e.g., les sports collectifs), et dans une classe de situations (e.g., sessions d'entraînement ou compétitions). Salmela (1996) a résumé les principes issus de l'analyse d'entretiens avec 22 entraîneurs experts de sports collectifs, sous la forme de "points importants à retenir" ("chalk talk") formalisé, dans un ouvrage destiné aux entraîneurs. Cependant, ces études ont aussi décrit une variabilité importante des connaissances des entraîneurs relatives à leurs stratégies d'intervention, soulignant la spécificité des situations et des disciplines sportives. Par exemple, d'Arripe-Longueville et coll. (1998) ont montré que des stratégies d'interaction d'entraîneurs experts de judo étaient à l'opposé de celles décrites chez les entraîneurs experts dans d'autres sports (e.g., Chelladurai, 1984 ; Saury et Durand, 1995a). L'idée d'une spécificité de l'expertise des entraîneurs en fonction des sports a été renforcée par l'étude comparative de d'Arripe-Longueville et Fournier (1998) auprès d'entraîneurs de judo et de tir à l'arc, et par celle de Sedgwick et coll. (1997), auprès d'entraîneurs d'aviron. 5 Le travail des entraîneurs : perspective ergonomique Cette perspective émergente s'inscrit dans une double filiation. Elle hérite, d'une part, de l'ouverture qualitative et compréhensive de la perspective précédente. Elle se rattache, d'autre part, à la tradition française de recherche en ergonomie cognitive et en psychologie du travail (Amalberti et coll., 1991 ; Clot, 1999 ; Leplat, 1997 ; Theureau, 1992). Son développement récent est dû aux travaux de chercheurs français impliqués dans des collaborations avec plusieurs fédérations sportives (d'Arripe-Longueville et Fournier, 1998 ; d'Arripe-Longueville et coll., 1999, sous presse ; Avanzini et Riff, 1998 ; Avanzini et Saury, 1999 ; Riff et Avanzini, 1997 ; Saury et Durand, 1995, 1996, 1998 ; Saury et coll., 1997, 1999a, 1999b ; Sève et Durand, 1999). Ces collaborations visaient conjointement à produire des descriptions et explications scientifiques relatives à l'activité des entraîneurs, et à concevoir des aides à l'entraînement ou à la formation. Cette double visée "épistémique" et "transformative" (Schwartz, 1997), inscrivit ces recherches dans des collaborations étroites et durables entre chercheurs, entraîneurs et athlètes (e.g., d'Arripe-Longueville et Fournier, 1998 ; Avanzini et Riff, 1998 ; Avanzini et coll., 1999 ; Saury et coll., 1997 ; Sève et Durand, 1999). 5.1 Objets d'analyse 5.1.1 "Cours d'action" des entraîneurs Une partie des auteurs (d'Arripe-Longueville et coll., sous presse ; Saury et coll., 1997, 1999a, 1999b ; Sève et Durand, 1999) s'est inspirée du cadre théorique du "cours d’action", développé en ergonomie cognitive (Theureau, 1992 ; Theureau et Jeffroy, 1994). L’objet théorique du cours d’action se rattache à l’hypothèse générale de l’autonomie des systèmes vivants (Varela, 1989), et aux présupposés de "l’action située" (Suchman, 1987) et de la "cognition située" (Kirshner et Whitson, 1997). Dans cette perspective, l’action et la signification sont indissociables, la cognition consistant en un processus sémiotique. Le cours d’action caractérise le niveau de l’activité significatif pour un acteur, c’est-à-dire, montrable, racontable et commentable par lui à un observateur interlocuteur (Theureau, 1992). Il s'agissait pour les chercheurs de décrire et d’analyser l'organisation intrinsèque, globale ou locale du cours d'action, en relation avec les contraintes extrinsèques des situations pratiques (Saury et coll., 1997). La description de l'organisation globale consista à mettre en évidence les structures typiques de l'action des entraîneurs, i.e., les formes significatives récurrentes de leur activité (d'Arripe-Longueville et coll., sous presse ; Saury et coll., 1997 ; 17 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 Sève et Durand, 1999). La description de l'organisation locale consista à mettre en évidence les structures sous-jacentes à cette activité, spécifiées en référence au modèle sémiotique du signe triadique de Peirce (1978). 5.1.2 Connaissances mobilisées dans l'action Les connaissances mobilisées dans l'action des entraîneurs ont été analysées de deux façons, selon les études. La première a consisté à les appréhender en référence au modèle ergonomique "Tâche – Activité" (Leplat et Hoc, 1983), permettant de décrire ces connaissances dans leurs dimensions opératives (i.e., finalisées par une tâche) et adaptatives (i.e., mobilisées afin de faire face à des contraintes). Par exemple, Saury et Durand (1998) ont décrit les contraintes, et les modalités d'adaptation à ces contraintes, explicitées par des entraîneurs experts de voile, relativement à leur activité lors des sessions d'entraînement. La deuxième a consisté à les analyser en référence au modèle sémiotique du cours d'action (Theureau, 1992). Dans ce cadre, la connaissance est l'une des composantes du signe triadique (l'Interprétant) sous-jacent aux unités significatives élémentaires du cours d'action. L'interprétant est l'élément de généralité (ou type) issu de l'expérience passée, et mobilisé dans l'action. Saury et coll. (1997, 1999b) ont exploité cette approche sémiotique de la cognition pour identifier et analyser les Interprétants (types) mobilisés dans l'action d'entraîneurs experts de voile en situation de compétition. 5.1.3 Activité collective entraîneur-athlète Des études se sont focalisées sur la dimension collective des situations d'entraînement et de compétition, en cherchant à caractériser les interactions entraîneurs-athlètes. Dans une partie de ces études, ces interactions furent appréhendées comme une dimension particulière des modalités d'adaptation des entraîneurs aux tâches de coaching, soit du seul point de vue des entraîneurs (Avanzini et Saury, 1999 ; Saury et Durand, 1995, 1998), soit du point de vue conjoint des entraîneurs et des athlètes (d'Arripe-Longueville et Fournier, 1998). Dans une autre partie des études, l'articulation collective des cours d'action respectifs de l'entraîneur et des athlètes a été analysée (d'Arripe-Longueville et coll., sous presse ; Saury, 1998). 5.2 Méthodes Trois sortes de méthodes complémentaires ont été utilisées : (a) des dispositifs d'observation directe des situations ; (b) des dispositifs de verbalisation rétrospective ; (c) des procédures d'analyse des données orientées par un modèle générique de l'activité. 