Les délais de paiement
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Les délais de paiement
Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme 15, Av Carnot 75017 Paris Tél. : 01 44 09 25 35 / Fax : 01 44 09 88 00 e-mail : [email protected] site web : www.tourisme-aps.com Ce document n’a pour but que de faciliter l’information des Membres Adhérents. Son contenu n’a qu’un caractère informatif à la date de sa publication (février 2006) et ne saurait entraîner la responsabilité de l’Association). La ga r a nt ie des pr of es s ionnels du t our is m e La garantie des professionnels d u t o u r i s me Les Dossiers Techniques de l’Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme Délais de paiement, Prévention des impayés, Recouvrement des créances : des postes à suivre particulièrement dans les entreprises de tourisme. Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme SOMMAIRE Page I - Le risque client est une réalité, sa maîtrise est une nécessité ............................................................ 1 II - La prévention du risque client passe nécessairement par la prise de renseignements et l’établissement d’un dossier solide ..................................... 2 III - Si parfois le crédit client est un mal nécessaire, n’oublions pas que le crédit a un coût ................................................................................................................... 3 IV - Les différentes actions de relances des paiements ................................................................................... 4 V - Quels services ou moyens extérieurs pour se prémunir contre les risques de non paiement ? ..................................................................................................................... 8 VI - L’incidence fiscale des créances irrécouvrables .................................................................................. 9 Préambule Une des principales causes de mortalité des entreprises provient très souvent de la défaillance d’un client important. Récupérer ses créances, prévenir et remédier aux impayés sont des nécessités quasiment vitales pour les entreprises, notamment dans une conjoncture atone, voire ‘’tendue’’ ou difficile. En effet, un impayé coûte beaucoup plus cher qu’il n’y paraît : il fait perdre le prix de revient de la prestation, il prive de la marge commerciale et en plus c'est un client perdu, donc un manque à gagner pour l'avenir. L’allongement des délais de paiement coûte également cher : les relances mobilisent une disponibilité qui serait plus utilement consacrée au service de la clientèle. Evidemment, les entreprises n’ont pas toutes la même attitude pour solutionner leurs impayés. Plusieurs critères entrent en ligne de compte tels que : la taille et les moyens de l’entreprise, le type de marché, le type de management, la volonté du dirigeant… A cet égard on peut constater plusieurs situations : l’entreprise qui subit de plein fouet les impayés réagissant par exemple quand la pression du banquier devient élevée, l’entreprise qui attend le plus tard possible ne recouvrant que de façon contentieuse et enfin l’entreprise qui privilégie la prévention et l’information commerciale sur ses clients, améliorant ainsi la qualité de son portefeuille client. L’impayé n’étant pas une fatalité, dans ce nouveau dossier technique de l’Association, nous tenterons donc de vous apporter quelques informations, voire suggestions et recommandations pour améliorer, si cela est nécessaire, votre gestion. I - Le risque client est une réalité, sa maîtrise est une nécessité. Dans une conjoncture atone telle que nous la connaissons, maîtriser ses impayés et les délais de paiement devient plus qu’une nécessité, mais une obligation de saine gestion pour assurer la performance et la pérennité de l’entreprise. C’est évidemment plus simple à dire qu’à faire, notamment dans un marché fortement concurrentiel, car s’il faut convaincre les clients de payer à temps, bien souvent il faut également convaincre le personnel, notamment commercial, qu’il faut protéger l’entreprise du risque clients. En France lorsque l’on observe les entreprises, notamment les PME, et les causes des délais trop longs et des retards de paiements, celles-ci peuvent principalement se résumer aux phénomènes suivants : - absence de négociation au préalable des délais de règlement ; - litiges de toutes sortes, tels que litige commercial, financier ou technique (le fameux "j’ai des problèmes informatiques") ; - dysfonctionnement interne ; - faible capitalisation de l’entreprise et rationnement des crédits bancaires ; - rapport de force ("si vous ne me consentez pas de délais de paiement, je ne vous vend pas" ou "si vous ne me faites pas de crédit, voire de ristourne, je n’achète pas"). Et puis, il faut bien en convenir, notre culture latine y est sans doute pour quelque chose : les délais de paiement sont très souvent subis et vécus comme une fatalité. En France, il faut savoir que 40% des cessations d’activités sont dus la plupart du temps à des problèmes purement financiers. Sur ces 40%, ce qui est aussi souvent le cas observé à l’APS, près de 10% sont occasionnés par des impayés de clients, des délais de paiement trop longs et des problèmes de trésorerie (ces trois causes étant le plus souvent liées entre elles). - Concernant les impayés, il faut prendre en compte le fait qu’une PME sur quatre fait faillite à la suite de créances impayées. Et l'effet domino joue à plein, la défaillance d'une société entraînant souvent celle de certains de ses fournisseurs. Les Dossiers Techniques de l’Association 1 Professionnelle de Solidarité du Tourisme - Concernant les retards de paiement, ils sont parfois tellement significatifs qu’ils ont d’ailleurs généré une réaction des Pouvoirs Publics. Au niveau européen. Si l’avènement de l’euro n'a pas eu d'effet direct sur les délais de paiement, toutefois la Commission Européenne a souhaité une convergence des délais de paiement très disparates d'un Etat membre à l'autre (32 jours dans les pays scandinaves et 78 jours dans le sud de l’Europe). La Commission Européenne a ainsi établi des recommandations dans ce sens. Une directive, la directive n°2000/35, a été adoptée le 29 juin 2000, en vue d'encourager les entreprises et les pouvoirs publics (mais pas les particuliers) à respecter les délais de paiement. Cette directive instaure un délai de paiement maximal par défaut. Ce délai est fixé à trente jours, à compter de l'envoi de la facture (si ce n'est pas stipulé dans une autre clause). La directive a pris effet le 8 août 2000 et les Etats membres avaient