Le printemps
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Le printemps
Printemps 16 Le Muguet 10 Tout est lumière, tout est joie. Cloches naïves du muguet, L'araignée au pied diligent Carillonnez ! Car voici Mai ! Attache aux tulipes de soie Les rondes dentelles d'argent. La frissonnante libellule Sous une averse de lumière, Les arbres chantent au verger, Et les graines du potager Mire les globes de ses yeux Dans l'étang splendide où pullule Tout un monde mystérieux. Sortent en riant de la terre. Carillonnez ! Car voici Mai ! Cloches naïves du muguet ! La rose semble, rajeunie, Les yeux brillants, l'âme légère, L'oiseau chante plein d'harmonie Les fillettes s'en vont au bois Dans les rameaux pleins de soleil. Rejoindre les fées qui, déjà, Sous les bois, où tout bruit s'émousse, Dansent en rond sur la bruyère. Dans les verts écrins de la mousse, Luit le scarabée, or vivant. La lune au jour est tiède et pâle Riant sous la pluie, Le soleil essuie Les saules en pleurs, 8 Et le ciel reflète Dans la violette La mouche ouvre l'aile, Et la demoiselle Aux prunelles d'or, Au corset de guêpe, Cloches naïves du muguet ! A repris l'essor. Maurice Carême L'eau gaiement babille, Le goujon frétille : Un printemps encore. Théophile Gautier D'où la douceur du ciel descend ! L'ombre qui fuit sur l'eau qui passe, Il neige des fleurs, Dépliant son crêpe, Tendre, elle ouvre ses yeux d'opale Le rayon sur le seuil ouvert, Comme elles sont blanches. Carillonnez ! Car voici Mai ! Comme un joyeux convalescent; Tout vit et se pose avec grâce, Regardez les branches, Ses pures couleurs. S'accoupler au bouton vermeil Le faon craintif joue en rêvant : Au printemps Le printemps Le ciel bleu sur le coteau vert ! La plaine brille, heureuse et pure; Le bois jase ; l'herbe fleurit. -Homme ! ne crains rien ! la nature Sait le grand secret, et sourit. Victor Hugo Bonjour 6 Comme un diable au fond de sa boîte, Le bourgeon s'est tenu caché… Mais dans sa prison trop étroite Il baille et voudrait respirer. Il entend des chants, des bruits d'ailes, Il a soif de grand jour et d'air… Il voudrait savoir les nouvelles, Il fait craquer son corset vert. Puis, d'un geste brusque, il déchire Son habit étroit et trop court «Enfin, se dit-il, je respire, Je vis, je suis libre... bonjour !" Dessin de François Avril Paul Géraldy