argumenter

Transcription

argumenter
COMPETENCE 6 : ARGUMENTER
Fiche EDUSCOL : oui « Argumenter dans toutes les disciplines »
Nature de l’activité : soutien – approfondissement. Selon le niveau des
élèves, un seul des trois niveaux est travaillé. Le niveau 1 correspond à
du soutien, le niveau 3 à de l’approfondissement.
Savoir- faire transférable : repérer et confronter des arguments
1- Repérer les éléments du texte, en soulignant de couleurs différentes
l’idée principale / thèse, les arguments, les exemples, les connecteurs.
2- Reformuler l’idée et les arguments du texte avec vos propres mots.
3- Un rapporteur effectue au tableau (ou sur transparent le travail de
repérage.
Synthèse, trace pour l’élève :
-Texte souligné
- Reformulation de l’argumentation
- Elaborer une fiche synthèse redéfinissant les 4 éléments de
l’argumentation
Disciplines impliquées : Histoire-géographie et Lettres
ACTIVITE NIVEAU 2
Modalités de mise en commun : correction et synthèse par les élèves
Rappel des attendus :
Recenser et ordonner des arguments. Construire et produire une
argumentation.
ACTIVITE NIVEAU 1
Rappel des attendus :
Repérer l’argumentation dans un texte. Identifier l’idée principale / la
thèse, les arguments, les exemples et les connecteurs.
Support (en annexe):
- Deux textes (Las Casas et Soto), sur le thème de la controverse de
Valladolid. Une moitié de la classe travaille sur un texte, l’autre sur l’autre
texte.
- En fonction du temps restant, on pourra visionner un extrait du film « La
Controverse de Valladolild » de J-C Carrière, pour montrer une situation
d’argumentation.
Questionnement, consigne, durée :
En une heure :
Support (en annnexe):
- Les deux mêmes textes dont les phrases auront été mêlées.
- Un tableau qui sera à remplir.
Texte 1
Texte 2
Film
Thèses :
Thèses
Emetteurs
Arguments des
Arguments :
textes à classer
- Extrait du film de Jean-claude carrière, La controverse de Valladolid.
Questionnement, consigne :
1- Retrouver les arguments de deux thèses en présence exprimés par
deux auteurs du XVIème siècle (le docteur en théologie Luis de
Sepùlveda et le prêtre Soto) et remplir les deux premières colonnes du
tableau.
2- Prendre des notes pendant l’extrait du film, pour remplir la troisième
colonne du tableau.
3- Ecrire un paragraphe argumenté sur : « Le débat sur la condition des
Indiens au XVIe siècle »
Synthèse, trace pour l’élève :
- Tableau rempli
- Ecriture d’un paragraphe argumenté
Synthèse, trace pour l’élève :
Tableau
Prise de notes sur les différents moyens d’argumenter
La classe est divisée en plusieurs petits groupes. Un rapporteur exposera
le travail de son groupe, qui sera complété par les autres rapporteurs.
ACTIVITE NIVEAU 3
Rappel des attendus :
Démontrer, convaincre, persuader et délibérer
Support (en annexe):
- Trois textes de nature différentes : deux textes historiques (extrait du
texte de Luis de Sepùlveda et extrait du texte de D. Soto) et un texte
littéraire (un extrait du roman de Jean-Claude Carrière intitulé « la
controverse de Valladolid »).
- Tableau à remplir
Texte 1
Texte 2
Texte
littéraire
3- Quels procédés les auteurs utilisent-ils ? (Trouver la différence entre
les procédés de l’argumentation qui permettent de démontrer, puis ceux
qui permettent de persuader et ceux qui permettent de convaincre)
4- Comment les arguments trouvés sont contredits par la thèse adverse
(quatrième colonne du tableau)
Thèse
adverse
Thèse
Emetteur
Arguments
Procédés
- Extrait du film La controverse de Valladolid
Questionnement, consigne :
1- Retrouver les arguments des deux thèses en présence à partir des
textes historiques et remplir les deux premières colonnes du tableau.
2- Comment sont repris et développés ces arguments dans le texte
littéraire (remplir la troisième colonne)
Contexte : En 1550, une controverse oppose le docteur en théologie Sepulveda, à Bartolomé de Las Casas,
évêque du Chiapa au Mexique, devant une assemblée de théologiens réunis à Vallodolid.
