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Lettre décembre 2011 Sélectivité et Pêche Durable Décembre 2011 marque la fin du programme Sélectivité et Pêche Durable et probablement, celle d’une longue et fructueuse série d’études portant sur l’amélioration de la sélectivité des chaluts de fond du golfe de Gascogne. Dès lors, il est important de dresser un bilan de ces études, de partager notre expérience avec celles des acteurs d’autres pêcheries communautaires et de valoriser nos travaux auprès de la Commission Européenne. C’est ce qui a été fait à travers un séminaire sur la sélectivité des engins de pêche, organisé le 15 novembre 2011 à la cité de la voile Eric TABARLY de Lorient. Travail réalisé sous l’égide d’un comité de pilotage réunissant : CNPMEM, CRPMEM Bretagne, CRPMEM Pays de la Loire, CRPMEM Poitou-Charentes, CRPMEM Aquitaine CLPMEM Guilvinec, CLPMEM Concarneau, CLPMEM Lorient, CLPMEM La Turballe, CLPMEM Le Croisic, CLPMEM Sables d'Olonne, CLPMEM La Rochelle, CLPMEM Marennes-Oléron, CLPMEM Arcachon, CLPMEM Ciboure, FCPM29, OP vendée, OPOB, PMA, FROM Sud Ouest, OP La Côtinière, ACAV, GPAL, FFSPM, SCEP, Région Aquitaine, Région Poitou-Charentes, Région Pays de la Loire, Région Bretagne, WWF France, Planète mer, Aglia, SMIDAP, Normapêche Bretagne, Ifremer, DPMA, Dock de keroman, Le Drezen. t Contact : Benoît FIGAREDE 06 99 04 60 00. [email protected] Sélectivité « un bilan très positif » Dix ans, c’est le temps qu’il aura fallu pour que le métier de la langoustine soit considéré comme exemplaire en matière de « gestion responsable de la ressource ». Désavantagés par les captures abondantes de petits merlus et face à de nombreuses propositions d’augmentation de maillage, les acteurs de la filière langoustinière ont su se rassembler et impliquer tous les marins de la façade atlantique dans la recherche de solutions techniques adaptées au métier. Le travail mené dans le cadre du programme « Sélectivité et Pêche Durable» est resté dans cette dynamique et permet aujourd’hui, de proposer à la Commission nationale langoustine des dispositifs sélectifs plus efficaces. Un travail de terrain Sur le panel d’outils sélectifs proposés en 2009 par les scientifiques, le comité de pilotage en a retenu quatre. 56 langoustiniers répartis dans une dizaine de ports de pêche se sont portés volontaires pour étudier à la loupe ces dispositifs. En trois ans, plus de 500 traits de chalut ont été validés, ce qui correspond à des centaines de milliers de langoustines et de merlus mesurés par un observateur embarqué. « Traits étudiés dans le cadre du programme SPD » Des dispositifs sélectifs plus efficaces Les études ont été menées en deux étapes, la première a consisté en l’amélioration du panneau à mailles carrées merlu et la seconde a conduit au développement de dispositifs nouveaux, plus efficaces. z Première étape : améliorer l’efficacité et réduire la déformation du panneau à mailles carrées merlu (travaux 2009). Les résultats des travaux 2009 sont synthétisés dans le tableau ci-dessous Dispositifs Avantages > PMC/«dynéema» z Même échappement en merlus hors taille que le panneau classique. Inconvénients z Maillage plus important du poisson z Engorgement du fil et fixation d’algues z Déformation moins importante > PMC/«enduit de polyuréthane» z Même échappement en merlus hors taille que le panneau classique z Décollement de la résine z Déformation moins importante z Matériau toxique : processus d’enduction nécessite des normes z Pas d’engorgement du fil z Pas de production à grande échelle z Seconde étape : développer des dispositifs sélectifs plus efficaces que les dispositifs existants, agissant aussi bien sur les poissons que sur les crustacés (travaux 2010 et 2011) Les résultats des travaux 2010 et 2011 sont synthétisés dans le tableau ci-dessous Dispositifs > Cylindre mailles carrées Avantages Inconvénients z Même échappement en langoustines hors taille que les dispositifs existants (-20% en moyenne) z Pas de perte commerciale z Déformation des mailles carrées z 21% de merlus hors taille en moins z ¼ du volume des rejets en moins > Grille inversée z + d’échappement en langoustine hors taille z fragilité de la grille MAIS amélioration des matériaux possible z Pas de perte commerciale z Pas de fabrication en série z 40% de merlus hors taille en moins! z 1/3 du volume des rejets en moins Comment s’équiper ? z Les panneaux à mailles carrées merlu en dynéema sont réglementaires, pour s’en procurer il suffit de passer une commande auprès des coopératives maritimes. z Les panneaux enduit de résine sont réglementaires mais ne sont pas commercialisés. Le processus d’enduction nécessite un savoir faire particulier en raison de la toxicité des matériaux. Peu écologique, ce dispositif a été abandonné. z Le cylindre à mailles carrées rentrera dans la réglementation nationale début 2012. Ce dispositif sera ajouté à la liste des