FIFA. Les confidences de Jamal Mikou: Sepp Blatter

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FIFA. Les confidences de Jamal Mikou: Sepp Blatter
FIFA. Les confidences de Jamal Mikou: Sepp
Blatter, Jack Warner, 2006 et 2010
Au lendemain de la réélection de Sepp Blatter à la tête de la FIFA, Médias 24
revient avec Jamal Mikou sur les événements de ces derniers jours et le
fonctionnement de la fédération internationale de football.
Jamal Mikou a notamment dirigé la communication du comité de candidature du
Maroc à l'organisation de la coupe du Monde 2006 finalement octroyé à
l'Allemagne.
Jamal Mikou n'a pas douté de la réélection de Blatter à la tête de la FIFA. Le Suisse, 79
ans, y a démarré sa carrière en 1975 en tant que directeur du développement avant d'en
être le secrétaire général sous la président du Brésilien Joao Havelange.
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Election verrouillée d'avance
«Blatter connaît tous les rouages, tous les dirigeants des 209 fédérations du monde.
Son job en tant que secrétaire général était de tenir réunion sur réunion avec les
fédérations et les six confédérations continentales», avance-t-il. «Il connaît absolument
tout le monde et tous les rouages». «Tout est prévu à l'avance, verrouillé. Blatter a
assez d'expérience pour ne pas improviser».
«C'est surtout après les J.O. de 1984 à Los Angeles que l'argent et la télévision ont
propulsé le football au rang de sport-roi. Havelange et Blatter ont compris cela. Avant
1980, la FIFA priait les pays pour organiser la Coupe du Monde. Avec l'expérience
américaine, les choses sont allées très vite jusqu'à commencer à exploser après le
mondial organisé aux Etats-Unis en 1994 ».
ur les scandales financiers et de corruption qui ont éclaté au grand jour mercredi
S
dernier, Mikou n'est pas étonné de la réaction de Blatter. 'Un homme politique aurait
démissionné mais lui a dit : 'Je reste pour nettoyer '. Et même s'il a une responsabilité
politique, il a pu obtenir 133 voix sur 209 votes au premier tour vendredi dernier contre
son challenger Ali Ben Hussein. Il y a deux jours, c'était la première fois que Blatter a eu
besoin d'un second tout pour être élu. Depuis 1998, il a été élu et réélu quatre fois sans
deuxième tour.
Le cœur du dossier est qu'en matière de choix du pays organisateur et
«
d'organisation des votes, c'est Blatter qui décide».
S'il décide que l'Afrique du sud, la Russie ou Qatar auront la coupe du monde, ils
«
l'auront. Le comité exécutif est composé de 25 personnes intouchables, qui ne rendent
compte à personne sauf au président».
'Pour 2006, nous avions instruction de ne pas donner un centime'
ikou aborde les candidatures du Maroc à l'organisation des coupes du monde de 2006
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et de 2010. C'est la première qu'il aborde le sujet dans un média marocain.
Pour le mondial 2006, nous avions un an pour nous préparer. Driss Benhima avait été
«
nommé président-délégué du comité de candidature du Maroc quelques semaines avant
le décès de Hassan II en juillet 1999, soit un an avant le vote à la FIFA en juillet 2000
pour désigner le pays organisateur du mondial 2006. Tout est affaire de réseau. 12 mois,
c'est peu pour s'en constituer un de solide». Les désignations du pays organisateur du
mondial se fait six ans à l'avance en règle général, sauf dans le cas du Qatar, 10 ans.
