Évolution de l`HbA1C en fonction de l`âge et du sexe dans une

Transcription

Évolution de l`HbA1C en fonction de l`âge et du sexe dans une
Article original
Ann Biol Clin 2011 ; 69 (5) : 545-53
Évolution de l’HbA1C en fonction de l’âge et du sexe
dans une population française
de sujets sans diabète connu âgés de 6 à 79 ans
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017.
Age and sex variations of HbA1C in a French population
without known diabetes aged 6 to 79 years
Gaëlle Gusto1
Sylviane Vol1
Catherine Born1
Beverley Balkau2,3
Jocelyne Lamy1
Christiane Bourderioux1
Olivier Lantieri1
Jean Tichet1
1 Institut inter régional pour la santé,
La Riche, France
<[email protected]>
2 Centre de recherche en épidémiologie
et santé des populations, U1018,
épidémiologie du diabète, de l’obésité et
des pathologies rénales, Inserm CESP,
Villejuif, France
3 Université Paris-Sud 11, UMRS 1018,
Villejuif, France
Résumé. L’HbA1C est désormais utilisée pour le dépistage et le diagnostic du
diabète. Notre objectif était de déterminer les valeurs moyennes de l’HbA1C en
fonction de l’âge et du sexe, dans une large population de sujets sans diabète
connu ayant bénéficié d’un examen de santé proposé par leur caisse d’assurance
maladie. La population de l’étude était constituée de 5 138 hommes et femmes
sans diabète connu âgés de 6 à 79 ans. L’HbA1C a été dosée par technique CLHP
standardisée selon la méthode DCCT. L’HbA1C présentait une distribution quasiment normale pour les deux sexes. Les moyennes (écart type) étaient, hommes
vs femmes, exprimées en pourcentage de 5,3 (0,4) vs 5,2 (0,3), en mmol/mol
de 34 (5) vs 34 (4) et en équivalent glycémie moyenne estimée en mmol/L de
5,83 (0,67) vs 5,75 (0,53). L’HbA1C augmentait avec l’âge de 0,08 % tous les
dix ans. Après ajustement sur la glycémie, cette augmentation était atténuée à
0,04 %. Entre 15 et 49 ans, les femmes présentaient des valeurs plus basses que
les hommes (p < 0,0001) ; aucune différence entre sexes n’était observée avant
et après cette tranche d’âge. Le seuil de 6,5 % pour l’HbA1C sélectionnait 0,6 %
de notre population. Parmi les sujets ainsi sélectionnés, 88 % (96 % d’hommes
et 73 % de femmes) avaient une glycémie à jeun supérieure à 6,1 mmol/L. Un
seuil de 6,0 % pour l’HbA1C sélectionnerait 2,8 % de notre population.
doi:10.1684/abc.2011.0611
Mots clés : HbA1C , âge, sexe, diabète, dépistage
Article reçu le 27 mai 2011,
accepté le 11 juillet 2011
Abstract. HbA1C is being used for screening and diagnosing diabetes. We
determined mean values of HbA1C according to age and sex in a large population without known diabetes, in a wide age range 6-79 years. 5,138 men and
women without known diabetes aged 6-79 years participated in a routine health
examination provided by their medical insurance. HbA1C was assessed on an
HPLC analyzer aligned with a DCCT method. HbA1C was approximately normally distributed in both men and women. Mean (SD) HbA1C were, for men
vs women, in percentages 5.3 (0.4) vs 5.2 (0.3), in mmol/mol 34 (5) vs 34 (4)
and in estimated blood glucose in mmol/L 5.83 (0.67) vs 5.75 (0.53). HbA1C
increased with age by 0.08% every 10 years and this was attenuated to a 0.04%
increase after adjustment on fasting plasma glucose. Between 15 and 49 years,
women had lower values than men (p < 0.0001), but no sex differences were
observed before and after this age range. In our population, 0.6% had HbA1C
greater or equal to 6.5% and 88% (96% of men and 73% of women) of them
had fasting plasma glucose greater or equal to 6,1 mmol/L. Threshold of 6.0%
selected 2.8% of our population.
Key words: HbA1C , age, sex, diabetes mellitus, screening
Tirés à part : G. Gusto
Pour citer cet article : Gusto G, Vol S, Born C, Balkau B, Lamy J, Bourderioux C, Lantieri O, Tichet J. Évolution de l’HbA1C en fonction de l’âge et du sexe dans une
population française de sujets sans diabète connu âgés de 6 à 79 ans. Ann Biol Clin 2011 ; 69(5) : 545-53 doi:10.1684/abc.2011.0611
545
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017.
Article original
L’hémoglobine glyquée (HbA1C ) est le produit résultant
d’une réaction de fixation non enzymatique de glucose sur
une extrémité N-terminale (résidu valine) des chaînes ␤ de
l’hémoglobine. Son dosage fournit un index de la concentration glycémique moyenne des deux ou trois mois précédents [1]. Le coefficient intra-individuel de variation de
l’HbA1C est beaucoup plus faible que celui de la glycémie à
jeun [1, 2] ; de plus il n’y a pas de nécessité d’être à jeun lors
du prélèvement sanguin. La valeur prédictive de l’HbA1C
dans le risque de développement de complications cardiovasculaires à long terme a été démontrée par le Diabetes
Control and Complication Trial (DCCT) dans le cas du
diabète de type 1 [3], et par l’United Kingdom Prospective
Diabetes Study (UKPDS) dans le cas du diabète de type 2
[4]. L’HbA1C est largement utilisée pour le contrôle glycémique des patients diabétiques afin de vérifier l’efficacité
des traitements et d’évaluer l’impact des interventions thérapeutiques sur les complications diabétiques [1].
Des études épidémiologiques ont démontré le rôle prédictif de l’HbA1C pour le diabète incident, particulièrement
chez les sujets hyperglycémiques modérés à jeun (HMJ)
[5], ainsi que son association avec la mortalité cardiovasculaire [6]. L’Organisation mondiale de la santé recommande
l’utilisation du test d’hyperglycémie provoquée par voie
orale (HGPO) pour le diagnostic du diabète, mais ce test
est long à effectuer, cher et possède une faible reproductibilité [7]. Un comité international d’experts recommande
l’utilisation de l’HbA1C pour le dépistage et le diagnostic
du diabète à condition qu’elle soit dosée avec des techniques standardisées [1]. L’American Diabetes Association
recommande comme l’une des quatre options pour le diagnostic du diabète l’HbA1C avec un seuil de dépistage de
6,5 % indépendamment de l’origine ethnique, du sexe et de
l’âge [8].
