Diabète et infections urogénitales sous inhibiteurs de SGLT2
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Diabète et infections urogénitales sous inhibiteurs de SGLT2
ARTICLE DE REVUE 363 Questions fréquentes et recommandations pour la pratique Diabète et infections urogénitales sous inhibiteurs de SGLT2 Peter Wiesli a , Sabine Majer b , Ivo Amrein c , Antonio Cozzio d , Daniel Eberli e , Barbara Felix f , Tilemachos Kavvadias g , Roger Lehmann h Endokrinologie und Diabetologie, Kantonsspital Frauenfeld; b Infektiologie, Kantonsspital Münsterlingen; c Praxis Zollikofen; d Dermatologie, Universitäts Spital Zürich; e Urologie, UniversitätsSpital Zürich; f Diabetologie und Endokrinologie, Kantonsspital Bruderholz; g Gynäkologie, Universitätsspital Basel; h Diabetologie und Endokrinologie, UniversitätsSpital Zürich a Les inhibiteurs du co-transporteur de sodium-glucose de type 2 (SGLT2) représentent une nouvelle classe d’antidiabétiques oraux. A l’heure actuelle, trois préparations sont autorisées en Suisse: la canagliflozine (Invokana®), la dapagliflozine (Forxiga®) et l’empagliflozine (Jardiance®). Les inhibiteurs de SGLT2 présentent un mode d’action novateur et unique dans le traitement du diabète. Ils augmentent l’excrétion urinaire de glucose par inhibition de la réabsorption de glucose au niveau du tubule proximal. La glycosurie induite par les inhibiteurs de SGLT2 est à l’origine d’une baisse de la glycémie, d’une perte de poids (élimination de calories via l’urine) et d’une légère diminution de la pression artérielle (effet diurétique). Outre ces effets souhaités, la glycosurie favorise toutefois aussi la survenue d’infections urogénitales, une fréquence accrue de mycoses vaginales et de balanites étant à déplorer sous traitement par inhibiteurs de SGLT2. D’une manière générale, les infections urinaires et les mycoses génitales sont plus fréquentes chez les patients diabétiques que chez les personnes non diabétiques; le traitement par inhibiteur de SGLT2 majore pratiques formulées dans cet article reflètent l’opinion légèrement le risque d’infection urinaire et il démulti- d’un groupe d’experts et qu’elles ne peuvent donc pas plie le risque de mycose génitale [1]. Les infections géni- être étayées systématiquement par des preuves scien- tales sont un effet indésirable relativement fréquent tifiques. des inhibiteurs de SGLT2. Bien que ce soit beaucoup plus rare, l’acidocétose diabétique constitue elle aussi un effet indésirable (5–8 pour 10 000 patients-années), qui peut également survenir en cas de glycémie normale Peter Wiesli Mycoses génitales sous inhibiteurs de SGLT2 ou uniquement légèrement augmentée [2]. Dans une Les mycoses génitales sont 4–6 fois plus fréquentes étude récemment publiée, le traitement par empagli- chez les femmes diabétiques que chez les hommes; le flozine chez des patients atteints de diabète de type 2 diabète augmente le risque de mycose génitale de était associé à des effets bénéfiques sur les paramètres 2,2 fois chez les femmes et de 1,4 fois chez les hommes. cardiovasculaires et sur la mortalité [3]. Il est vraisem- Le traitement par inhibiteur de SGLT2 augmente encore blable que ces données se traduiront par une prescrip- davantage ce risque de mycose génitale de 6 à 9 fois tion plus fréquente des inhibiteurs de SGLT2. chez les femmes diabétiques et de 2 à 5 fois chez les Cet article tente d’apporter des réponses à des questions hommes diabétiques. fréquemment posées aux spécialistes concernant la Les hommes circoncis ne développent pratiquement problématique «infections urogénitales sous inhibiteurs jamais de balanite, même sous traitement par inhibiteur de SGLT2». Il convient de noter que les recommandations de SGLT2, bien que la muqueuse soit souvent colonisée SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2016;16(16):363–368 ARTICLE DE REVUE 364 par des Candida. Les femmes jeunes sont plus souvent moins virulent, mais plus difficile à traiter. Pour Candida victimes de mycoses génitales que les femmes post- glabrata, une résistance aux azolés s’observe dans 30−40% des cas. Candida krusei présente, quant à lui, ménopausées. une résistance intrinsèque aux azolés. Diagnostic des mycoses génitales Un examen clinique est-il