Placement de la corde au visage

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Placement de la corde au visage
Placement de la corde au visage, ligne de force, lâcher.
Ce qui est en jeu dans le placement de la corde au visage c'est la facilité de traction et la qualité du lâcher de la corde.
Facilité de traction : endurance, répétition des placements, stabilité de la visée.
Le placement de la corde au visage n'est pas très important en lui-même. En fait ce qui est impliqué c'est la manière dont on
place son axe de traction.
Avec la corde passant au milieu du menton l'avant-bras est "fermé". Un p'tit dessin (vue de dessus) :
Corde au milieu du menton
En vert l'axe de traction, l'avant-bras. En rouge la ligne de force.
Pour gagner en efficacité il s'agit de permettre à l’avant-bras de corde (axe de traction) de l’archer d’être le plus près possible
de la ligne de force passant par la prise de corde et l'appui de la main sur l'arc. Un autre petit dessin (encore vue de dessus)
pour mieux me faire comprendre.
Corde sur le coté du menton
L’avant-bras de corde est dans l’alignement de l’axe de traction : c’est la situation idéale. Selon la morphologie de l’archer il
est possible de l’atteindre ou seulement de s’en rapprocher. C’est pour cela que le placement de la corde est passé sur le coté
du menton (à la fin des années 70). Dans le même temps il ne faut pas aller trop loin et perdre le contact de la main avec le
visage. Et notamment il faut arriver à conserver le contact de la corde au milieu du nez, pour permettre un bon contrôle du
placement de la tête.
Plus l'avant-bras est proche de la ligne de force, plus l'arc est facile à tracter, plus le lâcher se fera facilement sur l'axe du
départ de la flèche.
En même temps vos cervicales vous en seront reconnaissantes : l'effort est bien moindre pour elles quand la corde est sur le
coté. Voire les 2 photos plus basses.
Quelques schémas de biomécanique, toujours vues de dessus :
En A, la corde est sur le milieu du menton, en B elle est sur le coté. L'arc exerce une force F qui se décompose en F1 et F2.
F2 correspond à l'appui du bras sur l'omoplate (la tête de l'humérus dans la cavité glénoïde de l'omoplate), F1 correspond à
l'effort qui referme le coude et contre lequel il faut lutter. Il est facile de voir, en comparant A et B, que plus l'avant-bras est
en ligne avec la flèche, plus F1 est faible.
La figure C va un peu plus loin dans l'analyse et montre ce qui se passe au niveau de la main de corde : plus l'avant-bras sera
fermé (plus F1 sera important) plus il faudra lutter pour que la main de corde reste en contact avec le visage (F1'), mobilisant
ainsi des muscles inutiles, voire nuisibles à la précision car antagonistes de l'effort de traction exercé par les muscles du dos
(biceps essentiellement).
La figure D montre ce qui se passe au niveau de la main d'arc : plus la ligne de force (pointillé) est loin du corps plus le F1
sera important et plus il y aura d'efforts à faire pour tenir le bras d'arc vers la cible. Donc plus le F1 est important moins le
viseur sera stable.
[Mode délire ON]
Le F1 est ton ennemi. Archer méfie-toi du F1 qui guette dans l'ombre
[Mode délire OFF]
Pour revenir sur le lâcher de la corde :
L'arc est en équilibre entre les doigts de corde et l'appui de la main sur l'arc. Ces 2 points définissent une ligne de force (cf.
mon intervention sur cette page parce que j'ai la flemme de reprendre ce que j'ai déjà dit). Plus l'avant-bras sera fermé (F1
grand) plus le coude aura à décrire un arc de cercle important avant d'être sur la ligne de force et de pouvoir emmener avec
lui la main d'arc dans le bon axe. Ce qui veut dire que les premiers instants du lâcher seront guidés par le biceps (antagoniste
de la traction, je rappelle) plus que par les muscles postérieurs. Donc le lâcher sera plus délicat à bien réaliser.
Le perfectionnement et l'initiation
Perfectionnement
Vous tirez depuis un moment déjà avec la corde au milieu du menton ou légèrement sur le coté et, convaincu par les
arguments avancés, vous voulez passez plus loin pour gagner de l'alignement.
