ARNOUX Fédia Dossier de presse
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ARNOUX Fédia Dossier de presse La dissolution de la Police mexicaine 2014-2015 Lycée Guy de Maupassant Dossier de presse : La dissolution de la Police mexicaine Dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014, quarante-trois étudiants, venus à Iguala pour manifester pour de meilleures conditions de travail pour les enseignants sont enlevés sur le chemin du retour, et vraisemblablement tués par les narcotrafiquants de l'état de Guerrero. Il apparaît clairement que ces enlèvements aient été commis avec la complicité de la police locale qui après les avoir arrêtés, les a remis aux mains des mafieux. Ces derniers déclarent les avoir fusillés puis brûlés sur les ordres de José Luis Abarca et Maria de Los Angeles Pineda, respectivement le maire et la première dame d'Iguala. Suite à ces massacres, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans la capitale de sorte que les autorités furent obligées d'annuler le défilé traditionnel fêtant l'anniversaire du début de la Révolution de 1910-1917. Pourquoi une telle mobilisation pour un événement « banal » dans le pays ? Cette affaire de disparitions locale devenue contestation nationale révèle le principal problème au Mexique qui est l'insécurité, et de même, elle devient le symbole d'une colère plus globale d'une population qui a perdu toute confiance en la Police. «Des étudiants pas comme les autres» En effet, les étudiants disparus sont de futurs enseignants dans des écoles rurales dont le but est de combattre le taux d'analphabétisation dans ces milieux dont ils sont eux-mêmes originaires. Ils représentent donc l'avenir du pays. Avant tout, leur école, l’Ecole normale d'Ayotzinapa, est connue dans le pays, puisqu'il s'agit d'une institution ayant une culture de la mobilisation et de la contestation très forte. Aussi, ils prennent les luttes sociales très au sérieux pour cela ils organisent souvent des manifestations pour faire pression sur le gouvernement. C'est en réponse à cette crise sans précèdent au Mexique que le président Enrique Pena Nieto annonce, deux mois après les disparitions, une série des plans. Le jeudi 27 novembre 2014, en direct du Palais National, le président mexicain, Enrique Peña Nieto propose de dissoudre les polices municipales mexicaines. Cette restructuration du système policier et judiciaire est destinée à mettre fin à l’inefficacité policière dans le pays. Et face à la colère des mexicains, Peña Nieto a dû reconnaitre que «l’État fédéral a durant des années cédé du terrain [et] que l’insécurité et la violence ont confisqué la paix et la liberté des citoyens sur le terrain national». « La Police n'est pas infiltrée par la mafia, elle fait partie de la mafia » Pour occuper totalement un territoire, les narcotrafiquants utilisent le "chantage du plomb et de l'argent» contre les agents municipaux. Ils achètent les chefs de la Police municipale et élisent euxmêmes les agents. Dès lors, ils accèdent aux informations et connaissent le moindre mouvement de chaque citoyen. Pourtant, lors de son élection, il y a deux, Pena Nieto avait fait de l'insécurité dans le pays l'une des priorités de son mandat. Et bien avant, en 2010, il fit promulguer une loi protégeant les victimes de violation des Droits Humains dans le contexte de la violence entraînée par la lutte contre le crime organisée. Également, avant lui, son prédécesseur, Felipe Calderon avait instauré un programme de contrôle de qualification pour plus de 400 000 agents fédéraux, régionaux et municipaux. Mais selon un rapport de l'Organisation non-gouvernementale Cause Commune, 42 214 policiers des trois niveaux continuent d'être en service malgré les échecs aux contrôles. Toutes les mesures prises jusque-là pour combattre l'insécurité dans le pays ont échoué les unes après les autres. En quoi consistent concrètement les mesures annoncées par le président ? Si la mesure est acceptée par le Congrès, il faudra changer la constitution et cela signifierait que la Police du pays passera de 18 000 agents municipaux à 32 Corporations sous l'autorité des États mexicains. De plus, des renforts de plus de 10 000 agents fédéraux ont été déployés dans la violente région de Tierra Caliente, principale centre de criminalité au Mexique. Cette nouvelle architecture commencera à être testée dans les quatre états les plus violents : Tamaulipas, Jalisco, Michoacán et Guerrero. Et pour tout le pays, un numéro d'urgence 911, sur le modèle américain sera mis en place. Enfin, à cette rénovation, Pena Nieto ajoute des moyens financiers ayant pour