nécessaire? Quel est le diagnostic différentiel? Il convient de signaler que de nombreuses autres patho- En cas de survenue des symptômes typiques d’une my- logies peuvent provoquer des symptômes similaires à cose génitale (prurit, dépôts blanchâtres ou écoulements ceux d’une vulvovaginite à Candida ou d’une balanite. chez la femme) après l’initiation d’un traitement par Un prurit au niveau de la région génitale peut par ex. inhibiteur de SGLT2, la probabilité de vulvovaginite à aussi être la manifestation d’une vaginite atrophique Candida ou de balanite s’avère très élevée (env. 90%). chez la femme postménopausée. En présence d’un écou- Dans ce cas de figure, le diagnostic de suspicion peut lement malodorant chez la femme, il convient de songer être posé sur la base de l’anamnèse et une tentative de à une vaginose bactérienne ou à une trichomonase. traitement peut être initiée sans examen clinique. Tou- Différentes affections inflammatoires cutanées et systé- tefois, si les symptômes ne s’améliorent pas en l’espace miques peuvent également se manifester au niveau de de 3 jours sous traitement, le patient devrait faire l’ob- la région génitale, notamment la dermatite de contact, jet d’un examen ou être adressé à un spécialiste (gyné- la dermatite atopique, le psoriasis, le lichen scléreux, cologue, urologue ou dermatologue). Il est également l’eczéma nummulaire, le pemphigus, la maladie de judicieux de réaliser un examen en cas de symptômes Behçet, la gale, etc. Les maladies sexuellement trans- sévères ou d’infections récidivantes (>3 infections par missibles (chlamydiose, gonorrhée, syphilis, infection an). Il convient de signaler que dans les études ayant par le virus de l’immunodéficience humaine [VIH], conduit à l’autorisation des inhibiteurs de SGLT2, le infection par le papillomavirus humain [PVH], herpès diagnostic de mycose génitale a souvent été posé sur la génital, etc.), les affections précancéreuses (par ex. bala- base de l’anamnèse uniquement. nite à plasmocytes, néoplasie intra-épithiale vulvaire ou pénienne) et les tumeurs doivent toujours être en- Une mise en évidence de l’agent pathogène est-elle nécessaire? visagées dans le cadre du diagnostic différentiel. En cas d’infection génitale aiguë non compliquée accompagnée de symptômes typiques, une mise en évidence Les différents inhibiteurs de SGLT2 se distinguentils en termes d’effets indésirables? de l’agent pathogène n’est pas nécessaire. Les muqueuses Il n’y a pas de certitude à ce sujet étant donné qu’au- urogénitales des patients diabétiques présentent en cune comparaison directe n’a pas été réalisée et que outre souvent (20–50%) une colonisation par Candida l’incidence des mycoses génitales dépend fortement de albicans. En cas de survenue d’une mycose génitale aiguë la manière dont les effets indésirables ont été recensés non compliquée sous traitement par inhibiteur de dans les études. Il est à supposer qu’il n’y a pas de diffé- SGLT2, il s’agit dans la plupart des cas d’une infection à rence pertinente entre les diverses préparations en ce Candida albicans. Une mise en évidence de l’agent pa- qui concerne la fréquence des mycoses génitales (et des thogène est uniquement nécessaire en cas de diagnostic infections urinaires). Les muqueuses urogénitales des patients diabétiques présentent en outre souvent (20–50%) une colonisation par Candida albicans. Traitement des mycoses génitales Traitement local ou systémique? Les mycoses génitales sont généralement traitées par incertain (cf. diagnostic différentiel), de résistance au antifongiques. En principe, aussi bien un traitement traitement, de symptômes sévères ou d’infections réci- antifongique local que systémique s’avère possible. Les divantes. Il est question d’infections génitales compli- deux options thérapeutiques ont une efficacité compa- quées en cas de survenue de >3 infections par an, de rable et entraînent une guérison de l’infection dans symptômes sévères ou d’association à une immuno- env. 90% des cas. La tolérance des antifongiques locaux suppression; dans ces contextes spécifiques, les mycoses est le plus souvent très bonne; des réactions aller- génitales sont plus souvent provoquées par d’autres giques ou des irritations de la peau