Asilah et Larache, entre art et nostalgie

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Asilah et Larache, entre art et nostalgie
Asilah et Larache, entre art et nostalgie
Les deux cités du nord, proches géographiquement, le sont aussi par l'histoire, et
un certain oubli dont elles ont souffert. Elles recèlent pourtant un riche patrimoine
architectural, lié notamment à la présence espagnole au XXe siècle.
écouvrir Asilah aujourd'hui c'est constater l'importance qui a pris la vie artistique. Avec
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Essaouira, c'est l'une des rares petites villes marocaines à avoir intégré les arts
plastiques dans sa vie quotidienne.
L'art à Asilah est partout : dans les galeries d'art, dans les ateliers d'artistes ouverts
sur les rues, sur les murs de la ville et du palais Raïssouni et dans les ateliers organisés
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pour les jeunes et les moins jeunes durant la période du festival culturel annuel qui s'y
tient depuis plus de 30 ans.
ar Asilah que l'on connaît aujourd'hui, celle du centre de conférences internationales
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qui abrite une exposition permanente de peinture marocaine contemporaine avec une
prédilection pour les artistes locaux, ou du palais Raïssouni lieu de rencontres et
mémoire de la ville, est le produit d'un festival culturel lancé en 1977 par deux enfants de
la ville : Mohamed Benaïssa et Mohamed Melehi.
'est à Asilah, après Tabarka en Tunisie, que le slogan « Ne bronzez pas idiots » a
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connu ses premières applications en terre marocaine. C'est à Asilah, dans le cadre de
son festival annuel, que le grand public marocain a découvert le Français Léo Ferré,
l'Américain Keith Jarret ou les Casablancais de Nass El Ghiwane à la fin des années
1970.
Aujourd'hui une visite dans Asilah fait découvrir une ville où se mêlent les héritages
arabe, portugais et espagnol ; des remparts musulmans, une tour portugaise, une
ancienne église catholique. Une ville qui a choisi l'art et le tourisme pour vivre et
s'épanouir, deux activités agrémentées de quelques bons restaurants bien
approvisionnés par les pêcheurs et les paysans de la région.
Enfin, depuis quelques années, la ville commence à connaître quelques
investissements touristiques importants avec l'ouverture d'une station balnéaire et d'un
parcours de golf de 9 trous tandis que des investisseurs, petits et moyens, commencent à
valoriser le potentiel des côtes de la ville, que ce soit vers Sidi Mghaït au sud vers
Larache ou à Briech au nord vers Tanger. Asilah se trouve à 30 minutes de l'aéroport de
Tanger.
Un peu plus au sud, à 40 km d'Asilah, les murs de Larache reflètent un passé récent
relativement prospère et un présent que l'on sent peu valorisé. A Larache, vous ne
trouverez pas de murs d'immeubles des années 1930 ou des remparts rénovés et lustrés
comme à Paris ou Florence, certes.
ais pour qui sait ouvrir les yeux et les lever un peu en hauteur, la ville dévoile ses
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charmes d'antan. Ceux-ci sont le résultat d'une période ancienne, celle de la conquête
musulmane, et plus récente lorsque Espagnols et Allemands s'étaient mis dans la tête
d'investir dans l'infrastructure portuaire et logistique de Larache, au cours des années
1930 et 1940. Ces projets ne survécurent pas à la défaite nazie de 1945. Après
l'Indépendance, Larache a vécu de son agriculture, de ses produits maraîchers et de ses
fraises ; de son industrie sucrière autour de Ksar El Kebir, mais peu de sa pêche et très
peu de son potentiel touristique.
e centre-ville de Larache permet pourtant de découvrir une riche architecture
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espagnole, mais aussi des remparts et des mosquées multiséculaires. Le passé
espagnol est partout, sur les murs des bâtiments de Bank al Maghrib, de la municipalité,
au marché aux poissons (plaza) ou aux abattoirs (matador). Ici, la corniche du centre-ville
s'appelle le patio atlantico, la cour atlantique.
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Larache a ses particularités. Elle est l'une des rares villes où l'on doit d'abord monter en
barque pour se rendre à la plage, une expérience très spéciale. Car si les quartiers de la
ville sont situés sur la rive gauche de l'oued Loukkos, les plages sont, elles, sur la rive
droite. En été, une navette continue de barques transporte les estivants d'une rive à
l'autre. En voiture ou en taxi, le détour prend plusieurs kilomètres.
Enfin, autre particularité de Larache, la ville abrite un restaurant qui s'appelle Casa Che
et dont l'intérieur est décoré de photos et d'éléments tous aussi « révolutionnaires » les
uns que les autres. Autre particularité supplémentaire : ce même restaurant Che est situé
à deux bâtiments du siège local de l'USFP. Peut-être, là aussi, l'expression d'une
certaine nostalgie ?
es richesses architecturales et historiques de Larache gagneraient à être restaurées et
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valorisées surtout au moment où la station balnéaire de Lixus commence à ouvrir ses
portes avec ses capacités résidentielles et ses équipements sportifs. Des formules
peuvent être trouvées comme celle qui a amené, en 2010, les ministères du Tourisme et
de la Culture, et le promoteur immobilier et touristique Alliances à collaborer pour
valoriser le site romain de Lixus.
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