Discours voeux à la presse

Transcription

Discours voeux à la presse
Vœux 2016
Présentation des vœux à la presse
le jeudi 21 janvier 2016
dans les Salons du Département, à 11h30
DISCOURS DU PRÉSIDENT DU CONSEIL DÉPARTEMENTAL
M. JEAN-LUC GLEYZE
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Je tiens tout d’abord à vous remercier d’être venus si nombreux aujourd’hui, ici au
Département, à l’occasion de la présentation de mes vœux à la presse.
Le moment est assez particulier pour chacun d’entre nous… L’année dernière, ici-même,
le 7 janvier, alors que mon prédécesseur Philippe MADRELLE était précisément en train
de vous adresser ses vœux pour la nouvelle année, nous apprenions cette effroyable
nouvelle… Entre les mots d’espérance tout juste prononcés par le Président
MADRELLE, comme un coup brutal, comme un choc, la nouvelle tombait : Charlie
Hebdo avait subi l’assaut de barbares impitoyables.
Dans un flou particulier, nous découvrions peu à peu l’ampleur de l’horreur, et dans le
même temps le sens de cet acte terroriste. Dans ces moments là, l’esprit balance alors
entre l’effroi et la confusion, entre le cauchemar et l’incompréhension…
Une minute de silence partagée, comme une réaction commune et pacifique à la terreur
imposée. Un peu de silence ici en Gironde, loin du sang, loin de la panique parisienne…
C’était une attaque à Paris, c’est vrai, mais le retentissement national a été immédiat
dans tout le pays : une douleur profonde pour la France, une peine immense pour vous,
amis journalistes, touchés à double titre par l’horreur. Parce que, ne l’oublions pas, en
assassinant vos confrères journalistes et dessinateurs, ils voulaient abattre la parole
libre, anéantir la liberté d’expression.
La France, touchée au plus profond d’elle-même, s’est alors retrouvée, autour des
valeurs qui fondent sa République : liberté, égalité, fraternité. Cet élan populaire et
spontané comme réponse à la barbarie terroriste, comme un besoin de se retrouver
autour de l’essentiel. Alors, on a revendiqué l’unité, combattu les embryons
d’amalgames, et brandi haut la laïcité.
Ici à Bordeaux, la voix des journalistes a été entendue, car elle a été clamée fort et
distinctement. Combien étions-nous le samedi après Charlie, le 11 janvier, dans les rues
de Bordeaux, sur la Place des Quinconces, pour revendiquer nos droits fondamentaux,
pour rappeler notre attachement aux valeurs républicaines, pour nous montrer tous
solidaires des victimes de cet atroce attentat. Pierre SAUVEY, Président du Club de la
Presse, avait au nom des journalistes, et au nom de tous les citoyens, scandé avec
justesse les mots rassembleurs dont chacun d’entre nous avait besoin.
Et puis, le 13 novembre, un nouveau massacre au cœur de Paris. Après la liberté
d’expression, ces fous s’en prenaient à la jeunesse, à la joie, à la vie… Des images
atroces, et une fois nouvelle la stupeur et l’incompréhension devant un acte terroriste
lâchement meurtrier…
Je n’aurais jamais cru que les mots d’André MALRAUX auraient eu un écho si profond
de nos jours encore : « L’Homme rivalisa avec l’enfer, et donna des leçons au diable. »
Nous laissons donc derrière nous une année tristement marquante de l’histoire de
France. Nous avons tous le sentiment qu’il y aura eu pour notre pays, pour notre
population, un avant et un après….
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Il s’agit peut-être davantage d’une prise de conscience générale du contexte
international, et a fortiori, national. Un système dans lequel la puissance des États établis
s’use sur une organisation terroriste diffuse et évanescente, dans une guerre d’un
nouveau genre. Alors les attaques militaires visent directement l’État islamique, pour
l’anéantir… Mais comme le disait le chef d’État-major des armées dans une tribune du
Monde le 20 janvier : « gagner la guerre ne suffit pas à gagner la paix ».
L’action militaire ne peut se passer d’une action de fonds, dans nos pays, touchés par la
radicalisation et l’extrémisme religieux. Le mal sommeille dans nos foyers, la terreur
s’apprend à l’ombre de nos villes et nos villages. Nous le savons, les terroristes qui
choisissent pour cible nos pays occidentalisés, en sont les citoyens, ou tout du moins les
habitants.
Comment la France produit-elle en son sein de tels monstres ? Combien d’alertes
doivent-elles être données avant que la mécanique soit enrayée ?
Gardons toutefois à l’esprit que l’état d’urgence est une réponse temporaire, pour une
situation particulière. Pour notre sécurité, nous avons pu accepter de renoncer à certains
pans de nos libertés. Aussi bonnes toutes ces raisons soient-elles, ne bradons pas notre
liberté !