dispositifs langoustine existants. Les coopératives peuvent fabriquer le dispositif, une fabrication « artisanale » est également possible en juxtaposant deux panneaux à mailles carrées langoustine. z La grille inversée est déjà réglementaire. Le dispositif n’est pas fabriqué en série, pour s’équiper, il convient de contacter l’Aglia. t Pour tous renseignements complémentaires sur les dispositifs sélectifs, veuillez contacter : Benoît FIGAREDE / 06 99 04 60 00. [email protected] 2 survie des rejets langoustine « un exemple de collaboration scientifiques/professionnels » L'Atlantique et la Thallia travaillant ensemble sur la survie des rejets langoustine. Le programme Sélectivité et Pêche Durable a permis de renforcer le partenariat entre les professionnels et les scientifiques pour étudier la survie des langoustines rejetées en mer après opération de pêche. Les résultats révèlent des taux de Opération goulotte Peu de patrons ont répondu à notre proposition d’aide à l’équipement de goulottes. Pour autant, ce dispositif était bien perçu dans les différents ports. Système de goulotte à bord d’un navire du GUILVINEC. © RP.CHEVER. Manque de temps, sentiment de dénégation des efforts de gestion, proposition de la Commissaire européenne de débarquer les rejets… survie à priori plus élevés que ceux qui servent de référence à l’évaluation du stock. Ces résultats seront, dans un premier temps, publiés dans une revue scientifique pour, à terme, être intégrés aux analyses des scientifiques européens (CIEM). Les évaluations montrent également l’intérêt de remettre à l’eau les langoustines non commercialisables le plus rapidement possible. Quelques soient les explications, il est important de garder à l’esprit que les efforts sont toujours payants même si les répercussions ne sont pas systématiquement directes et immédiates. Dans un contexte difficile où le chalut de fond est en permanence remis en question, il est opportun de faire preuve d’une volonté inaltérable de progrès. S’il est trop tard pour percevoir une aide financière de l’Aglia, il est toujours temps pour les patrons de décider d’équiper leurs navires. Séminaire sur la sélectivité « Partage et valorisation des travaux de terrain » Séminaire Aglia sur la sélectivité des engins de pêche. Pour communiquer sur les travaux d’amélioration de la sélectivité des engins de pêche, l’Aglia a organisé un séminaire le 15 novembre 2011 à la cité de la voile Eric Tabarly de Lorient. Norbert MÉTAIRIE : « La pêche a de l’avenir, aidez nous à le construire ». Le maire de Lorient et Président de Cap l’Orient Agglomération, Mr Norbert MÉTAIRIE a introduit ce séminaire en affirmant son soutien au secteur de la Pêche qui représente une identité culturelle, Isabelle THOMAS : « Les pêcheurs ne sont pas des hordes de barbares qui pillent les océans, ils ne sont pas non plus destinés à meubler les cartes postales des jolis petits ports de la façade atlantique». La Vice présidente de la Région Bretagne, Me Isabelle THOMAS, a affirmé avec force et détermination la nécessité de trouver des so- 70 personnes ont participé à cette journée dont des élus et représentant des collectivités territoriales, un représentant de la DG Mare, des représentants de l’administration, des représentants de structures professionnelles, des scientifiques, des représentants d’ONG, des journalistes, des entreprises privées et des élèves de l’enseignement maritime. économique et sociale forte à Lorient. Critiquant les lobbys auprès de la Commission européenne et l’instrumentalisation de l’opinion publique de certaines ONG dogmatiques, il s’est dit déterminé à soutenir les efforts des professionnels pour mettre en œuvre une pêche durable, scientifiquement suivie et soucieuse de préserver l’environnement. lutions adaptées pour limiter les prises accessoires. « Il y a une chose certaine, les Régions ne se résigneront pas à une politique de zéro rejet fondamentaliste et obscurantiste, à l’inverse de la dynamique responsable des professionnels sur l’amélioration de la sélectivité ». Des projets pour plus de sélectivité Chalutier à perche travaillant sur une réduction de 50% des rejets. ©Cefas, A. REVILL. Une des grandes conclusions qui ressort des différents travaux présentés est que l’implication des acteurs de terrain est indispensable pour la mise en œuvre d’outils adaptés. Un bel exemple est celui du projet 50% du CEFAS (équivalent d’Ifremer) en Grande-Bretagne où les patrons de chalutiers à perche ont été amenés à imaginer des dispositifs permettant de diviser par deux les quantités de rejets. Libre choix sur les outils, un suivi scientifique pour mesurer l’efficacité, une aide financière des administrations et une communication importante, telles ont été les clés de la réussite de ce projet. 