Rapport pour le conseil régional JUIN 2016 - Région Ile-de

Transcription

Rapport pour le conseil régional JUIN 2016 - Région Ile-de
Rapport pour le conseil régional
JUIN 2016
Présenté par
Valérie Pécresse
Présidente du conseil régional
d'Ile-de-France
CONSULTER LE PROCES-VERBAL DE LA SEANCE
ORIENTATIONS POUR UNE POLITIQUE REGIONALE DE PREVENTION
SANTE EN FAVEUR DES JEUNES
CR 97-16
CONSEIL REGIONAL D’ILE DE FRANCE
3
RAPPORT N° CR 97-16
Chapitre budgétaire 934 « Santé et action sociale »
code fonctionnel 41 « Santé »,
programme HP 41-001 (141 001) « Prévention et éducation à la santé »
Action 141 001 03 « Fonds de prévention santé jeunes »
Sommaire
EXPOSE DES MOTIFS .................................................................................................................. 4
1 - La santé des jeunes en Ile-de-France, une situation préoccupante ........................................ 4
2 - Une politique régionale de prévention globale centrée sur la santé des adolescents .............. 5
3 - Un plan régional de prévention et une évolution des missions du CRIPS ............................... 7
PROJET DE DELIBERATION ........................................................................................................ 9
Rapport CR plan prévention santé jeunes V0206DEFINITIVE2
02/06/16 16:06:00
CONSEIL REGIONAL D’ILE DE FRANCE
4
RAPPORT N° CR 97-16
EXPOSE DES MOTIFS
1 - La santé des jeunes en Ile-de-France, une situation
préoccupante
Par l’intensité et la profondeur des changements qui la caractérisent, l’adolescence représente
une période à risque qui expose les jeunes à de multiples facteurs de vulnérabilité. La plupart de
ces facteurs connaissent dans notre région une évolution préoccupante avec :
-
-
-
-
-
des indicateurs de santé mentale selon lesquels : 11% des garçons de 15-25 ans et
19% des filles sont en détresse psychologique au cours des 4 dernières semaines ;
11% des garçons et 9% des filles ont eu un épisode dépressif caractérisé au cours des
12 derniers mois ; 4% déclarent avoir fait une tentative de suicide 1 ;
une progression rapide du surpoids et de l’obésité, en particulier chez les garçons : la
proportion de garçons franciliens de 15-25 ans en excès de poids (surpoids et obésité)
est passée de 10% à 17% entre 2005 et 20102 ;
un recours élevé des jeunes Franciliennes à la contraception d’urgence et aux
comportements sexuels à risque : 56% des jeunes franciliennes de 15-25 ans ont eu
recours à la contraception d’urgence au cours de leur vie3 ; proportion plus élevée en
Île-de-France que dans le reste de la France de jeunes femmes n’ayant pas utilisé de
contraception au premier rapport sexuel ;
une recrudescence de certaines IST ;
un tabagisme quotidien qui concerne 27% des jeunes de 17 ans en Ile-de-France, et
jusqu’à 34% à Paris4 ;
une consommation de cannabis par les jeunes (collège, lycée) supérieure à celle des
générations plus âgées : à 17 ans, un peu moins de la moitié des jeunes franciliens
(46%) déclarent avoir fumé du cannabis au cours de leur vie, près de 12% des garçons
déclarent en consommer régulièrement (5% des filles)5 ;
des épisodes d’alcoolisation importante beaucoup plus fréquents : plus de la moitié des
garçons franciliens de 17 ans (51%) déclarent avoir déjà été ivres, près de 10% ont un
usage régulier de l’alcool6.
La Région ne peut se désintéresser de ces sujets majeurs. Une large partie de ces jeunes étudie
en effet dans les lycées et les centres de formation pour apprentis. De plus, certaines des
problématiques évoquées ont des conséquences qui vont au-delà de la santé, et peuvent
alimenter des comportements violents, nourrir l’échec scolaire ou encore favoriser le décrochage.
Les études montrent ainsi qu’à long terme, l’alcoolisation massive - sous forme d’ivresses répétées
à l’adolescence – accroît les difficultés d’étude. Quant à la consommation de cannabis, elle est un
facteur aggravant des situations à risque : violence, agressivité, manque de concentration et
démotivation scolaire. Selon une étude internationale récente du « Lancet », les jeunes
consommant du cannabis ont ainsi 60 % de risques supplémentaires d’échec scolaire par rapport à
leurs camarades qui n’en consomment pas.
