Les Fresnois célèbres - Amis de la Médiathèque

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Les Fresnois célèbres - Amis de la Médiathèque
Document réalisé à l’occasion de l’animation des Amis de la Médiathèque, le 10 mai 2014, avec les
aimables participations de MM. Jean-Marie Chaudemanche, François Robert, Gérard Oudart, Bernard
Péningault, Jean-Paul Ducaule , et Mmes Odile Leconte, Agnès Tribaudot, Madeleine Jamin.
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André BOUTON
Historien
Président de la Société d’Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe de 1957 à 1974
Né à Fresnay sur Sarthe le 30 novembre 1890
Il est le quatrième enfant d’une fratrie de cinq, ses trois sœurs sont les ainées et son frère Philippe le benjamin.
Leurs parents demeurent au N° 58 de l’avenue Victor Hugo à Fresnay sur Sarthe.
Ils exercent le métier de tanneur dans la tannerie familiale située à l’angle de la ruelle des tanneries qui rejoint
la Sarthe.
Orphelin de père alors qu’il est très jeune, ses grands-parents qui habitent Le Mans l’accueillent pour ses
études. Sa mère continue seule à exploiter la tannerie.
Il fait ses études au Lycée de garçons au Mans puis des études de notariat.
Il exerce la profession de notaire à Mamers et de gestionnaire immobilier au Mans.
Il trouve le goût pour l’écriture suite à la tenue quotidienne de son journal pendant toute la guerre 1914-1918, et
il est également passionné par la généalogie de sa famille originaire du Saosnois.
Son épouse Etiennette, poétesse, écrit des poèmes pour enfants.
André BOUTON apparait comme l’un des historiens incontournables du Maine. Son œuvre majeure s’intitule :
Le Maine, Histoire, Economique et Sociale en cinq volumes entre 1962 et 1976.
Les Temps Antiques
Le Moyen Age
Les XIV°-XV°-XVI° ème siècles
Les XVII°-XVIII° ème siècles
Le XIX° ème siècle
Il écrira de nombreux autres ouvrages dont la liste non exhaustive figure en annexe de ce document.
Il sera récompensé pour son œuvre en recevant le Prix d’histoire René PETIET de l’Académie Française en 1976.
Il reçoit également la croix de guerre 1914-1918.
André BOUTON décède le 1er Avril 1979.
Il est enterré au cimetière de Fresnay sur Sarthe
Tombeau familial allée N7- N°9
NB : Son livre les Mémoires de guerre sera prochainement publié.
Informations de son fils Etienne et de son petit fils Didier BEOUTIS
Jean-Marie CHAUDEMANCHE
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Robert TRIGER
Robert Gustave Marie TRIGER est né au Mans place de l’Etoile le 26 février 1856 dans la maison de son
grand-père maternel qui était directeur de la Banque de France. Il est fils unique.
Son père Gustave Triger, après avoir fait polytechnique en 1847, était inspecteur des télégraphes. Sa
carrière s’est déroulée dans plusieurs villes de France (Caen, Laval) jusqu’à son dernier poste de directeur des
PTT du Mans en 1878. Il s’est retiré au Mans dans une maison près de la Cathédrale où Robert Triger vivra à la
fin de sa vie.
Son grand père Triger avait été nommé percepteur à Douillet où la famille avait une propriété (le
château). Il était maire de Douillet.
Robert Triger passe sa jeunesse au lycée d’Alençon et obtient un bac lettres à Caen en 1872, puis un bac
sciences pour préparer polytechnique comme le souhaitait son père. Lui voulait être militaire. Finalement, il
fait son droit, passe sa licence puis son doctorat en 1879. Après son service militaire à Mamers, il est avocat
stagiaire en 1882. Il réside souvent à Douillet chez son grand père.
1882 : nouveau changement de cap, il réalise enfin ce qu’il aimait : être auditeur libre à l’Ecole des Chartes
(trop âgé pour être élève). Il revient définitivement au Mans pour exercer son métier d’historien. Il s’inscrit aux
sociétés savantes du Mans (Société d’Agriculture, sciences et arts fondée en 1761, Société Historique et
Archéologique du Maine fondée en 1875). Il est inspecteur général de la Société Française d’Archéologie. Il ne
cesse dès lors d’écrire dans les bulletins des sociétés des articles historiques en vue de faire connaitre et
protéger les monuments remarquables.
Il se lance dans la politique locale : conseiller municipal à Douillet (jusqu’en 1921), candidat aux
cantonales en 1886 dans le canton de Fresnay, avec les conservateurs, il gagne face au docteur Horeau de
Fresnay, républicain. Réélu en 1892, il démissionne en 1898.
Il se marie à Tours en 1887 avec Melle Laure Fillion, puis s’installe dans une maison en bordure du Mans.
Mais il perd sa femme en 1924 après des années de maladie. Ils n’ont pas eu d’enfant.
Ses premiers écrits s’attachent au canton de Fresnay :
- Un coup de main d’Ambroise de Loré en Basse-Normandie, 1878 ;
- Une forteresse du Maine pendant l’occupation anglaise, Fresnay le Vicomte de 1417 à 1450, 1886 ;
- Le canton de Fresnay historique et archéologique, 1903 ;
- La fabrique de toiles de Fresnay-sur-Sarthe et la fête de Saint Bonaventure, 1904
Il écrit sur Douillet aussi, sur la légende de la Reine Berthe fondatrice supposée des églises locales. A la fin
de sa vie, il reviendra sur l’histoire de Fresnay à l’occasion de découvertes nouvelles : il y organise l’excursion de
la SHAM en 1925 ce qui lui donne l’occasion d’actualiser et de faire la synthèse de ses connaissances sur la ville :
Fresnay-sur-Sarthe, ses environs, les Alpes mancelles ; excursion archéologique du 23 juin 1925, 1925. L’ouvrage est agrémenté
de gravures et de nouveaux plans d’un grand intérêt.
Puis il travaille et il écrit essentiellement sur l’histoire du Mans, ses monuments (maison de la Reine
Bérengère, siège de la SHAM), ses habitants, ses coutumes ; il devient président de la SHAM en 1899. Il mène
une carrière politique, religieuse et d’historien : il donne des conférences, organise des congrès, des voyages, des
excursions. La loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1906 provoque dans les sociétés savantes une grande
inquiétude pour la conservation des édifices religieux et du mobilier qu’ils contiennent. Robert Triger s’associe
avec ses collègues archéologues à des mouvements nationaux visant à étudier et protéger ces édifices anciens. Il
publie notamment : Les églises de l’arrondissement de Mamers, 1913.
En 1901 à Fresnay c’est lui qui fait installer la plaque à la mémoire d’Ambroise de Loré au château.
En 1908 il participe très activement par ses travaux historiques à la béatification de Marguerite de
Lorraine (1463-1521), duchesse d’Alençon, Vicomtesse de Beaumont et Baronne de Fresnay dont elle était
propriétaire. En 1921, Marguerite de Lorraine est déclarée Bienheureuse (sainte) et on peut alors lui rendre un
culte. L’année suivante, il est l’organisateur de grandes fêtes en son honneur à Fresnay avec des personnages
costumés et un défilé guerrier. Parallèlement en 1909 Jeanne d’Arc est béatifiée. Robert Triger s’en fait le
champion (car c’est une sainte mais aussi une patriote !) et fait une conférence à Fresnay sur ce personnage
historique : grand succès, la conférence est donnée 12 fois ! Le Mans s’empare de l’évènement à son tour.
Vers 1910 il milite activement pour le dégagement de l’enceinte gallo romaine du Mans : acquisition de
maisons et démolitions commencent et se poursuivront jusque dans les années 1970-1980.
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Il se constitue une gigantesque bibliothèque sur le Maine, ses villes, villages et monuments, qu’il installe
dans sa maison de la Rue de l’Evêché au Mans. Il ambitionne d’écrire une histoire complète de la ville du Mans
mais mourra avant. Il dresse la liste de ses propres écrits : 711 numéros en 1923 !
Pendant la Guerre de 14 il est au Mans, chef brancardier puis administrateur de l’infirmerie de la gare.