2016 s’ouvre, et sans pour autant dissiper la crainte et la méfiance, cette nouvelle année
s’accompagnera d’espoirs de paix, d’espoirs de liberté et de justice. Je vous adresse, à
toutes et à tous, mes vœux les plus sincères pour cette nouvelle année ! Qu’elle soit
l’occasion de réaliser projets personnels et professionnels, l’occasion aussi de faire vivre,
chaque fois que cela sera possible, les valeurs de fraternité et d’égalité qui nous sont si
chères.
Je vous souhaite plus particulièrement de pouvoir poursuivre le libre exercice de votre
métier, avec le professionnalisme dont vous faites preuve. Puissent vos travaux, papiers,
reportages, porter les marques de la liberté, de l’objectivité, et de la critique. On dit
parfois que l’on mesure la santé et le développement d’un pays à la liberté de sa
presse… La France est un pays démocratique et développé, nous en sommes
convaincus.
Elle se classe pourtant 38e au classement mondial 2015 de Reporters sans Frontières,
pour la liberté de la presse. Qu’en penser ? … Ne relâchons jamais nos efforts et notre
vigilance, la liberté de penser, la liberté d’opinion, la liberté d’expression, sont aujourd’hui
encore des combats de tous les jours !
Ici au Département, 2016 sera une année de transition. L’exécutif est installé depuis neuf
mois maintenant, depuis que Philippe MADRELLE m’a transmis le flambeau de la
Présidence en avril dernier. Un passage important pour notre institution, avec une
empreinte forte laissée en Gironde par mon prédécesseur.
Une nouvelle assemblée, enfin paritaire, de nouveaux Vice-présidentes et Viceprésidents, 2015 aura été une année de changements pour tous. 2016 sera une année
de transition, une année d’adaptation. D’adaptation aux récentes lois de réorganisation
territoriale notamment. La loi MAPTAM, de modernisation de l’action publique territoriale
et d’affirmation des Métropoles, votée le 27 janvier 2014.
Et la loi NOTRe, portant nouvelle organisation territoriale de la République, votée le 8
août dernier à l’Assemblée nationale.
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La loi NOTRe conforte le Département comme « garant des solidarités humaines et
territoriales », notre cœur de métier. Elle supprime cependant la clause de compétence
générale, qui nous permettait jusqu’alors d’intervenir dans tous les champs que nous
souhaitions investir. Des transferts de compétences sont également prévus à destination
de notre voisin métropolitain d’une part, et de la Région d’autre part.
Avec la Métropole, neuf compétences sont placées dans la balance des transferts. La
possibilité nous est donnée, à nous Département, d’en transférer trois, avec l’accord de
la Métropole, sur son territoire. Sans entente, c’est l’intégralité des neuf qui irait à
Bordeaux Métropole… J’ai d’ores et déjà présenté nos préférences à Alain JUPPÉ, et
j’attends sa réponse pour que nous enclenchions le processus de transfert. Je lui ai donc
proposé que nous transférions le Fonds d’aide aux jeunes, le tourisme, et le Fonds
solidarité logement.
Quant à la Région, nouvellement habillée de ses grands habits, les négociations
devraient reprendre très prochainement. Nous avons déjà eu l’occasion, bien sûr,
d’évoquer ces questions avec Alain ROUSSET, c’était avant les élections régionales et je
crois que nous sommes en phase pour l’avenir de nos compétences respectives. Les
transports, l’économie, …. , devraient être transférés à la Région.
Si la simplification de l’organisation territoriale était la motivation première du
Gouvernement pour la conduite de cette réforme, nous peinons parfois à en voir la
réalisation concrète, tant certaines conditions, certains transferts paraissent tortueux…
Des transferts pour plus de clarté, très bien ! Mais ces transferts s’accompagnent parfois
de délégations, de compétences partagées, d’incertitudes ou d’imprécisions… Nous
sommes encore loin du but affiché, et avons encore du chemin à faire pour arriver à un
message clair et perceptible par nos concitoyens.
Toujours est-il, nonobstant ces discussions, que le Département poursuivra son action
première de solidarité à destination des Girondines et des Girondins. La solidarité
humaine d’abord, dans les efforts et l’attention portée à l’Autre, chaque jour, et
l’accompagnement de nos concitoyens dans les projets, mais aussi les épreuves que
parfois la vie leur impose. Et puis, en appui direct à la solidarité humaine, la solidarité
territoriale : le développement équilibré de tous les territoires, et une qualité de service
public égal partout en Gironde.
