Sujet bac sous titre

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Sujet bac sous titre
Plan
analytique
En quoi le sous-titre de l’œuvre, “mœurs de province”, éclaire-t-il la première partie du roman ?
Intro :
Alinéa
Alinéa
Grand
alinéa :
annonce
de
l’idée
du I.
Petit
alinéa :
1.
- Projet de Flaubert : « livre sur rien » = livre sur la banalité. Après la révolution de
1789, la géographie française et son organisation ont profondément changé : à la division Cour
(Versailles)/Ville (Paris)/ProvinceS (le reste) a succédé la dualité Paris/Province (au singulier),
marquant plus nettement l’opposition entre ces deux espaces. Et cette province va fournir à
Flaubert la matière même de son roman : elle est le lieu même de cette banalité, de ce « rien »
qu’il recherche. C’est donc en Normandie que Flaubert se transporte pour en faire un tableau au
plus juste et en livrer les « mœurs ». Le sous-titre de Madame Bovary sera d’ailleurs Mœurs de
province.
En quoi la première partie du roman éclaire-t-elle bien ce sous-titre ? Comment
Flaubert dans ce début de roman réalise-t-il ce tableau complet de la province normande ?
Nous verrons tout d’abord que la province est présente dans le roman sous toutes ses formes :
personnages, géographie, mœurs. Elle est ensuite pour Flaubert un exercice de style : ce lieu du
« rien » va lui permettre de travailler la forme et de sortir de ce réalisme pur par une ironie
constante. Nous terminerons par montrer que cette étude de mœurs présente la province
comme une fatalité.
I. La province comme exercice de réalisme
1. La province et ses sociétés
- le monde paysan : le père Rouault, paysan aisé. Description de l’étable : adjectifs et
adverbes exprimant l’aisance : « ferme de bonne apparence, gros chevaux de labour, râteliers
neufs, large fumier, cinq ou six paons, luxe des basse-cours cauchoises, la bergerie était longue,
la grange était haute, deux grandes charrettes, quatre charrues » (I, 2 – p.60) : avalanche de
termes indiquant la taille, la dimension. Idem pour vêtement d’Emma : « robe de mérinos bleu
garnie de trois volants » et pour la cuisine dans le paragraphe suivant : « grand feu, proportion
(des instruments de cheminée) colossale, abondante batterie de cuisine ».
- la petite bourgeoisie : les Bovary. Le père était « aide-chirurgien-major » (I,1 - p.50).
Importance de l’argent : « saisir au passage une dot de soixante mille francs, vécut sur la fortune
de sa femme, voulut faire valoir ». La mère est présentée comme économe : « allait chez les
avoués, chez le président, se rappelait l’échéance des billets » (p. 52), prépare des plats à son fils
quand il est étudiant à Rouen, surveille de près ses comptes quand il est adulte. Ambition de la
mère pour son fils : « elle reporta sur cette tête d’enfants toutes ses vanités éparses, brisées » (I,
1 – p. 52 : Charles est un déversoir à fantasmes pour les femmes qui l’ont entouré.) + après,
collège, études de médecine : éducation bourgeoise
- l’aristocratie : le bal à la Vaubyessard : la fenêtre cassée, le billet donné à l’amant par une
femme (page 105)... = fantasmes de Madame Bovary. Description d’une aristocratie ancrée
dans le contexte de la monarchie de Juillet : on parle d’argent gagné aux courses (page 104), le
marquis de la Vaubyessard cherche des appuis électoraux (page 97), le château est de
« construction moderne » : finalement très proche de la bourgeoisie. Seul le vieux duc de
Laverdière est conforme à la vieille aristocratie, mais il est débilitant et baveux : seule Emma
peut encore voir derrière ce portrait pitoyable l’homme séduisant qu’il a été (DIL : « Il avait
vécu à la Cour et couché dans le lit des reines ! »). Il apparaît « comme un enfant » et les
femmes qui l’entourent s’opposent à l’image de celles qu’il avait enlevées. Le texte postule la
mort de cette noblesse imaginaire dont rêve Emma.
> Flaubert montre un nivellement des milieux sociaux = situation historique où la
bourgeoisie et l’aristocratie se rejoignent : les bourgeois peuvent accéder au pouvoir et les
aristocrates cherchent à faire de l’argent > la description des milieux est ancrée dans un contexte
historique précis (= ambition réaliste)
- le clergé : le curé chargé de l’éducation de Charles (page 53 : bonhomme, peu rigoureux, pour
qui l’éducation passe au second plan), les sœurs du couvent où Emma a reçu son éducation.