but de combattre les inégalités dans le pays. Cette mesure a pour objectif final une centralisation de l'administration. En effet, durant les années de Calderon, les gouverneurs au nombre de 31 ont reçu beaucoup de pouvoir jusqu'à devenir autonomes du centre politique. La décentralisation s'explique donc par la grande liberté donnée par l'Etat aux pouvoirs publics. Ainsi, éliminer les polices municipales reviendrait à contrôler l'ensemble de la Police et de l'appareil de sécurité du pays. De toute évidence, ces mesures visent avant tout à calmer la population avant l'échéance de 2015. Cette date correspond au renouvellement de l'Assemblée Nationale. Sans aucun doute, un vote de punition des citoyens mettrait Pena Nieto dans une situation compliquée puisqu'il ne pourrait pas faire passer les réformes économiques pour le pays. Réactions suite à cette réforme. Les grondements et réponses à la suite de cette proposition se font entendre et au lieu d'apaiser les esprits, ces annonces ne font qu'alimenter les critiques à l'égard du président. Au niveau national Les sénateurs de l'opposition critiquent cette annonce qu'ils jugent irresponsable et manquant d’autocritique. « On s'attendait à un exercice d'autocritique sur l'efficacité des instances en charge des enquêtes judiciaires. A aucun moment il n'a reconnu les failles de son système", dit un des sénateurs. Le Parti d'action nationale a réagi avec scepticisme, remettant en question la capacité à changer le paysage de la sécurité. "Les institutions ont un nom différent, mais le comportement de leurs agents intérieur d'eux seront les mêmes", a déclaré Carlos de la Rosa, un chercheur du Centre de recherche pour le développement, un groupe de réflexion mexicain. D’autre part, certaines grandes villes commencent à faire part de leur mécontentement. Elles n'acceptent pas de laisser le contrôle de la police au gouvernement étatique. Ensuite, Maria Elena Morera, présidente de l'Organisation Mexique Uni contre la violence et connue pour ses positions contre le gouvernement actuel, considère que les propositions faites par Pena Nieto ne règleront en rien l'insécurité dans le pays. Selon ses mots «le développement de la police dépend de nombreux facteurs tels que la façon de choisir les policiers, comment se font les promotions, la façon de les payer et de les surveiller » Et la proposition de démanteler la police municipale pourrait engendrer autant de problèmes qu'elle en résout en augmentant la puissance de la police de l'État, malgré les problèmes de corruption qui font écho à ceux des officiers municipaux. "Elle est construite sur le fait que les forces de police de l'État sont beaucoup mieux que les services de police municipaux, et je ne pense pas que la preuve est claire sur ce point», a déclaré Alejandro Hope, un analyste de la sécurité de Mexico. Il fait écho au fait qu'un grand pourcentage d'agents de l’Etat aient échoué au processus de vérification dans de nombreux États dont celui de Puebla et de Tabasco. Le quotidien, El Universal, le plus important journal au Mexique et proche du parti au pouvoir se montre sceptique "Que fera cette fois-ci le gouvernement pour que les citoyens ne soient pas déçus ?" Dans certaines régions du pays, dont le Michoacan, les habitants, lassés par tant de promesses de la part du gouvernement, n'ont pas attendu l'arrivée de la police pour agir contre les mafieux. En effet, des milices civiles d'autodéfense se sont formées pour restaurer elles-mêmes la paix dans les villes et villages. La presse internationale, plus libre, se fait plus critique. En effet, les plus grands tirages quotidiens Excelsior, Novedades, El Universal, comme la presse locale, sont en grande partie contrôlés par le gouvernement. La presse nationale ne fait rien pour dénoncer les exactions du gouvernement. La critique la plus violente vient du journal américain The Economist : "En balayant d'un revers de la main la responsabilité de l’État fédéral, Peña Nieto laisse le champ libre au crime organisé et renonce à toute chance de changer le cours des choses." En effet, le président a inculpé la corruption et les inégalités comme les seules causes des évènements sans reconnaître ses torts. Le New York Times, comme el Universal doute des mesures du président et dit « Peña Nieto a mentionné la nécessité de lutter contre la corruption à plusieurs reprises, mais n'a jamais dit comment." Le Wall Street Journal a noté que « si Peña Nieto a abordé dans son discours la corruption dans le secteur privé, en suggérant des pénalités pour les entreprises et les responsables gouvernementaux accusés de corruption