Ode -‐ THÉOPHILE DE VIAU

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Ode -‐ THÉOPHILE DE VIAU
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Ode -­‐ THÉOPHILE DE VIAU à EN QUOI CETTE ODE EST-­‐ELLE CARACTÉRISTIQUE D’UNE ESTHÉTIQUE BAROQUE ? Introduction : Théophile de Viau (1590-­‐1626) est un dramaturge et poète du XVIIème siècle, auteur principalement de recueil de poèmes, comme Œuvres Poétique (1621) dont Ode est extrait, mais aussi des Amours tragiques de Pyrame et Thisbé où Viau manifeste un refus mesuré des règles classiques, en particulier celles de l'unité d'action et des bienséances, et enfin l’essai Traité sur l’immortalité de l’Âme adapté de Platon. Théophile de Viau a appartenu au mouvement libertin, il a connu les prisons, a été poursuivi et banni, mais les œuvres poétiques dans lesquelles il rejette les croyances chrétiennes et manifeste un matérialisme épicurien donnent naissance à des poèmes comme Ode, le mot Ode étant utilisé ici de façon particulière, loin de la tradition du poème court à la structure régulière. Le thème et la tonalité du poème dévoilent un topos dramatique soigné par un registre lyrique et fantastique au service de la thématique baroque. En quoi cette Ode est-­‐elle caractéristique d’une esthétique baroque ? Nous verrons d’abord comment l’Ode, d’habitude chant hérité de l’Antiquité, prend une tournure ici curieuse et bizarre, puis par quels moyens l’esthétique de la surprise et du bizarre nous rend sensibles à la thématique baroque illustrée dans ce poème. I.
Une ode curieuse C’est une Ode bizarre car très courte : 2 dizains d’octosyllabes. Ode = éloge adressé à une personne aimé ou à une personnalité. MAIS ICI => climat d’angoisse : registre fantastique. § 1er dizain : 1 vers = 1 proposition, juxtaposé avec le vers suivant (sauf v.3 & 4 : enjambement). Successions d’hallucinations auditives (v.7 & 9) et visuelles (v.8 & 10). Accumulations de faits de plus en plus insolites => climat d’effroi qui s’installe : annonce d’une catastrophe. Première personne très présente (=> vbes de perception) => auteur = témoin => phénomènes décrits véridiques (impression). 4 derniers vers => ++ épouvante : colère du ciel, visions funèbres, hallucinations auditives, hyperbole (v.10). § 2ème dizain : accumulations d’images (citer) => renversement de situations & monde à l’envers (=TOPOS BAROQUE). Même structure que le 1er dizain. Les 6 vers représentent des impossibilités => images incompatibles (verbes<>sujet). Les 4 derniers vers => cataclysme, chaos (poète témoin : « je voy »). Temps : Présent => actualisation de l’horreur. Lecteur devient témoin (=comme le poète qui est témoin : démonstratifs « ce », « ces »). Le passé composé au dernier vers => irréversibilité du cataclysme (on n’y peut plus rien, ce qui est fait est fait => fatum). Le poème s’interrompt brutalement sans explication sur une image fantastique et un cosmos (=univers) bouleversé. II.
Une esthétique de la surprise et du bizarre Le “haut“ mal désarçonne mais fait peut-­‐être référence à la perte. § 2nde strophe = renversement du monde qui affecte l’ensemble de la Nature (Eau, Feu, Soleil, Lune, Espèces Naturelles, Espèces Végétales…). Lois naturelles inversées (v.16). Au vers 14 : espèces = bestiaire médiéval. © Clément ROCHON • 2012 • Tous droits réservés.
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Surprise provoquée par les figures de style : oxymore du « Soleil noir » (>chez Dürer) ; antithèse « le Feu brusle dedans la glace » Lexique des sensations (citer). La force du texte vient des évènements décrits comme réels (sensations). III.
Une thématique baroque Apparitions insolites : bestiaire disparate => bestiaire grotesque (car mélange d’espèces). Série d’apparitions se transforment en hallucinations/visions (V.8,9,10,11). Vers 9 : « soy » fait écho à « j’oy » (Enfers) => série d’images fantastiques. Topos des « Impossibilia » (chez Virgille = utilisation d’un topos antique) => jeu très baroque : combiner la réalités et les faits grâce à l’imagination. D’où : irruption d’images bizarres et violentes. Ici chaque vers = nouvelle vision inattendue => dérouter le lecteur. Monde renversé = monde instable => abondance des vbes de mouvement. Dernier vers : clôture du texte sur une image de déracinement. 2nde strophe = cataclysme. Inversion du monde naturel, éclipse (obscurcissement du monde), déséquilibre. Futur immédiat de « va choeir » (=descendre, tomber) accroît l’instabilité et angoisse. Les contraires sont réunis et confondus. Le poème s’achève dans une atmosphère d’apocalypse (= récit de fin du monde). La fin est proche => tonalité dramatique et fantastique (=> trouble, inquiète) => les apparences du monde peuvent se métamorphoser => chute du monde. Enfin : le poème s’achève brutalement (inachèvement => BAROQUE). Le Baroque est hostile à l’œuvre achevée : il est ennemi de toute forme stable. Le baroque est poussé à se dépasser toujours, à défaire sa forme au moment qu’il invente pour se porter sous une autre forme. Conclusion : © Clément ROCHON • 2012 • Tous droits réservés.
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