Après la guerre il s’occupe au Musée de Tessé d’une grande exposition d’art rétrospectif (ancien). En 1926 il
fête brillamment le cinquantenaire de sa chère SHAM et décède brusquement dans l’hiver qui suit, au Mans.
Il a donné une excellente définition du rôle que doivent jouer les sociétés savantes provinciales : « Tout en
s’efforçant de faire la part de l’érudition, elles ont également le devoir d’encourager les bonnes volontés locales,
de rendre les études historiques et archéologiques plus attrayantes, et de contribuer à faire l’éducation du
public intelligent, de toutes conditions sociales… une société savante locale doit s’efforcer surtout de faire
mieux comprendre et aimer les monuments du passé ».
Sans postérité, sans famille, il a laissé sa maison à l’évêché du Mans et sa bibliothèque régionale est
toujours à la SHAM.
Aujourd’hui ses ouvrages, dont quelques uns ont été réédités en 1998, sont toujours d’actualité : Robert
Triger est non seulement un auteur fiable, dont les sources sont soigneusement choisies et vérifiées, mais un
écrivain encore facile à lire, intéressant et dont les livres sont bourrés de renseignements pour ceux qui
s’intéressent à l’histoire de Fresnay, bref, un auteur incontournable.
Odile LECONTE
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Marcel JOUSSE
(1866/1961)
Marcel Jousse, né le 28 juillet 1866 à Beaumont sur Sarthe (lieu-dit de « la petite Lardière) d'un père journalier
dans les fermes et d'une mère couturière. La famille s'installe à Meurcé en 1892 (lieu-dit du « petit
L'Hommais »). Ses parents se séparent en 1898. Sa mère l'élève seule. Ils s'installent alors à Beaumont sur
Sarthe. Sa mère décèdera en 1930 à Fresnay sur Sarthe.
Scolarité primaire à l'école de Nouans. Obtient son certificat d'études primaires à 12 ans. De 12 à 14 ans,
apprentissage et CAP de peintre.
Apprend le catéchisme. Rencontre avec l'abbé Boësme qui l'initie, entre 12 et 14 ans, au Grec, Latin, Hébreu et
Araméen (langue parlée par l'homme de la rue, du temps de Jésus). D'où une question qui hantera Marcel
Jousse toute sa vie : Comment a-t-on pu retenir et transmettre des textes fort longs (=la Bible) sans subir de
déformation ? Car il ne remet, bien entendu, pas en cause l'authenticité littérale des paroles de Jésus et de leur
transmission par des apôtres illettrés.
Etudie ensuite au collège de l'Immaculée Conception de Sées. Grand Séminaire en 1906.
Service militaire entre 1907 et 1909. Ordonné prêtre en 1912. Enseigne au lycée Sainte Marie à Caen. Licence de
langues et littératures classiques en 1913. Entre chez les Jésuites. Mobilisé en 1914 (Lieutenant d'artillerie).
Instructeur à l'école d'artillerie américaine de Saumur en 1917. Part aux U.S.A. de 1918 à 1919 en tant
qu'Instructeur en balistique. Démobilisé en mai 1920. Part à la faculté de théologie de Jersey. Nommé à Saint
Louis de Gonzagues (Paris) en 1922 ; il étudie alors la phonétique, la psychologie et l'ethnologie.
Son œuvre est une immersion dans les profondeurs de la tradition orale afin d'y trouver l'origine de l'expression
humaine qui, selon lui, passe par le geste. L'homme lui apparaît comme un être animé de gestes expressifs dont
il tente de percer l'origine et les caractéristiques en tant que mécanisme de l'intelligence. L'anthropologie du
geste est l'étude du sens des gestes de l'homme, de son langage. L'homme n'est pas d'abord un « parleur » mais
spécifiquement un « mimeur ». Pour Marcel Jousse, l'anthropologie doit constituer le fondement de la
pédagogie. L'enfant est, selon lui, un « cinémimeur », un « phonomimeur », un « mimographiste », il faut lui
donner les moyens de s'épanouir, de s'exprimer à partir des gestes complexes qui lui sont caractéristiques. On
comprend donc que certains pédagogues aient suivi son enseignement pour permettre à des enfants
d'apprendre de façon vivante et non pas seulement avec le carcan des livres mais avec leur corps et les
mouvements bilatéraux qui l'articulent: haut-bas, avant-arrière, droite-gauche.
Il s'est éteint le 15 août 1961 à Fresnay sur Sarthe, dans la maison de sa mère ; il est enterré dans le cimetière
communal.
Il a très peu publié de son vivant ; par contre quelques milliers de pages de ses divers cours ont été transcrites
par sa secrétaire Gabrielle Baron.
Son vocabulaire savant, truffé de nombreux néologismes, a sans doute freiné la diffusion de ses recherches. La
Pédagogie Moderne l'a largement ignoré, en raison de ses constantes références à la sphère religieuse,
interférant et brouillant le discours strictement anthropologique et pédagogique ; Son nom et son œuvre sont,
de nos jours, presque exclusivement vénérés par l'association qui lui est consacrée.
François ROBERT
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ANDRE QUELLIER
Artiste peintre 1925-2010
André Quellier est né le 3 janvier 1925 Place des Vosges à Paris. Ses parents, possèdent une maison à
Fresnay sur Sarthe (ancienne perception). Ils viendront passer leurs vacances dans cette résidence secondaire.
André Quellier fera ainsi la connaissance des Fresnois et pratiquera entre autre, le tennis.
Il a commencé à peindre dès l’âge de 11 ans. Il entre aux Beaux-arts à 15 ans où ses maîtres Dupas et Heuzé lui
enseignent un art typiquement classique.
Dérouté par la nouvelle vague de l’Art Moderne, il se tourne vers le théâtre et la danse. Il dessine sur le vif
des comédiens, des danseurs, transposition de la réalité. Il rencontre Katherine Dunham qui lui inspirera une
grande série de pastel. Puis il est fasciné par l’art du Mime Marceau à qui il consacre 104 tableaux.
A 20 ans, il obtient son premier prix, Prix de l'Institut, et deux ans plus tard, il crée les décors des ballets
de Katherine Dunham.
En 1951, il prête ses qualités d'illustrateur aux éditions Maisonneuve puis à une publication NewYorkaise. Le prix Casa Velasquez, obtenu en 1955, permet à l'artiste de devenir pensionnaire de la célèbre
institution madrilène.
Son intérêt pour les arts du spectacle le conduit à réaliser en 1961, 110 tableaux consacrés à l'univers
poétique du mime. Leur exposition en 1967 à Paris permet de découvrir les portraits devenus célèbres de
Marcel Marceau.
Quellier exerce aussi son talent de portraitiste en peignant Jean Cocteau (1960), l'écrivain Marcel
Jouhandeau (1967), Brigitte Bardot (1983) ou encore Gérard Philippe (1989). Pour lui, le portrait reste « la chose
la plus difficile à faire ». Ses maîtres sont Holbein, Fouquet, Clouet, mais aussi les primitifs italiens.
Outre les portraits, les paysages et les natures mortes sont les sujets privilégiés de l'œuvre d'André
Quellier. Il peint de nombreuses œuvres thématiques : les Quatre Saisons, les Vacances, le Pain Rompu. Plus il
avance, plus il est attiré par les arts symboliques. Puis il se tourne vers les arts sacrés.
Dès la fin des années 60, la renommée du peintre dépasse les frontières : ses tableaux sont exposés au
Japon, à New-York, à Londres, et plus tard à Moscou, Leningrad et Téhéran.
De 1974 à 1981, Quellier organise des expositions à thèmes dans la Chapelle des Pénitents à Ramatuelle. A
cette époque, il élabore pour cet espace sacré un projet ambitieux de décoration murale représentant la
Nativité et les Quatre Saisons, peintures sur bois présentées en 1987 à la Fondation Taylor.
En 1991, André Quellier entreprend l'illustration des fables de La Fontaine, 6 années de patient travail
dans son atelier de Montmartre, d'après les dessins gravés de Jean-Baptiste Oudry. Ces 276 peintures seront
présentées en Octobre 1995 au Museum d'Histoire Naturelle à Paris, puis à Yerres, lors du festival des
Francopoésies du 12 au 21 mars 2010 où il sera présent à l’inauguration.
