Indispensable stabilité par Hans Tietmeyer

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Indispensable stabilité par Hans Tietmeyer
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Cahier
« Initiatives-Emplois »
11 pages d’offres d’emplois
MERCREDI 8 JANVIER 1997
CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16159 – 7 F
Corée du Sud :
la grève contre
la flexibilité
du travail
se durcit
LE MOUVEMENT de protestation contre le nouveau code du
travail en Corée du Sud s’étend. Le
président Kim Young-sam a affirmé, mardi 7 janvier, que la législation, qui simplifie notamment les
procédures de licenciements, était
« nécessaire » et constituait une
« stratégie de survie » face à la
mondialisation. Plus de 150 000 salariés sont en grève.
Des affrontements ont opposé,
lundi, des milliers de manifestants
aux policiers anti-émeutes. Les
syndicats envisagent une intensification du conflit si le gouvernement maintient ses poursuites à
l’encontre de dirigeants ouvriers.
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et notre éditorial page 14
Le triomphe
de la banlieue
a
LA MOITIÉ de la population
française habite désormais à
la périphérie des villes-centres.
Comme le montre l’exemple de
l’agglomération de Montpellier,
dont la population a triplé en
trente ans, le phénomène de « dissémination urbaine » n’a pas été
maîtrisé, et il s’accompagne de
profondes modifications. Les villes
s’étalent en juxtaposant des zones
spécialisées − de résidence, d’activité ou de commerce − qui modifient les relations sociales et les
comportements individuels.
La culture urbaine du XXIe siècle
est en train de s’inventer. A partir
des banlieues, cette fois.
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« Time Rocker »
à l’Odéon
Des ex-gendarmes de l’Elysée participeraient
au recrutement de mercenaires pour le Zaïre
Les autorités françaises démentent toute implication et condamnent ces agissements
FORTE de deux à trois cent personnes, une « légion blanche », formée de mercenaires européens et
africains, se constituerait pour aider l’armée régulière zaïroise en
difficulté face à la rebellion dans
l’est du pays. Cette troupe chercherait à recruter certains membres de
l’opération, avortée, de Bob Denard aux Comores, d’anciens de la
Légion étrangère française et des
troupes d’élites britanniques.
Deux anciens gendarmes français, dont un officier, participeraient à cette opération en liaison
avec une société privée sud-africaine, Executive Outcomes, qui dément officiellement toute implication dans le conflit zaïrois. Alain Le
Carro, ancien chef du Groupe de
sécurité de la présidence de la République sous François Mitterrand,
participerait au recrutement de ces
mercenaires. Il serait en liaison
avec Robert Montoya, un ex-gendarme considéré comme proche de
TEXAN installé à New York, Robert
Wilson n’a rien perdu, à cinquantecinq ans, de l’hyperactivité qui le caractérise. Depuis l’enfance, dit-il, on
lui reproche d’« en faire trop ».
Il s’installe pour quinze jours au
Théâtre national de l’Odéon, avec la
troupe et les musiciens du Théâtre
Thalia de Hambourg, pour y présenter Time Rocker, comédie musicale
écrite par le poète américain Darryl
Pinckney et le compositeur Lou Reed.
Robert Wilson va ensuite mettre en
scène Pelléas et Mélisande à l’Opéra de
Paris.
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Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche,
25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ;
Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 14 KRD ;
Espagne, 220 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce,
380 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg,
46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas,
3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ;
Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 15 KRS ; Suisse, 2,10 FS ;
Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.
la cellule antiterroriste mise en
place à l’Elysée en 1982 et aujourd’hui dissoute.
L’Elysée et Matignon déclarent
tout ignorer de cette affaire. Le ministère de la défense indique que ce
recrutement de mercenaires dépend d’initiatives privées qui
s’exercent hors du cadre militaire, y
compris celui des services spéciaux. Depuis la fin 1991, l’assistance fournie par l’armée française
LONDRES
de notre correspondant dans la City
Depuis les affaires de corruption à l’échelle
européenne, dévoilées par l’enquête sur les
comptes de l’Olympique de Marseille, les financiers de la City sont dans leurs petits souliers à crampons. Mélangez les révélations sur
les pratiques frauduleuses, découvertes par le
juge d’instruction Pierre Philipon (Le Monde
du 3 janvier), au récent scandale du même
genre qui a frappé le football anglais et l’on
comprend l’ampleur du discrédit jeté sur un
placement qui n’a plus rien de folklorique : les
titres des clubs professionnels anglais.
« Ces affaires soulignent le talon d’Achille du
placement foot et les carences des dirigeants de
club (...) A l’avenir, les sponsors pourraient renâcler à soutenir un sport dont la réputation
sent le soufre », explique Paul Wedge, expert
auprès du courtier londonien Collins Stewart.
