Comment la French Tech m`a aidé dans la Silicon
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Comment la French Tech m`a aidé dans la Silicon
N° 3401 jeudi 4 au mercredi 10 décembre 2014 Pages 56-57 1252 mots GUIDE—INTERNATIONAL PARTENARIAT Comment la French Tech m'a aidé dans la Silicon Valley Huit start-up ont participé à la première promotion d'Ubi i/o, d'Ubifrance et de Bpifrance. Dix semaines dans la Silicon Valley pour s'implanter aux États-Unis en version accélérée. O n est venu les mains dans les poches, sans savoir à l'avance ce qu'on retirerait de ce programme. Et cela a complètement changé notre approche du marché ! » Georges Lotigier, le président de Vade Retro, une entreprise qui propose de gérer les boîtes e-mails trop encombrées, n'en ching en anglais pour apprendre à « pitcher » (présenter son entreprise de manière rapide et efficace) en se différenciant des autres. Un véritable choc pour des frenchies habitués à prendre leur temps pour décrire leur idée miracle. Ubifrance organise également une dizaine d'ateliers aux thieu Lhoumeau, le président de Contractlive, une start-up qui permet de dématérialiser les contrats des entreprises, en a fait l'expérience. Pour lui, qui présente sa société comme un futur « Salesforce des contrats », l'un des points d'orgue de sa formation s'est joué le jour où il a rencontré revient toujours pas. Après dix semaines passées dans la Silicon Valley, l'été dernier, la toute jeune implantation californienne de sa société, lancée en février 2014, va déjà recruter. « Nous sommes maintenant sept sur place, bientôt huit, avec de grandes ambitions. » Entre les mois de mai et de juillet, Georges Lotigier a participé avec sept autres chefs d'entreprise à Ubi i/o, un dispositif d'accompagnement de start-up françaises aux États-Unis. Un programme haute couture dont le principal bémol semble, au vu des résultats de la première expérience, la taille de la cible d'entreprises concernées. thèmes également très pratiques, allant de l'obtention du visa de travail aux aspects juridiques de la création d'entreprise, en faisant intervenir des experts américains. Le tout émaillé de rencontres avec l'écosystème local (capitaux-risqueurs, patrons d'entreprises du numérique, Français expatriés). Le prix à payer ? Dix semaines sur place, près de 9 950 euros par participant hors frais d'hébergement, en immersion totale dans la Mecque de l'industrie digitale. Marc Benioff, le patron de Salesforce ! De quoi booster la confiance de ces jeunes entrepreneurs. Deux semaines après le début du programme, Mathieu Lhoumeau a ainsi décidé de résilier son bail à Paris pour s'installer à San Francisco. « C'est un projet d'accélération au sens propre, s'enthousiasme le jeune créateur d'entreprise. On fait en trois mois ce que l'on aurait fait en neuf mois tout seul. » Contractlive a d'ailleurs vendu sa solution à un premier client américain : l'université de Stanford, à San Francisco, envoie désormais ses contrats via la plate-forme du frenchy. Même chose pour Sublime Skinz, une start-up dont la technologie industrialise l'habillage publicitaire des sites internet, qui a profité d'Ubi i/o pour ouvrir une filiale dans la Silicon Valley. « Nous avons eu plusieurs rendez-vous sur place et nous commençons aujourd'hui à signer des contrats », souligne JeanMarc Pericone, l'un des quatre associés. Concocté par les équipes d'Ubifrance installées à San Francisco et subventionné par Bpifrance, Ubi i/o se veut une véritable machine de guerre pour aider les entreprises de la French tech à mettre un pied dans la Silicon Valley. Les huit entreprises du numérique, sélectionnées par des investisseurs et des entrepreneurs français et américains sur leur capacité à déployer leur modèle outre-Atlantique, ont subi un entraînement intensif