Madeleine JAMIN
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Suzanne-Marthe THUREAU (plus connue sous le nom de Mme PETIT)
Marthe Honorine Alphonsine Thureau est née le 8 Février 1891 à Paris. Son père, employé de commerce,
était originaire de Fresnay sur Sarthe où il décède en 1918.
C'est au début des années 1910 qu'on commence à parler de Madame Petit à Fresnay. Elle possède
quelques propriétés au Creusot, mais très vite, elle acquiert maisons sur maisons, dont « Les Rameaux d'Or » et
« Les Rameaux Verts », et des jardins et propriétés. En 1936, elle achète 4000 m2 de terrain pour aménager des
… courts de tennis.
Elle répand sa manne dans tout Fresnay (chauffage central dans les écoles publiques et privées, aide à
l'achat d'un orgue, réfection de la salle des fêtes, etc...). Elle lançait souvent des invitations pour les habitants
du quartier, offrait des cadeaux à Noël. Elle roulait en Buick, faisait du théâtre. Le seul qu'elle n'appréciait pas
trop était l'inspecteur général des fraudes...
Les questions ne manquaient pas de se poser : comment pouvait-elle être si riche ?
Là, les réponses étaient plus vagues. On ne savait pas ce qu'elle faisait à Paris où son mécanicien chauffeur
l'emmenait souvent, en Hispano-Suiza ou en Buick, jusqu'au Pont de St Cloud, et la reprenait au même endroit.
Etait-elle couturière à la cour d'Egypte, espionne ? Officiellement, elle était chanteuse lyrique. En tous cas, ses
amis et amants étaient des gens très haut placés (Aristide Briand, Georges Clémenceau, Joseph Caillaux??). Il se
disait qu'elle entretenait la profession de call-girl, voire d'entremetteuse.
Le 26 Janvier 1940, sa Buick dérape sur une plaque de verglas à Ste Jamme sur Sarthe. Elle décédera le 30
janvier des suites de ses blessures. Il y avait semble-t-il, peu de monde à son enterrement, beaucoup d'hommes
étant alors mobilisés...
Elle ne mettait jamais les pieds à l'église, mais le chanoine Didion reconnut ses bienfaits qui, dit-il,
effacent une foule de pêchés. Le curé Didion, alors au front, offrira une messe pour le repos de son âme. Madame
Petit est enterrée au cimetière de Fresnay, au côté de son père.
L'inventaire de ses biens après décès est éloquent : du mobilier de grande valeur, des tapis, des bijoux,
fourrures, pierreries, tableaux vendus à l'Hôtel Drouot à Paris le 23 Juin 1941. Les maisons furent vendues aux
enchères le 17 Avril 1941. Certaines furent occupées et saccagées par l'armée d'occupation.
Bien des énigmes restent en suspens. C'est sûrement ce qui a alimenté sa légende.
Ce texte est la reprise partielle d'un article paru le 6 Juillet 2000, dans le magazine « Orne-Hebdo », sous la plume de Josiane
Hénault.
Gérard OUDART
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Familles Hatton-Leguicheux
Faire l’histoire des Hatton, c’est en quelque sorte faire l’histoire de Fresnay car cette famille, qui
aujourd’hui encore a des descendants dans la région, a vécu à Fresnay et dans ses environs depuis plus de 350
ans.
Le premier du nom connu par des actes est Jean Hatton, sieur de la Goupillière, médecin à Fresnay en
1652. Ensuite, d’autres membres de la famille s’illustrent à divers titres dans la vie fresnoise mais deux hommes
retiennent notre attention car ils ont compté beaucoup pour notre commune.
Le premier est François Hatton, 4e des 14 enfants de Joseph Hatton, avocat et greffier au baillage de
Fresnay (palais de Justice) depuis 1723. Né en 1722 à Fresnay, il s’embarque à 26 ans pour Saint-Domingue pour
faire fortune dans le commerce du coton. Il rentre en 1763 à Fresnay et s’y fait construire une belle maison sur
les terrains du Clos de Paris qu’il avait pu acquérir en 1755. Il la décore magnifiquement de peintures et de
tapisseries. Sa maison, achetée par la ville après la guerre pour en faire la perception, existe toujours, le jardin
est devenu le Parc des Alpes mancelles. Quant à François Hatton, fortune faite, il s’installe à Fresnay où il
poursuit une vie active et mondaine. Il est anobli en achetant une charge à la cour : cet office de « Sommelier
d’échansonnerie » du roi l’obligeait chaque année à passer le mois d’octobre à Versailles auprès de Louis XV. En
1775, l’achat d’une seconde charge le nomme « Fourrier des écuries de la Reine » Marie Antoinette. En 1782, il
se retire de la cour et est nommé maire de Fresnay où il finira tranquillement ses jours en 1800 après avoir
traversé sans malheur la période troublée de la Révolution. C’est notamment pendant cette période qu’il sauve
la vie et les biens de M. de Perrochel, seigneur de Saint-Aubin, emprisonné par les révolutionnaires. Sur le plan
familial, il épouse à 54 ans Marie Anne Delélée qui en avait 24, petite fille d’un officier royal. Deux enfants
naissent de cette union, une fille et un garçon, François Urbain, qui sera aussi maire de Fresnay. Il est
généralement dénommé : Sieur de Lagainière (du nom de l’une de ses propriétés), officier de la Reine !
En descendant un siècle, pendant lequel la famille Hatton ne cesse de croitre et de prospérer, on arrive à
Pierre Bonaventure Edmond Hatton, docteur en médecine à Fresnay. Il est né en 1802 à Fresnay, fils de
Bonaventure Joseph Georges Hatton, notaire royal et de Flavie Contencin. Après avoir fait ses études de
médecine à Paris, il revient et s’installe à Fresnay où il exerce pendant 50 ans. Il épouse Marie Flavie
Leguicheux qui décède avant lui, sans enfant.
A partir de 1844 il exerce plusieurs mandats municipaux de conseiller et de maire, en fonction des
régimes politiques très divergents qui animent la vie française à cette époque : royauté, république, empire. Il
devient membre du Conseil d’Arrondissement de Mamers puis du Conseil Général de la Sarthe. Il se dévoue
sans relâche pour son canton ce qui lui vaut d’être nommé Chevalier de la Légion d’Honneur en 1866.
En tant que médecin, il est très apprécié de ses contemporains. Il avait su, dit-on « se concilier la
confiance, l’estime et l’affection de sa nombreuse clientèle ». Médecin permanent de l’Hospice de Fresnay, il en
assure aussi la gestion au sein d’un groupe d’administrateur. Et tout naturellement, ne laissant aucun héritier
direct, il lègue une ferme à l’Hospice et une autre aux Sœur de la Miséricorde afin de leur assurer des revenus.
Il s’éteint à 81 ans à Fresnay, dans sa maison rue des Torrentins (actuelle rue Richard) ; cette maison
revient à sa mort à son beau-frère, Auguste Leguicheux, l’historien et le rédacteur bien connu des « Chroniques
de Fresnay", parues en 1877.
Odile LECONTE
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Maurice BRIANCHON
Peintre français (1899-1979), né à Fresnay sur Sarthe le 11 janvier 1899, où son père et son oncle,
distillateurs, avaient repris la Maison Arsène Chardon.
À la fin de son adolescence la famille Brianchon quitte Fresnay et finit par retourner à Paris, d'où elle était
originaire depuis la Révolution Française.
En 1917 M. Brianchon entre aux Beaux-arts dans l'atelier de Fernand Cormon.
L'année suivante il entre à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs où il suit les cours d'Eugène
Morand (père de Paul Morand). Il y fera la connaissance de LEGUEULT et OUDOT. Ces trois jeunes peintres
seront à l'origine d'un mouvement artistique, celui des « Peintres de la Réalité Poétique », nommé ainsi en 1949,
mouvement se démarquant du cubisme alors en vogue.
Il expose en 1919 au Salon d'Automne, dont il sera membre du Comité en 1924.
Il découvre les maîtres flamands et hollandais, puis, lauréat de la fondation Blumenthal et d'une bourse
des Arts Déco, il découvre avec Raymond Legueult (dont Philippe Gautier, autre natif de Fresnay, sera l'élève)
les maîtres de la peinture espagnole, principalement Velasquez mais aussi Goya et le Gréco.
