valeur ajoutée et répartition des revenus primaires

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valeur ajoutée et répartition des revenus primaires
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VALEUR AJOUTÉE ET RÉPARTITION
DES REVENUS PRIMAIRES
La valeur ajoutée est la richesse créée par l’activité économique. C’est la différence entre la valeur de la production et les biens ou services utilisés pour produire. C’est elle qui est à l’origine des revenus reçus par ceux qui ont participé à
la production (revenus primaires).
FORMATION ET RÉPARTITION DE LA VALEUR AJOUTÉE
q La combinaison des facteurs de production
Les facteurs de production sont tous les moyens en travail et en capital qu’une unité de
production associe pour la production de biens ou de services, en combinant diverses quantités des deux. Le chef d’entreprise choisit entre les différentes associations qui constituent
les techniques de production, en recherchant la plus grande compétitivité-prix possible.
Le travail représente la force de travail utilisée en contrepartie d’une rémunération. Le
capital se présente sous forme monétaire ou technique.
q La répartition de la valeur ajoutée
Une partie de la richesse créée permet au producteur de maintenir la valeur du stock de
capital fixe dont il dispose, puisque ce capital subit une usure (amortissement). Une fois celleci déduite, on rémunère les acteurs économiques ayant participé à sa création de la VA, principalement les apporteurs de travail, qui en reçoivent près de 60 %. Les pouvoirs publics, qui
participent indirectement à la création de richesses (formation de la main-d’œuvre, infrastructures de communication…), en reçoivent une part stable d’à peu près 10 %, sous forme
d’impôts liés à la production (taxe professionnelle et taxe foncière pour l’essentiel). Une autre
partie permet de rémunérer les apporteurs de capitaux, qui reçoivent des dividendes s’ils
sont propriétaires de l’entreprise (actionnaires) et des intérêts quand ils sont créanciers. La
dernière fraction de la VA est conservée par les entreprises comme bénéfices en réserve, qui
s’ajoutent aux amortissements pour autofinancer leurs investissements.
q L’évolution de la répartition de la valeur ajoutée en France
Au cours de la dernière moitié du XXe siècle, deux grandes phases se dégagent dans
l’évolution du partage de la valeur ajoutée. Jusqu’en 1982, la part des salaires dans la valeur
ajoutée augmente irrégulièrement. À partir de 1982, la situation s’inverse. La part des entreprises (taux de marge), qui jusque-là diminuait, croît au détriment de la part des salaires.
Cette inversion de tendance résulte d’une politique de rigueur visant à lutter contre l’inflation par une modération des hausses de salaires. Cette politique s’est conjuguée aux pratiques d’individualisation salariale rompant avec le processus d’indexation (ajustement des
salaires à la hausse des prix). Elle a favorisé le rapprochement de la croissance des salaires
de celle de la productivité du travail, d’où l’augmentation du taux de marge et le ralentissement des coûts de production. De plus, en ajustant systématiquement leurs effectifs au
volume de la production, les entreprises ont pu freiner la progression de la masse salariale,
d’autant que la montée du chômage rendait le marché du travail plus concurrentiel et peu
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favorable aux revendications salariales. Enfin, les entreprises ont profité d’une conjoncture
mondiale favorable entre 1986 et 1990, puis à la fin des années quatre-vingt-dix.
LA RÉPARTITION DES REVENUS PRIMAIRES
Dans le langage courant, un revenu est un flux qui revient à quelqu’un. Pour l’économiste,
c’est ce qu’un individu peut consommer sans s’appauvrir. Toute ressource autre qu’une diminution du patrimoine est donc un revenu, même si elle est exceptionnelle (gain aux jeux).
q Le revenu national, somme des revenus primaires
Le revenu national est la somme des revenus versés aux agents nationaux (revenus primaires), les rémunérant pour leur contribution à la production. Tous proviennent par conséquent de la valeur ajoutée. La plus grande partie de cette richesse est créée sur le territoire
économique; elle est mesurée par le produit intérieur brut (somme des valeurs ajoutées
des unités de production résidentes, plus TVA, plus droits de douane, moins subventions à
l’exportation). Une fois déduit l’amortissement, on obtient le produit intérieur net.
Par ailleurs, une partie des revenus part à l’étranger. À l’inverse, des revenus perçus à
l’étranger sont rapatriés par des résidents (travailleurs français frontaliers). Si l’on tient
compte de ces mouvements, on passe du produit intérieur net au revenu national net aux
prix du marché, c’est-à-dire à l’ensemble des revenus distribués.
q La répartition du revenu national
Les ménages reçoivent plus de 80 % du revenu national, sous deux formes. Les revenus salariaux rémunèrent un apport de travail. Les revenus du patrimoine rémunèrent un
apport matériel (loyer en échange d’un bâtiment ou d’un logement) ou un apport de capital (contre des dividendes et intérêts). Certains revenus sont appelés mixtes, ou revenus
non salariaux, car ils résultent à la fois du travail et du capital fournis pour produire (honoraires ou bénéfices de l’exploitant agricole, l’artisan, ou du commerçant). Une autre partie
du revenu national va à l’État sous forme d’impôts et taxes, qui sont destinés à faire fonctionner les services non marchands. La dernière partie du revenu national va aux entreprises sous forme d’épargne, qui leur permet d’accumuler du capital par l’investissement.
L’ ÉVOLUTION
DES REVENUS ENTRE
1995
Type de revenu
ET
2005
1995
2005
(en milliard d’euros)
Loyers perçus par les ménages
Revenus des entrepreneurs indépendants
Salaires et traitements bruts
intérêts
Évolution
en %
101,2
160,6
+ 58,7
77,2
94,1
+ 22,0
452,7
660,6
+ 45,9
56,7
37,9
– 33,1
Revenus distribués des sociétés
28,5
59,3
+ 107,9
Revenus de la propriété attribués aux assurés
22,9
38,2
+ 66,3
Source : INSEE, Comptes nationaux, in Alternatives
conomiques
, n° 70, 4e trimestre 2006.
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