5.2.1 Dispositifs d'observation directe des situations Les dispositifs d'observation les plus fréquemment utilisés furent des systèmes d'enregistrements vidéo et audio (d'Arrippe-Longueville et coll., sous presse ; Saury et coll., 1997 ; Sève et Durand, 1999). Ils étaient destinés à documenter l'analyse grâce à des matériaux "objectifs" détaillés, et à fournir les "traces de l'activité" auxquels les entraîneurs étaient confrontés a posteriori. Ces dispositifs étaient conçus de façon à ne pas gêner l'activité des entraîneurs et des athlètes, observés dans d'authentiques situations d'entraînement et de compétitions. Les acteurs ont été préalablement familiarisés à la présence du chercheur et du dispositif d'observation, grâce à une collaboration de longue durée avec eux. Ces dispositifs ont été complétés de prises de notes ethnographiques par les chercheurs, consignant des observations ou commentaires relatifs à des événements non enregistrés (Saury et coll., 1997). 18 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 5.2.2 Dispositifs de verbalisation rétrospective Deux procédures furent utilisées : des "entretiens d'auto-confrontation" (Theureau, 1992) et des "entretiens d'explicitation" (Vermersch, 1990, 1994). Nielson (1962) a introduit le terme d'auto-confrontation (self-confrontation) pour qualifier une situation dans laquelle une personne est confrontée à des enregistrements (ou des traces) de ses comportements dans une situation passée, et questionnée par un interviewer à propos de ce comportement. En tant que méthode de recherche, elle fut d'abord utilisée en éthologie humaine (von Cranach et Harré, 1982), avant d'être reprise et adaptée par Theureau (1992) en ergonomie cognitive. Dans les recherches en entraînement, ces entretiens ont consisté à confronter les acteurs (entraîneurs et / ou athlètes) aux enregistrements, et à les inciter à décrire rétrospectivement leurs actions, communications, interprétations, focalisations et sentiments significatifs dans la situation observée (d'Arripe-Longueville et coll., sous presse ; Avanzini et Riff, 1998 ; Avanzini et coll., 1999 ; Saury, 1998 ; Saury et coll., 1997, 1999a, 1999b ; Sève et Durand, 1999). Les questions et relances des chercheurs accompagnaient pas à pas le déroulement de l'enregistrement. Elles visaient l'explicitation de l'expérience vécue par les acteurs, dans des moments précisément spécifiés et contextualisés, en évitant les demandes d'explication et de généralisations (Theureau, 1992 ; Vermersh, 1990, 1994). Ces entretiens étaient systématiquement enregistrés. Les entretiens d'explicitation ont été conduits dans un but, et selon des principes analogues (Vermersch, 1990, 1994), sans cependant recourir à la confrontation de l'acteur à une image ou des traces de son activité. Il s'agissait de favoriser l'évocation précise par les entraîneurs de moments particulièrement significatifs de situations passées, et de les inciter à décrire leur activité et les événements vécus, de façon très détaillée et contextualisée (Saury et Durand, 1995, 1996, 1998). 5.2.3 Procédures d'analyse orientées par un modèle générique de l'activité La démarche générale d'analyse consista en une élaboration progressive et itérative de modèles spécifiques, s'appuyant, d'une part sur les catégories abstraites d'un modèle générique de l'activité de travail, et d'autre part, sur les données empiriques (d'Arripe-Longueville et coll., sous presse ; Saury et Durand, 1998 ; Saury et coll., 1997). Cette démarche comprenait quatre étapes : (a) confection des protocoles, (b) découpage des unités élémentaires de l'analyse, (c) élaboration des modèles de l'activité, et (d) validation des modèles. La confection des protocoles consista à transcrire et réorganiser les enregistrements réalisés en situation et lors des entretiens, de façon à restituer finement le décours temporel, le contexte, et les cognitions des entraîneurs (d'Arripe-Longueville et coll., sous presse ; Saury et coll., 1997 ; Sève et Durand, 1999). L'identification et le découpage des unités élémentaires s'opéra selon deux modalités différentes, en fonction des recherches. Celles qui furent centrées sur le cours d'action ont donné lieu au découpage des chroniques d'activité en une succession d'unités significatives élémentaires : plus petites unités de l'activité des entraîneurs, significatives de leur point de vue (Theureau, 1992). Ces unités ont été nommées grâce à un "récit réduit" les spécifiant individuellement (d'Arripe-Longueville et coll., sous presse ; Saury et coll., 1997). Dans les recherches dont le corpus était constitué de transcriptions d'entretiens d'explicitation, le découpage a consisté en une identification des unités de sens, conformément aux principes de la Grounded Theory (Côté et Salmela, 1994 ; Côté et coll., 1993 ; Strauss et Corbin, 1990 ; Tesch, 1990). L'élaboration des modèles consista en une spécification des catégories des modèles génériques de l'activité de travail à partir des données. Par exemple, les recherches centrées sur l'organisation globale du cours d'action des entraîneurs ont permis la mise en évidence de structures significatives récurrentes, en termes de séquences, de macro-séquences et de séries 19 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 archétypes (e.g., d'Arripe-Longueville et coll., sous presse ; Saury et coll., 1997 ; Sève et Durand, 1999). Une démarche comparable fut suivie pour l'analyse des connaissances mobilisées dans l'action (e.g., Saury, 1999b), et pour l'analyse de l'activité collective entraîneurs-athlètes (e.g., d'Arrippe-Longueville et coll., sous presse). Trois procédures de validation furent utilisées, conformément aux procédures admises dans les recherches qualitatives (Strauss et Corbin, 1990) : (a) une validation par les participants, assurant que l'analyse ne trahissait pas le point de vue des acteurs (d'ArripeLongueville et Fournier, 1998) ; (b) une mesure du taux d'accord entre les codages de deux chercheurs (Saury et Durand, 1998) ; (c) l'adoption du critère de la saturation théorique (Strauss et Corbin, 1990), permettant d'inférer une relative complétude des modèles élaborés (Saury et Durand, 1998). 5.3 Apports des recherches sur le travail des entraîneurs Le caractère émergent de cette perspective n'autorise l'analyse des résultats que d'un nombre d'études encore limité. Ceux-ci ont cependant révélé des aspects intéressants du travail des entraîneurs, qui sont résumés dans trois thèmes : (a) structures archétypes de l'action des entraîneurs, (b) connaissance et signification, et (c) l'entraînement comme travail collectif. 