Aux yeux des gestionnaires de portefeuilles de
la première place boursière européenne, le
cas OM met en lumière les défauts inhérents
à cet investissement, très en vogue depuis le
début de l’année : l’absence de tout contrôle
financier ou le recours à des intermédiaires
pour organiser les transferts.
La défiance des fonds d’investissements et
de retraites anglo-saxons est d’autant plus
compréhensible qu’ils sont considérés comme
responsables de la flambée des cours des actions des clubs comme Manchester United ou
Tottenham Hotspur, inscrites au London
Stock Exchange, ou de Chelsea F.C., négociées sur le marché réservé aux petites et
nouvelles sociétés. D’autres grands clubs,
comme Newcastle ou Liverpool, envisagent à
leur tour d’entrer en Bourse.
Par ailleurs, dans la plus pure tradition des
OPA sauvages ayant cours à Wall Street, des
consortiums puissants tentent de mettre la
main sur des clubs en difficulté. Les droits de
retransmission télévisée et les recettes du mécénat commercial échelonnées sur plusieurs
années conjugués à des assistances records
dans les tribunes expliquent cet engouement
aux forces zaïroises est de plus en
plus réduite et il n’existe pas d’accords de défense liant Paris et
Kinshasa.
Lire page 3
Lire page 6
AR-DELÀ tous les
camps politiques, un
large consensus règne
dans
l’Allemagne
d’après guerre sur l’importance
d’une monnaie stable. Les douloureuses conséquences de deux hyperinflations du passé et les expériences positives faites avec le
deutschemark et sa fermeté y ont
contribué.
Récemment, cependant, le débat
public a éveillé des doutes quant à
la validité de ce consensus. Certes,
des débats analogues ont déjà été
menés après la guerre. Se déroulant dans la période de transition
vers l’Union monétaire européenne et avec en toile de fond des
fluctuations monétaires particulièrement fortes durant la première
partie des années 90, ce nouveau
débat semble – en tout cas dans
certaines de ses expressions – avoir
pris une nouvelle dimension.
Depuis un certain temps, par
exemple, le maintien d’une politique de stabilité se voit parfois discrédité et considéré comme une
pratique déflationniste. On entend
même encore plus souvent dire
qu’il est nécessaire de donner la
priorité à la stabilité des taux de
change au détriment de la stabilité
du niveau des prix domestiques –
et l’on pense évidemment ici à la
stabilité nominale des taux de
change et non pas à la stabilité
réelle, c’est-à-dire compte tenu des
variations de prix.
Dernièrement, ce débat a de plus
en plus été mené dans le contexte
de la discussion portant sur l’intégration monétaire en Europe. Il at-
teint ainsi une toute nouvelle dimension, et il n’est pas rare qu’il
débouche sur l’affirmation du postulat de l’Union monétaire européenne à tout prix, donc d’une
Union monétaire qui aboutirait à
un euro plutôt faible que fort.
Les partisans d’un affaiblissement de la monnaie pour des raisons concurrentielles, qui le disent
ouvertement ou en catimini,
semblent ignorer les interactions
existant entre les stabilités interne
et externe d’une monnaie. Ils oublient que, dans le passé, l’Allemagne a eu – grâce à la stabilité de
sa monnaie – des taux d’intérêt
parmi les plus bas au monde. Ceci
a été – et reste – un avantage
concurrentiel inestimable, sans
parler des effets positifs que la
monnaie stable a sur les coûts. Le
fait que de telles stratégies de dévaluation soient en contradiction
avec le traité de Maastricht et, a
Un héritage
allemand
a
HÉRITIER d’une famille juive
ayant fui le IIIe Reich, l’Américain Peter Sonnenthal tente de récupérer des terrains près de Berlin. Appelant l’Allemagne à un « face-à-face
avec sa responsabilité collective », il se
heurte à l’opposition des actuels résidents. Enquête entre passé et présent.
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Sauvetage
dans la tempête
a
à la corbeille. Ce boom a culminé avec l’Euro 96 et le Championnat d’Europe des nations
qui s’est tenu en juin en Grande-Bretagne.
Pourtant, malgré l’affaire de l’OM, la
confiance est toujours là. La découverte par
un chercheur britannique d’un moyen de prédire avec précision les mouvements sur les
marchés financiers en étudiant le comportement des spectateurs durant les matches
n’est peut-être pas étrangère à cet enthousiasme. Après tout, une rencontre ressemble,
à bien des égards, à une séance de transactions boursières. Un choc de titans virils est
toujours imprévisible. Rien n’illustre mieux la
popularité à long terme de l’investissement
football que le « spread betting », ce système
de paris, très risqués, sur les fourchettes de
résultats boursiers ou sportifs. Pour la première fois, le total des mises sur le championnat d’Angleterre vient de dépasser celui des
courses hippiques.
