PAROlES, PAROlES - Les jeunes savent pourquoi

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PAROlES, PAROlES - Les jeunes savent pourquoi
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Les messages centrés sur l’alcool
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A. La loi, c’est la loi, toute la loi et rien que la loi ?
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www.larousse.com/fr/dictionaries/french/spiritueux, site consulté le 13 avril 2012.
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S’il y a bien quelque chose que toutes les sociétés ont en commun, ce sont des lois
qui organisent, régulent et sanctionnent nos comportements publics et même privés. « Sanctionnent » car toute infraction à la loi est punissable (mais pas forcément
punie, ni même poursuivie). « Régulent », car les lois influencent nos comportements, et nous agissons en fonction d’elles avec plus ou moins de discernement .
« Organisent » car les lois s’inspirent elle-mêmes généralement de valeurs et normes
partagées par un vaste ensemble d’individus, ce qui a entre autres effets que les lois
peuvent varier considérablement d’un pays à l’autre.
En Belgique, la loi ne sanctionne pas la consommation de boissons contenant de
l’alcool, à titre privé et en lieu privé. En principe, selon la loi, tout le monde peut boire
du vin, de la bière ou toute autre boisson alcoolisée chez lui, du moment qu’il ne porte
pas atteinte à l’intégrité et à la sécurité d’autrui. Dans ce contexte, ce sont nos principes moraux qui nous guident, même si la loi nous indique qu’en de nombreux lieux
et différents contextes, mieux vaut limiter sa propre consommation…
Mais au fond, pourquoi une loi sur la consommation d’alcool chez les jeunes ?
D’abord et avant tout, pour des raisons de santé :
- L’organisme des adolescents est plus sensible aux effets de l’alcool.
- L’alcool nuit au bon développement cérébral et chez les jeunes, celui-ci n’est pas
terminé.
- Au plus la consommation d’alcool est précoce, au plus les risques de dépendance
sont élevés à l’âge adulte.
Dès lors, la législation régule la vente et la distribution de boissons alcoolisées, et
particulièrement à destination des mineurs d’âge. Les lois se basent sur le mode de
fabrication des boissons pour distinguer celles que l’on peut proposer, vendre ou
offrir aux jeunes de 16 et 18 ans.
Les moins de 16 ans : aucune boisson contenant de l’alcool ne peut leur être vendue,
servie ou offerte.
Les 16-18 ans : seules les boissons fermentées, comme la bière ou le vin, le cidre,
l’hydromel, peuvent leur être vendues, servies ou offertes, si elles ne dépassent pas
les 22°.
Les plus de 18 ans : il n’y a plus d’interdiction. Toutes les boissons commercialisées
légalement en Belgique peuvent leur être vendues ou offertes, y compris les boissons
distillées comme le rhum, le whisky ou la vodka. La loi est ainsi faite : les alcopops,
qui sont faits à partir de boissons distillées, ne peuvent pas être distribuées aux moins
de 18 ans.
Fermentée ? Distillée ?
Un spiritueux, selon le dictionnaire Larousse, se dit d’une « boisson qui contient un
fort pourcentage d’alcool comme l’armagnac, le cognac, le whisky, le gin, etc.1 »…
Cette définition floue montre bien que c’est un terme difficile à comprendre. Dans
la loi Belge, il est entendu comme une boisson distillée, c’est-à-dire réalisée selon
un procédé de fabrication qui, par ébullition, transforme des molécules de sucre en
molécules d’alcool. On l’oppose aux boissons fermentées qui ne requièrent pas cette
ébullition, mais l’ajout de levures dans la préparation à fermenter.
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Mais la loi régule aussi certains cas particuliers :
1. Au volant
• Il est interdit de conduire un véhicule, après avoir bu. Le taux d’alcool ne peut pas
dépasser les 0.5g par litre de sang.
• Pour les professionnels de la route (routiers, chauffeurs,…), cette limite est descendue à 0.2g d’alcool.
Attention, la concentration d’alcool dans le sang dépend de plusieurs facteurs : le
sexe, le poids, la taille, le fait d’avoir ou non mangé, l’état d’esprit, l’état de fatigue,
l’humeur. Notre corps ne réagit pas toujours de la même manière face à l’alcool.
2. Dans les débits de boissons
Partout où l’on distribue des boissons alcoolisées en public, cafés, événements en
plein air, distributeurs, supermarchés, etc.
• Respect de la loi concernant l’âge.
• Interdiction de servir une personne manifestement ivre (art 6 et 10 de la loi de la
répression de l’ivresse).
• Par ailleurs, l’ivresse en rue peut être sanctionnée. Par exemple, les polices communales de Bruxelles constatent plus de mille faits de cette nature par an.
3. Dans la publicité
Une loi-cadre entoure la publicité dans les médias : celle du 14 juillet 1991 sur les
pratiques de commerce, sur l’information et la protection du consommateur. Seule
une convention privée, datant elle de mai 2005, réglemente la publicité pour l’alcool.