et des muqueuses espèces de Candida. Les traitements répétés par un peuvent toutefois survenir dans de rares cas. Pour le antifongique azolé sont associés à une augmentation traitement local, les antiseptiques et les colorants sont du risque d’infection à Candida glabrata, qui est certes des alternatives possibles. Le traitement systémique SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2016;16(16):363–368 ARTICLE DE REVUE 365 Tableau 1: Traitement des mycoses génitales. Antifongiques topiques Clotrimazole Econazole Oxiconazol Préparations Forme galénique Utilisation Durée de traitement Gyno-Canesten® Fungotox® Corisol® Comprimé vaginal à 200 mg 1× par jour, le soir 3 jours (à répéter éventuellement) Gyno-Canesten® Fungotox® Crème vaginale 2% à 20 mg/g 1× le contenu d’un applicateur plein par jour, le soir 3 jours (à répéter éventuellement) Canesten® Fungotox® Corisol® Crème 10 mg/g 2–3× par jour 1–2 semaines Gyno-Pevaryl® Ovule vaginal à 50 mg 1× par jour, le soir 15 jours (50 mg) Gyno-Pevaryl® Ovule vaginal à 150 mg 1× par jour, le soir 3 jours (150 mg) (à répéter éventuellement) Gyno-Pevaryl® Crème vaginale à 10 mg/g 1× par jour 1–2 semaines Oceral® Comprimé vaginal à 600 mg 1× par jour 1 jour (à répéter éventuellement) Oceral® Crème à 10 mg/g 1× par jour 1–2 semaines Antifongiques topiques combinés à d’autres principes actifs (liste non exhaustive) Préparations Forme galénique Utilisation Durée de traitement Nystatine (plus dexaméthasone et chlorhexidine) Nystalocal® Crème 2–3× par jour Au maximum 1 semaine Nystatine (plus néomycine, fluocinonide, entre autres) Mycolog® Crème 1–3× par jour Au maximum 1 semaine Crème 1–3× par jour Au maximum 1 semaine Nystatine (plus Topsym® polyvalent néomycine, fluocinonide, entre autres) par antifongiques est certes moins contraignant pour éventuellement le séchage au sèche-cheveux. Les crèmes les patients, mais le potentiel d’effets indésirables (par antifongiques doivent être appliquées 1–2× par jour; en ex. allongement de l’espace QTc) et d’interactions médi- cas de dermatoses du gland très suintantes, une gaze camenteuses est plus élevé. peut en outre initialement être placée au niveau du sillon balano-préputial. Comment le traitement antifongique local doit-il être conduit? Les crèmes sont destinées au traitement externe du Comment le traitement systémique doit-il être conduit? prépuce et du gland ou de la vulve. Seuls certains pro- Pour le traitement systémique, nous recommandons la duits se prêtent au traitement du gland ou du vagin; prise unique de 150 mg de fluconazole par voie orale. d’autres produits sont inappropriés pour le traitement En cas d’efficacité insuffisante, la prise peut être répétée des muqueuses. Une crème vaginale peut en principe après 3 jours. aussi être utilisée pour le traitement du gland. En cas vaginales sont introduits profondément dans le vagin Des interactions sont-elles à redouter en cas de prise d’une dose unique de fluconazole? le soir. Le traitement ne doit pas avoir lieu durant les Le fluconazole est avant tout métabolisé par l’isoen- de vaginite, des comprimés vaginaux, ovules ou crèmes menstruations et il ne faut pas utiliser de tampons pen- zyme 3A4 du système CYP450; il s’agit d’un inhibiteur dant le traitement. En cas de mycose vaginale, la vulve puissant du CYP2C9 et du CYP2C19 et d’un inhibiteur doit aussi toujours être traitée. Quelques options théra- modéré du CYP3A4. La demi-vie du fluconazole est de peutiques possibles sont résumées dans le tableau 1. 30 heures. L’effet sur les enzymes peut toutefois durer Les hommes souffrant de mycoses au niveau du pénis/ plus longtemps et par conséquent, des interactions sont gland peuvent faire quotidiennement des bains de possibles durant env. 1 semaine après la prise unique siège désinfectants dans une solution d’eau/Bétadine® du médicament. Le traitement par fluconazole peut pro- fortement diluée (transparente, brun clair) pendant voquer une élévation des concentrations de médica- 5 minutes en faisant un mouvement de va-et-vient, puis ments qui sont métabolisés via le CYP2C9, CYP2C19 ou sécher méticuleusement la région génitale, en finissant CYP3A4 (par ex. antiépileptiques, immunosuppresseurs, SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2016;16(16):363–368 