jusqu'au 7 août 2002 pour la transposer. Au niveau national. Pour éviter tout retard administratif lié à une contestation d’un client sur le texte de l'une de vos factures, éditez ces dernières en bonne et due forme. Pour cela, vous devez obéir à la loi sur les nouvelles régulations économiques, dite loi NRE du 15 mai 2001. La loi NRE prévoit qu’il faut désormais indiquer la date à laquelle le règlement doit intervenir. C'est-à-dire qu’il faut désormais préciser le jour, le mois et l'année, et non plus simplement le délai. Autre élément clé de la facture : la mention du taux d'intérêt des pénalités de retard, exigibles le jour suivant la date de règlement doit figurer sur la facture. A défaut, l'entreprise peut se voir condamner à une amende. Le Code de commerce préconise le taux de refinancement de la Banque Centrale Européenne, majoré de sept points de pourcentage. Comme le souligne Gilles Buis, Responsable de la Commission des Juristes de PME au sein de l'Association Française des Juristes d'Entreprise (AFJE) : "Les PME n'ont pas toujours pris conscience de l'impact que certaines modalités de la loi NRE auront sur leur activité. Il en va ainsi de la réduction des délais de paiement, qui sont désormais fixés à trente jours, sauf si le contrat passé entre client et fournisseur prévoit d'autres modalités. Destinée à garantir les entreprises contre les mauvais payeurs, cette disposition risque toutefois d'alourdir considérablement les relations commerciales ". Pour autant, force est toutefois de constater que ces nouvelles dispositions sont loin d’avoir permis de substantielles réductions dans les délais et retards de paiement, en partie imputables à des rapports de forces souvent importants et inégaux de pouvoir de négociation entre les partenaires. Une chose est cependant certaine : maîtriser le risque client est et devient donc une nécessité pour protéger son résultat économique, pour valoriser son image professionnelle et se donner de nouvelles opportunités grâce à une meilleure utilisation des ressources internes. Délais des paiements dans le tourisme. Le dernier dossier technique de l’Association sur les ratios moyens des agences de voyages, indique que d’une manière générale, on estime pour les entreprises de tourisme les ratios concernant : créances clients / volume d’affaires et dettes fournisseurs / 90% volume d’affaires, doivent se situer entre 25 et 35 jours, délais correspondant à la normalité des agences de voyages distributrices. II - La prévention du risque client passe nécessairement par la prise de renseignements et l’établissement d’un dossier solide. Beaucoup d'entreprises vivent sur le dos de leurs fournisseurs, attendant d'être relancées pour régler une facture avec plusieurs semaines de retard. Une attitude qui revient à faire jouer au fournisseur le rôle de banquier et qui fait malheureusement encore partie de la ‘’culture maison’’ dans bien des entreprises. Mais à contrario, il faut bien l’avouer, le retard de paiement n'est pas toujours délibéré. Il peut être aussi le signe d'une mauvaise passe que traverse un client d'ordinaire " réglo " ou avoir pour origine un litige. Dans une période de morosité économique, les entreprises prennent beaucoup plus conscience de la nécessité d’identifier, de mesurer le risque acheteur et de s’en protéger. On remarque que de plus en plus les chefs d’entreprise sont désormais confrontés a un double défi : capter de nouveaux clients, à un coût de risque et de gestion réduits. Quasiment toutes les études sur le sujet font ressortir quatre grands types de mauvais payeurs : - Le négligent : Il est souvent seul à la tête de son entreprise et court après le temps. Résultat : il n’a pas le temps de gérer au mieux ses comptes. - Le trésorier : Il a pour mission de gonfler sa trésorerie sur le dos des fournisseurs. - L'insolvable : Au mieux, il traverse une grosse crise, au pire, il va rendre son dernier souffle. - L'arnaqueur : Il a pour principe de ne pas payer ses fournisseurs, mais se méfie des créanciers coriaces. Aussi, avant toute ‘’affaire’’, il est plus que souhaitable de vérifier que le client aura les moyens de vous payer. Si ce conseil semble évident, il n'est pas toujours suivi. Combien de fois malheureusement entend-on dire "Je n’avais jamais eu de problèmes avec ce client" ou "la société était connue et reconnue" et pourtant... ! Bien entendu, si l’information nécessaire à la prise de décision peut se trouver dans la mouvance du client via des solutions externes, notamment via le web (Bil, Infogreffe, Bodac...), il ne faut pourtant jamais oublier que l’information se trouve également pour une grande part au sein même de l’entreprise. Les deux principales sources sont d’une part, le service commercial ou de vente, qui est en mesure de collecter directement auprès des débiteurs une information très riche en temps réel, et d’autre part les services comptables, financiers et crédit, qui tiennent à jour un historique du compte client. C’est tout le problème de la responsabilisation des services internes et surtout de la remontée des informations. Les Dossiers Techniques de l’Association 2 Professionnelle de Solidarité du Tourisme La prise de renseignements. Si personne n'est à l'abri de la défaillance d'un débiteur, le risque client peut être cependant réduit si l’entreprise adopte un comportement préventif et si cette prévention passe notamment par la prise de renseignements. Vendre pour être payé, implique en effet la sélection du client et l'information en amont. Ceci implique que, suivant le montant de l'en-cours, il faut vérifier l'identité et la solvabilité du débiteur. - L'identité du client. En premier lieu, il est indispensable de savoir avec qui l'on traite: - personne physique : nom, prénom, domicile, éventuellement et si possible son activité professionnelle ; - personne morale : forme de la société, capital, siège, personne habilitée à engager la société, etc... Ces informations doivent être vérifiées régulièrement, car le défaut d'identité exacte et une adresse erronée ou obsolète sont souvent des causes d'irrecouvrabilité. - La solvabilité du Client. En second lieu et pour les commerçants, il convient de rechercher les informations qui sont disponibles auprès des greffes des tribunaux de commerce. Ces informations qui sont consultables sur internet, concernent outre les comptes sociaux, les éléments du passif significatifs : nantissement de fonds de commerce, privilèges des organismes sociaux et du Trésor, contrat de crédit bail, etc… Dés que l'on a un doute, il faut impérativement prendre plusieurs renseignements et recouper l’ensemble de