Le système bancaire irlandais 6/12

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Le système bancaire irlandais 6/12
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Le système bancaire irlandais
Le système bancaire irlandais est, presque littéralement, un champ de ruines.
Avant la crise, il était dominé par trois grands acteurs domestiques – Anglo Irish Bank, Allied Irish
Bank (AIB) et Bank of Ireland (BOI) – et par les succursales importantes de quelques banques
étrangères. Les bilans de ces établissements ont crû de façon ahurissante pendant l’extraordinaire
décennie de croissance soutenue qu’a connue l’Irlande (1995-2005). Ils ont ainsi financé une bulle
immobilière sans équivalent en Europe, bien plus importante que la bulle espagnole, dont l’explosion a
laissé des villes fantômes et des banques zombies, le mot n’est pas trop fort.
Face à la crise immobilière et internationale, craignant la fuite des dépôts vers les établissements anglais,
le gouvernement irlandais décida de franchir le Rubicon en septembre 2008 en garantissant tous les
dépôts et dettes à échéance fixe des établissements irlandais jusque fin septembre 2010 1. Cette mesure
stabilisa le financement des banques mais à un coût évident : la nationalisation des pertes. En effet, au
fur et à mesure que les pertes, notamment immobilières, se matérialisèrent, l’Etat fut contraint d’injecter
du capital dans les banques et de les nationaliser progressivement : fin 2008, Anglo Irish Bank fut
totalement nationalisée et début 2009, l’Etat investit 7Mds€ dans des actions de préférence émises par
BOI et AIB. Un peu plus tard, le gouvernement annonça la création d’un nouvel outil qui serait
déterminant dans le futur de l’industrie bancaire irlandaise : la NAMA, une agence chargée de recueillir
les actifs pourris des banques, initialement à un prix décoté de 30%. L’utilisation de la NAMA plaça
l’Etat irlandais dans une position schizophrénique et poursuivit le cercle vicieux : pour assurer une saine
gestion des deniers publics, NAMA racheta les actifs à des prix de plus en plus bas, augmentant les
pertes des banques et forçant l’Etat à les recapitaliser : les coûts augmentèrent, d’autres banques, plus
petites, durent êtres recapitalisées à leur tour. Fin 2009, la dette publique irlandaise passa à 66%, contre
25% deux ans auparavant, puis à 94% fin 2010 !
En septembre 2010, sous la pression politique, le gouvernement irlandais décida de contraindre les
porteurs de dettes subordonnées bancaires à prendre des pertes. Un évènement de défaut sanctionné
comme tel par les agences de notation. Une spirale infernale s’engagea alors sur la dette irlandaise, le
marché n’ayant plus confiance dans les banques irlandaises, donc dans l’Etat souverain, et l’Irlande fut
forcée de recourir à un programme d’aide du FMI et de l’Union européenne. Sous la pression de la
BCE, mais aussi dans la continuité des politiques antérieures, les dettes seniors des banques
continuèrent d’être remboursées.
A plus de 75%, les immenses besoins de recapitalisation du secteur irlandais ont donc été supportés par
les contribuables irlandais. En intégrant les ressources du fond de pension national, ce sont plus de
65Mds€ qui ont été injectés dans les banques et, selon Eurostat, les engagements au bilan et hors bilan
des administrations irlandaises vis-à-vis des banques représentaient près de 190Mds€ fin 2011...2
Que reste-t-il après ces années mouvementées ? Une gigantesque bad bank, Anglo Irish Bank, fusionnée
avec Irish Nationwide Building Society et rebaptisée Irish Bank Resolution Corporation, deux grandes
banques partiellement nationalisées, AIB et BOI, qui peinent à retrouver des couleurs et surtout
NAMA, l‘agence qui détient les actifs « pourris » et cherche à les céder, induisant une très forte pression
à la baisse sur la valorisation des actifs irlandais.
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Etendu plus tard à fin décembre 2010 sur les dettes seniors
Contre un PIB à prix de marché de 159Mds€
Document non contractuel, strictement limité à l’usage privé du destinataire, les informations fournies dans ce document proviennent de sources dignes de foi mais
ne peuvent être garanties. Les appréciations formulées reflètent notre opinion à la date de publication et sont donc susceptibles d’être révisées ultérieurement.
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Le système bancaire irlandais
Par ailleurs, en octobre 2012, Eurostat a confirmé que l’importante dette de NAMA sera sortie de la
dette publique irlandaise du fait de la cession d’une partie du capital à un investisseur privé. Ceci a été
rendu possible par la décote importante sur les actifs (NAMA a acheté à environ 40% du pair) qui rend
les perspectives financières de l’agence acceptables pour un investisseur privé.
Le retour à l’équilibre du marché bancaire irlandais est indissociablement lié à l’épuration de la dette
immobilière et au rétablissement des comptes publics. Il prendra des années, peut-être des décennies.
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