et une plus grande surveillance des offres pour les grands projets d'infrastructure, il n'a cependant pas visé les questions sur ses liens avec un constructeur mexicain qui a remporté les grands projets d'infrastructure dans le pays. " Le journal fait référence au scandale de la maison blanche ayant récemment éclaté et éclaboussé la crédibilité politique du président. Les réseaux sociaux ne sont pas en reste. Les détournements pour se moquer du président ont afflué quelques minutes seulement après la fin du discours. Maintenant, il y a le 911, tout s'arrangea - 911, Quelle est votre urgence ? - Le pays explose entre les mains. Les mexicains ne sont pas dupes, les mesures annoncées par le président ne sont faites que dans le but de gagner du temps, en attendant que les choses se calment. Ces mesures visant à une amélioration de la police n’ont pas réussi à affaiblir la colère des mexicains. Et ces derniers, lassés par les promesses des nombreux présidents sur le plan de la sécurité, se réveillent pour réclamer plus de justice et de transparence dans les affaires de l’État. BIBLIOGRAPHIE Presse Internationale : http://www.economist.com/blogs/americasview/2014/11/mexico-s-law-and-order-crisis? fsrc=scn/tw/te/bl/ed/missingthepoint http://noticias.portalvox.com/internacional/2014/11/presidente-mexico-quer-dissolver-unidadesmunicipais-da-policia-em-todo-o-pais.html http://www.bbc.com/news/world-latin-america-30239433 http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/International/2014/11/20/009-affrontement-police-manifestantsmexique-etudiants-disparus.shtml www.latimes.com/.../mexico.../la-fg-mexico-security-20141128-story.html http://internacional.elpais.com/internacional/2014/11/27/actualidad/1417116838_759316.html http://www.info7.mx/a/galeria/7505 http://america.aljazeera.com/articles/2014/12/14/mexico-s-policeoverhaulmaynotcurtailviolencecorruption.html Presse Française : http://www.liberation.fr/monde/2014/11/20/manifestants-et-police-s-affrontent-pres-de-l-aeroport-demexico_1147461 ttp://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/11/27/decouverte-d-une-dizaine-de-corps-decapitesdans-l-etat-du-guerrero-au-mexique_4530750_3222.html http://www.courrierinternational.com/node/1183545 http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/11/27/decouverte-d-une-dizaine-de-corpsdecapites-dans-l-etat-du-guerrero-au-mexique_4530750_3222.html http://www.legrandjournal.com.mx/categorie/actu-mexique/president-mexicain-propose-dissoudre-lespolices-municipales http://www.lesechos.fr/monde/ameriques/0203975526675-mexique-la-crise-politique-jette-une-ombresur-les-reformes-economiques-1069409.php http://www.itele.fr/monde/video/etudiants-disparus-les-annonces-du-president-nimpressionent-pas-lesmexicains-10219 Note de réflexion La disparition des 43 étudiants d’Ayotzinapa au Mexique, puis la décision du président Enrique Pena Nieto de dissoudre la Police mexicaine sont des révélateurs d’une forme d’impuissance de l’État mexicain face aux problèmes de violence dans le pays. Peut-on dire que nous assistons à une démission du pouvoir exécutif sur le plan sécuritaire et plus globalement sur les difficultés sociales que rencontrent le pays et ses 120 millions d’habitants ? Quel avenir pour l’État de ce pays ? Comment peut-on expliquer cette crise de légitimité que connaît l’État mexicain ? « Le terme état, généralement considéré comme synonyme de politique, désigne à la fois une société politiquement organisée, et le pouvoir qui s’exerce en son sein à partir de son centre. Sans un tel pouvoir central aucune société ne peut prétendre d’être reconnue sur la scène internationale. L’idée d’une société sans état est souvent associée à l’image du désordre. » D’abord pour comprendre ce qui se passe de nos jours, il faut regarder en arrière, dans l’histoire du pays. En effet, la perte de pouvoir et de légitimité que connaît cette institution a une origine bien plus ancienne. Nous pouvons la débuter à partir des années 1980, appelé « décennie perdue » pour le continent latino-américain. La crise économique que connut le Mexique durant ces années n’est que le préambule d'une crise bien plus grave qui se renouvellera en 1994. Cette année-là, le Mexique est touché par une profonde crise économique. Il se retrouve confronté à une soudaine dévaluation de sa monnaie, le peso. Le pays est dans l’incapacité de rembourser ses dettes ou de payer ses fonctionnaires ce qui a pour conséquence une hyperinflation dévastatrice suivie de déstructurations sociales et une grande instabilité politique. Les organismes internationaux et certains pays lui viennent en