Stop! C`est mon corps!

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Stop! C`est mon corps!
Stop! C’est mon corps!
Un manuel destiné aux adultes: comment parler à des enfants de leur corps, des
limites à ne pas franchir et des abus sexuels?
Introduction
Nous autres adultes, nous avons l’habitude de parler de normes et de valeurs aux enfants, avec plus
ou moins de bonheur. Nous arrivons généralement à leur expliquer qu’ils ne doivent pas se
disputer, prendre les affaires des autres ou prononcer des «gros mots». Nous leur apprenons
comment se faire des amis ou résoudre des conflits. Nous évoquons les risques sur Internet.
Mais certains thèmes semblent difficiles à aborder pour de nombreux adultes: en particulier, la
sexualité et les parties intimes du corps – qu’est-ce qui est permis? et qu’est-ce qu’il est interdit de
faire avec son propre corps ou celui des autres?
Ce problème devient manifeste lorsque les médias parlent de harcèlement sexuel ou d’abus. Nous
recevons souvent des appels de parents et autres adultes qui nous demandent comment aborder le
sujet avec des enfants. Comment leur en parler? ‒ Nous ne voulons surtout pas les inquiéter ou les
effaroucher! Et surtout: Comment faire pour protéger nos enfants?
J’aimerais qu’il existe une méthode à 100% efficace pour protéger les enfants du harcèlement sexuel
et des abus. Malheureusement, ce n’est pas le cas. En revanche, les adultes peuvent agir
préventivement et faire quelque chose de très important et de judicieux, à savoir oser parler aux
enfants de leur corps et des limites à ne pas franchir. Si nous faisons prendre conscience aux
enfants, le plus tôt possible, de la valeur de leur corps, et leur apprenons à dire «oui» ou «non»,
nous pouvons leur inculquer le sentiment de ce qui est bien et de ce qui ne l’est pas ‒ et leur
assurer ainsi une certaine sécurité. Maintenant, mais aussi plus tard, dans la vie. En même temps, il
leur sera plus facile de s’exprimer, s’ils ont été exposés à des abus.
Nous avons conçu ce manuel intitulé Stop! C’est mon corps! à l’intention des parents et autres
adultes. Nous y donnons des astuces et des conseils afin qu’ils sachent comment rendre attentifs
des enfants d’âges différents à la protection de leur sexualité.
J’espère que cette lecture vous encouragera à parler à des enfants (les vôtres ou ceux d’autres
personnes) de leur corps et de ses parties intimes, et qu’ainsi ils gagneront en assurance et sauront
distinguer clairement ce qui est bien de ce qui ne l’est pas.
Jérôme Strijbis
Directeur général de Save the Children Suisse
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Parler aux enfants
Avez-vous déjà essayé de parler à des enfants de questions telles que le corps, les limites à ne pas
franchir et la sexualité? Dans ce cas, vous savez certainement combien un tel entretien peut être
difficile et factice. Nous autres parents et adultes, il nous arrive fréquemment d’éviter tel ou tel
sujet par peur d’effaroucher les enfants. La difficulté de trouver les mots qu’il faut peut être un
sérieux handicap, tout comme le défi que représente le fait de se mettre au niveau approprié à leur
âge: A quoi mon enfant est-il réceptif? Est-ce que je complique les choses? Comment lui expliquer?
Pourtant, il y a de bonnes raisons pour lesquelles il faut oser parler aux enfants de leur droit à
l’intégrité physique; mais aussi de ce que les autres ont le droit de faire avec leur corps, de ce qu’ils
peuvent faire avec le corps d’un autre – et quelles sont les limites à respecter! Même si nous
trébuchons sur les mots, que nous ne savons pas nous mettre à leur niveau et que, parfois, nous
sommes obligés de recommencer à zéro, nous rendons aux enfants un grand service en leur parlant
ouvertement. En abordant des questions intimes, nous dédramatisons le sujet. Nous leur envoyons
en même temps un signal: que l’on peut très bien en parler. Nous leurs donnons l’estime de soi et
l’assurance que leur corps est quelque chose de précieux, dont ils sont eux-mêmes responsables.