La majorité des techniques de dosage de l’HbA1C
sont standardisées mondialement selon le National Glycohemoglobin Standardization Program (NGSP), cette
standardisation a été utilisée par le DCCT et l’UKPDS
[3, 4]. Une nouvelle méthode d’homogénéisation a été proposée par l’International Federation of Clinical Chemistry
(IFCC) pour une standardisation plus uniforme des mesures
de l’HbA1C . Les valeurs sont alors exprimées en mmol/mol.
En fait, cette méthode n’est utilisée que pour la standardisation des laboratoires de référence et pas en biologie clinique
courante [9].
La distribution de l’HbA1C a été étudiée il y a plus de
20 ans dans une population française de travailleurs avec
une ancienne technique de dosage [10]. Des études récentes
effectuées sur des populations sélectionnées fournissent des
valeurs de référence IFCC et DCCT : une étude dans une
population scandinave ne présentant aucun des facteurs de
risques cliniques du diabète [11] et une étude sur une population de sujets asiatiques ne présentant aucun des facteurs
546
hématologiques connus pouvant interférer avec l’HbA1C
[12]. La Framingham Offspring Study et le National Health
and Nutrition Examination Survey (NHANES) 2001-2004
donnent les valeurs moyennes de l’HbA1C ainsi que le 97,5e
percentile par classe d’âge de cinq ans dans une population
de sujets de 25 ans et plus [13].
Les valeurs d’HbA1C doivent être exprimées en unité IFCC
mmol/mol, en pourcentage à l’aide d’une équation et si possible en glycémie moyenne estimée selon le consensus 2010
signé par l’American Diabetes Association, l’European
Association for the Study of Diabetes, l’International Federation of Clinical Chemistry, l’International Society for
Pediatric and Adolescent Diabetes et the International
Diabetes Federation [9]. Les recommandations françaises
préconisent de reporter l’HbA1C en mmol/mol et en pourcentage uniquement [14]. Une étude récente montre que les
valeurs obtenues par dosage NGSP et celles dérivées des
valeurs IFCC à l’aide d’une équation sont interchangeables
[15].
L’objectif principal de cette étude est d’analyser la distribution de l’HbA1C , pour ces trois unités en fonction de l’âge
et du sexe dans une population de sujets sans diabète connu
âgés de 6 à 79 ans.
Patients et méthodes
Population
Les participants sont des sujets volontaires âgés de 6 à
79 ans ayant bénéficié d’un examen périodique de santé pris
en charge par leur Caisse primaire d’assurance maladie réalisé dans l’un des 11 centres d’examens de santé de l’Institut
inter régional pour la santé (IRSA) situés dans le CentreOuest de la France, de novembre 2008 à mai 2009. Environ
85 % de la population française est affiliée au régime général
de l’assurance maladie.
Chaque semaine durant cette période, l’HbA1C était mesurée sur un échantillon d’environ 300 sujets sélectionnés sur
trois jours (mercredi, jeudi, vendredi) à raison de 100 personnes par jour.
Ainsi, 5 983 mesures d’HbA1C furent effectuées dont seules
78 mesures furent exclues : chromatogrammes anormaux
(n = 7), valeur d’HbA1C à 3,2 % due à une anémie hémolytique (n = 1), femmes enceintes (n = 22), non à jeun
(n = 1), données manquantes (n = 12), créatinine supérieure
ou égale à 177 ␮mol/L (n = 3), hémoglobine inférieure à
100 g/L (n = 15).
Du fait de la surreprésentation connue des individus en
situation de précarité (22 %) liée à un recrutement les favorisant, l’échantillon a été redressé par sélection randomisée
afin d’inclure le même pourcentage de population précaire
que dans la population générale française, soit 13 % [16].
Ann Biol Clin, vol. 69, n◦ 5, septembre-octobre 2011
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017.
Valeurs fréquentes de l’HbA1C
Les diabétiques connus, définis par la prise de traitement
anti-diabétique (n = 125) ou même seulement la déclaration
d’antécédent personnel de diabète (n = 44), ont été exclus.
La population retenue pour l’étude était de 5 138 sujets sans
diabète connu (2 337 hommes et 2 801 femmes) de moyenne
d’âge (écart type [ET]) 45 (17) ; dont 18,3 % HMJ, 1,3 %
avec une glycémie à jeun supérieure ou égale à 7,0 mmol/L,
346 sujets de moins de 18 ans (154 garçons et 192 filles) et
259 de 70 à 79 ans.
Parmi les 5 138 sujets, 3 841 (1 702 hommes et
2 139 femmes), soit 74,8 % avaient une glycémie à jeun
inférieure ou égale à 6,0 mmol/L.
Matériels et méthodes
Les échantillons sanguins ont été prélevés sur EDTA après
un jeûne d’au moins 12 heures et ont été conservés à température ambiante avant dosage puis à + 4 ◦ C après dosage (au
maximum un jour après le prélèvement). La glycémie à jeun
a été dosée selon la technique Hexokinase sur l’analyseur
C8000 Architect Abbott, Rungis, France (les coefficients de
variations de répétabilité et de reproductibilité étaient respectivement de 0,7 et 1,2 %). Les dosages d’HbA1C ont été
effectués par chromatographie liquide haute performance
(CLHP), avec l’analyseur Menarini HA 8160 (Menarini
Diagnostics, Rungis, France), certifié par le NGSP, sur des
prélèvements de sang total. Un chromatogramme permettait la séparation pour chaque échantillon. Les variants de
l’hémoglobine tels que l’HbS, l’HbC, l’HbD, l’HbE, l’HbF,
l’HbA1C carbamylée ou l’HbA1C labile n’interféraient pas
avec la mesure de l’HbA1C . L’HbA1C est calculée comme
le pourcentage de l’hémoglobine totale. Les sujets ayant un
chromatogramme présentant des pics aberrants d’HbA0,
tels que le chevauchement ou le dédoublement, ont été
exclus (n = 7). La répétabilité a été effectuée en dosant
l’HbA1C 21 fois en une même série dans un échantillon
avec un taux moyen d’HbA1C de 5,3 %. Le coefficient de
variation pour le test de répétabilité était de 1,1 %. La reproductibilité a été évaluée sur 20 passages avec deux niveaux
de contrôle : un avec un taux moyen d’HbA1C de 5,7 % et
un avec un taux haut d’HbA1C de 10,7 %. Les coefficients
de variation pour le test de reproductibilité étaient de 0,7 %
(moyen) et de 1,9 % (haut).