5.3.1 Structures archétypes de l'action des entraîneurs Les recherches ont mis en évidence des formes typiques récurrentes dans l'organisation de l'action des entraîneurs dans les situations pratiques, qualifiées de structures archétypes (Theureau, 1992). Celles-ci peuvent avoir une structure séquentielle, sérielle ou synchrone selon la nature des relations entre les unités significatives qui les composent. Saury (1998a, 1998b), et Saury et coll. (1997), ont décrit les structures archétypes de l'action des entraîneurs olympiques français en voile, dans les situations de compétition. Ils ont construit un "modèle de composition" de leur cours d'action (Theureau, 1992), comprenant 17 séquences archétypes (e.g., "Conseiller un régatier"), six macro-séquences archétypes (e.g., "Analyse d'événements significatifs de la régate"), cinq séries archétypes (e.g., Manifester sa présence auprès des régatiers") et six synchrones archétypes (e.g., "Etre au rendez-vous avant le départ") (Saury, 1998b). Ce modèle a fait apparaître les différents niveaux significatifs de l'organisation de l'action des entraîneurs, lorsqu'ils sont chargés d'aider une équipe de régatiers en compétition. d'Arripe-Longueville et coll. (1999 ; sous presse) ont aussi décrit les structures archétypes de l'action d'un entraîneur olympique français de tir à l'arc, selon une procédure analogue. Ils ont décrit 11 séquences archétypes (e.g., Faire expliciter son point de vue par un archer"), 3 macro-séquences archétypes (e.g., "Analyse d'une contre-performance, à l'initiative d'un archer, sans observation préalable", et 4 séries archétypes (e.g., "Suivre l'évolution du score d'un archer"). Sève et Durand (1999) ont, quant à eux, mis en évidence six séries archétypes, caractérisant l'organisation temporelle de l'action de trois entraîneurs nationaux français de tennis de table (e.g., "Définition du travail"). Cette analyse a aussi permis de décrire des "situations archétypes", selon les relations existant entre les structures archétypes et les contraintes des situations. Par exemple, Saury et coll. (1997) ont montré que cette action s'organisait différemment selon qu'il s'agissait d'une "compétition à performance" ou d'une "compétition d'entraînement", ou selon la dynamique de l'interaction avec chaque athlète. Ces modèles constituent un langage de description de l'activité des entraîneurs, et une base de comparaison, fondée sur des catégories "intrinsèques", c'est-à-dire issue de la description de l'activité accordant une primauté à ce qui est significatif pour les entraîneurs. 20 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 5.3.2 Connaissance et signification Saury et Durand (1996, 1998) ont décrit les connaissances mobilisées dans l'activité d'entraîneurs experts de voile au cours d'entraînements selon deux catégories. La première était relative aux contraintes des situations, significatives pour les entraîneurs. Celles-ci furent spécifiées en termes de principes d'efficacité de l'entraînement, de contraintes temporelles, et d'incertitude liée à l'environnement et à l'activité des athlètes. La deuxième concernait les stratégies d'adaptation à ces contraintes. Elles furent spécifiées en termes de routines d'organisation, de planification "souple" des tâches d'entraînement, de régulation conjointe de l'entraînement avec les athlètes, et d'engagement dans les situations basé sur l'expérience passée. Chacune de ces catégories recouvrait des connaissances de nature variée, explicites (sous forme de règles ou de principes généraux), et tacites, intimement liées à l'expérience et au vécu des entraîneurs (Saury et Durand, 1996, 1998). Les recherches conduites dans l'approche du cours d'action ont précisé ces résultats, en décrivant finement la diversité des Interprétants (ou types), et la façon dont ils étaient mobilisés dans l'action des entraîneurs. Par exemple, Saury (1998b) et Saury et coll. (1997, 1999b) ont classé les types mobilisés en compétition par des entraîneurs olympiques de voile, selon six catégories, regroupant des connaissances relatives, (a) à la collaboration avec chaque athlète particulier, (b) à la collaboration avec les athlètes en général, (c) aux réglages des bateaux, (d) aux événements typiques de la régate, (e) aux conditions météorologiques typiques, et (f) à l'historique de la préparation olympique. Dans leur cours d'action, les entraîneurs mobilisaient des "configurations de types" agrégeant des types aux contenus hétérogènes. Ces résultats renforcent l'idée du caractère composite et complexe de la connaissance pratique des entraîneurs, mis en évidence dans les recherches précédentes (Côté et coll., 1995 ; Saury et Durand, 1996,1998). Ils soulignent cependant, davantage que ne l'avaient fait les recherches antérieures, que cette connaissance est indissociable de la construction de significations dans l'action : elle est étroitement dépendante de ce qui "fait signe" pour l'entraîneur, dans les circonstances locales de son engagement dans la situation, et dans l'histoire de la construction de son cours d'action. 5.3.3 L'entraînement comme travail collectif La prise en compte de la dimension collective de l'entraînement a conduit des chercheurs à interroger la pertinence d'une analyse exclusivement centrée sur les entraîneurs, et à ouvrir la voie à une analyse de l'entraînement comme un "travail collectif" (Leplat, 1994). Une partie des études fut centrée sur les stratégies d'interaction adoptées par les entraîneurs. Saury et Durand (1995, 1998) ont montré que des entraîneurs experts français en voile adoptaient quatre sortes de stratégies, dans leur relation avec les athlètes au cours des entraînements : une attitude empathique et compréhensive, une négociation tacite des contraintes des tâches d'entraînement, une délimitation explicite d'une marge d'autonomie pour les athlètes, et la mise en jeu d'un référentiel commun construit sur la base d'expériences partagées. Deux études, conduites avec des entraîneurs experts de judo et de tir à l'arc français, ont apporté des résultats complémentaires (d'Arripe-Longueville et Fournier, 1998 ; d'Arrippe-Longueville et coll., 1998). Les entraîneurs de tir à l'arc adoptaient trois stratégies, visant respectivement