En 1923 il ouvre avec Raymond Legueult un atelier avenue du Maine.
En 1934 il se marie avec Margueritte Louppe, artiste peintre, expose au Petit Palais ainsi qu'à la Biennale
de Venise. Une année très intense.
C'est en 1936 qu'il est nommé professeur aux Arts Décoratifs. Sa réputation sera celle d'un homme d'une
grande rigueur intellectuelle et morale.
Son œuvre est riche et variée. Entre la création de décors et costumes pour le théâtre, l'opéra, les coulisses
du monde de la danse et du cirque, il travaille également pour la prestigieuse Compagnie Renaud-Barrault (les
Fausses Confidences de Marivaux) puis en 1948, la Seconde Surprise de l'Amour. Il réalisera par ailleurs des
cartons de tapisseries et illustrera des livres pour les éditions Ides et Calendes, à Neuchâtel (Le blé en Herbe, de
Colette (1969), l'oeuvre de Gide, et des œuvres de Valéry Larbaud). Il devient chef d'atelier de peinture à
l'Académie des Beaux-arts de Paris en 1949.
Sa reconnaissance est alors internationale. Considéré par le Président Vincent Auriol, il sera le peintre
officiel de la Présidence de la République lors des cérémonies officielles du couronnement de la Reine Élisabeth
II (1953)
En 1951, c’est la rétrospective de son œuvre au Palais du Louvre et l’exposition à Londres à la galerie
Wildenstein. En 1959, il expose pour la première fois à la Galerie Findlay.
Jusqu'à son décès Maurice Brianchon séjournera principalement dans sa propriété périgourdine de « La
Truffière ». Il décède le 1er mars 1979 à Paris. Il avait 80 ans.
Notons (correspondance privée) que selon son fils qui fut présent à la cérémonie de réception, Maurice
Brianchon refusa toute sa vie l'entrée à l'Académie des Beaux-Arts de Paris, mais accepta d'entrer à celle du
Maine où il occupa le fauteuil laissé vacant par le décès du Duc de La Force.
Bernard PENINGAULT
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André VOISIN
(1923/1991)
André Voisin est né le 18 juin 1923 à Fresnay sur Sarthe, au n°5 de la place Thiers. Son père était
imprimeur et sa mère corsetière.
Il excella dans le théâtre, la télévision, la littérature et la peinture. Il inventa également un jeu de
cartes, « le Jaro », sorte de tarot révolutionnairement moderne.
André Voisin, homme de théâtre :
A fondé le théâtre de la 1ère Armée Française (1944/1945), le Théâtre National Marocain (1950/1957).
A mis en scène 35 pièces au Théâtre des Nations (1955/1956/1960)
A créé, à Dakar, le Théâtre National de la Fédération du Mali (1960)
A dirigé le Théâtre-Ecole Marigny (1957 à1960)
André Voisin, homme de télévision :
Entré au service de la Recherche de l'ORTF, puis à la 1ère chaîne et enfin TF1.
Contribua à la création de FR3.
Se fit connaître, entre 1964 et 1973, en tant qu'auteur, producteur et réalisateur de la célèbre émission
« LES CONTEURS », consacrée à l'art populaire oral français.
A été à la tête du service de « la prospective » (1ère chaîne) de 1969 à 1970.
A créé l'émission « L'invité du dimanche ».
Avec Jacques Delrieu, ils ont produit la série « Civilisations », émissions consacrées aux grandes
civilisations menacées de disparition.
A écrit le scénario du feuilleton comique « Suivez Budart »(1972)
Avec son épouse Jacotte Chollet, entre 1972 et 1984, ils réalisèrent une quarantaine de films documents
(Carrefour du Monde, Evasion, les contes du solstice, les contes à vivre debout, la roue de la vie, Chasse à
l'homme, la passion de la vie). Pendant 12 ans, ils parcoururent ainsi le monde à recherche de « l'homme ».
André Voisin, écrivain :
Il est l'auteur de plusieurs livres, dont certains figurent au fonds de notre médiathèque:
Les contes du Roi Singe, Don Fernando, Adieu Grand Berger, L'Herbe Tendre.
André Voisin, peintre:
En 1991, il fit la première exposition de peinture rétrospective de toute son œuvre. Il décéda peu de temps
après.
Pour lui rendre hommage, la ville de Fresnay sur Sarthe a donné son nom à la salle de Spectacles.
François ROBERT
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Ambroise De LORE
Ambroise de Loré est né vers 1396 au château de Loré, situé à Oisseau, dans la Mayenne. A 19 ans, il
participe à la bataille d'Azincourt sous les ordres du Comte d'Armagnac. De cette défaite, le jeune homme va
garder une haine contre les anglais.
En 1417, quand les Anglais occupent la Normandie et le Maine, le jeune écuyer y organise la résistance
contre l'occupant. Il finit par accomplir si bien sa tâche que les anglais, constamment aux abois, finissent par se
retirer de Beaumont le Vicomte et de Fresnay le Vicomte en 1418. En récompense, Ambroise de Loré reçoit sa
nomination au grade de capitaine du château de la ville de Fresnay le Vicomte (devenu Fresnay sur Sarthe). Le
capitaine va se révéler un véritable stratège. Dès que les anglais s'avancent sur la ville, il part avec deux ou trois
cents hommes à leur rencontre. Après avoir défait les anglais, il va même jusqu'à les poursuivre.
En 1419, le capitaine rencontre une troupe anglaise sur les bords de la Sarthe. Il lance son infanterie et sa
cavalerie sur l'ennemi. Après un combat terrible, les anglais finissent par rompre l'affrontement et s'enfuient.
Pour cette action, Ambroise de Loré est fait chevalier.
En 1420, il est fait prisonnier au cours d'une bataille dans les environs de Villaines la Juhel. Sans
protecteur, la ville de Fresnay tombe aux mains des anglais le 19 Avril 1420. Robert de Brout est nommé
capitaine de la ville au nom du roi d'Angleterre. Fresnay va être occupé jusqu'en 1450.
Après onze mois d'emprisonnement dans le château de Croisy, situé dans le département de l'Eure, il est
délivré quand les français prennent cette place-forte.
Aussitôt, le chevalier reprend le combat et devient un héros, surtout au moment où il choisit de combattre
aux côtés de Jeanne d'Arc.
A sa mort, en 1446, il est depuis dix ans, prévôt de Paris.
Quant à la ville de Fresnay, elle est définitivement libérée des anglais au moment où Charles VII, roi de
France, se trouvant à Alençon, ordonne l'envoi de plusieurs unités de son armée afin d'assiéger Fresnay.
Le siège dura plusieurs jours avant que les ennemis ne sortent de la place-forte, moyennant une rançon de
10 000 palus d'or (monnaie anglaise de l'époque) pour acheter leur liberté.
Le 22 Mars 1450, Fresnay le Vicomte est libéré.
Jean-Paul DUCAULE
12
Jacques HOCHIN
Résistant de la guerre 1939 - 1945
Né à Fresnay sur Sarthe le 26 septembre 1921
Il habite 12, rue de l’Ancien Hôpital, actuelle rue Jacques Hochin. Fils de Monsieur et Madame Augustin
Hochin. Famille de sept enfants (5 garçons et 2 filles), Jacques est le plus jeune des garçons ; ses sœurs étant ses
cadettes.
Jacques Hochin refuse le travail pour l’ennemi (STO) et entre en résistance en 1943.
Il prend contact avec le groupe VII de l’armée secrète d’Alençon.
Ce groupe compte une dizaine de résistants entre autre : André et Maurice Mallet, Jacques Hochin et Bernard
Dufrou.
Ces jeunes gens sont des réfractaires et refusent l’occupation allemande. Leurs actions consistent à harceler
l’ennemi en lui rendant la vie difficile. Pour cela, ils bloquent les déplacements de l’ennemi en abattant des
arbres à travers les routes afin de retarder leurs déplacements. Ils coupent les lignes téléphoniques afin que le
réseau soit hors d’usage et que l’armée allemande ne puisse pas recevoir d’informations, placent par endroits
des bombes avant le passage des convois allemands. Ils stockent les armes et les munitions dans des caches
naturelles : celles-ci proviennent soit des parachutages des armées alliées, soit d’anciens stocks de l’armée
française. Pour se protéger ils se réfugient en lisière de la forêt de Multonne sur la commune de Champfrémont
dans le département de la Mayenne.