La curiosité que les enfants ressentent très tôt à l’égard de leur propre corps et de celui des autres
est quelque chose de positif; nous devrions l’encourager. En même temps, il est très important
d’établir des règles du jeu plus ou moins explicites, mais sans ambiguïté. Par exemple: ne pas laisser
un petit enfant toucher ou montrer ses parties intimes à tort et à travers; souligner le fait qu’il y a
des parties du corps qui sont délicates, et que nous devons traiter avec respect et prudence.
Parallèlement, nous devons fixer des limites très nettes en ce qui concerne notre propre corps.
Bien que nous ayons volontiers un contact physique étroit et intense avec eux, nous devons leur
faire comprendre très tôt qu’il y a des limites. Ainsi, la proximité physique ne posera pas problème.
Avec l’âge, la curiosité des enfants augmente, leur intérêt sexuel se concrétise. Le besoin d’être
guidé ou accompagné et de discuter des limites en la matière se transforme. Il est important que les
adultes soient là également, au moment de l’adolescence, pour parler des normes, de ce qui est
bien ou de ce qui ne l’est pas, et du développement du corps. Nous contribuons ainsi à leur
inculquer un sentiment de confiance en soi et d’assurance.
Mais quand faut-il parler aux enfants? et comment? Il ne s’agit pas seulement de trouver le moment
idéal pour un entretien parfait, détaillé et sérieux, mais plutôt d’adopter une attitude fondamentale:
être attentif et profiter des occasions et des événements de la vie quotidienne pour discuter. Pour
cela, nous devons être prêts en permanence, pendant toute l’adolescence.
Petits ou grands, les enfants ont besoin de poser des questions. Mais nous devons adapter notre
langage et nos propos à leur âge.
Que comprend un enfant de trois ans? Et comment parler à un teenager? Sur les pages suivantes,
vous trouverez des conseils concrets et quelques astuces.
Quand nous parlons des «parties intimes du corps», nous voulons dire aussi bien la bouche que le pénis, la
vulve ou les fesses.
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Les tout-petits
Les petits enfants ont pratiquement une seule préoccupation: se découvrir eux-mêmes et faire
connaissance avec leur environnement quotidien. Ils passent donc beaucoup de temps à observer
comment leur propre corps fonctionne et quelles sont ses possibilités. Souvent, cela se déroule
avec des adultes, car l’enfant n’est pas autonome.
Dans des situations où nous autres adultes, nous veillons sur un enfant et nous occupons de lui, par
exemple en le lavant, en changeant ses couches, en le pommadant ou en le nourrissant, nous
pouvons lui faire prendre conscience, de différentes manières, de son intégrité physique: «C’est ton
corps, il est précieux, tu peux en disposer librement – même si quelqu’un d’autre doit t’aider».
Par exemple: vous pouvez expliquer très tôt à l’enfant, à un an déjà, comment se laver tout seul le
corps. Dans la baignoire ou sous la douche, vous pouvez lui montrer comment se laver la vulve ou
le pénis et le derrière, et le laisser essayer à son tour. Ou bien laisser l’enfant vous aider à mettre
sa couche et lui apprendre aussi vite que possible comment se nettoyer quand il va aux toilettes.
La bouche est aussi une partie intime, personnelle, dans ce contexte. Encouragez très tôt l’enfant à
manger tout seul (même si c’est toute une histoire). Mais surtout, ne le forcez pas à avaler quoi que
ce soit! Comme les petits enfants ont besoin de notre aide et qu’il n’est pas toujours possible de les
laisser décider eux-mêmes, il est important de leur expliquer pourquoi nous faisons ceci ou cela
avec leur corps, par exemple, changer leur couche.
Sans doute les efforts accomplis lors des repas ou dans la salle de bains mettent-ils nos nerfs à
l’épreuve, mais, à long terme, c’est important. En faisant participer très tôt l’enfant, nous renforçons
son estime de soi.