à individualiser le processus d'entraînement, à responsabiliser les athlètes dans ce processus, et à renforcer la cohésion de l'équipe (d'Arripe-Longueville et Fournier, 1998). De façon contrastée, les stratégies des entraîneurs de judo visaient à stimuler la rivalité interindividuelle au sein de l'équipe, provoquer verbalement les athlètes, démontrer de l'indifférence à leur égard, entrer en conflit avec eux, renforcer la cohésion de l'élite, et faire preuve de favoritisme au sein de l'équipe (d'Arripe-Longueville et Fournier, 1998 ; d'Arripe-Longueville et coll., 1998). Selon les auteurs, ces résultats ont mis en évidence, pour 21 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 chacune des situations, les traits d'un "travail collectif" (Leplat, 1994), ou d'un "système coopératif" (Saury et coll., 1997), dans lequel sont conjointement engagés les entraîneurs et les athlètes. Ce travail collectif se structure de façon autonome (de Terssac, 1990) sur la base des interactions entre les entraîneurs et les athlètes, dans le contexte (réglementaire, culturel et organisationnel) de chaque sport (d'Arripe-Longueville et coll., 1998). La dynamique des interactions entraîneurs-athlètes fut plus précisément approchée dans deux études, grâce à l'analyse de l'articulation collective des cours d'action des entraîneurs et des athlètes en compétition (d'Arrippe-Longueville, sous presse ; Saury, 1998a). Celles-ci ont montré que les interactions entraîneur-athlète consistaient en des ajustements progressifs et réciproques de leurs cours d'action, construisant pas à pas leur collaboration, et délimitant des unités d'action collective. D'Arripe-Longueville et coll. (sous presse) ont caractérisé deux types de coordinations des cours d'action de l'entraîneur et des athlètes, en tir à l'arc, selon que leurs préoccupations ou interprétations étaient immédiatement convergentes, ou qu'elles faisaient l'objet de divergences, ouvrant sur une confrontation et une négociation. Ces résultats ont renforcé l'idée d'une co-construction des situations d'entraînement, par les entraîneurs et les athlètes, dans le cours de leurs interactions, et dans les circonstances locales des situations. L'analyse de l'entraînement comme système coopératif a incité les auteurs à faire l'hypothèse que la coordination des activités des entraîneurs et des athlètes était rendue possible par la mobilisation d'un "référentiel commun" (connaissances, expériences, et activités partagées) (d'Arripe-Longueville et Fournier, 1998 ; Avanzini et Saury, 1999 ; Saury et Durand, 1995, 1998), ou par l'actualisation d'un "cadre participatif" (règles communes assurant la viabilité des collaborations au sein de l'équipe) (Saury, 1998b ; Saury et coll., 1999a), construits au cours de l'histoire des interactions entre les protagonistes. Ces dimensions sont présentées comme des composantes de la culture professionnelle des entraîneurs, et plus largement de la culture du groupe sportif. Elles permettraient une compatibilité et une efficacité des stratégies respectives des entraîneurs et des athlètes, au sein de systèmes coopératifs pouvant avoir des caractéristiques contrastées, d'une situation à une autre (d'Arripe-Longueville et Fournier, 1998 ; d'Arripe-Longueville et coll., 1998, sous presse ; Avanzini et Saury, 1999 ; Saury et Durand, 1998 ; Saury et coll., 1997). 6 Conclusion : quelles possibilités de synthèse ? Bien qu'ayant été initiées à des époques différentes (en relation avec l'avènement de paradigmes plus généraux en sciences humaines et sociales), les quatre perspectives présentées dans cette revue constituent toutes des lignes de recherche actuelles (e.g., Bloom et coll., 1999). Cependant, en dépit de la tentative d'intégration proposée par Côté et coll. (1995) au travers du Coaching Model (CM), il existe peu de relations entre elles, et leurs résultats respectifs ne sont pas réellement capitalisés en tant qu'apports complémentaires à la connaissance et à la compréhension de l'activité des entraîneurs. Une telle synthèse intégrative est-elle possible ? Quelles conditions doivent-elles être réunies dans ce but ? Nous défendons l'idée qu'une intégration scientifique des travaux conduits dans les quatre perspectives présentées suppose une conceptualisation du domaine de l'entraînement dans le cadre d'une anthropologie cognitive de l'activité des entraîneurs, et qu'elle ne peut se résumer à une juxtaposition "a-théorique" des résultats des recherches conduites dans ces perspectives, c'està-dire, non fondées sur des hypothèses explicites concernant leurs relations. Le CM est présenté par Côté et coll. (1995c) comme un cadre conceptuel possible pour l'analyse scientifique du domaine de l'entraînement, permettant à la fois l'intégration des différentes perspectives de recherche, et la comparaison du coaching dans les différents 22 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 sports3. Cette modélisation est heuristique, car elle articule les différentes composantes empiriques des situations de coaching, en mettant en évidence sa complexité en tant que système global. A ce titre, elle offre une formalisation de ces situations pouvant avantageusement être utilisée dans la formation des entraîneurs (e.g., Salmela, 1996). En effet, les composantes du CM permettent une thématisation complète des différentes dimensions du travail des entraîneurs (working model), pertinente d'un point de vue empirique (Côté et coll., 1995c). Cependant, le CM ne sous semble pas pouvoir constituer un réel cadre conceptuel (conceptual framework), ainsi que le proposent Côté et coll., car il n'est fondé sur aucune hypothèse explicative concernant les relations entre ses différentes composantes. Or chacune des perspectives de recherche présentées s'appuie sur des présupposés ontologiques et épistémologiques distincts, inconciliables en tant que tels, au même titre que les présupposés de paradigmes (Kuhn, 1983) ou de programmes de recherche (Lakatos, 1994) peuvent être considérés comme "incommensurables". L'analyse détaillée de ces présupposés dépasse les limites de cette revue de questions. Cependant, il est possible de les schématiser autour de trois oppositions fondamentales, selon qu'elles font référence (explicitement ou implicitement) : (a) aux "sciences de la nature" (ou empirico-analytiques) ou aux "sciences de l'homme" (ou "historico-herméneutiques") (Granger, 1993 ; Habermas, 