Interrogé sur les contacts du comité Maroc 2006 avec le sulfureux Jack Warner, Mikou
se souvient qu'«il est venu au Maroc comme tous les autres membres du comité
exécutif». «Nous avions instruction, et je me souviens de discussions avec MM. Driss
Benhima et Ali Fassi-Fihri, de ne verser aucun dirham de pot-de-vin ou quelque chose
du genre. Naturellement, lorsque les gens de la FIFA arrivent au Maroc, ils étaient traités
en super-VIP mais les attentions s'arrêtaient là». «Nous avions eu vent de ce qui se
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serait passé entre Abdellatif Semlali et Jack Warner pour la course au mondial 1994 mais
ce n'était pas notre problème», rappelle Mikou.
u cours de la compétition pour organiser le mondial de 1994, l'ancien vice-président de
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la FIFA et membre du comité exécutif de la FIFA Jack Warner, inculpé mercredi dernier
par la justice américaine de faits de corruption en relation avec le mondial 2010, aurait
sollicité les Marocains pour toucher un million de dollars. Ce million ne lui a pas été versé
et il en a tenu rigueur au Maroc.
'En 2010, Blatter voulait l'Afrique du sud'
Dans la course au mondial de 2010, Warner fera pencher la balance en faveur de
l'Afrique du sud en échange d'une somme de 10 millions de dollars promise par l'Afrique
du sud et finalement versée à partir d'un compte de la FIFA pour construire une école de
football à Trinidad sur un terrain lui appartenant. Deux des fils de Warner sont également
inculpés par la justice américaine pour faits de corruption et de blanchiment. L'un des fils
de Jack Warner, Daryll a collaboré avec le FBI américain pour les besoins de l'enquête.
algré cela indique Mikou, «Blatter avait décidé que ce serait l'Afrique du sud. Cela je
M
crois que nous ne l'avions pas compris. Cela s'est aussi joué entre Blatter et Nelson
Mandela». Aujourd'hui, cela se confirme à travers le transit des 10 millions de dollars par
un compte de la FIFA.
ikou confirme ce que déclarait Saïd Belkhayat sur ces mêmes colonnes jeudi dernier:
M
«A 20 heures la veille du vote à Zürich en 2004, le Maroc était en tête. Blatter a tout
changé dans la soirée. A 3 heures du matin, des membres de la délégation marocaine
ont reçu des appels leur annonçant la mauvaise nouvelle officialisée le lendemain».
La désignation de l'Afrique du sud était intervenue en 2006, après que la FIFA ait
instauré le principe d'un mondial tournant sur les différents continents. «Pourtant nous
avions des stades en construction, une expérience. Pour 2006, nous avions des
maquettes. Pas pour 2010 ».
«Aujourd'hui tout le monde reconnait que c'est grâce au Maroc de Mexico 1970, celui
des candidatures aux mondiaux de 1994, 1998 et de 2006, que la FIFA est arrivée au
principe de l'organisation tournante et donc du mondial africain».
«Certes nous avions des points faibles. On nous interrogeait sur la consommation
d'alcool par les supporters, un mondial qui coïnciderait avec les dates du ramadan ou
l'éventualité de la qualification d'Israël à un mondial qui se tiendrait au Maroc. Nous
avions des réponses».
«Aux Etats-Unis où la consommation d'alcool est interdite sur la voie publique, en 1994
les autorités ont créé des zones réservées et sécurisées pour que les supporters
puissent faire la fête», rappelle Mikou.
Travailler dans la durée
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Que ce soit pour le choix d'un président ou l'organisation d'un mondial, le secret réside
dans le fait de faire les choses dans la durée, créer et cultiver des réseaux. A part
Belkhayat à la CAF, nous n'avons jamais eu un Marocain au comité exécutif ou un
Marocain vice-président de la FIFA. Les Tunisiens oui, les Congolais oui, les Jordaniens
oui, le Qatar également». «C'est dommage, regrette Jamal Mikou. Le foot mobilise les
gens, a un impact politique, financier, social. Il est source de travaux d'infrastructures. Il
faut travailler dans la durée».
Marathonien depuis une dizaine d'années, le directeur de la communication de TMSA
sait de quoi il parle, 15 ans après l'expérience de la course au mondial de 2006, 48
heures après la réélection Blatter à la tête de la FIFA même si l'UEFA, Washington,
Ottawa et Canberra souhaitaient sa défaite.
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