Tous les sujets avaient rempli un autoquestionnaire portant
sur leur statut socioéconomique et familial, leurs antécédents médicaux, leurs habitudes comportementales et
nutritionnelles, leur prise de traitements médicamenteux en
cours.
Pour les sujets de plus de 15 ans, la précarité psychosociale
a été définie par un score supérieur ou égal à 30 calculé à
partir du questionnaire validé : « Évaluation de la précarité
et des inégalités de santé dans les centres d’examens de
santé » (EPICES) [17]. Les enfants de 6 à 15 ans ayant au
Ann Biol Clin, vol. 69, n◦ 5, septembre-octobre 2011
moins un parent chômeur, bénéficiaire du revenu minimal
d’insertion, de la couverture maladie universelle ou d’un
contrat emploi solidarité ont été définis comme en situation
de précarité.
Trois variables comportementales ont été calculées pour les
sujets de plus de 15 ans :
– comportement sédentaire défini par une activité physique
faible déterminée à l’aide de trois questions de l’autoquestionnaire portant sur l’activité physique à la maison,
au travail et l’activité sportive ;
– fumeur défini par fumeur actuel ou moins d’un an d’arrêt ;
– déséquilibre alimentaire défini à partir d’un autoquestionnaire de 22 items sur les habitudes alimentaires
[18].
Le poids, la taille et le tour de taille ont été mesurés par des
infirmières et des médecins suivant des procédures standardisées, sur des sujets en sous-vêtements. L’indice de masse
corporelle (IMC) était défini par le poids en kilogrammes
divisé par la taille en mètre au carré. Le surpoids et l’obésité
étaient définis selon les seuils de l’International Obesity
Task Force pour ceux âgés de 6 à 17 ans [19], pour ceux de
18 ans et plus, par un IMC compris entre 25 et 30 kg/m2
pour le surpoids et supérieure ou égale à 30 kg/m2 pour
l’obésité. Les pressions artérielles systolique et diastolique
étaient mesurées en position allongée, après 5 minutes de
repos.
Analyses statistiques
Les données ont été analysées à l’aide du logiciel NCSS
2000 (Number Crunching Statistical Software) avec une
significativité définie par une probabilité p < 0,05. Les
résultats ont été exprimés en moyenne (écart type [ET]) ou
en pourcentage. La comparaison entre hommes et femmes
a été faite par les tests de Kruskal-Wallis ou de ␹2 . Les
comparaisons entre classes d’âge par sexe ont été faites à
l’aide du test de Kruskal-Wallis. Les classes d’âge consécutives ont été regroupées quand leur moyenne d’HbA1C ne
différait pas. L’analyse de régression linéaire a été utilisée
pour détecter une possible tendance linéaire des moyennes
d’HbA1C par rapport aux classes d’âge de cinq ans et pour
ajuster sur l’IMC et le tabac lors de la comparaison entre
sexes. L’ajustement sur la glycémie à jeun a été fait par
GLM Anova. Les estimateurs de la densité de l’HbA1C ont
été calculés par la méthode de Kernel avec une approximation gaussienne à l’aide du logiciel R. À partir de sa valeur
en pourcentage, l’HbA1C a été exprimée en mmol/mol et
en glycémie moyenne estimée (eAG) (mmol/L) à l’aide des
équations suivantes :
– HbA1C (mmol/mol) = 10,929 × HbA1C (%) - 23,50 [20] ;
– eAG (mmol/L) = 1,59 × HbA1C (%) - 2,59 [21].
547
Article original
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017.
Résultats
La moyenne d’âge ne différait pas entre hommes et femmes
(tableau 1). La moyenne (ET) d’HbA1C (%) était plus élevée chez les hommes que chez les femmes : 5,3 (0,4) vs
5,2 (0,3), p < 0,0001 ainsi que la moyenne de la glycémie
à jeun (mmol/L) : 5,28 (0,74) vs 4,98 (0,54), p < 0,0001.
L’intervalle 2,5e -97,5e percentile était le même pour les
deux sexes pour l’HbA1C (4,7-6,0 %) mais différait pour
la glycémie à jeun (4,33-6,77 mmol/L pour les hommes vs
4,16-6,21 mmol/L pour les femmes). Entre 45 et 55 ans,
les femmes ménopausées avaient des valeurs moyennes
d’HbA1C significativement plus élevées que les femmes
non ménopausées : 5,4 % (0,3) vs 5,2 % (0,3), p < 0,0006
après ajustement sur l’âge.
Les variations de l’HbA1C en fonction de l’âge et du sexe
ont été comparées à celles de la glycémie à jeun. Les
moyennes d’HbA1C et de glycémie à jeun augmentaient
significativement avec l’âge (p tendance < 0,0001 pour les
deux sexes, figures 1A et B). Une augmentation d’âge de
dix ans était associée respectivement à une augmentation
de 0,08 % et 0,14 mmol/L pour l’HbA1C et la glycémie
à jeun. Les valeurs moyennes étaient plus élevées pour
les hommes que pour les femmes et la glycémie à jeun
montrait une plus grande différence (4 à 5 %) entre sexes
que l’HbA1C . L’HbA1C augmentait avec l’âge pour les
deux sexes même après ajustement sur la glycémie à jeun
(p tendance < 0,0001), avec une augmentation de 0,04 %
d’HbA1C tous les dix ans (figure 1C).