ces informations avec d'autres sources (par exemple avec les commerciaux). L'établissement d'un dossier solide. On ne traite plus aujourd’hui et comme autrefois les marchés en se tapant dans la main ! Ceci n’est pas une simple vue de l’esprit, on voit encore des entreprises livrer sans bon de commande, sur simple coup de fil, sous prétexte qu'il s'agit d'un bon client, ce qui est indéfendable en cas de problèmes devant un tribunal. Une vente est un contrat qui s'achève avec le paiement. Les conditions de ce contrat doivent donc être claires et surtout être portées à la connaissance du client, qui les accepte en signant le bon ou la confirmation de commande. Dans notre métier d’agent de voyages, de par l’obligation d’un contrat, celui-ci apporte une réponse à toutes ces questions (cf Code du Tourisme). Quelques recommandations : il faut que le document servant de contrat comporte un renvoi exprès aux conditions générales de vente qui seront le plus souvent imprimées au verso du document ou jointes en annexe. -Les conditions générales de vente doivent également satisfaire à une obligation de précision et de lisibilité. Il est donc capital de les faire imprimer en caractères très lisibles et de dimension qui en permettent une lecture rapide et aisée. Nous ne pouvons que vous renvoyer aux articles traitant ce sujet aux différents codes et notamment celui du Tourisme. , La prévention peut passer également, concernant des contrats importants ou spécifiques, par des conditions ou des clauses particulières. Citons par exemple : - La clause de déchéance du terme : en cas de non-paiement d’une seule des échéances convenues, la totalité de la créance peut devenir exigible. - La clause attributive de juridiction : parfaitement valable entre commerçants, elle détermine le tribunal territorialement compétent pour connaître du litige éventuel. Les sites internet pouvant vous aider dans votre recherche. Pour vous aider dans vos recherches, les sites internet sont d’un bon secours, parmi ceux-ci, citons : - Le centre serveur BIL (Base d‘Informations Légales) fournit, en relation avec le BODACC, les informations légales, mais également les jugements de redressement et de liquidation judiciaires de 5 à 30 jours avant leur parution au BODACC (www.bil.fr/ ). - Les Greffes se sont organisées via Infogreffe (résultant de la fusion entre Infogreffe et Greftel) pour proposer leurs services par web : accès au RCS, aux comptes annuels, aux renseignements sur les défaillances d’entreprises, etc ... (www.infogreffe.fr/). - OR Télématique, dépendant du groupe Coface-Scrl est le distributeur officiel de l’INPI par le biais de 36.17 EURIDILE ou site internet Euridile (http://www.euridile.inpi.fr/). III - Si parfois le crédit client est un mal nécessaire, n’oublions pas que le crédit client a un coût ! D’une manière générale on note une corrélation certaine entre la conjoncture et la durée des délais de paiement. Lorsque l’activité générale diminue, certaines entreprises ont en effet tendance à payer plus tardivement leurs factures afin de faire face aux difficultés de trésorerie. On peut donc être tenté (en période difficile) d'accorder des délais de paiement pour maintenir ou développer son chiffre d'affaires. Mais au niveau de la gestion, il est cependant prudent d'observer et de comprendre si l'augmentation ou le maintien du chiffre d'affaires de l’entreprise n'est pas assortie d'un allongement anormal des crédits-clients, sachant que les entreprises sont en moyenne toutes victimes de ces pratiques. Accorder un délai de paiement à un client revient à lui accorder un crédit que l’on finance sur sa propre trésorerie, or dans le tourisme celle-ci est essentielle, voire vitale, à la bonne marche de l’entreprise. Prenons trois exemples parmi les plus significatifs : Détermination de la charge que représente l'en-cours du crédit client. 1° - On doit commencer par évaluer la durée moyenne en jours du crédit que l’on accorde au client, en tenant compte de ses conditions générales de vente, mais aussi, des délais exceptionnels dont bénéficient les meilleurs clients. 2° - Par précaution, mieux vaut ajouter à ce délai moyen 15 jours, correspondant le plus souvent au délai d'encaissement réel à la banque. 3° - On pondère ensuite cette durée moyenne par le montant TTC du CA. (attention, le crédit client s'exprime TTC, car la TVA est ajoutée aux factures destinées aux clients). Les Dossiers Techniques de l’Association 3 Professionnelle de Solidarité du Tourisme Pour résumer, il est souvent conseillé aux entreprises d’appliquer la formule suivante : Crédit clients TTC = durée du crédit x CA TTC/360. Incidence sur la marge commerciale, d’un délai de paiement supérieur à un délai de 30 jours. Dans le secteur des services et notamment de la distribution, beaucoup de gestionnaires prennent cet exemple pour montrer l’incidence des délais de paiement sur la marge. Un fournisseur X réalise au cours d’un exercice donné un chiffre d’affaires hors taxe de 1 million euros, avec un ou plusieurs client Y. Ce fournisseur présente les caractéristiques suivantes : taux de TVA 19,6 % / taux d’I.S. 34 % / marge commerciale avant impôt 25 % / coût moyen pondéré net des capitaux du fournisseur = 10 %. Si la durée du crédit exigée par le ou les clients est de 60 jours au lieu des 30 jours prévus dans les CGV : - le coût financier pour le fournisseur sera de : CATTC / 12 = 0,1 x 1,196 Millions euros / 12 = 9 967 euros, - la marge commerciale après impôt : [1 Million euros x 0,25 x 0,66] – 9 967 = 155 033 euros, soit, une diminution en pourcentage de 6,04 % (9 967 / 165 000 = 0,0604). Effet des impayés sur la marche de l’entreprise. Dans le tableau ci-dessous, et à titre purement d’exemple (quelque peu ‘’sommaire’’), on peut observer qu’en fonction de la somme de l’impayé (1000, 2000, 5000 et 10 000 euros) et de la marge (6, 10, 12 et 20%), le chiffre d’affaires supplémentaire qu’il convient de réaliser pour compenser le coût de cet impayé. Marge 1 000 2 000 5 000 10 000 6% 16 660 33 330 83 333 166 600 10% 10 000 20 000 50 000 100 000 12% 8 333 16 667 41 667 83 333 20% 5 000 10 000 25 000 50 000 Par exemple, si votre taux de marge bénéficiaire est de 12 %, un impayé de 5 000 euros ne sera compensé que par un chiffre d'affaire supplémentaire de 41 667 euros. Plus la marge est faible et bien entendu plus il sera donc difficile de compenser cet impayé par un chiffre d'affaires supplémentaire. D'où l'importance de suivre de très près l'état du poste clients. Un conseil : ne sous-estimez pas votre BFR ! Le Besoin en Fonds de Roulement correspond à l'argent que l’on doit avoir en