RACINES238 - dec 2012

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RACINES. Vivre entre Sèvre et Loire
Patrick Braud est le créateur
de "Vase sacrée", jeu de plateau
sur le Marais poitevin.
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Jeux et
Jeux de société, traditionnels, peluches…
Un univers ludique dont les acteurs sont parfois près de chez vous.
Grâce à eux, Noël peut rimer avec créativité locale !
Patrick ou la marmite ludique
nfant, j'inventais mes jeux
avec pas grand-chose :
des bouquins au sol, une
couverture par-dessus, quelques
pions de dames et de loto, et voilà
mon circuit de moto cross ! J'étais fils
unique et mes parents avaient des
revenus modestes. Il fallait être imag i n a t i f ! … ” Pa t r i c k B r a u d a
aujourd'hui 53 ans. Il vit à Niort. Loin
de ce qu'il avait présagé (ou presque)
il est devenu créateur de jeux il y a
trois ans : “j'ai toujours aimé cet uni-
“E
vers, mais bien souvent je n'avais personne autour de moi pour partager
cette envie”.
Patrick travaillera dix ans dans une
scierie, treize ans dans le bâtiment.
Ce sont les aléas de la vie qui vont
progressivement réveiller sa fibre
ludique. À 27 ans, il tente une première expérience : “après sept ans
de karaté, j'ai dû raccrocher mon
kimono, mais mes orteils me démangeaient ! Et je ne suis pas du genre à
m'ennuyer sur un divan, alors j'ai eu
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l'idée d'Hajimé, un jeu reprenant les
règles du karaté. Sans doute fallait-il
que je pallie ma frustration !” Patrick
investit une partie de ses économies,
emprunte un peu à des amis et autoédite son premier plateau. Il se vend
plutôt bien (1 000 exemplaires à ce
jour) car il interpelle les adeptes du
tatami. À l'époque Patrick ne nourrissait aucune ambition : “je me suis fait
plaisir. J'ai pu rembourser mes amis
et voilà ! Je suis passé à autre
chose…”.
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RACINES. Vivre entre Sèvre et Loire
Catherine Baty
(1) À partir de 8 ans, un à quatre joueurs, 30 €
(plusieurs extensions comprises dans le jeu)
• Contact : Patrick Braud, tél. 05 17 40 16 72
ou sur www.jeutuil.fr.
Quand la Grenouille amuse
onnaissez-vous le jeu de la
Grenouille? Ceux qui ont fréquenté les kermesses ou les
préveils d'antan vous dirons : “bien
sûr !” Ce sont, paraît-il, les Grecs qui
l'inventèrent en lançant des galets
dans une amphore. Après on l'a
appelé le jeu du Tonneau : il fallait
atteindre le petit trou au milieu de la
barrique debout, avec un palet pour
gagner deux points. Plus tard encore,
on l'a sophistiqué et baptisé la Grenouille : une caisse en bois, des rangées à l'intérieur et une tête de
grenouille à l'extérieur. Celui qui a
bien visé et tombe dans la gueule du
batracien accumule 2 000 points. Les
petits trous annexes comptent pour
500 et la roulette (petit moulin extérieur) pour 1 000. On a chacun cinq
palets pour gagner.
Des jouets en bois collectifs et traditionnels, Pascal Fontenas, 27 ans,
en a fait son fonds de commerce avec
Ludo Ludam (Je joue, nous jouons, en
latin). Jeune auto-entrepreneur à
Avrillé, dans le Maine-et-Loire, il a
fait de sa passion un métier. “Je récupère le bois, les vieilles portes d'armoires chez Emmaüs ou dans les
ventes pour fabriquer ces jeux anciens.
Je chine un peu partout en France
pour en dénicher d'autres. Avec le tout,
je propose des animations pour les
festivals de rue, les kermesses des
écoles, les fêtes communales ou les
mariages…” Comme ce Dynamomètre récupéré du côté de Deauville.
Tous les cafés avaient autrefois ce jeu
de force où une aiguille et un mécanisme à ressort affichaient la force
de la pogne du joueur.