Les distributions de l’HbA1C étaient quasiment normales
pour les hommes comme pour les femmes pour les classes
d’âge considérées (figure 2). Avant 15 ans et après 49 ans,
les valeurs moyennes d’HbA1C ne différaient pas entre
sexes (p = 0,73) (voir les exemples : 6 à 14 ans et 50 à
59 ans, figure 2). De 15 à 49 ans, les femmes avaient des
valeurs plus faibles que les hommes (p < 0,001) même
après ajustement sur l’IMC ou le tabac (p < 0,0001), la
différence maximale de + 0,10 % était observée pour la
classe d’âge 40 à 44 ans (figure 2). Le tableau 2 donne la
distribution de l’HbA1C dans les trois unités : pourcentages,
mmol/mol et eAG (mmol/L), en fonction des classes d’âge
agrégées et selon le sexe seulement entre 15 et 49 ans. Le
tableau 3 donne les 2,5e et 97,5e percentiles de l’HbA1C
pour les classes d’âge 6 à 14, 15 à 49 et supérieure à 49 ans.
Les significativités étaient du même ordre dans le sousgroupe de sujets ayant une glycémie à jeun inférieure ou
égale à 6,0 mmol/L, soit une augmentation de l’HbA1C
avec l’âge de 0,06 % par tranche d’âge de dix ans, atténuée à 0,05 % après ajustement sur la glycémie à jeun
(p tendance < 0,0001).
L’HbA1C et la glycémie à jeun étaient corrélées (corrélation de Spearman = 0,60, p < 0,0001). Le seuil de 6,5 %
de l’HbA1C sélectionnait 0,6 % (n = 32) de la population, et 88 % d’entre eux (96 % d’hommes et 73 % de
femmes) avaient une glycémie à jeun supérieure ou égale à
6,1 mmol/L. Le seuil de 6,0 % sélectionnait 2,8 % de sujets
et 57 % d’entre eux avaient une glycémie à jeun supérieure
ou égale à 6,1 mmol/L.
Tableau 1. Caractéristiques des sujets sans diabète connu âgés de 6 ans et plus. Les variables sont exprimées en moyenne (écart type)
ou en pourcentage.
Hommes
n = 2 337
Femmes
n = 2 801
Âge (ans)
Tour de taille (cm)
45 (17)
91 (12)
45 (17)
81 (13)
Indice de masse corporelle (kg/m2 )
Surpoidsa (%)
Obésitéa (%)
Pression artérielle systolique (mmHg)
Pression artérielle diastolique (mmHg)
Glycémie à jeun (mmol/L)
HbA1C (%)
Hémoglobine (g/L)
Créatinine (␮mol/L)
25,3 (4,2)
40
12
135 (16)
79 (11)
5,28 (0,74)
5,3 (0,4)
150,6 (9,3)
85,2 (12,0)
24,6 (5,1)
26
14
127 (17)
77 (10)
4,98 (0,54)
5,2 (0,3)
135,4 (8,5)
70,4 (9,2)
Fumeursb (%)
26
20
Comportement sédentaireb (%)
26
31
Déséquilibre alimentaireb (%)
Précarité psychosocialec (%)
48
12
39
14
Définitions de l’International Obesity Task Force pour les sujets de moins de 18 ans [19], pour ceux de 18 ans et plus, obésité : IMC ≥ 30 kg/m2 ; surpoids :
25 kg/m2 ≤ IMC < 30 kg/m2 .
b
> 15 ans (n = 4 963).
c
Au moins un parent chômeur, bénéficiaire du revenu minimal d’insertion, de la couverture maladie universelle ou d’un contrat emploi solidarité pour les
enfants d’âge inférieur ou égal à15 ans, score EPICES supérieur ou égal à 30 [17] pour ceux de plus de 15 ans.
a
548
Ann Biol Clin, vol. 69, n◦ 5, septembre-octobre 2011
Valeurs fréquentes de l’HbA1C
A
5,6
5,5
HbA1C (%)
5,4
5,3
5,2
5,1
5,0
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017.
4,9
4,8
4,7
4,6
≤14
15
20
25
30
35
40
45
50
55
60
65
≥70
50
55
60
65
≥70
B
5,6
Glycémie à jeun (mmol/L)
5,5
5,4
5,3
5,2
5,1
5,0
4,9
4,8
4,7
4,6
≤14
15
20
25
30
35
40
45
C
5,6
HbA1C (%) ajustée sur la glycémie à jeun
5,5
5,4
5,3
5,2
5,1
5,0
4,9
4,8
4,7
4,6
≤14
15
20
25
30
35
40
45
50
55
60
65
≥70
Figure 1. Évolutions avec l’âge de la valeur moyenne
d’hémoglobine glyquée (HbA1C ) en pourcentage (A), de la
valeur moyenne de glycémie à jeun (mmol/L) (B) et de la valeur
moyenne d’HbA1C en pourcentage ajustée sur la glycémie à jeun
(C) en fonction du sexe chez les hommes et les femmes sans
diabète connu. trait continu = hommes, trait pointillé = femmes
Discussion
La distribution de l’HbA1C a été étudiée chez 5 138 hommes
et femmes sans diabète connu en utilisant une méthode alignée DCCT. Notre équipe avait déjà démontré dès 1983 que
Ann Biol Clin, vol. 69, n◦ 5, septembre-octobre 2011
l’hémoglobine glyquée HbA1 augmente avec l’âge dans
une population âgée de 6 à 70 ans [22]. De même que dans
d’autres études [6, 10, 12, 13, 23], dans notre présente étude,
l’HbA1C augmentait avec l’âge pour les deux sexes. Cette
augmentation était de 0,08 % par tranche d’âge de dix ans,
similaire à celle observée chez les sujets non diabétiques
de l’étude Framingham Offspring Study et NHANES 20012004 (0,10 %) [13]. Cette augmentation de l’HbA1C peut
en partie être expliquée par la diminution du renouvellement des globules rouges associée à l’âge [23] et/ou par
des niveaux de glycémie post-prandiale plus élevés chez
les personnes âgées que chez les plus jeunes [24]. Chez les
sujets présentant une glycémie à jeun inférieure ou égale à
6,0 mmol/L, une augmentation de l’HbA1C avec l’âge était
également observée de l’ordre de 0,06 % tous les dix ans.