Suite au débarquement des alliés en Normandie, le 6 juin 1944, des opérations de ratissage et de représailles
sont lancées par les allemands en collaboration avec la Gestapo Française. Le chef de la Gestapo à Alençon
charge un français, Bernard Jardin, de retrouver le réseau. Celui-ci se rend chez Madame Mallet et arrête son
fils Maurice qui se trouve chez elle. Il est brutalisé et conduit au maquis de Courtemiche, là où sont
entreposées les armes.
Jacques Hochin, qui monte la garde, et Bernard Dufrou, qui vient le prévenir de l’arrestation de Maurice Mallet,
sont présents sur le site et sont fait prisonniers.
Sous la menace de la mitraillette de Bernard Jardin, de deux complices français et du SS Allemand Lubling, les
trois jeunes prisonniers sont dirigés vers le moulin de la Sourdiére.
Ils sont mis à genoux en posture d’exécution.
Le SS allemand charge Bernard Jardin de les exécuter.
Celui-ci ordonne brutalement que les jeunes gens se relèvent, ceux-ci crient :
« Vive la France !! »
Jacques Hochin et Maurice Mallet s’effondrent, recevant une rafale dans la nuque.
Profitant du temps que Jardin recharge son arme et du manque de réaction des autres, Bernard Dufrou s’enfuit.
Il se protège en passant derrière la voiture des bourreaux.
Ceux-ci tirent sur lui à trois reprises, bien que blessé il réussit à s’échapper à travers la forêt en bénéficiant de la
pénombre.
C’est grâce au témoignage de Bernard Dufrou que l’on connait la mort héroïque de Jacques Hochin et
Maurice Mallet le 24 juillet 1944
Jean-Marie CHAUDEMANCHE
13
Philippe Gautier
(1928/2005)
Né à Fresnay sur Sarthe le 24 décembre 1928. Dans la maison voisine de celle de ses parents, vingt-neuf
ans plus tôt, avait vu le jour Maurice Brianchon, le grand peintre contemporain
Ses parents sont issus de vieilles familles sarthoises : son père, drapier à Mamers, infirmier pendant la
guerre de 1914, et sa mère, née Dupont, fille éleveur de bestiaux.
D'un aïeul bon musicien, il hérita de dispositions pour la musique que l'on pensa développer, mais tout
aussi forte était sa vocation pour le dessin. A 18 ans, Philippe Gautier commence des études préparatoires aux
Arts Déco et aux Beaux Arts à l'atelier Corlin, avant d'être admis en 1948 dans l'atelier de peinture de Dupas,
puis Legueult, à partir de 1952. Le jeune artiste eut le privilège de suivre leurs précieux enseignements:
Legueult, professeur libéral s'efforçait d'éveiller la personnalité de ses élèves plutôt que d'en faire des suiveurs.
Gautier en sort en 1954, ayant fait l'expérience d'une montée en loge pour le prix de Rome. Ces 10 ans d'études
sérieuses lui donnèrent la plus solide des bases : le dessin. Il se consacra à la restauration, une activité qui lui
assurait l'indépendance tout en développant considérablement ses connaissances techniques.
…Dès ses débuts, Philippe Gautier a prêté attention à l'apprentissage de son métier. Ses "maîtres", Le Greco, Le Titien et surtout
Delacroix, ainsi que Braque, Vuillard ou Manet, ont été ses affections artistiques. Ses premiers tableaux témoignent déjà de sa
manière très particulière de créer une intense vibration colorée…Françoise de Céligny
... Philippe Gautier est un peintre transfiguratif. Il part du figuratif, mais il va très vite au delà. C'est comme s'il enveloppait un
personnage, un groupe de personnages, une nature morte de leur propre vibration. Il ne peut, ni ne veut se passer de la figuration,
mais il la fait exploser par la magie de ses couleurs et par la liberté de ses formes…Francis Gueury
Son succès se confirme par les très nombreuses expositions en France, à Miami (1970), en Suisse et
Allemagne, de 1951 à 1980.
« Sensuelle en même temps que spirituelle, la peinture de Philippe Gautier procure d'abord une joie pour l'oeil, puis une
délicate adhésion du coeur. Elle a le rare mérite de concilier l'invention dans la forme et la sincérité dans leur traduction plastique."
Roger Bouillot.
Il restera très attaché à notre région, et s'installera à la "Bédouinière" sur Saint Aubin de Locquenay
dans sa maison, une bâtisse en roussard, qu'il agrandira de ses mains, ajoutant une loggia dans une pièce, une
aile au corps principal du logis, une tour pour dépasser les tuiles basses : c'est aussi un bâtisseur ; un besoin
d'aller toujours vers l'avenir, dira Philippe Gautier, de se projeter dans le futur, il ne faut jamais considérer la vie
comme éteinte.
"Je suis un vieux singe qui sait faire des grimaces, si on le lui demande, mais je n'ai pas de temps à perdre et cela ne
m'intéresse pas. L'art pictural est assez vaste pour ne pas avoir à chercher ailleurs. Savoir se servir des outils
traditionnels, vouloir les matières picturales et savoir les maîtriser, voilà qui me semble bien largement suffisant ! »
Philippe Gautier
Madeleine JAMIN
14
Camille Louis Joseph BARDOU
Né le 24 Août 1872 à Fresnay sur Sarthe
Décédé le 8 Juin 1941 à Créteil
Son père, Joseph Jean BARDOU, employé marchand de vins, né à Moitron le 1er Mars 1849, fils de Joseph
BARDOU, cultivateur, décédé le 1er Août 1869 à St Aubin de Locquenay et de Marie BROSSARD, née à René
vers 1809, journalière à St Aubin de Locquenay, mariés à René vers 1837.
Les parents de Joseph BARDOU sont Jean BARDOU et Renée BARRET, décédés à René
Sa mère, Constance LEBON, née à Assé le Boisne le 26 Octobre 1853, blanchisseuse, fille naturelle légitimée
par le mariage de sa mère Constance, Louise, Françoise LEBON, née le 24 Novembre1829, à Assé le Boisne, avec
Jacques Michel DUVAL, le 12 Avril 1855, cultivateur et tisserand, né le 19 Juin 1829 à St Léonard des Bois, qui
habitent ancienne rue de l'Arche à Fresnay
Divorce prononcé le 23 Février 1893 par le tribunal de Versailles, transcrit à Fresnay le 12 Juillet 1893.
Il apparaît alors que Joseph Jean est tonnelier à Versailles et Constance habite à Paris, et que Mathilde, issue du
mariage, est confiée à son père. Elle est donc la sœur de Camille.
Sa sœur, Mathilde, Joséphine BARDOU est née à Versailles, le 15 Mars 1878, au domicile de ses parents, le
père tonnelier, la mère couturière. Elle s'est mariée le 12 Avril 1898, à St Rémy de Sillé, avec René Alphonse
DELHOMMEAU. Ils étaient tous deux instituteurs adjoints à St Rémy de Sillé. Ils auront au moins un fils,
René, Jean, né le 14 Janvier 1899, à St Rémy de Sillé.
Se marie le 31 Janvier 1899, à Marseille, avec Blanche RUS, sans profession, née au 36 rue des Chapeliers à
Marseille le 8 Janvier 1883, qui habite avec sa mère au 53, rue Neuve Ste Catherine à Marseille, fille de Louis
RUS, journalier, puis commerçant et de Marie Alexandrine FAURE, ménagère
A son mariage, Camille BARDOU est déclaré artiste dramatique, domicilié à Marseille, et avant à Versailles
avec son père. Sa mère Constance DUVAL est déclarée habitant Le Chesnay, près de Versailles
Le 22 Janvier 1900, à Marseille, naît un fils, Alexandre, Ernest, Jack BARDOU. Camille est alors déclaré
directeur de théâtre.
Divorce prononcé le 22 Octobre 1930 ? par le tribunal civil de la Seine
Commentaires : Cette généalogie, établie sous toutes réserves d'erreurs toujours possibles, prouve que la
famille de Camille BARDOU était profondément nord-sarthoise et rurale. Les lieux de naissances, de décès et
de mariages, les métiers des ascendants sont très représentatifs du nord-Sarthe.
