La révolution musicale

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La révolution musicale
Philippe Axel pour Decitre www.philaxel.com La révolution musicale Liberté, Egalité, Gratuité Pearson / Village Mondial Le premier livre dont vous gardez souvenir ? La planète des singes de Pierre Boule Le prochain livre que vous allez acheter ? Et pourtant, je me suis levée tôt… de Elsa Fayner Celui que vous avez relu le plus souvent ? Le grand pouvoir du chninkel de Rosinski et Van Hamme (BD) Le livre que vous auriez aimé écrire ? Bruits (essai sur l’économie politique de la musique) de Jacques Attali Le dernier livre qui vous ait marqué ? Le scaphandre et le papillon de Jean Dominique Baudy Le héros littéraire que vous auriez aimé être ? Casanova, J’aurais été à la fois romantique et libertin. L'écrivain que vous auriez aimé rencontrer ? Victor Hugo Quelques dates : 1989 ‐ Gestion de rayons disques pour la COGEDEP sur la région de Nice 1990 ‐ Vendeur à la FNAC 1991 ‐ Chef de secteur pour Film Office Hachette (vidéos) 1994 ‐ Directeur d’antenne d’une petite radio FM 1998 – Lauréat du concours international des jeunes créateurs du web au MILIA à Cannes ‐ Participe à la création du site web www.respublica.fr qui deviendra ensuite Tiscali Communautés. 1999 – Chef de produit de www.goa.com le site de jeux vidéos de France Telecom 2000 – Responsable du développement France de la CPL (www.thecpl.com) 2001 – Création du blog musical www.philaxel.com 2007 – Sortie du livre « la révolution musicale » Pourquoi une préface de Jacques Attali ? Jacques Attali est le premier intellectuel de son niveau à avoir publiquement expliqué clairement pourquoi le fichier numérique risque fort de devenir totalement gratuit qu’on le veuille ou non. Et qu’il s’agit donc d’étudier dès aujourd’hui des modèles économiques compatibles avec la gratuité sur la toile, dans les secteurs qui seront touchés : la musique, le livre, le cinéma, les logiciels, les jeux vidéos etc. Il ne donne pas vraiment son avis, comme je le fais, sur la question de la gratuité. De son côté, c’est un constat économique tiré essentiellement de la nature du fichier numérique, bien non rival *, et de l’impossibilité à terme d’imposer une surveillance totale des échanges, qui menacerait les libertés individuelles. * Un bien non rival est un bien que l’on peut donner sans en être dépossédé. Qui peut donc se consommer plusieurs fois. Lorsqu’on donne un fichier numérique, on peut en garder une copie et le coût de production d’une copie supplémentaire (appelé coût marginal) est quasi nul. Jacques Attali représente plutôt la branche libérale de la gauche, pour un livre assez politique, très critique envers les logiques marketings appliqués aux biens culturels, drôle de référence non ? Jacques Attali n’est pas un libéral et il n’a sa carte dans aucun parti politique depuis 1981, date à laquelle il est devenu un haut fonctionnaire d’état au service de son pays. Un libéral c’est celui qui prône la disparition des règles pour n’en laisser qu’une seule : la loi du marché, de l’offre et de la demande. Si vous lisez ses livres, il apparaît clairement qu’il est un social‐démocrate. C'est‐à‐dire qu’il concède que le marché à une utilité tout en expliquant qu’il est nécessaire de le réguler par une démocratie à son échelle : internationale. Je suis aussi de cet avis. Quelles seraient les règles à imposer à l’industrie musicale ? La musique a besoin du marché pour la vente de produits dérivés culturels et de services dérivés culturels qui permettent de générer des ressources pour produire des œuvres nouvelles. Mais une dimension collective doit exister en ce qui concerne la sélection des professionnels, la mise à disposition des matériels de création, et la production des premières œuvres d’auteurs. La culture doit en outre, pourvoir s’échanger et se partager librement dans le cadre non lucratif. En matière de culture, ce n’est pas le marché qui doit faire la loi, c’est la démocratie. Le ministère de la culture doit tirer vers la gratuité et celui du commerce et de l’industrie, vers le payant. C’est pour cette raison que vous défendez le principe des Creative Commons ? Oui, tout comme le ministre de la culture du Brésil : Gilberto Gil. Il a bien vu cette nécessité de ne pas considérer la musique, uniquement au regard des intérêts commerciaux. Un chanteur ne chante pas uniquement pour les clients solvables. La distinction entre le lucratif et le non lucratif dans la perception des droits d’auteur, est une notion que défendaient déjà Beaumarchais et Victor Hugo. Je suis assez triste de constater qu’en France, personne n’a pris la relève à un moment crucial qui est celui de la révolution numérique. Nos artistes confondent la valeur artistique et le nombre de vente de disques par exemple, ce qui est une erreur. Un fichier musical gratuit n’est pas pour autant sans valeur. Parce que la valeur principale de la musique est sa valeur symbolique, sa capacité à créer du lien. Oui mais comment allier la gratuité des fichiers numériques et un marché des objets dérivés et services dérivés, comme vous les appelez ? C’est possible. Il s’agit simplement que les produits et services que l’on vend détiennent une vraie valeur ajoutée à ce que l’on trouve gratuitement sur Internet. L’industrie musicale devrait créer une sorte de consortium pour étudier la mise sur le marché d’un autre produit remplaçant le CD tel qu’il existe aujourd’hui et qui est obsolète. Ensuite, la gratuité de la musique à la télé et à la radio n’a jamais empêché au marché de s’étendre, au contraire. Ce sera le cas de la gratuité sur Internet. On peut encore faire mieux que le CD ? Les scientifiques viennent de s’apercevoir que le CD avait une durée de vie de 5 ans seulement alors que l’on nous disait qu’il était indestructible. On nous disait aussi qu’il était impossible de le rayer, ce qui est faux. Nous avons tous des CD rayés. Ensuite, l’enveloppe est affreuse, par rapport aux 33 Tours par exemple, qui s’arrachent encore dans les conventions de collectionneurs. Et puis je pense que la motivation d’achat de ce produit ne sera plus la musique qui sera dessus, mais sans doute, l’interactivité (voie déjà exploitée commercialement par le jeu vidéo) et sa liaison étroite avec le spectacle vivant. Le livre aussi va‐t‐il disparaître tel qu’il existe aujourd’hui ? Chaque marché de produit culturel a sa spécificité. Mais tous les marchés de produits culturels seront affectés en bien ou en mal, par la révolution numérique et par la gratuité. Ce qui nous attend, c’est le nomadisme (le livre électronique), la numérisation et l’accès gratuit aux œuvres. C’est plutôt une bonne nouvelle pour la démocratisation de l’accès à la culture et à la connaissance. C’est donc une bonne nouvelle pour la paix. Parce que le but de la culture n’est pas le commerce, c’est la paix. Par contre, les librairies indépendantes vont devoir très vite s’adapter. En proposant des produits luxueux, mais aussi en développant ce que j’appelle dans mon livre le commerce vivant. C'est‐à‐dire que je vois la librairie du futur comme le lieu de rencontre entre les auteurs et le public, avant toute chose. Aujourd’hui on a beaucoup de livres et dans un tout petit forum, de temps en temps, un auteur vient parler de son livre. Demain il y aura un grand forum, pourquoi pas un amphithéâtre, avec beaucoup de monde qui viendra écouter les auteurs parler de leurs livres. Autour de cette salle, il y aura un commerce des produits dérivés. Avec un rayon rassemblant par exemple, les livres conseillés par l’auteur que le public vient d’écouter en conférence, ses livres références, sa propre bibliothèque… 

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