Et ça marche ! Les enfants, les
jeunes et leurs parents sont surpris
par ces drôles d'oiseaux qui demandent de l'adresse et qui engendre le
rire. Le billard Nicolas, rond comme
un plateau de dés, où quatre joueurs
doivent souffler à tour de rôle (pas
trop fort !) pour aller loger une petite
bille de liège (la roubignole !) dans
le trou adverse. Tout un programme !
C
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(Photo : Ludo Ludam)
Les années s'écoulent, des problèmes de santé à répétition l'obligent
à revoir son chemin professionnel. Un
virage en fait. L'ancien plaquiste se
découvre un intérêt pour les métiers
de l'animation. Après un stage à la
ludothèque de Parthenay, on lui propose un remplacement qui se prolongera finalement quatre ans. “Je suis
retombé dans la marmite et j'ai parfait ma culture ludique !” Durant toute
cette période, il conçoit une quinzaine
de prototypes qu'il teste auprès de la
famille et des collègues. Un jeu en
particulier semble sortir du lot : “Vase
sacrée”(1) inspiré de l'histoire du Marais
Poitevin. Quand Patrick se retrouve
sans emploi, il décide d'en lancer la
fabrication et la commercialisation.
“Ce jeu présentait plusieurs atouts :
mon étude marketing démontrait une
forte demande pour ce type de produit qui s'adresse aux touristes. Il se
renouvelle bien puisque la clientèle
ciblée va au-delà de la population
locale.” Bonne pioche. Son jeu se vend
encore en Vendée, Deux-Sèvres et
Charente-Maritime dans certains
offices de tourisme, des embarcadères,
des supérettes et dans des boutiques
spécialisées en Loire-Atlantique.
Sur l'échiquier de Patrick, deux parties se dessinent désormais. D'abord
le projet de lancer un jeu de cartes en
co-édition ce qui lui permettrait de diffuser plus largement son nom de créateur et d'ouvrir de nouvelles portes. Et
puis, il y a Chahut-Bahut né il y a déjà
quelques années mais resté à l'état de
prototype malgré son premier prix des
créateurs au Festival ludique international de Parthenay (Flip) en 2006.
Patrick sillonne régulièrement marchés et fêtes pour partager son penchant ludique. Il vend également les
créations de confrères indépendants
comme lui, anime des activités de
comités d'entreprises. “Le jeu de plateau est à nouveau en vogue, il se
démocratise. Certainement parce que
les gens ont besoin de cette convivialité mais aussi des valeurs qui s'en
dégagent.”
Un peu d'adresse pour jouer
au billard à barres !
Citons aussi l'anneau à la quille, le
billard japonais, le billard à barre…
Mais le premier public de Pascal,
ce sont les maisons de retraite :
“Après mon diplôme(1), j'ai travaillé
trois ans à la Maison des jeux à Lille
sur un projet de jeux traditionnels pour
les personnes âgées. Maldive que l'on
joue aux dés pour reconstituer un puzzle de formes en bois, Grenouille, billard japonais : ils réapprennent les
gestes et testent les neurones.” Pascal promène donc ses jeux dans les
résidences de retraités, notamment à
Angers. “On fait rouler, on lance
(même en fauteuil roulant), on redécouvre le plaisir d'être ensemble. Les
personnes du quatrième âge n'ont pas
connu le même univers ludique. Tous
ces jeux en bois leur rappellent des
souvenirs, ravivent la mémoire des
bons moments…”
Christine Grandin
(1) Bac + 2 carrières sociales avec une spécialisation animation sociale et culturelle.
• Ludo Ludam : contact au 06 84 98 49 94
ou sur www.ludoludam.fr.
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Les doux doudous de Moulin Roty
iscotte et Pompon, Balthazar et
Valentine, Basile et Lola… Ils
sont doux, colorés et ont de jolis
noms. Les doudous de Moulin Roty se
conjuguent souvent en duo. Mais pas
seulement… Dans les étagères du
bureau d'étude, à Nort-sur-Erdre, on
rencontre aussi des groupes de doudous : les Pachats, les Parisiennes, les
Coquettes ou les Jolis pas beaux… !
Ou des solitaires, comme la Douillette, la toute première poupée de chiffon produite depuis 1975, et relookée
en lapin en 2012, pour le quarantième anniversaire de la maison !
