Les médicaments utilisés dans la douleur neuropathique
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Les médicaments utilisés dans la douleur neuropathique
D o c t e u r q u ’est- ce q u e N e u ro l o g i e . c o m 20 09 ; 1 ( 4 ) : 1 - 2 Les médicaments utilisés dans la douleur neuropathique Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. ....................................................... ... ... Nadine Attal .... .... .... .... Centre d’évaluation .... .... et de traitement de la douleur, .... .... Unité Inserm U 792, .... .... Hôpital Ambroise-Paré, .... .... Boulogne-Billancourt . .. <[email protected]> .................................................... ..... QU’EST-CE QUE LA DOULEUR NEUROPATHIQUE ? Une douleur neuropathique est la conséquence d’une lésion ou d’une maladie d’un nerf ou de la moelle épinière, ou encore de certaines zones du cerveau. Ses causes sont très variées, comme le diabète, le zona, le sida, une complication de traitement (rayons, médicaments du cancer notamment), un traumatisme direct d’un nerf, une intervention chirurgicale même bénigne (par exemple cure de hernie inguinale, cure de varices, arthroscopie ou prothèse de genou, cure de hernie discale…), un traumatisme de la moelle épinière, la sclérose en plaques, ou un accident vasculaire cérébral. Certaines douleurs sont aussi associées à des maladies génétiques. Malgré ces nombreuses causes, les douleurs neuropathiques ont de très nombreux points communs : – il s’agit de sensations de brûlures, d’étau, de coups de couteau, de décharges électriques, associées à des sensations désagréables de type fourmillements, picotements, engourdissement, et souvent à une hypersensibilité de la région douloureuse au contact sur la peau ; – elles ont des mécanismes communs, qui expliquent l’action des médicaments utilisés pour les soulager. À QUOI EST DUE LA DOULEUR NEUROPATHIQUE ? Pour qu’une douleur neuropathique apparaisse après une lésion nerveuse, il faut qu’il y ait une lésion des voies de transmission de la douleur elle-même. Ainsi, on peut paradoxalement l’éprouver alors même que l’on ne sent plus ou que l’on sent moins le toucher, le chaud ou le froid sur la zone douloureuse. Certains patients paraplégiques ou amputés peuvent ressentir une douleur dans les bras ou les jambes (on parle alors de membre « fantôme » chez l’amputé). Cette douleur s’oppose totalement aux autres douleurs plus familières que l’on peut ressentir après un abcès dentaire, immédiatement après une intervention chirurgicale, ou en cas d’arthrose ou d’arthrite, car elle n’a pas les mêmes mécanismes. Ces mécanismes sont de deux natures. D’une part, il existe souvent une excitabilité excessive des cellules nerveuses partiellement ou totalement lésées, au sein du nerf lui-même abı̂mé et souvent, même si la lésion ne touche DOI : 10.1684/nro.2009.0080 que le nerf, au sein de la moelle épinière et de certaines structures du cerveau. Cela explique pourquoi, en cas de lésion d’un nerf, il est inutile, voire dangereux, de chercher à couper ou à léser davantage le nerf lésé ; le risque dans ce cas étant l’apparition ultérieure d’une douleur pire que la douleur initiale. Cela explique également l’efficacité dans ces douleurs de certains médicaments qui agissent en réduisant cette excitabilité excessive. D’autre part, une lésion nerveuse peut entraı̂ner des modifications des systèmes de contrôle de la douleur qui sont organisés dans le cerveau. Ces systèmes de contrôle, que l’on appelle aussi systèmes modulateurs, ont pour mission de filtrer le message douloureux et de réduire son importance. Certains traitements vont agir en renforçant ces systèmes de contrôle de la douleur. QUELS SONT LES MÉDICAMENTS DE LA DOULEUR NEUROPATHIQUE ET COMMENT AGISSENT-ILS ? Compte tenu des caractéristiques particulières de la douleur neuropathique par rapport aux autres douleurs, il n’est pas étonnant que cette douleur ne réponde pas bien aux traitements habituels tels que l’aspirine, les antiinflammatoires ou le paracétamol. Les traitements utilisés pour soulager cette douleur appartiennent essentiellement à deux classes thérapeutiques : les antidépresseurs qui agissent sur le contrôle de la douleur, et les antiépileptiques qui