Marc Roche
POINT DE VUE
Indispensable stabilité
Les inégalités
de revenus
continuent
d’augmenter
en France
LES INÉGALITÉS se sont beaucoup plus développées depuis le début des années 90 qu’au cours de la
décennie précédente. Tel est le
constat dressé par le dernier rapport du Conseil supérieur de l’emploi des revenus et des coûts
(Cserc), qui a été rendu public mardi
7 janvier. De 1989 à 1994, les revenus
du patrimoine ont ainsi progressé
de 3,9 % l’an, alors que les revenus
d’activité ont, en moyenne annuelle, chuté de 0,5 %. Par ailleurs,
l’emploi a reculé de 150 000 postes
durant cette période. La montée du
chômage, qui a atteint un niveau record, a été freinée par un développement important du travail à
temps partiel.
La corruption dans le football secoue le « kop » de la City
P
ROBERT WILSON
FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI
Vaste opération de sauvetage dans les
50es hurlants pour récupérer les deux
marins du Vendée Globe.
p. 19
a
Bis vendu
La société de travail intérimaire passe
entre les mains du néerlandais Vendex,
qui constituera le numéro trois mondial de l’intérim.
p. 16
Polémique
à la chancellerie
a
Le procureur général de Grenoble accuse Jacques Toubon d’avoir « monté
un coup » pour le muter.
p. 9
La reconversion
de Sao Paulo
a
par Hans Tietmeyer
fortiori, avec son interprétation par
les deux Chambres du Parlement
allemand et par la Cour constitutionnelle semble soit être ignoré,
soit être volontairement négligé.
Sa persistance à vouloir poursuivre
une politique fondée sur la stabilité
monétaire interne a valu à la Bundesbank de se voir reprocher une
conception trop exclusive de ce
principe, voire de pratiquer le « fétichisme de la stabilité ».
Pour éviter tout malentendu, il
faut rappeler que la Bundesbank
est pour la voie de l’Union monétaire européenne telle qu’elle a été
décidée dans le traité de Maastricht. Elle participe intensément
aux travaux des instances compétentes aux niveaux national et européen afin de résoudre les multiples tâches techniques, souvent
compliquées, allant de l’harmonisation des instruments de la politique monétaire, jusqu’alors très
variés en Europe, à l’instauration
d’un système de règlements entièrement remodelé et modernisé, en
passant par l’établissement de la
structure et du cadre juridique de
la Banque centrale européenne et
de l’euro.
Les interventions publiques de la
Bundesbank pour que l’Union monétaire devienne véritablement et
durablement une union de la stabilité – comme le traité de Maastricht
le prévoit d’ailleurs lui-même et
comme le veut visiblement la majorité de la population – sont encore plus importantes. La Bundesbank plaide, dans un mouvement
unanime, pour que soient créées
les conditions économiques et politiques permettant de garantir durablement à l’euro, une fois celui-ci
institué, le même niveau de stabilité monétaire que celui du
deutschemark. Ce n’est pas seulement le consensus régnant dans
notre pays sur la question de la stabilité qui lui en confère la légitimité. Elle y est tenue par la loi. Dans
l’article 3 de la loi sur la Bundesbank, le législateur lui demande
d’« assurer la sauvegarde de la
monnaie ». La formulation « assurer la sauvegarde de la monnaie »
ne semble cependant pas assez
précise quand il s’agit de savoir s’il
faut donner la priorité à la stabilité
monétaire intérieure plutôt qu’à la
stabilité des taux de change.
Lire la suite page 13
Hans Tietmeyer
sident de la Bundesbank.
est pré-
Des centaines de milliers d’emplois ont
disparu de la banlieue de Sao Paulo
après la reconversion de cet ancien fief
brésilien de l’industrie automobile. p. 5
Orchestre national
de Barbès
a
Le groupe créé par une bande de copains d’origine maghrébine, fer de
lance de la « Bougnoule Connexion »,
se produit à Créteil.
p. 24
a
Sauce Cuba
La Havane envahit la cuisine parisienne. Jean-Pierre Quélin y a salivé. A
lire aussi, la déconfiture imméritée de
la sardine à l’huile.
p. 21
Travailler
en prison
a
L’administration pénitentiaire est à la
recherche de nouveaux débouchés
pour les détenus.
p. 8
International ............. 2
France .......................... 6
Société ......................... 8
Régions ........................ 10
Carnet........................... 11
Horizons...................... 12
Entreprises ................. 15
Finances/marchés..... 17
Aujourd’hui ................ 19
Agenda......................... 22
Abonnements............ 22
Météorologie............. 22
Mots croisés............... 22
Culture......................... 23
Communication........ 26
Radio-Télévision....... 27

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