En tant que parent ou adulte ayant la responsabilité d’un petit enfant, vous devez tôt ou tard vous
préoccuper de la question des contacts physiques avec autrui. Comment devons-nous nous
comporter quand des proches, des amis ou des personnes de l’extérieur veulent prendre l’enfant
dans leurs bras ou l’embrasser? Peut-être que nous l’y encourageons parce que nous voulons être
poli ‒ ou que nous ne sommes pas sûr de ce que désire l’enfant. Concrètement, n’obligez jamais un
enfant à embrasser quelqu’un, à laisser une personne le prendre dans ses bras ou le faire asseoir sur
ses genoux! Demandez-lui s’il a envie de s’asseoir sur les genoux de sa grand-mère au lieu de lui
ordonner: «Va sur les genoux de ta mamie!» Cela aide l’enfant à comprendre qu’il n’est pas obligé
d’accepter une trop grande proximité de la part d’autres personnes. Et à sentir si, dans la situation
présente, il faut dire «oui» ou «non».
A partir de l’âge de 4-5 ans, nous pouvons parler aux enfants d’un sujet délicat: qu’il peut y avoir
des personnes qui aimeraient faire des «bêtises» avec eux. Mais surtout, il ne faut pas effrayer
l’enfant! Nous pouvons, par exemple, lui expliquer que «si quelqu’un veut faire ceci ou cela avec ton
corps, et que tu ne le souhaites pas, tu peux dire «non» – et en parler aussi à d’autres adultes!»
Malheureusement, en cas d’abus sexuels, il arrive souvent que les petits enfants connaissent le ou la
coupable, voire qu’ils l’aiment bien. Il est donc important de leur apprendre qu’ils peuvent dire
«non», même si, par exemple, un frère ou une sœur aînée veut jouer à quelque chose dont ils n’ont
pas envie.
Le fait que les petits enfants explorent mutuellement leur corps et ont parfois des jeux «à
connotation sexuelle» fait naturellement partie de leur développement. Tant que tous les
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participants ont à peu près le même âge et se trouvent sur un plan d’égalité, il n’y a rien à redire et
pas lieu de s’inquiéter. Mais dès qu’un enfant trouve que le jeu est désagréable ou va trop loin, un
adulte doit intervenir.
Il existe de nombreuses opportunités pour parler de ces questions avec les petits enfants. Leur vie
quotidienne est pleine de situations et d’événements dans lesquels leur corps est au centre de
l’attention. On peut, par exemple, profiter de l’occasion lorsque l’enfant découvre de nouvelles
parties et fonctions de son corps, ou quand il prend son bain avec d’autres enfants. Les enfants
aiment poser des questions sur leur propre corps, et donc, nous autres adultes avons
d’innombrables possibilités d’orienter la conversation dans cette direction.
RÉSUMÉ
 Faites participer l’enfant à sa toilette et à ses soins quotidiens, par exemple, en changeant sa
couche. Expliquez-lui ce que vous faites avec son corps, et pourquoi.
 Montrez à l’enfant, dès que possible, comment laver ses parties intimes et se nettoyer luimême quand il va aux toilettes.
 N’exigez jamais que l’enfant accepte contre son gré d’être pris dans les bras d’un proche ou
d’un ami, de l’embrasser ou de s’assoir sur ses genoux. Demandez-lui plutôt s’il le désire.
 Expliquez à l’enfant qu’il a le droit de dire «non» et que, si quelqu’un l’a touché contre son
gré ou souhaite le faire, il doit en parler à d’autres adultes.
 Apprenez à l’enfant qu’on a aussi le droit de dire «non» à des gens que l’on aime bien.
DES BONS ET DES MAUVAIS SECRETS
Il est recommandé d’apprendre aux petits enfants à faire la différence entre les «bons» et les
«mauvais» secrets. Des «bons secrets» sont, par exemple, des cadeaux d’anniversaire ou de Noël
que l’on prépare – quelque chose qui fait plaisir. «Tu n’as pas besoin de parler à qui que ce soit des
bons secrets.» En revanche, les «mauvais secrets» sont des choses qui rendent tristes ou qui donnent
mal au ventre. «Tu dois en parler – même si quelqu’un t’a dit de ne pas le faire.»
Parler des «bons» et des «mauvais secrets» est une méthode utile pour amener un enfant à
raconter des abus sexuels dont il a été victime.