agissent sur l’excitabilité des cellules nerveuses. Ces traitements n’agissent pas nécessairement très rapidement, et leur efficacité est souvent incomplète. C’est pourquoi, il peut être nécessaire d’associer plusieurs médicaments entre eux. En outre, certaines personnes ne répondent pas du tout à ces traitements, soit du fait d’une mauvaise tolérance, soit pour d’autres raisons. Dans la plupart des cas, ces traitements doivent être utilisés à des doses progressives, que l’on ajuste ensuite selon l’efficacité sur la douleur et selon les effets indésirables. Ainsi, il n’existe pas une dose unique efficace mais une gamme de doses efficaces, souvent variable d’une personne à l’autre. Les antidépresseurs L’efficacité des antidépresseurs dans le traitement de la douleur neuropathique est connue de longue date. Il est bien établi que ces traite- neurologie.com | vol. 1 n°4 | avril 2009 1 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. ments agissent sur la douleur de façon indépendante de leur effet sur la dépression. Ainsi, le médecin peut prescrire ces produits à des patients non déprimés. Les antidépresseurs les plus efficaces agissent en renforçant les systèmes de contrôle de la douleur, dont nous avons vu plus haut qu’ils sont souvent défaillants en cas de lésion nerveuse. Tous n’ont pas la même efficacité sur la douleur : ainsi des produits comme le Laroxyl®, l’Anafranil® et le Cymbalta® sont parmi les plus efficaces, et disposent d’une autorisation de l’Agence française du médicament (Afssaps) dans la douleur neuropathique en général, ou dans la douleur neuropathique du diabète pour le Cymbalta®. En effet, cette efficacité ne dépend pas de leur effet antidépresseur, mais de leur plus ou moins grande capacité à renforcer les systèmes de contrôle de la douleur. Les antidépresseurs peuvent entraı̂ner des effets indésirables, qui sont variables selon les produits et qui peuvent comporter le plus souvent une somnolence, des nausées, une fatigue et, avec certains produits seulement, une prise de poids, une baisse de la tension, une sécheresse buccale, une constipation, et une rétention d’urine chez les hommes porteurs d’un adénome de prostate. Tous ces effets secondaires sont réversibles à l’arrêt de ces traitements. Les antiépileptiques Les antiépileptiques sont également efficaces dans la douleur neuropathique. Comme pour les antidépresseurs, tous n’ont pas la même efficacité et certains (Neurontin®, Lyrica®) le sont plus que d’autres et disposent d’une autorisation de l’Agence française du médicament pour le traitement de la douleur neuropathique. Ces traitements agissent en réduisant l’excitabilité excessive des cellules nerveuses, soit au niveau du nerf, soit au niveau de la moelle ou de certaines régions du cerveau, qui est un mécanisme important des douleurs neuropathiques (voir plus haut). Les effets indésirables de ces deux traitements comportent une somnolence, une fatigue, une impression 2 neurologie.com | vol. 1 n°4 | avril 2009 vertigineuse, mais aussi parfois une prise de poids et un gonflement (œdème) des pieds. Tous ces effets secondaires sont réversibles à l’arrêt de ces traitements. Autres traitements D’autres traitements médicamenteux peuvent être proposés dans certains cas de douleur neuropathique. Ainsi, des patchs d’anesthésiques locaux (Versatis®) viennent d’obtenir une autorisation de l’Agence française du médicament dans le traitement de la douleur neuropathique après un zona. Ils agissent en réduisant l’excitabilité nerveuse au niveau du nerf. Leur intérêt est leur facilité d’utilisation (sur la zone douloureuse) et leur absence d’effets indésirables graves (le seul risque étant une allergie ou une irritation de la peau), mais ces produits n’agissent pas chez toutes les personnes et ne sont pas encore disponibles en officine (ils le sont à l’hôpital). La morphine et ses dérivés peuvent aussi être efficaces, mais dans l’ensemble ils sont réservés aux douleurs rebelles ou difficiles. S’AGIT-IL D’UN TRAITEMENT À VIE ? Il ne s’agit pas d’un traitement à vie. Si les traitements sont efficaces, ils doivent être maintenus au moins six mois avant d’envisager leur arrêt progressif. En cas d’échec, les traitements doivent être arrêtés progressivement.