Plaquette marketing yann guffroy Fichier
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L’impact économique et marketing de Michael Jordan Il est peut être le plus grand sportif de l’histoire mais nous ne nous intéresserons à l’aspect sportif qu’à travers l’évocation de son palmarès ci-contre et d’une brève biographie ci-dessous. D’un point de vue marketing, il a été l’un des instigateurs du Celebrity Marketing; un terme qui désigne les campagnes de communication faisant appel à des personnalités connues comme des sportifs, comédiens, chanteurs, chefs, journalistes ou autres experts. Les marques vont ainsi chercher à utiliser la notoriété de ces célébrités, mais aussi leurs valeurs en les associant dans leurs dispositifs marketing. Etudions dès lors l’impact économique et marketing de Jordan notamment sur la NBA. Michael Jeffery Jordan est né à New York le 17 février 1963. Il étudie au lycée de Wilmington en Caroline Palmarès 2 fois Champion Olympique (1984, 1992) 6 fois Champion NBA (1991, 1992, 1993, 1996, 1997, 1998) 5 fois MVP en Saison régulière NBA (1988, 1991, 1992, 1996, 1998 6 fois MVP des Finales NBA (1991, 1992, 1993, 1996, 1997, 1998) 14 All-Star Game (de 1985 à 2003) 3 fois MVP du All-Star Game (1988, 1996,1998) Meilleur marqueur en carrière de l'histoire de la NBA avec 30,12 points par match. Meilleur marqueur en play-offs de l'histoire de la NBA avec 33,45 points par match. Elu « Athlète du siècle » par ESPY Elu meilleur joueur de tous les temps par le magazine Slam en 2003 et 2010 … du Nord puis à l’Université de la Caroline du Nord à Chapel Hill pour laquelle il va inscrire le shoot de la victoire, lors de la finale du grand championnat national universitaire (NCAA) en 1982 contre l’équipe de Georgetown. Deux ans plus tard il est drafté en NBA ; la légende peut alors commencer. Michael Jordan n’aura pas marqué l’histoire de la NBA et du basketball uniquement par son palmarès impressionnant ; il a révolutionné en quelque sorte la façon de jouer, rendant cette pratique plus « athlétique » mais surtout plus inventif, plus spectaculaire (apologie du dunk, de l’exploit personnel…). La NBA prend une place importante dans le paysage sportif américain et s’internationalise ; c’est le début d’une ère prospère pour la ligue. Une reconversion réussie Dix ans après sa véritable retraite sportive, Michael Jordan est parvenu à faire fructifier son immense carrière de sportif. Et pour cause, n’ayant sans doute pas eu la « chance » d’exercer adurant la bonne période, il n’a perçu durant toute sa carrière des Bulls de Chicago et des divers revenus publicitaires qu’une somme dérisoire par rapport à aujourd’hui. Quand les Superstars actuels gagnent jusqu’à 60 millions de Dollars en une année, le montant total de ses salaires en NBA a été estimé à environ 100 M. Il s’est cependant bien rattrapé par la suite: le célèbre magazine économique Forbes publie comme pour toutes les personnalités les revenus annuels de Jordan. En 2012, il aurait perçu la bagatelle de 80 millions de dollars avec une fortune personnelle estimée à plus de 650 millions de dollars malgré un divorce qui lui aura couté extrêmement cher (on parle de 175 millions!). Il est par ailleurs propriétaire de six restaurants, d’une concession automobile en Caroline du Nord, d’une écurie de Superbike et depuis mars 2010, de la franchise de basket des Charlotte Bobcats, qu’il a acquiert pour la somme de 275 millions de dollars. Loin d’être une réussite sur le plan sportif et économique pour l’instant, il n’empêche que c’est la première fois dans l’histoire qu’un ancien joueur devient propriétaire d’une franchise NBA. Bien que retraité, il demeure aujourd’hui très prisé et rentable auprès des publicitaires. Il est encore en partenariat avec de grandes firmes que Hanes, Upper-Deck, Gatorade, Healthcare, Presbytarian et bien évidemment Nike avec qui il a créé la Jordan Brand en 1997. La Jordan Brand Lorsque Jordan débarque en NBA, il est alors sponsorisé par Nike et aucun joueur n’a de marque en son nom. Très vite, il songe à développer la sienne via la société familiale qu'il a créée : J.U.M.P (Jordan Universal Marketing and Promotion) dont les président et viceprésident sont son père James et son grand frère Larry. Il en sera dissuadé par le président fondateur de Nike (Philip Knight) en personne, qui en échange de cette exclusivité lui octroiera un contrat de 20 millions de dollars par an jusqu’à la fin de sa carrière et un contrat à vie au terme de celle-ci. Une décision que la firme ne doit pas regretter le moins du monde aujourd’hui: le succès est sans égal depuis le partenariat, l’image de Michael Jordan étant très « bankable » du fait principalement de sa domination sur la NBA et de la révolution sportive qu’il y a apporté. Le succès de sa brand est d’autant plus remarquable qu’il n’a pu profité à l’époque d’un panel de moyens marketing aussi riche avec tout ce qui concerne les nouvelles technologies, les réseaux sociaux... En 2009, la marque a pour la première fois dépassé le milliard de dollar en chiffre d’affaires annuel et a en plus connu une étonnante progression durant l’année 2012, avec une progression de son chiffre d’affaire de l’ordre de 25 à 30%, représentant alors 7% des revenus mondiaux annuels de Nike. Le marché de la chaussure de basketball est dominé aux Etats-Unis par la Jordan Brand à hauteur de 58%, devant Nike (34%), Adidas (5,5%), Reebok (1,6%) et Under Armour (0,6%) (source:SportsOneSource). Chez les joueurs actuels en NBA, le double champion en titre LeBron James est celui qui fait vendre le plus de chaussures ; il n’empêche que Michael Jordan en fait vendre six fois plus. Même si la Jordan Brand s’est segmentée avec différents produits, son produit phare reste donc la chaussure de basket; la Air Jordan XX8 qui est sorti il y a moins d’un an, est la 28ème basket de la franchise de MJ (voir photo cidessous). La paire de Jordan est encore très «branchée » aujourd’hui, preuve en est avec le nouveau son de rap américain sorti en septembre dernier « 23 » qui en fait l’apologie, notamment dans le clip. (voir photo ci-dessous). Chaque année a lieu le Jordan Brand Classic Game, un évènement de la marque qui a une certaine ampleur et qui est une sorte de All Star Game regroupant les plus grandes promesses du basket américain. Les vedettes actuelles de la NBA ont pour la plupart brillé lors de cet évènement (LeBron James, Kevin Durant Carmelo Anthony…). Une version européenne existe également depuis 2007, dans cette logique d’internationalisation de la marque. Une popularité intacte « Jordan est unique dans le sens où il a été capable de maintenir ce lien émotionnel avec le consom-mateur depuis plus de 25 ans. » Cette phrase vient d’Henry Schafer, vice-président de Q Score Company, une firme spécialisée dans l’analyse de notoriété qui mesure deux fois par an l’image auprès du grand public des athlètes, des personnalités connues, des marques ou encore des émissions TV. Le « Q score » aujourd’hui de Michael Jordan est de 43 par rapport aux fans de sports (le deuxième, Peyton Manning, est à 32). C’est le meilleur score dans sa catégorie de sportif et ce depuis 1987 (sauf lors de l’année 1990 où le joueur de football américain Joe Montana l’a devancé). Auprès de la population générale, il se place juste derrière Tiger Woods hormis en 2008 où il a réussi à lui prendre la première place. On peut trouver un autre marqueur de la popularité toujours aussi importante de Jordan, cette fois-ci avec un chiffre plus parlant: le nombre de fans sur le réseau social Facebook. Michael en compte plus de 24 millions, ce qui fait de lui le 4ème sportif le plus populaire derrière trois footballeurs actuels ou anciens que sont Cristiano Ronaldo, Lionel Messi et le « spice-boy » David Beckham). Exemple récent de la popularité intacte de Jordan : Michael Jordan prête ainsi son image à l’opus 2011 du célèbre jeu vidéo de basket NBA 2K, édité par la société jeu Take Two Interactive. Le jeu donne entre autre l’opportunité au joueur de revivre les moments forts de la carrière de la légende. Le choix est payant puisque l’opus sera vendu à 5,5 millions d’exemplaires à travers le monde, un record à l’époque pour le jeu. L’année d’après, il est accompagné d’autres légendes (Magic Johnson, Larry Bird en pôle) et le succès, tout en étant moindre que l’opus précédent (environ 4,5 M d’exemplaires vendus), reste largement au-dessus des standards d’auparavant. Le lock-out en début d’année est venu ternir l’image de la NBA, et on peut penser qu’il a eu un effet négatif sur les ventes de l’opus cette année. Cette