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Enfants en âge scolaire
Chez de nombreux enfants, la puberté commence entre l’âge de huit à douze ans. Leur corps se
transforme, devient adulte, et cela renforce leur intérêt pour la sexualité et la proximité physique.
Dans le meilleur des cas, les enfants en âge scolaire ont développé un sentiment très fort à l’égard
de leur corps: ils savent que c’est quelque chose de précieux, dont ils sont eux-mêmes
responsables. Ils savent quelles sont les personnes avec lesquelles ils souhaitent une plus grande
proximité – mais ils sont aussi capables de dire «non» s’ils éprouvent de l’appréhension envers
quelqu’un. Ils sont confrontés à un nouvel environnement. Ils commencent à aller à l’école, nouent
des amitiés et doivent se conformer à de nouvelles règles sociales. Les adultes doivent être attentifs
aux transformations de l’enfant. Nous devons lui parler en tenant compte de son stade de
développement.
Le message fondamental que nous devons transmettre aux enfants, c’est que l’intimité est, en soi,
une bonne chose, qu’elle est naturelle. Que cela fait plaisir de découvrir son corps avec d’autres, de
se bagarrer ou de prendre l’autre dans ses bras et de sentir son corps. La proximité physique
d’adultes ou d’enfants du même âge favorise leur développement et est une chose précieuse. Mais
tout comme nous inculquons à nos enfants des valeurs et leur apprenons à respecter les règles de
la vie sociale ou à maîtriser des conflits, nous devons aussi leur montrer ce qui est en ordre et ce
qui ne l’est pas en matière d’intimité et de sexualité.
Normalement, les enfants de 7 à 9 ans savent déjà que le sexe existe – un thème dont ils ont
entendu parler par leurs frères et sœurs, des enfants de leur âge ou par les médias, quand ce n’est
pas leurs parents qui les ont informés. Souvent, ils sont préoccupés par leur corps, leur apparence
extérieure et leur propre sexualité – notamment quelles différences il y a entre les sexes et si leur
corps est bien comme il faut.
Transmettre très tôt aux enfants un savoir adapté à leur âge nous permet, en tant qu’adultes, de
leur donner une image naturelle du corps et de la sexualité. Peut-être qu’ils ont déjà entendu parler
de la reproduction à l’école ou vu un couple «s’embrasser sur la bouche» en ville. De telles
situations suscitent des questions de leur part et peuvent être une bonne occasion de leur
expliquer que l’acte sexuel est quelque chose de positif – il s’agit du rapprochement physique entre
deux personnes qui s’aiment.
UN «NON» EST TOUJOURS UN «NON»
Lorsque l’image que l’enfant se fait de la sexualité provient surtout d’informations glanées dans les
médias ou auprès de ses frères et sœurs, il arrive qu’elle soit peu nuancée.
Dans une conversation sur la sexualité et l’intimité, vous pouvez, comme adulte, expliquer à quoi
ressemble un comportement déplacé: si quelqu’un veut observer ou toucher les parties intimes de
l’enfant, ou qu’il demande que l’enfant le touche ou le regarde alors que ce dernier ne le souhaite
pas et qu’il n’est pas en mesure d’en comprendre la raison, il s’agit d’un acte inconvenant et interdit
par la loi. Soulignez que de telles situations peuvent se produire et que tous les adultes savent qu’ils
n’ont pas le droit d’exiger de telles choses.
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Dans ce contexte, vous devriez faire remarquer que le ou la «coupable» peut ne pas être un adulte,
mais un adolescent ou un enfant de leur âge. Assurez lui que c’est bien d’en parler: «Si quelqu’un te
fait quelque chose de ce genre ou essaie, tu peux me le raconter.» Ajoutez qu’il peut s’adresser à
quelqu’un d’autre – sa grand-mère, son cousin, sa maîtresse d’école ou une autre personne en
laquelle il a confiance ‒ et qu’il a le droit de choisir quel sera son interlocuteur! Insistez bien sur le
fait que, s’il arrive «quelque chose», ce n’est jamais de sa faute. Les enfants témoignant
généralement d’une grande loyauté, ils ne souhaitent pas que d’autres aient des difficultés à cause
d’eux. Aussi, expliquez à l’enfant concerné que si quelqu’un s’est «mal comporté» envers lui, on lui
viendra en aide: «Les personnes qui abusent des enfants ont besoin d’une assistance psychologique, afin
qu’elles ne recommencent pas. La personne qui s’est rendue coupable de tels actes à ton égard pourra en
bénéficier.»
