Présentation de Pierre Fortin
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Présentation de Pierre Fortin
L’union monétaire avec les États-Unis est-elle souhaitable? Pierre Fortin, UQAM ASDEQ-Québec, mai 2008 Réponse • L’union monétaire avec les États-Unis est : 1) économiquement souhaitable 2) politiquement improbable • Il faudra continuer à vivre avec le régime monétaire actuel pendant longtemps Oubliez Bretton Woods (et Buenos Aires) • La fixation molle du taux de change, conçue à Bretton Woods en 1944, n’a survécu nulle part aux attaques spéculatives depuis 20 ans • Même la fixation beaucoup plus dure du taux de change par un conseil monétaire de type argentin (base monétaire en USD, fixation par loi du parlement, etc.) n’a pas résisté aux attaques Seuls deux régimes sont soutenables • La circulation internationale libre et fluide de 3 000 milliards USD de capitaux financiers quotidiennement ne permet plus de soutenir que deux régimes monétaires : 1) une monnaie propre avec taux de change flexible permettant de cibler un taux d’inflation bas et stable 2) une monnaie commune maintenue par dollarisation (Équateur) ou par union monétaire (UME) Le CAD en régime flexible É volution du taux de change du dollar canadien (en cents US par dollar CA) de janvier 1976 à mars 2008 ¢US 110 100 90 +65% -31% 80 +25% -29% 70 60 1980 1985 1990 1995 2000 2005 Première question Est-ce que la croissance de nos échanges commerciaux est plus lente avec un CAD qui varie de 25% à 60% à tous les 5 ou 10 ans que si nous étions en union monétaire avec les États-Unis? Réponse Ben oui La queue qui fait branler le chien • Les secteurs de l’extraction et de la première transformation des ressources naturelles représentent moins de 15% de l’économie • Mais ils sont à la source de 90% des variations subies par le taux de change du CAD • Les fluctuations du CAD transforment une instabilité sectorielle en instabilité globale • Elles augmentent sensiblement le risque de faire des affaires à partir du Canada L’effet Rose • L’impact d’une union monétaire sur le volume du commerce entre deux pays est « considérable » (Andrew Rose, 2000) • L’impact de l’UME sur les échanges entre pays membres est « majeur » – de 10% à 30% (plusieurs études, 2002-2007) • L’ouverture aux échanges internationaux est un facteur important de progrès de la productivité et du niveau de vie (Trefler) Deuxième question Est-ce que l’abandon du régime monétaire canadien actuel – cible d’inflation à 2% et taux de change flexible – en faveur d’une union monétaire nord-américaine serait une perte sensible pour l’économie canadienne? Réponse Pas une miette Faire d’une pierre deux coups • Sans cible officielle, les États-Unis ont maintenu leur taux d’inflation à un niveau bas et stable depuis 20 ans • Dans une union monétaire, le Canada importerait le taux d’inflation américain: -- comme il a pu le faire de 1962 à 1970 -- comme le Texas le fait depuis toujours • On aurait à la fois un taux d’inflation stable et un taux de change stable Impossibilité politique • Abandonner le huard serait vu comme une « humiliation nationale » au Canada • Une union monétaire avec les USA n’aurait aucune légitimité politique au Canada • L’industrie financière canadienne devrait se soumettre aux lois et règlements américains • Les USA n’accepteraient pas de partager leur souveraineté monétaire (profits de la banque centrale, prêts de dernier ressort, formulation de la politique monétaire) Double menace pour le Canada • Les acquis du libre-échange affrontent aujourd’hui deux embûches : 1) l’instabilité du taux de change du CAD 2) la montée du protectionnisme aux USA Deux solutions 1) Bien jouer nos cartes avec les USA (sécurité, énergie, amitié) 2) Prier (Dieu le Père, Allah, Bouddha, Manitou, Krishna,…) Mot de la fin « Avec les Américains, il ne faut jamais négocier. Dès que t’acceptes de t’asseoir avec eux, t’es fait. » Carl Grenier DG du CLEBO