popularité et cette attractivité auprès des fans et des entreprises, Michael Jeffery Jordan les a étrenné depuis ses débuts en NBA. Il a sous différents aspects joué le rôle de catalyseur durant sa carrière en NBA, entrecoupée par deux retraites sportives dont une où il a tenté sans réussite l’expérience du baseball. Un générateur d’affluence dans les salles et devant les télévisions Les chiffres des affluences moyennes en NBA ont démontré ce qu’on appelle communément « l’Effet Jordan ». Tout d’abord pour la franchise des Bulls: l’équipe de Chicago (dans l’Illinois) enregistrait une affluence moyenne de 6000 spectateurs dans son Chicago Stadium. Lors des six premières saisons de Jordan, cette affluence a tout simplement doublé. Lorsqu’il revient après sa «première retraite», les Bulls évoluent dans une toute nouvelle salle, l’United Center, plus grande de 4000 places que l’ancienne (et où trône aujourd'hui une statue en bronze de Jordan); cela n’empêche qu’elle sera à guichets fermés lors de chaque exhibition des Bulls de Chicago avec Jordan en chef d’équipe. Des économistes ont estimés ce bénéfice supplémentaire en billetterie pour la franchise des Bulls à près de 135 millions de dollars ! Il en sera de même à Washington lors des deux dernières saisons de MJ en NBA où la Verizon Center (d’une capacité de 20000 spectateurs) affichera complet chaque soir de match des Wizards. Saison 1989Saison 1991L’Effet Jordan s’est fait aussi ressentir lors des matchs à l’extérieur; comme 1990 1992 l’atteste les données du tableau ci-contre, l’augmentation des affluences Affluence moyennes lors des matchs des Bulls est nette. Elles aussi ont souvent été à moyenne des autres équipes guichets fermés (pour la totalité des matchs lors des saisons 90-91 et 91-92). Les 16 325 16 840 quand elles recettes supplémentaires pour les autres équipes sont alors reçoivent les Bulls intéressantes et s’élèvent au total à quelques 30 millions de dollars (sans tenir compte du deuxième retour de MJ sur les parquets de NBA). Affluence moyenne des autres équipe pour les autres matchs L’Effet Jordan s’est aussi matérialisé avec les audiences de télévisions; durant cette période, des records ont été battu et les niveaux d’audiences n’ont jamais été égalé depuis. Pour preuve, les Finales NBA en 1993, 1996, 1997 et Recettes 1998 font en moyenne respectivement 17,9 16,7 16,8 et 18,7% d’audiences aux 1 564 176 $ 2 511 794 $ supplémentaires estimées Etats-Unis, soient les quatre meilleurs scores jamais enregistrés. Ces audiences retombent entre 6,5 et 11% lors de « l’après Jordan ». En saison régulière, le match qui a attiré le plus de téléspectateurs est celui du retour de Jordan suite à sa première retraite du basket; le 19 mars 1995, le Chicago-Indiana a été vu par 35 millions d’américains sur la chaîne NBC. La NBA a ainsi pu vendre ses droits TV à des sommes plus intéressantes, notamment à l’étranger. À ce titre, les dirigeants sont bien conscient de l’impact de MJ pour leur business, en témoigne cette phrase d’Adam Silver, alors président de la section Entertainment de la NBA: « Si les diffuseurs internationaux pouvaient sélectionner leurs matchs, ils ne choisiraient que les matchs des Bulls.» L’influence de MJ sur les droits TV de la ligue a été estimé à près de 366 millions de dollars, sans compter ses deux dernières années à Washington. 13 852 13 481 Un impact bien au-delà des parquets de NBA L’hégémonie de Michael Jordan dans son sport lui a valu un intérêt important auprès des entreprises, à commencer par Nike comme étudié précédemment . La firme américaine a dépensé près d’un million de dollars pour faire la promotion de la star à ses débuts en NBA, une somme considérable à l’époque. Il en va de même lorsque Michael Jordan s’est vu interdire en 1985 de porter les Air Jordan I, le règlement de la NBA stipulant que les chaussures devaient être au couleur de la franchise du joueur. Nike a pris à sa charge l’amende de 5000$ par match, préférant voir sa star continuer à assurer la publicité du produit sur les parquets. MJ qui percevait des royalties (entre 6 et 7%) sur les ventes de ses produits auprès de Nike, aurait permis à ces derniers selon des économistes américains, d’engranger un chiffre d’affaires de 5,2 milliards de dollars avec ce partenariat et ce, avant