Cela peut paraître difficile de parler de telles choses et de trouver le moment adapté pour le faire.
Nous vous suggérons d’aborder la question quand un fait-divers de ce genre fera la une de
l’actualité. Il peut s’agir d’un cas où des enfants ont été contactés à des fins sexuelles par le biais
d’internet ou de situations dans lesquelles ils ont été exposés à du harcèlement ou des abus
sexuels. Vous pouvez demander à l’enfant s’il a entendu parler de tels cas et ce qu’il en pense.
Qu’il en ait entendu parler ou non, en tant qu’adulte, vous avez la possibilité d’exprimer vos
sentiments et votre opinion à cet égard, sans que cela ait l’air artificiel.
RÉSUMÉ
 Aidez l’enfant à avoir une image naturelle du corps, de l’intimité et de la sexualité.
 Complétez l’image que l’enfant a reçue au travers des médias ou de ses frères et sœurs en
lui transmettant votre savoir et en exprimant votre point de vue.
 Votre message doit être sans ambiguïté: la proximité physique est quelque chose de bon et
de précieux en soi; mais expliquez en même temps ce qui ne se fait pas et est interdit.
 Dites-lui qu’il peut parler à tout moment de ce qui lui est arrivé et qu’il a le droit de choisir
lui-même son interlocuteur.
 Si vous avez de la peine à trouver le bon moment, abordez le sujet quand il en est question
dans les médias.
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Adolescents
Au plus tard à l’adolescence, les enfants commencent à développer leur propre sexualité ‒ que
cela plaise ou non aux adultes. Tenter de les «protéger» de cette étape importante de leur
croissance ne sert à rien. En revanche, les parents ou d’autres adultes peuvent aider les adolescents
à aborder leur sexualité de manière naturelle.
Si vous avez déjà parlé à l’enfant du corps, de la sexualité et des limites à ne pas franchir, vous avez
créé de bonnes conditions pour que la conversation se déroule dans un climat de confiance. Cela
dédramatise la question et la rend plus facile à aborder que si l’on attend que l’enfant soit plus âgé
pour parler avec lui de sujets aussi sensibles. Il est, en outre, plus difficile pour un adulte d’avoir de
l’influence sur le comportement d’un adolescent.
Montrez-lui que vous êtes réceptif et attentif. Dites clairement que l’intimité et la sexualité sont, au
fond, quelque chose de naturel et de positif, mais qu’en même temps, cela peut être problématique,
difficile, voire illicite! Pour aborder ces questions avec un teenager, vous pouvez, par exemple, vous
référer à un article paru dans les journaux: «J’ai entendu parler de cet article, je l’ai lu, et je me
demande ce que tu en penses.» Exprimez votre opinion et vos réflexions sur la question. Pour cela, il
faut déjà que vous soyez capable d’échanger avec lui des idées sur toutes sortes de sujets.
S’intéresser à ce qui touche les adolescents et partager certaines de leurs activités offre de bonnes
occasions pour discuter avec eux.
Au cours des dernières années, les adultes – et les juristes – ont fini par réaliser que le harcèlement
et les abus sexuels pouvaient avoir lieu aussi bien entre enfants du même âge qu’entre adultes et
enfants. Autrefois, ces cas n’étaient pas considérés comme des agressions proprement dites; on
minimisait ces délits en les qualifiant de «problèmes d’ados». Malheureusement, de nombreux teenagers témoignent aujourd’hui qu’ils sont ou ont été exposés à du harcèlement sexuel ou à des
agressions de la part d’autres jeunes. Notamment à l’école, sur Internet ou dans des situations
sociales où des jeunes se rencontrent. En tant qu’adulte, essayez de montrer à l’adolescent que
vous êtes conscient de ce problème. Procurez-vous de la documentation à ce sujet, tenez-vous au
courant. En racontant, par exemple, que vous avez entendu parler de harcèlement sexuel sur
Internet, montrez à l’adolescent que vous vous engagez et qu’il peut aborder le sujet avec vous.