Pour les niveaux 1 et 3 :
Texte 1 :
« De quel droit et selon quelle justice maintenez-vous ces Indiens dans une servitude aussi cruelle et aussi
horrible ? Qui vous a autorisés à leur faire des guerres aussi détestables, alors qu’ils étaient tranquilles et en
paix dans leur pays où vos tueries et vos ravages inouïs ont détruits un nombre incalculable d’ente eux ?
Comment pouvez-vous les maintenir dans une telle oppression et un tel épuisement, sans leur donner à
manger ni soigner leurs maladies, puisqu’à cause du travail excessif que vous leur imposez, ils meurent, ou
plutôt vous les tuez, pour avoir un peu plus d’or chaque jour ? »
Bartolomé de Las Casas, Histoire des Indes, 1560
Texte 2 :
« (Bartlomé de Las Casas et Luis de Sepulveda ont examiné) s’il est permis ou non de faire immédiatement la
guerre aux Indiens pour les soumettre et leur prêcher ensuite l’évangile.
Le docteur Sepulveda soutient l’affirmation (…). Il dit que la guerre est juste et que les Indiens l’ont méritée
par l’énormité de leurs crimes, particulièrement de celui de l’idolâtrie (…) ; que les Indiens sont une nation
grossière, servile par sa nature, et par conséquent l’esclave obligée des autres nations, plus distinguées, telles
que la nation espagnole (…) ; qu’il faut mettre un terme aux maux que les Indiens font souffrir à l’Humanité,
puisqu’il est prouvé qu’ils tuent d’autres hommes pour les immoler à leurs idoles et même pour les manger. »
Père Dominique Soto, Exposé sommaire des motifs qui ont servi de fondements aux opinions contradictoires
de l’évêque de Chiapa et de l’historiographie du roi…, 1551.
Pour le niveau 2 : Textes découpés et mêlés
Qui vous a autorisés à leur faire des guerres aussi détestables, alors qu’ils étaient tranquilles et en paix dans
leur pays où vos tueries et vos ravages inouïs ont détruits un nombre incalculable d’ente eux ?
qu’il faut mettre un terme aux maux que les Indiens font souffrir à l’Humanité, puisqu’il est prouvé qu’ils
tuent d’autres hommes pour les immoler à leurs idoles et même pour les manger.
(Bartlomé de Las Casas et Luis de Sepulveda ont examiné) s’il est permis ou non de faire immédiatement la
guerre aux Indiens pour les soumettre et leur prêcher ensuite l’évangile. Le docteur Sepulveda soutient
l’affirmation (…).
puisqu’à cause du travail excessif que vous leur imposez, ils meurent, ou plutôt vous les tuez, pour avoir un
peu plus d’or chaque jour ?
Il dit que la guerre est juste et que les Indiens l’ont méritée par l’énormité de leurs crimes, particulièrement de
celui de l’idolâtrie (…) ;
De quel droit et selon quelle justice maintenez-vous ces Indiens dans une servitude aussi cruelle et aussi
horrible ?
Comment pouvez-vous les maintenir dans une telle oppression et un tel épuisement, sans leur donner à
manger ni soigner leurs maladies,
que les Indiens sont une nation grossière, servile par sa nature, et par conséquent l’esclave obligée des autres
nations, plus distinguées, telles que la nation espagnole (…) ;
Pour le niveau 3 :
Le roman La Controverse de Valladolid est écrit par Jean-Claude Carrière et publié en 1992. Il sera ensuite
adapté en téléfilm avec dans les rôles principaux : Jean-Pierre Marielle (Las Casas), Jean-Louis Trintignant
(Sépulvéda) et Jean Carmet (le légat du Pape).
Le pape a envoyé un de ses cardinaux pour trancher le débat qui oppose Sépulvéda à Las Casas. Le dominicain soutient que les
Indiens sont des Hommes comme les Européens. Sépulvéda au contraire affirme que les Indiens sont nés pour être esclaves.
- Oui, Eminence, les habitants du Nouveau Monde sont des esclaves par nature. (…)
- D'abord, dit-il, les premiers qui ont été découverts se sont montrés incapables de toute initiative, de toute invention. En
revanche, on les voyait habiles à copier les gestes et les attitudes des Espagnols, leurs supérieurs. Pour faire quelque
chose, il leur suffisait de regarder un autre l'accomplir. Cette tendance à copier, qui s'accompagne d'ailleurs d'une réelle
ingéniosité dans l'imitation, est le caractère même de l'âme esclave. Ame d'artisan, âme manuelle pour ainsi dire.