1
Baromètre santé 2010 de l’Inpes, exploitation ORS Île-de-France
Ref. précitée
3
Ref. précitée
4
Source Escapad 2014, exploitation ORS Île-de-France
5
Ref. précitée
6
Ref. précitée
2
Rapport CR plan prévention santé jeunes V0206DEFINITIVE2
02/06/16 16:06:00
CONSEIL REGIONAL D’ILE DE FRANCE
5
RAPPORT N° CR 97-16
2 - Une politique régionale de prévention globale centrée
sur la santé des adolescents
Pour ces raisons, la Région souhaite faire de la prévention et de l’éducation à la santé des jeunes
sa priorité et se doter d’un cadre global et opérationnel pour réduire de manière effective les
comportements à risques qui affectent la santé des adolescents.
Il s’agit d’abord de rompre avec la logique d’actions annuelles, qui avait prévalu largement sous
l’ancienne mandature. Une politique de prévention efficace doit pouvoir s’inscrire dans la durée. Il
s’agit ensuite de mettre en oeuvre l’intervention régionale en matière de prévention dans un cadre
transversal impliquant les divers domaines d’intervention (lycées, formation, santé, jeunesse et
sport…). Cette nouvelle approche permettra de démultiplier les moyens en s’appuyant sur les
compétences régionales (à titre d’illustration, améliorer l’accessibilité aux équipements sportifs de
la région peut être un outil pour lutter contre l’obésité).
Des premières orientations sont d’ores et déjà définies, à partir desquelles sera élaboré d’ici la
fin de l’année un plan régional de prévention à destination des jeunes. Toutes les actions
initiées par la Région s’inscriront dans une doctrine commune, articulée autour des principes
suivants :

Publics cibles :
Au regard des enjeux sanitaires, précédemment évoqués, et de ses compétences, la Région
souhaite déployer prioritairement son intervention en direction des adolescents. Son action pourra
s’étendre aux pré-adolescents dans le cadre d’un partenariat avec les départements, car les
conduites à risques se mettent en place dès le collège. Elle pourra aussi concerner les jeunes
majeurs en formation.
La seconde cible de l’intervention régionale devra être leurs parents. Ces derniers sont en effet
les premiers agents de prévention et il est indispensable de les associer.

Problématiques prioritaires :
Quatre grands facteurs de vulnérabilité sanitaire peuvent être identifiés :
- l’hygiène de vie, la nutrition et les troubles des conduites alimentaires : ces derniers
représentent un enjeu important pour lequel, au-delà des actions de dépistage, de prise en
charge, d’écoute et de suivi par les professionnels de santé, la diffusion des bonnes pratiques
alimentaires ou encore l’incitation à la pratique du sport peuvent constituer des éléments de
réponses pertinents ;
-
l’éducation à la vie affective et sexuelle : la mise en place auprès des jeunes d’actions
d’accompagnement à la vie affective et sexuelle, l’accès effectif des jeunes Franciliennes à la
contraception, la sensibilisation des jeunes et des populations à risques sur les IST et
particulièrement le VIH, sont des priorités pour la Région et font l’objet de nouvelles mesures
présentées à cette séance ;
- la souffrance psychique, les risques suicidaires, la violence, auto administrée ou subie : la
prévention du suicide des jeunes est notamment un sujet important sur lequel la Région
souhaite s’investir en lançant un appel à projet dès cette année ;
- les conduites addictives (alcool, drogues…) : des modalités d’intervention ont d’ores et déjà
été identifiées, lors du dernier conseil régional, pour prévenir et lutter contre les addictions
dans les lycées. L’intervention de la région s’appuiera sur un diagnostic sur la situation de
l’établissement au regard de la consommation de substances addictives (drogue, alcool), de
Rapport CR plan prévention santé jeunes V0206DEFINITIVE2
02/06/16 16:06:00
CONSEIL REGIONAL D’ILE DE FRANCE
6
RAPPORT N° CR 97-16
leur impact sur les élèves et des mesures de prévention actuellement mises en œuvre. Pour
établir ce diagnostic, les établissements pourront s’appuyer sur les associations soutenues par
la région et reconnues en ce domaine. Un groupe de travail sur la lutte contre le cannabis,
confié au Président de l’ORS, a en outre été créé.
Une action efficace en termes de prévention doit prendre en compte l’ensemble de ces
problématiques, souvent intriquées. Il est ainsi établi que certains comportements (tabagisme
précoce, absentéisme scolaire) peuvent constituer des marqueurs prédictifs de comportement à
risque, concomitant ou à venir. Le plus petit commun dénominateur de ces facteurs de
vulnérabilité est l’existence d’un mal-être qui caractérise très souvent la période adolescente et qui
favorise les prises de risques ou les comportements inadaptés.