Il vous faudra lever la tête et à la pencher vers la droite (pour un droitier) pour laisser passer la corde. Sinon elle se retrouve
sur le coté du nez au lieu d'être au milieu et c'est plus délicat pour contrôler le placement de la tête. Quand on est déjà
légèrement sur le coté (pour avoir la tête plus droite) et que l'on veut gagner encore un peu d'alignement il faut aussi lever le
menton, toujours pour garder la corde sur le nez. Regardez le placement de la tête sur les 2 photos.
Ensuite il faudra arriver à placer la tête dans la bonne position dès le début de l'armement pour qu'elle ne bouge plus : "La
précision est d'autant plus grande que l'œil est fixe sur l'objectif et fixe dans la cavité orbitale, donc que la tête reste stable par
rapport à l'objectif" (Guy Azemar, cours INSEP pour le Professorat de Sport, 1990).
Juste un mot sur l'allonge. Entre les 2 photos l'archer passe de 71 à 76 cm d'allonge.
Le latéral peut changer, mais il faut penser à garder le même alignement de corde sur l'arc et il ne devrait pas y avoir trop
d'écart. Par contre quelques cm d'allonge en plus : flèches plus longues, arc plus tendu ---> changer de tube.
Anecdote : quand je suis arrivé en sport-étude en 1982, j'avais la technique bien basique de l'époque, la corde bien appuyée au
milieu du menton. L'entraîneur, Claude Duchatel, m'a immédiatement fait passer sur le coté. De 71 à 78 cm d'allonge en 3
séances. Pratiquement 7 livres de plus. Et bien l'arc me semblait plus facile à tirer. Ensuite il m'a bien fallu 4 ou 5 mois pour
arriver à intégrer ce changement. Et pas mal d'autres. D'ailleurs mon allonge est revenue à 76 cm après quelques semaines.
Mon expérience d'entraîneur me donne à peu près les mêmes durées avec les archers qui font cette démarche : prévoyez 4
mois où vous ne tirerez pas bien du tout avant que les scores remontent peu à peu.
Message perso : merci encore, Claude, pour ça et tout le reste.
Autre anecdote : mon regretté ami Egizio "Yeti" Micelli, de Draveil, m'avais raconté avoir découvert ce type de technique en
observant Rick MacKinney dans les années 70. Il l'avait imité pour comprendre et une chose l'avait beaucoup amusé c'est que
les autres archers disaient : "Mais tu as un énorme défaut, ce n'est pas comme cela que l'on met la corde au visage ! ! ! ".
Message perso : Yeti, je suis sur que là où tu es il y a plein d'archers qui t'ont accueilli à bras ouverts.
Initiation
Pendant l'initiation j'utilise la visée-flèche, où la flèche est devant l'oeil de l'archer et la visée se fait le long du tube. Avec
cette méthode l'archer est "en ligne" tout de suite. Quand l'archer passe au viseur je cherche un placement au visage qui lui
permette de garder cette ligne. L'archer a parfois du mal à relever suffisamment le menton, que ce soit à cause d'un placement
acquis pendant l'initiation ou pour une autre raison. J'insiste quelques mois pour que le menton soit assez relevé afin d'obtenir
un contact corde/menton à peu près en dessous de la commissure des lèvres (cf photo), puis si l'archer à toujours du mal à se
placer comme cela, je le laisse prendre un repère au visage un peu plus vers l'avant. La ligne est un peu moins efficace, mais
dans ce cas je pense que ce n'est plus la peine d'insister.
Pour arriver à placer correctement la corde sur le coté du menton il faut que l'archer prenne en compte 3 repères :
1) la corde au milieu du nez pour avoir un contrôle du placement de la tête. Pas de difficulté particulière pour le réaliser.
2) le contact de la main sous la mâchoire : là il y a une première difficulté, la main a tendance à remonter sur la joue et donc
on utilise une cale.
3) le contact de la corde sur le coté du menton : ce qui permet de résoudre le problème posé en 2. En effet si la corde n'est pas
en contact (relativement ferme) avec le coté de l'os la main va justement remonter sur la joue. Donc j'insiste pour que l'archer
mette en place ce contact. Ensuite cale ou pas cale, je dirai que le potentiel de précision est plus important sans cale, puisque
le repère se fait peau sur peau, sans intermédiaire. Maintenant je constate que pour la plupart des archers la cale rend les
choses plus facile. J'aurai tendance à la mettre et puis à voir si avec l'évolution il est possible de l'enlever. Parce qu'il y a des
morphologies (forme de la mâchoire notamment) qui font que c'est parfois vraiment délicat.