permanence dans sa caisse pour que l’affaire tourne correctement au quotidien, notamment pour faire face aux inévitables décalages de trésorerie. Pour simplifier, le BFR sert à payer les fournisseurs en attendant que les clients aient réglé leurs factures. Le BFR se définit donc d’une manière générale, comme : (stocks) + créances clients — dettes fournisseurs. Le financement du BFR a nécessairement un coût : les intérêts bancaires et le coût d'opportunité pour utiliser la capacité de crédit à d'autres fins. Pour le limiter au maximum il convient d'agir sur chacune des composantes du BFR (délais clients, délais fournisseurs). Quantité d'entreprises et notamment dans le tourisme ont disparu pour n'avoir pas su évaluer correctement la trésorerie nécessaire à leur activité. Le crédit clients et la dette fournisseurs doivent impérativement être surveillés et pris en compte dans la gestion quotidienne et prévisionnelle de l’entreprise. C’est d’ailleurs l’une des informations qui est capitale dans toute étude de bilan. IV - Les différentes actions de relances des paiements. Plusieurs actions sont à la disposition du créancier pour se faire payer, ceci selon le profil du débiteur mais aussi de ses réponses. Les actions en dehors de la justice (relance amiable, mise en demeure) et les actions faisant appel à la justice (assignation en justice, injonction de payer, action "au fond" devant le Tribunal d'instance ou le Tribunal de Commerce...). Examinons ces différentes actions. A) La relance amiable. Aucun retard de la part d’un client ne doit être négligé. Un dépassement de quelques jours peut être l’effet d’un oubli, d’où la relance amiable. Mais, méfiance, il peut aussi marquer les premiers signes de faiblesses de la part du débiteur. Le recouvrement traditionnel, composé de simples lettres de relances adressées au débiteur est désormais insuffisant. Les débiteurs attendent autre chose et avant tout un contact humain. Deux raisons à cela : d'une part les courriers n'impressionnent plus (sauf peut être ceux portant l'entête des sociétés de recouvrement), d'autre part le client qui conteste, estime que c'est au fournisseur de prendre contact et non à lui de décrocher son téléphone ou de rédiger une lettre de contestation (plus on attend... mieux il se porte !.). L'outil téléphonique est souvent le moyen le moins coûteux pour établir ce contact humain. Un premier écrémage par courrier permet à vos débiteurs de ne pas être surpris par la relance téléphonique. Toutefois, à l'égard d'un bon client, il est souvent préférable d'effectuer une relance téléphonique avant tout rappel écrit pour garder de bonnes relations commerciales. Que la relance soit téléphonique ou écrite, elle doit être : rapide, graduelle et personnalisée. La relance téléphonique. Deux, trois jours à quatre jours après la date de paiement prévue, il est très souvent conseillé d’appeler le client et lui remémorer son retard de paiement. Cet appel permettra, s’il y a lieu, de déceler d’éventuels problèmes, d’avoir un contact direct avec le débiteur et de s’expliquer en douceur. Dans la conversation, on doit dans la quasi totalité des cas (à vous de juger) annoncer à l’interlocuteur qu’un courrier suivra cet appel et que surtout il ne s’en formalise pas et n’en prenne pas ombrage, cette lettre étant la procédure classique (preuve écrite de l’action). • N’oubliez pas : Dans la majorité des cas, il est souvent préférable d'effectuer une relance téléphonique avant tout rappel écrit afin de marquer la bonne relation d'affaires en cours et de permettre d'instaurer un dialogue avec son débiteur, ne serait-ce que pour comprendre les raisons éventuelles du défaut de paiement et d'aboutir à un accord. • N’oubliez pas : Quand le client n'est pas satisfait, soit il existe un litige non résolu, soit le débiteur est de mauvaise foi et cherLes Dossiers Techniques de l’Association 4 Professionnelle de Solidarité du Tourisme che à retarder ou plus grave à ne pas payer sa dette. La relance écrite. - La première relance écrite suit la plupart du temps l’appel téléphonique. Elle doit, bien entendu, rester très courtoise, ‘’on n’imagine rien d’autre qu’un simple oubli’’ de sa part, en mentionnant cependant tout détail concernant l’affaire en cours afin d’éviter ainsi toute confusion et donc de perte de temps. - Si la lettre de rappel est infructueuse, généralement au bout de huit à dix jours, on est alors en mesure de penser que le client est peut-être de mauvaise foi et c’est à partir de ce stade, qu’il faut alors tout mettre en oeuvre pour recouvrer la créance. On adressera donc une autre lettre de rappel tout en sachant que les relations avec le client doivent malgré tout rester très commerciales. Cette relance fera référence aux précédentes démarches, à la situation du débiteur et demandera le paiement de la facture. • N’oubliez pas : Les courriers doivent éviter de comporter un numéro du type “1ère, 2ème ... lettre de rappel”. N’oubliez pas que certains ‘’habitués du retard’’ attendent toujours la dernière lettre de rappel avant la mise en demeure pour effectuer leur paiement. • N’oubliez pas : L’envoi de nombreuses lettres de rappel, notamment quand elles sont échelonnées sur plusieurs mois, ne fait que diminuer la crédibilité de la demande. • N’oubliez pas : Plus de la moitié des contestations des clients est due à des problèmes internes à l’entreprise. Il faut donc veiller à tout mettre en oeuvre afin de ne laisser au client aucune possibilité de faire des réclamations (respect des délais, des prix, des prestations...). Vérifiez donc toujours que ce que vous avancez est exact, si non, uniquement par votre faute, vous risquez de perdre le client à tout jamais. Si le client refuse obstinément de payer, on doit adopter d’autres mesures. Il ne faut pas avoir mauvaise conscience, après tout, c’est le débiteur qui a déclaré les hostilités. B) La mise en demeure. Les précédentes lettres de rappel n’ayant rien donné et si le client est totalement hermétique à vos demandes, un conseil : " harcelez le " plu- sieurs fois par semaine. Si le récalcitrant persiste à “faire le mort’’ ou à vous promener d'un service à l'autre, ne vous laissez pas “embarquer’’ et passez à la phase précontentieuse. Dès cet instant, on passe à un autre stade et il convient d’envoyer au client récalcitrant une mise en demeure. La mise en demeure est le dernier acte avant l'engagement d'une action judiciaire. Elle permet, en toute hypothèse, de constater le refus de payer du client et marque le départ des intérêts de retard. La mise en demeure n’a pas un caractère obligatoire, on peut assigner le débiteur