ARTICLE DE REVUE 366 statines, AINS, anticoagulants, etc.). Un allongement de au moment de l’infection génitale, en raison de l’in- l’espace QTc peut également s’observer sous traitement flammation et des douleurs. Dès lors que le partenaire oral par fluconazole. Il convient d’être particulièrement se plaint de symptômes de mycose génitale, il doit attentif à ces points lors de la prescription d’une dose également être traité. Certaines pratiques sexuelles unique de fluconazole, surtout chez les patients atteints (sexe oral et anal) augmentent le risque de mycoses d’une cardiopathie coronaire ou présentant un risque génitales. accru d’hypoglycémie (risque de troubles du rythme cardiaque). Le traitement par inhibiteur de SGLT2 peut-il être poursuivi? Quelle est la durée du traitement? Dans les études, les patients atteints de mycoses géni- La durée du traitement topique dépend de la prépara- tales ont le plus souvent été traités par voie locale et tion utilisée. Pour les produits topiques sans adjonc- le traitement par inhibiteur de SGLT2 était poursuivi. tion de corticoïde, nous recommandons une durée de Cette approche s’est révélée concluante chez la majorité traitement de 1 à 2 semaines au maximum. La durée des patients et les récidives de mycose génitale étaient de traitement pour les différentes approches thérapeu- rares. Une interruption temporaire de l’inhibiteur de tiques est résumée dans le tableau 1. Pour le traitement SGLT2 peut en théorie favoriser la guérison de l’infection antifongique systémique, une prise unique de fluco- et doit être envisagée en cas d’infections tenaces. nazole est le plus souvent suffisante. La durée de traitement en cas d’infections chroniques récidivantes est indiquée ci-dessous. Quand le traitement par inhibiteur de SGLT2 doit-il être interrompu? En cas de mycoses génitales récidivantes (>3 par an), il Quand faut-il adresser le patient à un spécialiste? est recommandé d’arrêter le traitement par inhibiteur Dès la première infection urogénitale, il convient en- de SGLT2. visager d’adresser le patient à un spécialiste lorsque thologie autre qu’une infection à Candida albicans Comment faut-il traiter une mycose génitale récidivante ou chronique? (par ex. écoulements malodorants, risque de maladies Parmi les options thérapeutiques que nous recomman- l’anamnèse révèle des éléments évocateurs d’une pa- sexuellement transmissibles, etc.). Nous recommandons dons en cas d’infections récidivantes figurent le traite- d’adresser le patient à un gynécologue, un urologue ou ment oral par fluconazole à la dose de 150 mg une un dermatologue au plus tard lorsque des infections fois par semaine, le traitement oral par itraconazole à récidivantes (>3 infections par an) sont constatées. la dose de 100 mg tous les 2 jours ou l’application d’un antifongique topique durant 6 mois (attention aux effets Faut-il d’emblée prescrire un antifongique avec l’inhibiteur de SGLT2? indésirables et aux interactions, cf. ci-dessus). Les colorants (éosine aqueuse à 2% 1× par jour, violet de gentiane, Seuls 5−15% des patients traités par inhibiteur de SGLT2 etc.) peuvent également s’avérer efficaces dans ces développent une mycose génitale. Par conséquent, situations spécifiques. nous ne recommandons pas de prescrire systématiquement un antifongique à tous les patients traités par Dès lors que le partenaire se plaint de symptômes de mycose génitale, il doit également être traité. Prévention des mycoses génitales Quelles mesures préventives peuvent être recommandées aux patients? Les patients doivent être informés de la possibilité de inhibiteur de SGLT2. Au cas par cas (par ex. voyage pla- survenue d’une infection génitale et des symptômes nifié), il peut toutefois être judicieux de remettre au lors de l’initiation d’un traitement par SGLT2. Les me- patient une ordonnance à titre préventif en plus des sures d’hygiène générales peuvent réduire le risque de recommandations relatives à l’hygiène locale. mycoses génitales, notamment le nettoyage en partant de la région vaginale vers la région anale après chaque Le partenaire doit-il aussi être traité? passage aux toilettes, la rétraction quotidienne du pré- Le plus souvent, il n’est