Ce qui m'amène au choix de la palette. En club, je demande aux archers d'acheter au moins leur palette, dès le début de
l'initiation. Le seul modèle avec lequel je travaille c'est la Wilson Black Widow.
J'y suis arrivé après en avoir fait essayer quelques-unes. Pour moi, selon mon expérience (AMHO) c'est la palette idéale. Elle
ne bloque pas la main mais la laisse libre de se placer librement, et sa cale laisse aussi la main entrer en contact avec le visage
(dit autrement : il n'y a pas que la cale qui touche le visage).
Comme je fais débuter avec des arcs peu tendus (18 à 22 livres pour commencer, puis 3 ou 4 de plus au bout de quelques
mois) il n'y a pas besoin d'une grosse épaisseur de palette. Donc j'enlève (j'arrache) la couche intermédiaire en caoutchouc. Et
aussi la cale puisque cela gênerai plus qu'autre chose en visée-flèche (elle tient avec quelques points de colle, il suffit de tirer
fermement). Par contre la cale je la fait mettre de coté pour le passage au viseur. Ensuite au moment de fixer la cale je fais
une petite découpe dans le cuir pour qu'elle soit un peu plus basse, pour renforcer encore le contact main/visage en plus de
cale/visage.
La partie en bleu correspond à la découpe.
Anecdote encore : une archère utilisais comme palette une sombre m… que je ne nommerai pas ici (m…dique mais très
vendue). Cédant à ma légère suggestion (j'avais lourdement insisté) elle change pour une Wilson. Après un temps
d'adaptation, assez long d'ailleurs, elle m'a dit : "Quand je l'ai utilisé pour la première fois je me suis dit que je ne pourrai
jamais tirer avec. Maintenant je me demande comment j'ai pu tirer sans." Elle tirait surtout mieux (y'a pas un p'tit émoticon
"fier de lui" dans l'coin ?).
Sur le sujet du choix de la palette il faudrait développer longuement mais pas maintenant. Si quelqu'un veut lancer un sujet…
En effet, nous avons parlé de la biomécanique du bras, de la main ( tirer avec les 3 doigts )
Et bien, je vais me placer entre: le poignet ( les livres, documents, revues ne sont pas particulièrement
prolixes a ce sujet plus connu en arthrologie sous le nom d'articulation radio carpienne
Voici donc: Articulation Radio-carpienne:
ses tendons, son champ de mobilité, sa place, son saloon, son église, sa gare de chemin de fer
Mouvement des ligaments latéraux
En fait, ces deux ligaments, l'interne comme l'externe permettent de mouvoir la main de bas en haut ou
l'inverse.
En effet, ils sont reliés d'une part aux os de l'avant bras :
- l'externe s'attachant au sommet de l'apophyse styloïde du radius
- L'interne " " " " " du cubitus
Leur possibilité de déplacement est de l'ordre de 60°, jusqu'a 80° pour les lus souples.
J'insiste là dessus, car ils permettent au méplat de la main de bien s'ancrer sous le maxillaire, et
ce, d'une surface plus importante que la simple cale de nos palettes respectives.
Ligaments radio-carpiens, ligament radio- scaphoïdien & ligament triangulaire
Ceux là, permettent la rotation de votre main dans l'axe horizontal, mais aussi diagonal
Sans aller plus loin en Arthrologie de l'articulation radio carpienne, le but est de vous signifier
qu'en aucun cas, vous ne devez bloquer par l'intermédiaire de ces tendons cette articulation.
En clair:
NE BLOQUEZ SURTOUT PAS VOTRE POIGNET.
Car en bloquant, vous entravez tout le processus d'alignement de votre bras de corde.
Et par conséquent, vous brisez la ligne de force qui vous permet d'être en ligne, perdant ainsi vos forces
de fluidité de traction, et par truchement, de votre libération de corde.
Voilà, alors, j'ai pris la liberté de vous montrer quelques ancrages.
Quels sont les ingrédients d'un bon ancrage?
- La solidité: Je me répète, mais, il n'y a pas que la cale à ancrer, il y a aussi toute la partie supérieure
de la main.