directement en justice et l’assignation vaudra sa mise en demeure. En effet, une assignation en justice vaut mise en demeure, du moins en ce qui concerne les intérêts de retard (intérêts au taux légal ou, le cas échéant, au taux majoré). Cependant, l’intérêt de la mise en demeure est double : - sur un plan psychologique : il est clair que pour le payeur récalcitrant, c’est l’ultime démarche amiable avant d’engager une procédure judiciaire, elle provoque donc très souvent un règlement et évite ainsi tout contentieux ; - sur un plan juridique : la constatation du refus de payer du débiteur, c’est important pour lui (comme pour vous) marque le départ des intérêts de retard appelés également intérêts moratoires. La mise en demeure est donc le préalable nécessaire à toutes sanctions en cas d’inexécution d’un contrat. - Concernant la procédure : Il faut savoir qu’il n’existe aucun délai à respecter dans la mise en demeure pour exiger le paiement. Par contre, il faut toujours prévoir dans les conditions générales de vente, qu’à réception de la mise en demeure, les sommes dues sont exigibles et sans délai. - Concernant le contenu : la lettre est à rédiger sur papier à en-tête avec nom, adresse et raison sociale. Elle doit faire référence aux relances amiables antérieures, préciser les délais convenus non respectés, rappeler le montant de la créance et la date d’exigibilité, la sommation de payer avec ou sans délai, rappeler que le non paiement marquera le départ des intérêts légaux. Dans tous les cas, le courrier devra obligatoirement mentionner la mention de “Mise en demeure”. - Concernant l’envoi : la mise en demeure ne doit pas être adressée sous forme de lettre ordinaire. Il faut obligatoirement que le débiteur ait eu connaissance du courrier. Le moyen le plus souvent utilisé est la lettre recommandée avec accusé de réception (cette mise en demeure peut être rédigée par un avocat, non seulement pour insister sur la détermination du créancier, mais également pour préparer, dans le même temps, un dossier judiciaire à remettre à la juridiction compétente à défaut de paiement et ceci notamment si le montant de la créance est important). Attention ! Comme le fait très justement remarquer Maître Pascal Alix Avocat à la Cour, " il est toujours préférable de ne pas "accepter la logique" du débiteur et notamment de ne pas accueillir - sauf si la position du client découle manifestement d'un manque d'information ou d'une inexécution des prestations - une demande de "renseignements complémentaires", notamment si les relances précédentes étaient claires et précises ". • Bon à savoir : La mise en demeure peut également prendre la forme d’une sommation par huissier. Dans ce cas, iI s'agit alors de l'acte par lequel l'huissier de justice informe une personne qu'elle est tenue de régler sa dette. Cette étape, qui se présente comme une "dernière chance" d'éviter toute action judiciaire n'est cependant pas indispensable. Elle ne produit pas, sur le plan strictement juridique, d'effets plus énergiques qu'une mise en demeure bien rédigée. Elle permet cependant d'exercer une "pression" supplémentaire, par l'intervention d'un auxiliaire de justice, un peu de la même manière que la rédaction de la mise en demeure par un avocat. Il faut retenir que l'huissier compétent est celui du domicile du débiteur pour un particulier, du lieu d'exploitation pour un commerçant et du siège social pour une société. La sommation doit s'accompagner des pièces justifiant l'existence et le montant de la créance dont l'exécution est demandée. Une fois tous ces conseils épuisés, sans obtenir les moindres résultats, des mesures beaucoup plus draconiennes s’imposent dans lesquelles la justice entre alors en compte. Les Dossiers Techniques de l’Association 5 Professionnelle de Solidarité du Tourisme C) Action devant les Juridictions. Lorsque la créance n’est pas contestable et que les documents sont susceptibles d'interprétation, une action "au fond" devient nettement préférable. Injonction de payer. Si la mise en demeure n’a rien donné, on doit passer à l'injonction de payer. "Simple, efficace et peu onéreuse, la procédure vous permet d'obtenir un titre et de saisir les biens ou les comptes bancaires de votre débiteur de mauvaise foi", rappelle Pascal Beder, greffier associé au tribunal de commerce de Paris. On peut utiliser l'injonction de payer pour recouvrer sa créance, à condition que cette dernière : - résulte d'un contrat et si son montant est déterminé ; - soit établie par une facture, une traite, un billet à ordre ou une reconnaissance de dette ; - que le débiteur soit en France et soit "in bonis" (pas en redressement judiciaire). On doit alors adresser ou remettre une demande écrite, dénommée ‘’requête’’, avec les documents justificatifs de la créance, au greffe du domicile du débiteur du tribunal d'instance ou au greffe du tribunal de commerce si la dette est commerciale. Bien entendu, on peut faire remettre sa requête par un avocat, un huissier de justice ou par tout mandataire de son choix muni d'un pouvoir spécial (se procurer l’imprimé au greffe). • N’oubliez pas : le créancier doit avancer les frais de l'ordonnance d'injonction de payer (relativement modestes), ils doivent être consignés au greffe au plus tard dans les 15 jours de la demande, à défaut la demande est caduque. Le juge, s'il estime alors la requête justifiée, rendra une "ordonnance portant injonction de payer" pour la somme qu'il retient. Cette décision sera portée à la connaissance du débiteur par voie de signification par un huissier de justice. Opposition à l'ordonnance. Le débiteur dispose d'un mois à compter de cette signification pour contester l'ordonnance d'injonction auprès du tribunal qui l'a rendue, par voie d'opposition. Le tribunal convoque alors les deux parties pour les entendre. Il rend alors un jugement (la représentation par un avocat est possible et souvent préférable, mais pas obligatoire). Recours contre le jugement. Si le montant de la demande est supérieur à 3 800 euros, le débiteur comme le créancier peuvent faire appel devant la cour d'appel de la décision du tribunal rendue sur l'opposition à l’ordonnance. Exécution de l'ordonnance à défaut d'opposition. Si le débiteur ne répond pas à l'injonction de payer à l'expiration du délai d'un mois, le créancier dispose à son tour d'un mois pour s’adresser au greffe du tribunal et demander au juge d'apposer la formule exécutoire sur l'ordonnance. Celle-ci permet alors de faire procéder à l'exécution de l'ordonnance qui possède force exécutoire. Pour faire exécuter cette ordonnance, on s’adresse alors à un huissier de