Pour assurer cette qualité de services, notre collectivité continuera sa modernisation, et
se rapprochera autant que possible de ses territoires. La « territorialisation » est ainsi en
discussion au Département, et nous veillons de près à l’accessibilité et la proximité des
services à destination de nos concitoyens. C’est d’ailleurs le sens du schéma
départemental d’accessibilité, que nous avons engagé avec le Préfet.
Le Département réaffirmera également sa ferme volonté d’accompagner les Girondines
et les Girondins face à leurs difficultés. Je pense à celles que le handicap ou l’avancée
en âge imposent, et à l’attention particulière que nous devons porter à ces populations.
Au-delà d’une simple opération immobilière d’ampleur, nous donnerons avec le Pôle
Autonomie, les moyens à nos services de remplir au mieux leur mission. Les services de
la MDPH et des personnes âgées seront donc regroupés au sein de ce nouveau grand
bâtiment à Mériadeck.
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Nous serons également particulièrement attentifs à ceux d’entre nous qui sont éloignés
de la vie active et de l’emploi. Nous ne voulons pas d’un Département simple financeur
des allocations individuelles d’autonomie, nous poursuivrons, au-delà de ça, nos
politiques volontaristes et nos soutiens dans ce domaine.
Je pense par exemple à l’association Transfer que nous soutenons activement.
Implantée dans quatre territoires de la Gironde, elle met en relation les entreprises et les
demandeurs d’emplois grâce à un travail fin d’identification des besoins, des capacités,
et des opportunités des deux parties. Dans le domaine de l’insertion, soyons également
attentifs à nos jeunes, particulièrement touchées dans ces périodes de crise et de
mutations. Notre époque ne doit pas être celle d’une « génération sacrifiée » comme
certains le déplorent ici et là…
C’est la raison pour laquelle la jeunesse sera également l’une de nos priorités. Nous
poursuivrons donc nos efforts en direction des collèges, et développerons encore nos
relations avec l’éducation nationale pour que les projets auxquels nos collégiens
prennent part, participent à leur épanouissement. Notre école a la lourde mission de faire
de notre jeunesse une génération de citoyens critiques et éveillés dans notre société de
demain. Ici au Département, nous les aiderons autant que possible dans leur
développement personnel, comme nous le faisons avec la Maison des Adolescents à
Bordeaux, et ses ramifications qui se développent en Gironde.
Devant les défis de notre temps, devant les inquiétudes légitimes, devant les
incertitudes, nous devrons tous redoubler d’efforts dans le domaine de la citoyenneté et
de la cohésion sociale. Si l’expression « faire société » a pu perdre de son sens, c’est
pourtant vers cela que nous devons aller.
Les projets de citoyenneté visent sans cesse à relier ceux qui se sont éloignés, à
rapprocher les citoyennes et les citoyens, à rompre les logiques d’isolement, les
tentations individualistes. La citoyenneté, c’est aussi la promotion de la laïcité, la lutte
contre les amalgames, la connaissance de l’Autre…
Notre devoir, en tant qu’institution républicaine est, j’en suis convaincu, d’aller au-delà de
la stricte application de ce que la loi nous impose de faire. Nous ne sommes pas
seulement des payeurs d’allocations individuelles de solidarité, pas simplement des
aménageurs immobiliers dans nos collèges, nos Pôles et MDSI, pas seulement des «
gestionnaires de voirie »... Le Département conduit aussi ses projets, accompagne ses
usagers dans leurs démarches et projets.
Nous avons des messages à faire passer, des habitudes à faire évoluer, et c’est par nos
actions volontaristes que nous pouvons amorcer ces changements indispensables. Le
débat actuel sur le RSA, et les différends entre l’État et les Départements, illustrent la
difficulté que nous pouvons parfois rencontrer. Traduisant une situation préoccupante
pour notre pays, le volume financier des aides sociales, parmi lesquelles le RSA, est en
augmentation constante. Ces dépenses obligatoires nous contraignent à faire des choix.
Le premier est de veiller à la bonne utilisation de nos deniers, à la juste dépense, à la
prudence budgétaire.
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Mais les autres choix nous obligent à renoncer à certaines opérations, à privilégier l’une
au détriment d’une autre, à réduire l’enveloppe de nos soutiens. Les marges de
manœuvre des Départements s’amenuisent, c’est pourquoi nous poursuivons le plan
d’économies du fonctionnement de notre collectivité. C’est grâce à cet effort que nous
maintenons notre soutien aux acteurs économiques, sociaux, de la vie associative, de la
Culture, du sport qui en pâtissent…
Je ne lance ici devant vous aucun cri d’alarme, aucune alerte plaintive… J’attire
simplement l’attention de tous sur les capacités déclinantes des Départements, obligés
d’une part à participer à la résorption légitime des déficits publics, et contraints d’autre
part à des dépenses obligatoires rigides sur lesquelles nous n’avons plus la main…
Mais pour le mandat débuté en 2015 avec mon équipe, nous nous donnerons les
moyens de réussir. J’ai déjà affirmé que l’innovation et l’expérimentation seront les clefs
que nous choisirons pour continuer à avancer, en dépit des freins éventuels qui parfois
nous retiennent. Prendre des risques, innover, oser, oser se tromper peut-être, mais oser
réussir aussi ! Les défis auxquels nous devons faire face ne manquent pas !
