APL - 4ème - doc n° 2 - l`oeuvre et l`espace suggéré, réel et virtuel

Transcription

APL - 4ème - doc n° 2 - l`oeuvre et l`espace suggéré, réel et virtuel
Ensemble de repères liés à l’espace et
sa représentation, sa présentation,
l’intégration de sa matérialité et sa
dématérialisation.
Qu’est-ce que l’espace ?
En arts plastiques, l’espace ne peut se limiter
à une seule définition. Physique, symbolique,
imaginaire il est fait lui-même à la fois de réel et
d’irréel. Naturel, construit, simulé, l’espace participe
pleinement à l’œuvre. Bien au-delà donc de sa seule
réalité physique, l’artiste a fait reculer les limites de
l’espace. Ainsi, l’espace peut être bidimensionnelle
ou tridimensionnel, il peut être un espace littéral ou
suggéré, il peut être matériel ou immatériel, il peut
être réel ou virtuel. Pour cette présentation rapide, le
parti pris choisi est chronologique. Ce n’est qu’un
parti pris car des artistes contemporains (de notre
époque) peuvent continuer à utiliser la perspective,
pourtant inventée au XVème siècle. Enfin, si les
moyens peuvent varier selon les époques, la prise en
compte de l’espace reste la problématique héritée et
partagée par tous les artistes au fil du temps…
Lignes et point de fuite de la perspective linéaire de
La flagellation du Christ de Piero della Francesca
La perspective atmosphérique
ou "aérienne"
consiste à créer l'illusion de la profondeur par
l'utilisation de dégradés de couleurs qui s'estompent
avec la distance. Ce type de mise en perspective
apparaît au XVe siècle dans le Nord de l’Europe,
grâce à la mise au point de la peinture à l’huile qui
permet de travailler plus lentement et délicatement.
Représentation de l’espace –
Période de la Renaissance, XVème siècle
Lorsque l’espace représenté donne l’illusion
de la profondeur, c’est un espace suggéré
Au XVème siècle différentes perspectives sont
mises au point. Voici les plus courantes :
La perspective linéaire (que l’on appelle aussi
« géométrique ») naît en Italie au XVe siècle (période
appelée Renaissance) grâce aux recherches d'artistes,
d'ingénieurs, de savants, de géomètres, de
mathématiciens souvent réunis dans les mêmes
personnes: Alberti, Piero della Francesca,
Brunelleschi, Léonard de Vinci. Cette théorie repose
sur la géométrisation de l'espace, rigoureusement
composé et admet que des lignes parallèles se
rencontrent à l'infini.
Source de l’image : http://pedagogie.ac-toulouse.fr
Piero della Francesca, La flagellation du Christ, 59
x 81,5 cm, 1455 (Renaissance italienne)
Pieter Bruegel l'Ancien, La pie sur le gibet, huile sur
bois, 45,9 x 50,8 cm, 1568
détail
>>>
Présentation de l’espace –
Période de la modernité, XXème siècle
Au XXème siècle, une part de l’art moderne cesse de vouloir donner l’illusion du réel. Ainsi, les artistes de la
modernité vont chercher à présenter et à prendre en compte l’espace tel qu’il est. C’est l’espace littéral qui est alors
présenté, celui qui est fait de largeur, hauteur, profondeur réellement mesurables. Ainsi, l’espace littéral du tableau de
Kandinsky ci-dessous fait 189 cm x 198 cm.
Source de l’image : http://www.centrepompidou.fr/education/ressources
Vassili Kandinsky, Tableau avec l’arc noir, Huile sur toile, 189 x 198 cm, 1912
Au tout début du XXème siècle, Kandinsky est le premier peintre européen à avoir osé ne pas représenter. Ainsi,
on y perd un rapport d’échelle. L’espace n’est plus représenté mais est celui, mesurables, des dimensions de la toile. On
parle alors de l’espace littéral car il est celui de la réalité. Par contre, la peinture est ici abstraite car elle ne fait plus
référence à la réalité par la représentation. Kandinsky peignait en pensant souvent à l’immatérialité de la musique à
laquelle il cherchait des correspondances avec la matière picturale.
Matérialité de l’espace réel –
Période contemporaine, XXème et XXème
Toujours en ce tout début du XXème siècle, Tatline déclarait mettre en œuvre « de vrais matériaux dans le vrai espace ».
L’espace dont parle Tatline est celui, bien réel, de la présentation de l’œuvre. Au cours du XXème siècle, l’œuvre
s’intègrera de plus en plus à son environnement physique pour y puiser du sens.
Vladimir Tatline, contre-relief d’angle, 1915.