aide mais à la condition que le pays, en échange d'une aide financière ou d'un prêt, adoptent des mesures et des réformes orientées vers des objectifs d'austérité budgétaire et de libéralisation du commerce et des capitaux. C’est la naissance du Consensus de Washington. Inspirées des thèses de John Williamson, le Consensus de Washington désigne un accord tacite du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque mondiale (BM), avec le soutien du Trésor américain. Il concerne tous les pays en développement en difficulté et notamment ceux de l'Amérique latine. Nous pouvons résumer les principes du consensus par trois idées : « libéralisation », « privatisation » et « ouverture extérieure ». La libéralisation du commerce avait pour but de permettre aux pays en développement de se procurer les revenus d'exportation nécessaires au désendettement et à l'importation d'équipements pour son industrialisation. La libéralisation financière devait quant à elle attirer les capitaux internationaux en quête de hauts rendements et permettre aux pays en développement d'investir davantage que leur épargne sans avoir besoin de s’endetter plus. En outre, les IDE (investissements directs à l'étranger) devaient favoriser le transfert de technologies et de compétences du Nord vers le Sud. Dès lors, le gouvernement devait donc réduire l’intervention de l'État à son expression minimale et laisser aux mains du secteur privé l’administration de la plupart des services universels comme l'accès à l'eau potable ou à l'électricité. En effet, des réductions des dépenses publiques (éducation, logement, santé) ont dû être mises en œuvre. Le consensus de Washington a réussi à réduire le rôle de l'État mexicain dans l’organisation sociale et économique dans le seul but d'augmenter la marge de manœuvre du secteur privé. L’économie mexicaine s’est remise de la crise 1994, en effet le pays est au 8ème rang des exportateurs mondiaux. La moyenne annuelle du taux de croissance du PIB par personne, ces dix dernières années avoisine les 1,7 %. En 2013, son PIB/habitant était de 15 600 dollars. Au contraire du taux de richesse, les inégalités ont nettement augmenté et le processus d’appauvrissement et d’exclusion affecte un pourcentage croissant de Mexicains. Le progrès économique ne peut cacher les inégalités sociales existant dans un pays. Nous avons là l’exemple même d’un état qui a fait le choix du développement économique sur celui de l’humain. Le Mexique est l'un des pays où la répartition des richesses est la plus inégale au monde. L’État doit fournir des services à la population comme l’enseignement ou les soins de santé. Par exemple, une personne tombant malade et n’ayant pas les moyens suffisants pour payer ses soins doit pouvoir compter sur l’État pour avoir accès à des soins gratuitement, ou le moins cher possible. Ces services sont à la charge de l’État qui doit leur consacrer un budget prédéterminé. Plus l’État dépense en services, plus les recettes fiscales ne doivent être prélevées s’il ne veut pas s’endetter. S’il diminue les impôts, on peut s’attendre, en retour, à une diminution du nombre ou de la qualité des services fournis à la population. Ainsi, les personnes aux revenus modestes voient leur pouvoir d’achat diminuer car ils doivent désormais payer pour profiter des services. Chacun doit contribuer selon ses moyens car au final nous gagnons à payer des impôts, nous recevons plus que ce que nous payons. L’État mexicain capte les ressources suffisantes pour financer les dépenses a 3 niveaux, d’abord Fédéral avec l’impôt sur le revenu et la travail; puis par les états qui prélèvent l'impôt foncier, qui est une charge que tous les propriétaires d'immeubles doivent payer. Et enfin, au niveau local, les impôts perçus par les municipalités. Mais au Mexique une grande partie de la population sachant qu’elle ne risque pas d’être inquiétée par l’Etat refuse de payer ses impôts. Ce phénomène s’explique par la perte de confiance de la population en son Etat. Ils refusent de payer car ils ne savent pas à quoi servira leur impôt. De plus, ils ressentent une forme d’injustice en pensant qu’ils payent trop d’impôts. Sentiment que se partage 61% de la population. Cette fraude a pour conséquence une impossible répartition juste des revenus par l’Etat. Le revenu disponible ajusté net des ménages est la somme dont dispose un ménage chaque année après impôts. Il représente le montant maximum qu’un ménage peut affecter à l’acquisition de biens ou de services. Nous avons une minorité de population ayant un fort pouvoir d’achat qui cache les problèmes d’une grande majorité en