Rédigée en partie par le secteur des alcooliers, elle donne quelques indications et
balises aux annonceurs afin d’éviter certaines dérives. Elle n’est pas contraignante
légalement. Elle sert en quelque sorte de « code de bonne conduite ». Les règles
qu’elle propose restent floues, facilement contournables et sont très peu respectées
par les alcooliers eux-mêmes.
Si l’alcool est interdit chez les moins de 16 ans (et les boissons distillées pour les
moins de 18), les jeunes sont les principales cibles de la publicité et des actions de
marketing liées à l’alcool.
Les professionnels de la santé chez les jeunes soulignent tous ce même constat :
autoriser l’incitation par la pub et interdire la vente d’alcool aux mineurs en même
temps relève du paradoxe.
Le consommateur est informé sur les risques liés à sa consommation, il est aussi
censé connaître la loi et donc, la respecter. Il doit comprendre la distinction entre la
consommation abusive d’un produit nocif pour sa santé et la consommation récréative d’un produit en vente légale… Et ce, alors qu’il est, tous les jours confronté à la
publicité qui vente les mérite de ce produit !
Il est donc bien difficile de mettre en pratique cette loi ! Le flou qui l’entoure, entretenu par la publicité, profitera souvent aux brasseurs et alcooliers.
En insistant sur la responsabilité du consommateur, les producteurs d’alcool ont réussi
à minimiser leur propre responsabilité, et continuent aujourd’hui à produire des
publicités destinées spécifiquement aux plus jeunes.
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B. L’alcool, notre drogue culturelle
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L’alcool, les jeunes : des visions paradoxales
Boire un coup, et parfois même un coup de trop… une pratique aussi vieille que le monde.
Depuis toujours, chaque culture a sa (ou ses) drogue(s) socialement, voire légalement,
acceptée(s). En Occident, notre drogue culturelle par excellence, c’est l’alcool. Lors d’un
anniversaire, une fête, un match de foot, un repas entre amis… toutes ces occasions
témoignent de l’ancrage et de la valorisation du produit dans nos mœurs.
Au-delà de ces représentations positives, l’alcool est aussi souvent lié à la dépendance, les accidents de la route, la désinsertion sociale…
Depuis toujours également, les jeunes sont au cœur des préoccupations sociétales. La
jeunesse représente l’avenir, elle fait envie et représente l’ouverture des possibles :
tout le monde veut rester jeune, certains allant jusqu’à ralentir au maximum leur vieillissement. La société repose souvent sur eux l’espoir de jours meilleurs et à venir.
En même temps, les jeunes sont sources de tous nos maux : « les jeunes d’aujourd’hui ne
sont plus ce qu’ils étaient ; ils boivent trop, sont violents, impolis, fainéants… ». Un grand
nombre de stéréotypes sont véhiculés à leur sujet et ce, souvent de manière alarmiste.
L’alcool et les jeunes : ambiguïtés « au carré »
Les jeunes sont souvent décriés quand on parle d’alcool et associés à une consommation déraisonnable et problématique. Or, rappelons qu’en termes de consommation
régulière, les adultes les battent à plate couture. De plus, c’est sur les années que
l’on peut évaluer une dépendance à l’alcool, on ne peut donc que très rarement parler
d’alcoolisme chez un jeune. Cependant, ce sont les comportements d’ivresse qui ont la
cote chez les jeunes et qui inquiètent.
On banalise et valorise un produit, réservé aux adultes, que l’on interdit et dénigre
quand il s’agit des jeunes. Alors que certains veulent donc empêcher les jeunes de
boire, d’autres les y encouragent.
Les producteurs d’alcool poussent le bouchon trop loin. Leurs pratiques commerciales sont de plus en plus agressives et ciblées envers les jeunes, notamment en leur
proposant de nouvelles boissons alcoolisées très sucrées, fruitées et colorées ou en
sponsorisant des soirées de grandes écoles ou universités.
Or, l’alcool a un coût social et sanitaire pharamineux (entre 2 et 3% du PNB) et en
même temps, crée des emplois et rapporte de l’argent à l’état, en termes d’accises.
Produire et vendre de l’alcool n’est donc pas un métier comme les autres car les impératifs de santé publique (accidents de la route, dommages cérébraux, dépendances,
absentéisme…) s’opposent quotidiennement aux enjeux économiques.
Que ce soit pour l’alcool ou pour les jeunes, on est face à de nombreux paradoxes qui
influencent et perturbent nos représentations.
Alors, que peut-on en faire et comment réagir ?... En parler ! Le dialogue est une clé
essentielle à tout travail de prévention. C’est la discussion et les échanges qui créent
le lien et donnent à chacun l’occasion de s’exprimer et d’être reconnu.
Les caricatures, les clichés… risquent de rompre le débat et par conséquent les liens. Sensibiliser, interpeller, éduquer ou encore informer deviennent alors difficiles si l’interlocuteur n’est plus crédible car plus disponible. Il est donc important d’apporter des nuances
dans le débat et de rester ouvert aux échanges à partir des représentations de chacun.

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