1976) ; (b) à une démarche explicative (cherchant à mettre en évidence des relations entre variables causes et variables effets) ou compréhensive (centrée sur l'interprétations de significations, la mise en évidence de causalités "intentionnelle") (Ricoeur, 1986 ; Searle, 1985) ; (c) aux modèles de la "commande" (accordant un primat aux dimensions "extrinsèques" des situations) ou aux modèles de "l'autonomie" (accordant un primat à la "description intrinsèque" du domaine cognitif des acteurs) (Theureau, 1992 ; Varela, 1989). Cependant, nous souscrivons à l'idée de Côté et coll. (1995c), selon laquelle une intégration des apports des recherches est importante, tant du point de vue de la connaissance scientifique, que de celui de la conception d'aides à l'entraînement. Chacune des perspectives présentées dans ce texte offre un "regard" particulier sur l'activité des entraîneurs (Leplat, 1997), mais que l'on ne pourrait considérer comme complémentaire des autres qu'après un travail de conceptualisation de la notion d'activité. Une voie nous paraît particulièrement prometteuse afin de mener à bien un tel projet : celle d'une anthropologie cognitive du travail des entraîneurs. Celle-ci devrait intégrer conjointement l'analyse de l'organisation et de la dynamique propre de l'activité des entraîneurs (ou organisation intrinsèque), et celle des contraintes liées à la situation, aux dispositions des entraîneurs, et à la culture de leur milieu de travail (ou contraintes extrinsèques) (Clot, 1995 ; Theureau, 1992). Il nous semble en effet possible et intéressant de reprendre dans un tel cadre, les résultats empiriques des recherches citées, et de les retravailler à la lueur des notions attachées au concept d'activité, en tant que phénomène cognitif autonome, s'organisant en situation, héritant de l'histoire et de la culture d'un acteur (Theureau, 1992). Cette synthèse intégratrice reste à faire, et même si des tentatives dans ce sens ont déjà été esquissées (e.g., Saury, 1998b), le projet d'une "théorie de l'entraînement" participant à une anthropologie cognitive de l'action en milieu sportif reste à ce jour largement spéculatif. 7 Références AGAR M (1983) Ethnography and cognition. In : RM Emerson (Ed.), Contemporary field research. Toronto, Little Brown : 68-77. 3 La pertinence de l'application de ce modèle dans le domaine des sports collectifs fut récemment testée et discutée par Gilbert et Trudel (sous presse). 23 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 AHLGREN RL, HOUSNER LD, JONES, DF (1998) Qualitative analysis of experienced and inexperienced basketball coaches during practice. Applied Research in Coaching and Athletics Annual 13 : 142-163. AMALBERTI R, DE MONTMOLLIN M, THEUREAU J (Eds.) (1991) Modèles en analyse du travail. Bruxelles, Mardaga. ANDERSON RJ (1982) Acquisition of cognitive skill. Psychological Review 89 : 369-406. ARRIPE-LONGUEVILLE (D’) F (1998) L'approche cognitiviste de l'expertise des entraîneurs. Orientations actuelles des recherches. Science et Motricité 35-36 : 42-43. ARRIPE-LONGUEVILLE (D’) F, FOURNIER JF (1998) Etude comparative des modalités d’interaction entraîneur-athlètes en tir à l’arc masculin et en judo féminin français de haut niveau. Avante 4 : 84-99. ARRIPE-LONGUEVILLE (D’) F, FOURNIER JF, DUBOIS A (1998) The perceived effectiveness of interactions between expert French judo coaches and female elite athletes. The Sport Psychologist 12 : 317-332. ARRIPE-LONGUEVILLE (D’) F, SAURY J, FOURNIER JF, DURAND M (1999) Studying coach-athlete interaction as a situated action : an illustration within elite french archery. Journal of Sport and Exercise Psychology 21, S35 (NASPSPA Abstracts, supplement 1999). ARRIPE-LONGUEVILLE (D') F, SAURY J, FOURNIER JF, DURAND M (sous presse) Coach-athlete situated interaction during elite french male archery competitions. Journal of Applied Sport Psychology. AVANZINI G, RIFF J (1998, Mars) Réflexion sur l’auto-confrontation comme outil d’intervention auprès de sportifs de haut niveau. Communication au Colloque EDPMAFRAPS. Louvain-La-Neuve, Belgique. AVANZINI G, SAURY J (1999, Avril) Les collaborations entraîneurs-sportifs en sport individuel : étude de cas en canoë de slalom en situation de compétition. Communication au Congrès International de l’AIESEP, Besançon, France. AVANZINI G, SAURY J, SEVE C, DURAND M (1999) L’auto-confrontation comme "collaboration située" entre chercheurs et sportifs. Actes du VIIIè Congrès International de l’ACAPS. Macolin, Suisse : 132-133. BLOOM GA, CRUMPTON R, ANDERSON JE (1999) A systematic observation study of the teaching behaviors of an expert basketball coach. The Sport Psychologist 13 : 157170. BLOOM GA, DURAND-BUSH N, SALMELA JH (1997) Pre- and postcompetition routines of expert coaches of team sports. The Sport Psychologist 11 : 127-141. BROPHY J, GOOD TL (1986) Teacher behavior and student achievement. In : MC Wittrock (Ed.), Handbook of research on teaching. New York, Macmillan : 328-375. BYRA M, SHERMAN MA (1993) Preactive and interactive decision-making tendencies of less and more experienced preservice teachers. Research Quarterly for Exercise and Sport 64 : 46-55. CALDERHEAD J (Ed.) (1987) Exploring teacher thinking. London, Cassel. CAMPBELL S (1993) Coaching education around the world. Sport Science Review 2 : 6274. 24 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 CAVERNI JP (1988) La verbalisation comme source d’observables pour l’étude du fonctionnement cognitif. In : JP Caverni, C Bastien, P Mendelsohn et G Tiberghien (Eds.), Psychologie cognitive. Modèles et méthodes. Grenoble, PUG : 253-273. CHAUMENTON NR, DUDA J (1988) Is it how you play the game or whether you win or lose ? The effect of competitive level and situation on coaching behaviors. Journal of Sport Behavior 11 : 157-174. CHELLADURAI P (1984) Leadership in sport. In : JM Silva et RS Weinberg (Eds.), Psychological foundations of sport. Champaign, IL, Human Kinetics : 329-339. CHI MTH, GLASER R, FARR, MJ (1988) The nature of expertise. Hillsdale, Erlbaum. CLARK CM, PETERSON PL (1986) Teachers’ thought processes. In : M Wittrock (Ed.), Handbook on research on teaching. London, Collier Macmillan : 255-296. CLAXTON DB (1988) A systematic observation of more or less successful high school tennis coaches. Journal of Teaching in Physical Education 7 : 302-310. CLAXTON DB, LACY AC (1986) A comparison of practice field behaviors between winning