difficulté pour subvenir à ses besoins. Et malgré une légère élévation du niveau de vie, pour la population dans son ensemble, le nombre de Mexicains se trouvant en situation de pauvreté a atteint 53,3 millions en 2012. Un chiffre en constante progression dans un pays comptant 117,3 millions d'habitants selon le rapport du Conseil national d'évaluation de la politique de développement social (Coneval). Le nombre de pauvres dans le pays est passé de 52,8 millions en 2010 contre 53,3 millions en 2012. Ces personnes disposent d’un revenu inférieur à un certain seuil en dessous duquel les besoins essentiels ne sont pas satisfaits. Si le revenu moyen disponible ajusté net des ménages par habitant est de 12 850 USD par an, toutefois un écart considérable sépare les plus aisés des plus modestes – les 20 % des ménages les plus aisés touchent près de treize fois le montant perçu par les 20 % des plus modestes. 33 060 USD par an/ 2 594 USD par an. Cette situation peut aussi avoir comme conséquence l’exclusion, la rupture des liens sociaux qui les liait au reste de la société. Une inégale répartition du revenu national peut accentuer la disparité entre le revenu des riches et celui des pauvres. Il nous faut modérer nos propos car de nombreux programmes ont été mis en œuvre pour résorber ce fléau de la pauvreté. Au cours des quinze dernières années, les différents gouvernements ont fait des programmes sociaux visant à réduire la pauvreté et la qualité de vie des citoyens. Notamment dans les domaines de l’éducation ou de la santé. Créé en 2012 par le nouveau gouvernement de Vicente FOX, OPORTUNIDADES est un programme social basé sur un précédent plan appelé PROGRESA (Programme Éducation, Santé, Alimentation, 1997). Il est conçu dans le but de diminuer la pauvreté en fournissant des paiements en espèces aux familles en échange de la fréquentation scolaire régulière, des visites médicales régulières et l’amélioration de l’alimentation en donnant un supplément alimentaire aux femmes enceinte et à tous les enfants de quatre mois à cinq ans. Au total, il s’agit de 50 millions de pesos en provenance de la banque mondiale. Le programme est un échec, selon un rapport de l’office national d’audit (Auditoría Superior de la Federación, ASF) en 2012, sur 100 enfants de moins de cinq ans bénéficiaires du programme, 21 étaient trop petits pour leur âge et 4 souffraient de déficit pondéral. De plus, 22% des femmes enceintes bénéficiant du programme souffraient de problèmes d’anémie, alors que dans les mêmes conditions de pauvreté, chez les femmes non-inscrites dans le programme seulement 14,3% d’entre elles présentaient cette carence. D’après une enquête nationale sur les dépenses publiques (Encuesta Nacional de Ingreso Gasto) en 2010 près de 5 millions et demi de personnes non-pauvres étaient bénéficiaires du Programme Oportunidades et la même quantité de personnes en situation d’extrême pauvreté ne faisaient pas partie du programme. Malgré ces palliatifs, les indicateurs sociaux restent peu favorables par rapport aux autres pays du continent et la pauvreté et les déséquilibres de la société mexicaine s’accroît de jour en jour. Il est essentiel d’améliorer l’efficacité du système actuel et notamment grâce à une meilleure coordination entre les diverses institutions. Actuellement, on compte plus de 1 000 programmes sociaux au Mexique gérés par, l’administration fédérale et les États. Une des explications avancée, mais contestée, pour expliquer la persistance de la pauvreté dans le pays malgré les différentes périodes de croissances économique est la théorie de la « culture de la pauvreté ». Elle est introduite par l’anthropologue américain Oscar Lewis en 1965, dans son roman intitulé Les enfants de Sanchez, autobiographie d’une famille mexicaine. La pauvreté serait quelque chose qui se perpétue en passant des parents aux enfants, ils se transmettraient de génération en génération et les Mexicains seraient donc voués à rester pauvres malgré tous les aides qu’ils peuvent recevoir de l’État. Il y a donc bien quelque chose de culturel. Cette culture de la pauvreté chez les pauvres se développerait lorsque d’un changement soudain du système social et économique. Avec des programmes comme PROGRESA ou OPORTUNIDADES, nous assistons à une émergence de nouveaux acteurs politiques qui donne lieu à une décentralisation du pouvoir. La décentralisation est une politique de transfert des attributions de l'Etat vers des collectivités territoriales ou des institutions publiques pour qu'elles disposent d'un pouvoir juridique et d'une autonomie financière. La décentralisation du pouvoir est