Signature génomique et cancer du sein : Qu`est

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Signature génomique et cancer du sein : Qu`est
Signature génomique et cancer du sein :
Qu’est-ce que cela change aujourd’hui dans le traitement des femmes ?
Dr Pino Cusumano, Chirurgie sénologique – CHU & CHC Liège
ACTION SEIN 2012 – 5 octobre 2012, Brussels
La classification OMS des cancers du sein définit 21 entités. Une meilleure compréhension
des anomalies moléculaires des cancers du sein entraîne progressivement une amélioration de
cette classification, donnant une part croissante aux caractéristiques biologiques de chaque
type de tumeur conditionnant le pronostic.
Il est important de bien comprendre la différence entre un facteur pronostique et un facteur
prédictif :
• Un facteur pronostique est capable de fournir des informations sur les chances de guérison
lors du diagnostic, et sans tenir compte des stratégies de traitements.
(Marqueurs des indicateurs de croissance, invasion et potentiel métastatique).
• Un facteur prédictif est capable de fournir des informations sur la probabilité de la réponse à
une modalité thérapeutique donnée.
(Marqueurs des thérapies ciblées)
Le statut des ganglions lymphatiques, par exemple, est un facteur pronostique important, mais
ne fournit aucune information sur la probabilité de la réponse à la chimiothérapie. En
revanche, les récepteurs hormonaux (œstrogènes et/ou progestérone) sont des facteurs
prédictifs puisqu'ils indiquent la probabilité de réponse à la thérapie endocrinienne
(Nolvadex°, etc…).
La réalisation de profils génomiques nécessite l’accès à une technologie sophistiquée. Il est
donc important de bien reconnaître les types histologiques et moléculaires principaux, pour
une prise en charge thérapeutique adéquate et « sur mesure » du plus grand nombre de
patientes, y compris en dehors des centres spécialisés. Il est primordial que cliniciens et
pathologistes s’accordent en pratique clinique sur les définitions de ces différents types
moléculaires pour une prise en charge pluridisciplinaire harmonieuse des patientes.
Les données récentes des puces d’ expression (analyse des niveaux d’ expression des ARN)
complétées par les analyses pan-génomiques (analyse de l’ ADN) ont permis d’ affiner les
caractéristiques moléculaires des cancers mammaires et ont ainsi mis en lumière leur
hétérogénéité biologique : « il ya une leucémie myéloïde chronique mais de nombreux
cancers du sein ! »
Depuis la définition des classes (sous-types) moléculaires par Perou 2001, de nombreuses
signatures génomiques liées à l'expression génique des tumeurs, ont été corrélées au pronostic
métastatique du cancer du sein.
Trois d'entre elles, validées sur des séries indépendantes, ont un développement commercial :
1/ Mammaprint, commercialisé par la compagnie Agendia (Amsterdam, Pays-Bas), est
réalisé à partir d’une puce mesurant l’expression de 70 gènes d’intérêts sur du matériel frais,
congelé ou fixé. (www.mammaprint.be). Il a été considéré à la conférence de consensus de St
1 Gallen en 2011 comme un marqueur de risque de métastase et recommander son utilisation en
pratique de clinique.
2/ le Recurrence Score commercialisé sous le nom d’Oncotype DX par la société Genomic
Health (Redwood, États-Unis) repose sur la PCR quantitative pour mesurer l’expression de 16
gènes d’intérêt et 5 gènes de calibration sur des prélèvements fixés et conservés en bloc de
paraffine. Il a été considéré à l’ASCO en 2007 comme un marqueur de risque de récidive
suffisamment convainquant pour recommander son utilisation en pratique de routine.
3/ Le Grade Génomique, commercialisé sous le nom de Mapquant DX par la compagnie
Ipsogen (Marseille, France) nécessite l’analyse d’expression de 97 gènes sur échantillons
congelés.
Des études portant sur plusieurs milliers de patientes sont en cours pour savoir dans quelle
mesure ces signatures génomiques apportent un bénéfice cliniquement perceptible en termes
de pronostic et de recours à la chimiothérapie. Ces signatures historiques, même si elles n'ont
que peu de gènes en commun, semblent cependant apporter une information assez redondante
puisqu'elles reposent toutes sur un trépied portant sur les voies :
1/ des récepteurs aux estrogènes,
2/ de la protéine HER2 et,
3/ de la prolifération.
Le bénéfice des signatures génomiques pourrait ainsi être surtout lié à l'uniformisation des
procédures pré-analytiques et analytiques qui font parfois défaut aux études immunohistochimiques correspondantes (RO, RP, HER2, Ki67).
Les nouvelles signatures évaluant des processus biologiques tels que la cicatrisation,
l'invasivité tumorale, l'hypoxie cellulaire ou encore la radiorésistance, peuvent également être
liées au pronostic du cancer du sein en situation adjuvante.
CONCLUSIONS
Les progrès des analyses moléculaires dans la compréhension de l’ hétérogénéité des cancers
du sein contribue à faire évoluer la prise en charge clinique des patientes.
L’identification des sous-types moléculaires qui bénéficient ou bénéficieront à court terme de
traitements spécifiques doit pouvoir être accessible au plus grand nombre.
La fiabilité de ces tests dépend évidemment des contrôles de qualité des laboratoires et de leur
entraînement.
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