Dans notre étude, les valeurs moyennes d’HbA1C ne différaient pas entre sexes avant 15 ans et après 49 ans
contrairement à la glycémie à jeun (figures 1A et B). À
partir de 50 ans, tranche d’âge où le diabète est le plus
communément dépisté, la différence entre sexes diminuait
avec l’âge. La pente de la courbe d’évolution de l’HbA1C
avec l’âge des femmes péri- et post-ménopausées est plus
abrupte que celle des hommes [13]. À âge égal, les femmes
ménopausées avaient des valeurs moyennes d’HbA1C significativement plus élevées que les femmes non ménopausées.
Différentes études démontrent que les femmes de plus de
50 ans ont des valeurs significativement plus élevées que
celles de 40 à 49 ans [10]. Après 50 ans, l’utilisation de
traitements hormonaux substitutifs n’affecte pas l’HbA1C ,
même après ajustement sur l’âge et l’IMC [25]. Dans
l’étude NHANES 1988-1994, Saaddine et al. [26] et Eldeiwari et Lipton [27] fournissent des valeurs d’HbA1C en
fonction de l’âge, du sexe et de l’origine ethnique, sur
7 968 individus non diabétiques âgés de cinq à 24 ans et
4 928 enfants non diabétiques âgés de quatre à 17 ans.
Saaddine et al. trouvent une faible différence entre sexes
pour les valeurs moyennes d’HbA1C dans la tranche d’âge
six à 24 ans, similaire à nos résultats (p = 0,04). Eldeirawi et Lipton trouvent une différence entre sexes pour les
valeurs moyennes d’HbA1C pour la classe d’âge six à 17 ans
contrairement à nos résultats. Entre 15 et 49 ans, les femmes
présentaient des valeurs significativement plus faibles que
les hommes. Cette différence entre sexes est logiquement
attribuable au phénomène physiologique menstruel. Certaines études ne trouvent aucune relation entre l’HbA1C
et le sexe [10, 12]. Il y a plus de 20 ans, Simon et al.,
n’ont trouvé aucune différence entre sexes pour l’HbA1C
chez 3 240 employés ou retraités français de TELECOM,
âgés de 18 à 81 ans, sans hémoglobinopathie ou diabète connu, sauf après 60 ans où les femmes présentaient
des valeurs plus élevées que les hommes [10] ; selon les
auteurs, cela est dû à un biais de sélection de travailleurs
en bonne santé et à la différence de taille d’échantillon
549
Article original
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017.
2.0
Densité
6-14 ans
2.0
Densité
40-44 ans
2.0
1.5
1.5
1.5
1.0
1.0
1.0
0.5
0.5
0.5
0.0
0.0
4.0
4.5
5.0
5.5
HbA1C (%)
6.0
6.5
Densité
50-59 ans
0.0
4.0
4.5
5.0
5.5
HbA1C (%)
6.0
6.5
4.0
4.5
5.0
5.5
6.0
6.5
HbA1C (%)
Figure 2. Distribution de l’hémoglobine glyquée (HbA1C ) en fonction de l’âge et du sexe chez les hommes et les femmes sans diabète
connu. Estimateurs de la densité, par la méthode de Kernel avec une approximation gaussienne, de l’HbA1C dans trois classes d’âge : 6
à 14, 40 à 44 et 50 à 59 ans. Trait continu = hommes, trait pointillé = femmes.
entre hommes (n = 43) et femmes (n = 85) dans cette classe
d’âge. Différents facteurs pourraient contribuer à expliquer
les différences observées : le niveau d’IMC, la définition du
diabète et les anciennes techniques de dosage de l’HbA1C .
Certaines études menées avec d’autres techniques et sur
des populations sélectionnées selon des critères variés : par
exemple, pas d’hyperglycémie, de problèmes rénaux ou de
foie, d’anémie ou d’hémoglobinopathie [12] ne trouvent
pas de relation entre l’HbA1C et le sexe. Cette absence de
différences significatives peut souvent être expliquée par la
faible taille des effectifs étudiés. D’autres résultats obtenus
sur une population sans aucun facteur de risque du diabète
avec une autre technique de dosage (le Mono S), montrent
que l’IMC, l’âge et le sexe influencent le 99,9e percentile
de l’HbA1C [11].
Certains auteurs ont étudié les valeurs moyennes d’HbA1C
chez les enfants et les jeunes américains [26-28]. En
considérant la même tranche d’âge, deux études [26, 27]
présentent une évolution d’HbA1C avec l’âge très similaire
à celle observée dans notre population, mais les valeurs y
sont moins élevées que dans notre étude, d’environ 0,08 %.
L’écart observé est vraisemblablement en relation avec
des moyennes d’âge et d’IMC plus élevés. Franks et al.
donnent les valeurs moyennes d’HbA1C observées chez
1 604 indiens américains non diabétiques de cinq à 19 ans
[28]. Pour la même tranche d’âge, nos résultats sont significativement plus faibles à rapprocher du fait que, dans notre
étude, la proportion de garçons est un peu plus faible (43 %
vs 46 %) mais surtout que le niveau d’IMC (20,8 kg/m2
[4,2] vs 25,1 kg/m2 [7,2]) est plus élevé. En outre, les caractéristiques génétiques et comportementales liées à l’origine
ethnique ne sont pas indifférentes.
En pratique clinique courante, l’interprétation des valeurs
d’HbA1C ne tient pas compte de l’âge et du sexe, même
550
si une différence statistique existe. C’est pourquoi nous
donnons également la distribution de l’HbA1C dans la population totale (tableau 2).