d’abord un vœu exprimé par le 57 ème président mexicain, Miguel de la Madrid dans sa proposition de réforme à l’article 115 de la Constitution fédérale envoyée au Sénat en 1982. Le premier secteur touché est celui de l’Education. Les écoles passent de l’administration de l’État à celle des municipalités puis sous la présidence de Salinas de Gortari (1988 et 1994) ce fut au tour de la Santé. La décentralisation donne un pouvoir considérable aux états de la Fédération ainsi qu’aux municipalités. Ils prennent euxmêmes des décisions qu’ils exécutent par la suite. S’ils dépendaient financièrement pendant très longtemps de l’Etat, ces institutions politiques sont de nos jours autonomes ce qui entame et remet en question le pouvoir décisionnaire du pouvoir central. Il s’agit là de la plus haute forme de désengagement d’un Etat. Le clivage entre l’Etat et la population, a permis à un nouveau groupe de prendre petit à petit le pouvoir au Mexique. Les cartels de drogue. Ce qui induit un problème de fond, le problème sécuritaire. Le problème sécuritaire au Mexique. 90 % de la coca consommée aux Etats-Unis passe par le Mexique. La production de la coca est aux mains de cartels puissants comme Zetas, Golfe et dont le contrôle génère des conflits qui mettent la population en danger. L'emprise des cartels en quelques chiffres Ces statistiques proviennent de l'Institut National de statistiques du Mexique. Premièrement, le pays à lui seul comptabilise un taux de criminalité plus important que tous ceux de l'Europe réunis. Depuis 2006, le pays a enregistré plus de 80 000 homicides et près de 22 000 disparitions. Ce qui a pour conséquence une peur de la Police qui est telle que les citoyens évitent les force de l’ordre quand ils sont victimes de crimes car dans certains cas cela se retourne contre eux. Mais encore, 90% de la population considèrent que la police est l'institution la plus corrompue du pays. Nous ne devons pas oublier les 67% des municipalités mexicaines qui sont infiltrées par la mafia mexicaine. Et, en plus des 97% des dénonciations pour assassinats qui se terminent sans coupables, depuis 2006, aucune condamnation pour disparitions ne fut prononcée. A cela, on ajoute le seulement 1% des affaires criminelles se terminent devant la justice. Le narcotrafic, de la réalité à la fiction. Le narcotrafic et la délinquance sont des réalités de la vie quotidienne de la population mexicaine. Cette réalité qui jusqu'à maintenant remplissait les pages des faits divers accaparent les divertissements, dont l’un des plus populaires dans le pays, les télénovelas. Les feuilletons quotidiens de soirées regardées par 39,2 % de la population. Les narco télénovelas captivent de plus en plus le public qui lui est chaque fois plus jeune. Les séries basées sur la vie des plus grands capos envahissent les programmes de télé mexicaine, en battant au passage des records d'audience qui jusque-là étaient principalement tenus par le sport. Et une des séries ayant connue le plus de succès au Mexique, mais aussi dans le reste de l’Amérique du Sud est la Reina del Sur (La Reine du Sud). Il s’agit d’une histoire inspirée de la vie de la célèbre narcotrafiquante Sandra Avila. Elle montre l'ascension de la jeune nommée Teresa MENDOZA dans le cercle fermée des plus grands narcotrafiquants. La série connue un succès sans précédent pour une télénovela. Elle réalisait quinze pour cent des parts d'audience au niveau national, ce qui représente plus de 8 millions de téléspectateurs chaque soir. Et atteignant parfois les 22% dans des communautés comme Ciudad Valle. L'intérêt du public pour ses séries inquiète le gouvernement qui y voit « une apologie du crime organisé » qui de plus, violerait les articles de la loi fédérale de la radio et de la télé qui interdit la promotion de la violence. C'est avec cet argument que le Ministère de l’intérieur voulu interdire la série au moins de 17 et par la même occasion faire passer la diffusion de 20h à minuit. Finalement, elle restera à son créneau horaire mais ne fut interdit qu’au moins de 14 ans pour dialogues subjectifs. L'attitude du gouvernement face à l’intérêt du public pour ces séries s’explique par l’image diffusée des narcotrafiquants. Ils vivent dans le luxe et jouissent d’une popularité là où la police est présentée comme étant corrompue et intéressée. Nous avons là une inversion des rôles qui peut créer une confusion chez les jeunes personnes. Le crime organisé, certes, est la réalité quotidienne de la population mexicaine cependant dans un climat de violence causé par les activités des organisations criminelles, est-ce nécessaire