high school football and tennis coaches. Journal of Applied Research in Coaching and Athletics 1 : 188-200. CLOT Y (1995) Le travail sans l'homme ? Pour une psychologie des milieux de travail et de vie. Paris, La Découverte. CLOT Y (1999) La fonction psychologique du travail. Paris, PUF. CONNELL J (1980) Multidimensional measure of children’s perceptions of control. Denver, University od Denver. COTE J (1998) Coaching research and intervention : an introduction to the special issue. Avante 4 : 1-15. COTE J, SALMELA JH (1994) A decision-making heuristic for the analysis of unstructured qualitative data. Perceptual and Motor Skills 78 : 465-466. COTE J, SALMELA JH, BARIA A, RUSSELL SJ (1993) Organizing and interpreting unstructured qualitative data. The Sport Psychologist 7 : 127-137. COTE J, SALMELA JH, RUSSELL SJ (1995a) The knowledge of high-performance gymnastic coaches : methodological framework. The Sport Psychologist 9 : 65-75. COTE J, SALMELA JH, RUSSELL S (1995b) The knowledge of high-performance gymnastic coaches : competition and training considerations. The Sport Psychologist 9 : 76-95. COTE J, SALMELA JH, TRUDEL P, BARIA A, RUSSELL S (1995c) The coaching model : a grounded assessment of expert gymnastic coaches’ knowledge. Journal of Sport and Exercise Psychology 17 : 1-17. COULSON R, COBB R (1979, August) Assessment of a scale to measure generalized expectancy of sport success. Paper presented at the annual meeting of the American Alliance for Health, Physical Education and Recreation. New Orleans, LA. CRANACH M VON, HARRE R (Eds.) (1982) The analysis of action. Recent theoretical and empirical advances. Cambridge-Paris, Cambridge University Press / La Maison des Sciences de l’Homme. 25 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 DARST PW, LANGSDORF E., RICHARDSON DE, KRAHENBUHL GS (1981) Analyzing coaching behavior and practice time. Motor skills: theory into practice 5 : 13-22. DARST PW, ZAKRAJSEK D, MANCINI V (Eds.) (1989) Analyzing physical education and sport instruction. Champaign, IL, Human Kinetics. DEMERS G, TOUSIGNANT M (1998) Planifier l’imprévisible : comment les plans de séances se transforment en action. Avante 4 : 67-83. DOUGE B, HASTIE P (1993) Coach effectiveness. Sport Science Review 2 : 14-29. DUBOIS PE (1981) Youth sport coach as an agent of socialization : an exploratory study. Journal of Sport Behavior 4 : 95-107. DUNKIN M, BIDDLE B (1974) The study of teaching. New York, Holt, Rinehart & Winston. DURAND M (1996) L’enseignement en milieu scolaire. Paris, PUF. ERICSSON KA, KRAMPE RT, TOESCH-RÖMER C (1993) The role of deliberate practice in the acquisition of expert performance. Psychological Review 100 : 363-403. ERICSSON KA, SIMON HA (1984) Protocol analysis : verbal reports as data. London, MIT Press. ERICSSON KA, SMITH J (1991) Toward a general theory of expertise. Cambridge, Cambridge University Press. FISHER AC, MANCINI VH, HIRSCH RL, PROULX TJ, STAUROWSKY EJ (1982) Coach-athlete interactions and team climate. Journal of Sport Psychology 4 : 388-404. FLANDERS N (1970) Analyzing teaching behavior. Reading, MA, Addison-Wesley. FRANKS IM, JOHNSON RB, SINCLAIR GD (1988) The development of a computerized coaching analysis system for recording behavior in sporting events. Journal of Teaching in Physical Education 8 : 23-32. GAUMOND S, GILBERT W, TRUDEL P, LAROQUE L (1998, July) Instructional content provided to youth ice hockey players in practices. Paper presented at the AIESEP World Sport Science Congress, Adelphi University, New York. GILBERT, W, TRUDEL P (sous presse) Validation of the Coaching Model (CM) in a team sport context. International Sport Journal. GILBERT W, TRUDEL P, HAUGHIAN LP (1999) Interactive decision making factors considered by coaches of youth ice hockey during games. Journal of Teaching in Physical Education 18 : 290-311. GILBERT W, TRUDEL P, GAUMOND S, LAROQUE L (1998, July) Development issues and applications of the SAIC instrument. Paper presented at the AIESEP World Sport Science Congress, Adelphi University, New York. GLASER R (1987) Learning theory and theories of knowledge. In : E de Corte, H Lodewijks, R Parmentier et P Span (Eds.), Learning and instruction. Toronto, Pergamon : 397414. GOULD D, HODGE K, PETERSON K, GIANNINI J (1989) An exploratory examination of strategies used by elite coaches to enhance self-efficacity in athletes. Journal of Sport and Exercise Psychology 11 : 128-140. GRANGER GG (1995) La science et les sciences. Paris, PUF. 26 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 GRIFFEY DC, HOUSNER LD (1991) Differences between experienced and inexperienced teachers’ planning decisions, interactions, student engagement, and instructional climate. Research Quarterly for Exercise and Sport 62 : 196-204. HABERMAS J (1976) Connaissance et intérêt. Paris, Gallimard. HARTER S (1982) The Perceived Competence Scale for Children. Child Development 53 : 87-97. HOC JM (1984) La verbalisation provoquée pour l’étude du fonctionnement cognitif. Psychologie Française 29 3/4 : 231-234. HOFFMAN SJ (1983) Clinical diagnosis as a pedagogical skill. In : TJ Templin et TK Olson (Eds.), Teaching in physical education. Champaign, IL, Human Kinetics : 35-45. HOLYOAK KJ (1984) Mental models in problem solving. In : JR Anderson et SM Kosslyn (Eds.), Tutorials in learning and memory : Essay in honor of Gordon Bower. SanFrancisco, CA, Freeman : 193-218. HORN TS (1985) Coaches’ feedback and changes in children’s perceptions of their physical competence. Journal of Educational Psychology 77 : 174-186. HOUSNER LD, GRIFFEY DC (1985) Teacher cognition : differences in planning and interactive decision-making between experienced and inexperienced teachers. Research Quarterly for Exercise and Sport 56 : 45-53. JACKSON P (1968) Life in classrooms. New York, Holt Rinehart & Winston. JOHNSON RB, FRANKS IM (1991) Measuring the reliability of a computer-aided systematic observation instrument. Canadian Journal of Sport Sciences 16 : 45-57. JOHNSON-LAIRD PN (1983) Mental models : Toward a cognitive science of language, inference and consciousness. Cambridge MA, Harvard University Press. JONES RL (1997) Effective instructional coaching behaviors: a review of literature. International Journal of Physical Education 1 : 27-32. JONES DF, HOUSNER LD, KORNSPAN AS (1995) A comparative analysis of expert and novice basketball coaches’ practice planning. Applied