- les pauvres : le garçon de la poste (I, 9 - p.113 : « gros sabots, sa blouse avait des trous, ses
pieds étaient nus dans des chaussons ». Vu à travers le regard d’Emma : « C’était là le groom en
culotte courte dont il fallait se contenter ! », au discours indirect libre), la bonne, Félicité, qui
1
Intro initiée
par une
phrase
d’accroche,
contextuelle
Annonce
de la
question et
problémati
sation
Annonce
d’un plan
Références à
des moments
du roman
Zoom sur un
moment
particulier :
microanalyse
Petit
alinéa :
2.
« obéissait sans murmure pour n’être point renvoyée » (I, 9 - p.113) le joueur d’orgue de
barbarie qui crache par terre (121)
> multiplication pour peindre cette société de petits détails, des « petits faits vrais »
(Barthes).
> Flaubert montre les rapports qu’entretiennent ces catégories sociales entre elles. Les
tableaux sociologiques sont donc dynamiques : Emma jalouse l’aristocratie de la Vaubyessard,
le paysan offre une dinde médecin, la bonne craint Emma et adopte une attitude servile.
> Descriptions symétriques qui permettent de mieux identifier chaque milieu en l’opposant
à un autre (obsession de Flaubert pour la construction : le fil du collier) : l’opposition entre le
repas long et les victuailles trop nombreuses à la noce d’Emma (I, 4 – p.77 : chiffres et
lourdeur : « mousse épaisse », « de grands plats de crème jaune, qui flottaient d’eux-mêmes au
moindre choc de la table » ; abondance ; recours à des connecteurs temporels pour décrire les
différents niveaux de la pièce montée + durée : « jusqu’au soir, on mangea ») et le raffinement
du bal (page 101 : tout connote la légèreté : finesse du champagne ; fruits exotiques ; le sucre
devient presque immatériel) et la sobriété du déjeuner du lendemain matin (page 107 : « le repas
dura dix minutes » / « l’on resta seize heures à table » (p.74).
2. La province et sa géographie
- topographie réelle : Rouen et Tostes sont des lieux qui existent. Trajet de Charles de Tostes
aux Bertaux (I, 2 – p.58-59). Tous les villages mentionnés existent : on peut reconstituer
son itinéraire. Cartographie de Yonville dans les brouillons.
- descriptions réalistes : maisons de briques rouges (« la façade de briques », I, 5 - p.80), « plate
campagne » (I, 2 - p.59), « Il arrivait parfois des rafales de vent, brises de la mer... » (I, 7 –
p.97). (dans la suite du roman : Description de la campagne lorsqu’Emma va rendre visite à sa
file chez la mère Rolet : « masures, fumier, vaches embricolées, vieux noyer, bourrées, clôture
d’épines, carré de laitues, pieds de lavande… » (II,3 – p. 150) : à LC le 17 décembre 1852 : « Je
suis en train d’écrire une visite à une nourrice. On va par un petit sentier et on revient par un
autre. Je marche comme tu le vois sur les brisées du Livre Posthume (de Du Camp) mais je crois
que le parallèle ne m’écrasera pas. Cela sent un peu mieux la campagne, le fumier et ses
couchettes que la page de notre ami. Tous les Parisiens voient la nature d’une façon élégiaque et
proprette, sans baugée de vaches et sans orties. »)
- les lieux, comme les milieux, sont envisagés selon les relations qu’ils entretiennent : le château
fait rêver Emma, la ferme s’oppose à la maison de Charles...
3. La province et ses mœurs
- l’éducation : tableaux parallèles de l’éducation de Charles et de celle d’Emma (éducation dans
un couvent, chap 9). Charles : sa différence permet la description des mœurs des autres écoliers.
Il n’y a pas d’indivisualisation (« on », « nous », pas de prénoms). Idem pour le prof. Rôle
anonymant des italiques. Cruauté et conformisme. Couvent d’Emma : au contraire, la
description met au deuxième plan l’éducation reçue. Insiste sur ce qu’Emma aime. Mais au fur
et à mesure, l’individualité s’estompe : page 86 : « on faisait ». Impersonnalité de ses goûts qui
sont des clichés.