de diffuser des séries sur ce sujet ? Cet accès à des informations contradictoires a donné lieu à une récente apparition d’un nouveau mode de vie chez les jeunes. La narco culture. L’expression « narco culture » tient son origine de « narcotrafic » et désigne l’impact culturel de cette activité sur la population. Plus qu’une tendance, ce phénomène s’est converti en une mode de vie avec ses codes, valeurs et croyances. Le phénomène est apparu en Sierra de Sinalao, lieu d’origine des plus grands capos mexicains, dans les années 70 avec la culture du pavot dans la région. Ces derniers se sont convertis en modèle pour les jeunes générations. Ils jouissent d’une bonne image dans les zones contrôlées car ils viennent en aide à la population en assurant la prospérité économique et la sécurité. Et nombre sont ceux qui aident à la construction d’infrastructures comme des écoles, des hôpitaux ou encore des églises. Comme l’a souvent fait le plus populaire des capos de tous les temps, Pablo Escobar. Comparable à des Robin des Bois, les narcotrafiquants sont populaires auprès de la population car ils sont près du peuple, là où l’Etat brille par son absence. Les Mexicains ont au fil des années accepté la violence . Cette acceptation de la violence est-elle due au fait que les Mexicains soient eux-mêmes violents. Existe-il une culture de la violence au Mexique ? Pour répondre à ce problème, il nous faut regarder dans l’histoire du pays. En effet, l'identité mexicaine s'est forgée par le «fer et le sang» à travers la longue période de Révolution que connut le pays. De 1910 à 1920, le pays est en révolution permanente. Les Mexicains fatigués de la dictature dans le pays, des injustices et de la perte des droits civils nationaux au profit de la bourgeoisie se soulèvent contre le gouvernement. Le président Porfirio Diaz, arrivé par un coup d’État au pouvoir en 1876 a durant son Portifiriat engagé le pays dans la voie de la modernité, notamment par la construction de chemins de fer et de mines; cependant, la richesse produite est accaparée par une minorité laissant ainsi, la très grande partie de la population dans la pauvreté. Il viola la Constitution en se faisant réélire à six reprises. Lors des élections de 1910, Francisco Madero un riche homme d'affaires postule pour la présidence avec la devise sufragio efectivo, no reelección (suffrage effectif et pas de réélection) mais Porfirio Diaz ordonna son arrestation et organisa une fraude et se déclara gagnant. Échappé de la prison, Madero commença une lutte armée pour instaurer la démocratie au Mexique. Dans son plan appelé « plan de San Luis », il appelle le peuple à la révolte contre le président. Les forces militaires se créent pour le rejoindre dans sa lutte. Parmi elles, la Division du Nord (la División del Norte) fondée par Pancho Villa et Pascual Orozco et le groupe armé du sud d’Emiliano Zapata. En 1911, Porfirio Diaz est destitué et Madéro est proclamée président. La Révolution aurait pu s’arrêter là. Mais l'incapacité de Madero à répondre au désir de réforme et de démocratisation de la population eut pour conséquence la poursuite de la Révolution par les différents groupes militaires. Avec comme objectif l'expropriation, dans la violence, des terres aux mains des Rancheros, (les grands propriétaires) pour les redonnées aux paysans. Suite à cette nouvelle révolution, Madéro fait appel à Victoriano Huerta qu’il nomme au poste de secrétaire de Guerre. Ce dernier organisa un soulèvement et commandita la mort de Madéro. Finalement avec l’appui des Etats-Unis, il se convertit en dictateur et réprima la révolution menée par Emilio Zapata. Il a fallu une alliance entre les différentes groupes armées pour mettre fin a tant d’instabilités politiques au Mexique puisque Villa et Zapata firent fuir le Huerta du pouvoir. Il aura fallu plus de 10 ans avant que les Mexicains puissent jouir de la paix, de la justice et de la prospérité dans leur pays grâce aux réformes du président Carranza. Cette période de l’histoire est marquée à jamais sur les murs des mexicains. Grâce a la peinture murale. Le muralisme est un mouvement apparu suite à la Révolution mexicaine et impulsé par José Vasconcelos, secrétaire à l’éducation dont le but était la conservation sur les murs du Mexique de la Révolution comme la période la lutte nationale. Les artistes qui étaient libre de choisir les thèmes montrèrent en une grande majorité les scènes de violence vécut dans le pays. Peut-on dire que les Mexicains sont « essentiellement » violents ? Il existe une forme de répression de la violence de la part des sociétés occidentales sur sa