l`intégralité du récit de voyage

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l`intégralité du récit de voyage
Voyage d’étude « à la découverte de la Silicon Valley » du 9 au 14
mars organisée par EducPros/magasine l’étudiant/PRIME
Paris sous la neige, 20° à San Francisco
Geneviève Baudoin, ESIEE Paris
Excellente initiative du magazine l’étudiant. Un voyage passionnant par son contenu, par les
échanges privilégiés avec des acteurs clés de la Silicon Valley, par l’occasion de nouer des contacts
sur place, parmi les participants au voyage, et avec l’équipe de l’étudiant.
Le remarquable travail de préparation effectué par PRIME et l’étudiant nous a permis de visiter en
quelques jours des universités et des entreprises parmi les plus prestigieuses et de rencontrer les
personnes clés des différentes institutions visitées.
La taille du groupe, une vingtaine de personnes, m’a paru idéale : suffisamment restreinte pour que
l’on puisse partager les expériences de chacun et assez grande pour profiter d’une large diversité
d’origines.
Ce type de voyage devrait pouvoir être accessible à un grand nombre d’enseignants, d’étudiants et
d’administratifs pour permettre de faire évoluer positivement les façons d’enseigner ou d’apprendre
et d’appréhender le futur et l’innovation technologique dans l’enseignement supérieur.
Quelques expressions entendues au cours de ce voyage (et parfois répétées jusqu’à l’agacement)
-
Just do it, show don’t tell
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Change the world
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Save the future
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Do not fear to fail
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Innovation is a learnable skill not an innate talent
-
Companies need finance and people with technical and innovation skills.
Et pour finir Plutarque en anglais cité par un des fondateurs de Coursera : “the mind is not a vessel to
be filled but a fire to be kindled”.
Quelques objets vus un peu partout
Des imprimantes 3D de toutes tailles, des post-it, des outils et des matériaux pour le bricolage, le
magasine « wired ».
Des MOOCs et des SPOCs
Nous avons rencontré les principaux acteurs des MOOCS à l’exception d’Udacity.
Certains principes se retrouvent dans les offres liées aux plateformes de Coursera, edX, et de la Khan
Academy : vidéos courtes (10 à 15 minutes typiquement), auto-évaluation, évaluation par les pairs,
délivrance de certificats aux étudiants ayant suivi le cours complet et réalisé les exercices demandés,
outils à la disposition de l’enseignant pour suivre la progression des étudiants. Les modèles
économiques sont encore hésitants et proposent pour la majorité de faire payer les certifications. La
notion de travaux pratiques ne semble pas prise en compte par les MOOCs actuellement. Les 2
universités rencontrées ont insisté sur l’importance de l’expérimentation de différentes approches
pédagogiques utilisant les MOOCs. Les moyens matériels nécessaires sont limités (typiquement saisie
d’écran, tablette graphique, webcam). La traduction multi-lingue des ressources n’en est qu’à un
stade élémentaire (sous-titrage pour la Kahn academy). Nos interlocuteurs nous ont donné peu
d’information sur le contrôle de la qualité des contenus mis en ligne. Le nombre d’élèves inscrits aux
cours est impressionnant (on parle en dizaines de milliers) mais le taux d’abandon l’est aussi.
Berkeley et Stanford sont très impliqués et une majorité des enseignants utilisent les MOOCS en
support de leur formation. Le travail nécessaire à la création d’un MOOC est encore lourd et
nécessite des compétences en utilisation des outils de communication et en informatique (les cours
d’informatique sont d’ailleurs surreprésentés dans l’offre MOOC). Des initiatives de cours en ligne
plus privés les SPOCs semblent aussi se développer dans ces universités.
Le voyage a aussi été l’occasion de discuter avec les collègues de la mission numérique pour
l’enseignement supérieur qui coordonne les efforts de l’enseignement supérieur dans ce domaine et
de mieux connaître l’offre disponible comme les universités numériques thématiques (plus de 20000
ressources) et la vidéothèque canal-U.
Certaines ressources de la Khan academy m’ont paru très intéressantes pour aider les étudiants à
combler des lacunes en mathématiques élémentaires et je vais les expérimenter dans un prochain
cours.
Innovation et entreprenariat
Un état d’esprit et un écosystème californiens sans doute non transposables en France tels quels (en
particulier l’importance du réseau d’investisseurs) mais certains points se sont dégagés de façon
générale :
Il est possible de former à l’entreprenariat et à l’innovation. Généralement cette formation
comprend :
-
Un programme académique rigoureux :
-
fondamentaux en sciences de l’entreprise (marketing, finances, économie, …)
-
développement des compétences pratiques de l’innovation (négociation, travail en
équipe, leadership, présentation des idées (pitching).
-
Design de produits et prototypage : inspiré du design thinking
-
Des projets et un travail en équipe pluridisciplinaires avec mise en compétition des équipes à
travers des projets primés
-
La mise à disposition de locaux adaptés et de moyens de prototypage
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La contribution essentielle d’un réseau de tuteurs/coaches professionnels
-
L’implication des alumni dans ces réseaux
-
L’existence de club d’étudiants en entreprenariat en plus des programmes officiels.
Toutes les entreprises que nous avons visitées (SRI, IDEO, Mozilla, Linked In …) stimulent l’innovation
auprès de leurs employés. Une équipe et le PDG du centre de rechercher SRI, Curtis Carlson, célèbre
pour ses travaux sur la télévision numérique à haute définition et pour son livre « Innovation : The
Five Disciplines for Creating What Customers Want » nous ont fait partager leur vision des 5
disciplines de l’innovation selon C. Carlson :
1. Work on important problems (customer and market needs)
2. Value creation
3. Innovation champion
4. Innovation team
5. Organizational alignment
Avec le slogan de SRI, NABC : Needs, Approach, Benefit per cost, Competition and alternative.
Des incubateurs S et XXL, des Fab labs, des Techshops
De très gros incubateurs comme Plug and Play avec 300 start-up et de très nombreux petits
incubateurs dans les universités et les entreprises.
En écho au « do it yourself », des ateliers de prototypage rapide ou fab labs dans des entreprises
spécialisés comme IDEO et des TechShops ouvertes à tous sur abonnement (sans autorisation des
parents à partir de 16 ans).
Big Data
L’explosion des données disponibles génère de nombreuses innovations. Quelques exemples :
•
Utilisation des données des MOOCS pour la recherche sur les méthodes pédagogiques
•
Utilisation des données des compteurs intelligents dans le domaine de l’énergie.
•
Capteurs corporels et le mouvement « quantified self » ...
Imaginer le futur
Des institutions spécialisées comme IFTF, institut à but non lucratif créé en 1968, mènent une
réflexion prospective sur les nouvelles technologies et leurs applications. Un de leurs programmes
porte sur le ‘future of learning’, réflexion amorcée avec en 2005 le discours de Bill Gates à la
Techonomy conference “Five years from now on the web for free you’ll be able to find the best
lectures in the world”… and “ soon place-based college educations will be five times less important
than they are today”.
Les créateurs de la Singularity university ont un discours officiel très optimiste sur la capacité des
technologies à changer le monde pour le bien de tous mais proposent une réflexion intéressante sur
l’évolution exponentielle des technologies. Ils parlent d’« exponential thinking » et envisagent pour
le milieu du 21ème siècle l’arrivée de la « technological singularity » avec dès 2029 la reproduction
d’un cerveau humain sur un ordinateur.
Un grand merci aux organisateurs, à nos hôtes américains et à l’ensemble des collègues de ce voyage
passionnant.