Ce qui implique une ergonomie renforcée, je veux dire que l'ancrage doit être solide certes, mais
aussi le plus confortable possible, le tireur (se) de doit pas être géné par quoi que ce soit.
Dans le premier cas, cette internationale coréenne du sud provoque un léger blocage de l'articulation via le
ligament latéral externe:
En effet, cette dernière ayant optée pour le placement du pouce contre la partie anguleuse du maxillaire
ce, afin de sécuriser au maximum le contact, et la solidité de son placement.
Cela crée donc, suivant le tracé: une forme de " creux " entre la main et l'avant bras.
Je dispose sur vidéo de la séquence de tir complète de cette jeune athlète, malgré ce défaut,
elle compense ce problème par une simple pression de son muscle dorsal, au click, elle ne se contente que
d'ouvrir les doigts, ces derniers n'ayant aucun recul.
Ca fonctionne chez elle car elle a des centaines de milliers de répétitions de flèches ds les mains.
Mais faites de même avec 6 heures d'entrainement hebdo: c'est la " panica générale " assurée.
Chez nôtre ami Darell, les choses sont différentes:
En effet, ce jeune homme partisan du moindre effort ( je veux dire du " moins de contraction possible " )
et il a bien raison, se contente durant l'armement de laisser faire les choses le plus simplement
du monde:
Il croche des trois doigts, mais en diagonale, ce qui est d'ailleurs la résultante de l'inutilisation
de ses ligaments latéraux, mais il utilise la mobilité générée par ses ligaments radio carpiens &
du radio scaphoïdien.
Pour le jeune espoir tiré d'une photo de la revue " le tir à l'arc ", ds l'article consacré au Championnat de
France FITA Jeunes à Vagney dans les Vosges.
Lui a un réel "problème " si il en est, au niveau de la position de son ensemble bras, poignet, main.
en effet, ces derniers " courbent ", vers l'extérieur.
Ce qui a pour conséquence uen forme de rupture dans sa traction globale, la ligne de force étant brisée
vers l'extérieur.
J'ai pu constater sur les pas de tir,( et ma foi, c'est bien légitime, on se cherche ), que
nombre jeunes " imitent ", la hauteur de bras de corde de Jocelyn, ou de Nicolas Gaudron,
Fieldiste émérite, doté d'un grand avenir devant lui .
Et bien, ni l'un ni l'autre ne bloquent quoi que ce soit, ce qu’ils recherchent avant tout, c'est un maximum
de repères pour la solidité de leur ancrage, et le moins de contraintes possibles pou ne pas entraver
leur procédure de traction.
Ce et ces placements, sont inhérents à leurs morphologies respectives.
A ce propos, nous sommes tous différents.
En ce qui concerne Carole, j'ai voulu vous montrer que "tirer avec les tois doigts" est possible
si toutefois, la liaison main---- avant bras le permet.
Et si la taille des doigts le permet aussi.
Or, la rotation du poignet qu'exerce carole pour ne pas bloquer ce dernier, lui confère à l'ancrage
une prise de corde diagonale.
Autant, Darell semble avoir un annulaire assez long, pour crocher la corde...
Carole non.
Fred Courtigné non plus, d'ailleurs, c'est un cas d'étude très intéressant.
CONSÉQUENCES AU LACHER
D'une manière allégorique, j'appe`lle ceci "La plaque" & "Le couteau "
Chez Thomas, ancré, nous constatons qu’il n'exerce pas de rotation au niveau de l'articulation
radio carpienne.
Le tout provoquant chez lui une préhension bien verticale (la répartition des forces étant
peu ou prou à même sur chaque doigt ).
Une fois la traction finie, nous constatons que le trajet de continuité reste vertical.
Les trois doigts " PLAQUENT " le long du cou.
Le jeune Aquitain, lui exerce cette rotation, et, à la manière de Lionel ou de Darell,
là, c'est l'index qui est le repère, celui-ci glissant de sa place initiale, jusqu'au muscle
Sterno Mastoïdien.
Au finish, nous pouvons constater que les deux options sont bonnes, ce n’est pas une affaire d'académisme
ou de fondamental, non.
Il s'agit du confort du tireur.
Comme disait Santé Spigarelli:
Moins il y a de vis, moins l'équipement sera soumis a des incidents, donc fiables
Moins il existe de contractions, plus nous sommes naturels donc efficaces.