Vierge à l`Enfant, retable d`Issenheim

Transcription

Vierge à l`Enfant, retable d`Issenheim
fiche de visite
Vierge à l’Enfant, (volet droit de l’Incarnation )
Retable d’Issenheim
Avec la naissance de Jésus, toute la lumière qui était concentrée dans le corps de Marie est sortie à
l’extérieur, elle illumine toute la terre ; cette lumière est venue d’en haut, plus haut que les montagnes,
elle perce les nuées mouvantes.
Les plis de la robe de Marie se déploient, majestueux...
La Vierge tient tendrement son enfant enveloppé dans des langes déchirés.
Jésus joue avec le collier de corail de sa mère.
Autour d’eux des objets usuels témoignent de la naissance terrestre, et d’autres indices, symboliques,
attestent de la virginité de Marie. Au loin un couvent, des personnages -des bergers ?- sur un chemin
de montagne. Dans le ciel des anges mènent une procession vers la lumière divine....
La limite entre les deux
espaces est marquée
par une grande tenture
verte.
Dans la montagne, deux personnages peints comme des ombres
transparentes,disproportionnés,
semblent écouter des anges qui
indiquent une direction : ce sont des
bergers. Près d’eux, des bâtiments :
est-ce un couvent ?
Sur la pente, un troupeau.
Au dessus de la montagne, Dieu le Père
apparaît, comme l’éruption d’un volcan. Il
domine la scène.
Le ciel fourmille de grappes de petits
anges qui rejoignent en procession la
lumière de Dieu le Père.
Regards : la douce intimité
d’une mère et de son enfant.
Un vêtement somptueux,
superposition de riches étoffes,
plissés du voile bleu, ou lourde
robe doublée de fourrure, et
toujours, le rouge, celui du feu,
mais aussi celui de la chair.
La blancheur du corps de l’enfant se détache sur cet écrin.
Au sol de grandes dalles
relient les deux images, les
deux mondes.
Un lit, des draps et des langes déchirés , un baquet (pour le premier bain
de l’enfant), un pot de chambre :
des objets vulgaires témoignent de la
réalité de la naissance terrestre :
une humiliation acceptée pour le fils
de Dieu ?
L’enfant a été conçu selon l’annonce de
Gabriel ; des symboles -l’iconographieaffirment la virginité de Marie :
la porte fermée d’un jardin,
Le rosier sans épines,
la surface de l’eau, sans ride....
Le figuier, arbre dont la branche cassée
laisse s’écouler du “lait”, évoque plutôt
la douceur maternelle.
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MIEUX VOIR LE TRAVAIL DU PEINTRE
LA TENDRESSE DU PINCEAU,
UNE CARESSE POUR NOS YEUX.
Le visage de la vierge, ses longs
cheveux, celui de l’enfant, est
comme une caresse apaisante pour
nos yeux. C’est aussi la caresse du
pinceau de l’artiste sur l’image.
La douceur de cette vierge à l’enfant évoque les madones de l’Art
Italien.
DRAPÉS
Etude de
drapés de
Léonard de Vinci
(Musée du
Louvre)
la robe de la
vierge
Grünewald peint les drapés d’une manière très différente
de celle de ses contemporains du monde germanique.
Son style plus pictural, évoque, comme l’ont établi des
historiens d’art, la manière d’un artiste célèbre :
Grünewald a certainement vu des études de drapés de
Léonard de Vinci ; peut-être lors d’un “tour de campa gnonnage” en Italie, ou chez un collectionneur d’art italien, comme il en existait déjà.
UN INNOCENT JEU D’ENFANT?
OU EST-CE POUR SE PROTÉGER DU MAL?
L’enfant joue avec le collier de sa
mère. Le corail est prophylactique, on
lui attribuait le pouvoir d’éloigner le
mal.
TISSU DÉCHIRÉ* : LANGES, DRAPS,
PÉRIZONIUM : DÉJÀ, À LA NAISSANCE, LES
INDICES D’UN DESTIN DRAMATIQUE ?
SOUS LE VÊTEMENT, LE CORPS
de Marie transparaît. La forme des genoux, des
jambes, très présents sous l’étoffe, s’imprime.
C’est de ce corps humain qu’est sorti Jésus.
Grunewald sème des indices qui
tracent des chemins, d’image en
image (le tissu déchiré, mais aussi
les drapés, le livre ouvert, les souches d’arbres...).
Peut-être pour nous guider vers
une compréhension profonde de
sa peinture...
* Une explication plus prosaïque : on sait aussi qu’à cette
époque on utilisait des tissus très usés -les plus doux- pour
langer les nouveaux nés sans irriter leur peau.
ROUGE : “Depuis le rouge saturne,
démoniaque et sombre sur un fond
noir, jusqu’au rose de Marie, doux et
angélique, le rouge peut emprunter
tous les degrés intermédiaires de lavie
infernale à la vie céleste.”
Johannes Itten, l’Art de la couleur.
UN HALO AUTOUR DE LA TÊTE DE
MARIE : certains auteurs appellent
Grünewald le “maître des arc-en-ciel”.
L’auréole est devenue arc-en-ciel
SAVOIR ET COMPRENDRE
NATIVITÉ ? VIERGE À L’ENFANT?
Dieu , qui est invisible, “lumière”, est devenu visible, “chair”, “petit d’homme”.
Les roses et les rouges de la robe de Marie évoquent cet aspect charnel.
Plus que la représentation anecdotique et réaliste de l’évènement de la naissance,
ce panneau est une figuration symbolique du mythe de l’incarnation. Des éléments
empruntés à des espaces et des temps différents sont juxtaposés pour concourir à
cette évocation. Des effets surprenants découlent de ce “collage”, comme le montre
par exemple la taille disproportionnée des “bergers”.