Les années passant, la collection
s'est étoffée, les références se sont multipliées, les peluches se sont diversifiées : les jouets en bois à l'ancienne
(porteurs, cheval à bascule…) ont été
rejoints par les poupées de tissus et les
animaux en velours doux ; les accessoires de décoration de chambre d'enfant et la gamme puériculture
(turbulette, cape de bain…) ont rencontré le succès et trouvé leur public.
“Actuellement, nous comptons
1 200 références dans nos catalogues,
explique Christine Jaffré, directrice
Achat et Développement. Chaque doudou a son nom, et non pas un numéro,
car ils sont conçus en tant que personnages qui racontent des histoires aux
enfants… Tous les ans, nous créons
au total près de cent nouveaux produits dans nos différentes gammes
(meubles, jouets, déco…). Pour les textiles, nous suivons bien sûr les tendances de chaque saison. Nous
rencontrons nos fournisseurs de tissus
dans les salons professionnels de la
mode, à Paris ou à Cholet.”
Mais qu'on ne s'y trompe pas :
certes la conception et la commercialisation des produits sont françaises,
effectuées à Nort-sur-Erdre ; certes la
majorité des tissus est française, complétée par certains achats italiens ou
espagnols mais la production, elle,
est réalisée dans des ateliers en Asie.
Les matières premières y sont expédiées, les produits confectionnés étant
B
ensuite rapatriés
et stockés dans les
5 000 m 2 des
entrepôts nortais.
Ne restent en
France que deux
ateliers de confection, sous-traitant,
à Saint-Nazaire et
à Vihiers, pour les
produits haut de
gamme (dont les
Douillettes aux
yeux brodés à la
main !). En ce qui
concerne le mobilier pour bébés et les jouets en bois,
c'est en Roumanie qu'on les fabrique.
Mais toujours avec la même éthique,
le même sérieux ! Les tests de conformité sont en revanche réalisés par des
laboratoires français, répondant aux
normes nationales et européennes
(sécurité, solidité, non-toxicité des
matériaux...).
Née dans une minoterie
Créée initialement à Saffré, au lieudit Moulin Roty, dans une ancienne
minoterie rénovée, Moulin Roty rassemblait une communauté d'amis,
réunis en association et partageant
les mêmes valeurs de solidarité et de
respect. On fabriquait alors des objets
de décoration ou d'art et des meubles
en bois. En 1975, c'est justement avec
la Douillette (déjà citée) et une voiture
porteuse en bois et tissu que débute
la production de jouets. En 1980, à la
suite de l’incendie de ses locaux saffréens, Moulin Roty s'installe à Nortsur-Erdre. L'entreprise évolue,
s'agrandit et devient un référent incontournable dans l'univers du jouet et du
jeune enfant (0 à 6 ans environ).
Récemment des “jeux d'antan pour
les enfants d'aujourd'hui” sont venus
enrichir l'offre : Les Petites Merveilles
pour les enfants de 6 à 10 ans, aux
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Christine Jaffré présente la nouvelle gamme du
Moulin-Roty : Biscotte le pingouin et Pompon, l’ours.
prix très accessibles. On y trouve des
marionnettes silhouettes (les Ombres)
ou bien des jeux de cartes, des pliages
ou des grimages…
“Aujourd'hui, nos produits sont distribués à 50 % auprès de détaillants
en jouets et à 50 % en magasins franchisés (univers du bébé et du cadeau
de naissance). Nous ne vendons pas
en grande distribution !”, complète
Mme Jaffré. “La part à l'exportation progresse. Nous avons de bons résultats
en Grande-Bretagne, Allemagne, Belgique, Pays-Bas. Nous abordons depuis
peu les marchés américain et asiatique
où les échos sont encourageants.”
En 2012, l'entreprise emploie quarante salariés-associés. Enfin, dernière
particularité de Moulin Roty, elle a
adopté depuis 1980 le statut de
Société coopérative ouvrière de production (Scop), restant fidèle à ses
valeurs premières. Elle ne recrute de
nouveaux collaborateurs qu'avec l'aval
des autres employés, et se distingue
par un écart des salaires plutôt réduit
(de 1 à 2), un intéressement financier
des salariés aux résultats, et une participation active et impliquée dans la
gestion de l'entreprise.