population. Les Hommes doivent faire preuve d’un autocontrôle en toute situation. Ceux qui ne respectent pas cette règle seront punis. Et l’Etat, selon M.Weber, seule institution à posséder un droit légitime à l’utilisation de la violence doit user de la violence pour contrôler sa population. Si nous considérons la thèse de Freud, expliquant que les hommes seraient froncement violents et qu’ils sont dotés d’agressivité dès leur naissance, nous pouvons, en prenant l’exemple de la Révolution mexicaine, dire que ce peuple est violent par nature. Cette violence ne serait que plus ou moins refoulée par la majorité de la population, elle peut donc menacer de surgir à tout moment. N’a-t-on pas déjà pu voir dans l’Histoire comment tout un peuple, dans une situation de guerre se déchaînée contre une communauté ? Et dans la vie quotidienne nous faisons la preuve de ce phénomène, en effet, la chasse est l’exemple même de l’instant où l’homme se permet d’être violent et sans être juger lorsqu’il s’agit de satisfaire ces besoins vitaux. On peut alors se demander pourquoi vouloir réprimer la violence s’il s’agit de quelque chose de naturel chez l’Homme ? Une société dans laquelle la violence serait glorifiée est une anarchie. L’Homme se dégraderait à un état animal puisqu’il ferait le choix de l’abandon de la raison qui doit le mener à la réflexion. En refusant de raisonner, il refuse son Humanité. Même s’il y a une interdiction stricte de l’utilisation de la violence, nous pouvons cependant voir une « acceptation » de celle-ci par la société qui en instaurant des lois puissant la violence reconnaît qu’il ne peut la faire disparaître. Et pour une meilleure cohésion sociale les conflits et les discordes doivent être refoulés par la société et le rôle de l’Etat est de veiller à que la population ne puisse pas avoir l’occasion d’exprimer cette violence. Mais lorsque l’Etat n’hésite pas à user de la violence contre sa population pour satisfaire ses intérêts il ne possède des lors plus la légitimité de prendre une telle décision. Il ne possède des lors plus aucune légitimité à vouloir faire la loi. L'Etat mexicain ne garantit plus l'ordre sur le territoire national. La libéralisation de l’économie a provoqué des insuffisances. Cependant, le rôle de l’Etat est d’intervenir pour corriger ces défaillances. Certes l’Etat mexicain n’a pas pour vocation à être un Etat-Providence, néanmoins il est de l’ordre de l’obligation que de satisfaire les besoins collectifs en produisant des biens et des services et de procéder à une redistribution des revenus. La population a perdu confiance dans les institutions étatiques souvent corrompues et à tous les niveaux. Cependant, le réveil du peuple mexicain suite à l'affaire d’Iguala présage du changement, les mexicains réclament des comptes au gouvernement et nous pouvons penser qu’ils sauront plus exigeant lorsqu’ils voteront aux prochaines élections. Seul, le Mexique ne peut gagner la lutte contre la drogue qui provoque l’insécurité dans le pays. Le lien existant entre les différentes organisations criminelles en Amérique latine nous amène à nous demander s’il ne serait pas plus profitable qu’il y ait un début de concertation et d’action au niveau continental à ce sujet. En effet « Les mafias de Rio sont en contact avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie qui leur fournissent des armes ; les maras du Salvador sont en relation avec les bandes de Los Angeles » Face à ce fléau, le Mexique doit-il, et peut-il, franchir le pas de la dépénalisation voir de la légalisation du cannabis. Le Mexique est en tout point, un pays qui doit encore se construire. BIBLIOGHAPHIE Ouvrages Sous la direction de scientifique d’Alain Musset, Géopolitique des Amériques. Nathan , 2014. Pierre Clastres, Archéologie de la violence, Editions de l'Aube, 2013. Xavier Pommeret, Mexique. Seuil, 1964 Georges Couffignal, La nouvelle Amérique latine. Sciencespo Presses, 2013 Chapitres d'un ouvrage Oscar Lewis. Les enfants de Sanchez Autobiographie d’une famille mexicaine. Editions Gallimard, 1961. Introduction p.5-20. Max Weber. Le savant et le politique, Disponible http://socio.eco.exo.free.fr/definition_de_l_etat.htm 1919 sur : Articles de périodiques Près de la moitié des Mexicains en situation de pauvreté. Le monde, juillet 2013 Disponible sur : http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2013/07/29/pres-de-la-moitie-desmexicains-en-situation-de-pauvrete_3455138_3222.html Comprendre le capitalisme Hors série n° 5. Problèmes économiques, 17 mars 2014 El boom de la narcocultura. 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