Pourtant, un événement a dû se produire pour que cette localisation soit rompue. En effet, dès 1878, à la
naissance de Mathilde, la sœur de Camille, la famille est à Versailles ; quand les parents de Camille BARDOU,
Joseph et Constance, divorcent en 1893, c'est le tribunal de Versailles qui le prononce. Au mariage de Camille
célébré à Marseille, on apprend que son père a habité à Versailles et que sa mère est au Chesnay. Enfin, le
divorce de Camille et de Blanche RUS est prononcé par le tribunal de la Seine. La famille était devenue
parisienne, sauf la sœur de Camille, Mathilde, venue se marier à St Rémy de Sillé, dans la Sarthe !
Camille BARDOU est successivement artiste dramatique, et directeur de théâtre. Le milieu artistique fut la vie
de Camille (l'un des témoins de la naissance de son fils était directeur de théâtre à Salon de Provence)
Gérard OUDART
15
Georges DURAND
Elu la première personnalité de la Sarthe ( 1 )
Naissance à Fresnay sur sarthe en 1864, mort en 1941
1.
LE SPORTMAN :
- L’AUTOMOBILE
Il s’engage dans les courses « team Léon BOLLEE » (1898 : TOURS BLOIS TOURS) à travers toute la France.
En 1901, il obtient le permis de conduire n°98 de la Sarthe, et devient l’organisateur de la course de côtes à Sillé,
ainsi que le Km lancé à Fresnay de 1908 à 1912… En 1912, il est 5ème du Km lancé
- L’AVION : 1908, l’aventure industrielle Wilbur Wright/BOLLE : 1er vol lancé
- LE BALLON : 1907, un vol avec JAMIN à Paris. Le pilote : BARBOTTE
- LE GOLF : 1935, ouverture du golf du Mans en bordure du circuit
2.
UNE PLUME : UN JOURNALISTE/REPORTER
-
sténo au service municipal du Mans
1907 : rédige le guide illustrée des Alpes Mancelles
Crée le journal : l’OUEST TOURISTE ET SPORTIF
Il écrit dans l’UNION AUTO CYCLISTE DE LA SARTHE, l’UNION SPORTIVE DU MANS, la
MUSIQUE MUNICIPALE DU MANS, les assurances.
3.
UN ADMINISTRATEUR D’EXCEPTION :
DU PETIT EMPLOYE DES PONTS ET CHAUSSEES AU CHEF D’ENTREPRISE
- DELEGUE DU TOURING CLUB DE FRANCE SARTHE
En 1904, il milite pour la création du syndicat d’initiative des Alpes Mancelles (SIAM). Le président du
syndicat était le Maire de Fresnay, et les 4 vices présidents, respectivement, le Maire de Sillé, M. Georges
CAREL (Vice Prés. Automobile Club de la Sarthe), Mr Georges DURAND, et Mr Gustave SINGHER .
- SECRETAIRE GENERAL DES COMPAGNIES DE TRAMWAYS DEPARTEMENTAUX
- ADMINISTRATEUR DE LA COMPAGNIE DES TRAMWAYS DE LA SARTHE
Mr Georges Carel est le fabricant de matériel ferroviaire du Mans (Carel et Fouche)
- 1906 GRAND PRIX DE L’AUTOMOBILE CLUB DE FRANCE EN SARTHE
Avec Georges CAREL, ils partent étudier l’infrastructure des circuits automobiles en Auvergne (MICHELIN)
et vont proposer le circuit sarthois. L’Automobile Club de France accepte le projet. Utilisation pour la première
fois de la jante amovible de MICHELIN.
- 1906 CREATION DE L’AUTOMOBILE CLUB DE LA SARTHE qui deviendra en 1914: Automobile club de l’ouest
 Prés d’honneur : Amédée Bollée créateur de l’Obéissante
 Prés : Adolphe Singher. Gustave, son fils est vice prés. du SIAM
 Vice prés : Georges Carel
 Secrétaire général : Georges Durand
 Tresorier : René pellier : conserveur au mans.
En 1829, il fournit 22 tonnes de boîtes de sardines à l’armée. Il est l’ami de Léon Bollée et de Wilbur Wright.
- CREATION DU JOURNAL : L’OUEST TOURISTE ET SPORTIF 1907
C’est le bulletin officiel de l’Automobile Club de la Sarthe et des Syndicats d’initiative de la région.
Georges DURAND écrit : « En toute occasion justifiée, l’OTS défendra les intérêts des touristes et de ceux qui
font l’usage des moyens de locomotion nouveaux. Il servira de tribune publique. Il publiera les itinéraires
illustrés des excursions intéressantes que l’on peut faire dans la région. Il sera mis largement à la disposition
des étrangers. Il recommandera avec attention les industriels et les maisons de commerce qui prêteront leur
concours à cette entreprise PATRIOTIQUE.
- ACTIONNAIRE FONDATEUR DE LA SOCIETE HOTELIERE DES ALPES MANCELLES : 1907, ouverture du touring
hôtel à Saint Leonard (Parmi les actionnaires on retrouve : Singher, Carel, Pellier…)
1
Le Maine Libre de 1999
16
-
ORGANISATEUR DE MULTIPES FETES ET MANIFESTATIONS DANS LES ALPES MANCELLES POUR SATISFAIRE LA
CLIENTELE TOURISTIQUE : meeting aérien à Fresnay, courses automobiles et fêtes…
Les touristes arrivent à la gare de Fresnay et des itinéraires sont proposés : 2
« En résumé, ce qui fait de Fresnay une résidence d’été particulièrement agréable c’est comme le dit l’éminent
délégué général du Touring Club de France :
o le voisinage de la Sarthe poissonneuse qui coule large, claire et profonde en des bassins rocheux et
ombragés
o C’est aussi la possibilité de faire des excursions agréables et variées
 Saint Léonard (11 km service de voitures)
 Saint Christophe du Jambet (5km)
 Dans la forêt de Sillé (8km)
D’où l’on découvre d’impressionnants panoramas »
« La gare de Fresnay est desservie par la ligne de La Hutte à Sillé.
Du Mans on peut s’y rendre indifféremment par la Hutte ou par Sillé, nombreux trains en correspondance avec
ceux des lignes du Mans à Caen et de Paris à Brest (consulter l’indication des trains aux pages roses du guide) –
poste – télégraphes et téléphone- médecins et pharmaciens- excellents hôtels où l’on prend des pensionnaires à
des prix modérés – Maisons à louer pour familles. Marché parfaitement approvisionné – voitures de louage et
bateaux pour promenades – mécaniciens pour cycles et automobiles- service de voitures pour Saint Léonard
des Bois. Pour tout renseignement, s’adresser au secrétaire du Syndicat d’Initiative. »
- CREATION DE LA DAS EN 1917 : LA DEFENSE AUTOMOBILE ET SPORTIVE
La passion de l’automobile et la fréquentation de la dynastie des SINGHER amène naturellement Georges
DURAND vers l’assurance. En 1913, l’industrie automobile française est la première au monde : 108 000
véhicules de tourisme
La DAS est une assurance spéciale qui garantit aux adhérents le remboursement des frais de consultations
d’avocat et de procédure en cas de contraventions et de litiges de toute nature à l’occasion de l’utilisation d’un
moteur – auto – tracteur – bicyclette – ou d’attelage et de la pratique de l’aérostation de l’aviation, de la chasse,
de la pêche, du tir, de la gymnastique, du football et de tous les sports et exercice de plein air. Ce n’est pas une
garantie contre les accidents. Il est appuyé par la MGF et les Mutuelles du Mans (les SINGHER : 500 000
adhérents).
Création d’un journal en 1918
Georges DURAND écrit en janvier 1918 : « la DAS défendra les adhérents toutes les fois qu’ils seront aux prises
avec les agents verbalisateurs, avec le fisc insatiable, ou avec des tiers qui les auront grandement lésés «
Gros succès : 240 000 adhérents en 1930.
La DAS s’installe aussi à Paris (contraventions multipliées par deux). Puis DAS suisse, belge et allemande
En 1931 la DAS va créer la première assurance tierce collision : Assurance des dommages causés par les tiers
- OCTOBRE 1922 : COURSE D’ENDURANCE DES 24H
-
Médaille d’argent de la reconnaissance française pour son action d’acheminement des colis des
prisonniers avec l’ACO.