Un comité international d’experts recommande de poser le
diagnostic de diabète sur une valeur HbA1C supérieure ou
égale à 6,5 %, confirmée par une seconde valeur HbA1C
supérieure ou égale à 6,5 %, ou par une glycémie à jeun
supérieure ou égale à 7,0 mmol/L, indépendamment de
l’origine ethnique, du sexe ou de l’âge [1]. Selvin et al.
montrent qu’un niveau d’HbA1C de 6,0 % ou plus est
hautement prédictif d’un diabète 14 ans plus tard, indépendamment de la valeur initiale de la glycémie à jeun, chez
11 092 non diabétiques de l’étude Atherosclerosis Risk in
Communities study [29]. Qui plus est, l’HbA1C est plus
fortement corrélée que la glycémie à jeun avec le risque
de maladies cardiovasculaires et de mortalité toutes causes
[29]. Mostafa et al. montrent, dans une population de 8 696
participants non diabétiques de 40 à 75 ans de la Leicester Ethnic Atherosclerosis and Diabetes Risk cohort,
qu’une HbA1C supérieure ou égale à 6,5 % augmente significativement le nombre de sujets diabétiques alors même
qu’un tiers des sujets préalablement diagnostiqués diabétiques par HGPO ne sont plus identifiés par l’HbA1C [7].
Dans la cohorte DESIR, le seuil d’apparition du risque
de complication diabétique et spécialement de risque de
rétinopathie est inférieur au seuil de 6,5 % pour l’HbA1C
[30].
Les points forts de cette étude sont le grand nombre de
sujets inclus et la large classe d’âge (6 à 79 ans) considérée.
À notre connaissance, c’est la première étude qui fournit
des valeurs d’HbA1C chez les enfants et les jeunes français
de 6 à 14 ans. Toutes les mesures biologiques ont été faites
dans le même laboratoire avec la même technique dans un
délai très court et avec des procédures certifiées.
Ann Biol Clin, vol. 69, n◦ 5, septembre-octobre 2011
Ann Biol Clin, vol. 69, n◦ 5, septembre-octobre 2011
n
m
(ET)
5,1 (0,2)
5,1 (0,3)
5,0 (0,3)
5,0 (0,3)
5,2 (0,3)
5,1 (0,3)
5,1 (0,3)
5,3 (0,4)
5,2 (0,3)
5,2 (0,3)
5,3 (0,5)
5,2 (0,3)
5,3 (0,4)
5,4 (0,4)
5,5 (0,3)
5,3 (0,4)
2,5
4,6
4,5
4,5
4,5
4,6
4,6
4,6
4,7
4,6
4,7
4,7
4,7
4,7
4,8
4,9
4,7
Percentiles
5 50 95
4,7 5,1 5,5
4,6 5,1 5,5
4,6 5,0 5,4
4,6 5,0 5,5
4,7 5,1 5,6
4,7 5,1 5,5
4,7 5,1 5,6
4,9 5,2 5,8
4,8 5,2 5,6
4,8 5,2 5,7
4,8 5,3 5,8
4,8 5,2 5,7
4,8 5,2 5,8
4,9 5,4 5,9
5,0 5,4 6,0
4,8 5,2 5,8
HbA1C (%)
97,5
5,6
5,6
5,5
5,6
5,8
5,6
5,7
6,0
5,7
5,8
5,9
5,9
5,9
6,1
6,2
6,0
2,5
27
26
26
26
27
27
27
28
27
28
28
28
28
29
30
28
Percentiles
5 50 95
28 32 37
27 32 37
27 31 36
27 31 37
28 32 38
28 32 37
28 32 38
30 33 40
29 33 38
29 33 39
29 34 40
29 33 39
29 33 40
30 36 41
31 36 42
29 33 40
HbA1C a (mmol/mol)
m
(ET)
32 (3)
32 (3)
31 (3)
32 (3)
33 (4)
32 (3)
32 (3)
34 (4)
33 (3)
34 (4)
35 (5)
34 (3)
34 (4)
35 (5)
36 (4)
34 (4)
m : moyenne ; ET : écart type ; H : hommes ; F : femmes.
a
HbA1C (mmol/mol) = 10,929 × HbA1C (%) - 23,50 [20].
b
Glycémie moyenne estimée(eAG) (mmol/L) = 1,59 × HbA1C (%) - 2,59 [21].
6-14 Tous 158
15-29 H
384
F
525
Tous 909
30-39 H
343
F
384
Tous 727
40-44 H
233
F
282
Tous 515
45-49 H
264
F
273
Tous 537
50-59 Tous 1 089
≥ 60 Tous 1 203
6-79 Tous 5 138
Âge
(ans)
97,5
38
38
37
38
40
38
39
42
39
40
41
41
41
43
44
42
m
(ET)
5,51 (0,38)
5,46 (0,42)
5,39 (0,41)
5,42 (0,42)
5,62 (0,51)
5,49 (0,41)
5,55 (0,47)
5,80 (0,57)
5,65 (0,47)
5,72 (0,52)
5,85 (0,71)
5,73 (0,46)
5,79 (0,60)
5,98 (0,68)
6,08 (0,55)
5,78 (0,60)
2,5
4,7
4,6
4,6
4,6
4,7
4,7
4,7
4,9
4,7
4,9
4,9
4,9
4,9
5,0
5,2
4,9
Percentiles
5 50 95
4,9 5,5 6,2
4,8 5,5 6,2
4,7 5,4 6,0
4,7 5,4 6,2
4,9 5,5 6,3
4,9 5,5 6,2
4,9 5,5 6,3
5,2 5,7 6,6
5,0 5,7 6,3
5,0 5,7 6,5
5,0 5,8 6,6
5,0 5,7 6,5
5,0 5,7 6,6
5,2 6,0 6,8
5,4 6,0 7,0
5,0 5,7 6,6
eAGb (mmol/L)
97,5
6,3
6,3
6,2
6,3
6,6
6,3
6,5
7,0
6,5
6,6
9,8
6,8
6,8
7,1
7,3
7,0
m
(ET)
4,7 (0,4)
4,9 (0,4)
4,7 (0,4)
4,8 (0,4)
5,1 (0,5)
4,9 (0,5)
5,0 (0,5)
5,3 (0,8)
5,0 (0,5)
5,1 (0,7)
5,4 (0,7)
5,0 (0,5)
5,2 (0,6)
5,3 (0,8)
5,3 (0,7)
5,1 (0,7)
2,5
4,1
4,1
4,0
4,1
4,3
4,2
4,2
4,3
4,2
4,2
4,4
4,2
4,3
4,4
4,3
4,2
Percentiles
5 50 95
4,1 4,8 5,3
4,3 4,9 5,7
4,1 4,7 5,4
4,2 4,8 5,5
4,4 5,1 6,0
4,2 4,8 5,6
4,3 4,9 5,9
4,4 5,3 6,3
4,3 4,9 5,9
4,3 5,1 6,0
4,5 5,3 6,4
4,3 5,0 5,8
4,4 5,2 6,2
4,4 5,2 6,3
4,4 5,2 6,4
4,3 5,1 6,2
97,5
5,4
5,9
5,6
5,8
6,3
5,9
6,2
7,5
6,0
6,4
6,9
6,1
6,6
6,8
6,8
6,5
Glycémie à jeun (mmol/L)
Tableau 2. Distribution de l’hémoglobine glyquée (HbA1C ) en mmol/mol, en pourcentage et en glycémie moyenne estimée (mmol/L). La distribution de la glycémie à jeun (mmol/L)
en fonction de l’âge et du sexe est également renseignée.
