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Technique
Mythes et boules à mites
Par Richard Prévost
L
e transport est un
monde fascinant, rempli de gens intéressants,
d’anecdotes et d’histoires
touchantes, de mésaventures
tordantes et d’évolutions
technologiques à l’ascension
fulgurante. Mais le transport
traîne aussi ses boulets. Je
parle de ces fausses croyances
qui perdurent et qui nous
contaminent. Je parle de tous
ces mythes qui méritent les
boules à mites. Envie d’un
p’tit ménage?
Mythe no 1 :
Un gros moteur
force moins, donc il
consomme moins.
Objection, votre honneur!
Prenons un peu de recul et
jetons un coup d’œil au
monde automobile. Une
berline japonaise typique à
moteur quatre cylindres (2,4
litres, 185 chevaux) offre une
consommation moyenne de
7,5 litres/100 km. La même
berline équipée d’un moteur
V6 (3,5 litres, 270 chevaux)
offre une consommation
supérieure, soit 9,3 litres/100
km. Pourtant, si on se fie au
mythe, le moteur plus puissant devrait moins forcer
donc moins consommer.
Serait-ce une exception?
Faisons le même exercice
avec un VUS américain. La
moyenne de consommation
du quatre cylindres de 180
chevaux est de 8,5 litres/100
km, alors que la moyenne du
V6 de 300 chevaux tourne
autour de 10,8 litres/100 km.
Là aussi, les chevaux additionnels mènent à une consommation accrue, malgré le fait
que le moteur plus puissant
«force» moins. Peut-on faire
un parallèle entre les moteurs
de voitures et les moteurs de
camions lourds? Malgré leur
différence de cylindrée, qu’on
parle d’essence ou de diesel, le
principe de base reste le
même : la consommation sera
toujours influencée par le
nombre de chevaux déployés
et non par ce mythe du peu
d’effort déployé.
J’aimerais faire une distinction entre les notions de
chevaux DISPONIBLES et de
chevaux UTILISÉS. Chaque
moteur possède une courbe
graphique de puissance indiquant les chevaux DISPONIBLES en fonction de la
révolution-moteur. Avec le V6
du VUS mentionné précédemment, 300 chevaux sont
disponibles à 6 500 toursminute. À vitesse de croisière,
le moteur révolutionne à
2 200 tours, réduisant la
quantité de chevaux disponibles à 200. À ce nombre, on
doit ajouter une quantité
variable de chevaux additionnels requis par plusieurs
facteurs : climatisation,
passagers additionnels,
vent frontal, pneus d’hiver,
roulotte ou remorque, etc. En
ajoutant ces demandes aux
chevaux DISPONIBLES (dans
notre exemple, 200), on
obtient la quantité réelle de
chevaux UTILISÉS.
Revenons à nos moutons
camions. Avec un moteur
plus puissant, la tâche pourra
être effectuée plus rapidement, l’effort demandé sera
moindre, mais la consommation reste directement
proportionnelle aux
chevaux-vapeur dépensés.
Exactement comme pour les
kilowatts de notre compte
d’électricité. Quand vient le
temps de choisir un moteur,
la recette «magique», c’est
d’acheter exactement la taille
et la puissance adéquates. Pas
moins, et surtout pas plus.
Mythe no 2 :
Mettre toute la
responsabilité de la
consommation sur
le moteur.
Les moteurs ont le dos large.
On a parfois des attentes très
élevées à leur égard quant à la
consommation, alors que
l’équipe qui influence la
consommation comporte au
moins 25 joueurs. Le moteur
y occupe une place de choix,
mais il ne sera jamais seul à
d’ajustement de la pression
des pneus et pression choisie,
alignement des essieux
(annuel?), pourcentage de
marche au ralenti, équipement de chauffage-climatisation auxiliaire, techniques de
conduite du chauffeur, etc.
Saviez-vous que même s’il
est au volant du camion parfait, le chauffeur peut à lui
seul faire varier la consommation de 30 pour cent? Ne
sous-estimez jamais l’importance de bonnes habitudes de
conduite (accélération en
douceur, changements de
rapports progressifs, utilisation du régulateur de vitesse,
anticipation, etc.).
Soyez indulgent avec votre
moteur. Parfois, il voudrait
faire mieux, mais le reste de
l’équipe n’est pas
toujours en parfaite
harmonie avec lui.
Dans un monde
où les frais d’exploitation sont si élevés
et les profits si
minces, la saine gestion d’une flotte ne
peut plus s’appuyer sur des
légendes et des rumeurs. Il est
temps d’envoyer les mythes
aux boules à mites.
Si jamais l’envie vous prenait de m’écrire afin de poser
une question ou proposer un
sujet, n’hésitez pas. Je me
ferai un grand plaisir de vous
répondre et de partager ça
avec nos lecteurs. TR
La saine gestion d’une flotte
ne peut plus s’appuyer sur
des légendes et des rumeurs.
Il est temps d’envoyer les
mythes aux boules à mites.
porter toute la responsabilité.
Comme au hockey, ça prend
une bonne équipe pour obtenir la performance souhaitée.
Voici quelques exemples de
facteurs : aérodynamisme,
masse nette et masse brute
de l’équipement, limite de
vitesse maximale programmée, type de transmission
(automatique, manuelle ou
automatisée?), étagement des
rapports de transmission
(10, 13 ou 18?), rapport de
différentiel, type de pneus
(réguliers ou à bande large?),
coefficient de friction des
pneus (Smartway?), fréquence
Richard Prévost est
responsable du Centre de
Formation International
Rive-Nord. Vous pouvez le
joindre au 438-889-4412 ou à
[email protected].
MARS 2014
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