justice. L'exécution forcée de la décision de justice pourra se faire par voie de saisie, on distingue à cette occasion : la saisie attribution (anciennement saisie arrêt) qui consiste à "geler" sur le compte bancaire du débiteur, le montant de la dette et des frais de recouvrement. la saisie vente (anciennement saisie exécution) des biens du débiteur (véhicule, meubles...), n'est possible que si la dette est supérieure à 533,57 euros. Il existe auprès de chaque tribunal de grande instance un juge de l'exécution. Son rôle est de protéger le débiteur contre tout abus qui serait commis à l'occasion de l'exécution d'une décision de justice. En pratique, la procédure d'injonction de payer ne donne de bons résultats qu'en présence d'un dossier bien étayé et des documents incontestables (c'est-à-dire non susceptibles d'interprétation). Assignation en justice. L’assignation en justice est un acte de procédure qui permet à une personne (le demandeur) d'informer son adversaire (le défendeur) qu'elle engage un procès contre lui et l'assigne donc à comparaître devant une juridiction. L’assignation est un acte de procédure qui nécessite de faire appel à un huissier de justice. Celle-ci sera remise à l’adversaire par l’intermédiaire de l’huissier 15 jours au moins avant la date prévue pour l’audience. L’huissier de justice saisira le tribunal en remettant une copie de l’assignation au greffe. Dès ce moment, l’on peut demander l'exécution provisoire de la décision à intervenir. Attention ! L’assignation peut être en “référé’’ si la créance n’est pas sérieusement contestable (décision en moins d’un mois) exécution provisoire d’office de la décision ; le débiteur peut faire appel dans les deux mois. Si la créance est sérieusement contestable, il faut assigner ‘’au fond’’ (décision dans les 6 à 9 mois). D) Saisie-attribution sur compte bancaire (exécution de l'ordonnance ou du jugement). Cette procédure permet au créancier de se faire attribuer immédiatement les sommes d'argent dues par son débiteur, correspondant au montant de la créance constatée par la décision de justice. Elle suppose toutefois que l'huissier connaisse le nom de la banque du débiteur. A défaut, une saisie conservatoire peut être effectuée. Le débiteur dispose d'un délai d'un mois pour contester la saisie devant le juge de l'exécution du lieu de son domicile En cas de contestation, le paiement est différé, sauf si le juge de l'exécution l'autorise, en tout ou partie. Comme pour toute saisie-attribution, le débiteur peut autoriser le paiement par le tiers saisi avant l'expiration du délai de contestation. Mais en matière bancaire (saisie-attribution sur compte bancaire), ce paiement ne peut intervenir avant l'expiration du délai de régularisation de 15 jours. Pour Info : coût des recouvrements Les coûts et les délais de recouvrement peuvent varier considérablement selon la nature des dossiers (civils ou commerciaux) et selon les procédures qui peuvent être ou qui sont engagées. La justification de l'existence même d'un service recouvrement au sein d'une entreprise dépend de ces deux indicateurs fondamentaux. Jugements Coûts moyens Délais moyens Injonction de payer 600 à 1 300 euros 2à 3 mois Référé provision 1 600 à 3 200 euros 15 jours à 2 mois Assignation 2 300 à en paiement 3 900 euros 3 mois à 1 an Les coûts des procédures et les délais ne sont pas les seuls critères à prendre en compte pour mesurer l'efficacité d'un service ou d'un prestataire. Il faut mesurer le taux de revient c'est-à-dire le rapport coût / efficacité que l’on peut calculer à partir de la formule suivante : Coût du recouvrement + total des créances non recouvrées / total des créances confiées. Cette formule permet en effet de constater qu’il est plus intéressant d'avoir un coût de 15 % des sommes récupérées en récupérant 50 % des sommes dues, que d'avoir un coût de 10% en ne récupérant que 25 %. (Attention ces coûts sont donnés à titre purement indicatif). QUELQUES CHIFFRES • Une PME sur quatre fait faillite à la suite de créances impayées. • Les délais de paiement moyens en France atteignent 69 jours, dont 17 de retard, selon le baromètre de l'Association Française Des Crédit managers et Conseils (AFDCC). • Le crédit inter entreprises, c'est-à-dire celui que les entreprises s'accordent entre elles via les délais de paiement, représente plus du double des concours bancaires à court terme, soit plus de 300 milliards d'euros. Les Dossiers Techniques de l’Association 6 Professionnelle de Solidarité du Tourisme Mesures particulières de recouvrement des créances. Le droit de rétention. Si l’on possède une créance, il est possible d’exercer un droit de rétention sur le débiteur. Le principe en est simple : on retient les documents du client jusqu’au règlement de sa facture. Le droit de rétention est un moyen très efficace pour forcer à payer, mais attention : dans l’hypothèse où la créance ne serait pas réelle, on risque, de la part du débiteur, outre bien entendu le fait de le perdre comme client, une condamnation pour dommages et intérêts. Le droit de rétention ne nécessite aucune mise en demeure, aucun acte d’huissier, aucune action en justice, c’est une démarche très simple à appliquer, mais on doit être sûr de son fait. La compensation. La compensation peut permettre de se payer sur ce que l’on doit à son client. Le jeu de la compensation peut s’effectuer lorsque l’on est débiteur de son débiteur. La compensation peut se faire uniquement : par décision de justice : Il faut alors, pour invoquer la compensation légale automatique, que trois conditions soient obligatoirement remplies, à savoir : - dettes réciproques et exigibles, - dettes certaines et non contestées, - dettes ayant pour objet une somme d’argent ou une quantité de choses fongibles de même espèce. La compensation est facultative si l’une des conditions n’était pas remplie. On a alors le choix d’accepter ou non la demande de compensation du client. par décision convention : la compensation conventionnelle n’a pas vraiment de règles. Elle est beaucoup plus simple à appliquer : il suffit simplement d’un accord écrit entre les deux parties et d’être obligatoirement débiteur de votre débiteur. La transaction. La transaction est un contrat par lequel les parties terminent une contestation née ou préviennent une contestation à naître. Une transaction permet donc d’arranger un différend à l’amiable. Pour qu’il puisse y avoir transaction, trois conditions doivent être remplies : - Il doit exister une contestation entre deux ou plusieurs personnes (le fait d’avoir déjà engagé une procédure judiciaire, n’empêche pas de conclure à une