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017.
Valeurs fréquentes de l’HbA1C
551
Article original
Tableau 3. Hémoglobine glyquée (HbA1C ) en fonction de l’âge et du sexe : 2,5e et 97,5e percentiles en pourcentage, en mmol/mol et en
glycémie moyenne estimée. Les 2,5e et 97,5e percentiles de la glycémie à jeun (mmol/L) en fonction de l’âge et du sexe sont également
renseignés.
Âge
(ans)
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017.
6-14
15-49
50-79
6-79
a
b
n
Tous
Hommes
Femmes
Tous
Tous
158
1 224
1 464
2 292
5 138
HbA1C (%)
Percentiles
HbA1C a (mmol/mol)
Percentiles
eAGb (mmol/L)
Percentiles
Glycémie à jeun (mmol/L)
Percentiles
2,5
4,6
4,6
4,6
4,9
4,7
2,5
27
27
27
30
28
2,5
4,7
4,7
4,7
5,2
4,9
2,5
4,1
4,3
4,1
4,3
4,2
97,5
5,6
5,8
5,7
6,2
6,0
97,5
38
40
39
44
42
97,5
6,3
6,6
6,5
7,3
7,0
97,5
5,4
6,4
5,9
6,8
6,5
HbA1C (mmol/mol) = 10,929 × HbA1C (%) - 23,50 [20].
Glycémie moyenne estimée (eAG) (mmol/L) = 1,59 × HbA1C (%) - 2,59 [21].
Notre étude présente cependant quelques limites. Premièrement, notre technique de mesure de l’HbA1C n’est pas
une technique IFCC ; les comparaisons doivent en tenir
compte. Deuxièmement, le repérage de la population est
basé sur un seul dosage, pour la glycémie à jeun et l’HbA1C .
À l’échelon individuel, pour le diagnostic de diabète, une
confirmation est nécessaire. Troisièmement, notre population est homogène, essentiellement caucasienne, ainsi
l’origine ethnique, évoquée ci-dessus à propos des indiens,
n’a pas été prise en compte. Les participants habitent le
Centre-Ouest de la France et sont tous volontaires, ce qui
constitue des biais de recrutement objectifs mais modestes
pour une représentativité parfaite de la population française
générale.
En résumé, le seuil de 6,5 % sélectionnait 0,6 % de la population et 88 % des sélectionnés avaient une glycémie à jeun
supérieure ou égale à 6,1 mmol/L. Le seuil de 6,0 % sélectionnait 2,8 % de la population. Entre 15 et 49 ans, la valeur
moyenne d’HbA1C était significativement plus faible chez
les femmes que chez les hommes, alors qu’aucune différence n’était observée chez les plus jeunes et les plus âgés.
Notre étude fournit des valeurs françaises d’HbA1C pour
les enfants et les jeunes sans diabète connu âgés de 6 à
14 ans. L’HbA1C augmentait avec l’âge, de 0,08 % par
tranche d’âge de dix ans, ramenée à 0,04 % après ajustement sur la glycémie à jeun. Les différences observées
étaient du même ordre dans le sous-groupe des sujets ayant
une glycémie à jeun inférieure ou égale à 6,0 mmol/L avec,
dans ce cas, une augmentation de 0,06 % de l’HbA1C tous
les dix ans et de 0,05 % après ajustement sur la glycémie
à jeun. Bien que nous ayons établi l’existence de différences, ces résultats ne justifient peut-être pas de mémoriser
ni d’utiliser en pratique clinique courante des seuils différents tenant compte du sexe et de l’âge. Par contre,
ces données seront utiles dans l’interprétation de l’HbA1C
dans des études épidémiologiques ultérieures et dans les
comparaisons entre des populations d’âge et de sexe non
identiques.
552
Remerciements. Ce travail a été soutenu par Menarini
Diagnostics.
Conflits d’intérêts : aucun.
Références
1. International Expert Committee report on the role of the A1C assay in
the diagnosis of diabetes. Diabetes Care 2009 ; 32 : 1327-34.
2. Selvin E, Crainiceanu CM, Brancati FL, Coresh J. Short-term variability in measures of glycemia and implications for the classification of
diabetes. Arch Intern Med 2007 ; 167 : 1545-51.
3. The Diabetes Control Complications Trial Research Group. The effect
of intensive treatment of diabetes on the development and progression of
long-term complications in insulin-dependent diabetes mellitus. N Engl J
Med 1993 ; 329 : 977-86.
4. Manley S. Haemoglobin A1c – a marker for complications of type 2 diabetes: the experience from the UK Prospective Diabetes Study (UKPDS).
Clin Chem Lab Med 2003 ; 41 : 1182-90.
5. Droumaguet C, Balkau B, Simon D, Caces E, Tichet J, Charles MA,
et al. Use of HbA1c in predicting progression to diabetes in French men
and women: data from an epidemiological study on the insulin resistance
syndrome (DESIR). Diabetes Care 2006 ; 29 : 1619-25.
6. Dilley J, Ganesan A, Deepa R, Deepa M, Sharada G, Williams OD,
et al. Association of A1C with cardiovascular disease and metabolic syndrome in Asian Indians with normal glucose tolerance. Diabetes Care
2007 ; 30 : 1527-32.