Osons aussi regarder ce qui fonctionne ailleurs, en dehors de la Gironde, en dehors de
la France. Et promouvons les initiatives innovantes, à l’image du projet ambitieux que
nous avons lancé avec l’entreprise QARNOT Computing.
Nombre d’entre vous ont été intrigué par cette nouvelle technologie, par cette innovation
numérique au service de l’innovation sociale.
Nous avons fait le choix d’un système de chauffage numérique tout à fait innovant, qui
récupère la chaleur des ordinateurs pour en faire de la chaleur domestique. Cette
innovation permet de fournir du chauffage gratuit dans nos locaux, ainsi qu’aux locataires
des logements sociaux de Gironde Habitat, le tout sur quatre étages.
L’innovation technologique nous ouvrira donc des portes, et nous nous engagerons avec
ces nouvelles solutions chaque fois que nous le pourrons.
L’innovation sera aussi sociale ! Face aux difficultés que rencontrent les Girondines et
les Girondins, nous nous engagerons également sur des voies nouvelles dans
l’accompagnement social. L’occasion me sera donnée plus tard de vous en parler plus
en détail, mais le développement du pouvoir d’agir est une ambition pour notre
Département, que nous conduirons très prochainement.
Au risque de me répéter, je veux également vous redire que ces projets, ces progrès
profiteront à l’ensemble de la Gironde. La mise en œuvre de ces innovations trouvera sa
place autant dans le rural que dans l’urbain, suivant notre logique d’un développement
équilibré ville-campagne.
La Gironde est plurielle, par la diversité de ses territoires, de ses habitants. C’est la
raison pour laquelle 2016 sera pour nous l’occasion d’engager un développement adapté
et juste pour les territoires de la Gironde avec le lancement des pactes territoriaux. C’est
notre première Vice-présidente, Christine BOST, qui pilote cette politique avec entrain,
ambition et réussite !
Sur la base d’un fin diagnostic réalisé par nos services, 18 conférences territoriales ont
été organisées sur 9 territoires, regroupant leurs principaux acteurs : politiques,
économiques, associatifs…
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Ces conférences ont permis d’enrichir, d’amender ce diagnostic, pour consolider le Livre
blanc des territoires girondins. Cet ouvrage riche et dense est la base des futurs pactes
territoriaux qui seront engagés avec chacun des territoires.
Une nouvelle fois, parce que la Gironde est variée, nous voulons un développement des
territoires différencié et adapté. Les pactes visent à développer, avec les acteurs des
territoires, les projets qui leur sont nécessaires. Le Département apportera également
son soutien grâce à la mise à disposition de son ingénierie, précieuse, nous le savons,
pour les communes et leurs regroupements.
Voici donc la feuille de route du développement territorial de la Gironde pour la
mandature. Un projet ambitieux, et riche des relations étroites et continues tissées avec
les acteurs qui font vivre les villes et les villages de la Gironde.
Je vous souhaite à toutes et à tous de nouveau une très heureuse année 2016. Nous
aurons bien sûr plusieurs occasions de nous revoir, d’échanger, de travailler ensemble.
Sachez que je vous rencontrerai avec plaisir, et que l’ensemble des élus tachera de
répondre au mieux à vos demandes. Journalistes et politiques sont par nature amenés à
beaucoup se croiser. Votre exigence et votre objectivité à notre égard nous tirent, me
semble-t-il, vers le haut. Entretenons cette relation d’exigence, de transparence et de
dialogue, pour offrir à nos concitoyens l’information la plus juste et la plus libre !
2016 sera donc une année de transition, mais aussi une année de projets, une année
audacieuse pour la Gironde, les Girondines et les Girondins. Une année que je souhaite
empreinte d’espoir, nourrie de justice, de partage et d’ouverture…
Débutons sans attendre nos projets pour 2016, en gardant dans un coin de nos têtes
cette douce phrase de René CHAR : « Qui n’a pas rêvé, en flânant sur le boulevard des
villes, d’un monde qui, au lieu de commencer avec la parole, débuterait avec les
intentions. »
Jean-Luc GLEYZE
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