Yvelise Richard
• Pour découvrir la totalité de la collection,
visitez le site de la marque : www.moulinroty.fr
et consultez les catalogues virtuels. Une boutique Moulin Roty a ouvert ses portes à Nantes,
1 rue du Voisin (quartier Saint-Nicolas).
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Puzzles, casse-tête… Myriam joue avec le bois
lle a d'abord répondu : “non !”
Quand Céline Souchet a proposé à sa voisine Myriam Bonnaud de fabriquer des jouets en bois,
l'affaire n'était pas gagnée… “Je
n'avais plus le temps de maintenir cette
activité, mais je trouvais vraiment dommage d'abandonner. Alors, j'ai sollicité Myriam”, explique Céline
sellière-maroquinière à Saint-Hilairedes-Loges. C'était l'année dernière.
Aujourd'hui à quelques encablures de
Noël, puzzles colorés, sapins de bois
et casse-tête monopolisent le buffet
de la salle à manger de la famille
Bonnaud. Myriam a donc finalement
dit oui à son amie. “J'avais un peu
peur de me lancer dans une activité
indépendante”, avoue la maman de
47 ans. En fait, elle n'a pas eu le
choix: “mon fils m'a annoncé qu'il avait
déjà rempli mon dossier d'auto-entrepreneur. Il m'a lancé : "maman, il ne
te reste plus qu'à trouver le nom de
ta société !"” Ce sera Bois & Cie.
Myriam est plutôt adroite de ses
mains et ne craint pas de se frotter
aux matériaux. Elle achète une scie à
chantourner, reprend les plans de
Céline et se lance sans complexe. “Je
suis une bricoleuse et une autodidacte”, justifie-t-elle en montrant les
coffres des comtoises qu'elle aime restaurer.
En quelques semaines, pour le premier Noël de sa petite entreprise en
2011, Myriam sort quelques exemplaires de jouets et vend sur trois marchés, à la famille, à des amis. Au bout
de six mois, le stock se forme, elle peut
attaquer les rendez-vous de l'été et les
fêtes locales. Petit à petit, la créativité
E
de M y r i a m
s'émancipe,
elle chope des
idées sur internet, repère les
demandes des
clients rencontrés, repense la
fabrication.
90 % de ses
pièces sont
réalisées en
hêtre acheté
localement.
“C'est
une
essence qui se
travaille bien
car elle est
solide, sans nœud, sans écharde, d'une
bonne densité (résiste bien aux coups),
facilement colorable”, détaille Myriam.
Vernis, peintures, finitions sont adaptés aux enfants.
Bois & Cie propose maintenant une
quarantaine de références : Chenille
abécédaire, tortue bolide à roulettes,
indiens multicolores, poissons arc-enciel en sept morceaux… Mais aussi
des jeux pour les adultes en quête de
cogitation ludique : Morpion 3D, Tour
d'Hanoï, solitaire, damier… Pour les
fêtes, Myriam ajoute à son étal des
décorations bois à suspendre réalisées à la main (anges, flocons, scènes
de la nativité…). “En ce moment, les
journées sont chargées… Tout doit être
prêt pour les marchés de Noël”, s'angoisse un peu l'auto-entrepreneuse.
“Il me faut jusqu'à six ou sept heures
pour finir les puzzles les plus complexes
(une quarantaine de pièces), autant
dire que cette activité est d'abord un
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À Saint-Hilaire-des-Loges,
Myriam est devenue artisan de jeux
et jouets en bois.
plaisir !”. Ces jours-ci, toute la famille
est mise à contribution : Mamie coud
des pochons du calendrier de l'Avent,
papi rabote les planches, l'époux
manie la défonceuse, l'aîné des fils
gère le site internet qu'il a créé pour
les ventes à distance de sa maman,
et le reste de la troupe participe aux
soirées ponçage devant la télé !
“Quand j'y repense, glisse Céline
avec qui les échanges sont toujours
précieux… Myriam m'avait pourtant
dit "non" !”
Catherine Baty
• Contact : Myriam Bonnaud au 06 16 88 03
04 et sur [email protected]. Site
Internet : www.boisetcie.net
À noter : Les jeux et jouets de Myriam
Bonnaud seront en vente aux marchés de
Noël du Puy du Fou (marché ouvert aux spectateurs), à Saint-Martin-de-Fraigneau le 1er
décembre, à Damvix le 9 décembre.
décembre 2012
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