pour se faire aux codes locaux. Au programme, de la formation pratique avant tout, avec des séances de coa- L'investissement présente l'avantage de tester le marché en accéléré et de réduire le risque par rapport à une implantation en solitaire. Les huit chargés d'affaires de la mission d'Ubifrance à San Francisco (un par start-up) facilitent les contacts avec le tissu local en leur organisant des rencontres avec de potentiels clients, voire des concurrents locaux. Le réseau Ubifrance joue à plein Ma- Remise à plat de sa stratégie 1 constate Charles Gros, le fondateur de TradeLab. Nous travaillons depuis quelques mois sur un projet disruptif, et nous avons embauché des ingénieurs pour le mettre au point et revenir aux États-Unis ensuite. » Tous ne vont toutefois pas s'installer immédiatement aux États-Unis. En se confrontant aux attentes du marché américain, certains ont plutôt décidé de se repositionner avant d'y revenir. « Cela nous a permis de voir comment nous différencier sur le produit et le marketing, explique, de son côté, Edgar Baudin, le cofondateur de Makazi, une agence de data marketing. Tous nos concurrents sont américains. Avant de les titiller, nous voulions les étudier sur place. » Pour TradeLab, une technologie pour assister les annonceurs dans leur stratégie d'achats d'espaces publicitaires en ligne sur les plates-formes d'enchères en temps réel, la formation Ubi i/o s'est traduite par une véritable remise en cause. « Le marché est ultraconcurrentiel, il faut à tout prix amener quelque chose en plus, C'est aussi l'un des mérites de cette formation intensive. Elle permet une remise à plat de la stratégie, pour la pousser un cran plus loin. Ce qui nécessite aussi, de la part des patrons de start-up, un fort engagement en temps. « C'est très difficile, car il faut garder le lien avec les équipes à Paris, se rappelle Jean-Marc Pericone de Sublime Skinz, qui a participé à Ubi i/o avec Jéremie Fabre, l'un de ses trois associés. Quand on est partis à San Francisco, l'équipe comptait 15 personnes à Paris. Quand on est revenu, elle en comptait 20. » Mathieu Lhoumeau, lui, assurait le management de l'équipe parisienne et de ses clients français par téléphone, très tard le soir ou très tôt le matin. « Il est vrai que dégager dix semaines, c'est compliqué pour ces entreprises, concède Stéphane Alisse, le directeur du bureau d'Ubifrance à San Francisco, responsable du programme Ubi i/o. Mais on est dans une logique d'accélération : si on s'interrompt, on perd l'élan. » La prochaine promotion d'Ubi i/o repartira donc bien pour dix semaines consécutives, à partir du 27 avril 2015. Seul changement à l'horizon, les huit start-up qui seront sélectionnées après le 31 janvier 2015 (date limite d'inscription) commenceront le coaching en France, avant de partir. Notamment pour se préparer au « pitch » en anglais et atténuer le premier choc culturel. ?? ■ par Arnaud Dumas ENCADRÉS DE L'ARTICLE « Nous avons eu plusieurs rendez-vous sur place et nous commençons aujourd'hui à signer des contrats. » JeanMarc Pericone, PDG de Sublime Skinz « Cela nous a permis de voir comment nous différencier sur le produit et le marketing. Tous nos concurrents sont américains. » Edgar Baudin, cofondateur de Makazi « Dégager dix semaines, c'est compliqué, mais on est dans une logique d'accélération : si on s'interrompt, on perd l'élan. » Stéphane Alisse, directeur du bureau Ubifrance de San Francisco « C'est un projet d'accélération au sens propre. On fait en trois mois ce que l'on aurait fait en neuf mois tout seul. » Mathieu Lhoumeau, PDG de Contractlive Parution : Hebdomadaire Tous droits réservés L'Usine Nouvelle 2014 Diffusion : 27 282 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2013/ 2014 E07935D7579a3A0BC04C1570B10B019537C7B20E19FB951F28BA9E4 2