même la fin des années 2000. Un chiffre qui a évidemment bien gonflé depuis. En plus de Nike, Jordan a représenté un certain nombre d’autres marques pour lesquelles il a tourné beaucoup de spots de publicité. Parmi elles on peut citer Coke, Wheaties, Wilson, Hanes, McDonald's, Ball Park frank, Upper Deck, WorldCom, CBS SportsLine (Site web), Gatorade, Oakley, ou encore Rayovac. L’agent de Michael, David B. Falk (considéré comme l’agent le plus influent de l’histoire de la NBA), explique pourtant qu’avec son client, ils ont été très sélectifs dans le choix des sponsors, avec toujours une volonté de préserver une certaine image qualitative de Michael. Les entreprises partenaires de Jordan ont chacune bénéficié de l’image de la Superstar pour leur activité que ce soit en terme de résultat ou d’image, et on peux même dire que la carrière du sportif a impacté l’activité de ces dernières. Une étude universitaire a révélé que le premier retour de Jordan en NBA a entraîné une augmentation de la capitalisation boursière de ses entreprises clientes de plus d'un milliard de dollars. Enfin, selon le bimensuel américain Fortune, l’impact de Jordan va même jusqu’à toucher l’économie américaine. En 1999, le magazine économique le plus ancien d’Amérique du Nord estime que « Sa Majesté des Airs » avait déjà généré un profit de 10 milliards de dollars pour l’économie de son pays depuis ses débuts en NBA. Conclusion: En préambule, l’analyse portait uniquement sur Michael Jordan mais elle omet d’autres personnes importantes sans lesquelles MJ n’auraient pu performer aussi brillamment, en l’occurrence ses coéquipiers (surtout à l’époque des Chicago Bulls où il jouait dans une équipe de superstars). On peut également affirmer que Jordan est arrivé en NBA dans une période favorable pour son business; d’autres joueurs avant lui tels que Larry Bird, Julius Erving ou Magic Johnson ont initié une nouvelle ère pour la NBA dans les années 80. Et puis, la fin des années 80 et le début des années des années 90 marquent le fort développement des nouvelles technologies, dont profitent la NBA notamment à fins marketing et médiatiques (avec des matchs désormais retransmis à travers le globe). Le cas Jordan est très intéressant d’un point de vue marketing, principalement pour deux aspects; tout d’abord, dans l‘exercice de sa pratique, il a été en quelque sorte l’initiateur d’un phénomène très courant aujourd’hui, celui du partenariat des sportifs avec des entreprises de divers secteurs. Ensuite, il a su développer son business autour de son image après la fin de sa carrière sportive; on le voit bien à travers ses différentes activités et de sa popularité toujours intacte auprès des fans et des publicitaires. Avec l’étude des différents impacts économiques de Michael Jordan, la question de sa rémunération peut alors se poser. Aux Bulls, il perçoit lors des saisons 96-97 et 97-98 un salaire de 30M, un record à l’époque (soit 9 fois plus que ses premières années). Une somme énorme dans l’absolu, mais lorsqu’on voit tout ce qu’il a rapporté à sa franchise, n’est-elle pas sous évaluée? Un an avant l’arrivée de Jordan, Jerry Reinsdorf s’est porté acquéreur de 56% de la franchise des Bulls contre la somme de 9,2 millions de dollars. Elle fut évaluée à 200M en 1998, et aujourd’hui à près de 800M. Nul doute que Michael Jordan a joué un rôle dans cet accroissement significatif de la valeur de la franchise. Il en va de même pour les entreprises partenaires, même si l’impact est ici plus difficile à démontrer. Il n’en reste pas moins que, comme démontré vu avec la firme Nike, MJ est une personnalité intéressante pour toutes entreprises et que son prix est conséquemment très élevé. Bibliographie : (ang) http://www.unsportsmanlike.ca/whats-the-economic-impact-of-michael-jordan-video/ 11/10 (ang) http://www.livestrong.com/article/345979-michael-jordan-his-positive-impact-on-basketball/ 14/10/13 http://www.sport.fr/basket-nba/37088.shtm 14/10/13 http://www.forbes.com/sites/kurtbadenhausen/2013/02/14/how-michael-jordan-still-earns-80-million-a-year/ La Lettre du Sport, « A 50 ans, Michael Jordan capitalise » n°714, vendredi 22 février 2013 Superstars in the NBA: Economic Value and Policy, Jerry A. Hausman et Gregory K. Leonard, 1994, memorial University of Cambridge Massachusetts