Le problème du harcèlement sexuel entre adolescents du même âge est l’une des raisons pour
lesquelles nous devrions aussi parler avec eux de l’importance de savoir dire «non» – exactement
comme nous le faisons avec des petits enfants. Rappelez à l’adolescent qu’un «non» est toujours un
«non», et que ce «non» est l’expression d’un sentiment très fort en nous. Il n’est toutefois pas
certain que l’enfant souhaite parler de ce thème avec vous. Mais vous aurez au moins montré que
vous êtes conscient du problème et que vous réfléchissez à ces questions et êtes à sa disposition
pour en parler.
Proposez d’être son interlocuteur sans l’obliger ni lui mettre la pression. Respectez sa décision s’il
ne souhaite pas répondre. Parfois, le fait que vous ayez exprimé vos propres pensées suffit. Vous
montrez ainsi que vous êtes disposé à en discuter. Peut-être qu’il décidera d’aborder le sujet luimême à une date ultérieure, car vous avez fait preuve d’ouverture et avez manifesté votre intérêt.
Chercher à discuter régulièrement est aussi une bonne idée. L’adolescent s’est peut-être senti
tellement pris au dépourvu qu’il n’a pas voulu répondre. Soyez attentifs! S’il souhaite en parler,
saisissez l’occasion.
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RÉSUMÉ
 Montrez que vous êtes attentif et engagé, et échangez régulièrement vos idées sur les
thèmes les plus divers.
 Expliquez que l’intimité et la sexualité sont quelque chose de naturel et de beau; mais faites
aussi observer que le sexe peut aussi être problématique, difficile, voire illicite.
 Si vous avez de la peine à trouver le bon moment, faites allusion à des événements dont
vous avez entendu parler ou des articles que vous avez lus. Exposez ouvertement vos
propres réflexions à ce sujet.
 Rappelez-lui qu’un «non» est toujours un «non».
 Proposez d’être son interlocuteur sans l’obliger ni faire pression. Respectez sa décision s’il
ne veut pas répondre.
 Ne vous découragez pas si vous n’obtenez pas de réponse la première fois. Réessayez!
Les enfants et l’Internet
L’Internet est un moyen fréquemment utilisé par les enfants et les adolescents pour entretenir des
relations, se faire de nouveaux amis ou explorer des milieux qu’ils ne connaissent pas. Mais nous
savons tous qu’Internet recèle des risques. Savoir les enfants seuls devant l’ordinateur ou leur
mobile peut donc être préoccupant ‒ nous autres adultes avons peut-être le sentiment d’être
«hors jeu». Comment pouvons-nous gérer ce problème et veiller à ce que les enfants surfent sur le
Net en toute sécurité?
Les enfants utilisent déjà très tôt l’Internet, et donc, il est judicieux de leur parler dès l’âge de 5 ou
6 ans des dangers qui les guettent, de ce qu’ils ont le droit de faire ou non. Il est recommandé
d’assister les plus jeunes lors de leurs recherches sur Internet. Car ils peuvent être confrontés à
des contenus qui les traumatiseront.
Quel que soit leur âge, il convient tout d’abord de s’intéresser à ce que l’enfant fait sur Internet, sur
quels sites il évolue et quels jeux il aime.
Il existe toute une liste de recommandations importantes que vous pouvez lui soumettre, par
exemple:
Tu ne dois surtout pas donner ton nom et ton adresse à des inconnus.
Tu dois être prudent si tu souhaites diffuser quelque chose sur Internet.
Tu dois savoir que, dans les chats, certaines personnes se font passer pour ce qu’elles ne sont pas.
Si tu fais la connaissance de quelqu’un via Internet, c’est bien d’en parler à tes parents ou à un autre
adulte.
 Si tu souhaites rencontrer quelqu’un dont tu as fait la connaissance sur Internet, il faut absolument en
parler à un adulte.
 La première fois que tu as un rendez-vous avec cette personne, tu dois impérativement être
accompagné et la rencontre doit avoir lieu dans un lieu public.