De tous les témoignages et écrits transparaît une grande générosité et un altruisme utile au développement de
la Sarthe.
D’aucuns ont écrit que son activité était essentiellement tourné vers le développement des Alpes Mancelles. Les
difficultés d’accès à la « Vallée de la Misère » auraient poussé Georges DURAND à établir une logistique
touristique sur le Mans (train + circuit automobile de 1906) pour accompagner la clientèle vers les Alpes
Mancelles.
Agnès TRIBAUDOT
2
1907 le premier Guide des Alpes Mancelles de Georges DURAND : Archives Départementales BIB AA104
17
M. le chanoine DIDION
Lucien Eugène Jules DIDION est né à Paris en 1867. Il y fait ses études (certificat d’études primaires)
puis entre au Petit séminaire de Précigné, puis au Grand séminaire du Mans. Il est fait prêtre le 23 mai 1891.
Nommé vicaire à Clermont, il y reste 8 mois. Vicaire à Mamers pendant 8 ans et 8 mois, jusqu’en 1900.
Nommé curé de Saint-Rémy-des-Monts.
Le 11 mars 1906 il est nommé à Fresnay en remplacement de l’abbé Olivier, démissionnaire. Il déploie
son activité pastorale pendant 33 ans. Il prend sa retraite avant la guerre (1938) mais est rappelé à la tête de la
paroisse jusqu’à la Libération ; il finit sa vie à la Maison de retraite ; il est enterré dans le cimetière de Fresnay.
Successeur : l’abbé Epineau.
Historien : Il fonde le Bulletin paroissial en 1906 et avec les informations paroissiales, il commence des
articles touchant à l’histoire de Fresnay et de ses environs : culte du Saint-Sacrement, Vie de Saint-Bonaventure
puis textes purement historiques après 1908. Publiés principalement dans le bulletin paroissial, mais aussi dans
« La province du Maine », jusqu’en 1938. Pendant la Grande Guerre, le bulletin devient l’Echo de Fresnay,
gazette du front et des soldats du canton engagés dans les combats.
Textes historiques : L’origine de Fresnay et de la paroisse (1908), où il cite de nombreuses chartes de
l’Abbaye de Saint-Aubin d’Angers, trouvées et traduites par lui :
- Les quartiers de Fresnay : Saint-Sauveur, La Madeleine, paru dans la Revue du Maine 1910
- Ambroise de Loré et Jeanne d’Arc, Fresnay au temps de Jeanne d’Arc
- Histoire des vicomtes du Maine, seigneurs de Fresnay, Beaumont, Ste Suzanne, Le Lude : en parallèle
avec les combattants de la Guerre de 14 ! Il s’appuie sur des recherches dans les cartulaires des abbayes
mancelles et angevines.
- Marguerite de Lorraine, veuve de René d’Alençon, duchesse d’Alençon et propriétaire de Fresnay,
qu’elle fait administrer par un bailli, mais elle y fait deux séjours.
– Les curés de Fresnay
– Les rues de Fresnay
– Les seigneurs de Mimbré et enfin : Le Livre d’or des combattants de la Grande Guerre de 1914 à 1918.
A l’église : il fait poser le bas-relief des Brindeaux, le gisant (d’un ancien curé de Fresnay) au fond de
l’église en 1910, la statue de Jeanne d’Arc offerte par les jeunes filles de Fresnay (1909). En 1911, peinture des
chapelles par M. Muller et statue de saint-Bonaventure. En 1913 l’église est classée Monument historique. En
1920 : monument aux morts de l’église (avant celui de la mairie). 1925 : installation des fonts baptismaux dans
le creux d’une ancienne porte avec peintures de Muller. Il place la plupart des statues actuellement présentes :
Ste Madeleine, St Jean, Curé D’Ars, Sainte Thérèse. 1932 : inauguration des Grandes orgues dédiées à Jeanne
d’Arc, offertes par les paroissiens.
Animateur de la vie locale : il multiplie les fêtes et solennités (époque de la séparation de l’Eglise et de
l’Etat) : Congrès cantonaux de 1922, 1928, 1934 ; Concours de gymnastique de juillet 1921 (bien connu par les
cartes postales) ; Fêtes de Jeanne d’Arc, 1909, de Saint-Bonaventure (annuelles) ; Congrès eucharistique de
1935. Il s’occupe beaucoup des écoles.
Odile LECONTE
18
L’ABBE JULIEN LELIEVRE
Résistant pendant la guerre 1939-1945
Né à Fresnay sur Sarthe le 6 octobre 1902
Membre du réseau Hercule-Buckmaster-Sacristain.
Curé de la paroisse de Cérans-Foulletourte durant la guerre (20 kilomètres au sud du Mans).
Il joue le rôle d’agent de renseignement.
Il héberge dans son presbytère André DUBOIS, nom de code Hercule, qui est le chef du réseau Hercule avec
tout son matériel radio (deux postes émetteurs-récepteurs avec antenne).
Les allemands venant s’installer sur la place de l’église, le réseau déplace le matériel radio dans la ferme de la
Bougueliére, située à 4 kilomètres du bourg. Cette ferme appartient à la famille AUDUC dont plusieurs
personnes sont membres du réseau. Le 2 novembre 1943, Monsieur Alfred AUDUC et son épouse Renée sont
arrêtés.
Le 11 novembre 1943 l’Abbé LELIEVRE commémore l’armistice du 11 novembre 1918 en présence de Monsieur
LEPELLTIER-DROUARD, Maire de la commune de Cérans-Foulletourte, bien que cela soit interdit par les
allemands et la gestapo. La gestapo intervient et arrête plusieurs membres du réseau. L’Abbé LELIEVRE, fait
prisonnier, est emprisonné à la prison du Pré Pigeon à Angers.
Il y subit un interrogatoire « musclé » : on le dépouille de ses vêtements, de son bréviaire, de son chapelet puis il
est menotté. La gestapo est inquiète : « tout le monde s’en mêle y compris les femmes et les curés !»
Il est envoyé à Compiègne (pré-camp de concentration) avant le départ vers les camps nazis de Buchenwald
puis de Dachau en février 1944 : Il porte le Matricule 42-714
A Buchenwald il retrouve des anciens compagnons : Alfred AUDUC, matricule 43-954, du réseau Hercule, et
Docteur Richard GRUNBERG, matricule 41-689, du réseau Sacristain de Montreuil le Chétif. Ils seront
libérés.
Après sa libération, lors d’une manifestation commémorant le réseau Hercule Buckmaster Sacristain ; Alfred
AUDUC annonce à l’Abbé LELIEVRE qu’ils sont invités à Londres.
Là, ils rencontrent le « Patron », le chef du réseau, le Colonel BUCKMASTER en personne.
A Londres ils sont invités à visiter la célèbre Radio : la BBC. L’Abbé LELIEVRE sera honoré en prenant la parole
sur les ondes.
Son message délivré depuis Londres est le suivant : « Nous sommes venus d’abord pour voir le patron puis la BBC et vous
excuserez un ancien des Forces Françaises Combattantes d’avoir rendu hommage à son chef et d’avoir dit merci à la BBC qui nous a
tant aidée pendant l’occupation à poursuivre la lutte en France et dans les camps de concentration pour la défense de la personnalité
humaine et la liberté du monde ».
ICI LONDRES
VOUS VENEZ D’ENTENDRE l’ABBE JULIEN LELIEVRE
L’Abbé Julien LELIEVRE décède à Savigné l’Evêque le 11 novembre 1958 lors de la célébration de la messe
commémorative de l’armistice.
Cela se passe très exactement 15 ans jour pour jour, heure pour heure après son arrestation en présence de
nombreux anciens camarades de combat.
Ses derniers mots seront : « faire mieux à chaque instant dans chaque pays du monde ».
