Samedi

Transcription

Samedi
FOULONNEAU Léa Seconde 7
Samedi
Dans un quartier riche de Paris, je me trouve seul assis sur un banc, moi,
Pierre, j’attends comme tous les samedis depuis plusieurs années maintenant,
Julie, celle que j’aime plus que tout au monde. Julie est une jolie fille mince et
gracieuse, avec les cheveux ondulés doux comme la soie, blonde aux yeux bleus
mélangés de vert, son visage est long avec ce grain de beauté sur la joue qui la
rend encore plus éclatante. Ses pommettes donnent l’impression que son teint
est injecté de sang. Cependant, elle est blanche comme neige. Sa bouche est
mince et ses lèvres vermeilles lui donnent l’aspect d’une fille forte. Ses mains
sont fines et douces. Ce petit bout de femme est ma fierté.
Cela fait maintenant dix minutes que je l’attends, la boule au ventre car je
sais parfaitement que de la voir est prendre un très gros risque, car sa mère
n’est pas d’accord, mais je l’aime. C’est seulement au bout d’un quart d’heure que
je vois enfin sa belle chevelure blonde au loin ; elle
est
ravissante
comme
toujours.
Elle
porte
aujourd’hui une robe bleu nuit, qui met en valeur
son visage. Plus elle s’approche de moi, plus mon
cœur bat vite. Je me lève, elle court et saute dans
mes bras me glissant un « tu m’as manqué » dans
l’oreille. Nous nous asseyons tous les deux le sourire aux lèvres, nous sommes
heureux, fusionnels comme jamais. Nous sommes là, assis sur ce banc sous un
arbre duquel tombent des feuilles, je ne la quitte pas des yeux, plus je la regarde
plus je la trouve somptueuse. Nous avons plein de points communs. On se
ressemble tellement. Je prends des nouvelles de sa mère : «
Comment va ta
mère ma princesse ?
-
Cela pourrait aller mieux, mais elle fait maintenant de la chimiothérapie !
rétorqua- t-elle.
-
Et toi comment tu vas ?
-
Ϧa va ! me répondit-elle en baissant les yeux.
-
Tu en es sûre ? lui répondis-je inquiet.
-
Certaine ! dit -elle en souriant ».
Je n’ai pas le temps de la questionner plus, qu’elle m’indique qu’il est l’heure pour
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elle de rentrer. Elle me prend alors dans ses bras, je sens son cœur battre
contre mon torse, elle a mis ce parfum que je lui ai offert pour Noël. Au bout de
cinq minutes, elle me lâche et ajoute :
-
Je t’aime, à dans deux semaines !
Je t’aime aussi, dis-je.
Elle me regarde dans les yeux puis elle part. Je reste assis pendant dix longues
minutes. Ce « Je t’aime » résonne dans ma tête. Je sens dans sa voix que
quelque chose ne va pas, mais je n’en ai pas la preuve. Puis je repars pour
prendre mon train en direction de Reims, ville où j’habite. Je suis dans le train
et je reçois un message d’elle : Nous pourrons nous revoir samedi 18 novembre,
tu me manques déjà, je t’aime !
À la lecture de ce message, on peut voir un sourire se dessiner sur mon visage.
Le lendemain je me rends à la gare pour prendre un billet pour samedi. J’ai
réservé un restaurant afin que nous dînions ensemble ce jour-là.
Deux semaines sont passées. Nous sommes aujourd’hui vendredi 17 novembre,
demain je reverrai enfin son beau visage, je suis allongé dans mon lit, dans
l’incapacité de dormir, elle occupe mes pensées. J’ai hâte.
Nous voilà samedi. Après deux interminables semaines, je me trouve enfin à la
gare, j’attends mon train qui ne devrait pas tarder, il a actuellement vingt
minutes de retard. Je décide de lui envoyer un message afin qu’elle sache que je
ne serai pas l’heure, un message restant sans réponse.
Je suis enfin dans le train, pour la retrouver. Il est
11h45, il me reste trente minutes avant de pouvoir la prendre dans mes bras. Le
train me dépose à la gare et je me rends à notre endroit habituel sur ce banc, je
m’assois comme d’habitude, elle n’y est pas. Au bout de 10 minutes je lui renvoie
un message : Coucou mon ange, j’espère que tu n’as pas oublié notre rendez-vous,
réponds moi je t’aime. Nous avions rendez-vous à 13h, j’attends depuis plus d’une
heure maintenant, je m’inquiète, j’ai peur qu’il lui soit arrivé quelque chose.
J’appelle sur son portable, c’est sa mère qui répond : «
Allô ! répond-elle
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sèchement.
-
Oui, Marie, c’est Pierre, j’essaie d'avoir des nouvelles de Julie depuis ce
matin !
-
Julie est à l’hôpital Pierre ! dit-elle en pleurant.
-
Que s’est-il passé ? Quel hôpital ? lui demandais-je les larmes aux yeux.
-
Julie est dans le coma depuis quatre jours, elle se trouve à l’hôpital
Necker ! ajoute-t-elle, désemparée ».
Je raccroche sans la remercier, pris de panique je cours jusqu’à l’hôpital qui se
trouve à deux kilomètres. Je me trouve au bord de la route à courir dans le but
de la retrouver, je deviens fou à l’idée que sa mère ne m’ait pas prévenu. Me voilà
devant l’hôpital, je rentre et demande le numéro de sa chambre : « Bonjour
Madame, je voudrais le numéro de la chambre de Julie Valoti s’il vous plait !
demandai-je essoufflé, les yeux rouges.
-
Bonjour Monsieur, Julie se trouve dans la chambre 325, troisième étage,
à gauche ! répond-elle »
Je la remercie puis cours vers l’ascenseur, j’appuie sur le bouton, je me dirige à
l’intérieur de celui-ci, je presse le bouton 3, puis je monte en direction de sa
chambre. Je suis devant, j’entre et je la vois allongée sur ce lit d’hôpital, elle
est là inconsciente et moi je suis dans l’incapacité de l’aider, je m’assois à ses
côtés. Elle a les yeux fermés, elle est pâle et ses mains sont toujours ses
mains, elles sont chaudes, ses ongles vernis de ce noir intense. Je les tiens et je
me force à imaginer le monde sans elle, en vain. Je décide de lui parler :
« Que t’est-il arrivé mon ange ? »
Question à laquelle elle ne répond pas.
Quelqu’un frappe à la porte et rentre : C’est un homme, un docteur qui
m’explique que Julie s’est fait renverser par une voiture. Une larme se met à
couler sur ma joue, puis deux, puis des centaines.
Deux heures maintenant que je suis là en sanglots, à la regarder dans l’espoir
qu’elle se réveille. A bout de force et pris de fatigue je m’endors sur le fauteuil
à côté de son lit.
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Je suis réveillé en sursaut par le bruit assourdissant de ce
cardioscope auquel elle est reliée qui indique que son cœur est en train de
s’arrêter. Dans le couloir je peux entendre les médecins courir, je tremble, j’ai
cette impression que quelque chose meurt en moi, je m’approche difficilement
de son lit et lui dis :
« Ne me laisse pas je t’en supplie, sois forte, j’ai besoin de toi. »
Elle ouvre les yeux lentement, essaye de parler et me dit :
« Tu es mon unique amour, je t’aime, Papa »
Et c’est sur ces mots, qu’elle ferme ses yeux pour toujours, ce samedi 18
novembre, que son cœur s’arrête de battre, et que je perds mon unique fille.
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