D’autres facteurs de vulnérabilité doivent également être pris en compte comme la situation
économique et sociale des parents, certains moments de la vie (fenêtres de plus grande
vulnérabilité telles que l’entrée au collège ou au lycée, rupture ou recomposition au sein des
familles,...).

Les principes d’intervention :
Ces problématiques impliquent d’initier une démarche articulée autour de plusieurs axes :
- des actions d’information et de sensibilisation de l’ensemble des jeunes (prévention primaire) ;
- un repérage des plus fragiles,
- une intervention plus ciblée et une prise en charge spécifique pour les jeunes concernés,
mais aussi la formation des acteurs de terrain.
La stratégie régionale devra en outre reposer sur plusieurs principes d’intervention :
-
-
-
les actions initiées seront inscrites dans la durée, sur la mandature, afin de pouvoir pleinement
se déployer et commencer à produire leurs effets,
les actions s’appuieront sur un état des lieux précis des indicateurs de santé disponibles
(incidence, prévalence des différents facteurs de vulnérabilité ou comportements de santé sur
lesquels on cherche à agir) ainsi que des interventions menées et évaluées en la matière sur le
territoire régional (Programme Régional d’Accès à la Prévention et aux Soins, ateliers Santé
ville, ...) mais aussi à l’international. Cet état des lieux prendra appui sur l’expertise de
l’observatoire régional de la santé (ORS). Il permettra d’identifier les conditions d’intervention
les mieux appropriées ;
leurs objectifs devront être clairement précisés (prévention primaire ou secondaire7,..) et si
possible chiffrés,
les actions devront être évaluées (mise en œuvre, efficacité), y compris au plan scientifique, au
regard de l’impact durable attendu sur les jeunes, directement, ou par l’intermédiaire de leurs
parents,
il s’agira enfin d’accompagner et de faire émerger de nouvelles formes d'action adaptées à un
public par définition vulnérable, mais qui implique aussi de repenser les vecteurs d’information
traditionnels, et non de doublonner des interventions existantes.
7
Selon la classification de l’OMS, on distingue :
La prévention primaire qui vise à diminuer l'incidence d'une maladie dans une population et donc à réduire,
autant que faire se peut les risques d'apparition de nouveaux cas.
La prévention secondaire dont l’objectif est de diminuer la prévalence d'une maladie dans une population.
Elle recouvre les actes destinés à agir au tout début de l'apparition du trouble ou de la pathologie afin de
s'opposer à son évolution ou encore pour faire disparaître les facteurs de risque.
La prévention tertiaire qui intervient à un stade où il importe de diminuer la prévalence des incapacités
chroniques ou des récidives dans une population et de réduire les complications, invalidités ou rechutes
consécutives à la maladie.
Rapport CR plan prévention santé jeunes V0206DEFINITIVE2
02/06/16 16:06:00
CONSEIL REGIONAL D’ILE DE FRANCE
7
RAPPORT N° CR 97-16
Le iPass contraception que la Région veut mettre en mettre en place d’ici septembre 2016 pour
faciliter l’accès effectif à la contraception de tous les jeunes Franciliens s’inscrit dans cet objectif.
Ce iPass constituera le premier volet d’un portail unique, dédié à la prévention santé pour la
jeunesse francilienne, et qui sera l’un des supports de la politique régionale de prévention.
3 - Un plan régional de prévention et une évolution des
missions du CRIPS
Le plan régional devra définir précisément les thèmes prioritaires de prévention, les modalités
d'intervention de la Région et les objectifs à atteindre. Il donnera lieu à un bilan annuel.
A cette fin, la Région engagera avant l’été un travail avec les divers acteurs de la prévention
sanitaire. Elle mettra en place un comité d’orientation de la politique régionale en matière de
prévention santé chez les jeunes. Cette instance lui permettra d’associer l’ensemble des parties
prenantes institutionnelles et opérationnelles afin de mieux cerner les problématiques de santé
chez les jeunes et définir les modalités opérationnelles de prévention à l’échelle régionale. Ce
comité sera composé de représentants institutionnels (ARS, DRJSCS, rectorat, collectivités
locales), de professionnels de terrain (médecins, infirmier(e)s, psychologues, associations
spécialisées dans le domaine de la prévention et de la lutte contre les exclusions, associations de
parents…) ainsi que de l’ORS et du CRIPS.
La commission Santé du conseil régional sera étroitement associée ainsi que, notamment, la
commission de la famille, de l’action sociale et du handicap, la commission de l’éducation et la
commission du sport, de la jeunesse et de la vie associative. Le conseil régional des jeunes sera
également pleinement associé à l’élaboration du plan régional.