Jean-Marie CHAUDEMANCHE
19
La famille de CHERVY
L’histoire de la famille de Chervy commence pour Fresnay à la Renaissance. Un acte de 1542 nous
apprend que Jeanne Sanguin est l’épouse d’un Julien de Chervy, habitant Fresnay, mais dont on ne connait pas
la profession. Il est cependant connu comme seigneur de Pommeray. Décédé avant 1558, ce Julien de Chervy
laisse deux enfants : une fille Antoinette, mariée à René Laigneau seigneur de La Brissolière et surtout Jean de
Chervy, premier bailli de la famille.
A cette époque un bailli est un officier de justice mais dont les fonctions sont beaucoup plus étendues que
celles de nos juges actuels : c’est en fait le chef d’une circonscription administrative, le baillage, dans laquelle il
assure la justice et la police ; il a sous ses ordres, un lieutenant civil et criminel, un procureur, un greffier.
Autour de lui gravitent de nombreux hommes de loi : des avocats, des notaires, des greffiers et les agents qui
administrent le Grenier à sel. Le baillage de Fresnay regroupe 28 paroisses dont le territoire s’étend jusqu’aux
portes d’Alençon, à Monsort. Il a le droit de haute, de moyenne et de basse justice, c’est-à-dire qu’il peut juger
pratiquement tous les délits en première instance et prononcer des condamnations à mort, l’appel se faisant au
niveau supérieur : le Présidial de La Flèche. Le tribunal est situé dans la salle supérieure des halles et s’appelle la
« cohue ». Le gibet pour les exécutions, se trouve sur Saint-Ouen.
En 1573, au moment où Jean de Chervy commence ses fonctions de bailli, son supérieur direct et celui qui
l’a nommé, est le Duc d’Alençon, dont dépend Fresnay, conformément au système féodal alors en place. Or il se
trouve que le duc en titre à cette époque est Henri de Navarre qui devient en 1589, roi de France sous le nom
d’Henri IV. De ce fait, il perd le droit de conserver les possessions de ses ancêtres, et le duché d’Alençon, avec
Fresnay et Beaumont, tombent sous l’autorité royale. Ceci explique l’acte des registres paroissiaux qui en 1597
installe Jean de Chervy comme bailli royal à la tête du baillage royal de Fresnay. Jean de Chervy décède en 1590
et sa succession à la tête du baillage est assurée d’abord par son gendre, Isaac Richer, puis par son fils René de
Chervy à partir de 1615. La très longue carrière de ce dernier s’achève en 1662 lorsque sa mort met fin à un siècle
d’administration fresnoise par les baillis de la famille de Chervy.
Pourquoi ont-ils laissé leur nom à Fresnay ? Un acte ancien nous apprend qu’en 1571, Jeanne Sanguin, la
veuve de Julien de Chervy, loue l’hôtel qui porte leur nom à Fresnay, dans la Grande Rue, à un propriétaire,
Jacques de Courtarvel, seigneur de la Coursure, de Pezé et de La Lucazière. Elle l’habite donc sans doute avec
ses enfants, et l’on peut supposer que ses fils et petits fils, baillis de Fresnay, ont fait de même. L’emprise de
l’hôtel, qui doit contenir une partie des bureaux du baillage, est considérable dans une petite ville à cette
époque. Amputé d’un tiers après 1972, il montre aujourd’hui deux bâtiments distincts bien que voisins : sur la
Grande rue, une maison du 15e siècle, bien antérieure aux Chervy, et dans la cour, un très bel hôtel de style
Renaissance qui pourrait avoir été construit par Julien ou Jean de Chervy, et habité par la famille pendant le 17e
siècle. La vie sociale des Chervy se dessine dans les actes d’état civil qui témoignent de leurs mariages et
naissances, sans oublier, pour les jeunes filles, les parrainages réguliers des cloches de l’église ! Les actes
notariés font état de leur patrimoine foncier, très important à Fresnay et aux environs.
Quelques cas de justice pour lesquels on a fait appel au bailli de Fresnay. En 1620, il doit instruire l’affaire
du meurtre de François Picart, tué d’un coup d’arquebuse par Thomas Paris. En 1631 « fut assassiné d’un coup
de pistolet François Le Jort , écuyer, sieur de Genteville, commis au Grenier à sel de Fresnay, mort au carrefour
près du logis du bailli ». En 1650 une supplique du curé de Notre-Dame au bailli demande de « faire curer le
grand puits rempli d’immondices », devant l’église ; le bailli paie le montant des travaux. On trouve encore en
1651 une supplique au bailli pour « faire remettre les portes de la ville, à cause du fréquent passage des gens de
guerre ». On le voit par ces quelques exemples : le bailli doit traiter non seulement des affaires judiciaires, mais
gérer la sécurité de la ville et sa bonne tenue, assisté de son nombreux personnel.
Au travers de l’histoire de la famille de Chervy se dessine l’image de Fresnay sous l’Ancien Régime : un
chef-lieu de baillage et de doyenné très important, possédant un Grenier à sel, une représentation de tous les
types de métiers alors connus, et pourvu de nombreuses foires et marchés qu’alimentait l’agriculture des
campagnes environnantes. Une ville fortifiée, entourée de remparts, administrée par un grand nombre
d’officiers seigneuriaux ou royaux, et qui laisse l’image d’une ville riche, peuplée, vivante, nullement isolée au
fond d’un département ou d’une région, mais plutôt une ville charnière tournée autant vers la Normandie que la
Loire, selon l’intérêt du moment.
Odile LECONTE
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Pour aller plus loin…
André BOUTON
Informations recueillies par Mr Jean-Marie Chaudemanche auprès de Monsieur Etienne BOUTON, fils d’André
BOUTON demeurant au Mans ; Monsieur Didier BEOUTIS, petit fils d’André BOUTON, demeurant au Mans ;
la biographie d’André BOUTON rédigée par son fils Philippe BOUTON ; Site internet sous le nom d’André
BOUTON.
Autres Œuvres et documents d’André BOUTON
La Butte Chaumont étude historique et archéologique 1924
La fin de Rentiers histoire des fortunes privées de France 1932
A travers les Souterrains inconnus du vieux Mans
Les Voies Antiques les grands Chemins Médiévaux et les Routes Royales du Haut Maine
Les Francs-Maçons Manceaux pour l’établissement de la République (1815-1914) en 1966
La Baronnie de la Ferté Géographie féodale 1962
Un Apostolat Paroissial – Le Chanoine Jacques BOUTON (1894-1956) en 1957
La Colonisation du sol Français depuis la guerre 1925
Damiens le Régicide, les secrets de son procès Docteur André Andrés
et la psychiatrie médico-légale 1955
La dépopulation dans la Sarthe 1930
Histoire de la Franc-maçonnerie dans la Mayenne (1756-1951) en 1951
La Poétesse Etiennette BOUTON épouse d’André BOUTON
Auteur de nombreux poèmes pour enfants
Maurice BRIANCHON
Sur internet :
- http://www.brianchon.com/
- http://www.youtube.com/watch?v=_1m2xsgVMjI : Collection du peintre Maurice Brianchon (1899-1979)
- http://www.interencheres.com/actualites/domaines/meubles-et-objets-dart/2013/04/dans-lintimite-demaurice-brianchon/
Références bibliographiques :
- Heid, Richard. Brianchon. Ides et Calende, 1954.
- Maurice Brianchon : 1899-1979 / Lausanne, du 13 octobre 1989 au 28 janvier 1990. Fondation de l'Hermitage, 1989.
- Les peintres de la Réalité poétique : Maurice Brianchon, Christian Caillard, Jules Cavaillès. Bibliothèque des arts, 1994.
- BRIANCHON, Pierre-Antoine ; DAULTE, Olivier ; DUPERTUIS, Manuel. Maurice Brianchon : catalogue de
l'oeuvre peint. Bibliothèque des arts, 2008.
André QUELLIER
http://www.andrequellier.fr/
http://paroleculturecite.blogspot.fr/p/andre-quellier.html
Robert TRIGER
Robert Triger, sa vie, son œuvre, (1856-1927), Henri Tournouer, Le Mans, SHAM, 1930
Philippe Gautier
1981 "Trente ans de recherche" Editions "Mémoire Vivante"
1986 Philippe Gautier par René Le Capitaine
2004 Univers des Arts : Philippe Gautier, Rétrospective.
Tous ces ouvrages nous ont été offerts gracieusement par sa femme Mi-Jo. Les amis de médiathèque la
remercient vivement.
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