Bissa du Burkina‐Faso

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Bissa du Burkina‐Faso
Bissa du Burkina‐Faso Les Bissa (ou Bussansi) forment un grand groupe ethnique dont le territoire se
situe au sud de Koupela, incluant Tenkodogo, Garango et Zabre. II est traverse
par le fleuve Nakambe sur lequel a été aménagé le barrage hydro-électrique de
Bagré, l'un des plus grands du pays.
Ce barrage a permis l’électrification de la ville de Zabré le 23 Décembre 2008.
L’ethnie bissa fait partie des peuples à société acéphale ou anarchique c’est-à-dire
sans pouvoir centralisé. Ils obéissent soit au chef de village, soit au seul chef de
famille ( par exemple les Lobi, Dagari et Birifor ).
Origine des Bissa L'origine des Bissa est controversée: les uns les classent avec les populations
mande alors que d'autres les rattachent aux Gourounsi. Ce qui est certain, c'est
leur lien de parente avec les Samo, groupe ethnique situe au nord-ouest du pays.
Longtemps, les Bissa ont été captures par les Mossi lors de razzias. Seule
Garango, ville fortifiée, a pu résister à ces invasions. Les esclaves bissa étaient
soit enrôles comme archers dans l'armée mossi, soit soumis a la servitude dans
les cours royales, ou encore vendus aux négriers européens.
Société et coutumes Les Bissa vivent de l'agriculture et de la chasse, ceci est entièrement vrai dans de
villages reculés. Mais dans d’autres qui le sont moins, l’urbanisation est plus
affirmée. Il existe un marché local qui a lieu tous les trois jours selon le village.
Là on y trouve des commerces, des boutiques de vente de marchandises diverses
et variées contenant surtout des produits manufacturés. Il y a aussi beaucoup
d’étals de vente de pagnes, de céréales, de produits laitiers (femmes peuhles) ...
Bon nombre de Bissa sont en Cote d’Ivoire, d’autres ont poussé leur exode
jusqu’en Italie faute de trouver un travail rémunéré. Une communauté
significative vit dans les Pouilles, au sud-est de l'Italie.
Les Bissa sont connus pour être des cultivateurs mais surtout des mangeurs
d’arachides.
La société Bissa ne connait pas de gouvernement centralisé; le pouvoir local est
détenu par le chef de village et le prêtre de la terre. Les Bissa pratiquent le culte
des Ancêtres et de la Terre. Chaque village possède un génie représenté par un
animal (Totem du clan); les limites géographiques couvertes par le génie sont
définies par le territoire sur lequel évoluent les représentants de 1'animal-totem.
Lorsque les chasseurs d'un village organisent une battue, ils ne doivent en aucun
cas sortir du territoire du génie. Forgerons, chasseurs et devins détiennent des
pouvoirs leur permettant de manipuler et maitriser les forces de la brousse. C'est
le génie qui a créé tous les éléments de la nature: on ne saurait les toucher
(chasser, couper un arbre, extraire du minerai, etc.) sans avoir au préalable
demande sa protection par des sacrifices et des rites. Chez les Bissa, chaque
arbre appartient a quelqu'un: soit a celui qui l'a plante ou ses descendants, soit
au génie de la brousse. Planter un arbre signifie prendre possession de la terre
qui est autour.
Un exemple de coutume.
Lorsqu’il y a une éclipse de lune, on dit que le chat a attrapé la lune. Aussi pour
détourner l’attention du chat afin qu’il lâche la lune, on fait toutes sortes de
choses farfelues : on se déguise en femme si on est un homme ou vice-versa, on
tape sur des instruments de musique qui n’en sont pas, tels que couvercles,
casseroles, bâtons, vieux bidons … Un cortège se forme, rejoint au fil des rues par
les habitants sortant de leur cour et criant à l’unisson : « Le chat attrape la lune ,
le chat attrape la lune ! Chat, lâche la lune ! ». Plus la lune disparait, plus le
vacarme s’intensifie.
Ou plus souvent quand un gamin cherche noise à un autre, ce dernier lui
réplique : « Prends garde de continuer à me chercher, parce que si je t’attrape, il
faudra que tout le quartier se mettent à taper dans des boites, couvercles …
avant que je ne te lâche !! ».
La parenté à plaisanterie C’est un mode de relation qui concerne certains groupes. Il permet des échanges
de paroles ou de comportement entre eux qu’ils ne pourraient se permettre
envers d’autres personnes avec qui ce lien de parenté n’existe pas.
Les origines des parentés sont liées à des faits historiques ou faits divers pour la
plupart oubliés.