Research in Coaching and Athletics Annual 10 : 201-226. JONES DF, HOUSNER LD, KORNSPAN AS (1997) Interactive decision making and behavior of experienced and inexperienced basketball coaches during practice. Journal of Teaching in Physical Education 16 : 454-468. KIRSHNER D, WHITSON JA (Eds.) (1997) Situated cognition. Social, semiotic, and psychological perspectives. Mahwah, NJ, Lawrence Erlbaum Associates. KUHN TS (1983) La structure des révolutions scientifiques. Paris, Flammarion. LACY AC, DARST PW (1985) Systematic observation of behaviors of winning high school head football coaches. Journal of Teaching in Physical Education 4 : 256-270. LACY AC, DARST PW (1989) The Arizona State University Observation Instrument (ASUOI). In : PW Darst, DB Zakrajsek et VH Mancini (Eds.), Analyzing Physical Education and Sport Instruction. Champaign, IL, Human Kinetics : 369-378. LACY AC, GOLDSTON PD (1990) Behavior analysis of male and female coaches in high school girls’ basketball. Journal of Sport Behavior 13 : 29-39. 27 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 LACY AC, MARTIN DL (1994) Analysis of starter/nonstarter motor skill engagement and coaching behavior in collegiate women’s volleyball. Journal of Teaching in Physical Education 13 : 95-107. LAKATOS I (1994) Histoire et méthodologie des sciences, programmes de recherche et reconstruction rationnelle. Paris, PUF. LANGSDORF EV (1989) Coaching Behavior Recording Form. In : PW Darst, DB Zakrajsek et VH Mancini (Eds.), Analyzing Physical Education and Sport Instruction. Champaign, IL, Human Kinetics : 335-342. LAROQUE L, GILBERT W, TRUDEL P, GAUMOND S (1998, July) Instructional content provided to youth ice hockey players in games. Paper presented at the AIESEP World Sport Science Congress, Adelphi University, New York. LEPLAT J (1994) Collective activity in work : some lines of research. Le Travail Humain 57 : 209-226. LEPLAT J (1997) Regards sur l’activité en situation de travail. Contribution à la psychologie ergonomique. Paris, PUF. LEPLAT J, HOC JM (1983) Tâche et activité dans l’analyse psychologique des situations. Cahiers de Psychologie Cognitive 3 : 49-63. LIUKKONEN J, LAAKSO L, TELAMA R (1996) Educational perspectives of youth sport coaches : analysis of observed coaching behaviors. International Journal of Sport Psychology 27 : 439-453. LOMBARDO BJ (1989) The Lombardo Coaching Behavior Analysis System (LOCOBAS). In : PW Darst, DB Zakrajsek et VH Mancini (Eds.), Analyzing Physical Education and Sport Instruction. Champaign, IL, Human Kinetics : 353-359. MCKENZIE TL, CARLSON BR (1984) Computer technology for exercise and sport pedagogy: Recording, storing, and analysing interval data. Journal of Teaching in Physical Education 3 : 17-27. MILLARD L (1996) Differences in coaching behaviors of male and female high school soccer coaches. Journal of Sport Behavior 19 : 19-31. MILLER G, GALANTER E, PRIBRAM W (1960) Plans and structure of behavior. New York, Holt, Rinehart & Winston. MODEL RL (1983) Coaching behaviors of non-winning high school football coaches in Arizona. Dissertation Abstract International 44 : 703A. NEWELL A, SIMON HA (1972) Human Problem Solving. Prentice-Hall. NIELSON G (1962) Studies in self-confrontation. Copenhagen, Munskgaard. PATTON MQ (1990) Qualitative evaluation and research methods. Newbury Park, CA, Sage. PEIRCE CS (1978) Ecrits sur le signe. Paris, Editions du Seuil. PETERSON PL, CLARK CM (1978) Teacher's report of their cognitive processes during teaching. American Educational Research Journal 15 : 555-565. PETLICHKOFF LM (1993) Coaching children : understanding the motivational process. Sport Science Review 2 : 48-61. PIERON M (1992) Pédagogie des APS. Paris, Editions Revue EPS. 28 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 REJESKI W, DARRACOTT C, HUTSLAR S (1979) Pygmalion in youth sport : a field study. Journal of Sport Psychology 1 : 311-319. RICOEUR P (1986) Du texte à l'action. Paris, Seuil. RIFF J, AVANZINI G (1997, Mars) Autonomie et dépendance des judokas à l’égard du coaching pendant les combats : une question de confiance ? Communication aux 5è JORESCAM, Toulouse. RIFF J, DURAND M (1993) Planification et décision chez les enseignants. Bilan à partir des études en EPS, analyses et perspectives. Revue Française de Pédagogie 103 : 81-107. RODRIGUES J, FERREIRA V (1996) Coach behavior in competition on trampoline. In : R Lidor, E Eldar et I Harari (Eds.), Windows to the future : bridging the gaps between disciplines, curriculum and instruction. Wingate Institute : 448-453. RUPERT T, BUSCHNER C (1989) Teaching and coaching : a comparison of instructional behaviors. Journal of Teaching in Physical Education 9 : 49-57. RUSHALL BS (1977) Two observation schedules for sport and education environments. Canadian Journal of Applied Sport Sciences 2 : 15-21. SALMELA JH (Ed.) (1996) Great job coach. Getting the edge from proven winners. Ottawa, ON, Potentium. SALMELA JH, RUSSELL SJ, COTE J, BARIA A (1991) The structure of knowledge of expert coaches. Paper presented at the seventh European Congress of Sport Psychology, Köln, Germany. SALMELA JH, RUSSELL SJ, COTE J, BARIA A (1994) The structure of expert knowledge in coaches. In : J Nitsch (Ed.), Advances in sport psychology. Köln, Bundesinstitut für sportpsychologie : 56-65. SAURY J (1998a, Mars). Les effets des situations de préparation à la haute compétition conçus comme des transformations de l'action collective au sein du système entraîneur-athlète. Communication au Colloque EDPM-AFRAPS. Louvain-La-Neuve, Belgique. SAURY J (1998b) L’action des entraîneurs dans les situations de compétition en voile olympique. Thèse de doctorat STAPS non publiée, Université de Montpellier 1. SAURY J, DURAND M (1995) Etude des connaissances pratiques des entraîneurs experts en voile : de l’analyse des relations entraîneurs-athlètes à une approche de la situation d’entraînement comme un travail collectif. Sport 151 : 25-39. SAURY J, DURAND M (1996) Experience and enacted knowledge of expert sailing coaches. In : R Lidor, E Eldar et I Harari, Proceedings of the AIESEP World Congress. Wingate Institute, Israel : 602-608. SAURY J, DURAND M (1998) Practical knowledge in expert coaches: on-site study of training in sailing. Research Quarterly for Exercise and Sport 69 : 254-266. SAURY J, DURAND M, THEUREAU J (1997) L’action d’un entraîneur expert en voile en situation de compétition : étude de cas. Contribution à une analyse ergonomique de l’entraînement. Science et Motricité 31 : 21-35. SAURY J, AVANZINI G, SEVE C, DURAND M (1999a) Le coaching d’un collectif d’athlètes en sport individuel : collaborer avec des athlètes concurrents en compétition. Actes du VIIIè Congrès International de l’ACAPS. Macolin, Suisse : 136-137. 