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Bien que cela soit souvent désagréable de ne pas savoir ce que les enfants font sur Internet, il vaut
mieux pas se montrer trop insistant et recourir à une autre astuce: demandez-leur comment la
journée sur Internet s’est passée, exactement comme s’il s’agissait d’une journée d’école. «Avec qui
as-tu parlé? Il s’est passé quelque chose d’amusant? De désagréable?»
Si vous vous faites du souci, au lieu d’espionner leurs chats ou leur profil Facebook, abordez plutôt
le sujet dès qu’il est question d’un fait-divers en relation avec Internet dans les médias. Profitez de
l’occasion pour demander à l’enfant ce qu’il en pense et comment se passent ses contacts avec les
autres internautes.
Si vous êtes inquiet...
Les parents ou autres adultes qui soupçonnent que l’enfant a été victime de harcèlement ou, dans le
pire des cas, d’une agression sexuelle sont particulièrement stressés. Il existe certains pièges qu’il
faudrait connaître et éviter.
Il se peut que nous redoutions tellement qu’il soit arrivé quelque chose que nous nous en
défendons et que nous nions l’évidence en nous disant: «Tout cela n’est pas si grave!» L’enfant croira
alors que nous ne voulons pas en parler avec lui. Or, il ne faut surtout pas qu’il ait cette impression.
Car il risque de taire un abus qui a effectivement eu lieu!
Un autre piège à éviter, c’est de se comporter comme un «policier». Pour commencer, nous
soumettons l’enfant ou d’autres personnes à un «interrogatoire», nous lisons ses SMS ou son
journal intime, nous passons au peigne fin ses e-mails. Ce faisant, nous courons le risque
d’effaroucher l’enfant ‒ ou de perdre sa confiance. Avec, comme conséquence, qu’il taira peut-être
un abus dont il a été effectivement victime. Il se peut même que nous entravions ainsi le travail des
autorités et de la police.
Si, en tant qu’adulte, nous sommes préoccupés, nous devons réfléchir à ce qui, concrètement, nous
inquiète.
Vous avez, par exemple, lu «par hasard» un des SMS qu’il a reçus? Ou bien son comportement a
changé, et cela vous perturbe? Parlez-en spontanément avec lui! Sans poser de questions insistantes
ou supposer tout de suite qu’il s’agit d’un cas de harcèlement ou d’abus sexuel, par exemple:
«Quand j’ai appris ce qui s’est passé ou Quand j’ai lu, sans le faire exprès, le SMS, cela m’a fait mauvais
impression. Je me fais du souci et je me demande ce que ça signifie.»
Vous obtiendrez peut-être une réponse ou une réaction qui vous rassurera. A moins que
l’explication donnée ne soit une source d’inquiétude supplémentaire. Peut-être même que vous
n’obtiendrez aucune réponse! Le mieux, c’est de ne pas contraindre l’enfant à s’exprimer, mais de
lui expliquer encore une fois: «Je me fais du souci et tu dois savoir que tu peux en parler avec moi. Mais
tu peux aussi t’adresser à quelqu’un d’autre.» Il peut se confier à des adultes en lesquels il a confiance,
par exemple son grand-père ou sa grand-mère, un professeur. Bref, il s’agit de faire comprendre
clairement à l’enfant qu’il peut s’adresser à quelqu’un au cas où on lui a dit ou fait quelque chose qui
n’a pas l’air en ordre. Il doit réaliser qu’il n’est pas responsable et qu’il n’a commis aucune faute!
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HARCÈLEMENT ET ABUS SEXUELS
Le harcèlement et les abus sexuels à l’égard des enfants comprennent toutes les formes d’activités
sexuelles qu’une autre personne impose à un mineur. Un abus sexuel, c’est lorsqu’un adulte ou un
enfant nettement plus âgé profite du rapport de dépendance du mineur pour l’obliger à des activités
sexuelles que celui-ci n’est pas en mesure de comprendre ou qui sont inappropriées à son âge, et
ce contre son gré. Il s’agit d’actes qui, par conséquent, affectent son intégrité. Les abus peuvent être
d’ordre physique ou psychique.
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