- le quotidien : Attachement au bas et à l’insignifiant. Les actions de Charles sont très souvent
évoquées à l’imparfait d’habitude et le quotidien est répétitif. Evocation de moments banals : le
réveil au lit, les repas, les journées d’Emma à la fenêtre. Idem pour les autres habitants de
Tostes : tableau des habitudes page 119 : « Tous les jours, à la même heure... Soir et matin... De
temps à autre... toujours... »
- l’intérêt pour les détails : les vêtements (description des robes d’Emma, des tissus, p.60) le
langage. Recours à l’italique pour citer des mots des personnages (près de 100 occurrences, 8
dans Salammbô et 25 dans L’ES) : « Une fois le pansement fait, le médecin fut invité, par M.
Rouault lui-même, à prendre un morceau avant de partir. » = garant de l’authenticité du texte,
de la fidélité de la transcription. L’italique correspond à des idiolectes provinciaux (« sa
masure »), sociaux (« n’était-ce pas une femme du monde ») ou professionnels (« le ténotome »).
Instaure dans le récit un hors-texte, le déjà-là, déjà-parlé : nourrit l’illusion réaliste.
> « Je suis dans un tout autre monde (...), celui de l’observation attentive des détails les plus
plats. J’ai le regard penché sur les mousses de moisissures de l’âme. », lettre à LC 8/2/1852
> Méticulosité de Flaubert : documentation et connaissance des lieux, milieux et personnes
qu’il évoque : a vécu en Normandie toute sa vie.
> les sous-titre « Mœurs de province » éclaire bien la première partie du roman.
2
Petite
conclusion
rapide :
celle-ci est
plus un
élément de
cours !
On
recomme
nce !
II. La province comme exercice de style
Mais contrairement à Balzac dans les romans duquel la province est quittée, Flaubert empêtre
ses personnages dans la campagne qu’ils ne peuvent pas quitter dans cette première partie de
roman. J.P Richard parle de la « pâte » dans laquelle ils sont embourbés. Emma notamment va
subir cet embourbement. En décrivant la province à travers les sensations d’Emma > critique. +
haine de Flaubert de la banalité qu’il décrit : ironie permanente, souvent très acide.
Impersonnalité ≠ impartialité : paradoxalement, il finit par prendre position sur le monde qu’il
décrit.
1. La matière de l’ironie flaubertienne
- La scène de la noce comme résumé des mœurs de la province (I, 4 – p. 74-79) :
* L’utilisation (rare dans le roman) de la focalisation zéro : Flaubert utilise un narrateur
qui sait tout, qui décrit ce qu’il voit mais qui connait aussi les raisons, les causes de ce qu’il
voit : description minutieuse et très détaillée des habits (focalisation externe en apparence)
augmentée d’une expression indiquant la motivation : « robes à la façon de la ville », « gamins
[…] incommodés par leurs habits neufs, première paire de bottes de leur existence, robe blanche
de sa première communion rallongée pour la circonstance, ayant peur de salir ses gants, bons
habits qui ne sortaient de l’armoire que pour les solennités » : cette connaissance de l’avantnoce met en avant la petitesse de ces personnages. Jamais individualisés : pas de prénoms, pas
de relations aux mariés, ne sont présentés que par leurs vêtements qui finissent même par
devenir sujet des phrases : « les chemises bombaient » : pantins, masse (≠ bal de la
Vaubyessard)
* utilisation de l’imparfait qui dilate toute cette description
* Une description à la loupe : rasage des messieurs qui s’étaient fait des « balafres en
diagonale sous le nez […] qu’avait enflammés le grand air pendant la route, ce qui marbrait un
peu de plaques roses toutes ces grosses faces blanches épanouies. » ; description de la pièce
montée : « temple, portique, colonnade, donjon, fortifications, prairie, rochers, petit Amour » :
mélange des époques, des couleurs (« bleu, doré, verte, rose »)
* comparaisons acides : « les chemises sur les poitrines bombaient comme des
cuirasses », « pelures d’épidermes larges comme des écus de trois francs »
* évacuation du moment lyrique : ne décrit pas la cérémonie : « on s’y rendit à pied, et
l’on revint de même » + « une fois la cérémonie faite »
* détail des blagues graveleuses des cousins : « passèrent la nuit à boire dans la
cuisine », « commençait à souffler de l’eau avec sa bouche par le trou de la serrure » puis va se
consoler avec les « bas morceaux des viandes » ( !!!)