Source de la référence : Catalogue « Qu’est-ce que la sculpture moderne », éd. C.G.P., 1986
C’est à partir de la seconde moitié du XXème siècle que la prise en compte de l’espace réel fera apparaître de nouvelles
formes de pratiques artistiques.
Voici les plus courantes :
L’installation est généralement un agencement dans l’espace de présentation d’objets et d’éléments indépendants les
uns des autres mais ayant une cohérence de sens. L’installation peut être in situ, c’est-à-dire construite pour entretenir
une relation particulière avec un espace architectural ou naturel. L’installation in situ n’a de sens que dans cet espace
précis car elle est conçue pour ce lieu. Sans être une installation, une œuvre peut être in situ.
Source de l’image : www.paris-art.com
Georges Rousse, photographie rendant compte de l’installation in situ et éphémère (de courte durée) à la villa Beatrix
Enea, Anglet, 2009
Georges Rousse trouble notre vision de l'espace. A l'exact inverse de l’espace suggéré de la Renaissance, l’artiste ne
crée pas une illusion de la profondeur sur un espace bidimensionnel mais crée l’impression d’une planéité (bi
dimensions) dans notre espace réel, tridimensionnel. L’espace est ici le matériau essentiel dans la construction de
l’œuvre. Entre illusion et réalité, l’espace devient double (3D et 2D) et trouble le spectateur. Ce point de vue ne pouvant
se voir qu’à un endroit précis, on peut parler aussi ici d’une anamorphose* .C’est aussi un point commun avec le point
de vue de la perspective linéaire de la Renaissance qui oblige le spectateur à un point de vue frontal par rapport au plan
du tableau !...
*Voir la définition dans le document n°1« L’image et la fabrication du sens».
Prendre en compte l’espace réel c’est aussi se confronter au temps réel. La performance nait aussi dans la seconde
moitié du XXème siècle. Elle intègre une dimension supplémentaire à l’espace : la 4ème dimension du temps…
La performance : Mode d’expression où l’évènement ou l’action et son déroulement dans le temps constitue
l’œuvre. Pour en garder le souvenir et conserver des traces matérielles, les performances sont souvent filmées ou
photographiées.
Source de l’image : catalogue.montevideo
Dans Relation in time (octobre 1977) Marina et Ulay Abramovic se tiennent pendant dix-sept heures adossés l'un à
l'autre, leurs cheveux entre-noués. Les cheveux se dénouent petit à petit et c’est la caméra vidéo qui enregistre cette
performance (74’54’’)
Désintégration de l’espace réel: l’immatérialité de l’espace virtuel
Période contemporaine, XXème et XXème
Des artistes de notre époque contemporaine utilisent les outils et supports numériques* pour mettre en forme un espace
immatériel. L’espace le plus immatériel et irréel est l’espace produit par image de synthèse* car il est totalement créé
par des calculs informatiques. Il s’agit toujours, mais avec des moyens différents par rapport à ceux de l’époque de la
Renaissance, d’un espace d’illusion.
*Voir les définitions dans le document n°1 « L’image et la fabrication du sens».
Source de l’image : www.ac-creteil.fr
Jeffrey Shaw avec Legible City en 1989 un des tout premiers à utiliser la Réalité Virtuelle à des fins artistiques.
Dans cette installation, le spectateur est invité à prendre place sur une bicyclette qui est située devant un très grand
écran, le tout étant relié à un ordinateur. L'œuvre propose au spectateur la visite d'un espace virtuel, composée de mots
au lieu de bâtiments. L’espace virtuel défile au gré des actions bien réelles du spectateur devenu participant. Cet
espace virtuel n’a aucune réalité à l’extérieur de cette programmation assistée par ordinateur. L’espace est double :
virtuel et mental (parcours dans l’espace qui de la ville) mais aussi fortement physique (bicyclette bien réelle, actions et
effort du pédalage du spectateur-participant).
Parce que le spectateur participe à la réalisation de l’œuvre, on dit qu’elle est interactive.
Objectifs : Reconnaître, situer des pratiques artistiques intégrant la question de l’espace suggéré, réel et virtuel
Reconnaître un espace suggéré : illusion de l’espace tridimensionnel par la perspective linéaire ou atmosphérique
(vues en 5ème). Période de la Renaissance: XVème siècle
Différencier l’espace littéral et suggéré : rupture de la modernité (XXème siècle) qui ne veut plus créer d’illusion
Reconnaître les particularités d’une installation, d’une performance : prise en compte de la réalité spatio-temporelle.
Identifier une réalisation virtuelle : la simulation de notre époque.