29 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 SAURY J, SEVE C, DURAND M (1999b) Approche sémiologique de la connaissance dans l’action d’entraîneurs olympiques de voile: analyse en situation de compétition. Actes du VIIIè Congrès International de l’ACAPS. Macolin, Suisse : 491-492. SCANLAN TK (1993) Testing… Testing… Where is sport psychology ? Paper presented at the annual meeting of the Association for the Advancement of Applied Sport Psychology, Montréal, Canada. SCHWARTZ Y (1997) Reconnaissances du travail. Pour une approche ergologique. Paris, PUF. SEARLE J (1985) Du cerveau au savoir. Paris, Herman. SEDGWICK WA, COTE J, DOWD J (1997) Confidence Building strategies used by Canadian high-level rowing coaches. Avante 3 : 80-92. SEGRAVE JO, CIANCIO CA (1990) An observational study of a successful pop warner football coach. Journal of Teaching in Physical Education 9 : 294-306. SEVE C, DURAND M (1999) L’action de l’entraîneur de tennis de table comme action située. Avante 5 : 69-85. SHAVELSON R, STERN P (1981) Research on teachers’ pedagogical thoughts, judgments, decisions, and behavior. Review of Educational Research 51 : 455-498. SHERMAN MA (1983) Pedagogical cognition in physical education : differences between expert and novices teachers. In : TJ Templin et TK Olson (Eds.), Teaching in physical education. Champaign, IL, Human Kinetics : 19-34. SIEDENTOP D (1976). Developping teaching skills in physical education. Boston, Houghton-Miftlin. SINCLAIR GD (1989) Feedback Analysis Profile (FAP). In : PW Darst, DB Zakrajsek et VH Mancini (Eds.), Analyzing Physical Education and Sport Instruction. Champaign, IL, Human Kinetics : 361-368. SINCLAIR GD, VEALEY RS (1989) Effects of coaches' expectations and feedback on the self-perceptions of athletes. Journal of Sport Behavior 12 : 77-91. SMITH RE, SMOLL FL (1990) Self-esteem and children’s reactions to youth sport coaching behaviors : a field study of self enhancement processes. Developmental Psychology 26 : 987-993. SMITH RE, SMOLL FL, CURTIS B (1978) Coaching behaviors in Little League Baseball. In : FL Smoll et RE Smith, Psychological perspectives in youth sports. Washington DC, Hemisphere. SMITH RE, SMOLL FL, CURTIS B (1979) Coach effectiveness training : a cognitive behavioral approach to enhancing relationship skills in youth sport coaches. Journal of Sport Psychology 1 : 59-75. SMITH RE, SMOLL FL, HUNT E (1977) A system for the behavioral assessment athletic coaches. The Research Quaterly 48 : 401-407. SMITH RE, ZANE NW, SMOLL FL, COPPEL DB (1983) Behavioral assessment in youth sports : coaching behaviors and children’s attitudes. Medicine and Science in Sport and Exercise 15 : 208-214. 30 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 SMOLL FL, SMITH RE (1984) Leadership research in youth sports. In : JM Silva et RS Weinberg (Eds.), Psychological foundations of sport. Champaign, IL, Human Kinetics : 371-386. SPRADLEY J (1979) The ethnographic interview. New York, Holt, Rinehart and Winston. STRAUSS A, CORBIN J (1990) Basics of qualitative research. London, Sage. SUCHMAN L (1987) Plans and situated action. Cambridge, Cambridge University Press. TANGUAY E, TOUSIGNANT M (1998a, July). What do coaches think ? Coaches’ diagnostic process. Paper presented at the AIESEP World Sport Science Congress, Adelphi University, New York. TANGUAY E, TOUSIGNANT M (1998b, July). What do coaches look for during a training session. Paper presented at the AIESEP World Sport Science Congress, Adelphi University, New York. TERSSAC G (DE) (1992) Autonomie dans le travail. Paris, PUF. TESCH R (1990) Qualitative research analysis type and software tools. New York, Falmer Press. THARP RG, GALLIMORE R (1976) What a coach can teach a teacher. Psychology Today 9 : 74-78. THEUREAU J (1992) Le cours d'action : Analyse sémio-logique. Essai d'une anthropologie cognitive située. Berne, Peter Lang. THEUREAU J, JEFFROY F (1994) Ergonomie des situations informatisées. Toulouse, Octares. TINNING R (1982) Improving coaches’instructional effectiveness. Sport Coach 4 : 37-41. TOCHON FV (1992) A quoi pensent les chercheurs quand ils pensent aux enseignants ? Les cadres conceptuels de la recherche sur la connaissance pratique des enseignants. Revue Française de Pédagogie 99 : 89-113. TOCHON FV (1993) L’enseignant expert. Paris, Nathan. TRUDEL P (1997) L’influence des périodes de jeu et de l’écart au score sur les comportements des entraîneurs lors de matchs au hockey sur glace. STAPS 43 : 71-74. TRUDEL P, BRUNELLE J (1985) Les situations d'apprentissage offertes aux joueurs inscrits dans des ligues de hockey mineur. CAHPER / ACSEPL Journal 51 : 18-25. TRUDEL P, COTE J (1994) Pédagogie sportive et conditions d'apprentissage. Enfance 2-3 : 285-298. TRUDEL P, COTE J, BERNARD D (1996a) Systematic observation of youth ice hockey coaches during games. Journal of Sport Behavior 19 : 50-65. TRUDEL P, GILBERT W (1995) Research on coaches’ behaviours : looking beyond the refereed journals. Avante 2 : 94-104. TRUDEL P, HAUGHIAN L, GILBERT W (1996b) L’utilisation de la technique du rappel stimulé pour mieux comprendre le processus d’intervention de l’entraîneur en sport. Revue des Sciences de l’Education XXII : 503-522. VAN DER MARS H, DARST P, SARISCANY MJ (1991) Practice behaviors of elite archers and their coaches. Journal of Sport Behavior 14 : 103-112. 31 L'activité des entraîneurs – Soumis S&M – Janvier 2001 VANGUCCI M, POTRAC P, JONES RL (1997) A systematic observation of elite women's soccer coaches. Journal of Interdisciplinary Research in Physical Education 2 : 1-17. VARELA FJ (1989) Autonomie et connaissance. Essai sur le vivant. Paris, Le Seuil. WEINBERG R, JACKSON A (1990) Building self-efficacy in tennis players : A coach’s perspective. Journal of Applied Sport Psychology 2 : 164-174. VERMERSCH P (1990) Questionner l’action : l’entretien d’explicitation. Psychologie Française 35 : 227-235. VERMERSCH P (1994) L'entretien d'explicitation. Paris, ESF. WOODMAN L (1993) Coaching : a science, an art, an emerging profession. Sport Science Review 2 : 1-13. 32