- Mais on nous chante une vieille chanson! s'écrie Las Casas. De tout temps les envahisseurs, pour se justifier de leur
mainmise, ont déclaré les peuples conquis indolents, dépourvus, mais très capables d'imiter ! César racontait la même
chose des Gaulois qu'il asservissait ! Ils montraient, disait-il, une étonnante habileté pour copier les techniques romaines
! Nous ne pouvons pas retenir ici cet argument ! César s'aveuglait volontairement sur la vie véritable des peuples de la
Gaule, sur leurs coutumes, leurs langages, leurs croyances et même leurs outils ! Il ne voulait pas, et par conséquent ne
pouvait pas voir tout ce que cette vie offrait d'original. Et nous faisons de même : nous ne voyons que ce qu'ils imitent
de nous ! Le reste, nous l'effaçons, nous le détruisons à jamais, pour dire ensuite : ça n'a pas existé !
Le cardinal, qui n'a pas interrompu le dominicain, semble attentif à cette argumentation nouvelle, qui s'intéresse aux
coutumes des peuples. Il fait remarquer qu'il s'agit là d'un terrain de discussion des plus délicats, où nous, risquons d'être
constamment ensorcelés par l'habitude, prise depuis l'enfance, que nous avons de nos propres usages, lesquels nous
semblent de ce fait très supérieurs aux usages des autres.
- Sauf quand il s'agit d'esclaves-nés, dit le philosophe. Car on voit bien que les Indiens ont voulu presque aussitôt
acquérir nos armes et nos vêtements.
Certains d'entre eux, oui sans doute, répond le cardinal. Encore qu'il soit malaisé de distinguer, dans leurs motifs, ce qui
relève d'une admiration sincère ou de la simple flagornerie. Quelles autres marques d'esclavage naturel avez-vous
relevées chez eux ?
Sépulvéda prend une liasse de feuillets et commence une lecture faite à voix plate, comme un compte rendu précis,
indiscutable :
- Ils ignorent l'usage du métal, des armes à feu et de la roue. Ils portent leurs fardeaux sur le dos, comme des bêtes,
pendant de longs parcours. Leur nourriture est détestable, semblable à celle des animaux. Ils se peignent grossièrement
le corps et adorent des idoles affreuses. Je ne reviens pas sur les sacrifices humains, qui sont la marque la plus haïssable,
et la plus offensante à Dieu, de leur état.
Las Casas ne parle pas pour le moment. Il se contente de prendre quelques notes. Tout cela ne le surprend pas.
- J'ajoute qu'on les décrit stupides comme nos enfants ou nos idiots. Ils changent très fréquemment de femmes, ce qui
est un signe très vrai de sauvagerie. Ils ignorent de toute évidence la noblesse et l'élévation du beau sacrement du
mariage. Ils sont timides et lâches à la guerre. Ils ignorent aussi la nature de l'argent et n'ont aucune idée de la valeur
respective des choses. Par exemple, ils échangeaient contre de l'or le verre cassé des barils.
- Eh bien ? s'écrie Las Casas. Parce qu'ils n'adorent pas l'or et l'argent au point de leur sacrifier corps et âme, est-ce une
raison pour les traiter de bêtes ? N'est-ce pas plutôt le contraire ?
- Vous déviez ma pensée, répond le philosophe.
- Et pourquoi jugez-vous leur nourriture détestable ? Y avez-vous goûté ? N'est-ce pas plutôt à eux de dire ce qui leur
semble bon ou moins bon ? Parce qu'une nourriture est différente de la nôtre, doit-on la trouver répugnante ?
- Ils mangent des oeufs de fourmi, des tripes d'oiseau...
- Nous mangeons des tripes de porc! Et des escargots !
- Ils se sont jetés sur le vin, dit Sépulvéda, au point, dans bien des cas, d'y laisser leur peu de raison.
- Et nous avons tout fait pour les y encourager ! Mais ne vous a-t-on pas appris, d'un autre côté, qu'ils cultivent des fruits
et des légumes qui jusqu'ici nous étaient inconnus ? Et que certains de leurs tubercules sont délicieux ? Vous dites qu'ils
portent leurs fardeaux sur le dos : Ignorez-vous que la nature ne leur a donné aucun animal qui pût le faire à leur place ?
Quant à se peindre grossièrement le corps, qu'en savez-vous ? Que signifie le mot "grossier" ?
- Frère Bartolomé, dit le légat, vous aurez de nouveau la parole, aussi longtemps que vous voudrez. Rien ne sera laissé
dans l'ombre, je vous l'assure. Mais pour le moment, restez silencieux.
J.C Carrière, La controverse de Valladolid, 1992