transaction), - Une volonté de mettre fin à la contestation. - Pour que la transaction soit réalisable, il faut que les deux parties fassent des concessions réciproques. Tant que la proposition de transaction, n’est pas signée, elle n'a aucune valeur juridique. Une fois la transaction signée, les deux parties sont obligées de respecter les termes du contrat. Si le débiteur refuse de remplir ses conditions, on peut faire une demande en justice soit pour l’obliger à exécuter la transaction, soit pour en demander la résolution. “La transaction doit être rédigée par écrit”. La rédaction de ce contrat peut être faite par acte ou soit par simple écrit sous seing privé ou échange de courrier. Elle peut enfin être homologuée par décision de justice. Les Dossiers Techniques de l’Association 7 Professionnelle de Solidarité du Tourisme Les différents prestataires pouvant effectuer un recouvrement • Soit c’est un salarié de l’entreprise qui possède des compétences juridiques suffisantes pour engager une procédure judiciaire afin de recouvrer une créance. • Soit un huissier peut intervenir lors de la mise en demeure mais il convient de prendre en compte le fait que sa présence peut déplaire au client et mettre un terme définitif à vos relations commerciales - Soit un avocat pour les litiges de grande importance. L’intervention de celui-ci dès la mise en demeure peut s’avérer utile, sa présence est obligatoire lors de vos audiences au Tribunal de Grande Instance. • Soit un cabinet de recouvrement qui se charge de gérer les impayés et qui est rémunéré : - sur le principe du forfait, (pourcentage sur le montant de la créance, frais de procédure à la charge de l’organisme de recouvrement). - sur frais réels, (pourcentage relativement faible sur les sommes réellement encaissées, mais frais de procédure et dépenses accessoires à la charge du créancier). QUELQUES CHIFFRES • Les créances impayées représentent en France 1% à 1,5% du chiffre d'affaires des entreprises. • 93 % des procédures collectives aboutissent à un jugement de clôture de liquidation judiciaire pour insuffisance d'actif. • Près de 70% des entreprises bloquent toute nouvelle commande en cas de retard de paiement et 81 % en cas d'impayé. V - Quels services ou moyens extérieurs pour se prémunir contre les risques de non paiement ? Assurance Crédit. Moyennant le paiement d’une prime, l’assurance crédit permet aux entreprises d’être couvertes et indemnisées contre le risque de non-paiement de leurs créances commerciales. Elle protège les entreprises contre le risque de défaillance de leurs clients grâce à une triple action, à savoir : Phase 1 : Prévention et surveillance. L’entreprise interroge l’assureur crédit sur ses clients ou prospects pour des montants de couverture. L’assureur crédit arbitre le risque et émet un avis motivé : " Accepté ", " Montant maximum " ou " Refus ". L’assureur crédit surveillera ensuite, en continu, l’évolution du client. Phase 2 : Gestion des contentieux. Lors d’un sinistre, l’entreprise doit remettre le dossier à l’assureur crédit dans un délai de 2 à 4 mois après l’échéance initiale impayée. L’assureur crédit devient subrogé dans les droits de l’assuré, et peut récupérer la créance pour son compte par toutes les voies (diplomatiques, judiciaires, ...) Phase 3 : Indemnisation. Au terme d’un délai de carence de 3 à 6 mois depuis la date de remise du dossier en sinistre, l’assureur crédit indemnisera l’assuré du pourcentage fixé contractuellement (de 60 à 90 %) sur la base de la couverture consentie préalablement. Le coût de l’assurance crédit est un pourcentage du chiffre d’affaires à assurer. Ce pourcentage varie généralement en fonction des éléments suivants : le montant global de chiffre d’affaires ; les zones géographiques des clients internationaux ; la nature des clients ; le nombre de clients ; la mise en place et le montant d’une franchise. Dailly. La loi Dailly du 2 janvier 1981, dite loi Dailly, du nom du sénateur auteur de la proposition de loi, est issue de l'analyse du mécanisme de la lettre de change qui a pour objectif de faciliter le crédit aux entreprises. Le but de la loi Dailly est en effet de mettre en place un système de simplification et de modernisation des techniques de transfert des créances. Cette technique de financement permet ainsi à une entreprise de bénéficier de crédit en contrepartie de la production de factures représentatives de créances sur ses clients ou de créances sur une collectivité publique. Il est donc possible de mobiliser une créance sur un client, une subvention obtenue mais non versée, un crédit de TVA, une indemnité d’assurance due mais non réglée… Le bordereau Dailly permet de regrouper sur un même document plusieurs créances, l'usage de ce seul titre permettant de céder ou de nantir de nombreuses créances à la fois sans qu'il soit nécessaire d'endosser chacune d'elles. La cession Dailly a lieu par la seule remise du bordereau. Il suffit de la remise du bordereau Dailly répertoriant les créances cédées et remplissant les conditions de forme requises pour que la cession Dailly des créances soit réalisée et opposable aux tiers. La loi Dailly permet également au banquier qui mobilise les créances de ses clients nés à l'étranger et répertoriées sur le bordereau Dailly, d'assurer le transfert à son profit des créances ainsi mobilisées et de se protéger contre un impayé éventuel. Ainsi avec la loi Dailly, la sécurité du banquier est assurée, en contrepartie du crédit de mobilisation qu’il peut consentir. La cession Dailly sera opposable aux tiers, notamment aux créanciers de l'exportateur en cas de redressement ou de liquidation judiciaires. Les principes sont les suivants : - la mobilisation Dailly met en relation un établissement de crédit, un emprunteur et un débiteur de la créance. - la cession ou le nantissement ne peut être consenti qu’au profit d’un établissement de crédit ; - l’emprunteur doit être une entreprise ; - le débiteur de la créance cédée ou nantie doit être une entreprise ou une collectivité publique; il est impossible de mobiliser des créances sur des particuliers ; - en cas d’impayés, le bénéficiaire du crédit est solidaire du débiteur cédé. Les Dossiers Techniques de l’Association 8 Professionnelle de Solidarité du Tourisme Les modalités sont les suivantes : le banquier signe avec son client une convention dans laquelle seront définies les conditions de mobilisation, d’utilisation et de recouvrement des créances. Le crédit accordé pourra être effectué soit sous forme d’escompte, soit sous forme d’avance en compte. Avantages et inconvénients : pour l’entreprise, facilité plus