L`atrésie du côlon en race bovine Prim Holstein
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L`atrésie du côlon en race bovine Prim Holstein
L’atrésie du côlon en race bovine Prim Holstein L’atrésie du côlon (atresia coli) a été décrite dans l’espèce bovine dès les années 70 et représente l’anomalie du tractus gastro-intestinal la plus fréquente. Il s’agit d’une anomalie congénitale (se manifeste dès la naissance). Elle correspond formellement à une occlusion complète du côlon (gros intestin). L’autopsie révèle un côlon proximal borgne et très dilaté par les gaz, éventuellement prolongé par un côlon terminal fonctionnel mais vide – voir photo ci-contre. Elle est létale en l’absence d’intervention chirurgicale. Des pathologies comparables ont été caractérisées dans d’autres espèces dont le cheval, le chat et l’homme. Des cas ont été rapportés dans plusieurs races bovines (Charolaise, Simmental, Prim Holstein). Dans cette dernière race, sa fréquence semble avoir augmenté au cours de la période récente. Sur environ 400 déclarations d’anomalies effectuées pour cette race de mai 2003 à septembre 2004 dans le cadre de « l’observatoire des anomalies bovines », plus d’une centaine pourraient correspondre à des cas d’atrésie du côlon. Symptômes [1] Les deux ou trois premières tétées sont effectuées normalement. On constate ensuite un déclin progressif de l’appétit. Le veau cesse généralement de s’alimenter au 3ème jour de vie. Parallèlement, on constate un gonflement de l’abdomen qui est dû à l’impossibilité pour les veaux atteints d’excréter toute matière fécale. L’anus est présent et généralement normal. L’ampoule rectale contient un mucus exempt de matière fécale. Les proliférations bactériennes provoquent une auto-intoxication ou une septicémie à l’origine de la mort qui intervient généralement entre le 3ème et le 8ème jour. Causes Deux causes ont été envisagées dans le passé pour cette anomalie. La première est le diagnostic de gestation précoce effectué par palpation trans-rectale avant le 42ème jour post insémination. Le pincement des enveloppes fœtales serait à l’origine de l’anomalie. Dans une étude récente conduite au sein de deux troupeaux Israéliens [2], les veaux issus d’une mère ayant subi un tel diagnostic de gestation présenteraient un risque d’atrésie du côlon 100 fois supérieur aux témoins. D’autres auteurs [3] ont présenté des résultats militant plutôt en faveur d’une hypothèse de transmission héréditaire de l’anomalie en race Holstein (déterminisme génétique autosomal récessif classique). Photo : JM Nicol Le fait de réussir à augmenter la proportion de veaux atteints en sélectionnant les accouplements est l’un des arguments les plus convaincants avancés par ce groupe de chercheurs américains. En conclusion La fréquence non négligeable de cette anomalie et la possibilité (qu’on ne peut écarter totalement à ce jour) qu’elle puisse avoir une origine héréditaire font qu’une attention particulière doit lui être accordée au cours des prochains mois. Le comité de pilotage de l’observatoire des anomalies bovines propose de mettre en œuvre un programme de recensement plus exhaustif des cas d’atrésie du côlon en s’appuyant sur le réseau des vétérinaires GTV (groupements techniques vétérinaires), des coopératives d’insémination et des organismes de contrôle laitier. Des prélèvements biologiques (sang, poils) seront également effectués sur les couples mères-veaux dans la perspective d’initier un programme de localisation de gènes de prédisposition si les informations recueillies confirment l’hypothèse de transmission héréditaire. Contact Alain Ducos, UMR INRA cytogénétique, ENV Toulouse [email protected] Références [1] JM Nicol (2003) Bulletin des GTV, 18, 51-52 [2] J Brenner et U Orgad (2003) J Vet Med Sci, 65, 141-3 [3] M Syed at RD Shanks (1993) Cornell Vet, 83, 261-2