pas nécessaire de traiter le puce et le nettoyage du gland à l’eau chaude, l’utilisa- partenaire sexuel, qui devrait toutefois être interrogé tion de syndets en remplacement du savon, le séchage au sujet de la présence de symptômes d’une infection minutieux de la région génitale (avec une serviette ou génitale. La plupart des patients atteints d’une mycose un sèche-cheveux à air froid), le changement quotidien génitale aiguë n’ont probablement pas d’activité sexuelle des sous-vêtements et du gant de toilette. Toutefois, des SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2016;16(16):363–368 ARTICLE DE REVUE 367 de produits lavants peuvent être à l’origine d’irritations Quel est le risque d’infection urinaire en cas de traitement par inhibiteur de SGLT2? des muqueuses et d’un risque accru d’infection. Fonda- Les patients diabétiques ont un risque 1,5 à 2 fois plus mesures d’hygiène exagérées et l’utilisation excessive mentalement, les patients doivent veiller à maintenir élevé de contracter des infections urinaires, les femmes sèche la région génitale. Nous ne recommandons pas étant plus à risque que les hommes. L’activité sexuelle l’application locale de probiotiques (par ex. lactobacilles) augmente encore davantage le risque d’infection uri- pour la prévention des vaginoses à Candida. naire. De façon cumulative, env. 5% des patientes diabé- Quels patients ne devraient pas être traités par inhibiteur de SGLT2? année. Chez les patients diabétiques, le traitement par Les patients dont l’anamnèse révèle des mycoses géni- naire de 13–30%, autrement dit, il ne l’augmente que fai- tales récidivantes ne devraient pas être traités par in- blement (dans l’étude EMPA-REG OUTCOME [3], aucune hibiteur de SGLT2, en particulier lorsque les infections élévation du risque n’a été constatée). tiques sont victimes d’une infection urinaire chaque inhibiteur de SGLT2 majore ce risque d’infection uri- génitales sont survenues de manière non provoquée (par ex. dans le cadre d’une antibiothérapie). Chez les patients ayant des défenses immunitaires affaiblies (par ex. traitement par immunosuppresseurs, infec- Le spectre des agents pathogènes est-il différent en cas d’infection urinaire survenant sous inhibiteur de SGLT2? tion par le VIH avec charge virale détectable), le risque Le spectre des agents pathogènes responsables d’infec- de mycoses génitales est accru et l’indication d’un trai- tions urinaires est le même chez les patients diabétiques tement par inhibiteur de SGLT2 devrait être posée avec et chez les sujets non diabétiques, les germes les plus fréquemment incriminés étant Escherichia coli, suivie retenue. d’autres entérobactéries telles que les klebsielles ou Une circoncision doit-elle être recommandée aux hommes? ponsables d’infections sous traitement par inhibiteur Les hommes circoncis ne souffrent certes pratique- de SGLT2 n’est pas différent. Il convient cependant de ment jamais de mycoses génitales, mais une interven- signaler que la fréquence des germes résistants aug- tion chirurgicale en tant que mesure préventive ne mente elle aussi d’une manière générale chez les patients peut toutefois être recommandée. diabétiques. Infections urinaires et inhibiteurs de SGLT2 Les infections urinaires sous traitement par inhibiteur de SGLT2 se compliquent-elles plus souvent? Les infections urinaires sont 1,5 à 2 fois plus fréquentes Dans les études ayant porté sur les inhibiteurs de chez les patients diabétiques que chez les personnes SGLT2, seule la fréquence des infections urinaires non Proteus mirabilis. Le spectre des agents pathogènes res- non diabétiques. L’incidence des infections urinaires compliquées était accrue. Dans les études ayant s’élève à 50 pour 1000 patients-années chez les pa- conduit à l’autorisation des inhibiteurs de SGLT2 et dans tients diabétiques et à 30 pour 1000 patients-années l’étude EMPA-REG OUTCOME [3], la fréquence des infec- chez les sujets non diabétiques. tions compliquées ou graves (pyélonéphrite, urosepsis) Tableau 2: Traitement des infections urinaires. Médicaments de premier choix (liste non exhaustive) Principe actif Préparation Dose journalière Durée Nitrofurantoïne Uvamin® 2× 100 mg 5 jours Restriction Insuffisance rénale Fosfomycine Monuril® 