7. Mostafa SA, Davies MJ, Webb D, Gray LJ, Srinivasan BT, Jarvis J,
et al. The potential impact of using glycated haemoglobin as the preferred diagnostic tool for detecting Type 2 diabetes mellitus. Diabet Med
2010 ; 27 : 762-9.
8. American Diabetes Association. Diagnosis and classification of diabetes mellitus. Diabetes Care 2010 ; 33 : S62-9.
9. Hanas R, John G. 2010 consensus statement on the worldwide
standardization of the Hemoglobin A1C measurement. Diabet Med
2010 ; 27 : 737-8.
10. Simon D, Senan C, Garnier P, Saint-Paul M, Papoz L. Epidemiological
features of glycated haemoglobin A1c-distribution in a healthy population.
The Telecom Study. Diabetologia 1989 ; 32 : 864-9.
Ann Biol Clin, vol. 69, n◦ 5, septembre-octobre 2011
Valeurs fréquentes de l’HbA1C
11. Jorgensen LG, Brandslund I, Stahl M, Hyltoft Petersen P,
Iversen S, Klitgaard N, et al. Upper reference limit, analytical quality
specifications and clinical use of haemoglobin A1C. Scand J Clin Lab
Invest 2002 ; 62 : 609-22.
12. Paisooksantivatana K, Kongsomgan A, Leohirun L, Atamasirikul
K, Kunakorn M. Hemoglobin A1c level in healthy Thai adults: reference interval and fasting plasma glucose. Diabetes Res Clin Pract
2009 ; 83 : e43-6.
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017.
13. Pani LN, Korenda L, Meigs JB, Driver C, Chamany S, Fox CS, et al.
Effect of aging on A1C levels in individuals without diabetes: evidence
from the Framingham offspring study and the national health and nutrition
examination survey 2001-2004. Diabetes Care 2008 ; 31 : 1991-6.
14. Gillery P, Perier C, Bordas-Fonfrede M, Hue G, Chapelle JP, Vexiau
P, et al. Propositions for the standardized expression of HbA1c results.
Ann Biol Clin (Paris) 2009 ; 67 : 669-71.
15. Paisooksantivatana K, Kongsomgan A, Khupulsup K. NGSP and
IFCC-derived NGSP HbA1c can be used interchangeably. Diabetes Res
Clin Pract 2009 ; 85 : e22-5.
21. Nathan DM, Kuenen J, Borg R, Zheng H, Schoenfeld D, Heine RJ.
Translating the A1C assay into estimated average glucose values. Diabetes
Care 2008 ; 31 : 1473-8.
22. Tichet J, Cacès E, Le Clésiau H, Vol S, Sari N, Heitz B, et al. Hémoglobine glycosylée: intérêt en médecine préventive. In: Masson, ed. 5e
colloque international de Pont-à-Mousson: Biologie Prospective 1983 :
765-8.
23. Nuttall FQ. Effect of age on the percentage of hemoglobin A1c and
the percentage of total glycohemoglobin in non-diabetic persons. J Lab
Clin Med 1999 ; 134 : 451-3.
24. Qiao Q, Hu G, Tuomilehto J, Nakagami T, Balkau B, Borch-Johnsen
K, et al. Age- and sex-specific prevalence of diabetes and impaired glucose
regulation in 11 Asian cohorts DECODA Study Group. Diabetes Care
2003 ; 26 : 1770-80.
25. Okada M, Nomura S, Ikoma Y, Yamamoto E, Ito T, Mitsui T, et al.
Effects of postmenopausal hormone replacement therapy on HbA(1c)
levels. Diabetes Care 2003 ; 26 : 1088-92.
16. Inégalités de niveau de vie et mesures de la pauvreté en 2006.
Les revenus et le patrimoine des ménages, 2009. http://www.insee.fr/
fr/ffc/docs_ffc/ref/revpmen09b.PDF.
26. Saaddine JB, Fagot-Campagna A, Rolka D, Narayan KM, Geiss L,
Eberhardt M, et al. Distribution of HbA(1c) levels for children and young
adults in the U.S.: third national health and nutrition examination survey.
Diabetes Care 2002 ; 25 : 1326-30.
17. Sass C, Gueguen R, Moulin JJ, Abric L, Dauphinot V, Dupre C, et al.
Comparison of the individual deprivation index of the French health examination centres and the administrative definition of deprivation. Sante
Publique 2006 ; 18 : 513-22.
27. Eldeirawi K, Lipton RB. Predictors of hemoglobin A1c in a national sample of nondiabetic children: the third national health and
nutrition examination survey, 1988-1994. Am J Epidemiol 2003 ; 157 :
624-32.
18. Lasfargues G, Vol S, Le Clesiau H, Bedouet M, Hagel L, Constans T,
et al. Validity of a short self-administered dietary questionnaire compared
with a dietetic interview. Presse Med 1990 ; 19 : 953-7.
28. Franks PW, Hanson RL, Knowler WC, Moffett C, Enos G, Infante
AM, et al. Childhood predictors of young-onset type 2 diabetes. Diabetes
2007 ; 56 : 2964-72.
19. Cole TJ, Bellizzi MC, Flegal KM, Dietz WH. Establishing a standard definition for child overweight and obesity worldwide: international
survey. BMJ 2000 ; 320 : 1240-3.
29. Selvin E, Steffes MW, Zhu H, Matsushita K, Wagenknecht L,
Pankow J, et al. Glycated hemoglobin, diabetes, and cardiovascular risk
in nondiabetic adults. N Engl J Med 2010 ; 362 : 800-11.
20. Weykamp C, John WG, Mosca A, Hoshino T, Little R, Jeppsson
JO, et al. The IFCC reference measurement system for HbA1c: a 6-year
progress report. Clin Chem 2008 ; 54 : 240-8.
30. Massin P, Lange C, Tichet J, Vol S, Erginay A, Cailleau M, et al.
HbA1C and fasting plasma glucose as predictors of retinopathy at ten years.
The French D.E.S.I.R. Study. Arch Ophthalmol 2011 ; 129 : 188-95.
Ann Biol Clin, vol. 69, n◦ 5, septembre-octobre 2011
553

Documents pareils