> l’effet de réel s’appuie alors sur une objectivité qui n’est qu’apparente : l’ironie de
Flaubert se fait nettement sentir. Il ne juge pas ses personnages mais leur description est pleine
de sous-entendus qui font éclater son ironie, son mépris et son humour. A LC : « L’ironie
pourtant me semble dominer la vie. - D’où vient que, quand je pleurais, j’ai été souvent me
regarder dans la glace pour me voir ? – Cette disposition à planer sur soi-même est peut-être la
source de toute vertu. Elle vous enlève à la personnalité, loin de vous y retenir.”
- la matière du comique : humour de Flaubert dans ses descriptions de provinciaux : Binet dans
son tonneau par exemple (p.236)
2. La source de caricatures
- le personnage de Charles : personnage emblématique de cette province. Ses traits sont grossis :
* animalisation : nom (comme tous les noms de ses personnages provinciaux) +
« rumine son bonheur » (I,5)
* portrait « poignets rouges habitués à être nus » quand il est enfant, « un peu
gringalet » selon le père Rouault, puis s’empâte (« Il prenait avec l’âge des allures épaisses », I,
9 – p.116). Portrait aussi au réveil, sa figure blanchie « par le duvet de son oreiller » (p. 93).
Aucune élégance : le bal.
* attitude : fait tomber sa casquette, parle d’une voix inintelligible, reste « les mains
vides » (p. 76) quand Emma enlève les herbes accrochées à sa robe de mariée, « n’était point de
complexion facétieuse » (p. 79). Ellipse de la nuit de noces racontée par l’attitude des
personnages (p. 79).
* platitude répétée tout au long du roman : « La conversation de Charles était plate
comme un trottoir de rue, et les idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire,
sans exciter d’émotion, de rire ou de rêverie », p.92. Analepse sordide rappelant ses misères (p.
3
84). Le monde pour lui se limite à sa femme : « L’univers, pour lui, n’excédait pas le tour
soyeux de son jupon » (p.84) mais jamais il ne la comprendra.
* bêtise : rate sa première année de médecine, « Mais il n’enseignait rien, celui-là, ne
savait rien, ne souhaitait rien. » I, 7 – p. 92 : DIL qui souligne sa vacuité.
* sociolectes : italiques « les genoux lui rentraient dans le corps » (I, 8 – p. 106)
> progrès dans la description de Charles : vu par Flaubert d’abord quand il est à l’école,
puis par le narrateur au moment de se marier, et ensuite par Emma : de pire en pire.
3. Le lieu du rien
- « la plate campagne », « une grande surface grise qui se perlait à l’horizon dans le ton morne
du ciel » ; « Tout ce qui l’entourait immédiatement, campagne ennuyeuse, petits bourgeois
imbéciles, médiocrité de l’existence, lui semblait une exception dans le monde, un hasard
particulier où elle se trouvait prise… » (I, 9 – p. 112) : qui voit cela ? Le narrateur ou Emma ?
- Cette médiocrité de l’existence est ensuite détaillée par Emma (point de vue interne) :
répétition quotidienne des mêmes gestes : activité routinière de Charles (toujours à l’imparfait :
« Il se levait, bouclait ses éperons, lui envoyait un baiser, il partait » (I, 5 – p .83), gestes banals
quand il rentre de ses visites, (I, 7 - p. 93).
- observation des activités répétitives des villageois par Emma depuis sa fenêtre, p. 119 puis p.
156 (trajets quotidiens de Léon, arrivée d’Homais pendant le repas). L’ennui d’Emma semble
communicatif : « Lui aussi... » page 119 : intérêt de ce début de phrase, il n’était pas question
d’Emma juste avant, mais l’ennui a fini par la caractériser.
- Emma observée par les villageois : on l’accuse même de jouer « les demoiselles de la ville » :
réactions sont symptomatiques de l’ennui généralisé. Faute de divertissement, les gens s’épient
et se jaugent sans cesse.
- Lieu de l’enfermement : multiplication des allusions aux fenêtres : volonté de s’échapper.
> Emma devient alors le porte-parole du pessimisme de Flaubert
III.