Quatre objectifs seront recherchés par ce comité :
- dresser un inventaire de l’existant en mettant en exergue les disparités territoriales et
sociales
- définir des leviers d’action innovants mobilisables (actions entre pairs, soutien à la
parentalité, médiation sociale…) ;
- prioriser les champs d’intervention de la politique régionale ;
- proposer une nouvelle forme de gouvernance pragmatique et opérationnelle.
Le comité d’orientation sera articulé avec les dispositifs régionaux existants et la commission de
coordination des politiques publiques en prévention sous l’égide de l’ARS. La communauté
scolaire sera également associée à l’élaboration du plan régional à travers les diagnostics qui
seront réalisés par les lycées en application de la délibération CR 89-19.
Le Plan régional sera finalisé d’ici la fin de l’année 2016. Il précisera également le nouveau rôle
et les missions qui pourraient être attendues du CRIPS, appelé à devenir la cheville ouvrière
de la politique régionale de prévention sanitaire.
Le CRIPS intervient chaque année auprès de 150 000 jeunes au travers de 3000 interventions,
essentiellement dans les lycées et les CFA. Son expertise en termes d’intervention est reconnue,
notamment par l’ARS avec laquelle les partenariats sont nombreux, ainsi que par un tissu
d’associations partenaires. Son champ d’intervention s’est élargi au fil du temps du VIH vers
l’ensemble des IST et la question de l’éducation sexuelle, vers la lutte contre l’ensemble des
comportements à risque et les addictions. La Région souhaite que, sur la base de ces acquis, le
CRIPS envisage d’élargir ses missions à l’ensemble du champ de la prévention santé, ce qui
pourrait se traduire par une évolution de sa dénomination.
Rapport CR plan prévention santé jeunes V0206DEFINITIVE2
02/06/16 16:06:00
CONSEIL REGIONAL D’ILE DE FRANCE
8
RAPPORT N° CR 97-16
Ses outils et ses moyens d’intervention pourraient ainsi être repensés, avec en particulier la mise
en place d’un comité scientifique composé de personnalités indépendantes et reconnues pour leur
compétence et leur engagement dans la prévention et l’éducation. Il serait en charge de la qualité
de la démarche de prévention régionale et de l’évaluation des projets.
Une évolution de ses statuts pourrait être présentée lors d’une prochaine assemblée générale.
Je vous prie de bien vouloir en délibérer.
La présidente du conseil régional
d’Ile-de-France
VALERIE PECRESSE
Rapport CR plan prévention santé jeunes V0206DEFINITIVE2
02/06/16 16:06:00
CONSEIL REGIONAL D’ILE DE FRANCE
RAPPORT N° CR 97-16
9
PROJET DE DELIBERATION
DU
Orientations pour une politique régionale de prévention santé en faveur des jeunes
LE CONSEIL REGIONAL D’ILE-DE-FRANCE
VU Le Code Général des Collectivités Territoriales et notamment l’article L 4221-1 ;
VU Le Code de la Santé Publique, et notamment ses articles L 1424-1et L 4383-1 et suivants, L
4151-7 et les articles D 4383-1 et suivants ;
VU La délibération n° CR 01-16 du 21 janvier 2016 portant prorogation du règlement budgétaire
et financier adopté par délibération n° CR 33-10 du 17 juin 2010,
VU L’avis de la commission des finances,
VU L’avis de la commission de la santé,
VU L’avis de la commission de l’éducation,
VU L’avis de la commission de la famille, de l’action sociale et du handicap,
VU la commission du sport, de la jeunesse et de la vie associative,
VU Le rapport CR 97-16
de-France ;
présenté par madame la présidente du conseil régional d’Ile-
APRES EN AVOIR DELIBERE
Article 1:
Décide de lancer une consultation des acteurs de la prévention santé des jeunes pour contribuer à
définir le plan régional de prévention santé adressé en priorité aux jeunes et aux parents d’ici la fin
de l’année 2016.
Article 2 :
Délègue à la Commission permanente la définition détaillée des modalités pratiques de mise en
œuvre du plan régional prévention santé des jeunes et la mise en cohérence des divers outils
d’intervention de la Région.
Article 3 :
Mandate la Présidente pour demander au CRIPS de travailler à une évolution de ses statuts qui
pourrait être présentée à une prochaine assemblée générale, et revoir d’ici la fin de l’année
la convention d’objectifs et de moyens liant cet organisme à la Région.
La présidente du conseil régional
d’Ile-de-France
VALERIE PECRESSE
Rapport CR plan prévention santé jeunes V0206DEFINITIVE2
02/06/16 16:06:00