3 Chalutier Boulonnais travaillant avec des chaluts plus sélectifs. © A. VIERA Le point de vue des scientifiques Les scientifiques ont rappelé l’intérêt d’améliorer la sélectivité. Epargner les petits individus permet de préserver la biodiversité et d’éviter le gaspillage. L’amélioration de la sélectivité nécessite de faire des compromis entre pertes à court-terme et gains à long-terme, entre acceptabilité et efficacité, entre intérêt individuel et intérêt collectif. D’un point de vu technique, il existe plusieurs outils qui permettent d’améliorer la sélectivité : système de détection (sélectivité en amont), systèmes mécaniques (grille, mailles carrées, forme des hameçons…) système attractifs (appâts) et répulsif (outils acoustiques). Tout est lié : la sélectivité des engins permet de diminuer la consommation en carburant, de limiter l’impact sur les fonds, d’améliorer la qualité du produit… Il convient d’approfondir sur les outils sélectifs en favorisant les études bio-techno-socio-économique. La parole à la Commission Européenne Dominic RIHAN a présenté la position de la Commission Européenne vis-à-vis des travaux sur la sélectivité et, de manière plus générale, sur la politique d’élimination des rejets. Dominic RHIAN de la DGMARE présente le projet de la Commission Européenne. Le verre à moitié vide… Plutôt que de s’inspirer des exemples qui fonctionnent, la Commission dresse un bilan sur fond de scénario catastrophe où les outils de gestion actuels ne sont pas efficaces. Les solutions ? Donner plus de marges de manœuvres localement, en facilitant l’application de réglementations plus adaptées. Instaurer progressivement le retour des rejets à terre… La position de l’Etat, des Régions et du CNPMEM Une position unanime sur la nécessité de traiter la problématique des rejets par pêcherie et de favoriser la sélectivité des engins de pêche. Une opposition tout aussi partagée sur le retour Guillaume BARRON et Olivier LEPRÊTRE des rejets à terre qui non seulement n’est pas donnent la position de l’Etat et du CNPMEM. faisable techniquement, mais qui aurait des répercussions économiques et sociales lourdes de conséquences. La vice Présidente de l’Aglia, Me Adeline L’HONEN a conclu sur la nécessité de réfléchir à long terme en tenant compte de l’ensemble des critères du développement durable : l’aspect social, l’économie et l’environnement. Programme Sélectivité et pêche durable Programme financé par : Région Bretagne / Région Pays de la Loire / Région Poitou Charentes / Région Aquitaine / État Français / PRESPO / Union Européenne / Espace Atlantique / Planète mer / Cap l’Orient. L’Aglia, quatre Régions pour promouvoir la pêche et l’aquaculture 4 Investir dans notre futur commun Brèves Un benchmark sur l’évaluation du stock de langoustine dans le golfe de Gascogne est en cours. Les structures professionnelles peuvent depuis 2011 participer aux discussions des scientifiques via le CCR-Sud. Une réunion de préparation avec l’expert de l’Ifremer a permis d’orienter les priorités, à savoir la révision de la méthode d’évaluation du stock langoustine qui reste non validée par le CIEM et qui entraine chaque année un recours au principe de précaution. Le projet Concertation pour une pêche durable sur la Grande-Vasière a été déposé par l’Aglia. Ce projet a pour objectif de rassembler les acteurs de la pêcherie pour partager un diagnostic et proposer des outils de gestion à long terme. Une consultation des navigants est prévue début 2012 pour mieux définir les enjeux et hiérarchiser les priorités sur lesquels professionnels, scientifiques, ONG et administrations devront travailler. Remerciements Nous remercions l’ensemble des acteurs de la filière qui ont participé au programme Sélectivité et Pêche Durable aux côtés de l’Aglia, et plus particulièrement les patronspêcheurs qui nous ont accueillis à leur bord. Sans leur aide, leurs remarques et leur expérience, ce programme n’aurait pas pu aboutir à de tels résultats. Nous remercions également les financeurs des différents projets du programme : Région Aquitaine, Région Poitou-Charentes, Région Pays de la Loire, Région Bretagne, l’Etat et l’Europe. Nous remercions enfin l’association Planète Mer, pour son implication financière et opérationnelle dans ce programme, et Cap l’Orient Agglomération pour son soutien à l’organisation du séminaire de restitution. > Toute l’équipe de l’Aglia vous souhaite une bonne année 2012. Bulletin d’informations à l'adresse des patrons pêcheurs langoustiniers du Golfe de Gascogne Quai aux vivres / 17314 Rochefort / Cedex Tél. 05 46 82 60 60 / Fax 05 46 88 45 78 http://www.aglia.org/. Coordination : Benoît FIGAREDE / Maquette : SAMBOU-DUBOIS / Impression : IMPRIMERIE ROCHEFORTAISE. Les projets concernant les chalutiers boulonnais de Manche mer du Nord ont eu moins de succès, en raison de contraintes réglementaires fortes liées au plan de gestion cabillaud et à des difficultés techniques. Des perspectives sont toutefois envisageables sur des dispositifs type cylindre à mailles carrées.