grande de mobilisation des créances car celles-ci sont possibles dès la facturation. Par rapport à l’escompte, ce n’est pas un moyen de recouvrement et le bénéficiaire du crédit doit suivre le recouvrement de ses créances. Affacturage. Affacturage (ou Factoring) permet à une entreprise de céder ses créances professionnelles sur ses acheteurs à un organisme spécialisé dit ‘’factor’’. Celui-ci prend en charge la gestion, le recouvrement et/ou le financement. Par rapport à l’assurance-crédit, le factor achète la créance relative à une marchandise déjà vendue. Pourquoi utiliser l’affacturage : sur le marché français, les organismes de crédits traditionnels utilisent de moins en moins les financements reposant sur le " Dailly " jugé comme un instrument trop lourd. D'autre part, les lignes bancaires, comme leur nom l'indique, sont par définition plafonnées. Ces deux éléments de base peuvent à eux seuls justifier l'utilisation de l'affacturage qui permet d'assouplir le système du Dailly, de se libérer de l'attente du retour des effets pour pouvoir mobiliser une créance tout en proposant un financement déplafonné. Ce dernier point intéresse tout particulièrement les entreprises limitées dans leur mobilisation du poste "clients ". Les nouvelles techniques de factoring. De nouvelles techniques d’affacturage sont désormais disponibles pour l’entreprise, ces techniques de financement appelées new line factoring apportent encore plus de souplesse à l’affacturage. - La première, le ‘’maturity factoring’’ permet de déléguer au factor la gestion du poste clients et la garantie des créances, mais sans le financement. En fait l’entreprise charge le factor du suivi, de l’encaissement et du recouvrement des factures incluant la garantie des créances en cas d’impayés. - La deuxième, ‘’l’agency factoring’’ permet de financer des créances sans déléguer au factor la gestion des factures, c’est à dire le suivi, l’encaissement et le recouvrement des créances. - La troisième, le ‘’factoring with recourse’’ (ou recourse factoring) permet de financer des factures sans garantie, c’est à dire des créances sans assurance crédit donnée par le factor. L’entreprise remet en affacturage des créances sur ses clients que le factor lui finance, mais en cas de non paiement à l’échéance, le factor se retourne vers l’entreprise pour se faire rembourser son financement. E-Affacturage ou Affacturage électronique. Avec cette nouvelle technique d’affacturage vous pouvez transmettre vos factures par internet sans avoir à envoyer les factures et les quittances de remises papiers. Cette technique, appelée E-affacturage ou E-factoring, permet de dématérialiser la remise de vos quittances subrogatives que vous envoyez par internet via un serveur sécurisé avec code d’accès et signature électronique. Vous supprimez ainsi la charge de travail administrative liée au remplissage par écrit des quittances subrogatives et de l’envoi par courrier des quittances et des factures. En dehors des avantages dans le domaine administratif, l’eaffacturage apporte plusieurs avantages au niveau financier, notamment un financement plus rapide car les quittances de remises et les factures sont reçues instantanément. Le coût de l’affacturage. L’affacturage comprend deux coûts, un coût de gestion et un coût de financement : le coût de gestion comprend la gestion des factures, la relance des clients, le suivi des comptes clients et la garantie des créances. Le coût de gestion varie le plus souvent, mais ceci à titre tout à fait indi- catif entre 0,1% et 3,5% du montant des créances remises au factor pour les contrats classiques d’affacturage. Ce pourcentage étant fonction du montant de chiffre d’affaires à affacturer, de la taille moyenne des factures et de la qualité des clients. En général, le coût de financement correspond à un taux d’intérêt appliqué au montant financé pendant la période de l’avance des fonds. VI - Incidence fiscale des créances irrécouvrables. Le Conseil d'Etat a admis que le caractère irrécouvrable peut être démontré par des attestations d'huissier. Il en est de même lorsque le créancier établit que son débiteur a disparu sans laisser d'adresse. On ne peut en revanche se borner à évoquer l'ancienneté des créances demeurées impayées, mais l’on doit alors fournir toutes les indications nécessaires sur ses diligences et sur les circonstances propres qui établissent l'insolvabilité du débiteur. A ce stade on est donc contraint d'engager une véritable procédure de recouvrement en s'adressant à un avocat, un huissier ou un organisme de recouvrement. Le code de commerce pose le principe selon lequel les comptes annuels doivent donc être réguliers, sincères et donner une image fidèle du patrimoine, de la situation financière et du résultat de l'entreprise. Ceci implique que les comptes doivent faire apparaître non seulement les créances à recouvrer mais aussi les créances irrécouvrables. - Lorsqu'une créance est irrécouvrable son montant peut être retranché des bénéfices de l'exercice au cours duquel sa perte apparaît certaine et définitive. - La créance qui présente un caractère simplement douteux ou dont la perte est seulement probable, même fortement probable, ne peut justifier que la constitution d'une provision. - Lorsque la perte se réalise effectivement, elle est compensée à due concurrence par la reprise de la provision (cette compensation ne pouvant être effectuée que si on apporte la preuve du caractère définitivement irrécouvrable de la créance). En matière de récupération de la TVA. le code général des impôts exige des "créances définitivement irrécouvrables". Si l’on n'apporte pas la preuve du caractère définitivement irrécouvrable de la créance, on perd le droit d'en opérer la déduction de ses résultats et d’en gérer l’imputation sur la TVA due. En principe la récupération de la TVA ne peut se faire qu'après avoir envoyé au client défaillant un duplicata de la facture initiale avec la mention suivante : " Facture demeurée impayée pour la somme de … euros (prix net) et pour la somme de … euros (TVA) qui ne peut faire l'objet d'une déduction (article 272 du CGI). Les Dossiers Techniques de l’Association 9 Professionnelle de Solidarité du Tourisme Sources : Le recouvrement des créances au moindre coût de Marcel Onnainty ; L'analyse financière de Jérôme Caby et Jacky Koëhl ; Le factoring de Louis Sussfed ; Factoring une nouvelle méthode de crédit de M. Revers ; Prévenir et faire échec aux impayés Collectif Revue Fiduciaire ; Le risque d'impayés d’Alain Papadopoulos ; Site Affactassur ; Risque client de l'entreprise de Guery ; Gérer le risque client de E. Bessis...