La province, une fatalité
La province s’érige en ingrédient dramatique : le principe réaliste du déterminisme
géographique devient le ressort tragique de l’œuvre. Renversement littéraire, la méthode devient
fond : décrire l’insignifiant conduit à envisager l’insignifiance de la vie. Décrire les habitudes
aboutit à l’ennui.
1. La province comme prison
- motivation du début : dans le premier scénario, le roman commençait aux 33 ans de Charles.
L’évocation de son enfance montre ce déterminisme : est un enfant de la campagne, restera un
homme de la campagne (couteau dans sa poche, bottes « c’était bien assez bon pour la
campagne, p. 93)
- Idem pour Emma : elle aime les émotions fortes et les lectures romantiques mais ne pourra
faire de la nature son refuge comme eux, elle deviendra même pour Emma sa prison : « Si son
enfance se fut écoulée dans l’arrière-boutique d’un quartier marchand, elle se serait peut-être
ouverte alors aux envahissements lyriques de la nature… » (I, 6 – p. 86) : si + conditionnel =
éventualité manquée, un déboire, une malchance + « mais » et « au contraire », qui rappellent
une réalité brute. La phrase reprend par une énumération qui évoque de manière concrète et
prosaïque les réalités banales de la vie rurale et évoque « les troupeaux, les laitages, les
charrues », des réalités très communes du quotidien à la campagne. Les pluriels évoquent
l’habitude.
> Emma ne peut donc pas avoir un rapport romantique à la nature, ne peut pas en
nourrir son tempérament exalté et irréaliste. Emma est complètement détournée de cette réalité
qui lui parait banale et monotone, elle n’y trouve aucun intérêt.
> province = frustration > rêves dans lesquels elle va se perdre
- Malgré les rêves d’ailleurs, ne sortent pas de la province : Tostes, Yonville, Rouen mais le
voyage à Paris restera rêvé (alors qu’il était projeté dans les scénarios) : impossibilité de sortir
2. Le point de départ du rêve
- « Plus les choses étaient voisines, plus sa pensée s’en détournait » (I, 9 – p. 112)
- Paris : « Elle était à Tostes. Lui, il était à Paris, maintenant ; là-bas ! Comment était ce Paris ?
Quel nom démesuré ! Elle se le répétait à demi-voix, pour se faire pâlir ; il sonnait à ses oreilles
comme un bourdon de cathédrale ». Paris est au contraire le lieu du divertissement et de
l’élégance : « Paris, plus vague que l’Océan, miroitait donc aux yeux d’Emma dans une
atmosphère vermeille. » (I, 9 – p. 112) : suit la description de ce miroitement.
4
- S’achète un plan de Paris : p. 111
- Emma va appliquer ces rêves sur Félicité qu’elle va transformer en femme de chambre : « lui
interdit les bonnets de coton, lui apprit qu’il fallait vous parler à la troisième personne, apporter
un verre d’eau dans une assiette… » (p. 113). Puis va consommer : « buvard, papeterie, porteplumes… » (p. 113)
- Ailleurs : Italie, « ces pays à noms sonores où les lendemains de mariage ont de plus suaves
paresses », « au bord des golfes » > « Il lui semblait que certains lieux sur la terre devaient
produire du bonheur, comme une plante particulière au sol et qui pousse mal tout autre part. »
(I,7 – p. 91) : Emma est inadaptée à son milieu
> ce parallèle avec la plante présage la mort.
3. La province anéantie (on sort un peu du sujet, mais je le mets quand même pour vous)
- article de Nicole MOZET (à lire sur le site. Cet article est vraiment intéressant !) : à partir du
déménagement à Yonville, Emma va se libérer : de l’enfant qu’elle porte et de ses frustrations :
Léon, puis Rodolphe, puis Rouen : elle va transformer la province en capitale et va en exploser
les frontières. Flaubert n’aura même pas besoin de la faire aller à Paris, comme il était prévu
dans les scénarios.
- promenade avec Léon (II,3 – p.154) : la nature devient romantique, elle est le miroir de l’état
d’âme des personnages. Cf comparaison de la petite rivière avec les tropiques : « comme les
rivages des tropiques… » : Emma n’a-t-elle pas le pouvoir d’anéantir cet enfermement
provincial ?
CONCLUSION
Province : à la fois cadre, sujet d’analyse et ingrédient dramatique, grâce au réalisme subjectif
de Flaubert qui ne se contente pas d’enregistrer la réalité mais de la critiquer.
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