Conseil colza - Retournements et potentiel de

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Conseil colza - Retournements et potentiel de
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potentiel de rendement
Conseil colza - Retournements et potentiel de rendement
Régions Nord et Est
Secteurs Date
Lorraine, Haute Marne et Bourgogne
le 28 mars 2013
Retournements et potentiel des petits colzas de Lorraine, du Nord de la
Bourgogne et de la Haute- Marne
Il est encore trop tôt pour porter un avis définitif sur les surfaces en colza perdues. Force est de constater que
certaines parcelles sur la sellette en novembre, se sont plutôt refaites
au cours de l’hiver. D’autres, par contre, ont pâti des conditions
hivernales qui s’éternisent (hydromorphie, gel, déchaussement). Il
semble également que la situation se dégrade ces dernières
semaines sur les argilo- calcaires de l’ouest meusien et en HauteMarne notamment. Dans ces secteurs, des questions subsistent sur le
maintien ou non des plus petits colzas en fonction de leur potentiel de
production, alors même que nous entrons dans les derniers jours pour
prendre une décision et éventuellement implanter une culture d’été.
Ce document est un complément des communications que nous
avons engagées depuis le mois de novembre (mail, web, voie de
presse et réunions de producteurs) sur l’évaluation de l’état des
colzas et les cultures de remplacement possibles.
Enfin, faut- il préciser, que nous n’avons jamais connu pareille
situation, à savoir de très faibles développements végétatifs à
l’automne suivis d’une reprise de végétation laborieuse accusant un
retard d’environ 15 jours. Les éléments d’expertise livrés ici ne sont donc pas issus d’expériences strictement
similaires mais d’extrapolations de situations plus ou moins comparables.
Derniers jours pour prendre une décision sur le devenir des colzas d’hiver
La décision de remplacer des colzas a déjà été prise dans les situations les plus catastrophiques. Mais il
n’est pas à exclure qu’une dernière vague de retournements s’opère dans les tous prochains jours dans les
situations qui se sont dégradées faute d’un redémarrage de la végétation. Pour aider à la prise de décision
dans le contexte très particulier de cette campagne, la règle de décision présentée dans le tableau cidessous est proposée. Elle prend en compte principalement le poids vert des colzas et la densité de
peuplement. Il faut également tenir compte d’autres facteurs aggravants tels que l’hydromorphie,
l’enherbement (cf photo), un défaut d’enracinement ou des dégâts de ravageurs. L’un ou l’autre de ces
facteurs peut amener à condamner une parcelle de colza « sur le fil ».
La règle de décision proposée vaut aussi pour les conditions intraparcellaires : inutile de laisser des surfaces en mauvais état à l’intérieur
des parcelles car elles risquent de se salir rapidement au printemps et
ont un potentiel de rendement très limité.
Au- delà de ces considérations techniques inhérentes aux colzas d’hiver,
il faut également s’interroger sur les cultures de remplacement
« encore » possibles avant de retourner une parcelle de colza :
Quelle(s) culture(s) de remplacement est (sont) possible(s) en fonction
des herbicides colza appliqués et du contexte pédoclimatique ? Il y a- til encore des disponibilités en semences ? La période de semis
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« encore » possibles avant de retourner une parcelle de colza :
Quelle(s) culture(s) de remplacement est (sont) possible(s) en fonction
des herbicides colza appliqués et du contexte pédoclimatique ? Il y a- til encore des disponibilités en semences ? La période de semis
optimale de la culture de remplacement est- elle dépassée ?
A contrario, il est inutile de semer trop tôt le tournesol (et le maïs) alors que les sols sont encore trop froids et
que les risques de mauvaises levées sont importants.
Grille d’aide à la décision de retournement proposée pour la région Lorraine et
Haute- Marne dans le contexte particulier de la campagne 2012/2013.
Biomasse à la
sortie de l'hiver
en g/ m2
Densité de pieds / m2
<5
5-10
10-15
15-20
> 20
30-100
100-200
200-400
400-600
>600
(1)
Retournement à envisager
Potentiel altéré. Tenir compte des facteurs qui peuvent
dégrader la situation (hydromorphie, enherbement, défaut
d’enracinement, dégâts de ravageurs) et des cultures de
remplacement possibles pour prendre la décision de conserver
ou retourner le colza.
Potentiel plus ou moins altéré sans remise en cause de la
rentabilité de la culture. Colza à conserver en adaptant la
fertilisation azotée au potentiel réel.
Potentiel intact. Colza à conserver
(1)
Le potentiel de la parcelle est intact notamment en sol profond.
Dans les sols superficiels, le potentiel peut être légèrement
inférieur car le peuplement optimum dans ces situations
avoisine 20 pieds/ m² (essais CETIOM densité de semis, 2007)
Un potentiel de rendement hypothéqué pour les petits colzas
La relation entre l'azote absorbé par la culture à la sortie de l'hiver et le rendement est difficile à
mettre en évidence, comme le montrent les données pluriannuelles de l'observatoire de la
région Centre. Les conditions de croissance au printemps, variables d'une année sur l'autre, ont
en effet plus d'importance que le développement végétatif en sortie d'hiver car ce sont elles qui
déterminent l'expression du potentiel et/ ou les facultés de compensation. Toutefois, on estime
qu'à partir de 50 kg d'azote absorbé dans les plantes entières à la sortie de l'hiver, le potentiel de
rendement de la culture n'est pas hypothéqué (essais CETIOM 1990 - 1992).
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Mais au- delà de la quantité d'azote absorbé, c'est le développement végétatif à l'automne qui
impacte plus fortement le potentiel de production de la culture. La règle de décision proposée cidessus intègre d'ailleurs cela : Les colzas bien développés
peuvent supporter de faibles densités. A l'inverse, un peuplement
de 15 à 20 pieds/ m² est nécessaire pour conserver les plus
petits colzas inférieurs à 200 g/ m². En effet, dans cette dernière
situation, les colzas risquent de monter rapidement " sans
brancher ", d'autant plus cette année avec un retard en
végétation significatif. Cela s'explique par le fait que les levées
tardives impactent négativement le nombre de feuilles lobées,
qui interceptent le rayonnement au printemps, et le nombre de
feuilles lancéolées susceptibles de porter une ramification
(source CETIOM - ENITA Dijon). On peut donc dire que des
levées tardives pénalisent le rendement. Une enquête réalisée
par le CETIOM en 1993 et 1994 dans le Sud de la France a montré qu'en moyenne, une fois
passée la période optimale de semis/ levée, on perd 3 quintaux de rendement par tranche de 10
jours de retard.
Assurer le suivi et l'entretien de tous les colzas
Evaluer le potentiel d'une parcelle de colza est un exercice difficile mais indispensable pour
décider du maintien de la culture et adapter les charges de fertilisation. L'objectif de rendement
a une incidence très forte sur la dose d'azote à apporter. Veillez à définir un objectif de
rendement réaliste, en adéquation avec l'état des colzas. Enfin, faut- il rappeler que tous les
colzas laissés en place méritent un suivi technique, y compris les colzas au potentiel limité.
" Laisser tomber " une culture déjà handicapée entraine généralement des déconvenues
supplémentaires, à l'image de dégâts de ravageurs que la culture n'est pas en mesure de
compenser.
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