Une des fonctions de ce jeu relationnel est d’affirmer pour chacun, son identité et
son appartenance à un groupe, tout en dénigrant l’autre. C’est une interaction
entre deux personnes ou groupes concernés. Les deux parties s’invectivent,
parfois avec violence, laissant croire que l’altercation va dégénérer en bagarre.
Finalement c’est le contraire qui se produit, car grâce à ces jeux de rôle, chacun
évacue sa colère, tout en amusant le public qui sait de quoi il est question.
L’expression de la parenté à plaisanterie se traduit soit par des injures choisies
en fonction de l’âge et du sexe de la personne qui est « attaquée », soit par des
attitudes et comportements consacrés, dans le but de mettre la personne
concernée dans l’embarras ou l’énervement.
La parenté à plaisanterie est source de créativité, et régulateur social. C’est
surement l’une des clés de la grande tolérance dont les Burkinabés font preuve
en toute circonstance.
L’Association de la parenté à plaisanterie, créée en 1998, a comme objectif de
publier des documents pour les générations futures.
Un exemple : Bissa et Samo.
Il est évident que ces deux ethnies ont une origine commune.
L’histoire raconte que, un jour suite au décès de leur père, deux Bissa sacrifièrent
un chien. Lorsqu’ils partagèrent la viande, chacun voulait la tète du chien,
laquelle consacrerait le chef. Suite à cette querelle, l’un des deux frères partit
avec ses amis s’installer dans le nord-ouest, où ils créèrent un nouveau peuple,
les Samo. Depuis ce jour, lorsque un Bissa et un Samo se rencontrent, ils
discutent, se moquent l’un de l’autre, s’insultent et avant de se séparer, chacun
rappelle à l’autre que c’est lui qui avait obtenu finalement la tète du chien !
Ou encore, les Bissa considèrent les Gourounsi comme leurs esclaves, ce qui n’est
qu’un point de vue puisque les Gourounsi pensent exactement le contraire.
La légende de Yennenga La légende de la princesse Yennenga raconte que celle-ci après s’être enfui de
chez son père est tombée amoureuse d’un chasseur qui l’aurait soigné suite à une
fausse couche. Il s’appelait Rialé et deviendra Raogo (« male » en mooré).Il la prit
pour compagne. De leur union naquit un garçon nommé Massom. Yennenga et
Raogo s’installèrent dans une grande plaine proche d’un bois et d’une rivière. Les
compagnons qui les avaient suivi organisèrent des razzias pour se procurer des
jeunes filles à épouser parmi les Bissas. Ceux-ci finirent par quitter la région, se
dirigeant vers le nord-ouest. Là, ils formèrent de nouveaux peuples, tels les Samo
de Tougan. C’est ainsi que l’on retrouve des similitudes dans la langue et les
mœurs des Bissa et des Samo.
Le premier fils de Massom fut nommé Wed Raogo ( Ouedraogo) (« cheval male »)
en souvenir de l’étalon qui a amené Yennenga à Raogo. Ouedraogo est le
fondateur de l’empire mossi.
Les descendants de Ouedraogo et faits d’histoire Depuis Ouagadougou, le pays bissa mène aux portes du Togo. Par la route
partant au sud de Koupela, on atteint Tenkodogo, berceau de l'Empire mossi. La
petite ville n'a malheureusement rien garde de sa splendeur passée et présente
aujourd'hui peu d'intérêt. La piste qui part en direction de l’Est mène au village
de Ouargaye. Celui-ci abrite le site historique des «Trois Pierres», qui est l'endroit
précis ou les trois grands conquérants burkinabés se seraient séparés. C'est ainsi
que Naba-Zungrana régna dans le Boulgou, Naba-Diaba Lompo dans le Gourma
et Naba-Yadega dans le Yatenga.
A environ 50 km a l'ouest de Tenkodogo se trouve Komtoega, lieu mythique de la
disparition de Naba-Zungrana. La légende raconte qu'il se serait envole ou qu'il
aurait disparu dans les cieux depuis un grand rocher sur lequel on peut encore
voir les traces de sabots de son cheval. La tombe est représentée par un très gros
baobab ou Ton fait les sacrifices destinés aux Ancêtres. Les Mossi revendiquent
la propriété de ces terres qui sont situées en pays bissa, prétextant que leur
ancêtre y est enterré .Les Bissa souhaitent, eux, que les Mossi récupèrent les
restes de leur ancêtre et quittent le territoire...
SOURCES :
- Burkina Faso de Sylviane JANIN
- Histoires et légendes des peuples du Burkina Faso de Albert-Salfo Balima
- Un bissa à Nancy