3g Dose unique Insuffisance rénale Sulfaméthoxazole / triméthoprime Bactrim® forte 2× 1 (160/80 mg) 3 jours Médicaments de deuxième choix (liste non exhaustive) Principe actif Préparation Dose journalière Durée Ciprofloxacine Ciproxin® 2× 250 mg 3 jours Résistances Norfloxacine Noroxin ® 2× 400 mg 3 jours Résistances Lévofloxacine Tavanic ® 1× 250 mg 3 jours Résistances SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2016;16(16):363–368 Restriction ARTICLE DE REVUE Correspondance: Prof. Peter Wiesli 368 n’était pas significativement plus élevée sous inhibi- fiées représentent une exception; dans ce cas de figure, teurs de SGLT2. un traitement par fluconazole (150 mg par jour) est recommandé 2 jours avant l’intervention et poursuivi Endokrinologie, Diabetologie und klinische Ernährung Medizinische Klinik Kantonsspital Frauenfeld CH-8500 Frauenfeld peter.wiesli[at]stgag.ch L’infection urinaire doit-elle être traitée plus longtemps en cas de traitement par inhibiteur de SGLT2? jusqu’à 2 jours après l’intervention. Chez les patients sous inhibiteur de SGLT2, le traitement antibiotiques, car elles peuvent être tenues responsables de l’infection urinaire ne doit pas être plus long que la de l’infection urinaire. En cas d’infection mixte (mise en évidence de Candida et de bactéries), seules les bactéries sont traitées par durée usuelle. Comment l’infection urinaire doit-elle être traitée chez les patients sous inhibiteur de SGLT2? Comment les infections urinaires peuvent-elles être prévenues chez les patients sous inhibiteur de SGLT2? Chez les patients diabétiques sous inhibiteur de SGLT2 Les mesures qui ont d’une manière générale fait leurs également, les infections urinaires non compliquées preuves pour la prévention des infections urinaires sont devaient être traitées au moyen des antibiotiques clas- probablement aussi efficaces chez les patients diabéti- siques (tab. 2). Le choix des antibiotiques appropriés est ques traités par inhibiteur de SGLT2. Parmi ces mesures fonction des résistances et recommandations locales. figurent la non-utilisation de corps étrangers (cathéter à demeure, diaphragme, pessaire) et le traitement local Chez les patients asymptomatiques sous inhibiteur de SGLT2, une bactériurie doit-elle être recherchée et traitée? En cas d’infections récidivantes à Escherichia coli, la Chez les patients diabétiques asymptomatiques, une comme traitement préventif. Les autres mesures (diu- bactériurie ne doit ni être recherchée ni être traitée par rétiques, lactobacilles, Uro-Vaxom®) ne peuvent pas être antibiotiques. recommandées de manière générale. Mise en évidence de Candida dans l’urine: quand et comment traiter? Disclosure statement Dans la plupart des cas, il s’agit d’une colonisation asymptomatique et un traitement n’est pas indiqué. Les patients avec des interventions urologiques plani- par œstrogènes chez les femmes postménopausées. consommation de jus d’airelles rouges a fait ses preuves Cet article a vu le jour dans le cadre d’un conseil consultatif auquel ont participé tous les auteurs et qui a été soutenu financièrement par Janssen-Cilag SA. Janssen-Cilag SA n’a exercé aucune influence sur le contenu du manuscrit. Illustration de couverture Candida albicans. GrahamColm; Wikimedia Commons Références L’essentiel pour la pratique 1 Les patients doivent être informés du fait que le traitement par inhibiteur de 2 SGLT2 favorise la survenue d’infections urogénitales. Le risque d’infections peut être réduit grâce à une bonne sélection des patients et à la mise en place de mesures préventives. En cas de survenue d’une infection urogénitale, celle-ci peut dans la plupart des cas être traitée simplement. SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2016;16(16):363–368 3 Halimi S, Vergès B. Adverse effects and safety of SGLT-2 inhibitors. Diabetes Metab. 2014;40:28–34. Erondu N, Desai M, Ways K, Meininger G. Diabetic Ketoacidosis and Related Events in the Canagliflozin Type 2 Diabetes Clinical Program. Diabetes Care. 2015;38(9):1680–6. Zinman B, Wanner C, Lachin JM, Fitchett D, Bluhmki E, Hantel S, et al. EMPA-REG OUTCOME Investigators. Empagliflozin, Cardiovascular Outcomes, and Mortality in Type 2 Diabetes. N Engl J Med. 2015;373: 2117–28.